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3 juin 2025
par Ousmane Sonko
CHEIKH ANTA DIOP, UNE LUMIÈRE POUR LES DÉFIS ACTUELS ET À VENIR
Notre monde est en crise d'humanité et de civilisation. La pensée de celui dont nous célébrons le centenaire indique de regarder du côté de l'Afrique où se joue son avenir, là où précisément l'Humanité est née
Les échos de la célébration, par la communauté scientifique africaine et sénégalaise, de la vie et de l'œuvre du professeur Cheikh Anta Diop, me sont parvenus.
La commémoration du centième anniversaire de ce grand savant panafricain survient alors que la jeunesse, les communautés et les élites progressistes sont résolument engagées dans un combat politique et culturel pour la renaissance de l'Afrique et de sa Diaspora. Au centre de cette reconquête de l'initiative historique par les Africains, se trouve l'enjeu capital de la réappropriation de nos patrimoines historiques, culturels, linguistiques ainsi que celles de nos valeurs qui font la magnificence des civilisations africaines depuis l'Égypte pharaonique noire.
Faut-il le rappeler, le renouveau intellectuel et culturel dans lequel s’inscrit mon engagement repose sur la souveraineté. Et le projet porté par Pastef s'enracine dans l’histoire des peuples africains en lutte pour leur dignité et fondamentalement pour la souveraineté, la sécurité, la gouvernance démocratique, la richesse partagée et le bien-être de tou.t.e.s. conformément aux valeurs morales et humaines profondes de notre continent.
C’est pourquoi, la vision et le programme de Pastef s’inspirent d’ailleurs en partie de la pensée stratégique du professeur Cheikh Anta Diop dont l'enseignement doit être plus et mieux institutionnalisé.
Je suis d’ailleurs déterminé à relever le défi de l'éducation dans nos langues africaines, à donner des moyens accrus à la recherche dans tous les domaines, à développer la formation professionnelle valorisant tous les métiers productifs, artistiques et culturels. Mais surtout, je suis déterminé à mener une politique réellement panafricaine de remembrement solidaire des espaces économiques, commerciaux et culturels pour une économie d'abondance au Sénégal, dans notre sous-région et sur tout le continent africain.
Je sais que le professeur Cheikh Anta Diop a mis l'accent sur l'exploitation judicieuse de nos ressources foncières, minières, forestières, hydro-électriques, etc. en s'appuyant sur la recherche technologique de pointe. Il a par ailleurs démontré la nécessité de réaliser des infrastructures modernes de sorte à connecter toutes les régions du continent entre-elles. Tout ceci doit selon sa pensée renforcer le sentiment d'une nouvelle citoyenneté panafricaine. Et tout cela est l'aspiration exprimée par une jeunesse africaine en plein éveil de conscience.
Au demeurant, notre monde est dévasté par des inégalités sociales insoutenables, des violences et des guerres destructrices. Il est en crise d'humanité et de civilisation. La pensée de celui dont nous célébrons le centenaire indique de regarder du côté de l'Afrique où se joue son avenir, là où précisément l'Humanité est née.
Pour toutes ces raisons, je souhaite plein succès à cette importante célébration d’un homme modèle de vertus dont les travaux sont d’une brûlante actualité.
par Khadim Ndiaye
CHEIKH ANTA DIOP, 100 ANS AUJOURD’HUI
A l'occasion du centenaire de sa naissance, replongez dans les souvenirs que Jan Carew a laissés de sa rencontre avec Cheikh Anta Diop en 1972 en Éthiopie
En 1972, Cheikh Anta Diop se rend à Addis-Abeba (Éthiopie) pour assister à la Conférence annuelle de l’Association of African Studies (ASA) qui se tient dans l’immeuble de l’Organisation de l'unité africaine (OUA).
Diop y est accueilli par Tsegaye Gebre-Medhin (1936-2006), son disciple éthiopien, qu’il dirigera en thèse sur le théâtre égyptien dans les années 1980. Il y rencontre également Jan Carew (1920-2012), homme de lettres d'origine guyanaise, qui enseignera plus tard à Princeton et Northwester University.
La conférence enregistre la présence d’un autre invité de marque : le Guyanais Walter Rodney, auteur du fameux ouvrage, How Europe Underdeveloped Africa.
Jan Carew, narrateur enchanteur, rapporte quelques détails de ce séjour qu’il passa en compagnie de si distingués participants.
« Rodney et Diop ensemble à Addis-Abeba, quel événement historique ! », s’exclame-t-il. Le premier, « fils de la diaspora africaine », avait, selon ses termes, « consacré sa vie d'érudit-militant à entretenir la flamme de la libération africaine », tandis que le second « avait usé de ses formidables dons intellectuels, de son courage et de sa vision d'une Afrique libérée, pour redonner à ce continent et à ses peuples la place qui leur revient dans l’histoire du monde ».
