SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
9 juin 2025
LE PORT DU VOILE, AU NOM DE LA FOI, DE LA MODE ET DE LA BOURSE
Elles sont de plus en plus nombreuses ces filles qui mettent le voile pour se couvrir la tête, notamment en milieu scolaire, où cette pratique, d’abord règle islamique apparaît de plus en plus comme un effet de mode.
Dakar, 18 jan (APS)– Elles sont de plus en plus nombreuses ces filles qui mettent le voile pour se couvrir la tête, notamment en milieu scolaire, où cette pratique, d’abord règle islamique apparaît de plus en plus comme un effet de mode.
Il est 10 heures au lycée John Fitzgerald Kennedy, un établissement de jeunes filles niché dans le quartier de Colobane, non loin du marché à puces éponyme et de la place de la Nation (ex Obélisque). Ici, c’est l’heure de la récréation.
Un quart d’heure dans la cour de ce lycée dakarois réservé aux filles permet de constater que le voile islamique a fini d’avoir une place de choix dans l’habillement des élèves de cet établissement secondaire laïc. En effet, ce foulard est très visible sur la tête de bon nombre de lycéennes.
Assises par petits groupes, des voilées expliquent avoir voulu se conformer aux exigences de la religion musulmane qui recommande aux filles de se couvrir la tête.
Pour d’autres, le port du voile obéit juste à un effet de mode ou encore à des considérations économiques. Ces dernières estiment que le fait de se voiler est toujours moins cher que de recourir aux perruques, qui ne sont pas à la portée de toutes les bourses.
Mais pour toutes, le port du voile est avantageux, procurant notamment le respect des autres.
»J’ai remarqué que depuis que je porte le voile, les gens me respectent davantage et m’accordent beaucoup plus de considération. C’est une des raisons qui m’encourage à continuer à le porter’’, explique Marième, une lycéenne trouvée en pleine discussion avec ses camarades.
Sa camarade Bintou est du même avis. Elle fait savoir que depuis qu’elle porte le voile, elle constate que les adultes la traitent avec respect et considération. ‘’Il s’y ajoute que mes parents me font davantage confiance et cela a beaucoup renforcé nos liens’’, ajoute-t-elle.
Aida, une autre élève voilée, rencontrée au lycée Delafosse, un établissement secondaire mixte de la capitale sénégalaise, liste les nombreux avantages reçus du fait simplement qu’elle porte le voile.
»Le regard des gens à mon égard a beaucoup changé depuis que j’ai commencé à porter le voile. Avant, je m’habillais en tenue plutôt moulante et, dans mon quartier, je me faisais importuner par les avances des garçons, souvent de manière pas toujours correcte. Ce qui n’est plus le cas.’’, pense-t-elle.
‘’Lorsque je prends le bus il arrive que des jeunes hommes se lèvent pour me céder la place’’, fait-elle observer, relevant qu’à la place de ‘’Miss’’ ou ‘’Nana’’, elle se fait désormais appeler ‘’Yaye Boye’’ (maman), ‘’Yaay Fall’’ ou ‘Sokhna Ci’’ (grande dame).
Marième Wade dit porter le voile pour une motivation toute particulière. ‘’Je porte le voile depuis un an. C’est à la suite d’une grave maladie que l’on m’a conseillé de me couvrir la tête. Depuis, je me suis mise au voile. La peur de retomber malade me pousse à maintenir le voile et j’ai fini par m’y habituer’’, témoigne-t-elle en mettant en avant des considérations sanitaires.
Effet de mode et calcul économique
Un parent ayant fait le constat que du jour au lendemain, toutes ses filles portent le voile, exulte. ‘’Je ne peux que m’en réjouir d’autant plus que je dépensais minimum 20000 FCFA par moi dans les salons de coiffure’’, confie-t-il devant le portail du lycée Maurice Delafosse.
Maimouna abonde presque dans le même sens. ‘’Je peux acheter 5 foulards de différentes couleurs et les utiliser durant toute l’année scolaire alors que, quand je ne portais pas le voile, je dépensais au minimum 5000 FCFA tous les 15 jours pour me tresser. Et pendant les moments de fête, il fallait débourser minimum 100 mille FCFA pour se payer une perruque’’, confie t-elle.
De l’observance d’une règle religieuse, le port du voile est également devenu une tendance prisée pour être à la mode. C’est du moins l’avis de ce vendeur de voiles et foulards au marché HLM de Dakar. Selon lui, ‘’le port du voile est très à la mode. Il peut être porté aussi bien avec des tenues traditionnelles qu’avec des habits modernes. Même des non-musulmanes se plaisent à le porter’’.
Au lycée John Fitzgerald Kennedy, la censeure, qui porte le voile, rappelle quelques règles sur les coiffures.
« Nous sommes dans une école laïque. Je suis moi-même voilée mais je ne prête pas attention à qui porte le voile et qui ne le porte pas. Par contre on est très regardant sur les coiffures extravagantes et les perruques interdites par le règlement intérieur de l’école », fait valoir Mme Fall.
« Je porte le voile par conviction religieuse mais je ne vais jamais faire sa promotion dans notre établissement qui est laïc. Certaines filles portent le voile par conviction religieuse et d’autres par mimétisme », souligne la censeure.
De son côté, l’islamologue, Cheikh Sadibou Diaga, estime que le voile ne doit pas être considéré par celles qui le porte comme un accessoire de mode pour suivre une certaine tendance. ‘’Il ne suffit pas seulement de porter le voile pour faire tendance, mais il faut plutôt l’adopter comme une exigence religieuse’’, dit-il.
Il a souligné aussi la nécessité de faire la différence entre l’Hijab (voile ou foulard en arabe) dont le port émane d’une recommandation religieuse et la Burka qui ne le serait pas.
‘’Le coran parle de l’hidjab qui consiste à couvrir la tête jusqu’au menton en laissant visibles les yeux, le nez et la bouche. La Burka consistant à couvrir l’intégralité du corps est née d’une histoire entre le prophète Mohamed (PSL) et Hinda, la femme de Abou Sofiane, un oncle du prophète’’, explique l’islamologue.
Cheikh Sadibou Diaga rappelle qu’à l’époque du prophète Mouhamed (PSL), la première femme à porter la burka l’avait fait pour que le prophète de l’islam ne la reconnaisse pas. Elle avait toujours manifesté une hostilité envers les musulmans. C’est ainsi que le prophète lui avait demandé de l’enlever et de rester avec l’Hijab.
Le sociologue Abdou Khadre Sanogo affirme déceler un effet de mode dans l’amplification du port du voile, qu’il qualifie de ‘’phénomène’’. ‘’Il faut considérer que le phénomène du port de voile est beaucoup plus lié à la mode qu’à autre chose’’, dit-il, car, selon lui, ‘’on se rend compte que les filles le portent, mais continuent de s’habiller avec des tenues moulantes’’.
Le chercheur soulève aussi la dimension économique en raison de la cherté des perruques dont le coût peut varier entre 100 et 200 mille francs.
Il signale par ailleurs que des femmes peuvent mettre le voile pour masquer des balafres, cicatrices et encore dissimuler une forme déplaisante de leur cou, de leur tête.
A l’en croire, se couvrir la tête, est en réalité conforme aux réalités africaines en raison entre autres des effets du soleil, du mal de tête devenu un problème de santé publique. Aussi, certains guérisseurs traditionnels n’hésitent pas à recommander à leurs patientes de se couvrir la tête.
‘’C’est un peu cet imbroglio là qu’il va falloir prendre en compte pour attester de ce comportement social là’’, fait-il remarquer non sans rappeler que beaucoup de femmes font du voile un signe d’appartenance et d’adhésion à la religion musulmane.
‘’Elles s’habillent en couvrant tout le corps. Elles sont dans la pratique religieuse et sont donc différentes de celles qui sont à la fois dans la mode, l’aspect économique ou la propension à paraitre appréciable’’, explique Abdou Khadre Sanogo.
Coline Fay libérée et expulsée du territoire national
Coline Fay a été libérée et expulsée du territoire national. L’information a été donnée par un de ses avocats Me Cheikh Khoureychi Ba, précisant qu’ils n’ont pas été mis au courant de cette décision par les autorités judiciaires. Kinésithérapeute, âgée de 26 ans, Coline Fay, de nationalité française, a été interpellée le 17 novembre lors d’une manifestation de soutien à l’opposant Ousmane Sonko. Ces derniers jours, ses parents ont fortement mis la pression sur le gouvernement français pour la faire libérer, en initiant une pétition et une manifestation. Coline Fay, selon l’avocat Juan Branco, est poursuivie pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, complot contre l’autorité de l’État, actes ou manœuvres de manière à compromettre la sécurité publique ainsi que titre de séjour irrégulier.
Le Président du Gabon séjourne au Sénégal
Le chef de l’Etat gabonais est au Sénégal dans le cadre d’une visite d'amitié et de travail. Brice Clotaire Oligui Nguéma a été accueilli par le Premier ministre Amadou Ba. Il a été reçu dans l’après-midi par son homologue sénégalais au Palais. Ancien attaché de défense à l'ambassade du Gabon à Dakar, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema s'est entretenu avec le Président Sall sur le renforcement des liens de coopération entre Dakar et Libreville. Plusieurs sujets d'intérêt commun ont été abordés, notamment les visas et les cartes de séjour ainsi que l'enseignement supérieur qui occupe une place importante dans cette coopération bilatérale.
300 Policiers à la ziarra de Léona Niassène
Plus de 300 éléments de la police et 350 barrières seront déployés pour assurer la sécurité des personnes et des biens durant la ziarra annuelle de Léona Niassène, a annoncé le gouverneur de Kaolack lors d'un comité régional de développement préparatoire de cet évènement religieux prévu le 3 février prochain. Selon le chef de l'exécutif régional, toutes les dispositions seront prises pour le bon déroulement de cette manifestation religieuse. Les différents chefs de services de l'État ont apporté des réponses rassurantes au comité d'organisation. La fourniture de l’eau et de l’électricité, l’assainissement, l’hygiène et la salubrité, le contrôle et l’inspection des animaux devant être abattus pour la circonstance, la couverture du réseau des télécommunications, la sécurité sont entre autres doléances qui ont été passées en revue. Les membres du comité d'organisation ont exprimé leurs préoccupations relatives aux manquements qu’on note chaque année. Ces manquements sont surtout liés à l'assainissement à travers la vidange des fosses septiques, provoquant ainsi le ruissellement des eaux usées dans toute la cité, surtout aux lieux réservés à l'hébergement des disciples. Toutefois, le porte-parole du Khalife de Léona Niassène, El Hadji Ahmed Babacar Niass, s’est dit satisfait de la rencontre.
Arrestation de 5 agresseurs
Les cinq agresseurs qui semaient la terreur avec leurs scooters sont tombés dans les filets de la Division des investigations criminelles. Selon nos sources, les hommes du Commissaire Adramé Sarr ont interpellé les 5 malfrats à Grand-Yoff avant de les conduire dans leurs locaux où l’enquête suit son cours. Affaire à suivre.
Tentative de suicide avortée
La dame A. Cissé âgée de 30 ans, habitant Pikine Nietty Mbaar, a tenté de mettre fin à sa vie dans sa chambre en buvant un produit. Mais il y a eu plus de peur que de mal. Selon nos sources, n’eût été l’intervention très rapide de ses voisins, l’irréparable allait se produire. Nos radars renseignent que ses voisins ont vu sur son statut WhatsApp l’annonce de son suicide. Ainsi S. M. D. aidé par son colocataire sont entrés dans la chambre. Ils ont trouvé la dame avec la bouteille d’acide chlorhydrique. Les policiers de Thiaroye se sont déplacés pour faire le constat et effectuer une réquisition pour l’évacuation de la dame qui était encore en vie.
