SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
5 mai 2025
par Francis Laloupo
NIGER : L'IMPOSSIBLE JUSTIFICATION DU COUP D'ÉTAT
Le putsch conduit du général Tchiani confirme l’idée que n’importe quel individu en treillis pourrait désormais, sur la base d’appréciations personnelles, pointer son arme sur le représentant légitime d’un État pour en exiger la destitution
S’exprimant le 30 septembre dernier sur une chaîne de télévision nationale, le chef de la junte nigérienne, le général Abdourahamane Tchiani, a une fois encore tenté de justifier le coup d’Etat perpétré deux mois plus tôt. Loin de convaincre tous ceux qui condamnent l’action des putschistes de Niamey, cet exercice a confirmé l’isolement du pays sur la scène régionale.
Pour la première fois depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023 contre le président Mohamed Bazoum, élu en 2021, le général AbdourahamaneTchiani, président autoproclamé du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP),s’est prêté à l’exercice d’un entretien télévisé sur Télé Sahel. Plus exactement, deux entretiens diffusés le 30 septembre dernier, en langues haussa et zarma. Une fois encore, le chef de la junte a tenté d’expliciter les « raisons » d’un putsch qu’une partie de l’opinion africaine continue de considérer comme « le plus indéfendable et absurde » de tous ceux qui bouleversent depuis 2020 l’espace Cédéao(Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest). Il faut rappeler que les premières tentatives de justification de ce qui ressemblait initialement à un règlement de comptes personnels entre des officiers d’une garde présidentielle et le chef de l’exécutif, ne résistaient pas à l’épreuve du bon sens. Deux mois après le putsch, ce sont pourtant les mêmes motifs que le général Tchiani s’est appliqué à avancer à la télévision, dans l’espoir, peut-être, d’une inflexion de la position de la Cédéao qui, selon lui, « n'a même pas cherché à connaître les raisons du coup d'Etat… »
« Le coup d’Etat de trop »
Il est vrai que si les coups d’Etat survenus précédemment au Mali, au Burkina Faso et en Guinée ont su bénéficier d’une tacite concessionde « circonstances atténuantes », l’opération menée par les militaires de Niamey continue d’être considérée comme « le coup de trop » par les responsables de la communauté régionale. En effet, au regard des circonstances, le coup d’Etat conduit par le général Tchiani, chef de la garde présidentielle, confirme, aux confins de la caricature, l’idée que n’importe quel individu en treillis pourrait désormais et en tout lieu, sur la base d’appréciations personnelles, voire subjectives, pointer son arme sur le représentant légal et légitime d’un État pour en exiger la destitution. Une telle logique consacrerait unebanalisation des anomalies, une négation de la notion même de l’Etat et de sa sacralité.
Lors des interviews du 30 septembre dernier à Télé sahel, le chef de la junte nigérienne s’est donc efforcé à rappeler que son putsch sanctionnait les lacunes de la lutte contre les groupes terroristes. Occultant ainsi, grossièrement, la responsabilité cardinale de l’armée dans cette guerre. Sans compter que, peu avant son coup d’Etat, le même général associait sa voix à celles de tous ceux qui soulignaient les remarquables avancées du Niger dans la lutte contre le terrorisme, sous la houlette du président Mohamed Bazoum. Aujourd’hui, le généralaffirme qu’il a fallu « prendre des mesures pour éviter que le pays ne disparaisse, parce que les gens au pouvoir n’écoutaient pas leurs conseillers militaires ». Le coup d’Etat était aussi destiné, selon le général Tchiani, à « mettre fin à la mal gouvernance et à la dilapidation des deniers publics » par les dirigeants sous la présidence de Mohamed Bazoum. Difficile de plaider la cause d’un putschsur la base de tels soupçons dont l’appréciation est en principe soumise à la Justice et a fortiori auverdict des électeurs dans un Etat normalement constitué.
Par ailleurs, on pourrait y voir une inversion de la réalité, quand l’on sait que la lutte contre la corruption était devenue l’un des principaux objectifs du président Bazoum. Parmi les personnalités visées, le général Tchiani et certains de ses proches qui, au fil des années, se sont constitué un patrimoine particulièrement conséquent, jusqu’ici conservé à l’abri de tout soupçon. Toujours sur Télé Sahel, le général s’est étendu sur le turbulent chapitre des relations de son pays avec la France, au lendemain du départ forcé de l’ambassadeur Sylvain Itté, alors que se prépare le retrait des soldats français du Niger. Selon Abdourahamane Tchiani, « non seulement les Français n'ont pas chassé les terroristes mais les terroristes sont de plus en plus nombreux ».
