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28 juin 2025
PRESSE, LA GUERRE FROIDE ENTRE POUVOIR ET CONTRE-POUVOIR
Les relations entre la presse et le nouveau pouvoir risquent de se dégrader, en raison de fortes tensions liées à la pression fiscale et le placement en garde à vue du directeur de publication de "La Tribune" dans l’affaire du général Souleymane Kandé.
Les relations entre la presse et le nouveau pouvoir risquent de se dégrader, en raison de fortes tensions liées à la pression fiscale et le placement en garde à vue du directeur de publication de "La Tribune" dans l’affaire du général Souleymane Kandé. Pour beaucoup de spécialistes, l’État doit faire preuve de sérénité et la presse de responsabilité dans le but d'éviter toute confrontation nuisible à la démocratie.
Les relations entre le nouveau pouvoir et la presse risquent de se tendre. En effet, à la suite de la publication de leurs unes concernant l’affectation du général Souleymane Kandé comme attaché militaire à l’ambassade du Sénégal à New Delhi, en Inde, le directeur de publication de ‘’La Tribune’’, Pape Moussa Traoré, a été placé en garde en vue et le directeur de publication du journal le ‘’Quotidien’’, Mouhamed Guèye a été convoqué à la Section de recherches de la gendarmerie pour s’expliquer sur les faits relayés.
Ces déboires judiciaires des deux journalistes tombent dans un contexte quelque peu tendu, après le redressement fiscal qui frappe le groupe D-Média dirigé par Bougane Guèye Dany qui dénonce un acharnement de la part des services fiscaux qui lui réclament près de deux milliards F CFA.
Face à cette situation, la Coordination des associations de la presse (Cap) rappelle aux autorités que la presse dispose de structures comme le Conseil pour l'observation des règles d'éthique et de déontologie (Cored) pour prendre en charge tous les griefs contre les professionnels de l’information.
De plus, la Cap n'oublie pas de rappeler aux journalistes la nécessité d’aller vers plus de rigueur et de professionnalisme dans le traitement de l’information.
Bipolarisation au sein de la presse
Cette tentation de confrontation risque d’entraver la bonne marche de la démocratie au Sénégal. Pour Moundiaye Cissé, président de l’ONG 3D, la bipolarisation au sein de la presse avec une presse d’opposition radicale et une presse qui défend le pouvoir, depuis l’ère Macky Sall, menace la quiétude de l’espace public qui doit être un champ de débats et de réflexions.
Dans cette optique, il appelle l’État à aller vers plus de sérénité et la presse à tendre vers plus de responsabilité. ‘’Nous n’avons pas besoin d’un État qui se mette à faire des arrestations tous azimuts et la presse doit se garder de faire dans la délation, dans la calomnie et diffuser des informations sensibles. C’est un équilibre qu’il faut mettre en place dans le but d’éviter une guéguerre entre la presse et le nouveau pouvoir qui dessert les intérêts de notre démocratie’’, soutient-il.
D’après lui, un renforcement de la concertation entre presse et pouvoir pourrait permettre d’éviter une précarisation rampante d’une partie de la presse sénégalaise. Ainsi, elle court le risque de voir cette dernière tomber sous la coupe d’hommes politiques dans l’unique but de servir d’instrument de règlements de comptes politiques.
Cette montée des tensions entre le nouveau pouvoir et la presse n’a pas manqué d'être soulignée par Mamadou Ibra Kane, président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps). Ce dernier a appelé le nouveau président à revoir sa position concernant l'amnistie fiscale envers les groupes de presse.
En effet, son prédécesseur Macky Sall avait décidé, le 18 mars dernier, d’éponger la dette fiscale des entreprises de presse du Sénégal, estimée à plus de 40 milliards F CFA. Sans oublier qu’en septembre 2019, l’ancien président leur avait accordé un effacement fiscal pour toute la période antérieure jusqu’au 31 décembre 2020, ensuite une exonération de toutes les taxes et tous les impôts du 1er janvier au 31 décembre 2021. Le patron du groupe de presse Africaine Communication Édition (Africom SA), éditeur des quotidiens ‘’Stades’’ et ‘’Sunu Lamb’’ se désole de la pression fiscale sur les entreprises de presse et du fait que l’amnistie fiscale n’a pas été consignée dans un décret.
‘’Depuis maintenant une semaine, les services des impôts ont envoyé aux entreprises de presse des notifications sur leur dette fiscale, parce que le président Macky Sall, malgré sa promesse d’effacement de la dette fiscale des entreprises de presse et sa consignation dans le communiqué du Conseil des ministres, n’a pas pris un décret’’. Ce qui fait ‘’qu’il n’y a aucune base matérielle sur l’effacement fiscal qui a été promis aux entreprises de presse par le président de la République’’, fulmine-t-il, avant d’indiquer le rôle central de la presse comme contre-pouvoir pour la consolidation de la démocratie.