Arrestation d’un dealer
Apprenti chauffeur de profession, D. Mané s’active à ses heures perdues dans le trafic de drogue. Âgé de 31 ans, il a eu la malchance de tomber à Patte d’Oie sur une patrouille des hommes du Commissaire Kébé des Parcelles assainies. Ces derniers ont alors trouvé par devers lui 250 grammes de l’herbe qui tue avant de le conduire sous bonne escorte au poste de police. Ce qui va motiver sa garde à vue et son défèrement au parquet pour détention et trafic de chanvre indien.
Le commerçant belge D. Nasa sous les verrous
La Division des investigations criminelles (Dic) a interpellé D. Nasa, un commerçant de nationalité belge, pour abus de confiance sur 121 millions 500 mille francs au préjudice de H. Farhat, un Sénégalais d’origine libanaise. Ce dernier qui s’est senti berné dans une transaction commerciale de denrées alimentaires a saisi le procureur de la République qui a instruit les limiers de la Dic de procéder à son arrestation. Selon nos sources, le commerçant belge Nasa s’était rapproché de l’homme d’affaires libanais pour un marché de 75 millions lancé par l’Ambassade du Koweit. Ils devaient collecter un bénéfice de 35 millions dans une opération de vente de produits alimentaires. Ce qui porte au total à 121 millions la somme que Nasa devrait restituer à Farhat. Mais le marché dont faisait état le Belge était fictif. Ce qui fait qu’à la date échue, Nasa n’a pas honoré ses engagements. Pire, les délais du moratoire pour le règlement de la dette impayée n’ont jamais été respectés. Ce qui va pousser alors H. Farhat à porter plainte contre le commerçant belge. Le mis en cause a reconnu les faits avant de nier avoir gagné un marché à l’ambassade du Koweit. Il précise avoir emprunté l’argent pour anticiper sur des marchés avant de préciser avoir investi l’argent ailleurs. Des allégations qui n’ont pas convaincu les limiers. Il est placé en garde à vue avant d’être déféré au parquet pour abus de confiance.
Saint-Louis capitale des Journées mondiales de la Jeunesse
La ville de Saint-Louis sera à partir du 26 janvier prochain le point de ralliement de la jeunesse catholique pour la célébration des journées mondiales. Le diocèse de Saint-Louis qui reçoit ces jeunes est prêt à relever les défis. Hier, le comité d’organisation, les autorités administratives et les différents services régionaux se sont réunis pour préparer la rencontre. Le gouverneur a assuré que toutes les dispositions seront prises pour le bon déroulement. Quant à Abbé Jean Laurent Preira, Directeur des œuvres du diocèse de Saint-Louis, ces journées permettront aux jeunes de s’enrichir et d’échanger sur leurs cultures. D’après lui, les jeunes auront l’occasion de se connaître et de bénéficier de l’expérience de leurs aînés. Le thème retenu cette année est : «Ceux qui espèrent dans le Seigneur marchent sans se fatiguer». Selon Abbé Jean Laurent Preira, il est nécessaire de sensibiliser les jeunes sur les possibilités de réussir dans leurs pays.
L’Arvvos interpelle le Président Macky Sall
Malgré la hausse de leurs pensions de 10%, les retraités continuent de vivre dans d’énormes difficultés, notamment l’accès aux soins sanitaires. Une situation qui a poussé les responsables de l’association des retraités, veufs, veuves et orphelins du Sénégal (Arvvos) à monter au créneau pour saluer les efforts consentis par les autorités. Selon le président de l’Arvvos, Demba Wéllé Diop, leurs doléances sont : le renforcement des agences à Dakar et dans les régions et la réduction du délai de paiement des pensions au 05 de chaque mois, le remboursement de la pension confisquée lors de la mise en œuvre de la mensualisation, la possibilité pour le pensionnaire de contrôler l’exactitude de la pension allouée par l’Ipres, la représentation avec voix délibérative des associations et retraités au Conseil d’administration de l’Ipres, l’amélioration de la prise en charge médicale sociale des retraités, le paiement intégral aux veuves de la pension de l’époux.
Un projet de prévention des risques de zoonose lancé à Kédougou
Un projet dénommé «Africam», dont l’ambition est de contribuer à prévenir l’émergence des maladies zoonotiques grâce à la recherche, a été lancé jeudi à Kédougou (est), lors d’une cérémonie présidée par l’adjoint au gouverneur de cette région chargé du développement, Georges Samba Faye. Le projet «Africam» «devrait nous permettre de prévenir certains risques et d’aider parce que la santé animale est intimement liée à la santé humaine», a souligné l’adjoint au gouverneur. L’autorité administrative s’est engagée à accompagner ce projet dans la mise en place de politiques de prévention des zoonoses. «Nous allons prendre des mesures pour accompagner le projet qui normalement va aider l’État du Sénégal à amoindrir en tout cas les risques de zoonose», a-t-il dit. Il a invité le préfet du département de Kédougou à s’approprier ce projet qui vise à accompagner sa circonscription par la mobilisation des acteurs locaux, en construisant avec eux un système de surveillance territoriale. L’ambassadeur de l’Union européenne au Sénégal, Jean-Marc Pisani, a salué le lancement de ce projet. Il a évoqué les attentes liées à cette initiative en matière de prévention et de la préparation de la réponse aux pandémies. Le diplomate a par ailleurs visité certaines localités du département de Kédougou pour mieux comprendre les enjeux de développement et d’équité territoriale. «L’objectif de notre visite de trois jours à Kédougou était aussi de rencontrer les autorités administratives et les populations pour discuter sur les enjeux de la résilience», a-t-il expliqué
MAISONS DE JUSTICE, PRÈS DE 190 000 DOSSIERS DE MÉDIATION TRAITÉS EN 17 ANS
Les Maisons de la justice ont traité de 2006 à nos jours, 189.898 dossiers de médiation avec un taux global de conciliation réussie avoisinant 75 %, a déclaré, jeudi, la ministre de la Justice, Aïssata Tall Sall.
Fimela, 19 jan (APS) – Les Maisons de la justice ont traité de 2006 à nos jours, 189.898 dossiers de médiation avec un taux global de conciliation réussie avoisinant 75 %, a déclaré, jeudi, la ministre de la Justice, Aïssata Tall Sall.
« Elles ont informé 228 958 personnes sur leurs droits et traité 189 898 dossiers de médiation avec un taux global de conciliation réussie avoisinant 75 pourcent », a-t-elle dit lors de l’inauguration de la Maison de la justice de Fimela, dans le département de Fatick.
Les Maisons de la justice, a poursuivi la Garde des Sceaux, ont reçu sur la même période, 972 734 usagers dont 138 387 personnes assistées pour l’obtention et la rédaction d’actes divers.
Elles ont également aidé à recouvrer des créances pour un montant de 4, 412 milliards de Fcfa, a-t-elle ajouté, expliquant que »ce sont ces résultats plus qu’encourageants qui ont poussé, l’Etat a décidé en lien avec les collectivités territoriales et l’appui des partenaires, de renforcer ce dispositif et augmenter les moyens humains et matériels ».
« Fimela, a-t-elle relevé, a connu un développement fulgurant qui a poussé beaucoup de nos concitoyens et des opérateurs économiques à s’y installer ». »Cette Maison de justice, a-t-elle dit, participera donc, au désengorgement des juridictions et facilitera l’accès aux services et documents administratifs », a dit la ministre, avocate de formation.
Le maire de la commune de Fimela, Karim Séne, a souligné que cette infrastructure qui a longtemps était une doléance va contenir efficacement les relations sociales entre les populations avant »d’atterrir au tribunal ».
Le Sénégal compte à ce jour 34 Maisons de justice.
Par Abdoul Aly KANE
LE MAITRE D’UN JEU POLITICIEN
Comment espérer d’un président très politique, qui a déjà marqué sa préférence pour sa succession au sein de son propre parti, qu’il arbitre un conflit avec des institutions dont il a lui-même désigné les membres ?
A quelques encablures de l’élection présidentielle, alors qu’il a déclaré sa non-participation, Macky Sall reste le maître du jeu politique, pour ne pas dire politicien, du fait d’un recours d’une partie de l’opposition qui le sollicite comme arbitre du processus électoral. Cette démarche, en elle-même, pose le problème de la séparation des pouvoirs.
De plus comment espérer d’un Président très politique, qui a déjà marqué sa préférence pour sa succession au sein de son propre parti, qu’il arbitre un conflit avec des institutions dont il a lui-même désigné les membres ?
Il est utile de rappeler que le président de la République a mis en prison son principal opposant Ousmane Sonko en lui mettant sur le dos de graves chefs d’accusation (terrorisme, actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique, atteinte à la sûreté de l’Etat et tutti quanti).
Il a dissous le principal parti d’opposition le PASTEF dirigé par le même Ousmane Sonko, et embastillé près de 1000 de ses éléments, dont son adjoint Bassirou Diomaye Faye.
Il a usé d’une répression féroce avec des forces de défense et de sécurité, aidés par des nervis proches de son parti avec plusieurs morts à la clé, et « raflé » les manifestants, parmi lesquels de nombreux militants du PASTEF.
Il a annoncé contre toute attente sa non-participation aux joutes électorales du 25 février prochain tout en maintenant son emprise et sur son parti et sur l’Etat. Au-delà de ce qui précède, il faut ajouter son art consommé de diviser ses adversaires, qui semblent, pour certains, en phase avec lui dès qu’il s’agit de sauvegarder leurs intérêts propres.
A défaut de pouvoir se dédire, Macky Sall émet tous des signaux montrant désir de différer l’heure du départ car quiconque à sa place aurait créé les conditions d’un éloignement rapide et définitif.
En se maintenant à la tête de son parti et en annonçant des projets à réaliser, il donne l’impression de rechercher un temps additionnel, des prolongations pour utiliser un terme footballistique très à propos en cette période de CAN.
Concernant les élections en préparation, le processus de validation des candidatures semble peu fluide du fait d’une administration tatillonne communiquant peu et d’un Conseil Constitutionnel peu tranchant.
Des 93 prétendants qui avaient déposé un dossier de candidature devant le Conseil constitutionnel, seuls 21 ont été considérés comme aptes à franchir l’étape du contrôle des parrainages.
Selon les recalés, la question du fichier électoral utilisé par le Conseil constitutionnel pour contrôler les parrainages poserait problème.
Ce dernier n’ayant pas été communiqué aux candidats et le fichier mis en ligne parla CENA ayant été déclaré pas à jour par cette même institution, les candidats « spoliés » disent donc n’avoir aucune base pour apprécier les décisions issues de ce contrôle par le Conseil constitutionnel.
L’interrogation générale est la suivante : quel est le fichier qui a été utilisé par ce dernier et pourquoi ne pas le mettre à la disposition des candidats ?
Des candidats recalés parmi lesquels on compte trois anciens Premiers ministres dont deux nommés par l’actuel président de la République. Faute d’interlocuteurs réactifs, les « recalés » — du moins certains d’entre eux —ont donc décidé de s’en remettre au chef de l’Etat.
Près de 40 candidats formant un collectif et dont les dossiers de parrainage ont été invalidés ont ainsi saisi le Président Macky Sall en sa qualité, ont-ils dit, de « Clé de voute des institutions et de Président du Conseil supérieur de la magistrature », d’une requête pour la reprise du contrôle des parrainages « suite aux graves manquements relevés lors du contrôle de validation »
D’un autre côté, on assiste à des attaques et recours en invalidation contre des candidats ayant franchi avec succès le cap du contrôle des parrainages. Des opposants tirent sur d’autres opposants et des candidats sont étiquetés « éléments du système » au sein même de la principale coalition d’opposition à savoir Yewwi Askan Wi.
