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28 juin 2025
PAR Abdoul Aziz Diop
IRRESPONSABILITÉ AVÉRÉE
L’antirépublicanisme de la faute civique d’Amadou Ba montre l’insincérité de l’humilité de l’intermittent du politique jamais sorti vainqueur de la moindre consultation électorale, se contentant des postes clés d’État dont Macky avait le secret
L’ancien premier ministre et candidat malheureux à l’élection présidentielle du 24 mars 2024, l’inspecteur des Impôts et des Domaines - la précision vaut le détour - Amadou Ba, s’adjuge une « nouvelle responsabilité » dans un texte - exercice rarissime du plus privilégié des privilégiés - dans lequel (suivre le lien) il assume, dès le début, l'irresponsabilité antirépublicaine de l’intermittent du politique par deux courtes lignes :
« Sénégalaises, Sénégalais »,
« Mes chers compatriotes »
L’usurpation de fonction - sport favori chez nous au Sénégal - par celui qui considère qu’il a reçu mandat de s’adresser à la Nation comme le président élu, Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye, est manifeste. Dans quatre dispositions constitutionnelles, deux suffisent à recarder définitivement les présidents autoproclamés qui nous parlent sans qu’on sache d’où sort leur légitimité populaire et démocratique. Voici lesdites dispositions :
Article 48 :
Le président de la République peut adresser des messages à la Nation.
Article 79 :
Le président de la République communique avec l'Assemblée nationale par des messages qu'il prononce ou qu'il fait lire et qui ne donnent lieu à aucun débat.
Et précisons-le pendant que nous y sommes :
Article 52, Alinéa 2
[Le président de la République] peut, après en avoir informé la Nation par un message, prendre toute mesure tendant à rétablir le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des institutions et à assurer la sauvegarde de la Nation.
Article 73
Dans le délai fixé pour la promulgation [des] « lois définitivement adoptée s», le Président de la République peut, par un message motivé, demander à l'Assemblée nationale une nouvelle délibération qui ne peut être refusée. La loi ne peut être votée en seconde lecture que si les trois cinquièmes des membres composant l'Assemblée nationale se sont prononcés en sa faveur.
Du haut de ses laborieux 35,79 %, Amadou Ba est mal inspiré par sa « responsabilité nouvelle » pour s’adresser à ses compatriotes majoritairement regroupés autour du président Faye en lui assurant, dès le premier tour de scrutin, 54,28 % de leurs suffrages valablement exprimés.
L’antirépublicanisme de la faute civique d’Amadou Ba montre l’insincérité de l’humilité de l’intermittent du politique qui n’est jamais sorti vainqueur de la moindre consultation électorale, se contentant des postes clés d’État dont l’ancien président Macky Sall avait le secret de la distribution au terme de stupéfiants castings. À ce grand maître du casting mauvais, l’histoire retiendra l’élitisme antirépublicain naturellement aux antipodes de « l’élitisme républicain » avec lequel l’inventeur, le républicain français Jean Pierre Chevènement, rehaussait la parole publique du grand intellectuel en politique.
L’Énarchie à la sénégalaise
Les présidents Senghor, Diouf, Wade et Sall ne firent rien contre l’« Enarchie », version sénégalaise. Forgée, sur le modèle de « monarchie », par l’ancien ministre français Jean-Pierre Chevènement, à partir de la racine grecque «arkhos » («pouvoir»), l'Enarchie désigne, depuis la parution, en 1967, du livre de son inventeur, « les mandarins de la société bourgeoise » française où tous les postes clés sont détenus par des anciens élèves de l'Ecole nationale d’administration (ENA). Au Sénégal, c’est sans doute l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) à ses débuts, devenue ENA, qui alimente depuis, plusieurs décennies maintenant, les cohortes du mandarinat. Plusieurs jeunes (garçons et filles) en sortent pour investir les centres de décisions. Si ce mandarinat-là a fait du tort au pays c’est parce qu’il a souvent fait oublier aux décideurs que d’autres jeunes étaient partis se former là où ils le pouvaient au Sénégal, en Afrique et dans le reste du monde. La plupart de celles et de ceux qui partirent parfois très loin, rentrèrent au pays avec un savoir-faire qui n’a jamais profité au Sénégal. Un Bacc+10 n’aura même rien obtenu pendant longtemps pour n’avoir jamais pu souscrire à un appel à candidatures pour une haute fonction publique.
Quand, encore qu’ils étaient dans l’opposition politique, deux inspecteurs des Impôts et des Domaines, Ousmane Sonko et Bassirou D. D. Faye promirent, au nom de l’égalité des chances, d’ouvrir, dès qu’ils en ont le pouvoir, les postes clés à tout.e légitime prétendant.e, la standing ovation qui salua la grande promesse avait sans doute été perçue au sommet de la hiérarchie comme l’onction administrative antérieure au changement de régime qui vient. L’inspecteur des Impôts et des Domaines, riche comme Crésus, Amadou Ba, est pour beaucoup dans ce qui arriva plus tard : la consécration de deux de ses anciens jeunes collègues dix ans après l’intérêt accru en 2014 de Ba pour la politique et la création du parti des « Patriotes du Sénégal pour la transparence, l’éthique et la fraternité » (Pastef). C’est bien contre Ba et son recruteur Sall que Sonko et Faye, moins riches mais pas pauvres, décidèrent de ne plus se fondre dans la haute fonction publique pour en assurer le contrôle en se donnant les moyens politiques et l’onction populaire leur permettant de transformer l’essai. Peut-on encore attendre d’eux la réforme du mandarinat à la sénégalaise ? Rien n’est moins sûr ! Le Sénégal serait même devenu le pays sous la férule, et pour longtemps encore, des inspecteurs des Impôts et des Domaines.
