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30 avril 2025
PAR Abdou Karim Gueye
INTRODUCTION A LA THÉORIE DES 100 PREMIERS JOURS : MYTHE OU RÉALITÉ ?
Les 100 premiers jours: une période cruciale pour un nouveau dirigeant. Révélé par Roosevelt dans les années 1930, ce concept est devenu un véritable outil de gestion pour installer rapidement les bases d'un mandat réussi
À l’origine du concept, une ferme résolution de Franklin Delano Roosevelt nouvellement élu de faire de sa présidence un succès face à la grande dépression économique. Tout au début de celle-ci, Roosevelt se fixa alors un objectif fort ambitieux : « remettre les Américains au travail, protéger leur épargne, créer de la prospérité, soulager les malades et les personnes âgées, remettre l'industrie et l'agriculture sur pied, ceci en trois mois… » On connaît la suite, le succès de ce dirigeant et le redressement économique des États-Unis. Depuis, ce modèle des 100 jours est évoqué dans des situations diverses. Par exemple, aux États-Unis, il est utilisé par une variété d’experts, d’analystes, d’organismes, de cabinets conseil, d'ONG, pour évaluer les 100 premiers jours d’un mandat présidentiel ou ceux suivant les nominations de dirigeants, PDG, divers responsables, etc. Ce modèle est devenu un outil de gestion, de planification et de suivi développé et vendu par de nombreux cabinets, consultants, experts, etc. Au-delà du concept, plusieurs « business models » sont donc proposés dans le cadre d’activités de conseils, de coaching, d’accompagnement d’un nouveau PDG, d’un cadre exécutif nommé ou d’une personne élue ou affectée à la prise en charge d’un nouveau projet, programme, etc. En effet, il est important pour le nouvel élu ou nommé de maintenir une première bonne impression, de ne pas perdre une bonne première chance, d’impulser le mouvement et de maintenir l’élan durant les premiers mois et semaines qui suivent. Ces 100 premiers jours de travail sont cruciaux ; ils donnent le ton et potentiellement, ont un impact sur l’image, les premières impressions de crédibilité et de professionnalisme.
En dépit de la variété des modèles existants, la méthode des 100 premiers jours impose au nouveau venu de veiller à l’exécution des diligences ci-dessous :
Évaluer la situation et se préparer minutieusement à définir un plan des 100 premiers jours et les règles qui vont avec, ceci pouvant exiger des recherches approfondies sur l’environnement, les tendances économiques, les comportements, les enjeux de compétition et de positionnement. Il est recommandé de rester détendu, serein, optimiste et orienté vers une approche réfléchie des modalités d’intégration dans une nouvelle organisation.
Communiquer clairement sur les intentions au cours des trois prochains mois de la période des 100 jours en étant véridique sans tricher ; écouter activement, accepter de se connecter avec le principe que « communiquer c’est bien, se connecter, c’est mieux ».
Parier sur les talents, construire une équipe soudée et solide, en maîtrisant les collaborateurs et les conversations toxiques ; dès lors, s’il existe des documents permettant d’en savoir plus les performances des collaborateurs, les étudier attentivement pour se faire une idée ; à cet égard, l’art des conversations transformationnelles constitue un atout incomparable de leadership transformationnel.
Privilégier l’intention de s’améliorer et de se perfectionner, voire de développer ses compétences en leadership pour le succès du mandat, de la vision et/ou des ambitions dont la réalisation est recherchée.
Connaître et comprendre l’organisation, ses métiers, ses hommes, l’environnement dans lequel on met les pieds, son mode de fonctionnement, ses règles du jeu, sa culture organisationnelle.
Développer un narratif sur la vision, les ambitions et bien d’autres considérations stratégiques (par exemple la transparence, l’éthique, la méritocratie, les talents, le modèle de transformation, etc.) permettant de mettre en œuvre la vision, les stratégies, les plans et les processus pertinents.
Identifier et clarifier les attentes et les rôles, les réseaux, les partenariats nécessaires au succès et les ressources dont on dispose pour réaliser l’ambition projetée.
Définir les moyens « d’accélérer la cadence », de mobiliser les gens autour d’urgences et en dehors de leur zone de confort.
Se plier aux exigences d’attention soutenue et d’humilité pour écouter et apprendre, pour s’éduquer soi-même en évitant de perturber tous les projets déjà existant en se concentrant sur la planification des urgences et des prochaines étapes.
Plusieurs modèles de « Plans des 100 premiers jours » formalisent des démarches et des processus destinés à retracer des objectifs à court, moyen et long terme, mensuels ou hebdomadaires. Ce genre de document, voire de processus, tend aussi à identifier et à impliquer les parties prenantes au succès, les messages clés, la mesure du succès, les récompenses à court terme de ceux qui réalisent des victoires immédiates. Le succès de tels plans dépend donc fortement de l’intentionnalité des nouveaux dirigeants, de leur volonté à apprendre, de leurs capacités de leadership inclusif, d’interactions, d’échapper aux contraintes bureaucratiques et de lever la tête pour réfléchir et regarder ce qui se passe autour d’eux.
En conclusion, les 100 premiers jours d’un nouveau leader représentent une période critique pour établir des fondations solides et pour façonner le succès futur. En général, la méthode comporte de nombreux processus allant de l'évaluation initiale à la mise en œuvre stratégique, en passant par la communication efficace et la mobilisation des talents.
Dans les prochains articles de cette série, nous explorerons en profondeur les thèmes clés tels que les modalités d’élaboration et de mise en œuvre des plans des 100 premiers jours, les calendriers, les outils et les référentiels essentiels à leur succès, les bonnes et meilleures pratiques permettant de maximiser l'impact et la réussite de cette période cruciale.
Mots clés : 100 premiers jours, leadership, coaching, onboarding, planification stratégique, communication, évaluation, mise en œuvre, outils, référentiels, succès, gestion du changement, transformation, apprentissage continu.
À bientôt pour une analyse approfondie et une orientation pratique sur la réussite des 100 premiers jours !
A suivre …
Abdou Karim Gueye, DBA- MBA- ENA -UCAD. Ancien Directeur général de l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature du Sénégal. Inspecteur général d’Etat à la retraite. Ancien Secrétaire exécutif du Forum des Inspections générale d’Etat d’Afrique. International Certified Investigator, Coach, Consultant and Advisor !
BURKINA FASO, TROIS DIPLOMATES FRANÇAIS EXPULSÉS DU TERRITOIRE
A travers un communiqué, le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des Burkinabé de l’extérieur, l’autorité a porté à la connaissance du public qu’elle va expulser trois personnes pour activités subversives.
Le Burkina Faso a pris une importante décision concernant le cas de trois diplomates français. A travers un communiqué, le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des Burkinabé de l’extérieur, l’autorité a porté à la connaissance du public qu’elle va expulser trois personnes pour activités subversives.
Les trois diplomates «sont déclarés persona non grata sur le territoire du Burkina Faso, pour activités subversives. Ils sont priés de quitter le territoire du Burkina Faso dans les prochaines 48 heures», indique la note. Les personnes impliquées sont Gwenaëlle Habouzit, Hervé Fournier et Guillaume Reisacher.