Thierno Alassane Sall fait un recours contre la candidature de Karim Wade sous le motif que ce dernier aurait une double nationalité, et ce dernier, en plus de se défendre de cette accusation, de répondre en accusant le résident de la République des valeurs de « rouler » pour le candidat Amadou Bâ.
L’affaire se complique, malheureusement, avec l’intervention du Premier ministre français qui a internationalisé le problème que l’accusateur Thierno Alassane Sall n’a pas hésité à qualifier d’implication « françafricaine », se plaçant ainsi sur une position de souverainiste. Cette intervention du Premier ministre français est, de notre point de vue, maladroite et inopportune. Il aurait suffi de demander à Thierno Alassane Sall d’apporter la preuve de ses allégations.
« Penser que Karim pourrait travailler pour une puissance étrangère me semble un peu injuste » !
Par ailleurs il faut, à mon sens, déplorer qu’on puisse dénier aussi aisément au fils d’un ex-Président, peu soupçonnable d’avoir privilégié les intérêts étrangers lors de son magistère, le droit de se présenter à une élection présidentielle.
Qu’on puisse le juger sur beaucoup de questions, rien ne pourrait l’interdire, au contraire ; mais penser d’emblée qu’il pourrait travailler pour une puissance étrangère, la France en l’occurrence, après qu’on lui ait reproché par ailleurs de travailler pour les pays du Moyen Orient, me semble un peu injuste. De surcroît, nul ne pourrait prétendre que Karim Wade, au même titre que Thierno Alassane Sall d’ailleurs, n’a pas travaillé pour son pays dans le cadre de ses fonctions antérieures.
Comme si tout cela n’était pas suffisamment compliqué, voilà qu’Ousmane Sonko, à son tour, sort de sa réserve pour démentir avoir signé la correspondance des 40 recalés incitant le président de la République à s’impliquer dans le processus électoral. Sans doute qu’il sent le danger que ses adversaires se mettent d’accord pour toucher au calendrier électoral, et pire en le listant indûment parmi les initiateurs.
Ajoutant à la confusion, les avocats du candidat de l’APR et de Benno viennent de faire un recours, semble-t-il contre la validation des candidatures de Bassirou Diomaye Faye et de Cheikh Tidiane Dièye, concourant ainsi à la conservation finale du ballon entre les mains — ou les pieds ! — du Président Macky Sall, appelé en dernier recours.
A notre avis, cette démarche fait un peu désordre et dessert ce candidat du pouvoir en ce qu’elle lui fait endosser une présomption de crainte face à ses challengers surtout après qu’il a annoncé précédemment la collecte de plus de 3 700 000 parrains en faveur de sa candidature.
Cette confrontation intra opposition, d’une part, et entre l’opposition et l’APR/BENNO, de l’autre, est du pain bénit pour le pouvoir actuel, qui n’en demandait pastant.
Ainsi, en recalant une bonne partie des candidats de l’opposition au stade de la vérification des dossiers de parrainages, et tenté d’éliminer définitivement le plus représentatif d’entre eux, tout en validant les dossiers des candidats les plus improbables, on assiste à une sorte de sauve-qui-peut chez les recalés, réduits à demander l’arbitrage du Président Macky Sall « himself ». Et ce après l’avoir désigné comme le responsable de cette situation préélectorale délétère !
Ce faisant, cette opposition lui donne l’occasion de « prolonger les prolongations » en prenant le temps d’examiner ces nouvelles requêtes bien que fondées.
En effet, il nous parait évident que du temps sera nécessaire pour traiter toutes les réclamations et cela risque de peser sur les délais fixés, si l’on sait que la campagne électorale doit normalement démarrer dans 25 jours environ.
L’opposition — du moins une partie d’entre elle — ayant sollicité l’arbitrage de Macky Sall pourrait battre sa coulpe demain pour avoir remisé l’urgence du « dégagement » du pouvoir actuel qu’elle prônait au profit de l’ambition personnelle de certains de ses membres.
Refusant de s’unir sur la question du processus électoral, elle en a accepté les règles fixées par le pouvoir actuel dans le souci d’affaiblir l’opposition en la divisant.
En réalité, les ambitions personnelles des uns et des autres ont toujours prévalu. L’élimination d’Ousmane Sonko des listes électorales (il ne fait pas partie des 21 présélectionnés) n’avait pas suscité la levée de boucliers qu’on était en droit d’attendre de cette opposition, hormis venant de Yewwi Askan Wi, le « chacun poursoi » semblant être la ligne de conduite.
A la décharge des recalés, il faut considérer qu’empêcher un homme politique de compétir sous le motif qu’il n’est pas en capacité de réunir 45 000 signatures d’électeurs, est une forme de négation de sa représentativité et donc de mise à mort politique.
Cela est particulièrement vrai pour d’anciens premiers ministres comme Mme Aminata Touré et Cheikh Haguibou Soumaré, dont on peut sincèrement douter qu’ils ne puissent parvenir à réunir ce nombre de parrains, surtout qu’on ne leur donne aucun moyen d’établir leur propre vérité.
Mais si ces derniers demeurent convaincus que c’est le pouvoir en place qui est la source de leurs déconvenues, pourquoi s’adresser à ce même pouvoir pour les rétablir dans leur bon droit ? Pourquoi ne pas initier d’autres formes de luttes plus combatives ?
Il reste à évoquer le cas particulier d’Ousmane Sonko. Sera-t-il le 22ème candidat retenu ? Ses avocats viennent d’introduire un dernier recours qui devrait être traité dans les délais impartis par le Conseil constitutionnel.
« Les conditions voulues ou involontaires sont réunies pour un report du scrutin »
Entre le chassé-croisé entre la DGE et son mandataire, la réaction en demi-teinte de la Caisse des dépôts et consignations qui donne un reçu d’encaissement de la caution de Sonko et qui refuse par la suite de délivrer l’attestation y relative, au prétexte que ce dernier ne figure pas sur les listes électorales. Pourquoi avoir accepté de prendre les fonds dans ce cas ?
Si on osait la comparaison, on pourrait dire que tout cela ressemble plus au free jazz d’Ornette Coleman qu’au swing harmonique et policé d’Oscar Peterson.
In fine, nous avons la conviction que les conditions voulues ou involontaires sont réunies pour un report du scrutin.
Cela donnerait du temps supplémentaire aux acteurs politiques rétifs au changement véritable, pour peaufiner une stratégie d’immobilisation du pays, et du répit aux recalés pour se refaire.
A ce train, au motif de traitement adapté des réclamations, et compte tenu du nœud que constitue le Conseil Constitutionnel dans le processus, qui donne le point de départ de toutes la tâches à effectuer (impression des bulletins etc..) et de la campagne électorale, le respect total du calendrier des élections parait de plus en plus improbable.
Le président de la République, « clé de voute des institutions », est à son avantage. Face aux atermoiements des institutions chargées des élections, le sort du pays se retrouve entre ses mains non pas pour décider d’un report aux relents partisans mais pour accélérer le temps de traitement des réclamations que les ennemis de la République essaient de freiner des quatre fers. Eloigné de par lui-même du champ politique depuis l’annonce de sa non-candidature, Macky Sall redevient la « constante ». Pour combien de temps ?
Ayant de son propre chef renoncé à son « 2ème quinquennat », il lui revient, par conséquent, de veiller à la stabilité et à la paix sociale du pays qui sont une part essentielle du legs de ses prédécesseurs. L’heure est au changement, politique, économique, social et surtout générationnel.
Aujourd’hui, on observe avec effarement que des leaders politique en activité sous les présidents Senghor et Abdou Diouf sont encore sur la scène politique parce qu’ils ont su mettre en place les stratégies de repositionnement qu’il fallait.
L’urgence est de proposer à la jeunesse des perspectives claires de réalisation personnelle. Or les programmes politiques et économiques sont rangés dans les tiroirs des candidats alors que les jeunes posent comme condition d’octroi de leurs suffrages des orientations clairement « anti-système » soit, en plus clair, leur opposition au modèle politique, économique et social qui prévaut depuis l’accession de notre pays à la souveraineté internationale.
Le système, pour eux, ce sont tous les actes posés qui concourent à faire perdurer la pauvreté, le chômage, la corruption, les détournements de deniers publics sans prise de sanctions réelles, une justice à deux vitesses, la non prise en compte de la préférence nationale dans les politiques publiques, le copinage, des abandons de souveraineté dans l’exploitation de nos ressources minières et halieutiques.
Nous sommes donc à 24 jours du début de la campagne électorale, et le monde entier nous observe en riant sous cape.
Puissent les autorités et tous les acteurs en tenir compte pour faire honneur à la réputation du Sénégal sur la scène mondiale en termes de pays de la démocratie et des droits de l’homme !
par l'éditorialiste de seneplus, tidiane sow
MULTIPLE PHOTOS
LES ATOUTS DU PARTENARIAT CUBA-SÉNÉGAL
À l'heure où la Révolution cubaine souffle sur ses 65 bougies, son ambassadeur au Sénégal, Maydolis Sosa Hilton, dresse le bilan d'un demi-siècle de liens tissés entre les deux nations dans divers domaines clés - ENTRETIEN
À l'occasion des 50 ans de relations diplomatiques entre Cuba et le Sénégal, Maydolis Sosa Hilton, ambassadrice de Cuba à Dakar, revient dans cet entretien, sur le riche héritage de coopération qui unit les deux pays frères. Elle rappelle l'importance de la formation des professionnels sénégalais à Cuba, ainsi que l'aide médicale cubaine apportée face au Covid-19. L'ambassadrice détaille également les opportunités économiques à saisir dans des secteurs clés comme l'agriculture ou la santé. Elle évoque par ailleurs le leadership cubain récemment exercé avec succès au sein du G77.
Comment la Révolution Cubaine de 1959 a-t-elle influencé la politique et la société cubaines actuelles ?
L'histoire de Cuba est riche en luttes de notre peuple pour l'indépendance et la souveraineté.Nous dirons plutôt les luttes et les victoires du peuple cubain.Il faudrait remonter aux batailles de José Martí, notre héros national ;Antonio Maceo, Máximo Gómez et bien avant José de la Luz y Caballero qui nous ont appris à penser. Fidel Castro, Raúl Castro et bien d’autres combattants, guérilleros à leur époque, ont été très clairs sur le projet de Révolution que voulaient les Cubains.Je souligne seulement le plaidoyer d’autodéfense, appelé « l’histoire me reverra », dans lequel sont rassemblés les problèmes les plus urgents de l’époque.Il fallait résoudre les problèmes de la terre, de l’industrialisation, du logement, du chômage, de l’éducation et de la santé.
Et justement avec la Révolution, une solution a été trouvée.Logiquement, le processus révolutionnaire cubain est chaque jour renforcé, enrichi, à la recherche de solutions soutenables et inspiré par la grande définition de la Révolution donnée par Fidel : « La Révolution est un sentiment du moment historique ;Cela change tout ce qui doit être changé ;c'est la pleine égalité et liberté ;C’est être traité et traiter les autres comme des êtres humains ;C’est s’émanciper par nous-mêmes et par nos propres efforts ; c’est de défier les puissantes forces dominantes à l’intérieur et à l’extérieur de la sphère sociale et nationale ;C’est défendre des valeurs auxquelles on croit au prix de tout sacrifice ;c'est la modestie, l'altruisme, la solidarité et l'héroïsme ;c'est combattre avec audace, intelligence et réalisme ;Il ne s’agit jamais de mentir ou de violer les principes éthiques ;C’est une conviction profonde qu’il n’existe aucune force au monde capable d’écraser la force de la vérité et des idées.La révolution est unité, elle est indépendance, elle lutte pour nos rêves de justice pour Cuba et pour le monde, qui est la base de notre patriotisme, de notre socialisme et de notre internationalisme. » Comme justement Martí disait « Avec tous et pour le bien de tous »
Nous maintenons la révolution depuis 65 ans, malgré des années de blocus génocidaire qui, malgré la Poursuite et recrudescence de la politique de blocus ; les Effets de l’inscription de Cuba sur la liste unilatérale des États commanditaires de terrorisme, les Préjudices causés au secteur extérieur de l’économie cubaine Préjudices causés au commerce extérieur. Il faut souligner que Le blocus viole le droit international. Et il a une application extraterritoriale que provoque le rejet universel ainsi que l’opposition aux États-Unis.