La nécessité d’une thérapie de choc de la presse sinistrée
L’opposition de Bassirou Diomaye Faye, qui considère que cet effacement fiscal n’est pas une bonne chose pour les entreprises de presse, semble vouloir traduire une volonté de réformer et d’assainir le secteur de la presse qui connaît une explosion de titres dans la presse écrite et dans les médias en ligne. Pour Ibrahima Lissa Faye, le président de l’Association des professionnels de la presse en ligne (Appel) et membre de la Cap, l’avenir de la presse ne peut se faire qu’à travers la mise en place de cercles de concertations avec l’État du Sénégal, dans le but de mettre en place d’un environnement médiatique sain. ‘’Je peux vous dire que le secteur de la presse est sinistré et a réellement besoin d’une thérapie de choc. Dans notre pays, quand un secteur est en difficulté, il ne peut que se retourner vers l’État. En 2009, Nicolas Sarkozy avait déboursé près de 600 millions d’euros pour venir en aide à la presse française. Dans cette optique, il nous faut entamer des discussions pour un plan de relance du secteur’’, affirme l’ancien journaliste de ‘’Sud Quotidien’’.
Selon le patron de Pressafrik, la Cap a lancé un certain nombre de propositions allant dans le sens d’assurer une viabilité économique aux entreprises de presse. ‘’On peut remettre à plat toutes les ardoises et se fixer une échéance d’une année pour voir les entreprises de presse faire leur mue eu égard à la fiscalité, aux cotisations sociales et au respect du Code de la presse. À partir de là, on aurait une vision sur l’ampleur des difficultés de la presse qui n’arrive pas à gérer les charges. Par ailleurs, le Fonds d'appui et de développement de la presse (FADP) doit être revalorisé et le décret sur le financement de l’audiovisuel doit être rapidement mis en œuvre pour dégager des fonds substantiels pour la presse’’, soutient-il.
LES TRAVAILLEURS D'E-MÉDIA RÉCLAMENT DE NOUVEAU LEUR SALAIRE À LA DIRECTION
Pour le personnel d'Emédia, «le salaire n’est plus un droit, mais un luxe, une exception, une anormalité généralisée à laquelle la direction semble ne pas avoir de solutions ».
Depuis plusieurs mois, les travailleurs du groupe de presse E-média dirigé par Alassane Samba Diop, alertent sur le non-paiement de leur salaire.
Sur ce, le secrétaire général du SYNPICS du groupe de presse s’est fendu d’un communiqué pour dénoncer cette situation qui commence à perdurer.
«Depuis trois 3 ans, ils vivent d’énormes difficultés ». Lesquelles difficultés ont conduit les travailleurs à avoir « le moral plus bas que, la motivation tourne le dos à ces hommes et femmes qui ont leurs frêles épaules de lourdes charges surtout dans cette période où la vie est de plus en plus chère ».
Pour le personnel d'Emédia, «le salaire n’est plus un droit, mais un luxe, une exception, une anormalité généralisée à laquelle la direction semble ne pas avoir de solutions ».
A ce titre, les travailleurs invitent la direction générale à prendre des mesures puisque «le salaire est avant tout une question de dignité».
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SECTION DE RECHERCHES, LE DIRPUB DE LA TRIBUNE LIBRE
Après son face à face avec les enquêteurs, ce vendredi, Pape Moussa Traoré, le directeur de publication du journal «Tribune» est libre. Finalement, aucune charge n’a été retenu contre lui.
iGFM - (Dakar) Notre confrère Pape Moussa Traoré est finalement sorti libre des locaux de la section des recherches de la gendarmerie de Colobane.
Après son face à face avec les enquêteurs, ce vendredi, Pape Moussa Traoré, le directeur de publication du journal «Tribune» est libre. Finalement, aucune charge n’a été retenu contre lui, dit-on.
Le directeur de publication du quotidien «Tribune» avait été convoqué suite à l’article paru dans son journal, traitant de la mutation du général Souleymane Kandé en Inde.
LE DIRECTEUR DE PUBLICATION DU QUOTIDIEN, MOHAMED GUEYE, EST LIBRE
Le Dirpub avait été convoqué à la gendarmerie ce vendredi, suite à la publication d'un article sur la nomination en Inde de l'ancien chef d'État-major de l'armée de terre, le Général Souleymane Kandé.