La fabrique de fictions
Il est à tout le moins surprenant d’entendre ainsi le chef de la junte attribuer aux soldats français – placés sous commandement nigérien – l’exclusivité de la tâche et de la responsabilité de la lutte contre le terrorisme au Niger, tout en présentant avec une sidérante légèreté la France comme un « multiplicateur » de terroristes. Il semble que ce « modèle oratoire » ait été prestement emprunté à la junte voisine du Mali qui avait accusé en 2022, sans jamais en avoir apporté les preuves, la France d’armer, voire de générer des terroristes. Il faut bien constater que la junte nigérienne a elle aussi adopté cette fabrique de fictions devenue une marque identitaire des néo-putschistes du Sahel… Toutefois, le général Tchiani n’exclut pas une « reprise de notre coopération avec la France, etc'est le peuple souverain qui va dicter ces relations futures avec la France ». En attendant, il indique que son pays peut désormais compter sur de « nouveaux amis », sans plus de précision. Pour l’heure, les seuls alliés reconnus du Niger sont le Mali et le Burkina Faso, les trois pays ayant récemment scellé l’Alliance des Etats du Sahel (AES), une coalition de putschistes aux allures d’une entité dissidente ou d’un « front du refus » au sein de l’espace Cédéao.
On notera qu’au cours de ces entretiens télévisés, le général Tchiani n’a pas jugé utile de revenir sur l’accusation de « haute trahison » émise à l’encontre du président Bazoum le 15 août 2023. Une accusation effarante de la part d’auteurs d’un coup d’Etat – délit majeur, s’il en est – qui continuent à ce jour d’infliger au dirigeant nigérien un intolérable régime de séquestration. Le chef de la junte aura aussi évité les virulentes diatribes envers la Cédéao qui, après avoir annoncé l’option d’une intervention militaire dans le but de rétablir l’ordre constitutionnel à Niamey, fut, en août dernier, accusée de « préparer laguerre contre le peuple nigérien ». A présent, la junte se montre déterminée à instaurer une période de transition d’une durée de « trois ans, au plus ». Une transition informelle qu’aucune instance régionale et internationale ne semble disposée à reconnaître. A cet égard, le général Tchiani a tout de même jugé nécessaire de préciser que « nous n'avons pas le droit de passer cinq années au pouvoir, il faut être élu pour cela ».
Le bruit des bottes et la fureur des discours
Comment se déroulera cette transition ? Une fois passé le cap des arguments fallacieux, comment tenir les promesses des lendemains radieux et vertueux aux foules galvanisées par les slogans et les incantations opportunément inspirés des stratégies communicationnelles précédemment endossées par les putschistes du Mali et du Burkina Faso, et bruyamment promues par les activistes russolâtres de la place ? Au terme des agitations post-putschs, au Niger comme ailleurs, le projet politique des hommes en treillis qui se sont se sont emparés du pouvoir d’Etat, pourrait se réduire au bruit des bottes, à la fureur des discours, au vertige des impostures et des mensonges…
Tout en malmenant sans vergogne les concepts de souverainisme et de panafricanisme pour justifier un coup d’Etat, et en promettant d’apporter toutes les solutions de la Terre aux attentes légitimes despopulations, la junte nigérienne impose la loi des armes, convaincue d’avoir anéanti la menace d’une intervention armée de la Cédéao. Mais alors que cette dernière refuse toujours d’entériner ce « coup d’Etat de trop », le Niger s’installe peu à peu dans sa nouvelle situation de pays « paria » de la sous-région. Restée lettre morte, cette « exhortation » adressée aux militaires nigériens le 24 août dernier par la Commission de l’Union africaine « à placer les intérêts suprêmes du Niger au-dessus de tout, à retourner sans condition dans les casernes et se soumettre aux autorités civiles conformément à la Constitution. » Deux mois après le coup d’Etat « le plus injustifiable », et alors que l’on signale une alarmante dégradation de la situation sécuritaire dans le pays, à quoi ressemble la scène de crime ? À un invraisemblable gâchis.
LA SENELEC SE PRONONCE SUR LES ANOMALIES DANS LE RÈGLEMENT DES FACTURES
Dans un communiqué transmis, la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec) met en garde ses clients contre les ‘’anomalies’’ susceptibles de survenir dans le règlement de leur facture et promet de se mettre à leur disposition pour les corriger,
Dans un communiqué transmis, la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec) met en garde ses clients contre les ‘’anomalies’’ susceptibles de survenir dans le règlement de leur facture et promet de se mettre à leur disposition pour les corriger, le cas échéant. « Un de nos clients s’est vu récemment présenter une facture avec des anomalies apparentes, ce qui fait qu’il s’est retrouvé avec un montant bien au-delà de ce qu’il devait raisonnablement payer’’, affirme son service de communication dans un communiqué.
‘’Nos services compétents, après être saisis, ont immédiatement procédé à la correction de cette erreur », indique le document. Avant de poursuivre : « la Senelec regrette cette erreur qui, malheureusement, peut survenir dans le cadre de nos multiples opérations au quotidien. Elle présente ses excuses et demeure plus que jamais à l’écoute des clients pour le règlement de toute anomalie qui pourrait être constatée dans la conduite de nos activités ».
LAMB PRÉSIDENTIEL
Comme lamb, cette élection présidentielle ! Pour les lutteurs passés à la Dge, il ne manque que des spots de parrainage. Beaucoup d’entre eux le sont, comme on dit, « sous le parrainage », soit du président, soit de Sonko avec ses nombreux candidats.