A ce propos, nos remerciements au Sénégal pour son soutien au sein des Nations Unies ainsi que de l’Union Africaine.
Quels ont été les moments clés dans les 50 ans de relations diplomatiques entre Cuba et le Sénégal ?
Cinquante ans est une période très importante dans la vie. Un demi-siècle d'histoires partagées, de progrès et de renforcement de ce qui a été accompli jusqu'à présent. En ce qui concerne les étapes qui ont marqué les relations entre Cuba et le Sénégal, je me limiterai à citer quelques-unes :
L'ouverture de l'Ambassade de Cuba à Dakar en 2001, qui a maintenant 23 ans de façon ininterrompue.
La formation de jeunes professionnels sénégalais dans divers domaines de la science tels que la culture physique et le sport, la médecine vétérinaire, l'histoire de l'art, l’ingénierie mécanique, et l’agronomie.
Des échanges de visites de haut niveau, à savoir de niveau ministériel des Affaires étrangères, ainsi que de la Culture et d’autres secteurs.
La signature d'un accord-cadre de coopération en 2020 ainsi que l'entrée en vigueur de l'accord d'exemption de visa pour les passeports diplomatiques, officiels et de service en juillet 2022.
Des réunions des consultations politiques et inter-chancellerie, dont la dernière a eu lieu en février 2023.
Je sais que beaucoup des lecteurs pourront penser que les différentes visites de l’orchestra Aragon de Cuba rentrent dans ce cadre et je suis d’accord car ça fait partie aussi de la diplomatie culturelle.
Quelles sont les principales formes de coopération économique et culturelle entre Cuba et le Sénégal aujourd'hui ?
J'ai l'habitude de dire que la culture est la porte d'entrée de toute coopération bilatérale. Si nous définissons la culture, il n'y a pas de dictionnaire pour cela. Certainement, le secteur dans lequel Cuba et le Sénégal ont consolidé leurs liens historiques est la culture. Il n'y a pas un Sénégalais, quelle que soit sa génération, qui ne connaisse pas la musique cubaine. Sa similitude avec les rythmes sénégalais, et bien d'autres choses sont bien partagées.
Il existe des perspectives sur différents aspects du point de vue culturel qui peuvent contribuer à dynamiser le secteur économique commercial, fondamentalement ce qu'on appelle les industries culturelles. Il existe de grands potentiels des deux côtés, ainsi que la volonté de les concrétiser.
Nous avons mis à la disposition des autorités sénégalaises et d'autres acteurs intéressés les événements culturels internationaux qui auront lieu à Cuba. Il existe une offre commerciale attractive dans le secteur culturel dont nous envisageons d'élargir la diffusion.
Comment Cuba et le Sénégal collaborent-ils dans les domaines de l'éducation et de la santé publique ?
Comme je l'ai déjà mentionné, il y a des diplômés sénégalais à Cuba dans différents secteurs. De même, les deux pays ont signé des accords de coopération dans les secteurs mentionnés dans votre question, qui doivent être traduits en actions.
Il est gratifiant pour Cuba de pouvoir former des jeunes Africains et des jeunes des pays du Sud. Depuis notre ambassade, nous répondons aux demandes de soins médicaux à Cuba, car la reconnaissance internationale du système de santé cubain et la solidarité manifestée à cet égard sont bien connues. Je saisis cette occasion pour rappeler que les universités cubaines accueillent favorablement les demandes individuelles ou des gouvernements et d'autres institutions qui souhaitent contribuer à la formation des jeunes générations.
Quels sont les objectifs principaux de Cuba en tant que président pro-tempore du G77 et la Chine, et comment cela impacte-t-il les relations avec le Sénégal ? La révolution numérique et la transition énergétique furent les thèmes au coeur des débats de ce sommet. Quels en sont les succès et écueils rencontrés jusque-là ?
Le 15-16 septembre 2023, La Havane accueillait le Sommet des Chefs d'État et de gouvernement du G77 et de la Chine sur "Les défis actuels du développement : le rôle de la science, de la technologie et de l'innovation" a eu des résultats extrêmement positifs. Ce fut un grand succès.
Il a réuni plus de 1300 participants de 116 pays et de 12 organisations, agences et programmes du système des Nations unies. La Havane a accueilli des représentants de haut niveau de 33 pays d'Amérique latine et des Caraïbes, de 46 pays d'Afrique, de 34 nations d'Asie et de 3 pays d'Europe. Au total, 31 chefs d'État et de gouvernement, 12 vice-présidents, un grand nombre de ministres de différents portefeuilles et de nombreux autres dignitaires de haut niveau ont été accrédités.
Le G77 ne s'était pas réuni à haut niveau depuis longtemps. Vingt-trois ans s'étaient écoulés depuis le premier sommet historique du Sud à La Havane et dix-huit ans depuis le deuxième sommet du Sud au Qatar. Les résultats du sommet montrent qu'il s'agissait d'un événement nécessaire qui ne pouvait être reporté.
Ce fut un sommet austère, sans luxe ni gaspillage d'aucune sorte. Il a été organisé avec des ressources minimales en raison des graves limitations financières et matérielles que connaît notre pays, dans le contexte d'un blocus qui s'est intensifié à des niveaux sans précédent. Malgré cela, l'événement a été très productif.
C'était un événement transparent. Un débat approfondi, substantiel, sérieux et orienté vers l'action a eu lieu, impliquant plus de 100 chefs de délégation.
Les défis auxquels sont confrontées les nations du Sud ont été discutés de manière réaliste, ainsi que les moyens de remédier aux conséquences désastreuses de l'ordre économique international injuste actuel.
Les effets de la crise mondiale multidimensionnelle ont suscité une grande inquiétude : augmentation de la pauvreté, nombre croissant de personnes souffrant de la faim, flambée des prix due à une inflation galopante, multiplication des catastrophes climatiques.
Lors de cette réunion à La Havane, les membres du G77 ont clairement indiqué que le groupe ne resterait pas inactif face à la gravité de la situation actuelle.
Il ne s'agissait pas d'un simple sommet diplomatique ou protocolaire de plus, mais d'une réunion d'action pratique et d'une plateforme visant à promouvoir la réalisation des objectifs de développement durable.
La réunion a insisté sur la nécessité d'une réforme urgente et profonde de l'architecture financière internationale afin de permettre aux nations du Sud d'accéder équitablement aux financements nécessaires à la réalisation des objectifs de développement durable.
Les mesures coercitives unilatérales prises à l'encontre de plusieurs membres du groupe ont été fermement condamnées.
Les membres du groupe se sont engagés à redoubler d'efforts pour exiger l'élimination de ces mesures, qui sont contraires au droit international et à la Charte des Nations unies.
De nombreuses délégations ont fermement rejeté le blocus imposé par les États-Unis à Cuba et ont demandé l'exclusion de notre pays de la liste fallacieuse des États soutenant le terrorisme. Cuba est reconnaissante pour ces précieuses déclarations.
La déclaration finale adoptée reflète les principales questions abordées et les actions pratiques convenues. Elle constitue un guide pour l'action du G77 et de la Chine.
La déclaration comprend des actions pratiques, parmi lesquelles le 16 septembre est déclaré Journée de la science, de la technologie et de l'innovation dans le Sud. Et en ce sens, nous pouvons nous féliciter de la récente adoption par consensus à l'Assemblée générale des Nations Unies de la résolution qui fait du 16 septembre la Journée internationale de la science, de la technologie et de l'innovation pour le Sud.
- Les projets et programmes de coopération triangulaire visant à améliorer l'accès des pays en développement à des ressources plus nombreuses et de meilleure qualité pour la mise en œuvre d'initiatives techniques et scientifiques seront encouragés.
Le groupe est sorti du sommet plus uni, plus fort et donc mieux à même de renforcer sa position en tant qu'acteur pertinent dans les discussions internationales.
De nombreuses expressions de gratitude ont été adressées au peuple cubain pour son hospitalité, à Cuba pour son leadership et la conduite réussie de la présidence du G77, ainsi que pour la solidarité et la vocation humaniste de la Révolution.
Nous apprécions profondément ces expressions de soutien à Cuba.
Quelle est la position de Cuba sur les défis mondiaux tels que le changement climatique et la pandémie de Covid-19 ?
Les défis mondiaux sont divers.Plus que de faire référence à ce qui pourrait arriver, nous pouvons aujourd'hui montrer avec fierté l'immense capacité de Cuba à faire face à des défis de l'ampleur d'une pandémie, comme celui du Covid-19. Cuba a réussi à créer 5 candidats vaccins et à en immuniser notre population avec 3. Nous sommes le premier pays au monde à réussir à vacciner la population pédiatrique.Tout cela grâce à nos hommes de science et à tous les efforts du gouvernement et du peuple cubains pour réussir à affronter ce moment difficile qu'a vécu l'humanité et dont nous ne sommes pas encore sortis.Cela prend une importance encore plus grande si l’on tient compte du fait que Cuba est un pays dont la population vit depuis plus de 60 ans sous un blocus économique, commercial et financier strict, sans précédent.Malgré le blocus, Cuba a maintenu sa solidarité avec les pays qui ont demandé notre aide.Sur le continent africain, 12 brigades médicales du contingent « Henry Reeve » étaient présentes.Et gardez précieusement ce nom car il pourrait faire l’objet d’une autre interview.
Sur la base des demandes formulées par certains gouvernements face à l'épidémie de COVID-19, Cuba a préparé 58 brigades pour faire face au Covid-19 dans 42 pays. Le Covid-19 a laissé de nombreuses leçons.Mais l'une d'entre elle était sans aucun doute la validité de la pensée de Fidel Castro, leader historique de la Révolution cubaine, lorsqu'il déclarait très tôt : « L'avenir de notre pays doit nécessairement être un avenir d'hommes de science ».
Quelles opportunités d'investissement et de commerce existent actuellement entre Cuba et le Sénégal ?
Cuba et le Sénégal disposent tous deux d'une offre commerciale variée, ainsi que d'un portefeuille très diversifié d'opportunités d'investissement étranger, de sorte que les opportunités pour les deux pays d'élargir et de diversifier leurs relations commerciales sont totalement viables, en mettant en valeur les secteurs de la culture, de l'agro-industrie, l’industrie manufacturière, la pharmacie, la cosmétique, la construction et les énergies renouvelables. Chaque année, Cuba organise la Foire Internationale de La Havane, un espace commercial d'excellence où se rencontrent plusieurs pays, des entreprises de premier plan et des hommes d'affaires, non seulement intéressés par le marché cubain.La foire est l'un des caractéristiques les plus importants de la région. La participation des acteurs économiques sénégalais est la bienvenue.En 2022, la Chambre de Commerce, d'Agriculture et d'Industrie de Dakar était présente à l'événement.Nous espérons que d'autres seront motivés.Nous devons travailler ensemble pour renforcer les liens également d’un point de vue économico-commercial.
Comment voyez-vous l'évolution future de la politique étrangère de Cuba, en particulier en relation avec l'Afrique ?
Les liens historiques qui unissent Cuba et l’Afrique sont anciens.
