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9 juin 2025
KARIM WADE MET FIN À LA POLÉMIQUE SUR SA NATIONALITÉ
Face aux accusations, le candidat du PDS est passé à l'action. Son mandataire a déposé ce mardi 16 janvier 2024, une preuve de sa renonciation à la nationalité française auprès du Conseil constitutionnel
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 16/01/2024
La polémique autour de la double nationalité de Karim Wade, candidat à l'élection présidentielle de février 2024, prend fin. Son mandataire Maguette Sy a en effet déposé ce mardi 16 janvier 2024 auprès du Conseil Constitutionnel "la copie de la preuve attestant de la perte de nationalité française par renonciation" de l'ancien ministre d'Etat.
Cette annonce faite sur les réseaux sociaux par Karim Wade lui-même vise à clore définitivement le débat, après les déclarations du candidat Thierno Alassane Sall qui avait affirmé vouloir contester sa candidature devant le juge constitutionnel en raison de sa double nationalité présumée. "La fausse polémique sur ma nationalité française est une question définitivement réglée", a fait savoir le candidat de la coalition Karim 2024, ajoutant : "Concentrons-nous sur les vraies priorités et les nombreuses attentes des sénégalais et de notre jeunesse !".
Par cette réaction, le candidat du PDS semble vouloir couper court à toute tentative visant à remettre en cause sa candidature pour des raisons juridiques. Il remercie au passage Thierno Alassane Sall "de m’avoir informé que j’étais encore inscrit sur les listes électorales en France, pays où je n’ai jamais voté !".
Le Conseil constitutionnel devrait se prononcer sur la validité de toutes les candidatures en présence, le 20 janvier prochain. Une étape cruciale avant le lancement officiel de la campagne électorale.
L'ETAT DANS UNE NOUVELLE POSTURE
De nouvelles dispositions ont été prises pour assurer le contrôle de gestion, la transparence, l’efficacité de la dépense et la facilitation de la reddition des comptes dans l’exécution du budget de l’État au cours de cette année
Dakar, 16 jan (APS) – De nouvelles dispositions ont été prises pour assurer le contrôle de gestion, la transparence, l’efficacité de la dépense et la facilitation de la reddition des comptes dans l’exécution du budget de l’État au cours de cette année, a assuré le ministre des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba, mardi, à Dakar.
« Le contrôle de gestion, à travers l’institutionnalisation de la fonction de contrôleur de gestion au sein des départements ministériels, sera l’une des innovations importantes » de cette année, a dit M. Ba au cours d’un atelier de lancement de la gestion budgétaire 2024.
Cette année, des outils de gestion budgétaire seront utilisés pour la première fois dans les ambassades et consulats du Sénégal, en vue d’une bonne utilisation des ressources qui leur sont destinées, selon le ministre des Finances et du Budget.
Des ateliers sont prévus au cours de cette année, dans tous les ministères, en vue d’une bonne préparation de la loi de finances 2025, a-t-il annoncé.
« Le mode d’exécution du budget […] sera revu, dans un souci de transparence et de rigueur budgétaire », a assuré M. Ba.
Le mode avec lequel les ressources budgétaires de l’État sont gérées manque d’efficacité, selon lui.
Le gouvernement va tenter d' »apporter plus de flexibilité et de prévisibilité dans l’exécution budgétaire », a-t-il promis.
Des démarches ont été entreprises dans le but d' »apporter plus de souplesse au contrôle […] et accélérer le rythme d’exécution des dépenses », a assuré Mamadou Moustapha Ba.
ALIOUNE TINE INSISTE SUR LE DIALOGUE POUR UNE SITUATION POST-ELECTORALE STABLE
Le fondateur d’Afrikajom Center, Alioune Tine, a de nouveau appelé mardi à un dialogue entre acteurs politiques du Sénégal pour « préserver une situation postélectorale stable », en lien avec la présidentielle du 25 février prochain.
Fatick, 16 jan (APS) – Le fondateur d’Afrikajom Center, Alioune Tine, a de nouveau appelé mardi à un dialogue entre acteurs politiques du Sénégal pour « préserver une situation postélectorale stable », en lien avec la présidentielle du 25 février prochain.
« Il faut dialoguer pour préserver une situation post-électoral stable, apaisée, permettant au président sénégalais qui sera élu de gouverner de la façon la plus sereine », a-t-il déclaré.