LE FMI DEMANDE À L'ÉTAT DE REVOIR SA COPIE
L'institution de Bretton Woods remet en cause les estimations du gouvernement sur les recettes attendues de l'exploitation pétrolière en 2024, un coup dur pour les finances publiques
A Washington, le Fmi a demandé à la mission gouvernementale de revoir le budget 2024, qui ne devrait pas être alimenté par les recettes issues de l’exploitation du pétrole.
C’est une douche froide que la mission gouvernementale en séjour à Washington, pour discuter avec les partenaires financiers du Sénégal, a reçue de la part du Fonds monétaire international (Fmi). Cette institution a remis en cause le cadrage budgétaire pour l’exercice en cours, en demandant aux autorités sénégalaises de revoir la copie du budget 2024, dans le sens de réduire drastiquement les prévisions de recettes. En effet, le Fmi considère que les recettes attendues de l’exploitation du pétrole ne seront pas au rendez-vous. Les espoirs de recettes qui boostaient le budget de l’année 2024, avec de fortes recettes additionnelles pour cette année, se sont envolés. Le document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle, publié en juillet 2022, indique que le Sénégal devrait engranger 888 milliards de francs Cfa de recettes tirées de l’exploitation du pétrole, sur la période 2023-2025, réparties ainsi qu’il suit : «59 milliards en 2023, année de démarrage de la production, puis 327 milliards en 2024 et enfin 501 milliards en 2025.» On voit que toutes ces belles prévisions sont tombées à l’eau.
Cela devrait-il surprendre les nouvelles autorités gouvernementales ?
L’information constitue un coup de tonnerre pour les responsables des finances publiques. Vérification faite auprès de sources proches des compagnies partenaires pour l’exploitation du gisement de Sangomar, la réalité reste têtue. «Le début de l’exploitation reste maintenu pour fin juin 2024, mais durant les cinq à six premiers mois, la production ne pourra pas réellement commencer. Nous serons en phase test et l’exploitation ne commencera à être viable ou optimale qu’à partir de la fin du mois de novembre 2024.» Les experts dans le domaine de l’exploitation du pétrole expliquent cette situation par des considérations techniques. «On ne peut pas faire autrement. Les premiers barils de pétrole pompés sont toujours souillés par des éléments comme la boue ou autres sédiments rocheux, et il faudra extraire de grandes quantités pour accéder au pétrole brut de qualité commercialisable.»
La menace de renégociation des contrats
Les compagnies pétrolières multinationales, déjà engagées dans l’objectif d’exploitation des ressources en hydrocarbures, restent dubitatives ou sont gagnées par une certaine frilosité, quant à l’avenir de leurs relations avec le Sénégal. Le nouveau président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et son ministre du Pétrole, de l’énergie et des mines, Birame Soulèye Diop, ont indiqué, sur tous les tons, leur volonté de renégocier les contrats miniers. Il faut dire que de nombreuses suspicions entourent ces contrats miniers. Le chef de l’Etat a indiqué engager son gouvernement dans une prochaine opération d’audit des contrats miniers, et une renégociation desdits contrats pourrait en découler. Quand on sait qu’une procédure d’audit nécessitera plusieurs mois entre la sélection des cabinets, le démarrage de la mission et le dépôt de rapports contradictoires, on peut se demander si l’horizon 2025 pour l’exploitation effective du pétrole et du gaz ne serait même pas trop proche. «En attendant d’y voir plus clair, il nous sera assez difficile de songer à accroître nos investissements au Sénégal. Nous avons besoin de savoir comment tout cela va se passer», souligne un administrateur d’une multinationale. Il s’y ajoute que les majors commençaient à traîner les pieds pour démarrer le pompage du pétrole et du gaz au Sénégal. Les coûts d’exploitation peuvent être plus onéreux que dans certaines régions, car des gisements en eaux très profondes exigeant plus de moyens logistiques et techniques. Certaines compagnies songeaient à garder en réserve les volumes de pétrole estimés au Sénégal. Une perspective qui, assurément, ne saurait enchanter le Sénégal. Il n’est pas à craindre des lendemains tumultueux avec des contentieux nés de la remise en cause de conventions déjà signées par le Sénégal. On peut se rappeler les déconvenues des régimes du Président Abdoulaye Wade en 2000 avec la compagnie canadienne d’électricité Hydro-Québec et celles du régime de Macky Sall avec le groupe sidérurgique indien Mittal. La dénonciation de ces contrats, signés par des régimes politiques précédents, avait occasionné des réparations importantes supportées par le Sénégal pour mettre un terme aux procédures contentieuses.
Négociations avec la Mauritanie
Le dossier du gaz que partagent équitablement le Sénégal et la Mauritanie, sera au centre des discussions officielles lors de la visite qu’effectue aujourd’hui le Président Bassirou Diomaye Faye en Mauritanie. Les deux pays avaient réussi à s’entendre assez facilement sur les conditions d’exploitation et de partage de la ressource, mais l’arrivée d’un nouveau régime politique au Sénégal pourrait changer la donne. Qui pourra garantir que la Mauritanie accepterait de prendre son mal en patience pour laisser du temps au Sénégal, pour procéder aux audits et autres diligences souhaitées, et peut-être remettre en cause les accords existants aussi bien entre les deux pays que ceux signés avec les investisseurs ? La Mauritanie nourrit de grands espoirs de décollage économique et social grâce aux ressources attendues de l’exploitation de son gaz. Nous rappelions, le 11 avril 2022, que «les experts considèrent que les ressources en gaz estimées au Sénégal sont de classe mondiale. Le Sénégal est parti pour être un grand pays exportateur de gaz. Le champ de Grand Tortue Ahmeyim (Gta), partagé entre le Sénégal et la Mauritanie, découvert en 2014, est estimé aujourd’hui contenir entre 15 et 20 Tcf de ressources gazières, soit entre 530 et 700 milliards de m3 de gaz prouvés. British Petroleum (Bp) considère que le potentiel de ce gisement de gaz naturel est beaucoup plus important. Un autre gisement, Yaakar Teranga, au large de Cayar, découvert en 2016, révèle des ressources déjà prouvées de l’ordre de 700 milliards de m3. Aux dires d’experts, le potentiel de Yaakar Teranga serait bien plus colossal que celui de Gta. D’autres poches de gaz sont identifiées au large des côtes sénégalaises comme à Sangomar (Fatick). Des gisements de gaz on shore (sur terre) sont aussi identifiés au Sénégal comme le gisement de Ngadiaga (Thiès). La consommation totale en gaz du continent africain est de 153 milliards de m3 par an, selon la Bp Statistical Review of World Energy, publiée en juin 2021. Cela donne une bonne idée sur l’importance des réserves de gaz du Sénégal. Au demeurant, il faudra plus d’exploration et de recherche pour confirmer ou infirmer une telle évaluation. Ce qui est certain, c’est que le potentiel confirmé est suffisant pour lancer un très gros projet gazier. C’est l’une des raisons-clés qui ont fait que Bp, la troisième plus grande compagnie pétrolière privée dans le monde après ExxonMobil et Royal Dutch Shell, soit entrée dans ce projet et qu’elle ait pris la direction des opérations en détenant 53% des parts contre 27% pour l’Américain Kosmos Energy. Dans les milieux des hydrocarbures, le sentiment le mieux partagé est que le Sénégal n’a pas encore effectué assez de recherches pour découvrir tout le gaz que devrait renfermer son bassin sédimentaire».