Lorsque l'on dit que les relations de Cuba avec l'Afrique sont de sang, on fait allusion à deux dimensions: celle qui provient des gènes laissés par les Africains et leurs descendants à Cuba et celle qui réside dans le sang généreux que nous avons versé ensemble pour libérer l'Afrique du colonialisme et de l'apartheid.
Plus d'une fois, par la voix de Fidel, nous nous sommes déclarés fièrement latino-africains. Et conformément à la reconnaissance de cette identité, le gouvernement a activement promu des initiatives en faveur des peuples de ce continent et de la défense de l'Afrique dans tous les cas de figure possibles.
Plus d'un million d'enfants africains ont été emmenés à Cuba pour devenir des esclaves forcés, qui ont apporté des singularités au génome cubain et ont également contribué de manière décisive à la formation de notre identité en tant que peuple. Leur culture ancestrale, leurs religions, leurs coutumes apportent force, couleur, résistance et créativité au puissant « ajiaco » que nous sommes.
"Cuba est la fille du sang africain, et nous avons reçu d'elle des valeurs fondamentales qui expliquent notre propre existence ; je pense surtout à la résistance face à l'adversité, qui a été prouvée tant de fois tout au long de notre histoire".
Nos dirigeants ont toujours regardé les nations africaines avec le respect, l'admiration et l'affection des frères. Il est indéniable que, parallèlement au processus révolutionnaire cubain, dans les années 50 et 60 du siècle dernier, ait émergé une génération de jeunes dirigeants africains, de brillants intellectuels et presque tous partisans radicaux de l'indépendance, qui ont ouvert la voie au l'indépendance de leurs pays, des nations avec une pensée émancipatrice très proche de leurs contemporains cubains.
En 2023, le chef de l'État s'est rendu en Angola, au Mozambique, en Namibie et en Afrique du Sud, où il a participé, en sa qualité de président intérimaire du groupe G77 plus Chine, au 15ème Sommet BRICS, dans le cadre du Dialogue BRICS Plus. Au cours de sa tournée sur le continent africain, le président cubain a eu des entretiens officiels avec ses pairs, avec lesquels il a souligné les liens historiques entre les pays et a confirmé la volonté de les renforcer.
De meme notre vice-président, Salvador Valdez Mesa a visité le Ghana, la Guinée Bissao, le Rwanda et l’Ethiopie. Ça montre la continuité de nos relations historiques avec les nations sœurs africaine.
Comment expliquez-vous la barbarie humaine qui se déroule au xxi siècle à Gaza ? On a vu l’Afrique du Sud porter le combat juridique contre Israël. Quelles perspectives envisage Cuba ? Le G77+ -Chine ?
De la minute que l’Afrique du Sud a fait sa déclaration, les autorités cubaines ont soutenu cette demande. Je me permets de vous partager des informations publiques qui valident notre position.
Le ministère des Relations extérieures de la République de Cuba a réitéré sa vive inquiétude devant l’escalade de violence continue que mène Israël dans les territoires palestiniens illégalement occupés, en violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international, dont de nombreuses résolutions de l’ONU.
Egalement, condamne énergiquement, une fois de plus, l’assassinat de civils, notamment de femmes, d’enfants et de travailleurs humanitaires de l’Organisation des Nations Unies, les bombardements systématiques visant la population civile palestinienne et la destruction de logements, d’hôpitaux et d’infrastructures civiles.
Chaque minute d’impunité, de passivité, de double standard ou de silence coûtera encore plus de vies innocentes.La communauté internationale doit agir maintenant. Cuba réitère sa solidarité invariable avec la cause palestinienne et réaffirme qu'elle ne fera jamais partie des indifférents. Dans les circonstances actuelles, la protection de la population civile est une priorité absolue.
Cuba est toujours favorable à la paix mondiale.
NOS COMPATRIOTES BÉNÉFICIENT DE MESURES PRIVILÉGIÉES À L’ÉTRANGER
L’État ne compte pas lésiner sur les moyens pour faciliter la mobilité des Sénégalais dans le monde, offrir de meilleures perspectives aux jeunes, mais aussi mieux encadrer la migration. C’est la conviction exprimée, le Ministre des affaires extérieures
L’État ne compte pas lésiner sur les moyens pour faciliter la mobilité des Sénégalais dans le monde, offrir de meilleures perspectives aux jeunes, mais aussi mieux encadrer la migration. C’est la conviction exprimée, dans cette interview accordée au journal « Le Soleil », par le Ministre auprès du Ministre des Affaires étrangères, chargé des Sénégalais de l’Extérieur, Annette Seck Ndiaye.
Les phénomènes migratoires prennent de l’ampleur dans notre pays et préoccupent les populations. Qu’est-ce qui explique, selon vous, cette situation ?
Il faut reconnaître que l’année 2023 a été marquée, pour le Sénégal, par un phénomène migratoire avec notamment la migration irrégulière. Le Sénégal est un pays à forte mobilité. Il est, à la fois, une terre d’accueil, de départ et de transit. Mais, cette année, nous avons enregistré une forte vague passant par la voie maritime, avec des embarcations de fortune. Les trafiquants font croire aux personnes transportées qu’elles peuvent atteindre leur destination au bout de trois à quatre jours ; ce qui ne cadre pas avec la réalité. La traversée n’est pas facile avec une embarcation en bois pouvant contenir au moins 100 personnes. Nous avons, cette année, de nouveaux profils. Nous avons constaté, sur le terrain, la présence d’un nombre important de femmes, de mineurs et des enfants de 12-13 ans.
Des chiffres effarants sont avancés avec l’émigration clandestine. Quelle en est votre lecture ?
Il est assez difficile d’avancer des chiffres exacts. Certaines données fournies par des Organisations non gouvernementales (Ong) et la presse ne sont pas basées sur des données factuelles. Soit elles s’appuient sur le nombre de rescapés qui ont su contourner des zones de surveillance, soit sur le nombre de personnes qui ont pu embarquer à bord de ces pirogues. Mais, toujours est-il que ce sont des chiffres approximatifs. Au Ministère des Affaires étrangères, les informations dont nous disposons portent généralement sur les arrivées de pirogues. Mais, ce que nous pouvons dire, c’est que nous avons constaté une forte migration en provenance de l’Afrique de l’Ouest. Et dans cette lignée, notre pays sert de transit. Si 80 % des occupants de ces pirogues sont des Sénégalais, au moins 20 % sont originaires de la sous-région. Dans le cadre de nos missions, nous les ramenons vu qu’ils viennent tous du Sénégal, même s’ils ne sont pas tous des Sénégalais. Mais, nous déplorons les pertes en vies humaines.
Malgré ces décès, des traversées vers l’Espagne continuent de plus belle.
Quelles sont les stratégies développées par votre Département pour lutter contre ce phénomène ?
Il faut dire que l’État n’a eu de cesse de renforcer le dispositif de lutte contre la migration irrégulière qui existe depuis 2005. Il a mis en place, en 2022, un Comité interministériel de lutte contre l’émigration clandestine (Cilec) rattaché au Ministère de l’Intérieur. À travers cette Stratégie nationale de lutte contre l’émigration irrégulière, soutenue par des partenaires, ce comité assure la coordination de toutes les parties prenantes en vue d’agir dans la prévention à la prise en charge des migrants. Les forces de défense et de sécurité jouent aussi un rôle important. Lorsque des pirogues sont arraisonnées, par exemple, par la marine marocaine, ils informent notre mission diplomatique à travers nos deux Consulats qui se trouvent à Casablanca et à Dahla. Beaucoup de mouvements de personnes sont enregistrés dans cette partie sud du Royaume chérifien. Nous procédons à leur identification avant d’assurer leur rapatriement dans les meilleures conditions. Nous avons pu mettre en place, sur l’ensemble du territoire, ce qu’on appelle des Bureaux d’appui, d’orientation et de suivi (Baos) des migrants. Ils nous permettent de recevoir des migrants de retour et de faciliter leur réinsertion dans le tissu social et économique du pays.
Qu’est-ce qui explique, à votre avis, ces départs massifs malgré le dispositif mis en place par l’État ?
Je pense que les sociologues sont mieux placés pour nous édifier sur les causes profondes. Mais, une pression sociale, dans un contexte mondial difficile, peut exacerber cette envie de partir. Le Sénégal a vécu la crise sanitaire qui a affecté le monde entier et fragilisé des économies. La crise en Ukraine a eu également ses impacts sur le renchérissement du coût de la vie. Des difficultés économiques sont notées dans les pays de départ de ces candidats de même que dans les pays d’accueil. Plus aucun Gouvernement, en Europe par exemple, n’accepte cette importante migration. Elle n’est plus en mesure d’absorber cette main-d’œuvre et mise sur une migration ciblée et choisie. La Turquie, par exemple, entretient avec le Sénégal de bonnes relations diplomatiques. Mais, depuis l’année dernière, elle a durci sa politique migratoire. Elle s’adresse à tous les peuples. Des Sénégalais, arrivés en Turquie avec un visa à court séjour, prennent l’option d’y rester pour développer leur business, mais aujourd’hui, la Turquie n’accepte plus, par exemple, la présence d’irréguliers sur son territoire. J’effectue des déplacements pour que nos compatriotes puissent bénéficier d’un traitement particulier. En 2020-2021, grâce à l’intervention du Président de la République, 400 titres de séjour humanitaires ont été accordés à des Sénégalais. C’est un privilège accordé au Sénégal grâce à la qualité de notre relation de partenariat. Notre souci est que les Sénégalais puissent voyager et, par conséquent, nous devons travailler à ce que l’accès au visa soit facilité. La mobilité fait partie des droits de l’homme, mais elle doit être organisée. De ce fait, nous avons la responsabilité de surveiller nos côtes. Elles ne doivent être ni des zones de départ ni des zones d’accueil de migrants irréguliers.
Des Sénégalais établis à l’étranger se plaignent de leurs situations précaires. Certains évoquent des difficultés pour l’obtention de papiers légaux. Qu’est-ce qu’il y a lieu de retenir ?
Il faut qu’on se dise aussi la vérité. Ces pays sont souverains. Maintenant, il faut reconnaître que le Sénégal fait partie des privilégiés dans certains pays d’accueil. Il est accordé à notre pays des avantages que beaucoup n’ont pas. Lors des missions d’identification, nous nous rendons compte que sur 10 personnes, trois sont des Sénégalais. C’est parce que nous avons une diplomatie très respectée dans le monde. Nous discutons régulièrement avec nos homologues, pour que nos compatriotes bénéficient de mesures privilégiées, mais surtout pour être régularisés. Des pays comme l’Espagne étaient très tolérants en matière de migration. Avec des centres de rétention, des migrants pouvaient y séjourner de façon provisoire. Mais, certains choisissent d’y rester, dépassant les délais requis et perdent leur éligibilité au séjour régulier. J’ai vu plusieurs de nos compatriotes dans des conditions indescriptibles dans plusieurs pays. Des maisons d’accueil, comme Keur Serigne Touba, ne peuvent plus tenir, que ce soit en Italie ou en Espagne.
Le Président de la République est au terme de son mandat. Il lui est prêté un bilan matériel reluisant. En perspective du scrutin de février 2024, est-ce que la coalition présidentielle a des chances d’assurer la continuité ?