Diop et Rodney n’ont pas pu, malheureusement, échanger longuement. Ils se sont croisés en passant, sollicités qu’ils étaient, tous les deux, par les interpellations de nombreux étudiants et curieux venus assister à la conférence. Décrivant leur aura et l’attraction qu’ils exerçaient lors de cette rencontre, Carew note que les deux illustrent invités étaient « comme des lions intellectuels au milieu des moutons académiques lors de cette conférence de l’ASA en 1972 ».
Carew loue également leur intégrité morale, soulignant chez eux, « le même genre d’honnêteté intellectuelle et d'intégrité morale » qui faisait grimacer les « accommodants ».
Ce face-à-face de 1972 entre ces deux grands esprits était leur première et dernière rencontre.
En marge de la conférence, Tsegaye, emmena Diop et Carew en excursion d’une journée durant laquelle ils découvrirent les beautés de la campagne éthiopienne.
Carew raconte exquisément le périple : « Nous traversâmes des lits de rivières asséchés et nous nous reposâmes à l’ombre d’acacias solitaires que les charbonniers avaient épargnés. Le premier lac que nous avons visité se trouvait dans un immense bassin concave bordé de collines blanchies jusqu’à l’os. Une combinaison de bûcherons débauchés, de pluies et d’érosion avait dénudé le paysage de sa végétation. Au bord du lac, il y avait un arbre sacré comme une sentinelle solitaire qui contemplait son image dans l’eau calme. L’écorce était tachée de sang sacrificiel et des centaines de clous avaient été enfoncés dans son tronc. »
Au cours de l’excursion, ils rencontrent une vieille femme que Carew décrit comme « courbée en deux sous le poids d'un énorme paquet de fagots ». La femme, poursuit Carew, « monta lentement la colline, équilibrant son fardeau et agrippant la terre de ses pieds nus. Elle luttait, non seulement avec le poids de son baluchon, mais aussi contre un vent froid et persistant. »
De manière spontanée, les trois hommes allèrent à sa rencontre pour l’aider. « Son visage, rapporte Carew, qui avait été brûlé par le vent et le soleil pendant des décennies, avait des rides profondes creusées par les saisons de labeur, en portant et en élevant des enfants et en luttant contre les angoisses quotidiennes. Pendant un instant, il y eut un regard effrayé dans ses yeux. Tsegaye lui parla doucement, mais elle continua péniblement, ignorant notre offre d'aide. »
Cheikh Anta Diop insista et la suivit. Se faisant aider de Tsegaye qui traduisait ses propos, Diop arriva à persuader la vieille dame d'accepter un don d'argent à sa famille. Ce que Carew qualifia de « geste d'amour, de compassion et d'amitié ».
Poursuivant leur chemin, les trois hommes semblaient fusionner avec la nature. Diop, solide, paraissait infatigable. « En marchant, écrit Carew, dans les collines où l’herbe desséchée avait été aplatie par le vent, et où Diop ne semblait jamais se fatiguer, nous nous arrêtions pour regarder un pélican se poser gracieusement sur la surface ensoleillée du lac. »
Subjugué par l’énergie du Sénégalais, déployée tout au long du séjour, Carew conclut : « Diop semblait avoir réussi une enviable harmonie entre énergie physique, spirituelle et intellectuelle. Je n’ai pas pu m’empêcher de le voir en contraste frappant avec les nombreux intellectuels noirs que je devais rencontrer constamment lors de conférences, et qui, dans leur tentative frénétique de redorer leur héritage et d’être acclamés par leurs mentors blancs, se déchiraient littéralement psychologiquement. »
Eh bien, cet homme sur lequel Jan Carew ne tarissait pas d’éloges aurait eu 100 ans aujourd’hui
par Alioune Dione
CHEIKH ANTA DIOP, INTINÉRAIRE D’UN SAVANT COURGEUX ET ANTICONFIRMISTE
Cheikh Anta Diop est avant tout un mémoire vivant, le panthéon du savoir nègre qui a su remettre sur les rails une vérité mise sous silence depuis plusieurs générations. Ces réflexions ne doivent pas être laissées aux oubliettes
« L’ignorance de l’histoire de son peuple est une forme de servitude ».