Alioune Tine effectuait une tournée dans la région de Fatick (ouest), pour dit-il dialoguer et sensibiliser différents acteurs nationaux sur la situation politique tendue du pays, en perspective de la prochaine présidentielle.
Des figures de l’opposition sénégalaise, dont les dossiers de candidature à la présidentielle ont été écartés pour cause de doublons ou d’électeurs non identifiés sur la liste électorale, appellent à plus de transparence dans la gestion du processus électoral.
Sur les 93 prétendants qui avaient déposé un dossier de candidature devant le Conseil constitutionnel, seuls 21 ont réussi à franchir l’étape du contrôle des parrainages. Les recalés dénoncent un manque de transparence.
Selon Alioune Tine, « la question de l’élection présidentielle n’est pas seulement l’affaire de candidats ou de la régulation mais une affaire de la société civile, qui doit veiller, contrôler et surveiller pour garantir une élection transparente et pacifique ».
« C’est aussi l’affaire du citoyen. C’est son sacre. Il faut que le citoyen pèse pour qu’on ait des élections crédibles, et ainsi éviter les moments de violences inouïes qu’on a traversés », a-t-il ajouté en référence aux mois de tension autour de l’affaire Ousmane Sonko, du nom du principal opposant sénégalais.
Ce dernier est détenu en prison depuis avril 2023 pour « appel à l’insurrection, actes de natures à compromettre à la paix publique », entre autres.
Le fondateur d’Afrikajom Center soutient que « la priorité » du président élu après la prochaine présidentielle, sera de « reconstruire l’unité nationale » et de « réconcilier » ses compatriotes après ces moments de tension.
ÉLOGE DE LA CONSCIENCE ET DE LA CRÉATIVITÉ CUBAINES
Résilience, dignité, ingéniosité : René Lake est sous le charme du peuple cubain et de son histoire tourmentée. De La Havane à Santiago, il célèbre la posture redressée de cette nation, fière malgré les épreuves dues notamment à l'embargo américain
René Lake, administrateur de SenePlus.com, vient de rentrer d'un voyage de trois semaines à Cuba. Dans son témoignage, il dresse un portrait élogieux de l'île et de son peuple.
Parcourant le pays d'ouest en est, de La Havane à Santiago en passant par Matanzas, Varadero, Cienfuegos et Trinidad, René Lake affirme avoir pu se faire "une bonne idée de la réalité cubaine". Selon lui, "c'est un pays absolument remarquable".
Ce qui l'a le plus frappé, c'est "la dignité, la posture redressée des Cubains, une grande fierté par rapport à leur histoire", notamment la révolution de 1959 dirigée par Fidel Castro. Aujourd'hui, les Cubains sont particulièrement fiers de célébrer le 65e anniversaire de cet événement majeur du XXe siècle.
Par ailleurs, René Lake souligne "un niveau de conscience intellectuelle, technique, absolument remarquable", que ce soit dans les domaines de l'éducation, de la santé ou encore de la mécanique, domaine dans lequel les Cubains font preuve d'une grande ingéniosité en raison de l'embargo américain.
Autre élément ayant marqué René Lake: "la propreté, la propreté des villes, la propreté des quartiers". Selon lui, "le pays est extrêmement propre, bien plus propre que certainement le pays le plus propre des pays du tiers-monde que j'ai jamais vu". Il souligne également l'état des routes et les infrastructures "particulièrement sophistiquées".
Enfin, René Lake met en avant "l'esthétique urbaine", "l'harmonie culturelle" entre les différentes communautés, notamment dans la revendication de l'héritage africain, ainsi que l'attrait indéniable de la "musique cubaine" qui fait écho à la "musique sénégalaise".
AMADOU BA CONTESTE CERTAINES CANDIDATURES
Des sources citées par PressAfrik font savoir que les requêtes déposées ce mardi 6 janvier 2024 au Conseil constitutionnel viseraient les candidatures de Bassirou Diomaye Faye, d'Aly Ngouille Ndiaye et de Mahammed Boun Abdallah Dionne
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 16/01/2024
Le Premier ministre Amadou Ba, candidat de la coalition au pouvoir Benno Bokk Yakaar, a déposé un recours auprès du greffe du Conseil Constitutionnel ce mardi suite à la publication des listes de candidatures à l'élection présidentielle du 24 février, comme l'a indiqué son avocat Me Amadou Sall.