Je répondrai, bien entendu, par l’affirmative en tant que membre de la mouvance présidentielle, mais aussi en tant que présidente du Conseil départemental de Sédhiou. Je suis fière d’être la première femme élue et la première femme ministre de la région. Je voudrais saisir l’occasion pour remercier le Chef de l’État, Macky Sall, et lui rendre hommage. Par ailleurs, je dirai que j’ai confiance au candidat de la coalition présidentielle, Amadou Ba. Il a le profil, l’expérience qu’il faut et les compétences nécessaires. Je pense que le Sénégal doit préserver et consolider cette stabilité et cette démocratie majeure que beaucoup de pays lui envient. Une grande démocratie suppose une multiplicité des candidatures. J’ose croire qu’au soir du 25 février, les Sénégalais sauront faire le bon choix. Pour en revenir au bilan du Chef de l’État, dans une de mes contributions, j’avais écrit : « Monsieur le Président de la République, la Casamance vous dit merci ». Je suis bien placée pour apprécier ce mandat au niveau régional. Et je dis toujours que c’est par l’entremise du Président de la République que la décentralisation a véritablement pris forme dans notre pays. Il a réussi le désenclavement des régions grâce à des politiques efficaces, notamment avec l’Acte 3 de la Décentralisation. Il a fait passer des terroirs de l’indigence à l’émergence. Tout le monde sait que la Casamance était une des zones les plus enclavées. Mais, le Chef de l’État a su poser des jalons importants, avec notamment la construction du pont de Farafenni qui ouvre automatiquement cette partie sud du pays. Les populations se sentaient complètement affectées par cette enclave historique avec la Gambie. Aujourd’hui, vous quittez Dakar le matin et vous êtes en Casamance dans l’après-midi. Alors que dans le passé, vous passiez la nuit en Gambie.
Ces réalisations peuvent-elles impacter le développement de cette partie sud du pays ?
Ce pont de l’ouverture a facilité la traversée de l’enclave gambienne. Elle favorise aussi la circulation des personnes et des biens entre le nord et le sud du Sénégal. Le Président de la République a toujours estimé qu’on ne peut pas développer la verte Casamance, le grenier du Sénégal, sans des infrastructures routières. La région de Sédhiou est, par exemple, le premier producteur d’anacarde, le deuxième producteur de banane après la région de Tambacounda et le troisième producteur de riz pluvial. Donc, je dis, de manière honnête, que le bilan du Chef de l’État est visible et mesurable. Nous qui habitons dans les terroirs pouvons le certifier. Je suis convaincue que des régions comme Sédhiou, considérées comme les plus pauvres, vont connaître un essor économique.
Le Chef de l’État a toujours insisté sur la nécessité de promouvoir un Sénégal uni et indivisible, mais des discours ethnicistes sont de plus en plus notés. Votre avis ?
Je puis vous dire que la Casamance est la seule région où vous pouvez trouver toutes les ethnies du Sénégal. Malgré l’enclavement qui a toujours existé, c’est donc la seule région où les discours ethnicistes n’ont pas leur raison d’être. Bien entendu, la Casamance a été affectée par des conflits armés liés à des frustrations ou à des questions purement sociologiques, mais c’est dommage qu’on cherche à utiliser cette région politiquement pour promouvoir un discours visant une discorde nationale. Les populations n’adhèrent pas à ce discours. Il ne faudrait pas que l’on confonde l’adhésion à une idéologie politique aux convictions des populations. On ne doit pas chercher à isoler la Casamance par un discours négatif. Je pense qu’il faut promouvoir un discours d’ouverture, de paix et de cohésion sociale. La Casamance est riche de sa diversité culturelle et ethnique. Toutes les langues nationales y sont bien parlées. Je suis le fruit de ce métissage culturel, je peux le certifier. J’appartiens à la communauté lébou avec des parents nés en Casamance, mais je considère que je suis Sénégalaise. Je souhaite que l’on puisse aller vers les élections dans le calme, dans la maturité. Quand on regarde la ceinture de feu qui nous entoure, il y a de quoi souhaiter la paix et la sérénité des esprits.
par l'éditorialiste de seneplus, alymana Bathily
EN ATTENDANT LE VOTE DES DJINNÉS
EXCLUSIF SENEPLUS - L'on se demande si l’ensemble de la procédure de vérification des parrainages n’a pas fonctionné selon un plan conçu pour ouvrir la voie à Amadou Ba. Il s'agit pour « la mouvance anti-système » de désigner un candidat unique
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 19/01/2024
Le système démocratique, « le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple » ne peut que prospérer dans un Etat de droit. C’est-à-dire quand les pouvoirs, l’Exécutif, le Législatif, et le Judicaire, ainsi que l’administration publique, sont soumis aux règles et règlements du Droit. Quand les libertés des citoyens, la liberté d’aller et venir, la liberté d’expression et d’opinion notamment, sont respectées et protégées.
Nous assistons au Sénégal ces dernières années, singulièrement depuis l’avènement de Pastef et d’Ousmane Sonko, à une remise en cause de l’Etat de droit et des libertés par l’Etat lui-même, qui nous ramène à l’ère du parti unique sous Senghor.
Les rassemblements publics sont réprimés violemment au besoin par l’introduction d’« hommes armés, habillés en civil, aux côtés des forces de l’ordre » ainsi qu’on l’a vu pendant les émeutes de Mars 2021 déjà ainsi que pendant celles de Juin 2023, comme l’ont documenté Amnesty International et le quotidien français Le Monde.
On a assisté alors à la coupure de la fréquence de radiotélévisions accusées faussement de diffuser des contenus subversifs, à l’arrestation des journalistes indépendants et à la coupure de l’Internet.
Plus de 1 000 personnes ont été détenues au cours de cette période pour « délit d’opinion » si ce n’est simplement pour participation à une manifestation publique. La plupart de ces personnes sont encore en prison.
Les manifestations publiques des partis politiques et des organisations de la société civile sont désormais systématiquement interdites et les médias, publics et privés, sont sous étroite surveillance.
Ousmane Sonko, le dirigeant du principal parti d’opposition, est en détention depuis le 29 juillet dernier pour "appels à l'insurrection et complot" après avoir été « barricadé chez lui pendant 55 jours. Puis son parti a été dissous.
Sa candidature à l’élection présidentielle vient d’être déclarée irrecevable par le Conseil constitutionnel.
Des élections libres et transparentes ?
Comment dans ces conditions, l’élection présidentielle du 25 février 2024 peut-elle être libre et transparente ?
D’autant plus que le système parrainage des candidats, introduit par le président Macky Sall dès 2018 a été maintenu avec la seule caution des partis politiques ayant pris part au « dialogue national ».
La Cour de justice de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait pourtant ordonné d’y mettre fin car « il viole le droit de libre participation aux élections ».
Le remplacement par décret présidentiel en novembre de l’ensemble des membres de la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA) à la suite de l’injonction de son président à l’endroit de la Direction Générale des Elections de remettre les fiches de parrainage au candidat Ousmane Sonko, est venu ajouter à l’état de non droit.
La procédure et la méthode de contrôle des parrainages par le Conseil constitutionnel n’ont pas contribué à rassurer l’opinion.
A partir de quel fichier électoral la Commission de Contrôle des Parrainages du Conseil Constitutionnel a -t-il travaillé puisque la Commission électorale nationale autonome (CENA) indique que celui disponible sur son site internet n’est pas à jour ?
« La question qu'on se pose c'est à quel fichier faut-il se fier, quel est le fichier qu'utilise le Conseil constitutionnel pour contrôler le parrainage ? », s’interrogera ainsi l’ancienne Première ministre, madame Aminata Mimi Touré.
Pourquoi ne l’a-t-on pas mis à la disposition de la CENA et des candidats conformément à l’article L6 du Code électoral qui dispose que « la CENA ainsi que les partis politiques légalement constitués ont un droit de regard et de contrôle sur la tenue du fichier » ?
Pourquoi refuse-t-on d’agréer la demande réitérée ces dernières années de l’opposition auprès de la Direction Générale des Elections et du Conseil constitutionnel d’auditer le logiciel de contrôle des listes de parrains ?
Pourquoi n’a-t-on pas ouvert les fichiers électroniques des parrains présentés sur clef en présence des mandataires des candidats ?
Dès lors, le soupçon s’est installé aussi bien parmi les candidats qu’au sein de l’opinion.
Si bien qu’on se demande si l’ensemble de la procédure de vérification et de contrôle des parrainages n’a pas fonctionné selon un plan conçu pour ouvrir la voie à M. Amadou Ba, le dauphin du président Macky Sall. Il s’agit d’assurer la victoire de M. Amadou Ba au premier tour. Rien de moins !
Le contrôle des parrainages par le Conseil constitutionnel a ainsi abouti à l’élimination d’Ousmane Sonko de l’élection grâce à la mise au pas de la CENA et l’instrumentalisation de la Direction Générale des Elections puis de la Caisse de Dépôts et Consignation.
Elle a aussi permis d’écarter des candidats tels Aminata Mimi Touré, Bougane Dany Gueye et Hadjibou Soumaré susceptibles de ponctionner l’électorat APR /Benno.
Auparavant la période de révision exceptionnelle des listes électorales s’est étendue sur seulement un mois - 6 avril au 6 mai 2023 -, ce qui a empêché l’inscription massive des jeunes, particulièrement sensibles aux discours de Pastef et de l’opposition dite antisystème.
Il y a eu aussi la diabolisation d’Ousmane Sonko et de Pastef accusés tout à tour de « terroristes » affiliés au MFDC et de salafistes financés par le Qatar, avant que le parti ne soit interdit et son leader jeté en prison.
Et voici que l’on s’apprête à confirmer la candidature de monsieur Karim Wade dont la nationalité française n’a pourtant été dénoncée que ces derniers jours suite à l’intervention expresse du Premier ministre français.
Dans le même temps, on va rejeter les candidatures de Bassirou Diomaye Faye et de Cheikh Tidiane Dieye à la demande du candidat Amadou Ba.
En attendant le vote des djinnés
Il faut prendre très au sérieux la volonté désespérée du vieux système françafricain de survivre en faisant gagner son candidat au premier tour.
Tout y passera après qu’on ait choisi les challengers de monsieur Amadou Ba : de la distribution parcimonieuse des cartes d’électeurs, aux erreurs sur les cartes d’électeurs, aux cartes d’électeurs estampillées invalides, à l’établissement en catimini de la carte électorale par les seuls services du ministère de l’Intérieur jusqu’au chaos organisé dans les communes jugées favorables à l’opposition.
Il faut se souvenir de la réélection à la surprise générale au premier tour du président Abdoulaye Wade pour un second mandat en 2007 avec 55, 86% des voix, comme son camp l’avait prédit. Le directeur de campagne du président Wade était alors son Premier ministre, un certain Macky Sall. La surprise a été tellement grande qu’on y a vu la main des djinnés en faveur du président.
Il y a aussi l’élection pour un deuxième mandat du président Macky Sall, le 24 février 2019.
Le président Abdoulaye Wade avait alors averti qu'en visant une réélection "au premier tour", Macky Sall, créait «de graves dangers de déstabilisation du Sénégal, dans la violence".
Dans ces conditions, tenant compte de la volonté du camp de l’APR/Benno de faire gagner vaille que vaille son candidat au premier tour, l’opposition devra en finir avec les récriminations et les interpellations et se regrouper d’ores et déjà autour d’un seul candidat.
Il faut se souvenir que c’est l’échec de la candidature unique de l’opposition regroupée au sein de Benno Siggil Senegaal qui a laissé libre cours au candidat Macky Sall en 2012.
Il s’agit aujourd’hui, en tous cas pour Pastef et les partis et organisations de la société civile de « la mouvance anti-système », de désigner son candidat unique dès que la candidature d’Ousmane Sonko sera définitivement empêchée, c’est-à-dire dès ce 20 janvier 2024.
Tous les partis et mouvements devront ensuite participer à la campagne électorale de ce candidat unique.
C’est la seule voie pour la victoire du parti de la souveraineté du Sénégal et de l’Afrique.
RUFISQUE PERD SON TRIBUNAL…POUR DIAMNIADIO
Encore un coup porté à la vieille ville, Peu de Rufisquois savent que, dans quelques semaines, ils devront se rendre…à Diamnadio pour bénéficier des prestations du service public de la justice.