Comme lamb, cette élection présidentielle ! Pour les lutteurs passés à la Dge, il ne manque que des spots de parrainage. Beaucoup d’entre eux le sont, comme on dit, « sous le parrainage », soit du président, soit de Sonko avec ses nombreux candidats. Autrement, on dira : « kouko nguemb », comme qui l’a parrainé ? C’est que ce mortal... combat requiert biceps, « gal-gal » et « caxabal ». Ceux qui ne sont pas passés au « mbapatt » des Locales ou des Législatives ont peu de chance. Pour être le « roi des arènes » le 25 février, il faudra aussi beaucoup « safara ».
SEPTEMBRE MANDINGUE, C'EST FINI
Les rideaux sont tombés sur le septembre mandingue, qui consacre la fête du Kankourang, dans la ville de Mbour. Pour cette année, une conférence internationale a été organisée afin de revisiter les richesses de la culture mandingue
Les rideaux sont tombés sur le septembre mandingue, qui consacre la fête du Kankourang, dans la ville de Mbour. Pour cette année, une conférence internationale a été organisée afin de revisiter les richesses de la culture mandingue, mais aussi s’inspirer des bonnes pratiques et de l’ouverture de cette communauté.
MBOUR – La Petite Côte a vibré, ce week-end, aux rythmes de la tradition mandingue. Du Soruba au Djambadong ou la danse des feuilles, la communauté mandingue a clôturé en beauté le mois de septembre. Ce rendez-vous inscrit dans l’agenda culturel de Mbour est l’occasion de renouer avec les pratiques et rites de la culture mandingue, dont le Kankourang reste le symbole le plus visible et aimé des Mbourois. Chez les Mandingues, le rituel du Kankourang coïncide avec la circoncision des jeunes garçons. D’ailleurs, ce personnage (Kankourang) en masque, toujours recouvert de fibres faites d’écorces d’arbre, est chargé de la protection des circoncis. Le Kankourang est inscrit, depuis 2008, au patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco. Pour l’édition 2023, une grande conférence a été organisée par la communauté mandingue de Mbour, en partenariat avec Timbuktu Institute, sous le thème : « Contribution de la culture dans la consolidation de la paix et de la cohésion sociale : modèle du Kankourang de Mbour ». Elle a réuni des chercheurs, des politiques, des diplomates et des acteurs culturels, pour apporter des réponses, tirées du modèle culturel mandingue, au service de la consolidation de la paix en Afrique en général, et en particulier dans la sous-région ouest-africaine, tabernacle de conflits liés aux problèmes identitaires.
Le choix de cette thématique vient magnifier l’ouverture du peuple mandingue, qui intègre toutes les ethnies, dans la fête du Kankourang. Pour Dr Bakary Sambe, Directeur régional de Timbuktu Institute, « le choix du rituel du Kankourang trouve sa pertinence en ce qu’il est un creuset d’intégration et de cohésion sociale dans le département de Mbour et participe, depuis plus d’un siècle, à la consolidation du vivre-ensemble, en capitalisant sur les bonnes pratiques générées depuis son institution à Mbour ». Ainsi, il invite les autorités politiques du Sénégal à s’inspirer des ressources culturelles endogènes, notamment celles mandingues, pour consolider la paix et la stabilité, qui constituent un enjeu de taille, surtout à cette veille de l’élection présidentielle.
Rite d’initiation
« Notre pays s’achemine vers des échéances fondamentales, pour lesquelles nous devons donner au Sénégal toutes les chances de résilience, pour rester ce pays stable, en mettant à la face du monde la capacité de notre pays à se réinventer par sa richesse culturelle, comme la collectivité mandingue vient de le démontrer, à travers ce « Septembre mandingue », mais aussi à travers ce que nous avons entendu aujourd’hui, dans cette conférence internationale », souligne Dr Bakary Sambe. À travers les pratiques inculquées aux circoncis, ce moment phare de la vie des jeunes constitue une étape d’apprentissage des valeurs cardinales, qui doivent guider les relations de cohabitation. Autour de cette conférence internationale, première du genre, le ministère de la Culture et du Patrimoine historique a rappelé l’importance de la culture, dans la consolidation des valeurs qui sous-tendent notre désir de vivre-ensemble. « Ce rite d’initiation comporte un ensemble de valeurs, de socialisation, qui renforcent le savoir-être qui, quelque part, rappelle qu’on appartient à une communauté, où la jeune génération n’est pas laissée en rade. Elle est comprise comme étant le bien le plus précieux, ce que la collectivité a de plus essentiel. Alors, la communauté est appelée à faire de sorte que cette jeune génération puisse porter les valeurs, et le réussir dans un contexte urbain est quelque chose qui n’est pas facile », se félicite Oumar Badiane, Directeur du Patrimoine culturel. Il ajoute que la tutelle travaille déjà sur le processus de labélisation du « Septembre mandingue », qui vise à renforcer la promotion de la culture et à booster l’économie de la Petite Côte.
PRES DE 40 MIGRANTS SÉNÉGALAIS SERONT RAPATRIES DE DAKHLA CE VENDREDI
Quelque 40 ressortissants sénégalais candidats à l’émigration irrégulière, qui séjournent à Dakhla, au Maroc, depuis le 17 septembre, seront rapatriés vendredi.
Quelque 40 ressortissants sénégalais candidats à l’émigration irrégulière, qui séjournent à Dakhla, au Maroc, depuis le 17 septembre, seront rapatriés vendredi.