"Je suis là en ma qualité d'avocat pour la défense des intérêts de Amadou Ba. Parce que notre candidat a des observations et des réclamations à faire pour le respect d'un certain nombre de principes", a déclaré l'avocat à sa sortie de l'institution ce mardi 6 janvier 2024, selon les informations rapportées par le site d'information en ligne PressAfrik.
Interrogé sur la nature des recours, Me Sall s'est gardé de citer directement les noms des candidats concernés, se limitant à indiquer que "les réclamations concernent les candidats qui figurent sur la liste.". Néanmoins, des sources citées par PressAfrik font savoir que les requêtes déposées viseraient les candidatures de Bassirou Diomaye Faye, d'Aly Ngouille Ndiaye et de Mahammed Boun Abdallah Dionne.
Reste désormais au Conseil constitutionnel, chargé du contentieux électoral, de se prononcer sur la recevabilité ou non de ces recours déposés par la coalition au pouvoir au lendemain de la publication des listes de candidatures à la magistrature suprême.
par l'éditorialiste de seneplus, pierre sané
DE LA MÉLANCOLIE D’UN PRÉSIDENT MAL AIMÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Ayant pour l’instant emprisonné Ousmane Sonko, il cherche quand même à en découdre avec son nouvel ennemi : le "chaos" qui tarde à se matérialiser. Le refus de cette confrontation ajoute à son spleen
La mélancolie est un "état de dépression, de tristesse vague, de dégoût de la vie, accompagnée d’une propension habituelle au pessimisme”. (Larousse).Elle se traduit par un état de morosité permanent.
Le président Macky Sall est mélancolique.
Cette mélancolie est d’abord due à son renoncement à un troisième mandat "largement mérité" selon lui. La totale indifférence avec laquelle les Sénégalais accueillent ce bilan qu’il nous assène en toutes occasions, l’intrigue. Autant d’ingratitude l’attriste.
Ce troisième mandat, il y avait "droit", seul son "code d’honneur" l’a contraint à y renoncer. La faible mobilisation populaire en soutien à sa troisième candidature l’a certainement déçu et a porté gravement atteinte à son orgueil.
Tous les jours que Dieu fait, on le voit bien qu’il regrette cette décision. D’où cette mélancolie qu’il porte d’un pas lourd, le visage fermé, l’invective facile, le regard méprisant même quand il se retrouve uniquement entouré de ses collaborateurs et de ses fidèles. Surtout envers ceux qui l’ont encouragé à rester fidèle à son “code d”honneur”.
Son rêve d’instaurer une autocratie et pourquoi pas une présidence à vie a l’instar de ses homologues d’Afrique centrale est parti en fumée : Sénégal émirat pétrolier ? Infrastructures en chantier ? Réforme du système financier international ? Et non, ce ne sera pas sous son magistère. La déception est profonde.
Cette mélancolie nourrit la rancoeur inépuisable qu’il cultive à l’encontre d’Ousmane Sonko dont la popularité inébranlable malgré les complots, séquestrations et emprisonnements enrage un président mal aimé. Ce qui en retour alimente sa mélancolie. Il aura tout essayé depuis trois ans !
Le président se compare souvent à un champion de lutte défié par un jeune prétendant au titre de roi des arènes. Mais contrairement à la politique telle que la conçoit Macky Sall, les Sénégalais savent et apprécient que la lutte a des règles fixes connues d’avance. De plus, dans la lutte on n’élimine pas d’avance un adversaire par des complots extra sportifs et surtout, le champion ne peut pas être l’arbitre de ses propres combats. Ce champion ne sera donc pas légitime. Ça le rend désespérément triste de ne pas être encensé pour ses exploits dans l’arène politique.
Du bout des lèvres, il a désigné malgré tout un candidat, mais qui ne peut gagner que s’il réussit à écarter Ousmane Sonko.Et encore ! Le Pastef même dissous continue à hanter ses nuits. Il ne dirige plus le pays. Il inaugure y compris des premières pierres et des bus ! Et des avenues rebaptisées à son nom. Pathetique.