La lumière a jailli le 29 décembre 1923 dans le terroir de Caytu, un village se situant à 29 kilomètres du département de Bambey dans la région de Diourbel. C’est dans cette contrée qui se trouve à 150 Kilomètres de Dakar que Cheikh Anta Diop, digne fils de la Linguère Maguette Diop et du jeune Massamba Sassoum Diop qui décède peu de temps après la naissance de son prodige, a vu le jour. Orphelin de père, le jeune Cheikh Anta passe son enfance sous la tutelle d’érudits soufis, ce qui lui confère une base d’enseignement coranique et philosophique ancrée dans l’esprit du mouridisme. Son intelligence frappe très tôt son entourage, ce qui lui donna la possibilité d’entamer ses études scolaires à l’école française de Diourbel. Dès son arrivée à Diourbel, il vit sous le toit de Cheikh Ibra Fall, disciple ésotérique de Cheikh Ahmadou Bamba et père adoptif de Cheikh Anta, il lui inculqua la rigueur et l’ardeur du travail, valeurs intrinsèques du mouridisme.
Diourbel fut un terroir de formation et d’émancipation pour Cheikh Anta Diop, son enseignement en primaire fut sanctionné par le certificat de fin d’études primaires qu’il obtint en étant le premier du centre. Après sa réussite, il retrouve sa mère à Médina dans la banlieue dakaroise pour s’inscrire au lycée Vallenhoven qui est l’actuel lycée Lamine Guèye. Sa soif de connaissances et ses bases linguistiques solides en Wolof lui poussent à vouloir créer un alphabet commun pour les langues africaines. Un projet osé qu’il va abandonner pour mieux poursuivre sa carrière scientifique. Cheikh Anta fit sa première partie d’études secondaires à Dakar mais ses différends avec son professeur de français M. Boyau lui poussent à quitter Dakar pour s’inscrire en série mathématique au lycée Faidherbe de Saint Louis.
Esprit curieux, Cheikh Anta finit par obtenir son baccalauréat en Mathématique à Saint Louis, diplôme qu’il va réenrichir par son brevet de capacité coloniale en philosophie à Dakar. Parcours typique d’un jeune intellectuel à la conquête du savoir. Cette ingéniosité acquise si tôt lui conduit à Paris où il s’inscrit au lycée Henri-IV pour devenir ingénieur en aéronautique. Parallèlement, il va s’inscrire à la Sorbonne où il décroche sa licence de philosophie.
Préparant sa thèse sur l’historiographie africaine intitulée De l’antiquité Nègre Egyptienne aux problèmes culturels de l’Afrique Noire d’Aujourd’hui dans laquelle, il affirme l’origine négroïde de la civilisation égyptienne, Cheikh Anta peine à réunir un jury pour sa soutenance. Ce refus des académiciens d’être membres du jury de sa thèse n’avait rien d’académique mais il était d’ordre idéologique. Le jeune chercheur sénégalais venait de faire bouger la ligne de stabilité scientifique sur l’hégémonie hellénistique comme source et fondement de toute science.
Les idéologues de ce refus cherchaient à protéger une supériorité scientifique et culturelle de l’Occident à l’égard des autres « races » secondaires, de ce fait, ils ne pouvaient pas accepter cette « vérité » qu’avançait un jeune nègre. Le combat d’historicité qu’a entamé Cheikh Anta a laissé perplexes le monde scientifique et surtout les Egyptologues sur l’origine négroïde des égyptiens. Une thèse que Cheikh Anta n’est pas le premier à avancer mais il est le premier à le démontrer avec tant d’acuité. Son courage intellectuel pour montrer que la scientificité n’obéit pas à des critères standards lui rapproche d’Aimé Césaire qui s’est battu pour lui trouver une maison d’édition. Quoi de plus normal que de publier cette thèse chez un éditeur africain ? L’ouvrage fut publié dans Présence Africaine, une maison d’édition créée par le philosophe Sénégalais Alioune Diop pour définir l’originalité africaine. L’ouvrage publié sous le titre Nations nègres et culture va bousculer l’univers intellectuel occidental. Historien, socio-anthropologue, philosophe et scientifique Cheikh Anta s’est battu sur tous les fronts de la science pour défendre sa thèse. Cette opiniâtreté lui a valu l’acceptation de sa soutenance en 1960. Cette soutenance polémique qui a duré sept heures de temps fut sanctionnée par une mention honorable pour tenir l’intellect rebelle hors des amphithéâtres occidentaux. Les critiques qui lui ont été faites sont d’ordre bibliographique et méthodologique pourtant dans le fond du problème aucune antithèse concernant l’origine négroïde de l’Egypte antique.