Hostilité contre le gaz sénégalais
Le régime du président Macky Sall avait su être en phase avec les autorités de Nouakchott pour cheminer main dans la main sur le dossier de l’exploitation du gisement de gaz de Grand Tortue Aymehim (Gta). Mais on sait que certains pays «amis» du Sénégal ne verraient pas d’un bon œil l’exploitation de cette ressource en hydrocarbures. Le gaz sénégalais apparaît très compétitif par rapport à d’autres régions et fournisseurs. Le Sénégal et la Mauritanie pourront-ils toujours ignorer les vents contraires et poursuivre leur partenariat ? Des pays, notamment la Russie, le Qatar et l’Algérie, pourraient ne pas voir d’un bon œil l’arrivée sur les marchés internationaux du gaz sénégalo-mauritanien.
Du reste, le Président Macky Sall avait dû batailler ferme sur la scène internationale pour faire accepter la poursuite de l’exploitation des énergies fossiles par les pays africains. Dans un élan de préservation de l’environnement, de nombreux pays développés continuent de demander l’arrêt de ce type d’exploitation, surtout pour ce qui est des gisements off-shore qui sont présentés comme très polluants pour l’environnement. Bassirou Diomaye Faye aura-t-il une voix aussi forte que celle de Macky Sall pour faire entendre raison à la Communauté internationale ?
Par Mamadou Bodian
RENEGOCIER LE CONTRAT SEXUEL AU SENEGAL
La récente annonce de la composition du nouveau gouvernement au Sénégal, marquée par une faible présence de femmes (seulement quatre parmi vingt-cinq membres), a exacerbé les critiques au sein d’une frange du mouvement des femmes
La récente annonce de la composition du nouveau gouvernement au Sénégal, marquée par une faible présence de femmes (seulement quatre parmi vingt-cinq membres), a exacerbé les critiques au sein d’une frange du mouvement des femmes, qui perçoit cette sous-représentation non seulement comme le reflet d’une lacune immédiate dans le nouvel Exécutif, mais également comme l’indicateur d’un recul en termes de reconnaissance de la place des femmes dans les sphères de pouvoir.
Certain.e.s sont allé.e.s plus loin, qualifiant la transformation du ministère de la Femme en ministère de la Famille et des solidarités, de dilution des enjeux de genre au profit d’une approche matrimoniale réductrice, susceptible d’éclipser les politiques essentielles permettant de lutter contre les inégalités structurelles en faveur des femmes. Je comprends les alertes qui soulèvent des questions fondamentales sur les relations hommes-femmes dans une société sénégalaise qui, empreinte d’un imaginaire patriarcal, voit l’Etat sous les traits d’un père protecteur et ordonnateur. Cette omniprésence masculine imprégnée sous-tendue par la religion fait craindre une perpétuation du «contrat social sénégalais» tel que décrit par Cruise O’Brien - c’est-à-dire fondé sur une alliance au sommet entre le prince et le marabout-, qui pourrait dissimuler un autre «contrat sexuel» (pour reprendre Carole Pateman) qui cantonne les femmes dans des rôles privés et matrimoniaux. Cette crainte est d’autant plus compréhensible que la configuration du pouvoir dans notre société semble influencer systématiquement toutes les décisions, les lois et les normes, révélant ce que certains critiques décrivent comme un «sexisme latent» qui irrigue l’ensemble de la structure sociale. Mais en vérité, le Sénégal ne peut aucunement souffrir d’un «sexisme institutionnalisé», compte tenu des avancées significatives réalisées en faveur des droits des femmes, qui méritent d’être pérennisées. C’est pourquoi il me semble prématuré de spéculer sur les politiques que les nouvelles autorités étatiques mettront en œuvre concernant les questions de la femme (audelà de la famille), en l’absence de la déclaration de politique générale du Premier ministre et des directives du nouveau ministère de la Famille et des solidarités. En attendant, il me semble crucial de diriger le débat vers des discussions plus constructives et exemptes de préjugés. Ces échanges doivent prendre en compte une compréhension holistique des défis globaux et locaux liés aux femmes. C’est dans cette perspective que cette analyse entend souligner trois aspects-clés qui pourraient servir de catalyseur à ce dialogue essentiel.
Lever les équivoques sur le «genre» et la femme
Au Sénégal, la problématique du genre semble se situer à l’intersection de deux visions opposées. D’une part, une approche néolibérale, influencée par les valeurs occidentales, considère l’émancipation et la modernisation des rôles sexués comme cruciaux pour le progrès social. D’autre part, une perspective post-coloniale et conservatrice insiste sur la préservation des valeurs culturelles et religieuses traditionnelles, considérées comme un bouclier contre les effets homogénéisants de la mondialisation. Cette vision conservatrice, profondément ancrée dans la société sénégalaise à majorité musulmane, soustend les réactions défensives face aux questions de genre, perçues -à tort ou à raison- à travers le prisme de stéréotypes négatifs. Sur le plan conceptuel, il est fondamental de distinguer le «sexe», qui désigne les différences biologiques et physiologiques, du «genre», qui se rapporte aux rôles socialement attribués.
Cette distinction est capitale pour comprendre les tensions autour de l’élaboration de certaines politiques publiques, en différenciant par exemple celles spécifiquement destinées aux femmes de celles globalement liées au genre. Les politiques centrées sur les femmes abordent des enjeux spécifiques tels que les inégalités professionnelles, la violence contre les femmes et les limitations d’accès à l’éducation et aux soins de santé reproductifs, et motivent des mesures correctives telles les lois pour une plus grande représentation des femmes dans les positions de pouvoir ou le soutien à l’entrepreneuriat féminin. Parallèlement, les politiques de genre adoptent une approche plus vaste et inclusive, couvrant diverses identités -y compris celles des hommes, des personnes non binaires et transgenres- dans le but de promouvoir l’égalité dans tous les secteurs de la société et de déconstruire les stéréotypes limitant les choix et les opportunités des individus de tout genre. Cette approche genre a rencontré des résistances culturelles marquées, notamment lors des premières initiatives en faveur de l’émancipation des femmes.
C’est le cas par exemple de la mise en œuvre de politiques de planification familiale et de démographie par des organisations telles que l’International Planned Parenthood Federation (Ippf) et le Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) durant les années 1980. Initialement centrées sur la santé maternelle et infantile, ces initiatives ont progressivement intégré des questions de genre, marquant une évolution notable dans l’approche des politiques de santé et de population. Elles ont progressivement déclenché des débats passionnés autour de sujets sensibles tels que le mariage précoce, la polygamie, le divorce, l’homosexualité, les mutilations génitales féminines et l’autonomie corporelle des femmes. Elles ont révélé que les questions de santé sexuelle et reproductive font partie intégrante d’une lutte plus large pour l’égalité non seulement pour les femmes, mais aussi en faveur de l’égalité des genres et de l’autonomie individuelle, en influant sur tous les aspects de la vie sociale et privée. Dans le contexte sénégalais, où les normes religieuses jouent un rôle dominant dans la définition de ce qui est acceptable, les débats sont amplifiés par une propension à envisager les notions de genre, d’équité sociale et de dynamique familiale comme indissociables. Comment peut-on avancer vers une plus grande équité pour les femmes sans renforcer les stéréotypes de genre qui conduisent certains à rejeter en bloc des avancées potentiellement positives ?