(SenePlus) - Sur son compte X, Madiambal Diagne a annoncé la libération de Mohamed Gueye, directeur de publication du Quotidien, par la Section de Recherches de la Gendarmerie Nationale.
Le patron du Groupe Avenir Communication a exprimé sa gratitude envers tous ceux qui ont soutenu le journaliste pendant cette période difficile.
Dirpub Mohamed Gueye vient d'être libéré par la Section de recherches de la gendarmerie nationale. Nous remercions toutes les personnes qui nous ont apporté leur soutien dans cette épreuve. Que la Démocratie continue de triompher et que l'État de Droit règne dans notre cher Sénégal.
Rappelons que Mohamed Gueye avait été convoqué à la gendarmerie ce vendredi, suite à la publication d'un article sur la nomination en Inde de l'ancien chef d'État-major de l'armée de terre, le Général Souleymane Kandé.
PAR Yoro Dia
MONSIEUR LE PRÉSIDENT, LE TEMPS NE CHÔME PAS
Les assisses de la justice confirme la perte de temps parce que le président est tombé dans le piège des rentiers de la tension. Sonko confine Diomaye au Palais et dans les airs pour mener des combats idéologiques anachroniques
Le président de la République est parti des « assises pour redorer le blason de la justice » dans son discours du 3 avril à la nécessité d’éviter le « gouvernement des juges » dans le discours du 28 mai. Il a mis beaucoup d’eau dans son bissap. Immense paradoxe car quand on veut éviter un gouvernement des juges on reconnait au moins que la justice est un tant soit peu indépendante car on parle de gouvernement des juges dans un système où les juges sont trop puissants et ne sont donc pas à la botte de l’exécutif ou du moins n’écrivent pas sous sa dictée. Donc le président confirme que ces assises sont une perte de temps. Au Sénégal, l’Etat est soumis au Droit. Il n’y a que dans un pays où l’Etat est soumis au Droit que le Conseil constitutionnel censure l’exécutif plusieurs fois en quelques semaines et qu’un juge de province puisse en toute indépendance annuler une décision de l’Etat ou un avocat général va l’encontre de la volonté de l’Etat.
La seule urgence en matière de justice touche à l’économie qui est la seule et grande du pays. L’urgence en matière de justice est comment améliorer la sécurité juridique et judiciaire pour l’investissement et la croissance et en la matière la décision du président de la République et du Premier ministre d’arrêter arbitrairement les travaux sur la corniche est un mauvais signal pour l’investissement. Le président de la République n’est pas François 1er dont le « bon plaisir devient la loi » et la punition collective au-delà de violer le Droit est une injustice contre ceux qui ont fait l’effort d’être en règle. Un jour j’avais demandé au patron d’une grande entreprise de BTP pourquoi le choix du Sénégal en dehors de l’Allemagne pour un investissement de plusieurs milliards et sur plus de 20 ans. Il me répondit que pour des investissements aussi lourds le Sénégal avaient des avantages comparatifs : stabilité politique et sécurité juridique et judiciaire. La sécurité juridique judiciaire ne doit pas dépendre des humeurs du président et de son Premier ministre ou d’un courtisan affairiste.
Les assisses de la justice confirme la perte de temps parce que le président est tombé dans le piège des rentiers de la tension. Après les assises de la justice, ils vont lui proposer les assises du code électoral et réforme du système électoral dans un pays où notre grande administration peut organiser une présidentielle en 3 semaines et une transition entre deux présidents en 10 jours. Ils ne vont pas manquer de proposer naturellement une CENI sans oublier les assises de la décentralisation. Le candidat Amadou Ba proposait de faire gagner 5 ans au Sénégal dans sa marche vers l’émergence avec le gaz et le pétrole dont nous attendons incessamment les premiers barils. Malgré le pétrole et le gaz on est parti non pas pour gagner 5 ans mais pour en perdre avec un président sous la coupe des rentiers de la tension et un Premier ministre qui confine le président dans un rôle de Roi d’Angleterre ou de président d’Allemagne ou d’Israël. Sonko confine Diomaye au Palais et dans les airs pour mener des combats idéologiques anachroniques comme le souverainisme désuet. Le confinement politique du président permet au Premier ministre de s’approprier ses pouvoirs propres comme la politique extérieure et la défense où il étale son ignorance et surtout l’anachronisme de ses combats.