Cette brèche historique qu’à ouvert Cheikh Anta dans le monde scientifique ne sera pas laissée inexplorée. De conférence en conférences, d’ouvrage en ouvrages, Cheikh Anta approfondit sa pensée avec des arguments à la fois comparatifs, linguistiques et génétiques. L’ouvrage Nations nègres et culture vu comme un nouveau souffle de revalorisation de la conscience africaine n’en est pas seulement un ouvrage de galvanisation des Noirs et d’anoblissement des origines nègres, il est avant tout une thèse scientifique affirmant l’origine négroïde et monocentrique de l’Égypte antique. Elle démontre une souveraineté scientifique de l’Afrique noire dans les mathématiques, la géométrie et les sciences dites molles, ce qui lui opposera aux fondateurs du mouvement de la négritude qui s’axaient plutôt sur une relativité culturelle alors que Cheikh Anta Diop va au-delà d’une relativité qui ne décrit pas la réalité historique des faits.
La publication de l’œuvre de Cheikh Anta en 1954 annonce une rupture de perception rendant caduques toutes les théories qui avançaient l’origine polycentrique de l’Homme. Son courage intellectuel et son anticonformisme scientifique se confirment juste après sa soutenance où il prend le chemin du retour au Sénégal pour former les futurs intellectuels. Pourtant, sa candidature à la chaire de Sociologie à l’université de Dakar fut rejetée afin qu’il ne puisse pas formater les nouveaux étudiants à adhérer aux théories qu’il avançait. Ce rejet du poste d’enseignant-chercheur à ladite université qui porte son nom aujourd’hui va lui ouvrir les portes de l’IFAN où il sera assistant sous la direction de Théodore Monod. Ses travaux à l’IFAN sur le Mali et son laboratoire de datation des échantillons archéologiques par la méthode de radiocarbone lui donnent accès à des données qui vont plus éclairer sa thèse sur l’origine négroïde de l’Egypte et les relations socioculturelles et historiques que partagent les ethnies africaines et ceux des égyptiens antiques. Cette posture rebelle de l’intellect qui affirme que l’humanité a pris naissance en Afrique n’a pas manqué de résistances même chez ses disciples comme Amadou A. Dieng qui affirme : « l’un deçà de l’homme et l’au-delà de l’homme ne peut être connu par l’homme ». Cette critique est loin d’être scientifique dans la mesure où il est tout son ancrage repose sur une doctrine ésotérique refusant à l’Homme la capacité d’être à la fois sujet et objet de son origine et de son devenir.
Malgré la richesse de son parcours intellectuel, l’engagement politique de Cheikh Anta Diop fut un moment déterminent de son itinéraire intellectuel. Élevé dans un environnement mouride ou le nationalisme et l’anticolonialisme sont des doctrines for imprégnées, Cheikh Anta avait très tôt intériorisé les prérequis idéologiques contre toute négation ou domination. Ce qui lui a valu cet attribut d’adolescent hostile à l’autorité que lui taxait M. Boyau. Cette idéologie contestataire lui pousse à lutter farouchement contre la colonisation. Engagé en politique dès l’année 1947, Cheikh Anta consacre sa vie aux indépendances africaines. Il milite au Rassemblement Démocratique Africain dont il devient le secrétaire de 1950 à 1953. Dans cette organisation Diop fustige l’union française entre les pays africains et la France et propose un État fédéral africain. Ses prises de position à l’encontre de la Métropole vont se poursuivre jusqu’aux indépendances des pays africains en général et celle du Sénégal en particulier.
Dès 1961, Cheikh Anta Diop créa le Bloc des Masses Sénégalaises. Son engagement politique sera la cause de son emprisonnement en Juillet 1962, il sera libéré le mois d’Août de cette dite année. Son parti BMS fut dissout par le président Léopold Sédar Senghor en 1963. Suite à cela, il fonde le Front National Sénégalais pour contrecarrer la politique pro-occidentale Senghorienne, le parti sera interdit en 1964. En 1976, il crée un nouveau parti, le Rassemblement National Démocratique (RND), déclaré illégal peu après. Senghor démissionne du pouvoir en décembre 1980 et Abdou Diouf son successeur supprime les lois interdisant la formation de partis politiques. De cette façon, les charges qui pesaient contre Cheikh Anta Diop ne sont plus valables et le RND est légalement reconnu. Cependant, après les élections, Anta Diop refuse d’occuper le siège obtenu à l’Assemblée nationale pour protester contre ce qu’il considère comme des élections frauduleuses. Son esprit nationaliste et anticonformiste ne l’a pas propulsé en politique mais il a permis l’éclosion d’idées foisonnantes donnant corps et âme à l’afrocentrisme. Cheikh Anta au-delà de son apport intellectuel a donné un nouveau souffle de vie aux africains afin qu’ils se départissent de leur pessimisme ambiant et des affirmations fallacieuses faisant des peuples africains des populations non prométhéennes, primitifs et anhistoriques.
Cheikh Anta Diop est avant tout un mémoire vivant, le panthéon du savoir nègre qui a su remettre sur les rails une vérité mise sous silence depuis plusieurs générations. Ces réflexions ne doivent pas être laissées aux oubliettes car elles permettent un renouveau culturel et scientifique et déclenche un vent de changement et d’autonomie qui commencent à souffler partout en Afrique.