Il va de soi qu’après coup, Sonko et Diomaye ne prennent pas au sérieux Amadou Ba plus qu’ils ne le firent auparavant en lisant le texte vaseux au nom d’une « responsabilité nouvelle » qui n’est qu’une orgueilleuse demande de pardon aux « Sénégalaises et Sénégalais » qui ne le prennent naturellement pas au sérieux. « À la lumière des événements douloureux de mars 2021 et de juin 2023, notre nouvelle responsabilité est de déclarer la péremption de la violence dans le règlement des différends politiques », écrit l’ancien premier ministre de Macky Sall. Mais qui auparavant se risquerait de solder à sa place les mécomptes de l’irresponsabilité avérée dont il fit montre, se contentant de privilèges indus pour voler le pouvoir à celles et ceux qui ont trimé pour la République au cours du dernier quart de siècle (2000-2024) ? Qui ?
La « Nouvelle Responsabilité de faire de l’espace politique un cadre de confrontations d’idées » serait bien ancienne aujourd’hui si pendant dix ans (2014-2024) Amadou Ba n’aurait pas été l’attentiste de la République des paresseux qui attendaient d’être mieux servi par la politique à la petite semaine. Son texte faux n’abuse que celles et ceux pour qui la rénovation politique n’est que la lubie bien ancienne des « notoriétés intellectuelles » - parmi lesquelles celles de notre ancien parti (Alliance pour la République) - qu’Amadou Ba n’associa à aucune réflexion d’intérêt général.
Pourquoi le ferait-il maintenant ?
par Edgard Gnansounou
IL EST TEMPS D’AGIR CONCERNANT LA QUESTION MONÉTAIRE EN AFRIQUE DE L’OUEST
EXCLUSIF SENEPLUS - Le Nigeria fait semblant d’être intéressé à l’unification monétaire et la tiédeur de l’engagement des autres Etats contribue à une farce qui n’a que trop duré. Pour une stratégie graduelle en quatre phases pour contourner les obstacles
Depuis plus de quatre décennies, la volonté de parvenir à une monnaie unique en Afrique de l’Ouest nourrit des débats souvent passionnés dans la région. Elle est portée principalement par deux motivations : stimuler les échanges commerciaux communautaires d’une part, parvenir à une souveraineté monétaire régionale d’autre part. Ces discussions sont amplifiées par le rejet de plus en plus vif du franc CFA utilisé par huit pays ouest-africains et hérité de la période coloniale.
La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait lancé son projet de monnaie unique selon un processus qui comprenait deux étapes : (1) créer une deuxième zone monétaire, la zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO) avec les sept pays non membres de l’Union Economique et Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) ; la ZMAO devant parvenir à une unification monétaire de ces Etats en 2015, (2) unir ensuite les deux zones monétaires avec comme monnaie unique l’ECO en 2020. L’objectif de la ZMAO se révélant être inatteignable, la CEDEAO décida d’un processus direct d’unification monétaire des quinze Etats-membres.
Le 21 décembre 2019, les présidents Emmanuel Macron et Alassane Ouattara annonçaient, au nom de l’UEMOA, une réforme dont un des trois points majeurs était l’adoption de l’ECO en remplacement du franc CFA. Cette décision était censée entrer en vigueur en 2020. L’ECO de l’UEMOA resterait arrimé à l’Euro et la France s’engageait à maintenir la garantie de sa convertibilité.
L’annonce du 21 décembre 2019 est mal reçue par l’opinion en Afrique de l’Ouest. Elle est toujours légitimement ressentie comme une récupération par la France et ses partisans du projet de monnaie unique de la CEDEAO et son instrumentalisation pour perpétuer le franc CFA en se contentant de le débaptiser. En juin 2021, le lancement de l’ECO est reporté par la CEDEAO à 2027 pour tenir compte de la crise économique provoquée par la Covid-19 et de ses conséquences sur l’atteinte des critères de convergence, préalable à l’adoption de l’ECO. Ce nouveau report interroge cependant sur la volonté réelle des chefs d’Etat de parvenir à une monnaie unique régionale.
Enfin, au cours de la campagne présidentielle au Sénégal de mars 2024, le parti Pastef prône, dans son projet, la création d’une monnaie nationale. Cette position est ensuite corrigée par les leaders de ce parti qui la conditionnent à l’éventualité d’un échec du processus de création de l’Eco.