La réponse à cette préoccupation est d’autant plus importante que le récent changement de régime au Sénégal intervient dans un contexte d’adoption de la Stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre II (Sneeg), qui vise à promouvoir l’égalité entre les sexes jusqu’en 2026, alignée sur les Objectifs de développement durable à l’horizon 2030.
II- Le nouveau régime et le contrat sexuel
Dans la continuité de cette réflexion, il est crucial de redéfinir un «nouveau contrat sexuel» au Sénégal, où hommes et femmes collaborent de manière complémentaire pour faire avancer la cause de la femme. Cela nécessite de se concentrer attentivement sur des aspects-clés pour garantir un progrès à la fois tangible et pérenne. Premièrement, il semble essentiel de préserver et valoriser la mémoire et les acquis des luttes féminines au Sénégal, ancrées dans l’histoire politique depuis l’époque coloniale. Des figures emblématiques telles que Ndaté Yalla Mbodj, reine du Waalo, et Aline Sitoë Diatta, prêtresse de la Casamance, ont marqué de leur résistance inspiratrice face à l’oppression, ouvrant la voie aux futures générations pour continuer la lutte pour l’égalité. Au fil du temps, l’activisme féminin a transcendé les divisions ethniques et politiques. Des leaders comme Ndaté Yalla Fall et Soukeyna Konaré, bien que de partis opposés, ont collaboré pour défier des lois discriminatoires telles que l’ordonnance française de 1944 qui limitait le droit de vote aux seules Françaises «de souche»
Le combat continu des femmes a contribué à des avancées majeures, comme l’adoption de la loi sur la parité absolue en 2010 sous la Présidence de Abdoulaye Wade, renforçant significativement leur participation dans la vie politique sénégalaise. Deuxièmement, le Sénégal doit renforcer son rôle de leader dans la promotion des droits des femmes sur la scène internationale et drainer des investissements en faveur de ces dernières. Le pays a déjà fait preuve de dévouement en ratifiant des accords-clés tels que la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (Cedef) de l’Onu en 1979 et son Protocole additionnel, adoptés respectivement en 1985 et en 2000. Ces engagements soulignent la volonté sénégalaise d’éliminer la discrimination et de promouvoir l’égalité des femmes dans la sphère politique et publique. En adhérant à des initiatives internationales comme la Déclaration de Beijing, la Résolution A/RES/66/130 de l’Onu, le Protocole de Maputo complétant la Charte africaine des droits de l’Homme sur les droits des femmes et l’Acte additionnel de la Cedeao pour l’égalité des droits dans le développement durable, le Sénégal s’affirme comme un acteur engagé. Sur le plan national, des mesures comme l’adoption la loi n°2010 du 28 mai 2010 portant parité absolue entre les hommes et les femmes dans les instances électives et semi-électives illustrent cet engagement législatif. De plus, le pays respecte ces obligations internationales en fournissant régulièrement des rapports aux comités de suivi, ce qui assure une mise en œuvre effective de ses engagements. Cette posture non seulement renforce la position du Sénégal comme modèle de progrès dans les droits des femmes, mais peut également encourager des investissements internationaux et des collaborations qui favorisent le développement socioéconomique global du pays.
Troisièmement, les défis auxquels sont confrontées les femmes sénégalaises vont bien audelà de leur simple participation dans les sphères décisionnelles ou les débats, souvent circonscrits aux enjeux reproductifs et matrimoniaux. Ces défis représentent un enjeu majeur de développement, et il est impératif que les nouvelles autorités saisissent cette opportunité pour rectifier les inégalités structurelles qui pèsent sur les femmes. Elles rencontrent divers obstacles, incluant un accès restreint à l’éducation, des disparités économiques et la persistance de violences physiques et psychologiques. Leur combat constant appelle à une intervention proactive de l’Etat non seulement pour protéger leurs droits politiques, économiques et sociaux, mais également pour valoriser équitablement leurs compétences et contributions au développement du Sénégal, au même titre que les hommes. Cela nécessite le renforcement des politiques adaptées aux réalités vécues par les femmes sénégalaises et l’engagement dans des réformes structurelles qui favorisent leur bien-être et leur autonomie dans tous les aspects de la vie, tout en préservant les équilibres familiaux et sociaux.
LES RECETTES DU PETROLE MANQUENT A L’APPEL EN 2024
A Washington, le Fmi a demandé à la mission gouvernementale de revoir le budget 2024, qui ne devrait pas être alimenté par les recettes issues de l’exploitation du pétrole.
A Washington, le Fmi a demandé à la mission gouvernementale de revoir le budget 2024, qui ne devrait pas être alimenté par les recettes issues de l’exploitation du pétrole.
C’est une douche froide que la mission gouvernementale en séjour à Washington, pour discuter avec les partenaires financiers du Sénégal, a reçue de la part du Fonds monétaire international (Fmi). Cette institution a remis en cause le cadrage budgétaire pour l’exercice en cours, en demandant aux autorités sénégalaises de revoir la copie du budget 2024, dans le sens de réduire drastiquement les prévisions de recettes. En effet, le Fmi considère que les recettes attendues de l’exploitation du pétrole ne seront pas au rendez-vous. Les espoirs de recettes qui boostaient le budget de l’année 2024, avec de fortes recettes additionnelles pour cette année, se sont envolés. Le document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle, publié en juillet 2022, indique que le Sénégal devrait engranger 888 milliards de francs Cfa de recettes tirées de l’exploitation du pétrole, sur la période 2023- 2025, réparties ainsi qu’il suit : «59 milliards en 2023, année de démarrage de la production, puis 327 milliards en 2024 et enfin 501 milliards en 2025.» On voit que toutes ces belles prévisions sont tombées à l’eau.
Cela devrait-il surprendre les nouvelles autorités gouvernementales ?
L’information constitue un coup de tonnerre pour les responsables des finances publiques. Vérification faite auprès de sources proches des compagnies partenaires pour l’exploitation du gisement de Sangomar, la réalité reste têtue. «Le début de l’exploitation reste maintenu pour fin juin 2024, mais durant les cinq à six premiers mois, la production ne pourra pas réellement commencer. Nous serons en phase test et l’exploitation ne commencera à être viable ou optimale qu’à partir de la fin du mois de novembre 2024.» Les experts dans le domaine de l’exploitation du pétrole expliquent cette situation par des considérations techniques. «On ne peut pas faire autrement. Les premiers barils de pétrole pompés sont toujours souillés par des éléments comme la boue ou autres sédiments rocheux, et il faudra extraire de grandes quantités pour accéder au pétrole brut de qualité commercialisable.»