« Il faut veiller à ce que l’Afrique ne fasse pas les frais du progrès humain. (..) froidement écrasée par la roue de l’histoire. (…) On ne saurait échapper aux nécessités du moment historique auquel on appartient ».
Alioune Dione est Socio-anthropologue, auteur : Afrique et Contemporaneïté.
L'INVESTITURE DE SONKO INTERDITE, PASTEF S'INSURGE CONTRE LA PROVOCATION
Principal adversaire déclaré du régime, le chef de Pastef se voit refuser la tenue de l'événement officiel de lancement de sa candidature samedi 30 décembre, par le préfet. Son parti y voit une manœuvre de plus pour l'empêcher de concourir au scrutin
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 29/12/2023
La cérémonie d'investiture du candidat déclaré Ousmane Sonko prévue le 30 décembre 2023 à Dakar a été interdite par le préfet, a annoncé ce jour le parti Pastef. Une décision qui suscite l'indignation des partisans du leader emprisonné depuis plusieurs mois.
La cérémonie devait se tenir à partir de 15 heures au terrain Acapes des Parcelles Assainies, dans la capitale sénégalaise. Mais le préfet de Dakar en a décidé autrement, signifiant son interdiction au parti de l'opposant.
"Nous venons de recevoir l'arrêt portant interdiction de notre cérémonie d'investiture du 30 décembre", a déclaré El Malick Ndiaye, secrétaire national à la communication de Pastef, dans un communiqué. "Au même moment, le candidat de la servitude volontaire [en référence au Premier ministre Amadou Ba, porte-étendard de la coalition présidentielle] est en train de multiplier les meetings d'investiture un peu partout dans le pays", a-t-il dénoncé.
Pour le parti, cette décision préfectorale n'est qu'"une provocation de plus" visant à empêcher Ousmane Sonko de mener sa campagne électorale, alors qu'il reste emprisonné depuis plusieurs mois. "Nous invitons les militants et sympathisants à rester à notre écoute", a ajouté El Malick Ndiaye, laissant entendre que d'autres actions pourraient être menées en réaction à cette décision du représentant de l'État.
Cet énième rebondissement dans le bras de fer qui oppose le régime de Macky Sall à Ousmane Sonko risque de raviver les tensions, alors que l'opposant fait figure de principal challenger à la présidentielle de février 2024. Son emprisonnement et les entraves judiciaires à son parti sont souvent dénoncés comme autant d'atteintes à la démocratie sénégalaise.
La détermination affichée par Pastef souligne en tout cas que le bras de fer est loin d'être terminé.
NE TIREZ PAS
Le tirage au sort pour le contrôle du parrainage sera suivi comme un tirage de la Can ! Entre passer parmi les premiers et se retrouver à gérer des doublons, c’est comme entre poule abordable et poule de la mort.
Le tirage au sort pour le contrôle du parrainage sera suivi comme un tirage de la Can ! Entre passer parmi les premiers et se retrouver à gérer des doublons, c’est comme entre poule abordable et poule de la mort. Des outsiders pourraient faire bonne impression avec ce mode. Et donc, il pourrait y avoir des surprises dès la phase éliminatoire de ce vendredi. Ay waay on risque de filtrer ay kangam ! Après avoir juré d’avoir bouclé leur collecte depuis longtemps. Ne tirez pas SVP ! Mais tous doivent s’en remettre à la «sagesse» des sept.
Par Assane Guèye
LA FETE EST FINIE…
La fête est finie. Le rictus use le sourire. La morosité profite de la porosité. La vie est onéreuse. Elle le sera de plus en plus. La précarité est au plus près à mesure que les milliards pleuvent. Le Sénégalais galère.
La fête est finie. Le rictus use le sourire. La morosité profite de la porosité. La vie est onéreuse. Elle le sera de plus en plus. La précarité est au plus près à mesure que les milliards pleuvent. Le Sénégalais galère. Dakar meurt d’ennui. Elle est illuminée de guirlandes sans être radieuse. Les cœurs ne brillent pas de mille feux. Sans lumière, ils sont de pierre. Les anges du civisme se comptent sur le doigt d’une main. Le démon a pris la main. Il a le visage de la discipline plongée dans une piscine sans fond. Le manque d’intérêt pour l’intérêt général est aussi un naufrage. Les années défilent comme des mannequins. 2023 a été un éternel recommencement de l’histoire.