Ayant pour l’instant emprisonné Ousmane Sonko, il cherche quand même à en découdre avec son nouvel ennemi : le "chaos" qui tarde à se matérialiser. Pourtant, il s’y est préparé. On ne le prendra plus par « surprise », nous a-t-il prévenu. Il s’est armé, a remanié le commandement des forces de sécurité, a recruté ses nervis, a emprisonné à tour de bras, a refusé d’ouvrir des enquêtes sur les violations flagrantes des droits humains et a multiplié les provocations tel le blocus de la Casamance. Il a poursuivi l’acharnement judiciaire sur Ousmane Sonko, mais il n’est pas à l’abri de « petits juges » intègres.
Qu’a cela ne tienne. On ne lui fera pas le cadeau d’un “chaos” à six semaines de l’élection. A quoi bon ? Tout le monde en est conscient, car c’est le futur qui nous intéresse. Le refus de cette confrontation ajoute à son spleen.
D’autant plus que la vie d’un ancien président en Afrique de nos jours est remplie d’incertitudes.
C’est vrai, il y a de quoi sombrer dans la dépression.
par Edwy Plenel
L’AFRIQUE DU SUD AU SECOURS DE LA PALESTINE : LE RENVERSEMENT DU MONDE
L’Afrique du Sud apporte la réponse devant La Haye : l’origine ne protège de rien, il n’y a que de l’universalisable qui se joue à chaque épreuve concrète où le sort d’une humanité particulière met en péril celui de l’humanité tout entière
L’Europe et sa projection nord-américaine se revendiquent d’une universalité des droits humains que leurs actes n’ont cessé de contredire. Face à leur inaction devant la destruction de la Palestine par l’État d’Israël, c’est l’Afrique du Sud qui, aujourd’hui, défend cet universel.
La requête de l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice (CIJ) des Nations unies contre l’État d’Israël, sur le « caractère génocidaire » de sa guerre contre les Palestiniens et Palestiniennes de Gaza, n’est pas seulement un événement juridique sans précédent. Elle marque un renversement géopolitique : tandis que tous les peuples du monde constatent, à travers la tragédie palestinienne, l’usage à géométrie variable par l’Europe et les États-Unis d’Amérique des valeurs universalistes dont ils se réclament, c’est un pays emblématique des causes émancipatrices du tiers-monde, anticoloniales et antiracistes, qui en reprend le flambeau.
Il suffit de lire l’exceptionnel document produit par la diplomatie sud-africaine et d’écouter l’exposé (voir ci-dessous, d’autant que nos médias audiovisuels ne l’ont guère relayé), jeudi 11 janvier, de ses arguments devant la CIJ pour prendre la mesure de l’éclipse intellectuelle d’un continent, le nôtre, dont les États-nations ont si longtemps prétendu dire, codifier et imposer le bien, le juste et le vrai.
Car, en temps réel et sous le regard du monde entier, face au martyre de Gaza, ils n’ont rien dit – ou si peu : quelques appels hypocrites à la retenue – et rien fait – ou pis : fait tout le contraire en livrant massivement et tout récemment encore, à l’instar des États-Unis, armes et munitions à Israël. Rien dit et rien fait quand la population de l’un des territoires les plus densément peuplés de la planète est attaquée par l’une des armées les plus puissantes au monde, celle de l’État qui l’assiège après l’avoir occupé, dans une campagne de bombardements la plus intensive de l’histoire militaire moderne.
Pire qu’Alep en Syrie, pire que Marioupol en Ukraine, pour s’en tenir à deux références contemporaines qui mettent en cause la Russie, mais proportionnellement pire aussi, en intensité, que les bombardements alliés sur l’Allemagne nazie.
Une punition indiscriminée
Par les actes de son armée comme par les paroles de ses dirigeants, c’est bien un peuple qu’a ciblé l’État d’Israël dans sa riposte vengeresse à l’attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas et à ses massacres de civils israéliens. Loin d’une réplique proportionnée, c’est une punition indiscriminée qui a été mise en œuvre contre une population à raison de son origine, de son identité, de sa culture, de son histoire.