Le Pastef ayant gagné l’élection présidentielle, le Sénégal pourrait servir d’aiguillon au projet d’unification monétaire de la CEDEAO. Mais quelles sont les chances de succès de ce projet ? Quelle alternative pour sortir de l’impasse actuelle qui se manifeste par des reports à répétition ? Le Sénégal ne doit pas se faire d’illusions sur les chances d’aboutissement à moyen terme du projet de la CEDEAO dans sa mouture actuelle. Il devrait œuvrer, de manière volontariste, à une alternative graduelle plus réaliste qui s’appuie sur les acquis actuels malgré leurs insuffisances. La Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement prévue le 7 juillet 2024 pourrait fournir une opportunité pour commencer un travail diplomatique dans cette nouvelle voie.
L’impasse du projet Eco
L’échec de la ZMAO vient du fait que le Nigéria n’a pas montré un grand enthousiasme à mutualiser ses réserves de change avec celles plus faibles des six autres Etats de la zone monétaire, contrairement à la pratique dans l’UEMOA. En réalité, ceci montre une difficulté importante du processus du projet Eco. Le comportement du Nigeria résulte moins de l’égoïsme du pays le plus riche de la région que des différences de gestion des monnaies en présence.
En particulier, l’économie du Nigeria reste dépendante des exportations de pétrole brut qui, en 2022, représentaient 78,74% des exportations du pays. La conséquence monétaire de cette situation est que le naira est souvent dévalué quand les cours internationaux du pétrole baissent.
Par ailleurs, l’économie du Nigeria s’industrialise et se diversifie pour moins dépendre du pétrole. Elle a donc un grand besoin de ses réserves de change pour importer des biens d’équipement. Cette situation n’encourage pas leur mutualisation avec d’autres pays, même si ceci pourrait changer à long terme. On pourrait en effet, s’attendre à ce qu’un meilleur équilibre des réserves de change s’établisse à l’avenir entre le Nigeria et les autres pays de la région.
Il est cependant dommage que, pour des raisons qui tiennent au fonctionnement diplomatique de nos Etats, cette impasse ne soit pas officiellement reconnue par la CEDEAO. En réalité, le Nigeria fait semblant d’être intéressé à l’unification monétaire et la tiédeur de l’engagement des autres Etats dans le projet de monnaie unique contribue à installer une farce qui n’a que trop duré.
Ainsi, dans le contexte actuel, le projet Eco de la CEDEAO n’est pas viable du fait de l’asymétrie entre l’économie du Nigéria, exportatrice nette de pétrole brut et celle des autres économies de la région qui sont importatrices nettes. La baisse des cours de pétrole est favorable aux autres économies alors qu’elle est défavorable au Nigeria qui a tendance à dévaluer sa monnaie. La mise en place de l’Eco de la CEDEAO ferait subir le même sort à la nouvelle monnaie, étant donné le poids de l’économie nigériane dans la région.
Ce diagnostic n’implique cependant pas qu’il faille maintenir le statu quo avec les huit monnaies en place ou encore créer de nouvelles monnaies nationales. Ceci ne serait pas favorable à l’intégration économique de la région.
Une solution alternative
L’unification monétaire doit être pensée dans la perspective d’une industrialisation résiliente de l’Afrique de l’Ouest qui nécessite la création d’un espace économique plus fluide. L’expérience de monnaies régionales telles que l’Euro montre que la gouvernance de la monnaie est problématique en l’absence d’une mutualisation de la gouvernance politique.
Par exemple, la montée de l’extrême droite en France et en Allemagne, à l’occasion des élections européennes de 2024, et en particulier, la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par le président français en réaction à cette droitisation politique, ouvre l’opportunité d’un gouvernement du Rassemblement National, à l’extrême droite de l’échiquier politique en France.
On assisterait alors à un clivage entre un gouvernement de gauche en Allemagne et d’extrême droite en France, deux des piliers de la zone Euro. Si elle s’avérait, cette situation affaiblirait l’Euro dans sa parité avec le dollar américain. Les conséquences seraient par exemple, le renchérissement en FCFA des dettes des Etats de l’UEMOA libellées en dollar et des dépenses liées aux produits importés en dollar.
On voit là, d’une part pour la zone Euro, la nécessité d’adosser la problématique monétaire sur une gouvernance politique fédérale et, d’autre part pour les pays de l’UEMOA, les implications possibles de l’absence de souveraineté monétaire.
Dans le contexte de l’Afrique de l’Ouest, nous avons proposé une intégration économique et politique selon un processus devant conduire à la création en trois étapes d’une confédération à l’horizon 2045. En conformité avec cette vision, l’unification monétaire pourrait aboutir selon une feuille de route en quatre étapes.