Ces migrants quitteront le Maroc vendredi à 09 heures pour arriver à Saint Louis, samedi, en fin de matinée, a écrit l’APS.
Le phénomène de l’émigration clandestine a connu un regain, depuis quelques semaines. Malgré les gros efforts de la Marine nationale et d’autres structures de surveillance, des pirogues de fortune avec à bord plusieurs dizaine de migrants, parviennent à accoster sur les côtes européennes, plus particulièrement espagnoles.
LE SÉNÉGAL MAINTIENT LA SUSPENSION DE TIK TOK MALGRÉ L’ARRIVÉE DES ÉMISSAIRES
Le réseau social mondial TikTok reste suspendu au Sénégal depuis le mois de juillet 2023. Une décision gouvernementale justifiée par des préoccupations liées à la sécurité nationale, avec des allégations d’incitation à la violence via l’application.
Le réseau social mondial TikTok reste suspendu au Sénégal depuis le mois de juillet 2023. Une décision gouvernementale justifiée par des préoccupations liées à la sécurité nationale, avec des allégations d’incitation à la violence via l’application.
Pour résoudre ce différend, le ministre de la Communication a reçu, en début de semaine, une délégation de la plateforme chinoise, le jeudi 5 octobre. Maitre Moussa Bocar Thiam a, en effet, exprimé son regret face à la situation : « C’est une situation malheureuse, parce que notre objectif c’est la liberté de l’utilisation de cette plateforme. »
Les discussions entre les deux parties ont porté sur des propositions concrètes formulées par le ministre pour un meilleur contrôle de TikTok au Sénégal. Premièrement, le ministre a insisté sur la nécessité pour TikTok de mettre en place un mécanisme garantissant la suppression des faux comptes et des comptes à contenu subversif. Il a également souhaité qu’une représentation de TikTok soit établie au Sénégal.
Une demande majeure du ministre de la Communication a été la révélation et la régulation de l’algorithme de l’application au Sénégal, dans le but de contrôler les contenus qui pourraient s’opposer aux valeurs sénégalaises et influencer négativement la jeunesse. Il a expliqué : « On veut savoir quels sont les contenus qui sont proposés aux Sénégalais. »
La protection des données personnelles a également été un point clé de la discussion. Le ministre a insisté sur l’importance, pour TikTok, de garantir que les données des utilisateurs sont utilisées de manière appropriée.
Enfin, la monétisation de TikTok a été abordée. Le gouvernement sénégalais souhaite créer des moyens permettant aux nombreux influenceurs et créateurs de contenus sénégalais de tirer un revenu de leurs activités. « Il est important que ces jeunes puissent vivre de cela », souligne le ministre. Avant de préciser que ces réformes s’appliqueraient à l’ensemble des réseaux sociaux au Sénégal.
En effet, « au Sénégal, nous avons pris la décision que, quelle que soit la plateforme, nous mettrons en place des canaux pour permettre à l’État du Sénégal de préserver la paix publique et la stabilité ».
Il est à noter que les discussions se poursuivent, tandis que la suspension de TikTok reste en vigueur au Sénégal.
«IL Y A DE GROSSES MENACES SUR L’ANNEE SCOLAIRE»
Déçu des 18 mesures du gouvernement sur l’école, El Hadj Malick Youm, Youm secrétaire général du Saemss, alerte qu’il y a de grosses menaces sur le bon déroulement de l’année scolaire, tout simplement, parce que le gouvernement s’est trompé de priorités
Propos recueillis par Yacine DIEYE |
Publication 05/10/2023
Les abris provisoires, le déficit d’enseignants, le retard de la formation des professeurs à la Fastef, la réduction du coût des inscriptions, le non-respect des engagements sont autant de menaces qui pèsent sur l’année scolaire. Dans cet entretien accordé à «l’as tv», le secrétaire général du syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire du Sénégal (Saemss) liste les problèmes de l’école sénégalaise. Déçu des 18 mesures du gouvernement sur l’école, El Hadj Malick Youm alerte qu’il y a de grosses menaces sur le bon déroulement de l’année scolaire, tout simplement, parce que le gouvernement s’est trompé de priorités.
Pensez-vous que le slogan «Ubitey, jangë tey» sera effectif ?