C’est le peuple palestinien de Gaza, et, à travers lui, l’idée même d’une Palestine viable, d’une vie et d’une existence sous ce nom, avec ce qu’il charrie de sociabilité et de citoyenneté, qui a été désigné comme le coupable qu’il fallait châtier, sans discernement aucun. Et ceci, de façon explicite au premier jour, par la voix du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou lui-même, appelant à une guerre sainte en faisant référence à Amalek, ce peuple que, dans la Bible (I Samuel XV, 3), Dieu ordonne d’exterminer – « Tu ne l’épargneras point, et tu feras mourir hommes et femmes, enfants et nourrissons, bœufs et brebis, chameaux et ânes ».
En à peine trois mois de guerre, on compte déjà des dizaines de milliers de morts, de disparus et de blessés, des civils pour l’essentiel, en majorité des enfants et des femmes. Tout un monde a été détruit à jamais, les habitations et les hôpitaux, les lieux de vie et de culte, les écoles et les universités, les administrations, les magasins, les monuments, les bibliothèques, les cimetières même.
« Aucun endroit n’est sûr à Gaza », n’a pas hésité à affirmer le secrétaire général des Nations unies António Guterres, le 6 décembre 2023 dans sa lettre solennelle au Conseil de sécurité. Depuis, les humanitaires des ONG et les agences de l’ONU ne cessent d’alerter sur l’eau polluée, le risque de famine, la misère incommensurable et le désespoir infini, bref la destruction sans retour d’une partie de la Palestine occupée.
Sinistre retournement : l’État dont la légitimité initiale est fondée sur la conscience du crime de génocide commis contre les Juifs par le nazisme et ses alliés est aujourd’hui confronté à l’accusation de le reproduire contre les Palestiniens. Dans la Convention de 1948 invoquée par l’Afrique du Sud, le crime de génocide désigne des actes « commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel ». Rafaël Lemkin, l’inventeur du mot – du grec genos et du latin cide –, le définissait comme « un complot visant à annihiler ou affaiblir des groupes d’ordre national, religieux ou racial ».
Le débat juridique sera mené au fond mais, dans l’immédiat – et c’est l’enjeu de la procédure d’urgence devant la CIJ –, il s’agit d’interrompre au plus vite un processus d’annihilation, d’épuration, d’expulsion, d’effacement et de destruction des Palestiniens et Palestiniennes de Gaza qui a des caractéristiques génocidaires.
Comme l’ont tragiquement rappelé les génocides commis au Rwanda en 1994 et en Bosnie en 1995, ce n’est en rien relativiser l’unicité de la Shoah, ce plan concerté par le régime nazi d’une extermination industrielle de millions d’êtres humains, que d’entretenir une vigilance universelle sur la répétition, dans d’autres contextes et sous des formes différentes, de cet incommensurable crime de l’humanité contre elle-même.
Mais l’histoire retiendra que les puissances qui incarnent l’Occident, cette réalité politique née de la projection de l’Europe sur le monde, alors même qu’elles se font gloire d’avoir proclamé l’universalité et l’égalité des droits, se sont dérobées à cette vigilance en abandonnant la Palestine à son triste sort. À travers l’audace sud-africaine, ce sont dès lors les peuples et les nations ayant pâti de cette appropriation dominatrice de l’universel par les puissances occidentales qui s’en font aujourd’hui les meilleurs défenseurs. Qui, en somme, rappellent à l’Europe la promesse qu’elle a trahie.
« Si nous voulons répondre à l’attente de nos peuples, il faut chercher ailleurs qu’en Europe » : ce sont presque les derniers mots des Damnés de la terre (1961), cet essai de Frantz Fanon qui, depuis sa parution, a fait le tour de la planète, et ils peuvent se lire comme la prédiction du renversement qui, aujourd’hui, s’accomplit. Cet appel à « changer de bord » revendiquait une échappée émancipatrice dans la quête d’un humanisme véritable, où le souci de l’humanité ne soit plus éclipsé par les intérêts de nations dominatrices ou par les identités de peuples conquérants. Dans le sillage du Discours sur le colonialisme (1955) de son compatriote martiniquais Aimé Césaire, Les Damnés de la terre magnifiait un universalisme véritable, sans nation propriétaire, sans frontière identitaire.