Lors de la deuxième guerre mondiale, le Japon qui a été dévasté par deux bombes atomiques américaines abrite encore des bases américaines. Il en est de même pour l’Allemagne qui abrite des bases américaines malgré leur défaite face aux américains parce que ces deux pays après avoir défini la géographie de leur intérêt national en ont conclu que l’alliance avec leur vainqueur étaient encore dans leur intérêt. Un célèbre ambassadeur de France à Dakar me racontait la torture d’être ambassadeur de France dans un pays francophone d’Afrique en disant quand tu ne dis rien, on dénonce l’indifférence et dès que tu ouvres la bouche on dénonce l’ingérence. Comment Sonko qui se dont le souverainisme n’est le refoulement du désir de résonance de la France peut reprocher à Macron de ne pas s’être ingéré dans nos affaires intérieures après avoir reçu fièrement chez lui des émissaires de l’Elysée. Dommage que Sonko ait reconnu que le Projet n’existe pas parce que au fond notre Premier ministre qui est un excellent dramaturge car la scénographie, le suspens de l’attente du projet a été digne du « mandat » de Sembene ou le « en attendant Godot » de Beckett. Donc en attendant Godot pardon le Projet en décembre comme le promet Sonko, espérons que Pastef sorte de l’indigence intellectuelle pour lui trouver au moins un nom. Maintenant que tout le monde sait que le Projet n’existe pas après les aveux de Sonko dans le communiqué du Conseil de Ministres du 24 avril, on est aussi parti pour 5 ans de tâtonnements en matière de politique défense et de politique extérieure où le feeling et les humeurs de notre Premier vont se substituer à la vision et stratégie.
Quand on voit que les amis de notre Premier ministre (Goita du Mali, Coulibaly du Burkina, et Tiani) ont tous renvoyé la tenue des élections aux calendes grecques, on a une idée de la déviation que va prendre notre politique extérieure qui va se fonder sur la négation des valeurs du Sénégal. La négation du Sénégal est une constante chez notre Premier ministre qui préfère parler de Sénégambie méridionale, de Tirailleurs africains alors que le terme consacré est tirailleurs sénégalais. Négation du Sénégal quand, au pays de Diouma Dieng Diakhate, de Colle Ardo Sow, notre Premier ministre choisit un accoutrement fort bizarre pour recevoir Mélenchon. Au-delà de la faute de gout, une autre forme de négation du Sénégal. Négation du Sénégal quand il pose fièrement avec un casseur dans un Tweet pour faire l’apologie de la violence contre les Forces de l’ordre et avance masquer pour faire exiler le Général Kande qui s’est couvert de gloire en Casamance en faisant face aux casseurs de la République que sont les maquisards du MFDC. Le cannibalisme du populisme doit s’arrêter à la porte des camps et des casernes. C’est pourquoi il faut regretter les propos du nouveau Haut Commandant de la Gendarmerie qui parle de « réconcilier la gendarmerie avec le peuple » lors de son installation. La gendarmerie n’a aucun problème avec le peuple. Entre le déshonneur de voir la République s’effondrer face à l’insurrection et l’honneur d’aller au front pour la sauver afin qu’elle reste debout, elle a choisi de faire son devoir dans l’honneur. Le populisme ne doit franchir la porte des camps et des casernes car le maintien de l’ordre n’a pas de couleur politique et est consubstantiel à l’Etat et à la République.
Monsieur le président, le temps ne chôme pas, Gardez-vous d’en perdre et d’en faire perdre au pays en vous consacrant à l’essentiel : l’économie et la croissance.
par Oumou Wane
DIOMAYE-SONKO EN ACTION
EXCLUSIF SENEPLUS - Les épisodes en cours partagent un fil conducteur évident : l'héritage encombrant de Macky. Forts de la légitimité que leur a conférée le peuple, le pouvoir en place n'hésitera pas à bousculer les derniers bastions de l'ancien régime
Le discours du Premier ministre Ousmane Sonko sur la RTS hier soir et du Colonel Abdoul Aziz Ndao sur la TFM le matin même laissent entrevoir une atmosphère politique particulièrement électrique. L'opinion publique est en ébullition, et les sous-sols du pouvoir semblent agités par des courants tumultueux.
Décryptons les propos du Colonel Ndao. Sans détour, il a évoqué des manœuvres de déstabilisation en cours, exhortant les services de renseignements à démasquer les conspirateurs. Il aurait cité le journal Africa Confidentielle comme source d'informations sur l'affaire du Général Kandé, mais ce média a vigoureusement démenti. Face à la polémique, un autre média a dû présenter des excuses pour avoir faussement cité ce site.
Le Premier ministre Sonko, lui, a martelé que personne ne peut ébranler le Sénégal. Selon lui, ceux qui s'agitent le font car ils redoutent la marche de reddition des comptes initiée par le nouveau régime. Peu importe les manœuvres en coulisses, les sanctions tomberont sur les personnes épinglées par les divers rapports de contrôle.