Etape 1 - Remplacer immédiatement (en 2025 par exemple) le FCFA par l’Eco ; renoncer, par dignité, à la garantie par le trésor français de la convertibilité de l’ECO ; traiter directement avec la banque centrale européenne la coordination des politiques monétaires entre les zones Euro et Eco ; considérer la nouvelle devise comme monnaie commune (et non unique) de l’Afrique de l’Ouest ; à cette première étape, l’Eco pourrait rester arrimé à l’Euro avec la même parité que celle du franc CFA ; les conditions de cette étape ont été partiellement réunies par la décision certes contestable de l’UEMOA du 21 décembre 2009 qui a déjà été ratifiée par certains Etats de l’UEMOA ; mais il faudra en plus, par dignité, se passer de la garantie de convertibilité apportée par la France et rendre l’Eco totalement indépendant de ce pays ; assurer le maintien des Etats de l’AES dans l’UEMOA et soutenir leurs efforts militaires en vue de recouvrer l’entièreté de leur souveraineté nationale et obtenir, dans ces conditions, une gouvernance économique de ces pays compatible avec les critères de convergence ; consolider les politiques économiques des autres Etats de l’UEMOA.
Etape 2 - Mettre en œuvre ou consolider les réformes économiques au Ghana, en Gambie, au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée pour parvenir à une convergence macroéconomique avec les pays actuellement membres de l’UEMOA, à l’horizon 2030. Au fur et à mesure, les pays qui auront atteint les objectifs de convergence de manière stable seront accueillis dans l’UEMOA rénovée c’est-à-dire débarrassée de l’influence française. L’Éco serait alors la monnaie unique de l’UEMOA rénovée. Etant donné les effets cycliques de l’environnement international sur les économies africaines, la convergence doit être entendue en termes d’harmonisation de la gouvernance économique et politique et non de la convergence quantitative à court terme d’indicateurs macroéconomiques aux comportements erratiques.
Etape 3 – L’Eco serait reformé pour l’arrimer désormais à un panier de devises incluant l’Euro, le YUAN et le Dollar américain (échéance 2035) selon un régime flottant. Ceci se ferait concomitamment à une amélioration continue de la gouvernance de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) de manière à assurer la crédibilité de l’Eco après le changement de son régime. A cette échéance, il est attendu que les quatorze Etats de la CEDEAO autres que le Nigéria soient membres de l’UEMOA rénovée. Il y aurait désormais deux devises en Afrique de l’Ouest : le NAIRA et l’Eco à la place des huit monnaies actuelles.
Etape 4 - L’UEMOA rénovée serait transformée politiquement en Fédération Sahélo-Guinéenne à l’horizon 2040. La BCEAO deviendrait la banque centrale de la Fédération Sahélo-Guinéenne.
Il est temps d’agir
Le report incessant de la monnaie unique de l’Afrique de l’Ouest est un symptôme de l’impossibilité de ce projet dans sa mouture actuelle. La stratégie que nous proposons est graduelle et réaliste. Elle permet d’éviter les perturbations économiques que produirait inévitablement une unification totale et rapide et réduirait, dans la période transitoire, des souffrances inutiles qui seraient infligées aux populations démunies.
La volonté de réduire le nombre de monnaies nationales en cours dans la région répond à la nécessité d’un accroissement des échanges économiques régionaux et à celle du développement industriel en Afrique de l’Ouest.
Les perspectives économiques des Etats de la région avec la mise en exploitation de ressources minières telles que les hydrocarbures au Sénégal et au Niger par exemple, favoriseront un accroissement des entrées de devises étrangères du fait d’un accroissement des exportations. Cette perspective doit être mise en balance par les sorties plus importantes de devises en vue d’importer des biens technologiques requis pour l’industrialisation.
La tentation de cultiver les nationalismes hérités des temps coloniaux risque d’être forte particulièrement dans les Etats ouest-africains riches en matières premières. Certains milieux inciteront à la création de monnaies nationales. Il s’agit, en particulier, de milieux favorables à l’émiettement de l’Afrique (diviser pour mieux régner) et d’autres qui empoignent, sans lucidité, le souverainisme et le prétendu patriotisme prônés par la droite radicale dans les pays occidentaux.
Les Etats ouest-africains ainsi visés pour leur dotation en ressources minières, devront résister aux tentations narcissiques de marche solitaire car il est de leurs intérêts et de ceux de tous les peuples de l’Afrique de l’Ouest de créer un espace monétaire robuste. Seuls un tel espace et une gouvernance monétaire rigoureuse et vertueuse seront en mesure d’assurer un environnement stable pour un développement économique soutenu et continu de l’ensemble de la région.
Edgard Gnansounou est président du Mouvement des Fédéralistes Sahélo-Guinéens (MFSG).
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HAMIDOU DIOP SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU CONSEIL NATIONAL DU PATRONAT À CŒUR OUVERT
Le Secrétaire général du CNP magnifie l’attitude et la politique souverainiste du nouveau pouvoir. Cependant, il alerte le régime sur les conséquences dramatiques du régime fiscal punitif.
Le Secrétaire général du Conseil national du patronat magnifie l’attitude et la politique souverainiste du nouveau pouvoir. Cependant, il alerte le régime sur les conséquences dramatiques du régime fiscal punitif. La politique fiscale dissuasive à l’investissement privé n’est pas une bonne chose pour nos Etats qui sont dans une logique d’émergence afin de résoudre le problème du chômage des jeunes. «Concernant notre système fiscal, il faut que l’on évite d’avoir une fiscalité punitive et dissuasive à l’investissement privé », averti l’invité du jury du dimanche.