« Qu’il me soit permis de découvrir et de vouloir l’homme, où qu’il se trouve », avait écrit Fanon en conclusion de son premier livre, Peau noire, masques blancs (1952), où il rappelait cette mise en garde de « [son] professeur de philosophie, d’origine antillaise : “Quand vous entendez dire du mal des Juifs, dressez l’oreille, on parle de vous” », avec ce commentaire : « Un antisémite est forcément négrophobe. » En exergue d’un des chapitres, il avait placé ces mots d’Aimé Césaire : « Il n’y a pas dans le monde un pauvre type lynché, un pauvre homme torturé, en qui je ne sois assassiné et humilié. »
L’Europe s’est refusée à toute humilité, à toute modestie, mais aussi à toute sollicitude, à toute tendresse.
Le droit international est la traduction juridique de cet humanisme essentiel. Un humanisme dont Fanon, une décennie plus tard, celle des guerres coloniales françaises, du Vietnam à l’Algérie, constatait rageusement que l’Europe l’avait renié.
« Quittons, écrit-il alors dans Les Damnés de la terre, cette Europe qui n’en finit pas de parler de l’homme tout en le massacrant partout où elle le rencontre, à tous les coins de ses propres rues, à tous les coins du monde. […] L’Europe s’est refusée à toute humilité, à toute modestie, mais aussi à toute sollicitude, à toute tendresse. Elle ne s’est montrée parcimonieuse qu’avec l’homme, mesquine, carnassière homicide qu’avec l’homme. Alors, frères, comment ne pas comprendre que nous avons mieux à faire que de suivre cette Europe-là. »
Dans ce réquisitoire où il dresse l’Europe contre elle-même, Fanon en brandit la promesse trahie pour mieux revendiquer un dépassement qui, enfin, l’accomplisse. Cette Europe qui a proclamé l’égalité naturelle, puis édicté l’universalité des droits, piétinait et saccageait l’une et l’autre par le colonialisme et l’impérialisme, les déniant aux peuples et aux humanités qu’elle opprimait et exploitait.
Poison mortel
Et c’est cette imposture dévastatrice que la longue injustice faite à la Palestine par l’occupation et la colonisation de ses territoires depuis 1967, la ségrégation et la discrimination de son peuple qui en découlent, ont perpétuée jusque dans notre présent, diffusant au sein même de la société israélienne un poison mortel pour les idéaux démocratiques dont témoigne l’ascension de forces juives d’extrême droite, aussi racistes que le sont des antisémites.
La résonance actuelle de ce livre-manifeste prouve que l’espérance internationaliste et humaniste de la décolonisation n’est pas une vieillerie révolue, mais toujours une promesse active. Paru quelques jours avant le décès de son auteur, qui avait épousé la cause indépendantiste algérienne, Les Damnés de la terre fut publié fin 1961, soit l’année même où Nelson Mandela, renonçant à la stratégie non violente de l’ANC sud-africaine face au régime d’apartheid, alla s’entraîner à la lutte armée auprès du FLN algérien dans ses bases clandestines au Maroc, quelques mois avant son arrestation le 5 août 1962.
Mais la résonance va encore au-delà : l’apartheid, régime de ségrégation raciale, fut institué en 1948, l’année où, à la fois, fut adoubée par les Nations unies la création de l’État d’Israël, proclamée la Déclaration universelle des droits de l’homme et approuvée la Convention sur le génocide.
Les principes, valeurs et droits fondamentaux qu’invoque l’Afrique du Sud face aux actes de l’État d’Israël à Gaza ne valent pas seulement pour la Palestine.
Relire Frantz Fanon, c’est donc prendre la mesure de ce qui se joue pour notre futur autour de ce que la Palestine dit au monde depuis que son droit à exister en tant qu’État souverain lui est dénié, alors qu’avec Yasser Arafat à sa tête, elle a fini par concéder ce droit à l’État d’Israël, malgré l’expulsion – la Nakba – dont une partie de son peuple a été la victime en 1948. Qui, aujourd’hui, va sauver l’universalité et, surtout, l’universalisable – au sens d’un partage et d’une solidarité – des droits, de la justice et de l’égalité, échappant ainsi à leur appropriation prédatrice par des États, des peuples et des nations qui se prétendent propriétaires légitimes d’un universel au point de s’autoriser à le contredire et à le bafouer dès que leurs égoïsmes, notamment économiques, sont en péril ?