Le Colonel Ndao n’a pas mâché ses mots. En pointant du doigt des manœuvres de déstabilisation, il a renforcé le climat de suspicion. Mais Sonko n'a pas tardé à répliquer, affichant une détermination implacable à poursuivre la reddition des comptes. Ces échanges tendus révèlent une bataille féroce pour le contrôle narratif de la situation politique.
Il y a quelques jours, le ministre de la Justice, Maitre Ousmane Diagne, avait également été très clair : des sanctions allaient tomber, et les DAGE de plusieurs ministères de l'ancien régime étaient sur la sellette dans le dossier Covid-19. Le message est sans équivoque : la justice est en marche, et nul ne sera épargné.
Ces événements convergent vers une figure centrale : l'ancien président Macky Sall. Son ombre plane sur des affaires sensibles, telles que l'amnistie fiscale pour la presse, un décret signé mais resté lettre morte, et la polémique autour de l'affectation d'un chef d'état-major en Inde, amplifiée par des médias supposés de l'opposition. Ces faits, qu'ils soient avérés ou manipulés, politisent un contexte déjà inflammable.
La pétition pour le rapatriement de Macky Sall ajoute une pression supplémentaire sur le nouveau régime. Si elle recueille un large soutien populaire, il sera difficile de ne pas répondre aux attentes d'une population assoiffée de justice. Macky Sall pourrait bien se retrouver piégé par cette dynamique, accélérant une éventuelle confrontation judiciaire.
Pour couronner le tout, le projet de loi sur l'homosexualité, proposé par la députée Awa Ndiaye Gniby, jette de l'huile sur le feu déjà ardent de la scène politique. Cet élément controversé ajoute une couche supplémentaire de complexité à une situation déjà explosive. L'affaire Doro Gaye, dont on ne perçoit que les premiers éléments de l'enquête, ressemble déjà à une grosse poudrière prête à s’embraser.
Les épisodes en cours partagent un fil conducteur évident : l'héritage encombrant de Macky Sall. L'amnistie fiscale pour la presse, l'affectation controversée en Inde, tout cela n'a fait que politiser des faits qui auraient dû rester techniques. La presse et la politique se mêlent dangereusement, créant un cocktail potentiellement détonant.
Tous ces événements sont les prémices de jours orageux à venir. Il sera prudent de se mettre à l'abri, car le tandem Diomaye-Sonko semble bien décidé à aller au bout de sa croisade contre les dérives passées, quels qu'en soient les coûts. Forts de la légitimité que leur a conférée le peuple, ils n'hésiteront pas à bousculer les derniers bastions de l'ancien régime. Les pousser dans leurs retranchements à peine huit semaines après leur arrivée au pouvoir est un pari risqué.
Nul ne peut prétendre connaître les secrets des dieux, mais cette confrontation frontale ne fera qu'attiser les braises et accélérer la course folle des événements. Les forces en présence détiennent assurément plus d'informations que le commun des mortels. Dans cette tempête annoncée, la prudence reste de mise pour les citoyens lambda.
Le ministre de l'Intérieur, le Général Tine, aura fort à faire pour gérer cette situation explosive qui s'annonce. Restons donc observateurs avisés de ces bouleversements à venir.
Oumou Wane est présidente de Citizen Media Group – africa7.
LE PERSONNEL POLITIQUE EN CHARGE DU DOSSIER CALÉDONIEN FAIT MINE D’IGNORER LE POIDS DE L’HISTOIRE
Nous sommes en effet dans une situation extrêmement grave. Ce qui se passe peut être interprété comme une logique de recolonisation.
De fortes mobilisations et émeutes ébranlent Nouméa depuis l’adoption par le Sénat d’un projet de loide réforme du corps électoral. Les événements ont déjà fait six morts et l’état d’urgence a été décrété le mercredi 15 mai dernier. Isabelle Merle, spécialiste de l’histoire coloniale des territoires du Pacifique, revient sur une situation explosive.
Vos travaux sur l’histoire de la Nouvelle-Calédonie montrent des moments de tensions particulièrement saillants qu’il parait difficile d’ignorer. Or, la réponse politique aux événements semble les minorer. Comment l’expliquer ?
Isabelle Merle : Il faut insister sur le fait que l’histoire résonne très fort avec ce qui se passe actuellement. Le personnel politique en charge du dossier fait mine de l’ignorer, qu’il s’agisse du ministre de l’Outre Mer, du ministre de la Justice ou du président Macron lui-même.
Cette dimension est pleinement inscrite dans l’histoire coloniale de la France et au cœur de la fabrique même de la nation. C’est pour cela qu’il est aussi au cœur de la crise : c’est une histoire coloniale singulière.