La fête est finie. C’est chacun pour soi. Habillé aux couleurs de Coca-Cola, le père Noël, à son corps défendant, commet un impair. Les enfants ont eu moins de cadeaux. Au pied du sapin, on leur pose plus souvent des lapins. Les enfants de chœur sont aussi privés parce que les adultes n’ont pas la main sur le cœur. Le portable collé à la main est désormais chevillé au corps. Il baisse les vigilances les plus intraitables et génère des misanthropes. Après le mésentère, dernière découverte dans l’anatomie de l’Homme, le cellulaire est devenu un nouvel organe humain. «Nos créatures finissent par nous échapper», a dit l’inventeur d’Internet. À force de mauvaise utilisation, on en a fait une poubelle remplie de détritus. Les applications sont là pour nous rappeler qu’on ne s’applique plus.
La fête est finie. La musique n’est plus bonne. Elle a déjà été jouée. Les discothèques disparaissent. Les Disc-Jockeys sont moins intéressants. Les outils sont plus sophistiqués mais il n’y a plus beaucoup de génie pour s’en servir. Le talent se fait rare. «La musique commence là où s’arrête le pouvoir des mots», a dit Wagner. Chez nous, ça parle beaucoup. La parole ne remplacera pas l’action ni la partition.
La fête est finie. L’année finissante est celle de l’autodafé. Visité en plein jour par l’obscurantisme, le temple du savoir a été mutilé. Les étudiants ne l’ont pas assez protégé. Ils en paient le prix. La soif de connaissance ne vaut plus rien à l’instar de lux mea lex. L’aplatissement a éteint les lumières. «Fermer une école, c’est ouvrir une prison», dit Victor Hugo.
La fête est finie. La bousculade au Conseil constitutionnel préfigure-t-elle la débandade. La quantité porte préjudice aux profils sérieux. Tout le monde parle en même temps. Personne ne s’entend au milieu de la cacophonie et la confusion. L’éligibilité est mise sur le même plan que la présidentiabilité. On mélange tout au lieu de faire le ménage.
La fête est finie. Le candidat du pouvoir croit au pouvoir de la continuité. Pourquoi n’a-t-il pas cherché un autre mot pour s’éviter la vacuité ? Le PM-candidat a des efforts à faire dans le discours pour ne pas risquer la discontinuité. Au sein de l’opposition baroque, on ne voit pas plus d’originalité. Elle balance les mêmes banalités à force de démagogie.
La fête est finie. Le divorce d’avec la jeunesse est brutal. La colère est là. Les gouvernements successifs se cassent les dents sur l’écrasante charge sociale. Les gens sont à bout. S’ils arrivent au bout de leur odyssée, ils ne voient jamais l’eldorado. C’est une légende. Une contrée utopique dont les murs étaient soi-disant en or. C’étaient des roches contenant du mica qui brillent au soleil. Pourtant, les damnés de la terre restent et demeurent les damnés de la mer. Citoyens d’un pays si stable, les candidats à l’exode se bouchent aussi les oreilles devant la perspective du pétrole et du gaz. Ils ne sont pas impressionnés.
La fête est finie. Les défaites vont s’accumuler au rythme des crises. Une fête de l’esprit nous tirera peut-être de ce mauvais pas. 2024 commence bon an mal an par le long tunnel de la Présidentielle.
PARLEMENT DE LA CEDEAO, LE GROUPE REPRESENTANT LE SENEGAL RENOUVELE
L’Assemblée nationale du Sénégal a procédé vendredi au renouvellement du groupe de députés devant la représenter au Parlement de la Cédéao, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
Dakar, 29 déc (APS) – L’Assemblée nationale du Sénégal a procédé vendredi au renouvellement du groupe de députés devant la représenter au Parlement de la Cédéao, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, a constaté l’APS.
Cent-treize députés ont participé à la plénière organisée à cet effet, cent-huit ont voté en faveur du renouvellement de la composition des députés sénégalais de la Cédéao. Un député a voté contre, un autre s’est abstenu.
La députés Souleymane Ndoye, Ibrahima Baba Sall, Abdoulaye Wilane, Maimouna Sène, Woré Sarr et Guy Marius Sagna vont désormais représenter le Sénégal au Parlement de la Cédéao, au terme de ce vote.
Le président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, citant l’article 4 du fonctionnement du Parlement de la Cédéao, a rappelé que les députés ayant prêté serment et reconduits comme députés dans leur pays sont systématiquement membres de l’institution sous régionale.
Seuls Maimouna Sène et Guy Marius Sagna font donc leur entrée au Parlement de la Cédéao au titre du Sénégal, les autres étant déjà membres de la précédente équipe.
Ces parlementaires sénégalais titulaires auront comme suppléants Moussa Souaré, Dior Mbengue, Mame Fatou Ndiaye, Ramata Sall, Rama Cissokho et Lamine Faye.