Après la date du 2 octobre qui coïncidait avec l’ouverture des classes pour les personnels enseignants et administratifs, aujourd’hui c’est l’ouverture des classes pour les potaches. Il faut dire que ce contexte particulier est marqué par des impairs que nous avons notés dans plusieurs domaines. En ce qui concerne l’environnement scolaire, il nous a été donné de constater que dans beaucoup d’établissements, il y a des difficultés. Des difficultés liées à l’accès même à ces établissements, mais aussi les opérations de désherbage, la désinfection et le nettoyage de certaines écoles ne sont pas effectués. A ce niveau, le gouvernement a pris une mesure mais je pense qu’il aurait dû la prendre beaucoup plus tôt et impliquer tous les services et surtout rappeler aux Collectivités territoriales qu’il est de leur ressort d’assumer certaines tâches. C’est dommage de noter que sur le plan de l’environnement scolaire, il y a beaucoup de difficultés qui ne militent guère en faveur de l’effectivité du slogan «Ubi tey jangë tey». Donc l'opérationnalisation de «Ubi tey jangë tey» fait face à cette difficulté. Mais la plus grosse difficulté à laquelle ce concept fait face est liée au fait que sur le plan du partenariat entre le gouvernement et les syndicats, le gouvernement n'a pas respecté ses engagements qui consistaient à matérialiser tous les accords avant le début de l’année scolaire. Malheureusement aujourd’hui, la formation des enseignants, notamment des chargés de cours, des demandeurs de mise en position de stage, des professeurs contractuels, des professeurs de philosophie, des professeurs qui sont à la Fastef, n’a pas encore démarré. Cela est très dommage d’autant plus que le gouvernement avait dit que ça allait démarrer depuis le 1er juillet 2023. Vous y ajouterez d’autres questions liées à la révision du statut des décisionnaires qui souffrent le martyre et qui attendent la signature du décret 74-347 du 12 avril 1974 que le gouvernement tarde à faire. C’est pourquoi nous pensons que par rapport à tous ces impairs, il y a un manque de volonté notoire du gouvernement à aller vers l’apaisement du système éducatif. Cela est déplorable pour le système. Nous pensons qu’il y a de grosses menaces qui pèsent naturellement sur le bon déroulement de la rentrée des classes et de l’année scolaire 2023- 2024.
On constate aussi un déficit d’enseignants dans certaines localités du pays. Qu’est-ce qui explique cela ?
Sur le plan pédagogique, nous notons aussi de grosses difficultés. C’est un secret de Polichinelle de dire que dans le système éducatif, il y a un déficit criard d’enseignants qui est même estimé à près de 35 mille enseignants d’ici 05 ans. Ce qui veut dire déjà que pour les besoins urgents, le système n’a pas besoin de moins de 8 000 enseignants pour bien fonctionner. En plus des besoins qui seront évalués par rapport aux années à venir. Ce qui fait un total de 35 mille enseignants. Et cela est inacceptable dans un pays où nous savons qu’il y a la possibilité de procéder à des recrutements réguliers. C’est l’occasion d’alerter parce que parmi les 18 mesures issues du conseil interministériel, le gouvernement prévoit de faire un recrutement spécial alors que les syndicats demandent plutôt un recrutement régulier. Pour nous, le recrutement spécial comporte plusieurs aspects sur lesquels nous ne sommes pas d’accord. Parce que ça nous semble être le retour des quotas sécuritaires, ce qui n’est pas en phase avec l’encadrement du recrutement des personnels enseignants qui doit obéir à des normes. Et aujourd’hui, il s’agira pour eux de recruter ce qu’on appelle une clientèle politique pour les recaser dans l’école. Ce que nous n’accepterons pas non plus parce que nous savons que toujours à l’orée des grandes élections, la tentative la plus connue des acteurs politiques, c’est d’aller vers un recrutement clientéliste pour recaser alors un électorat qui votera en leur faveur, ce que les syndicats dénoncent et n’accepteront jamais.
Quelle solution aux difficultés des élèves d’avoir un extrait de naissance ?
Dans plusieurs localités, des milliers de parents d’élèves peinent à avoir des extraits de naissance pour inscrire leurs enfants. Cela est lié tout simplement au fait que lors du conseil interministériel, le gouvernement devait avoir le réflexe de demander à toutes les Collectivités territoriales d’aller vers la tenue d’audiences foraines pour vider ce passif. Il faut qu’il y ait un rapport qui montrait qu’au Sénégal, pas moins d’un million cinq cent (1,500 million) d’enfants ne pouvaient pas accéder à l’école tout simplement parce qu’ils avaient des difficultés pour avoir un extrait de naissance. Nous pensions que le conseil interministériel qui a été convoqué à l’exclusion totale des syndicats majoritaires que nous sommes devait prendre en charge ces questions mais malheureusement, nous avons tous constaté que les priorités du gouvernement étaient ailleurs.
A vous entendre, c’est comme si le gouvernement n’écoute pas les syndicats d’enseignants. Qu’est-ce qui explique cette attitude ?
Il y a de grosses menaces sur le bon déroulement de l’année scolaire tout simplement parce que le gouvernement s’est trompé de priorités. Quand le gouvernement pense que les priorités sont entre autres la confection de tenues scolaires, il se trompe. Les tenues scolaires sont réglées depuis plusieurs décennies. S’ils pensent que la priorité pour l’école, c’est d’aller vers la réorganisation de certains aspects qui sont dépassés en nous parlant de tables bancs et l’évaluation du remplacement des abris provisoires, les syndicats, eux, ont une autre vision. Pour nous, les priorités, c’est la question des budgets des établissements parce que les écoles ont de maigres budgets. Le gouvernement continue d’opérer des diminutions drastiques sur les budgets des établissements scolaires. Aujourd’hui, ce même gouvernement demande aux parents d’élèves de ne pas payer les inscriptions pour ce qui concerne le préscolaire et l’élémentaire, ce que nous saluons. Mais si vous allez au moyen secondaire, le gouvernement a dit qu’il ne faut pas payer plus de 5000 F pour les inscriptions. Il aurait dû mettre en place un dispositif d’accompagnement par le doublement de ces maigres budgets dont bénéficient les établissements. Ne serait-ce que pour ces points, on peut s’attendre à ce que l’école ferme ses portes à partir de la fin du mois de décembre 2024 car si les écoles n’ont plus de budgets, naturellement elles ne pourront pas fonctionner. Sur ces grosses attentes, nous n’avons pas entendu le conseil interministériel nous donner des réponses. Vous y ajoutez la question des abris provisoires qui est une question lancinante et qui continue de gangrener le système éducatif. Nous pensions que le gouvernement allait nous dire que sur des délais très raisonnables, ils allaient procéder à la suppression et au remplacement définitif des abris. Mais c’est toujours la même rengaine. Nous avons été très déçus par rapport à ces 18 mesures qui ne sont rien d’autre que la reconduction des mesures de la rentrée 2022- 2023.