Cette vision prévaut encore en 1972 dans le discours de Pierre Messmer, alors Premier ministre, qui déclarait qu’il fallait « faire du blanc ». On imagine la Nouvelle-Calédonie comme une « petite France australe », à l’image idéalisée de la France hexagonale de l’époque.
Bagnards à Nouméa, arasement de la butte Conneau, vers 1875. Serge Kakou/Actes Sud
Ce projet de peuplement se construit au détriment de la population kanake qui subit jusqu’à la Première Guerre une brutale chute démographique. Les Kanak sont refoulés dans des réserves indigènes, cas unique dans l’Empire français, et soumis au régime de l’indigénat entre 1887 et 1946. La peur d’être diluée et de devenir invisible est donc très ancrée chez les Kanak.
C’est seulement au tournant des années 80 qu’est évoquée l’idée de construire ensemble une histoire, une « communauté de destins » et « un réveil kanak » comme l’écrit David Chappell. Les travaux sur cette histoire et ses figures, comme nous l’avons évoqué avec mon collègue Adrian Muckle parmi d’autres recherches, en témoignent.
« Tjibaou, la parole assassinée », Gilles Dganeau (1998).
C’est dans ce contexte que l’Accord de Nouméa a eu lieu, en 1998. Ce dernier constitue un compromis politique remarquable d’intelligence collective. Il a permis la création d’institutions nouvelles, les Provinces, le Congrès du territoire, le gouvernement collégial et un massif transfert de compétences. La citoyenneté calédonienne en est le principe, fondée sur un corps électoral restreint.
La réforme constitutionnelle d’élargissement de ce corps électoral provincial, que le gouvernement actuel tente d’imposer en force, est considérée comme illégitime. Elle rompt avec une logique politique forgée avec beaucoup de vigilance et de compréhension de l’histoire. C’est comme si les acteurs politiques actuels, dont Emmanuel Macron, trop jeunes à l’époque des évènements de 1984-1988, méconnaissaient cette histoire. Ils ont choisi de s’appuyer sur les figures de la droite locale la plus radicale.
Or cette histoire est profondément inscrite dans la mémoire de la jeunesse qui s’insurge aujourd’hui, à l’instar d’autres mobilisations récentes.
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Est-on arrivé à une impasse politique, telle que vous la redoutiez en 2022, lors du précédent referendum ?
I.M : Nous sommes en effet dans une situation extrêmement grave. Ce qui se passe peut être interprété comme une logique de recolonisation. Je parlerais peut-être plus du « retour du refoulé » impérial ou colonial dans le cas présent. Un peu comme si la France n’avait jamais rompu avec l’idéal ou l’amour de la « plus grande France ».
Les discours d’Emmanuel Macron sur la région Indo-Pacifique indiquent d’ailleurs une volonté d’inscrire la puissance française – contre la Chine, l’Australie, etc. – à travers ses anciens territoires coloniaux.
Or cette politique imposée unilatéralement par l’État n’est plus tolérée par la majorité des Kanak mais aussi par une partie des Calédoniens. À cela s’ajoutent des inégalités sociales et économiques profondes, ce qui rend la situation explosive, notamment auprès d’une grande partie de la jeunesse. D’après l’Institut statistique et des études économiques de Nouvelle-Calédonie, en 2020, un Calédonien sur cinq se trouve en situation de pauvreté monétaire.
Pourtant, l’Accord de Nouméa et la gestion du territoire depuis plus de 30 ans ont montré qu’un compromis politique était possible dans une situation très singulière de l’histoire coloniale française.
La Nouvelle-Calédonie est en effet l’un des seuls territoires colonisés où il y avait une forte population autochtone, contrairement aux Antilles par exemple ou la Guyane. De ce fait, les députés d’autres territoires ultra-marins scrutent avec attention la situation et s’en émeuvent, de même que l’ONU et plusieurs pays du Pacifique.
Vous évoquez une jeunesse « laissée sur le bord du chemin », prenant fortement part aux mobilisations et appelée d’ailleurs, à « rentrer » à la maison. Comment la situation de ces jeunes souligne-t-elle un manque de compréhension des spécificités de la société calédonienne par le gouvernement ?
Le processus de décolonisation interne est resté à la peine : les populations locales, Kanak mais aussi Wallisiens ou Futuniens, sont confrontées à de profondes disparités, et ce dès le plus jeune âge. Le décrochage scolaire est édifiant, de même que les difficultés d’accès à l’emploi ou aux ressources.