PRÉSIDENTIELLE 2024, VOICI L’ORDRE DE PASSAGE DES CANDIDATS POUR LE CONTRÔLE DES PARRAINS
Le Conseil constitutionnel a établi l’ordre de passage des candidats à l’élection présidentielle du 25 février prochain, au terme d’un tirage au sort effectué en présence des candidats ou de leurs représentants et mandataires
Le tirage au sort déterminant l’ordre de contrôle des fiches de parrainages des candidats déclarés à l’élection présidentielle du 25 février 2024 a été effectué ce vendredi au siège du conseil constitutionnel.
1- Boubacar Camara
2- Cheikh Hadjibou Soumaré
3- Ousmane Kane
4- Ousmane Sonko
5- Amadou Aly Kane
6- Papa Eugène Barbier
7- Me El Hadji Moustapha Diop ( Me El Hadji Diouf président)
8- Abdoulaye Sylla
9- Cheikh Tidiane Gadio
10- Mohamed Ben Omar Sy Diop (Grande Coalition pass-pass)
Suite au tirage, le Conseil constitutionnel entamera la vérification des parrainages, un processus qui s’annonce aussi laborieux que crucial. Les candidats dont les dossiers présentent des irrégularités, notamment des doublons, seront notifiés et auront 48 heures pour rectifier le tir. Cette étape est vitale pour préserver l’intégrité de l’élection et garantir que chaque candidature répond aux critères légaux et réglementaires établis.
Le juge Mamadou Badio Camara a, en outre, indiqué que tous les 93 dossiers déposés au Conseil constitutionnel sont concernés par le tirage au sort. Toutefois, seuls ceux qui présentent les 9 pièces exigées à l’article 121 du Code électoral et qui comprennent un nombre de parrains au moins égal au minimum requis par la loi feront l’objet d’un contrôle de parrainage. Cette mesure s’explique par le souci de ne point entraver les candidatures en accroissant les risques d’éliminations du fait de doublons externes.
A noter aussi que l’obtention du nombre requis de parrainages validés est une condition nécessaire mais non suffisante à la recevabilité des candidatures. Celles-ci étant en outre soumises aux conditions de fond prévues par l’article 28 de la Constitution et aux autres conditions de l’article L121 du Code électoral.
LAMINE CAMARA, L’AMBASSADEUR DE LA PETITE CATÉGORIE SÉNÉGALAISE À LA CAN
Lamine Camara, élu meilleur jeune joueur africain par la Confédération africaine de football, lors des CAF Awards du 11 décembre dernier, est convoqué par le sélectionneur des Lions Aliou Cissé pour participer à sa première Coupe d’Afrique des nations
Dakar, 29 déc (APS) – Lamine Camara, élu meilleur jeune joueur africain par la Confédération africaine de football, lors des CAF Awards du 11 décembre dernier, est convoqué par le sélectionneur des Lions Aliou Cissé pour participer à sa première Coupe d’Afrique des nations sénior en Côte d’Ivoire (13 janvier-11février 2024).
Son rêve d’intégrer l’équipe nationale A, Lamine Camara l’a réalisé depuis le 12 septembre dernier, lors du match amical perdu contre l’Algérie (0-1) au stade Abdoulaye Wade de Diamniadio.
Entré à la 70e mn de jeu à la place de Pape Matar Sarr, son aisance dans le jeu, son habilité technique, la justesse de ses passes, ses dribbles de folie et sa capacité à insuffler du rythme au match avaient conquis le nombreux public de Diamniadio.
La belle prestation et les premières chevauchées du joueur formé à l’école de football Galaxy de Rufisque étaient accompagnées par une salve d’applaudissements.
Pour sa deuxième sélection, le 18 novembre dernier, il a inscrit son premier but en équipe nationale, contre le Soudan du Sud, en match comptant pour la première journée des éliminatoires de la Coupe du monde 2026.
Sa convocation par le sélectionneur des Lions Aliou Cissé pour la CAN 2023, sonne comme une évidence au vue de son parcours exceptionnel depuis le Championnat d’Afrique des nations (CHAN) 2023 en Algérie où il s’est révélé au public sénégalais.
Lors de cette compétition, il est élu à trois reprises homme du match. Il a ensuite été nommé meilleur jeune joueur de la compétition remportée par le Sénégal. Camara figure aussi dans l’équipe type du CHAN.
L’ancien joueur de Génération Foot est ensuite convoqué en équipe nationale des moins de 20 ans pour la CAN 2023 de la catégorie. Le natif de Diouloulou à Ziguinchor (sud) en deviendra le meilleur joueur, en plus du sacre continental.