L’Afrique du Sud apporte la réponse devant la Cour de La Haye : l’origine ne protège de rien, il n’y a pas d’universel dont telle nation, civilisation, culture, etc., aurait le monopole ou le privilège, il n’y a que de l’universalisable qui se joue à chaque épreuve concrète où le sort d’une humanité particulière – agressée, persécutée, violentée, discriminée, effacée, exterminée, etc. – met en péril celui de l’humanité tout entière. Rigoureusement juridique sur le terrain du droit international, cette requête devant la CIJ pose la question politiquement décisive de l’universalité sans frontières des valeurs supranationales dont se réclament, du moins sur le papier, les États-nations de notre continent et l’Union européenne qui les regroupe.
Les principes, valeurs et droits fondamentaux qu’invoque l’Afrique du Sud face aux actes de l’État d’Israël à Gaza ne valent pas seulement pour la Palestine. Ils valent, au même instant, pour l’Ukraine victime d’une guerre d’agression de l’impérialisme russe, avec son cortège de crimes de guerre et contre l’humanité – et ce rappel vaut pour les dirigeants sud-africains qui, à ce jour, n’ont pas condamné Moscou. Mais ils valent aussi pour le peuple de Syrie, hier et toujours martyr du régime dictatorial qui l’opprime avec l’appui de l’Iran et de la Russie. De même qu’ils valent pour les Ouïghours, ce peuple turcophone majoritairement musulman persécuté par la Chine au Xinjiang. Tout comme ils valent pour tous les peuples qui subissent le joug de pouvoirs étatiques dont l’apparent soutien à la cause palestinienne sert de diversion par rapport au sort inique qu’ils leur imposent, de l’Iran à la Turquie, sans oublier les absolutismes monarchiques qui règnent sur la péninsule arabique.
Il n’est d’humanisme qu’internationaliste. C’est ce que signifiait Nelson Mandela en disant sa reconnaissance envers le peuple palestinien pour son aide dans le combat contre l’apartheid : « Nous savons très bien que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens », confiait-il. À l’inverse, l’indifférence de la plupart des dirigeants européens envers le sort de la Palestine met en péril l’idée que l’Europe se fait d’elle-même, de ses valeurs et de ses principes.
Que pourra-t-elle dire demain face à des violations du droit international qui l’alarment ou la menacent, à l’instar de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, après n’avoir pas su venir au secours de la Palestine ? Comment osera-t-elle faire la leçon à d’autres puissances, autoritaires et impérialistes, qui rejettent tout droit supranational pouvant contrarier leurs ambitions quand elle n’a pas su le défendre face à l’État d’Israël, voire quand elle y a tout simplement renoncé par la voix de certains de ses responsables assumant un soutien « inconditionnel » à cet État, quels que soient ses actes ?
Il y a un peu plus d’un an, le 13 octobre 2022, Josep Borrell, vice-président de la Commission européenne et haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, prononçait le discours d’ouverture de la nouvelle Académie diplomatique européenne à Bruges.
« L’Europe », a-t-il alors expliqué non sans fierté, « est un jardin » où « tout fonctionne », « la meilleure combinaison de liberté politique, de prospérité économique et de cohésion sociale que l’humanité ait pu construire ». À l’inverse, s’inquiétait-il, « la plus grande partie du reste du monde est une jungle, et la jungle pourrait envahir le jardin ». « Les jardiniers [européens] doivent aller dans la jungle, recommandait-il alors. Les Européens doivent être beaucoup plus engagés avec le reste du monde. Sinon, le reste du monde nous envahira, de différentes manières et par différents moyens. »
À l’aune de Gaza ravagé et de la Palestine meurtrie, où est le jardin, où est la jungle ? Et où sont passés ces officiels « jardiniers » européens qui, ces derniers mois, ont déserté le souci du monde et de l’humanité ? Loin de nous être étrangère, la jungle prolifère par les aveuglements de la conquête et de la puissance, de l’exploitation et de la domination. Quant au jardin, aussi propre soit-il en apparence, il peut être le terreau des pires barbaries, celles qui, au nom d’identités, d’origines, de civilisations se croyant supérieures à d’autres, mènent au crime de génocide.