Une expression kanake dit d’ailleurs que les enfants ne sont « pas bien assis chez eux » : l’école ne leur enseigne pas ou trop peu leur propre histoire et ils sont mal préparés au futur dessiné par des responsables et des enjeux qui se situent très loin d’eux, aussi bien physiquement que symboliquement. Donc c’est compréhensible qu’aujourd’hui de nombreux jeunes expriment leur colère.
Mais, et il faut le souligner, aucune atteinte à la personne à ce jour a été à déplorer de la part des jeunes incriminés. Certains au contraire sont victimes de tirs venant de « particuliers » armés qui les visent délibérément. Trois jeunes Kanak sont d’ailleurs décédés.
Comment appréhender l’apaisement ? Vous évoquez des solutions qui pourraient venir des marges ou bien de nouveaux modèles à concevoir. Qu’en est-il ?
I.M : : Pour cela il faut d’abord immédiatement cesser une lecture uniquement répressive de la jeunesse kanake. Le déploiement de l’armée devrait se cantonner à de la logistique car son intervention rappellerait les sinistres souvenirs de la grotte d’Ouvéa. L’État d’urgence devrait surtout permettre de réquisitionner toutes les armes en circulation et ce, dans toutes les communautés. Et, martelons-le, en aucun cas la peur ne peut justifier le crime.
Mais comment prendre en compte la composante politique kanake quand le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qualifie la Cellule de coordination des actions sur le terrain (CCAT) – qui est une union d’associations, de syndicalistes et d’indépendantistes kanak – de « mafieuse » ? Citons aussi le Haut-Commissaire qui évoquait encore récemment le risque d’une guerre civile, jetant ainsi l’huile sur le feu au lieu de rassurer la population avec des paroles d’apaisement.
Pourtant, il existe des solutions qui viennent du territoire lui-même. Nouméa est particulièrement affectée par les violences mais ailleurs en Province Nord, à Bourail par exemple, pourtant à majorité loyaliste, la situation est plus apaisée car il existe notamment un habitus du vivre ensemble.
Peut-être que la séquence politique actuelle permettra cependant de remettre sur la table les problématiques de fond, l’histoire coloniale, les inégalités, l’importance de prendre en compte le poids politique des Calédoniens afin de dessiner un autre modèle. On pense ainsi à la notion d’un État associé – état souverain mais librement associé à une ancienne puissance colonisatrice par exemple – qui prévaut dans les îles Cook, Niue, les États fédérés de Micronésie, les îles Marshall et les Palaos, cinq territoires insulaires du Pacifique Sud.
Mais pour l’instant il s’agit d’un impensé politique à l’échelle du gouvernement d’Emmanuel Macron. Or il ne peut y avoir de sortie de crise si l’appréhension de cette dernière n’est ni juste ni équilibrée.
Isabelle Merle, Directrice de recherche au CNRS (CNRS, CREDO, UMR 7308), histoire de la colonisation, histoire du Pacifique et de la Nouvelle-Calédonie,, Aix-Marseille Université (AMU)
Le Ministre de l'enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation Dr El Hadji Abdourahmane DIOUF a ouvert ce vendredi 31 mai 2024, le séminaire de stabilisation du calendrier académique.
Le Ministre de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, Dr El Hadji Abdourahmane DIOUF, a donné le coup d'envoi d'un Séminaire National crucial, ce vendredi 31 Mai 2024, pour résoudre les défis persistants entourant la stabilité du déroulement des activités universitaires au Sénégal.
Selon le MESRI, l'objectif principal de cet événement de trois jours est de définir une stratégie nationale visant à normaliser le calendrier académique, mettant ainsi fin à des années d'irrégularités qui ont impacté négativement l'enseignement supérieur du pays.
Ce séminaire réunit une multitude de parties prenantes, incluant les Recruteurs universitaires, les Doyens des facultés, les Directeurs des UFR, le Personnel Enseignant et de Recherche (PER), le Personnel Administratif Technique et de Service (PATS), ainsi que les représentants syndicaux et les étudiants. Cette large participation reflète l'importance accordée à cette initiative et la volonté de construire un consensus pour résoudre les problèmes existants.
ÉMANCIPER LA LITTÉRATURE AFRICAINE : ROMPRE AVEC L'HÉRITAGE COLONIAL
“S’inspirer de nos archives historiques et culturelles est un pas nécessaire pour sortir des représentations que le passé colonial a laissées comme empreinte, des impressions falsifiées qui ne servaient que la cause occidentale”.
Le professeur Coudy Kane, spécialiste de la littérature africaine, appelle à bâtir “une mémoire littéraire africaine”, un objectif dont la réalisation implique de “sortir de la bibliothèque coloniale” en ce 21è siècle.