La menace de renégociation des contrats
Les compagnies pétrolières multinationales, déjà engagées dans l’objectif d’exploitation des ressources en hydrocarbures, restent dubitatives ou sont gagnées par une certaine frilosité, quant à l’avenir de leurs relations avec le Sénégal. Le nouveau président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et son ministre du Pétrole, de l’énergie et des mines, Birame Soulèye Diop, ont indiqué, sur tous les tons, leur volonté de renégocier les contrats miniers. Il faut dire que de nombreuses suspicions entourent ces contrats miniers. Le chef de l’Etat a indiqué engager son gouvernement dans une prochaine opération d’audit des contrats miniers, et une renégociation desdits contrats pourrait en découler. Quand on sait qu’une procédure d’audit nécessitera plusieurs mois entre la sélection des cabinets, le démarrage de la mission et le dépôt de rapports contradictoires, on peut se demander si l’horizon 2025 pour l’exploitation effective du pétrole et du gaz ne serait même pas trop proche. «En attendant d’y voir plus clair, il nous sera assez difficile de songer à accroître nos investissements au Sénégal. Nous avons besoin de savoir comment tout cela va se passer», souligne un administrateur d’une multinationale. Il s’y ajoute que les majors commençaient à traîner les pieds pour démarrer le pompage du pétrole et du gaz au Sénégal. Les coûts d’exploitation peuvent être plus onéreux que dans certaines régions, car des gisements en eaux très profondes exigeant plus de moyens logistiques et techniques. Certaines compagnies songeaient à garder en réserve les volumes de pétrole estimés au Sénégal. Une perspective qui, assurément, ne saurait enchanter le Sénégal. Il n’est pas à craindre des lendemains tumultueux avec des contentieux nés de la remise en cause de conventions déjà signées par le Sénégal. On peut se rappeler les déconvenues des régimes du Président Abdoulaye Wade en 2000 avec la compagnie canadienne d’électricité Hydro-Québec et celles du régime de Macky Sall avec le groupe sidérurgique indien Mittal. La dénonciation de ces contrats, signés par des régimes politiques précédents, avait occasionné des réparations importantes supportées par le Sénégal pour mettre un terme aux procédures contentieuses.
Négociations avec la Mauritanie
Le dossier du gaz que partagent équitablement le Sénégal et la Mauritanie, sera au centre des discussions officielles lors de la visite qu’effectue aujourd’hui le Président Bassirou Diomaye Faye en Mauritanie. Les deux pays avaient réussi à s’entendre assez facilement sur les conditions d’exploitation et de partage de la ressource, mais l’arrivée d’un nouveau régime politique au Sénégal pourrait changer la donne. Qui pourra garantir que la Mauritanie accepterait de prendre son mal en patience pour laisser du temps au Sénégal, pour procéder aux audits et autres diligences souhaitées, et peut-être remettre en cause les accords existants aussi bien entre les deux pays que ceux signés avec les investisseurs ? La Mauritanie nourrit de grands espoirs de décollage économique et social grâce aux ressources attendues de l’exploitation de son gaz. Nous rappelions, le 11 avril 2022, que «les experts considèrent que les ressources en gaz estimées au Sénégal sont de classe mondiale. Le Sénégal est parti pour être un grand pays exportateur de gaz. Le champ de Grand Tortue Ahmeyim (Gta), partagé entre le Sénégal et la Mauritanie, découvert en 2014, est estimé aujourd’hui contenir entre 15 et 20 Tcf de ressources gazières, soit entre 530 et 700 milliards de m3 de gaz prouvés. British Petroleum (Bp) considère que le potentiel de ce gisement de gaz naturel est beaucoup plus important. Un autre gisement, Yaakar Teranga, au large de Cayar, découvert en 2016, révèle des ressources déjà prouvées de l’ordre de 700 milliards de m3. Aux dires d’experts, le potentiel de Yaakar Teranga serait bien plus colossal que celui de Gta. D’autres poches de gaz sont identifiées au large des côtes sénégalaises comme à Sangomar (Fatick). Des gisements de gaz on shore (sur terre) sont aussi identifiés au Sénégal comme le gisement de Ngadiaga (Thiès). La consommation totale en gaz du continent africain est de 153 milliards de m3 par an, selon la Bp Statistical Review of World Energy, publiée en juin 2021. Cela donne une bonne idée sur l’importance des réserves de gaz du Sénégal. Au demeurant, il faudra plus d’exploration et de recherche pour confirmer ou infirmer une telle évaluation. Ce qui est certain, c’est que le potentiel confirmé est suffisant pour lancer un très gros projet gazier. C’est l’une des raisons-clés qui ont fait que Bp, la troisième plus grande compagnie pétrolière privée dans le monde après ExxonMobil et Royal Dutch Shell, soit entrée dans ce projet et qu’elle ait pris la direction des opérations en détenant 53% des parts contre 27% pour l’Américain Kosmos Energy. Dans les milieux des hydrocarbures, le sentiment le mieux partagé est que le Sénégal n’a pas encore effectué assez de recherches pour découvrir tout le gaz que devrait renfermer son bassin sédimentaire».
Hostilité contre le gaz sénégalais
Le régime du Président Macky Sall avait su être en phase avec les autorités de Nouakchott pour cheminer main dans la main sur le dossier de l’exploitation du gisement de gaz de Grand Tortue Aymehim (Gta). Mais on sait que certains pays «amis» du Sénégal ne verraient pas d’un bon œil l’exploitation de cette ressource en hydrocarbures. Le gaz sénégalais apparaît très compétitif par rapport à d’autres régions et fournisseurs. Le Sénégal et la Mauritanie pourront-ils toujours ignorer les vents contraires et poursuivre leur partenariat ? Des pays, notamment la Russie, le Qatar et l’Algérie, pourraient ne pas voir d’un bon œil l’arrivée sur les marchés internationaux du gaz sénégalo-mauritanien. Du reste, le Président Macky Sall avait dû batailler ferme sur la scène internationale pour faire accepter la poursuite de l’exploitation des énergies fossiles par les pays africains. Dans un élan de préservation de l’environnement, de nombreux pays développés continuent de demander l’arrêt de ce type d’exploitation, surtout pour ce qui est des gisements off-shore qui sont présentés comme très polluants pour l’environnement. Bassirou Diomaye Faye aura-t-il une voix aussi forte que celle de Macky Sall pour faire entendre raison à la Communauté internationale ?
CES GOULOTS D'ÉTRANGLEMENT DES CORPS DE CONTRÔLE
IGE, OFANC... : un fonctionnement entravé ? L'ancien patron de la Cour des comptes, Abdou Bame Guèye, dresse un constat sévère des difficultés structurelles qui minent l'efficacité des missions de ces organes régaliens
Le président honoraire de la Cour des comptes, Abdou Bame Guèye, a exposé plusieurs goulots qui limitent l’efficacité des institutions et corps de contrôle des finances publiques. L’ancien payeur général du trésor animait hier, à l’Ecole nationale d’administration (Ena), une conférence publique sur le thème : «La gouvernance économique et financière au Sénégal : rôle et place des institutions et corps de contrôle».