Peu de Rufisquois savent que, dans quelques semaines, ils devront se rendre…à Diamnadio pour bénéficier des prestations du service public de la justice. En effet, la vieille ville, qui fut l’une des seules quatre communes de notre pays durant la colonisation, va perdre son tribunal départemental au profit de la cité émergente de Diamnadio. Un énième coup porté à cette ville qui n’aura bénéficié d’aucun avantage sous le régime du président Macky Sall. Ironie du sort, le projet de modernisation de la justice porté par l’Etat et initié par l’ancien Garde des Sceaux Me Malick Sall à partir de 2021 pour un montant de 250 milliards de francs a été géré par un fils de Rufisque, le Pr Ismaïla Madior Fall en l’occurrence, qui n’a pu rien faire pour arrêter le projet de délocalisation du tribunal.
Le député-maire de Rufisque, Dr Oumar Cissé, a reçu une volée de bois vert le 20 décembre dernier lorsqu’il a osé dénoncer devant le Premier ministre Amadou Ba le sort de sa ville sous le régime du président Macky Sall. « Rufisque, le cimetière des projets inachevés du régime de Macky Sall ». Ces propos de Dr Oumar Cissé sonnaient comme une humiliation à l’endroit du Premier ministre qui pensait se pavaner dans la vieille ville pour dévoiler le Programme spécial de voirie urbaine et d’assainissement pour le département de Rufisque d’un coût de 80 milliards de francs. Conspué par des Apéristes et militants de BBY, l’édile de Rufisque n’avait pas pu continuer son discours. Il a boudé la suite de la cérémonie. Pourtant, nombre de ces détracteurs du député-maire vont souffrir dans quelques semaines pour bénéficier des prestations du service public de la justice. Ils devront en effet se débrouiller pour aller jusqu’à Diamnadio pour chercher certains documents délivrés par la justice ou pour assister à des procès voire effectuer certaines procédures judiciaires. Le transfert du tribunal de Rufisque à Diamnadio n’a pas été encore rendu officiel dans la ville. Peu de Rufisquois sont donc au courant de ce projet qui entre dans le cadre de la modernisation de la justice financée par l’Etat à hauteur de 250 milliards pour la construction de 69 ouvrages dans le secteur de la justice dans la période 2020 à 2027. Cette délocalisation passe mal pour le Rufisquois Aziz Faye. « Nous ne saurions comprendre cette décision de l’Etat du Sénégal. C’est un manque de considération notoire pour Rufisque et ce que notre ville a fait pour l’histoire du Sénégal. Si l’Etat peine à trouver un espace d’un hectare à Rufisque pour construire le nouveau palais de justice pour la ville, il pouvait raser le site actuel du tribunal pour construire du neuf en respectant l’architecture historique du bâtiment. Surtout qu’il pouvait y avoir une collaboration avec la mairie de Rufisque pour voir au niveau du patrimoine historique de la ville où nous notons beaucoup de bâtiments en ruine qui pouvaient faire l’affaire. Et pourquoi pas édifier le bâtiment au niveau de l’Ecole nationale des postes en décrépitude ? » enrage Aziz Faye. Et de dénoncer le manque de leadership des responsables politiques rufisquois de la mouvance présidentielle. « Ils ne nous servent à rien du tout ! » vocifère-t-il.
Rufisque, un chef-lieu de département sans tribunal
Ce qui sidère nombre de Rufisquois au fait de cette affaire, c’est que la délocalisation va faire de sorte que Rufisque sera l’un des rares chef-lieu de département à ne pas disposer d’un tribunal départemental ou d’instance. A Rufisque, certains n’ont pas manqué de pointer du doigt l’ancien ministre de la Justice, Pr Ismaïla Madior Fall, accusé de n’avoir rien fait pour stopper le processus de délocalisation du tribunal de la ville vers Diamniadio. Seulement, un proche collaborateur de l’actuel ministre des Affaires étrangères tient à le dédouaner. Ce dernier explique qu’Ismaïla Madior Fall a trouvé le dossier déjà lancé par son prédécesseur Me Malick Sall. Un projet de l’Etat pour la modernisation de la justice. A l’instar d’autres départements choyés, Rufisque devait disposer d’un palais de justice tout neuf pour remplacer l’existant très vétuste, étroit et, surtout faisant l’objet des complaintes des magistrats, des travailleurs de la justice et des usagers de la vieille ville. D’après ce proche d’Ismaïla Madior Fall, au départ, l’Etat voulait implanter la nouvelle infrastructure dans le périmètre communal. Mais il s’est heurté à une disponibilité foncière d’un hectare. Finalement, il a été convenu de transférer le projet sur Diamnadio. Et de l’accoler au Centre de formation des métiers judiciaires dans le cadre du Projet d’appui à la justice civile et commerciale (JUDICOM) financé par l’Agence française de développement (AFD) pour assurer une formation initiale et continue des acteurs. Ce projet nécessitait une disponibilité foncière de 6 hectares et un redimensionnement à l’image du centre de formation similaire basé à Yamoussoukro qui avait fait l’objet d’un benchmarking des services de l’ancien ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall. Aux dernières nouvelles, le Centre serait délocalisé à côté de l’Ecole nationale de l’administration pénitentiaire (ENAP) de Diamnadio.
Ismaila Madior Fall esquive, Dr Oumar Cissé en colère
Ismaïla Madior Fall a confirmé la délocalisation du tribunal de Rufisque à Diamniadio. « Absolument, le projet existe. Le palais de Justice de Diamniadio contiendra l’actuel tribunal d’instance et le futur tribunal de grande instance de Rufisque » a répondu l’actuel ministre des Affaires étrangères à notre interpellation. Sur les conséquences pour les Rufisquois qui seront obligés de se déplacer jusqu’ à Diamniadio pour obtenir des services de la justice, ils e bornera à dire que « ça c’est un autre problème ».
Mais, pour le maire Dr Oumar Cissé, « c’est un énorme problème. C’est surtout un manque de considération du régime de Macky Sall à l’endroit de Rufisque et à ses populations. Rufisque au vu de son histoire continue de subir un affront qui a débuté depuis 2012. Listez-moi une seule réalisation achevée de Macky Sall et de son régime à Rufisque. Le tableau affiche zéro réalisation pour Rufisque. On ne cherche qu’à tuer tout simplement cette ville » soupire notre interlocuteur. Le député-maire ne décolère pas lorsqu’il fait comprendre que c’est une ville de 400.000 habitants et qui connait une dynamique démographique, la deuxième derrière Mbacké qui perd, en tant que chef-lieu de département, son tribunal. « Sous peu, les Rufisquois devraient rallier Diamniadio en intégrant dans leurs déplacements, le transport et la restauration pour divers services recherchés au niveau du Palais de Justice. C’est une aberration et un manque de sérieux notoire du régime de Macky Sall à l’endroit de Rufisque. Nous dénonçons fortement cet état de fait, mais nous nous battrons pour la survie de Rufisque » conclut Dr Oumar Cissé.
BA-DIONNE, LA GUERRE DE SUCCESSION
La bataille pour le leadership de l'APR est déclarée. En affrontant son challenger Dionne, Amadou Ba joue bien plus que sa candidature à la présidentielle : c'est le leadership du parti majoritaire qui se joue dans cette confrontation fratricide
Si les candidatures de Mahammad Boun Abdallah Dionne et d’Amadou Ba sont validées par le Conseil constitutionnel, les deux Premiers ministres - l’ancien et l’actuel - vont se livrer une bataille épique avec comme premier enjeu le contrôle du parti présidentiel... Un parti que Macky Sall entend toutefois conserver envers et contre tout !
Une liste de vingt et un candidats a été publiée par le Conseil constitutionnel après l’exercice de contrôle des dossiers de parrainages. Mais il va falloir attendre demain samedi 20 janvier, date de publication de la liste définitive des candidats pour connaître les happy few qui vont concourir officiellement pour succéder au président Macky Sall. Au cas où tous les 21 prétendants figurant sur cette liste provisoire seraient reconduits, l’élection présidentielle mettrait aux prises, grosso modo, d’une part les « antisystème » faisant partie globalement de l’opposition et, d’autre part, les candidats du « système » gravitant autour de la mouvance présidentielle. Mais derrière cette confrontation entre ces deux camps, se cache une autre lutte épique entre l’actuel Premier ministre et son prédécesseur. Ce qui rend ce combat encore plus âpre c’est qu’entre ces deux poids lourds de la majorité il y a un contentieux à régler qui a démarré depuis que le chef de l’État a porté son choix sur l’actuel chef du gouvernement Amadou Ba comme candidat de la grande coalition BBY alors que Boun Abdallah Dionne voulait précisément être ce dauphin qui défendrait les couleurs de la coalition Benno Bokk Yaakar à l’élection présidentielle du mois prochain. Devant les multiples prétendants dont aucun n’a voulu s’effacer au profit des autres, Macky Sall a dû trancher dans le vif. Et c’est Amadou Ba qui a été désigné finalement. Les trois autres principaux candidats à la candidature ont refusé de se plier à sa décision. Mais parmi eux, celui dont la confrontation électorale contre Amadou Ba est la plus attendue c’est sans aucun doute son prédécesseur à la Primature Boun Abdallah Dionne. Retour sur leurs chances et faiblesses...
Amadou Ba : le candidat du président...
Le choix porté sur lui n’a pas constitué une grande surprise vu sa montée fulgurante dans la sphère étatique sanctionnée par la plus haute fonction de l’administration à savoir celle de Premier ministre. Auparavant, il a occupé tour à tour les fonctions de directeur général des Impôts et Domaines, de ministre des Finances puis celui des Affaires étrangères. Reconnu comme étant un grand commis de l’État ayant une parfaite maîtrise des grands dossiers, Amadou Ba est un homme respecté qui s’est forgé une personnalité partout où il est passé. Ce qui lui vaut respect et considération de ses pairs qui l’ont plébiscité comme étant quelqu’un plein de qualités aussi bien dans le travail que dans ses relations humaines. Consensuel, se refusant aux attaques personnelles, n’insultant jamais, respectant ses adversaires, à la limite timide, rassurant aussi bien à l’intérieur de l’APR que les partis alliés, notamment le Ps et l’Afp, respecté par les milieux financiers internationaux qui l’ont adoubé, Amadou Ba a convaincu le chef de l’État qu’il était l’homme de la situation. Assuré du soutien des populations des Parcelles Assainies, son fief, il s’implique fortement dans l’arène politique et parvient même au forceps à remporter la victoire lors des législatives de 2017 à Dakar. Depuis, il est devenu une des valeurs sûres au sein de l’APR et parmi les plus proches collaborateurs du président de la République. C’est fort de tous ces avantages qu’il a été finalement choisi comme celui devant porter la candidature de la mouvance présidentielle pour l’élection de février prochain. Depuis il enchaîne des visites de proximité auprès des personnes aussi bien religieuses que traditionnelles pour solliciter leurs soutiens, organise des meetings et procède à des inaugurations d’infrastructures pour être plus proche des populations et s’enquérir de leurs préoccupations. L’autre avantage dont il dispose sera la mise à sa disposition de la puissante machine électorale de Benno Bokk Yaakar mais aussi de l’appareil d’État, notamment l’administration territoriale. Mais son principal atout, c’est surtout l’implication personnelle du président de la République. Lequel lui sera d’un grand apport de par son expérience, ses moyens et son influence.