Le patronat solutionne la voie de la prévention et de la compréhension des nouvelles autorités. Il se dit comprendre la démarche de l’administration qui cherche à arbitrer le budget et à équilibrer le budget. Mais à ses yeux aucune administration n’a intérêt à tuer les entreprises parce que «Les impôts et les douanes sont les premiers actionnaires de l’entreprise. Donc, aucune administration n’a intérêt à tuer les entreprises. Si vous tuez les entreprises, c’est des revenus en moins », solutionne-t-il.
L’homme se veut d’anticiper sur les solutions d’autant plus que le Sénégal est devenu un pays pétrolier et gazier. Hamidou tire la sonnette d’alarme sur la capacité de la ville de Saint-Louis. Pour lui, l’ancienne capitale n’est pas encore prête à accueillir le futur monde avec son boom démographique et les investissements des capitalistes du secteur du pétrole. Hamidou Diop pense que Saint-Louis de par ses anciens bâtiments n’est pas prête. Mais aussi l’étroitesse de la ville lui pose un problème.
AMINATA TOURÉ COMMENTE LES NOUVELLES FONCTIONS DE MACKY SALL
«Qu’un président de la République africain se retrouve envoyé spécial de son ancien collègue français, ancienne puissance coloniale, moi ça me met mal à l’aise. Je ne l’aurais jamais envisagé », a déclaré l'ancienne Première ministre.
Le président Macky Sall a tourné la page de la présidence sénégalaise. À présent, il se consacre pleinement à ses fonctions d’envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète. Une nouvelle fonction que son ex première Ministère, Mimi Touré, trouve bizarre.
«Qu’un président de la République africain se retrouve envoyé spécial de son ancien collègue français, ancienne puissance coloniale, moi ça me met mal à l’aise. Je ne l’aurais jamais envisagé. C’est son choix. Mais ça présente très bizarrement», a déclaré Mimi Touré sur les ondes de la Rfm.
L’invitée du "Grand Jury" estime que l’ex président sénégalais aurait pu rester sur le continent pour joueur ce rôle : «Je l’aurais plus vu dans une posture africaine où il aurait beaucoup à faire ici sur le continent. Mais si en plus il est le chef de l’opposition exilé à Paris, ça c’est des incompatibilités de positionnement», martèle-t-elle.
LA DIPLOMATIE DU RÉALISME
La visite de Diomaye à Paris tranche avec "la mode, aujourd'hui, d'être sur le ring avec tous ceux que l'on n'aime pas ou que l'on déteste", estime Jean-Baptiste Placca. Selon lui, "les États peuvent faire affaire sans s'aimer d'amour fou !"
(SenePlus) - Dans un monde interconnecté où "aucun peuple ne se suffit à lui-même", comme le souligne Jean-Baptiste Placca dans son éditorial sur RFI samedi, la visite à Paris cette semaine du nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye marque une étape importante pour les relations apaisées et mutuellement bénéfiques entre le Sénégal et l'un de ses partenaires traditionnels.
Lors de ce déplacement, sa première sortie hors d'Afrique depuis son élection, M. Faye a participé au Forum mondial pour l'innovation et la souveraineté vaccinales, un sujet crucial pour son pays et le continent. Mais c'est sa rencontre avec le président français Emmanuel Macron qui a retenu l'attention.
"N'est-ce pas plutôt surprenant ?" s'interrogeait M. Placca, faisant référence aux "petites inimitiés passées" entre les deux hommes lorsque Diomaye Faye était dans l'opposition. Pourtant, rien d'étonnant selon l'éditorialiste à ce que le nouveau chef d'Etat, "élu par son peuple" et non un imposteur, choisisse d'assumer pleinement son rôle en côtoyant ses pairs sur la scène internationale.
"Toute l'Afrique aime contempler les premiers pas, sur la scène internationale, de ces dirigeants auréolés d'une réelle légitimité du suffrage universel", écrit M. Placca, cité ici mot pour mot.
La visite de Diomaye Faye à Paris tranche en effet avec "la mode, aujourd'hui, d'être sur le ring avec tous ceux que l'on n'aime pas ou que l'on déteste", comme le déplore l'éditorialiste. Une posture contre-productive qui transforme "peu à peu certains peuples du continent en parias".
Faut-il pour autant y voir un "ralliement" ou une "capitulation" du Sénégal ? Nullement selon Jean-Baptiste Placca : "Les États peuvent faire affaire sans s'aimer d'amour fou !" Il prend l'exemple des relations économiques complexes mais pragmatiques entre la Chine et les États-Unis, deux puissances aux prises avec de "permanentes tensions".
"Tant de peuples prospèrent, aujourd'hui, en n'ayant que des amis, quitte à doser leur proximité avec tel ou tel, au gré des circonstances", argumente l'éditorialiste. Une voie de la raison et de l'ouverture que semblent emprunter Diomaye Faye et son homologue Ousmane Sonko, eux qui "viennent du corps de l'État" et "savent tout du déséquilibre, depuis des lustres, de la balance des paiements du Sénégal".