Cette année scolaire coïncide avec la présidentielle prévue le 24 février 2024. Y a-t-il des risques de perturbations des enseignements?
Par rapport à la perspective de l’année électorale qui s’annonce, nous, en tant que syndicats très patriotes et très responsables, nous avions eu à mener une démarche très responsable. La démarche consistait déjà, durant la lutte que nous avions engagé lors de l’année scolaire écoulée, à demander au gouvernement de mettre à profit les vacances de 2023 pour matérialiser l’ensemble des accords et mettre à profit ces vacances pour s’acquitter de tout ce qui devrait contribuer au bon fonctionnement et à la bonne marche de l’école sénégalaise. Cela permettrait aux syndicats responsables que nous sommes, pendant que nous serions en année électorale, de pouvoir assurer la stabilité de l’école parce que nous avons besoin aussi d’une école stable pour participer au développement de notre pays. Malheureusement, nous avons constaté que notre message est tombé dans l’oreille de sourds parce que le gouvernement n’a pas du tout matérialisé ces engagements. Face au contexte qui se profile à l’horizon, tout le monde sait que sous peu, les ministres que nous connaissons bien vont avoir des agendas politiques très chargés et ils vont délaisser leurs bureaux pour aller battre campagne pendant toute une année presque pour les besoins de cette élection présidentielle. Ce que les syndicats n’accepteront pas. Nous n’allons pas cautionner que la carrière des enseignants soit hypothéquée par des ministres qui préfèreraient aller s’occuper de questions purement électorales pour le compte de leur parti au moment où les enseignants vont souffrir et que l'école sénégalaise soit laissée en rade. C’est pourquoi nous avions alerté, malheureusement cette alerte n’étant pas entendue, aujourd’hui tout est possible par rapport à l’avenir de notre école.
LE PALUDISME FAIT DES RAVAGES DANS LA BANLIEUE
La lutte contre le paludisme est freinée par l’hivernage. D’où la recrudescence des cas notés dans la banlieue dakaroise à cause des inondations.
La lutte contre le paludisme est freinée par l’hivernage. D’où la recrudescence des cas notés dans la banlieue dakaroise à cause des inondations. La révélation a été faite hier par le coordonnateur du programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp), Dr Doudou Sène, lors du lancement du projet «Pmi Evolve». C’est plus de 14 milliards qui sont injectés chaque année au Sénégal par l’Usaid.
Malgré les avancées notées dans la lutte contre le paludisme, la maladie continue de faire des ravages au Sénégal. D’où la mise en place du projet «Pmi Evolve». Il consiste à intensifier les efforts dans la lutte anti-vectorielle pour l’atteinte des objectifs du programme.
Selon le coordonnateur du programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp), Dr Doudou Sène, notre pays est bien placé pour éliminer le paludisme à l’horizon 2030. Cependant, il y a des freins à la lutte, comme l’hivernage. «C’est une maladie qui est beaucoup présente pendant la saison des pluies. Et j’attire l’attention des populations urbaines de Dakar qu’il y a une tendance d’augmentation de cas de paludisme surtout dans la banlieue. Aujourd’hui, les inondations contribuent au développement du vecteur de paludisme», révèle Dr Sène. Il est important, à ses yeux, de se doter de moustiquaires mais c’est mieux de l’utiliser à bon escient. «Il faut éviter de les utiliser dans les jardins, sur les toits des maisons», explique-t-il. Une campagne ciblant les daara a été lancée depuis 2 ans parce que les talibés sont très vulnérables. «Dans la région de Kaolack plus de 30 mille daara et de personnel ont été couverts», soutient-il.
Dr Doudou Sène souligne que dans la lutte contre le paludisme, le Sénégal a des partenaires techniques et financiers comme l’Usaid qui injecte chaque année 14,5 milliards de FCFA à travers l’achat et la distribution des intrants. Selon la représentante de l’Usaid Naura Madrigal, la lutte anti-vectorielle est une intervention incontournable pour atteindre et maintenir le statut d’élimination du paludisme au Sénégal. «L’Usaid a attribué le contrat de prévention du paludisme par la lutte anti vectorielle à Pmi Evolve. Le projet Pmi Evolve accompagne le programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp) dans la mise en œuvre de la distribution en routine des moustiquaires imprégnées d’insecticide», affirme-t-elle. En outre, elle promet que l’Usaid va continuer à appuyer les acquis communs pour l’atteinte des objectifs d’élimination du paludisme au Sénégal à l’horizon 2030.