Mais en dépit de tous ces atouts, l’actuel chef de l’actuel gouvernement traîne tout de même de réelles faiblesses. D’abord au sein de son propre parti où le consensus autour de sa personne est loin d’être une réalité. Sa désignation quoique décidée par le chef de l’État lui-même, a suscité beaucoup de contestations et crée des dissidences. Ce sont les trois autres prétendants malheureux à la candidature de la coalition qui ont lancé les hostilités en premier par leurs refus de se plier au choix du Chef. D’autres et pas des moindres et pas des moindres les ont suivis non pas en claquant la porte mais en remettant en cause la capacité de Amadou Ba à pouvoir assurer la victoire à la présidentielle. Plus inquiétant est la sortie du ministre très proche de la famille présidentielle, en l’occurrence Mame Mbaye Niang, qui dit savoir à qui veut l’entendre qu’il ne va pas prêt soutenir la candidature du chef du gouvernement. D’autres moins courageux et tapis dans l’ombre s’éloignent de plus en plus du terrain politique, ne mouillent plus le maillot et sont devenus aphones bien qu’étant des militants de toute première heure du parti présidentiel. Leur silence est tellement pesant que d’aucuns soupçonnent un «coup d’Etat» à l’interne qui serait préparé contre Amadou Ba au motif qu’il serait un militant de la 25ème heure. Ces mécontents tapis dans l’ombre soutiendraient celui qu’ils considèrent comme leur candidat de cœur pour avoir cheminé avec lui depuis les années de braise. Des allégations difficiles à nier si on se fie aux silences très troublants de grands responsables politiques comme Abdoulaye Dawda Diallo président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) mais aussi du ministre Abdoulaye Diop pour ne citer que ces deux. Qu’en est-il justement du chef de l’État lui-même? En tout cas, des pontes de la majorité présidentielle interrogés et préférant garder l’anonymat font savoir que le choix porté sur l’actuel chef du gouvernement est loin de faire l’unanimité et que, dans les jours à venir, on pourrait assister à une cascade de démissions pour faire allégeance au candidat qu’ils pensent avoir le meilleur profil pour conserver le pouvoir dans l’escarcelle de Benno.
Boun Abdallah Dionne : un outsider loin d’avoir dit son dernier mot...
Autant la désignation de Amadou Ba n’a pas constitué une grande surprise, autant la décision du chef de l’État de ne pas choisir Mahammad Boun Abdallah Dionne interroge. Ce parce que non seulement aucun des candidats à la candidature ne remplissait plus que lui les critères pour porter la candidature de la coalition Benno Bokk Yaakar mais encore parce que Dionne avait l’avantage d’être son plus proche collaborateur bien avant même la prise du pouvoir en 2012. Reconnu comme étant l’homme de confiance du chef de l’État et parmi ceux qui lui sont le plus fidèles — ne se surnommait il pas le « Baye Fall » ou le « double bouton du Président » ? —, c’est donc logiquement que Boun Abdallah Dionne a battu le record de longévité à la haute fonction de Premier ministre soit une durée de cinq ans. Une éternité sous le magistère du président Macky Sall ! Ces atouts cumulés avec son expérience acquise dans les organismes internationaux, le secteur privé ainsi que dans les sphères de l’État pouvaient et devaient jouer à son avantage pour le choix final. Son plus grand succès auprès du chef de l’État est sans doute d’avoir conduit de main de maître la mise en oeuvre du fameux PSE (Plan Sénégal Emergents), l’unique référentiel de politiques publiques de son mentor. Ce sa ns compter son passage au poste très stratégique de ministre d’Etat, directeur de cabinet du président de la République, preuve de la confiance que lui accordait Macky Sall. C’est donc un candidat doté d’une grande expérience au plus haut niveau de l’administration, maîtrisant parfaitement les grands dossiers de l’Etat, méthodique et dévoué au travail. Son principal avantage, et non des moindres, réside dans le fait que, durant tout son long parcours au sein de l’État, Boun n’a jamais été cité dans des histoires de mauvaise gestion des deniers publics ni dans le moindre scandale de moeurs. Au plan politique, même s’il est vrai qu’on ne lui reconnaît pas une base solide, il n’en demeure pas moins vrai qu’il peut s’appuyer sur le soutien de ses nombreux camarades de parti avec qui il a longtemps cheminé au sein de l’APR et dont on dit qu’ils pourraient lui faire allégeance pour aller à la conquête du pouvoir en février prochain. Il a eu en effet à conduire plusieurs campagnes électorales victorieuses du candidat Macky Sall, la dernière en date étant la présidentielle de 2019. Last but notre least, Boun Abdallah Dionne est aussi un excellent orateur, un brillant débatteur, un polémiste redoutable qui a l’art de captiver et de séduire son public. Il en a donné la preuve en 2017 alors qu’il était tête de liste de BBY aux législatives. Surtout, contrairement à son grand rival Amadou Ba, Boun Abdallah Dionne dit ne pas vouloir être le candidat de la continuité. Au contraire, il a promis, une fois élu, d’apporter des changements profonds dans la vie du pays à partir d’un programme bien conçu qu’il compte dérouler pour faire décoller notre pays.
Toutefois, son chemin vers le palais peut s’avérer périlleux en ce sens qu’il devra aller à l’assaut de la présidentielle sans l’appareil politique de Benno Bokk Yaakar. Un appareil qui, on l’a dit, sera à la disposition d’Amadou Ba. A ce premier (et gros) handicap va se greffer celui lié au fait qu’il est perçu comme un homme du système pour son long compagnonnage avec le régime du président Macky Sall. Aussi, comme les autres candidats issus de la mouvance présidentielle, certains le voient comme un pion agissant sous la commande du chef de l’État en vue d’une possible recomposition de sa famille politique en cas de second tour. Une accusation d’autant plus plausible plus que Boun Abdallah Dionne n’a daigné quitter le navire aperiste qu’après que le chef de l’État a jeté son dévolu sur son rival Amadou Ba. L’autre obstacle qui pourrait se dresser sur son chemin est l’absence de poids lourds autour de sa personne. Des poids lourds disposant d’une forte assise politique s’entend. Mais, sachant que beaucoup de surprises peuvent apparaître les jours à venir, il est encore trop tôt pour le critiquer sur ce point. Quoiqu’il en soit, entre Amadou Ba et Mahammad Boun Abdallah Dionne, ça risque de saigner au cours des semaines à venir !
À QUAND UN MÉMORIAL DEDIE A L’ANCÊTRE AFRICAIN DE CÉ-SAIRE DÉPORTÉ DANS LES AMÉRIQUES ?
L’œuvre monumentale tant par sa dimension que par l’ampleur du projet, jettera une lumière dans l’épaisse zone d’ombre du silence des mémoires africaines sur cette tragédie qu’a été la traite transatlantique
Céline Labrune Badiane et Adama Kouyaté |
Publication 19/01/2024
L’annonce, par le chef de l’État Sénégalais, M. Macky Sall, de la finalisation du chantier du Mémorial de Gorée, dans les premiers jours de 2024, à la veille de l’élection présidentielle, est sans doute révélatrice de la volonté d’un homme sur le départ de laisser une marque à la postérité.
Le Mémorial de Gorée devrait voir le jour quarante années après l’adoption d’une résolution en faveur de sa réalisation par les chefs d’États africains réunis en sommet à Addis Abeba en 1986. L’œuvre monumentale tant par sa dimension que par l’ampleur du projet, jettera une lumière dans l’épaisse zone d’ombre du silence des mémoires africaines sur cette tragédie qu’a été la traite transatlantique et plus spécifiquement sur les expériences vécues, après le passage du milieu, par les Africains déportés dans les Amériques en général. Elle ne se surajoute à rien dans cet espace où il existe peu de lieux de mémoires, et qui ne se limitent qu’à un segment du parcours de celles et ceux qui ont été capturés à l’intérieur des terres, au moment du départ vers l’autre rive.
Par les souffrances endurées dans les plantations, les ancêtres africains déportés au-delà de l’océan Atlantique, restent toujours les grands oubliés des mémoires africaines. Les résistances qu’ils ont menées pour leur libération sont des pages méconnues de cette histoire : pourquoi n’entendons-nous pas d’ici l’écho des combats et des sacrifices des Mackandal, Toussaint Louverture en Haïti, de Nani en Jamaïque ou encore de la mulâtresse solitude en Guadeloupe, et de l’esclave Roumain en Martinique ? La place qui leur est réservée dans les manuels scolaires, dans l’enseignement secondaire et supérieur et dans les discours et les projets officiels dédiés à l’esclavage est infime.
Après le départ, le silence a primé sur les expériences des ancêtres transportés dans des cales de bateaux, les humiliations qu’ils ont subies, la négation de leur humanité, l’incurable blessure, l’arrachement à des spiritualités ou des religions… en un mot la douloureuse histoire de la présence africaine au Brésil, à Cuba, à la Jamaïque ou aux Antilles françaises est absente.
Qu’on le sache, depuis le premier, l’Africain déporté sur les terres lointaines farouchement hostiles est un survivant, un résistant. Dans l’ensemble des territoires où les esclaves ont été déportés, il y a eu refus, fuite, refuge…. Le marronnage était à la fois l’outil et le mot d’ordre pour s’échapper du système plantationnaire. La volonté de retour des Africains déportés en Amérique, et de maintenir le lien avec l’Afrique ne s’est jamais tarie ; elle s’est matérialisée de différentes manières, sous la forme parfois d’expériences réelles et définitives de retour, d’échanges culturels, de projets musicaux. La littérature, le cinéma, le théâtre, les chants populaires en Amérique du nord, du sud, dans la Caraïbe expriment depuis toujours la séparation d’avec l’Afrique. Un mot du créole martiniquais résume cette blessure originelle : bless.
A quelques semaines de son départ du pouvoir, Macky Sall tire des limbes de la mémoire des archives administratives, le projet de construction d’un lieu d’hommage, de méditation et de réflexion" sur l’esclavage. Situé sur la corniche ouest de Dakar, tourné vers l’Amérique, le mémorial vise à resserrer le lien entre les Africains du continent et les Africains de la diaspora autour du souvenir de l’ignominie de la traite transatlantique dont les conséquences sont encore ressenties par les peuples noirs. Nous voulons souligner ici à la fois la nécessité pour l’Afrique de mieux connaissance cette partie d’elle-même éparpillée dans le monde ce afin d’établir des relations et de coopérer avec les États des Amériques.
Certes quelques États modernes africains ont formulé des excuses aux descendants des déportés pour la participation de certains royaumes à l’esclavage. D’autres accordent la citoyenneté à leurs descendants. Certes des pays africains font des appels du pied aux Haïtiens, Jamaïcains, Trinidadiens, Martiniquais, Barbadiens et autres Brésiliens et encouragent le retour au pays des ancêtres. Des ministres et hauts responsables africains fréquentent de manière timide l’espace caribéen à la recherche des débouchés commerciaux. Les politiques culturelles nationales engagées ça et là en Afrique de l’ouest singulièrement, se font à rude concurrence des mémoires dans le seul but d’attirer un tourisme venant particulièrement des Amériques.
Mais quel pays africain a manifesté le souhait d’implanter un Mémorial en l’honneur des ancêtres qui ont été déportés ? Comment matérialiser l’absent, celui qui n’a pas laissé de traces, l’être enfoui dans les mémoires de ceux et celles qu’il a quitté à jamais.
« Il y a une mémoire au-delà de la mémoire, c’est le traumatisme lié à l’esclavage », rappelait Césaire pour expliquer la genèse de sa création poétique et son théâtre fulgurant. Césaire fut de tous les temps, le plus illustre chantre de l’Afrique de son époque. Le descendant de déportés qu’il était s’orientait tous les jours en direction de la terre des ancêtres pour implorer les grands esprits. N’est -il pas équitable qu’un homme d’État africain qui incarne de nos jours l’ancêtre africain de Césaire honore, la mémoires de ses illustres descendants déportés dans les Amériques ?
Céline Labrune Badiane, historienne chercheuse est enseignante.
Adama Kouyaté dit Adams Kwateh est journaliste en Martinique.