Même si "une frange de leurs militants" pourrait s'étonner de cette "soudaine" conciliation, le président sénégalais, à la différence de l'opposant qu'il était, "se doit de garder, en toutes circonstances, le sens de la mesure, l'esprit de responsabilité". Le communiqué conjoint publié à l'issue de sa rencontre avec Emmanuel Macron "montre que leur président a été traité avec respect, et que l'avenir de la relation se concevra dans un respect mutuel".
Plutôt que les "tensions permanentes" dommageable, M. Placca voit dans ce rapprochement l'opportunité pour le Sénégal de "tirer de nouveaux avantages" de ce partenariat historique, à l'heure où le pays s'ouvre à la "manne pétrolière et gazière". Une diplomatie pragmatique, dans la lignée de ces "peuples [qui] prospèrent" aujourd'hui grâce à des liens apaisés avec leurs partenaires, et non en cédant aux "aventureuses carences de lucidité" qui mèneraient à l'isolement.
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JACQUELINE FATIMA BOCOUM, LA VOIX DU SURSAUT
Trente après sa naissance, Sud FM accueille sur son antenne la grande prêtresse des médias sénégalais. Celle-ci livre une analyse percutante de la société sénégalaise, pointant du doigt les maux à combattre collectivement
Dans une interview sur Sud FM ce dimanche, Jacqueline Fatima Bocoum, figure du journalisme sénégalais, a lancé un appel vibrant à la transformation sociale du pays. Trente ans après la naissance de cette radio pionnière, Bocoum dessine les contours d'un Sénégal en pleine mutation.
"Notre société est malade, mais le remède est en nous", déclare-t-elle, pointant du doigt le fossé générationnel et les tabous persistants. Armée de ses 230 000 abonnés Twitter, elle utilise les réseaux sociaux comme un scalpel pour disséquer les maux sociétaux.
Bocoum met en lumière la montée discrète mais puissante des femmes dans les sphères décisionnelles, tout en exhortant la nouvelle génération à s'affirmer davantage. "Le slogan 'Goor de projet' (Homme de projet) doit céder la place à 'Jigeen de projet' (Femme de projet)", insiste-t-elle.
Face aux défis économiques et à la tentation de l'exil, elle appelle à une fonte de l'éducation et à une mobilisation collective. "Chacun doit jouer sa partition pour reconstruire le pays", affirme-t-elle.
Dans un monde en ébullition, de la France aux pays voisins, Bocoum prône la prudence diplomatique tout en affirmant la souveraineté sénégalaise. Son message est clair : le Sénégal doit forger son propre destin, fort de sa diversité et de sa démocratie.
LA VALSE INFERNALE DES SAISIES DE COCAÏNE
Le Sénégal n'est plus seulement une plaque tournante du transit de la drogue vers l'Europe, mais voit aussi la consommation locale exploser. Un phénomène inquiétant, révélateur des nouvelles routes empruntées par les narcotrafiquants
(SenePlus) - Au Sénégal, les saisies de cocaïne se multiplient à un rythme effréné ces dernières semaines, révélant l'ampleur du trafic qui transite par ce pays d'Afrique de l'Ouest, rapporte La Croix Afrique. En moins d'une semaine, trois cargaisons représentant des centaines de kilos ont été récupérées par les autorités sénégalaises.
Ce phénomène n'est pas nouveau, mais prend une ampleur inédite. "Les saisies de cocaïne ont explosé ces dernières années au Sénégal. Alors qu'elles étaient quasi nulles entre 2016 et 2019, elles ont augmenté à partir de 2020 avec 120 kg saisis, puis à nouveau en 2021 avec 2 706 kg", indique la base de données de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
Face à l'intensification des contrôles sur les routes maritimes traditionnelles reliant l'Amérique latine à l'Europe, les trafiquants se tournent de plus en plus vers l'Afrique de l'Ouest comme zone de transit. Comme l'explique La Croix Afrique, "Ils passent notamment par des groupes criminels brésiliens, qui acheminent la drogue vers l'Afrique de l'Ouest. Elle est ensuite récupérée par des organisations criminelles africaines, qui s'occupent de la livrer à la 'Ndrangheta, la mafia calabraise."
L'essor de ce trafic s'explique par plusieurs facteurs selon l'ONUDC : "L'expansion de la culture de la coca, et des progrès dans les méthodes de transformation ont entraîné une augmentation de la consommation mondiale au cours de la dernière décennie." Un marché de la cocaïne en plein boom que note aussi l'Observatoire français des drogues dans un rapport de mars 2023.
Des chiffres éloquents illustrent cette hausse fulgurante de la consommation. L'ONUDC estime qu'en Europe, 0,5% des 15-64 ans consommaient de la cocaïne en 2000, contre 1% en 2020. Sur la même période, le nombre de consommateurs mondiaux est passé de 13,4 à 21,5 millions.