LES BASSINS DE RETENTION D’EAU FREINENT LA LUTTE CONTRE LE PALUDISME
Représentant du service d’hygiène, l’adjudant Abdou Aziz Diémé estime que la création de bassin un peu partout n’aide pas à la lutte contre le paludisme. «Il faut que le ministère de la Santé pilote ce programme sinon nous ferons beaucoup d’efforts mais les autres ministères ou services vont ralentir la lutte. Aujourd’hui, à Dakar, il y a beaucoup de bassins de rétention qui sont en train d'être créés un peu partout et qui ne respectent pas les normes», regrette-t-il. Il renseigne que ces bassins de rétention d’eau constituent des nids pour les moustiques. «Par exemple à Kédougou il y a beaucoup de carrières qui sont ouvertes pour l'extraction des ressources minières et qui, après exploitation des ressources, ne sont pas refermées. Ces carrières sont devenues aujourd’hui des lieux de refuge et de reproduction pour les moustiques», annonce-t-il. Sur l'hygiène publique, il y a des efforts à faire, selon lui, si on veut éliminer le paludisme définitivement au Sénégal.
«TOUS LES FONCTIONNAIRES MILLIARDAIRES SONT DES VOLEURS !»
En séminaire national sur le parrainage à Thiès, Dr Babacar Diop, président des Forces démocratiques du Sénégal (FDS)/Les Guelwaars, a soutenu que les Sénégalais ne doivent pas soutenir la candidature du Premier ministre Amadou Bâ
Oumy Yamar SARR, Correspondante à Thiès |
Publication 05/10/2023
En séminaire national sur le parrainage à Thiès, Dr Babacar Diop, président des Forces démocratiques du Sénégal (FDS)/Les Guelwaars, a soutenu que les Sénégalais ne doivent pas soutenir la candidature du Premier ministre Amadou Bâ qui a un ascenseur chez lui au moment où le peuple croupit dans la misère et que les jeunes meurent en pleine mer.
« Des médias sont en connivence avec certains médias internationaux qui travaillent pour nous imposer la candidature et l’image d’Amadou Bâ. Nous dénonçons ce travail. On voit des éditions spéciales sur Amadou Bâ, des reportages en plein journal pour nous faire croire qu’Amadou Bâ est le meilleur profil pour le Sénégal. Nous avons besoin de médias équilibrés, d’une presse équilibrée. Des médias corrompus en connivence avec des médias internationaux parce que tout simplement Amadou Bâ représente la soumission des intérêts du pays. Il a le soutien de ces médias et milieux affairistes corrompus et aussi de certaines institutions internationales », a cogné Dr Babacar Diop
Mieux, le maire de Thiès estime qu’Amadou Bâ est le candidat de la mafia politico-affairiste du Sénégal. « Qui est Amadou Bâ qu’on veut nous imposer aujourd’hui ? Un simple fonctionnaire sorti de l’Ecole nationale d’Administration (ENA). Il n’a jamais participé à une marche dans ce pays. Il n’a jamais signé de pétition pour son pays. Nous avons vu des images sur les réseaux sociaux. Des gens qui vivent dans un luxe insolent. Un fonctionnaire de l’Etat qui a un ascenseur chez lui », ironise-t-il.
Dr Babacar Diop estime que les Sénégalais doivent élire des gens qui comprennent leurs difficultés. « Des gens qui comprennent le monde rural, qui vivent dans les quartiers populaires. Amadou Bâ est le candidat des riches, des milieux corrompus. C’est le candidat de l’argent, de l’insolence. Le peuple sénégalais va lui faire face et va dire non. Nous voulons une alternative démocratique, un changement de cap, des visages nouveaux, des projets nouveaux, des idées nouvelles. Tous ces gens qui sont là depuis Léopold Sédar Senghor, ils ne peuvent rien proposer. Quand on est trop englué dans la corruption politique, quand on a grandi dans la voie de la corruption politique, quand on a gravi les échelons dans la voie de la corruption politique, par l’argent, par le jeu de l’influence sans aucun mérite, on ne peut produire qu’une politique de corruption. Elire Amadou Bâ, c’est voter pour la continuité et la corruption. Oui ! Amadou Bâ, inspirateur du PSE. Le bilan du PSE, ce sont ces milliers de jeunes qui meurent en pleine mer. Nous voulons le changement », martèle le leader des Fds/Guélewars.
Dans la même foulée, Dr Babacar Diop a soutenu que le ministre de l’Intérieur ne peut pas se substituer au Conseil constitutionnel pour valider ou invalider des candidatures. « Je déplore ce qui s’est passé au niveau de la Direction générale des élections (DGE). Le citoyen Ousmane Sonko a envoyé son mandataire pour retirer ses fiches de parrainages. La DGE a refusé de donner au mandataire de Sonko ses fiches de parrainages. C’est un précédent très dangereux. Un simple fonctionnaire ne peut pas invalider la candidature d’un citoyen. Il appartient au juge constitutionnel d’invalider ou de valider des candidatures. Ousmane Sonko a ses droits. Je demande à la DGE de remettre à Ousmane Sonko ses fiches et il appartiendra aux juges du Conseil constitutionnel de dire si oui ou non la candidature de Ousmane Sonko est valable. Antoine Félix Abdoulaye Diome ne peut pas se substituer au Conseil constitutionnel. Ismaïla Madior Fall ne peut pas faire le travail du Conseil constitutionnel. C’est une violation grave et violente des droits de Ousmane Sonko ! », s’insurge-t-il.