ENTAME DIFFICILE POUR LES FAVORIS À LA CAN
Seul le Sénégal a réussi son entrée en matière. La Tunisie et le Maroc, en lice plus tard dans la compétition, sont prévenus
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 16/01/2024
Seul le Sénégal a réussi son entrée en matière lors de la première journée de la Coupe d'Afrique des Nations 2023 qui se déroule actuellement en Côte d'Ivoire. Les Lions de la Teranga se sont imposés 3-0 face à la Gambie dans le groupe C.
Les champions d'Afrique en titre ont fait forte impression en s'appuyant sur leur pépite Lamine Camara. À seulement 20 ans, l'attaquant a inscrit un doublé pour mettre les siens sur de bons rails. Grâce à cette victoire, le Sénégal prend la tête de sa poule devant le Cameroun et la Guinée.
Car ces deux sélections ont buté sur un score de parité 1-1 lors de leur opposition. Mohamed Bayo avait donné l'avantage aux Guinéens sur une réalisation du Toulousain Franck Magri pour les Camerounais, réduits à 10 pendant une mi-temps après l'exclusion de leur capitaine François Kamano. Malgré leur supériorité numérique, les Lions Indomptables n'ont donc pas pu empocher les 3 points.
L'Algérie, tenante du titre sortie dès le premier tour lors de la précédente édition, a également débuté sa campagne par un match nul 1-1 face à l'Angola. Bien qu'en tête grâce à un but de Baghdad Bounedjah, les Fennecs se sont fait rejoindre sur penalty par Cristovao Paciencia "Mabululu" qui a imité la célébration de Bafétimbi Gomis.
Selon l'AFP, cette entame poussive des cadors rend la vie dure aux favoris en Côte d'Ivoire, où seuls les Eléphants locaux se sont imposés 2-0 contre la Guinée-Bissau. Le Nigeria, l'Egypte et le Ghana ont également été contraints au match nul ou à la défaite pour leurs débuts. La Tunisie et le Maroc, en lice plus tard dans la compétition, sont prévenus. Il leur faudra se méfier pour ne pas décevoir à leur tour.
LE RAPPEL A L'ORDRE DU CNRA
le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel a rappelé les obligations des médias en cette période pré-électorale.
Dans un communiqué rendu public ce 17 janvier, le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel a rappelé les obligations des médias en cette période pré-électorale. En effet, le CNRA souligne avoir constaté des manquements graves relatifs à la diffusion de déclarations ou de messages de soutien à des candidats. Il exhorte aux médias, dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions, le refus d’inviter dans des débats des représentants de forces politiques présentant des candidats et à l’exposition à l’antenne de photos de personnages de nature à porter atteinte à leur dignité, à leur réputation, à les jeter à la vindicte populaire ou à inciter à la violence à leur égard.
Le CNRA avertit que « de tels agissements, qui exposent les médias concernés aux sanctions prévues par la réglementation, ne sauraient être tolérés ».
Il appelle à la responsabilité des médias pour le respect de toutes les dispositions réglementaires tels que l’interdiction de la diffusion de toute forme de propagande déguisée, la non incitation à la violence ou à des comportements délictueux, inciviques, le traitement équitable et équilibré des candidats ou des forces politiques présentant des candidats, lorsque des débats sont organisés.
Par ailleurs le CNRA rappelle que les techniciens de médias « sont tenus de faire une présentation honnête, impartiale et objective des questions et sujets traités ».
LA ROMA SE SÉPARE DE JOSE MOURINHO
José Mourinho et l'AS Roma, c'est fini. Le technicien portugais quitte le club avec effet immédiat, après 138 rencontres à sa tête, a annoncé la Roma ce mardi.
La défaite face au Milan (3-1) dimanche aura été celle de trop. José Mourinho n'est plus l'entraîneur de l'AS Roma. Les Romains sont englués à la 9e place de Serie A à 4 points de la 5e place qualificative en Coupe d'Europe. Dans son communiqué, le club explique sa décision : « Nous garderons toujours de bons souvenirs de son mandat à la Roma, mais nous pensons qu'un changement immédiat est dans le meilleur intérêt du club. »
Le « Special One » a notamment hissé le club de la Louve jusqu'en finale d'Europa Ligue la saison dernière. Mais ce dernier a surtout remporté la première édition de la Ligue Europa Conference, avec l'AS Roma. Son successeur n'a pas encore été annoncé. La Roma indique qu'elle donnera « d'autres mises à jour sur la nouvelle équipe d'entraîneurs sous peu. »