Pour répondre à cette demande croissante, la diversification des routes d'acheminement devient "un enjeu important pour les trafiquants" analysent les experts onusiens. Le rapport mondial sur les drogues 2023 de l'ONUDC décrit ainsi les nouveaux circuits :
"La cocaïne atteint les deux zones d'arrivée : celle de la côte ouest de l'Afrique et le golfe de Guinée. Ensuite, une partie de la cocaïne poursuit sa route vers le nord, le long des côtes de l'Afrique de l'Ouest et de l'Afrique du Nord. Une autre partie est envoyée par voie terrestre sur la côte méditerranéenne, via le Sahel, et de là probablement vers l'Europe ou peut-être le Moyen-Orient."
Si le Sénégal constitue une plaque tournante, la consommation locale n'est pas en reste. "Il y a quelques années, seulement 5% à 8% de cette drogue entrant au Sénégal restaient dans le pays. Ce taux se situait entre 10% et 17% en 2022", révèle à La Croix Afrique Amado Philip d'Andrés, responsable de l'ONUDC à Dakar.
Le rapport 2023 de l'ONUDC sur la cocaïne souligne qu'au Sénégal, "des mules seraient utilisées pour importer de petites quantités par voie terrestre pour le marché local, afin de conditionner ou transformer la cocaïne en crack, revendu à une clientèle majoritairement urbaine". Une tendance qui gagnerait désormais l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest et australe.
Face à cette menace multiforme, les défis sécuritaires et sanitaires à relever sont de taille pour les autorités sénégalaises et la communauté internationale.
INSERTION DES JEUNES, MABOUBA DIAGNE ET KHADY DIÈNE GAYE SIGNENT UNE CONVENTION
Cette convention vise à répondre de manière globale aux divers besoins des jeunes et de leurs groupes, en matière de protection sociale, d’employabilité et d’insertion économique.
En prévision des vacances citoyennes, transformées cette année en campagne agricole, le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, ainsi que son collègue de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, ont signé vendredi une convention visant à répondre de manière globale aux divers besoins des jeunes et de leurs groupes, en matière de protection sociale, d’employabilité et d’insertion économique.
Selon la ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, Mme Khady Diène Gaye, l’objectif de cette année est de créer pendant les grandes vacances « de véritables entrepreneurs agricoles à travers l’exploitation de fermes agricoles, qui serviront de cadres pour promouvoir l’entrepreneuriat dans le secteur agricole comme un moyen efficace de lutte contre la hausse du coût de la vie et de renforcement du pouvoir d’achat des ménages. »
Pour cette première année de mise en œuvre de cette phase pilote du programme de mobilisation des jeunes et de leurs groupes dans les fermes agricoles, la ministre a précisé : « Nous comptons d’abord nous appuyer sur les ressources existantes, ainsi que sur ceux qui ont toujours voulu et souhaitent s’investir dans l’agriculture. Nous allons ainsi établir quelques fermes modernes. »
Elle a ajouté que la réalisation des objectifs du gouvernement en matière de souveraineté alimentaire, prioritaire selon le président Bassirou Diomaye Faye, repose essentiellement sur la jeunesse dynamique du pays. « Cette jeunesse, la composante la plus représentative de notre société, aux bras forts et généreux, est le moteur de notre développement socio-économique. »
En tant que ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, elle a réitéré son appel à l’engagement et à la participation active des jeunes pour un Sénégal juste, prospère et souverain, et a souligné l’importance de cette contribution pour une Afrique en progrès. « La souveraineté économique de nos pays en développement passera nécessairement par la souveraineté alimentaire. Heureusement, il est bien connu que notre jeunesse a largement contribué à l’arrivée au pouvoir du régime actuel. »
Le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, Mabouba Diagne, a indiqué que cette convention engage les deux ministères à unir leurs efforts pour promouvoir l’insertion socio-économique des jeunes. Il a précisé que plusieurs axes d’intervention ont été définis, notamment :
La facilitation de l’accès à des emplois durables et décents pour tous, en particulier pour les jeunes ;
L’organisation des vacances citoyennes patriotiques ;
La digitalisation du secteur agricole ;
La création de Services agricoles (CSAs) et de Coopératives Agricoles ;
La mise en œuvre du programme d’autosuffisance alimentaire « Une ASC, une Ferme » ;
Le lancement de la campagne nationale de phosphatage des sols ;
La gestion et la valorisation des déchets municipaux par la création de centrales de compostage dans les collectivités territoriales ;
La promotion du développement durable et de l’économie circulaire pour une meilleure santé des sols ;
La campagne annuelle de reboisement « Un citoyen, un arbre ».
Selon le ministre, cette convention représente une approche intégrée et concertée pour relever les défis communs aux deux départements.
« Cette convention symbolise également notre engagement à travailler ensemble, à mutualiser nos ressources et à développer des synergies pour maximiser l’impact de nos actions au bénéfice de la jeunesse sénégalaise », a déclaré Mabouba Diagne.
LA DISTRIBUTION DE L’EAU VA REVENIR PROGRESSIVEMENT À LA NORMALE À DAKAR ET RUFISQUE
"Les travaux de réparation de la fuite de la conduite d’adduction numéro 2 du lac de Guiers (ALG2), à hauteur du nouvel autopont du front de terre, à Dakar, se déroulent dans de bonnes conditions", informe la Sen'Eau.