Le 1er juillet 2023, il rejoint le FC Metz (Ligue 1 française). Il marque son premier but en Ligue 1, le 22 octobre, lors de la 9e journée contre Monaco à la 4e mn. Sur une magnifique inspiration, le milieu relayeur a expédié la balle, dans les camps monégasques, d’un lob de 58,4 mètres.
Ce but a reçu le titre de la ‘’meilleure réalisation’’ de l’année 2023 décerné par le journal quotidien sportif français l’Equipe. En plus d’être le quatrième plus lointain but en Ligue 1 depuis 2006.
Joueur très généreux dans l’effort et disponible sur le terrain, adepte du box to box (un milieu de terrain capable aussi bien de défendre dans sa propre surface de réparation que d’aller marquer un but), L’ancien cadet du Casa Sports (Ligue 1 sénégalaise) a un gros volume de jeu. Il défend bien et sait casser les lignes adverses, selon plusieurs spécialistes sénégalais.
Pourtant au début de sa carrière, ses prestations étaient peu convaincantes. Mais au fil du temps, il est aisé de saluer ses belles performances actuelles qui augurent une carrière prometteuse pour le milieu de terrain offensif.
Sa manière impressionnante de mener les marquages intenses sur l’adversaire et sa générosité dans le jeu lui ont valu le surnom de ‘’Le maçon’’ aussi, en raison des inlassables efforts qu’il fournit sur toute l’étendue de la pelouse.
Son talent égale son engagement lorsqu’il a soutenu que le Sénégal, champion d’Afrique en titre, doit assumer son statut de tenant du titre à la prochaine Coupe d’Afrique des nations de football 2023 en Côte d’Ivoire avec l’ambition de conserver son trophée.
‘’A cause des efforts que je fais, il m’arrive de défendre plus que je n’attaque. C’est ce qui fait que je marque moins. J’en suis conscient et je cherche à m’améliorer’’, avait récemment dit Camara.
Le joueur de 20 ans présente un profil similaire à celui de Pape Matar Sarr (Tottenham, Premier League anglaise), qu’il a succédé au titre de meilleur jeune joueur africain.
En équipe nationale, Lamine Camara sera entouré d’Idrissa Gana Gueye son ‘’plus grand modèle’’ et de Sadio Mané qui est “une légende qui inspire mon style de vie’’.
AKWABA, L’HYMNE DE LA CAN 2023 TRADUIT L’HOSPITALITÉ CHALEUREUSE DE LA CÔTE D’IVOIRE
L’hymne officiel de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) en Côte d’Ivoire (13 janvier -11 février 2024), intitulé « Akwaba » ou « Bienvenue » en baoulé, langue principalement parlée en Côte d’Ivoire, traduit «l’hospitalité chaleureuse» de la Côte d’Ivoire
Dakar, 29 déc (APS) – L’hymne officiel de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) en Côte d’Ivoire (13 janvier -11 février 2024), intitulé « Akwaba » ou « Bienvenue » en baoulé, langue principalement parlée en Côte d’Ivoire, traduit « l’hospitalité chaleureuse » de la Côte d’Ivoire et « la diversité culturelle » de l’Afrique, estiment la Confédération africaine de football et le comité d’organisation de la CAN.
Cette chanson a été diffusée pour la première fois lors du tirage au sort de la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAF) « TotalEnergies Côte d’Ivoire 2023 », qui s’est déroulé à Abidjan avec un clic rendu public début décembre. Retenue pour le tournoi, elle réaffirme le thème de la fierté du football africain.
L’hymne est également « une déclaration d’amour pour le football », a fait valoir la Caf sur son site officiel. Il se veut aussi « un hommage à la diversité culturelle » du continent et à « l’hospitalité chaleureuse » de la Côte d’Ivoire, ajoute l’instance dirigeante du football africain.
« C’est un morceau qui transcende les frontières et les cultures en mettant en scène une Afrique unie », précise-t-il.
Cette chanson officielle est interprétée par le célèbre groupe ivoirien « Magic System », organisateur du Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Abidjan) dont le tube planétaire « Premier Gaou » a séduit le monde.
L’icône de la pop égyptienne, Mohamed Ramadan, et la diva nigériane Yemi Alade, y participent, ainsi que le producteur et compositeur français Dany Synthe.
Le tube, captivant, dont la production est pilotée par le label mondial « Universal Music Africa », est une fusion d’afrobeats et de rap, une musique qui fait danser des foules.
« Akwaba » devrait enflammer le continent africain avec une explosion de rythmes et de mélodies qui incarnent l’esprit d’unité, de passion et de célébration.
« Le titre est désormais disponible sur toutes les plateformes de streaming et promet de nous emmener dans un voyage musical inoubliable », déclare la Caf.
Le coup d’envoi de la compétition sera donné le 13 janvier 2024 à Abidjan, en Côte d’Ivoire.