“Au 21ème siècle, sortir de la bibliothèque coloniale reste une condition sine qua non pour bâtir une mémoire littéraire africaine”, a-t-elle déclaré.
Elle prononçait la leçon inaugurale prononcée de la troisième édition du Festival international de la littérature de Dakar (FILID), mercredi, à l’hôtel de ville de Dakar.
Axé sur le thème ”Le livre, mémoire des civilisations”, ce festival de quatre jours (29 mai, 1er juin), a enregistré la participation de plusieurs acteurs du monde de la littérature venus d’Afrique et d’ailleurs.
“S’inspirer de nos archives historiques et culturelles est un pas nécessaire pour sortir des représentations que le passé colonial a laissées comme empreinte, des impressions falsifiées qui ne servaient que la cause occidentale”, a-t-elle dit.
Selon le professeur Kane, les conditions de réappropriation de la littérature africaine passent par plusieurs facteurs, qui concernent l’éducation, la langue, la recherche scientifique, etc.
“[…] il est important ici, de souligner le travail de Boubacar Boris Diop, écrivain sénégalais, qui a publié des récits en langue wolof, pour remettre au centre l’imaginaire du langage comme source de création”, a-t-elle ajouté.
A en croire le professeur Kane, cette incursion linguistique reste une signature “importante” du patrimoine sénégalais, laquelle permet de graver durablement le sens de l’écrit dans un ensemble qui forme la collection littéraire.
Parlant de la recherche scientifique, elle a rappelé qu’explorer les témoignages littéraires des africains demeure une phase significative de la reconquête de l’histoire du continent.
Coudy Kane souligne que la longue histoire du livre, “médium patrimonial et littéraire”, demeure une “expression immortelle” des civilisations se transmettant de siècle en siècle.
“Le thème sur le livre, mémoire des civilisations, nous invite à réfléchir au rôle essentiel de ce dernier, dans la préservation et la transmission de nos mémoires collectives”, a de son côté souligné le directeur du FILID, Abdoulaye Fodé Ndione.
Il indique que le livre reste un trésor inestimable renfermant la sagesse des générations passées, les fruits de l’imagination et de la créativité humaine.
“[…] il est gardien de nos histoires, de nos identités et de nos valeurs. C’est à travers le livre que nous voyageons dans le temps et dans l’espace, que nous découvrons d’autres horizons, d’autres cultures, etc.”, a-t-il précisé.
Le représentant de l’Association des écrivains du Sénégal, Seydou Sow, a pour sa part souligné l’importance de voir le livre retrouver sa place en Afrique, pour participer au développement des mentalités et à l’épanouissement des peuples.
“Il est temps pour nous autres peuples africains, de redonner au livre toute la place qu’elle mérite au sein de nos habitudes, populations, foyers”, a-t-il ajouté.
DAOUDA NGOM RECEPTIONNE LES TRAVAUX DE RESTAURATION DE LA LAGUNE DE SOMONE
Le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Daouda Ngom a réceptionné, jeudi après-midi, les travaux de restauration de la lagune de Somone, a constaté l’APS.
Somone, 31 mai (APS) – Le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Daouda Ngom a réceptionné, jeudi après-midi, les travaux de restauration de la lagune de Somone, a constaté l’APS.
”Ces travaux ont pour finalité de permettre la restauration de l’écosystème côtier de la Somone, tout en veillant au maintien des activités socio-économiques actuelles”, a dit M. Ngom. Il s’agit aussi de garantir un “retour progressif au fonctionnement hydrologique de base du cours d’eau de la Somone“, a expliqué l’officiel.
La réhabilitation de la lagune de Somone s’inscrit dans le cadre du projet “Changement climatique et gestion intégrée des zones côtières” (CCGIZC), financé par l’Union européenne, pour un montant de plus de 3,5 milliards de francs CFA.
Ces travaux permettront d’améliorer la résilience des communautés côtières face aux changements climatiques et de promouvoir la gestion intégrée du littoral, selon M. Ngom.
”Grâce aux travaux que nous réceptionnons aujourd’hui, les activités économiques vont être développées considérablement”, a dit Jean Marc Pisani, l’ambassadeur de l’Union européenne à Dakar.
Le diplomate a souligné que “près de 150 milliards d’euros sont en train d’être investis en Afrique pour relever ensemble des défis toujours plus complexes, afin d’aborder ce virage de la transition écologique, de la durabilité et de la résilience de nos économies”.
L’Etat du Sénégal a œuvré depuis 2010 à la mise en place d’un programme national de lutte contre l’érosion côtière, a signalé Daouda Ngom.