Dakar, 22 juin (APS) – “Un retour progressif à une distribution normale de l’eau” dans les quartiers de Dakar et Rufisque impactés par les travaux de réparation de la conduite d’adduction du lac de Guiers (ALG2), est prévu dimanche dans la journée, a assuré samedi, le directeur des territoires et des opérations de SEN’EAU, Richard Kinkpe.
‘’Les travaux de réparation de la fuite de la conduite d’adduction numéro 2 du lac de Guiers (ALG2), à hauteur du nouvel autopont du front de terre, à Dakar, se déroulent dans de bonnes conditions, a-t-il déclaré à l’APS.
‘’Nous avons engagé depuis vendredi ces travaux pour un délai de 48 heures, nous en sommes à présent, à l’étape de mise en place du blindage des installations’’, a-t-il ajouté.
Il a précisé que la fuite ne découle pas d’une défaillance des installations de SEN’EAU mais a été provoquée par une des entreprises engagées dans les travaux en cour de l’autopont du front de terre.
Ces travaux, ont entrainé des perturbations vendredi et samedi dans la distribution d’eau, de plusieurs quartiers des villes de Dakar et de Rufisque, précisément dans le secteur de Sangalkam, a-t-il déploré.
‘’Pour réduire l’impact de ces travaux sur nos clients, nous avons mis en place un mécanisme de gestion optimale du flux d’eau sur le périmètre de Dakar, accompagné les structures sanitaires pour garder leurs activités et mobilisé un dispositif de camions citernes pour soulager les populations des zones les plus impactées’’, a expliqué Richard Kinkpe.
La SEN’EAU a pris ‘’toutes les dispositions’’ pour un bon déroulement de ces travaux dans les délais impartis et réduire leur impact sur les zones concernées.
SEN’EAU est une société de droit sénégalais chargée de l’exploitation et de la distribution de l’eau dans plusieurs villes du pays.
L'HEURE DES GRANDES RÉFORMES DE LA JUSTICE
Diagnostiquée en péril par les Assises, le système judiciaire va subir de lourdes transformations. Ses textes fondateurs comme son organisation seront repensés afin de rendre aux justiciables une institution qui leur rendra justice
(SenePlus) - Après les troubles politiques ayant secoué le Sénégal, le nouveau Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a fait de la réforme de la justice l'une de ses priorités dès son investiture en avril 2024. Comme il l'a souligné, l'objectif est de voir "la Justice Sénégalaise réconciliée avec le peuple au nom duquel elle est rendue".
Pour atteindre cet objectif ambitieux, les Assises de la Justice ont été lancées le 28 mai 2024, sous le thème "Réformes et Modernisation de la Justice". Cet exercice inclusif a rassemblé diverses voix, des magistrats aux justiciables, en passant par les professeurs de droit et les représentants de la société civile.
Comme l'a expliqué Ahmadou Bamba Kasse, rapporteur de la Commission Réformes, "Le constat est unanime que la Justice sénégalaise est inadaptée à bien des égards, inopérante dans d'autres, trop répressive et inefficace aussi bien dans ses finalités que dans certaines de ses procédures."
Parmi les principales recommandations issues des travaux, figurent la limitation des pouvoirs du procureur, l'instauration d'un juge des libertés et de la détention, ainsi qu'une refonte du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) pour le rendre plus autonome.
La nécessité d'une "refondation de la justice" et d'une "césure avec ses symboliques issues de la colonisation" a fait l'objet d'un large consensus, comme l'a souligné le rapport. L'objectif est de faire en sorte que la justice "soit le reflet de nos valeurs propres pour qu'elle soit plus souveraine".
Sur le plan de l'accès à la justice, les recommandations incluent la digitalisation des procédures, la réforme de la carte judiciaire, une meilleure communication dans les langues nationales et l'adoption de la loi sur l'assistance juridictionnelle.
La célérité de la justice est également une priorité, avec des propositions telles que le recrutement massif de magistrats et de greffiers, la suppression de la double phase de conciliation dans le contentieux social et l'élargissement des compétences des Maisons de justice.
En ce qui concerne les codes et textes juridiques, une révision en profondeur est préconisée, notamment du Code pénal, du Code de procédure pénale et du Code de la famille, afin de les adapter aux réalités sociétales actuelles.
Le rapport souligne également la nécessité d'améliorer les conditions carcérales et le régime pénitentiaire, en construisant de nouvelles prisons, en élargissant l'usage du bracelet électronique et en adaptant le régime aux besoins spécifiques des détenus vulnérables.
Concernant les acteurs de la justice, des réformes sont proposées pour la magistrature, le greffe, les huissiers, les éducateurs spécialisés et les avocats. Pour la magistrature, l'accent est mis sur l'autonomisation du CSM et la clarification de la gestion des carrières des magistrats.
Comme l'a déclaré Mor Ndiaye, rapporteur de la sous-commission "Organisation et fonctionnement de la justice" : "Ces constats généraux, fruits de plusieurs heures de discussions, détaillés par des situations d'analyse et ou des expériences malheureuses vécues et rapportées, ont engagé de la part des participants de ce dialogue, des séries de recommandations destinées à un arbitrage du Chef de l'Etat et de son administration."