C’est un exposé sans langue de bois. L’ancien premier président de la Cour des comptes semble prendre sa revanche sur son « devoir de réserve » pour relever les goulots qui étranglent les institutions et corps de contrôle des finances publiques. En tout cas, devant les élèves de l’Ena, à l’occasion des «grandes conférences de l’Ena», Abdou Bame Guèye a livré un exposé sans complaisance sur les menaces qui plombent l’efficacité des institutions et des corps de contrôle.
Selon le président honoraire de la Cour des comptes, les institutions et services de contrôle des finances publiques souffrent de manque de considération dans l'exercice de leurs fonctions par les autorités. Ce, relève-t-il, malgré leur rattachement institutionnel. En effet, la Cour des comptes est une institution de la République. L’Inspection générale d’Etat est placée sous la tutelle de la Présidence de la République et l’inspection générale des finances est rattachée au ministère des Finances. Mieux, la plupart des services de contrôle interne sont rattachés aux cabinets du ministre, a souligné l’ancien payeur général du Trésor pour qui, du point de vue institutionnel, le problème ne se pose pas.
Le problème, dira-t-il, c'est un sous-effectif notoire qui caractérise les corps de contrôle, qui est toujours une inéquation. Il y a aussi le refus de l'autorité de tutelle des institutions concernées de contrôler certaines structures. L’ancien premier président de la Cour des comptes regrette aussi le classement sans suite des rapports. «Ce qui n'est pas reluisant pour le vérificateur», s’époumone Abdou Bame Guèye. Il a aussi relevé les attaques contre les institutions de contrôle après la publication de rapports. « Ces menaces extérieures témoignent de la volonté des autorités de fragiliser les institutions et corps de contrôle», dénonce le président honoraire de la Cour des comptes non sans ajouter : «La gouvernance économique et financière au Sénégal ne peut s'exonérer de contrôle, de la responsabilité et de la transparence pour garantir une gestion budgétaire sans opacité.»
A ces menaces, à en croire Abdou Bame Guèye, viennent s’ajouter d’autres d’ordre interne dans les institutions et corps de contrôle. Il cite, entre autres, la démission dans la gestion des missions au prétexte d'un manque de moyens, la médiocrité des rapports, la non-publication de rapports. L’ancien premier président de la Cour des comptes a aussi dénoncé le retard dans la publication des rapports.
C’est pourquoi, afin de renforcer les institutions et corps de contrôle dans leur travail, il a recommandé leur ouverture à l'expertise extérieure en recrutant des agents en dehors même des fonctionnaires. Il a en outre invité les autorités à faire des rapports des institutions et corps de contrôle des mines d'informations et de recommandations pour le gouvernement. Il a aussi milité pour l'indépendance des membres des institutions et corps de contrôle des finances publiques. Dans la perspective, il a invité les institutions et corps de contrôle à évoluer de leur rôle de contrôle de dépenses publiques vers un rôle d'éclairage des pouvoirs publics sur ce qui fonctionne ou pas en matière de gouvernance publique.
LANCEURS D’ALERTE : Abdou Bame Guèye se méfie
«Quand c'est des gens qui se lèvent un jour, se décrètent lanceurs d'alerte, personnellement, il faudrait se méfier. Car le rôle de lanceur d'alerte doit servir à donner des informations utiles et exploitables. Il faut faire attention. Les services de contrôle ont les moyens de fonctionner. S'il fournit de bonnes informations et utiles, le lanceur d’alerte peut aider les institutions et services de contrôle des finances publiques dans leur travail. Certains pensent maintenant qu'ils doivent se pousser des ailes avec l'annonce des nouvelles autorités de protéger les lanceurs d'alerte. Il ne faut pas tomber dans le piège des gens qui font des ragots.»
CES MAUX DE LA CORDONNERIE ET DE LA MAROQUINERIE
Les acteurs de la cordonnerie et de la maroquinerie n’ont pas pu écouler leurs marchandises durant la fête de Korité. Ils accusent la concurrence des Chinois et des Turcs.
Les acteurs de la cordonnerie et de la maroquinerie n’ont pas pu écouler leurs marchandises durant la fête de Korité. Ils accusent la concurrence des Chinois et des Turcs. «Ce qui s’est passé au Sénégal durant la fête de Korité est inadmissible et inédit. Le marché local a été inondé de chaussures et d’autres marchandises venant de la Turquie et de la Chine. Nous avons vécu une fête très difficile car nous n’avons pas pu écouler nos produits à cause de la concurrence. C’est inadmissible », a dénoncé Ousmane LO, président du collectif «And samm luniou mome» qui regroupe de nombreuses associations de personnes s’activant dans la cordonnerie et la maroquinerie.
« Nos magasins et boutiques sont remplis de chaussures, de sacs et autres. Personne n’a pu écouler ses produits à cause de la concurrence déloyale. Cette année, nous avons des membres du collectif qui ont eu du mal à s’acquitter de la dépense lors de la fête de Korité », a-t-il fait savoir. Il ajoute, «nous avons vu des membres de notre collectif emprunter 15.000f pour faire des achats pour leurs enfants. Ce n’est jamais arrivé par le passé. Nous sommes vraiment fatigués», a ajouté M.LO.
Il demande au nouveau gouvernement de statuer sur cette affaire qui est en train de plomber les produits locaux. «Nous demandons à ce qu’il y ait des concertations sérieuses en nous impliquant car il n’est plus question que des gens décident à la place des cordonniers. Le nouveau gouvernement doit penser à régler ce problème qui continue d’appauvrir les Sénégalais», a-t-il conclu.
RENFORCEMENT DES POUVOIRS DU PREMIER MINISTRE, LE OUI MAIS DU PROFESSEUR MEISSA DIAKHATE
La fonction de Premier ministre a connu des variables au Sénégal. Elle a été supprimée sous Senghor et Diouf avant de subir le même sort avec Macky. Des voix s’élèvent de plus en plus au sein du nouveau régime pour demander l’augmentation de ces pouvoirs
La fonction de Premier ministre a connu des variables au Sénégal. Elle a été supprimée sous Senghor et Diouf avant de subir le même sort avec Macky Sall. Des voix s’élèvent de plus en plus au sein du nouveau régime pour demander l’augmentation des pouvoirs du Pm. Mais le professeur Meissa Diakhaté alerte sur les risques réels de le faire avant de définir la nature du régime.
Des rumeurs persistantes avaient fait état, la semaine dernière, de la gestation d’un projet de loi pour augmenter les pouvoirs du Premier ministre. Interpellé sur la question, le professeur Meissa Diakhaté de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar répond en ces termes : «Deux axes de réforme possibles. Le premier, c’est de passer par l’existant, c’est-à-dire les dispositions constitutionnelles en vigueur. Elles offrent au président deux possibilités, celles d’utiliser des décrets pour faire des délégations de pouvoir. Il peut aussi autoriser le Premier ministre à signer des décrets. Maintenant, quand on cherche à réformer, il est possible d’aller dans le sens de réformer la Constitution et, au mieux, de renforcer les prérogatives du Premier ministre. Dans ce cas de figure, il faut savoir lire l’environnement et le contexte politique.» C’est que le caractère inédit de l’élection d’un président de la République choisi par son président de parti, devenu son Premier ministre nourrit quelque craintes. «Actuellement, il y a une complicité entre le président de la République et le Premier ministre. Dans ce cas, il n’y a aucun risque. Mais, demain, si vous le faites, et qu’il n’y a pas de coïncidence entre le Premier ministre qui a une majorité à l’Assemblée nationale et le président de la République, vous pouvez installer une situation de crise quasiment, ce qui est arrivé au Sénégal en 1962», analyse Pr Diakhaté.
Régler la nature du régime
Le spécialiste du droit dit avoir «un problème» avec ce renforcement des pouvoirs du Pm. «On ne peut pas le définir à priori, on le fait en établissant une relation avec la nature du régime politique. Quand vous êtes dans un régime présidentiel, les prérogatives du Premier ministre sont nécessairement des prérogatives renforcées. Quand, vous êtes dans un régime de type parlementaire, il n’y a pas de problème. La quasi totalité des prérogatives est dévolue au Premier ministre. Dans le contexte sénégalais, on a des problèmes parce que de 1960 à 1962, il n’y avait pas de confusion, on avait un régime de type parlementaire. Après restauration-suppression du poste de Premier ministre pour qualifier le régime politique jusqu’à ce que nous avons vécu en 2019, le président a supprimé par confusion un régime présidentiel. On réintroduit encore le poste de Premier ministre au point où on a toutes les difficultés pour qualifier la nature du régime politique. Je pense que le Sénégal doit régler ce débat-là ; qu’on sache quelle est la nature de notre régime politique. En fonction de cela, vous pouvez maintenant rééquilibrer en fonction de ce que vous voulez. Mais, nous, on a des régimes hybrides, des régimes hétérodoxes pour, disait le professeur Elhadji Mbodji, des régimes inqualifiables». Et l’enseignant-chercheur d’ajouter : «Si, dans ce régime-là, vous ne clarifiez pas la nature du régime, vous ne clarifiez pas la nature du régime et vous cherchez à renforcer l’étendue des pouvoirs du Premier ministre, ça marche. Mais, on va vers des élections législatives prochainement, avec ou sans dissolution de l’Assemblée nationale. Dans tous les cas, il y aura ultérieurement, élections législatives. Imaginez que vous ayez une majorité qui ne coïncide pas avec le parti au pouvoir, vous voyez la situation que vous allez installer dans ce pays.»
Par Ibou FALL
JE SUIS MONOGAME MAIS JE ME SOIGNE
L’élection de Diomaye est une révolution, non pas seulement parce qu’il est le premier opposant à remporter une présidentielle au premier tour. Il nous confirme dans notre imaginaire collectif : la Sénégalaise n’a pas le même standing que le Sénégalais
Depuis le 2 avril 2024, la polygamie, longtemps revendiquée comme la plus farouche et indécrottable manière d’être sénégalais, frappée d’authenticité mais marginalisée en République, franchit le Rubicon.
Jusque-là, disons, avant l’ère Bassirou Diomaye Faye, elle s’arrête aux portes du Palais : de Senghor à Macky Sall, rien que des monogames, dont les heureux époux de deux Françaises, pardon, deux «Sénégalaises d’ethnie toubabe» comme le précisera Viviane Wade, histoire de confirmer sa légitimité de maîtresse de maison, douze années durant, dans le pied-à-terre de l’avenue Léopold Sédar Senghor
Au palais de la République, comme par respect pour une règle tacite, soixante-quatre ans durant, la monogamie prend ses quartiers, en faisant un bastion imprenable du tête-à-tête amoureux, une forteresse du couple, un temple de la vie amoureuse à deux, alors qu’ailleurs, sur le continent, et même au-delà, ça ne se gêne pas trop dans les palais présidentiels quant à additionner les épousailles ou entretenir des favorites à peine clandestines en multipliant les bâtards…
Le Sénégal, curieusement, ne laisse pas échapper de sordides secrets d’alcôves à ce niveau. Certes, de folles rumeurs, jamais prouvées, animent depuis la nuit des temps les ragots de conciergerie qui tiennent plutôt du fantasme collectif que les ravissantes mondaines de la jet-set inspirent aux mauvais coucheurs
Il faut de tout pour faire une République, surtout des racontars
Dans les milieux féministes, postes avancés de l’émancipation des Sénégalaises, ça bataille jusque-là contre l’informel. La polygamie existe, certes, bien avant la pénétration de l’islam, alors que les roitelets locaux entretiennent des harems qui sont autant de pactes d’alliances entre les familles guerrières.
Chez les badolos, qui cultivent la terre et élèvent leur bétail quand ils ne vont pas pêcher au large, il faut des bras, autant que possible, et vigoureux de préférence. Multiplier les épousailles est presque une obligation pour survivre à la pauvreté, parce qu’il est surtout question de se multiplier à l’envi. L’utile et l’agréable : n’est-ce pas une manière d’avoir plusieurs cordes à son arc ?
Lorsqu’arrive le Toubab sur la côte et qu’il se met à construire des villes, sa cohabitation avec les autochtones n’empêche rien : les ruraux débarquent dans la cité avec leurs manières de ploucs et leur basse-cour. Quelques-uns franchissent les limites tolérées et s’urbanisent. Ils résident non loin des quartiers des Toubabs, assimilent leurs codes et urbanités au point de fonder des foyers dont les marmots font café au lait.
A ma droite, ces constipés de monogames et, à ma gauche, ces polygames dissipés…
Dans la hiérarchie de ce qui devient la colonie française d’Afrique occidentale, si l’on veut grimper dans la hiérarchie, autant faire comme les Toubabs… Bien sûr qu’il y en a qui font de la résistance : ces trop virils messieurs ont beau fréquenter les cercles de la haute société coloniale, jouir de ses privilèges, dès que ça descend sous la ceinture, ils restent des Nègres, aussi authentiques que susceptibles, hypersensibles à la provocation.
Pas touche à ma polygamie…
Surtout que le statut est couvert par l’islam, la religion qui fait alors fureur dans les cercles vernaculaires, et qui phagocyte le sempiternel paganisme après lui avoir emprunté ses décoctions nauséabondes, ses amulettes surréalistes et ses mythes effroyables. C’est une recommandation divine serine-ton à l’intention des Toubabs et leurs sbires, comprenez ces traîtres d’assimilés nègres qui renoncent à leur culture, épousent des Blanches, se permettent même de s’apostasier au nom du Progrès et de la sacro-sainte Civilisation !
Et puis, surtout, quelle est cette lubie de croire que les femmes sont les égales des hommes alors que même les Toubabs qui en parlent n’en croient pas un traître mot ? Quand l’Occident nous ramène cette question sur la table, on lui crache à la figure qu’il ne sait plus reconnaître ce qu’est un homme ou une femme : les gays, les transsexuels, et toute la gamme des frustrés de la quéquette et du clito vous saluent bien bas.
Bref, jusqu’à ce jour, le débat ne sera jamais tranché dans le vif.
Sauf que Senghor n’aurait jamais osé ramener au Palais une Négresse qu’il présenterait à Madame Colette Hubert comme une petite sœur disponible pour les tâches domestiques ingrates. L’art de faire avaler ce genre de sornettes à son épouse vieillissante est une authentique sénégalaiserie certes, mais il faudrait que l’impétrante, à qui l’on refile une assistante si gentiment, ait la comprenette rouillée. Abdou Diouf, non plus. Il a beau poser à la Tabaski avec une Première Dame légèrement bronzée, cette histoire de seconde épouse, n’y comptez jamais, même pas en rêve : le protocole que dirige Bruno Diatta est d’une vigilance absolue. Le Fmi et la Banque mondiale, qui paient à l’époque tous les salaires du pays, ont plutôt tendance à favoriser le dégraissage de la Fonction publique, et virer le personnel encombrant. Alors, comment leur expliquer, à ces sourcilleux bailleurs de fonds, qu’il y a une smala supplémentaire à entretenir, à grands frais, avec les deniers publics, alors qu’on est en plein ajustement structurel ?
Ils auraient plutôt tendance à encourager le célibat, ces financiers économes
Le Père Wade ? C’est un enfant de l’époque coloniale en dépit de ses manières de kaw-kaw du Cayor qui a le bon goût de se faire déclarer à Saint-Louis pour embarquer sur la galère de la citoyenneté, du progrès, de la modernité et du métissage senghorien. La consigne d’alors ? Un homme, une femme, une seule, et peau couleur de lait de préférence… Il a le choix, n’est-ce pas : qu’est-ce qui l’empêcherait en ces ères farouches, de se faire paysan rude, mais polygame comblé ?
Un éclair d’espoir traverse la populace quand Macky Sall, né après les indépendances, débarque avec une Première Dame bien de chez nous : Marième Faye, qui esquisse des pas de pakargni en public, affiche ses dévotions et ses cheveux naturels, ne surveille pas sa ligne. Enfin, nous redevenons nousmêmes, authentiques… Sauf qu’il y a un hic : contrairement aux vrais Nègres qui osent tout, Macky Sall a manifestement peur de sa femme.
Ce qui n’est pas très sénégalais.
L’élection de Bassirou Diomaye Faye est une révolution, non pas seulement parce qu’il est le premier opposant à remporter une présidentielle dès le premier tour. Il est celui qui nous ressemble le plus, en majorité, et nous confirme dans notre imaginaire collectif : la Sénégalaise n’a pas le même standing que le Sénégalais.
La question qui fâche : à quel moment la République se demandera sérieusement pourquoi une moitié de la population n’a pas les mêmes droits que l’autre ?
Je ne parle pas d’apartheid, mais bien de polygamie.
LES PREMIERES DIRECTIVES STRATEGIQUES DU PRESIDENT FAYE A LA UNE DE LA REVUE DE PRESSE DE L'APS CE JEUDI
L’intérêt de la livraison de jeudi de la presse quotidienne porte notamment sur les premières mesures matérialisant la volonté de rupture des nouveaux dirigeants du pays.
Dakar, 18 avr (APS) – L’intérêt de la livraison de jeudi de la presse quotidienne porte notamment sur les premières mesures matérialisant la volonté de rupture des nouveaux dirigeants du pays.
De nouvelles orientations du président Bassirou Diomaye Faye ont été rendues publiques à l’issue du Conseil des ministres tenu mercredi, lesquelles témoignent de la volonté des nouvelles autorités de mettre en œuvre leur vision pour le Sénégal.
“Bassirou Diomaye Faye lance la machine”, note le journal Le Quotidien en revenant sur les orientations qui font la une de la plupart des quotidiens parvenus à l’APS.
Le Soleil détaille ces “grandes décisions” en évoquant en premier le point concernant la publication des rapports des cinq dernières années de la Cour des comptes, de l’Inspection générale d’État et de l’OFNAC, l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption.
La création d’une autorité de régulation du secteur de l’eau et d’un bureau d’intelligence et de prospective économiques, ainsi que d’une direction des affaires religieuses et de l’insertion des diplômés de l’enseignement arabe font aussi partie de ces mesures, rapporte Le Soleil.
Il sera établi de même “un pré-rapport et un rapport définitif sur chaque passation de service. En attendant, avant fin avril 2024, il est demandé au gouvernement de faire le point sur toutes les passations de service effectuées dans les ministères”, écrit EnQuête.
Selon le même quotidien, le président de la République “veut un audit rapide du contrat d’affermage entre l’État du Sénégal et Sen’Eau”, l’entreprise chargée de l’exploitation et de la distribution de l’eau dans les villes sénégalaises depuis janvier 2020.
Le journal Les Échos revient également sur les annonces du gouvernement, dont celle portant sur l’élaboration d’un projet de loi sur la protection des lanceurs d’alerte “avant le 15 mai prochain”, par exemple.
Il signale que des appels à candidatures sont prévus pour certaines hautes fonctions dans les secteurs publics et parapublics, un point parmi un ensemble de mesures qui conduisent L’info à titrer : “La machine s’emballe”.
“Cafards”
Rewmi Quotidien considère que le président Bassirou Diomaye Faye, de cette manière, “lance le début d’exécution du ‘Projet’”, c’est-à-dire la vision sur la base de laquelle ses nouveaux dirigeants comptent gouverner le Sénégal.
“En conformité avec les principes du ‘jub, jubal, jubanti’, de transparence promise”, le président Faye “annonce les couleurs de la ‘reddition des comptes’”, observe Sud Quotidien.
“Bassirou Diomaye Faye lève le coude de Macky [Sall]”, affiche WalfQuotidien, en référence à des déclarations restées célèbres du prédécesseur de l’actuel président de la République. Macky Sall avait déclaré avoir mis le coude sur certains rapports et audits de gestion, ce qui avait été perçu comme une forme d’impunité, dont certains de ses proches allaient bénéficier.
“Après plusieurs années d’attente sous le régime du président Macky Sall, le chef de l’État nouvellement élu a ordonné […] que les rapports des corps de contrôle (la Cour des comptes, l’OFNAC et l’IGE) des cinq dernières années soient publiés”, renchérit L’Observateur.
L’As retient que “Bassirou Diomaye Faye expose les cafards de l’ancien régime”.
“Ce ne sera qu’une question de temps avant de voir sur la place publique tous les rapports des cinq dernières années des corps de contrôle”, soutient Source A.
Pour “fouiller les ex-ministres de Macky Sall après leur passation de service, Bassirou Diomaye Faye leur colle [Ousmane] Sonko”, ajoute le même journal.
“Sale temps pour les magouilleurs”, commente Libération sur sa une, Vox Populi annonçant que des audits “tous azimuts” seront lancés à l’initiative du chef de l’État, lequel “fouille partout”.
Vox Populi rapporte aussi que le président de la République a demandé au Premier ministre d'”élaborer avant fin avril un rapport exhaustif sur les constats et les propositions relatives à la situation sectorielle, administrative, budgétaire et financière de chaque ministère”.