LA GUERRE FROIDE PAR AFFIDES INTERPOSES
Dans le maquis depuis le choix porté par Macky SALL sur Amadou Ba pour défendre les couleurs de la majorité et la volte-face de son ex-mentor, Abdoulaye Daouda Diallo, le député Aliou Dembourou Sow continue d’intriguer ses camarades de parti
Malgré sa superficie de 15 mille Km2, le département de Ranérou, qui est la deuxième circonscription la plus vaste du Sénégal, ne compte même pas... 13 000 électeurs - 12 403 plus exactement si l’on s’en réfère aux chiffres des dernières élections législatives de 2022.
Pourtant, cette zone sylvopastorale par excellence n’en demeure pas moins un enjeu de taille pour l’élection présidentielle de 2024. Et pour cause, c’est le fief du député Aliou Dembourou Sow, ex-principal lieutenant du président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Abdoulaye Daouda Diallo, lui-même ex-candidat à la candidature de la mouvance présidentielle pour le scrutin du 25 février 2024.
Dans le maquis depuis le choix porté par le président de la République sur le Premier ministre Amadou Ba pour défendre les couleurs de la majorité et la volte-face de son ex-mentor, Abdoulaye Daouda Diallo — qui, ravalant ses propres vomissures, s’est finalement rangé du moins en apparence —derrière le candidat désigné de la mouvance présidentielle, le député Aliou Dembourou Sow continue d’intriguer ses camarades de parti.
C’est ainsi qu’une tentative de l’humilier a été orchestrée depuis la Primature avec, comme maître d’œuvre, le puissant griot du président de la République, le député Farba Ngom. Une humiliation qui allait s’étendre à son ex-mentor Abdoulaye Daouda Diallo qui, lors de son discours de renonciation à sa candidature, a snobé le Premier ministre et candidat désigné de la mouvance présidentielle, Amadou Ba, dont il s’est gardé de prononcer une seule fois le nom. La campagne de vaccination du cheptel contre les maladies infectieuses et un méga rassemblement, tous ces deux événements ayant pour cadre Ranérou — devaient sonner le glas pour le duo Dembourou Sow et Abdoulaye Daouda Diallo dans leurs fiefs respectifs. Les dates des 14 et 30 septembre avaient été ainsi retenues dans un premier temps pour lancer la campagne nationale de vaccination du cheptel qui devait marquer la première sorti du candidat Amadou Ba à Ranérou dans le fief de Aliou Dembourou Sow et à Ndioum pour un méga meeting avec Cheikh Oumar Hann, le ministre de l’Education nationale, ennemi juré de Abdoulaye Daouda Diallo dans le département de Podor. Un département qui constitue justement le bastion d’Abdoulaye Daouda Diallo
Dembourou Sow déjoue le piège
Initialement prévu le 14 septembre, le lancement de la campagne de vaccination du cheptel sera finalement reporté au 23 du même mois pour permettre aux dissidents de réintégrer les rangs. Mais l’approche initiée est maladroite. Le député Farba Ngom en charge de l’organisation et de la mobilisation de la mouvance présidentielle passe par les rivaux politiques de son collègue du Ferlo pour sonner la mobilisation. Une enveloppe de 30 millions de francs à laquelle l’ancien maire de Ranérou, Amadou Gallo Ba, a ajouté 03 millions de F CFA est dégagée pour mobiliser les troupes. Aucun responsable ne prend langue avec Dembourou Sow qui est ainsi mis à l’écart dans ce qui devait être la première sortie du candidat Amadou Ba même si c’est en tant que ministre intérimaire de l’Elevage. En revanche, son rival politique dans la zone, financé depuis 2013 par Amadou Ba, est au cœur de l’événement. Patron de la Convergence des éleveurs pour l’émergence du Sénégal (CEES), un mouvement qui regroupe l’essentiel des éleveurs favorables à la mouvance présidentielle, Aliou Dembourou Sow croise les bras et ne fait aucune déclaration à l’intention des éleveurs afin que l’accueil soit à la dimension de l’hôte. Résultat, le lancement de la campagne de vaccination du cheptel accouche d’une souris et la première sortie du candidat de la mouvance présidentielle dans le Ferlo se transforme en désastre. Surtout que les préposés à l’organisation soldent leurs comptes avec les élus locaux auprès desquels ils avaient déclaré disposer seulement d’un modique budget de …15 millions de FCFA pour la mobilisation en lieu et place des 33 millions de FCFA dégagés. Les 18 millions restants s’étant volatilisés.
La bataille de Ndioum différée
Avec l’échec du lancement de la campagne de vaccination dans le Ferlo le 23 septembre, les pontes de la mouvance présidentielle, qui avaient retenu Ndioum, le fief du ministre de l’Education nationale, Cheikh Oumar Hann, pour y organiser un grand rassemblement afin de démontrer leur force et d’humilier Abdoulaye Daouda Diallo freinent des quatre fers et diffèrent la bataille. Dans cette partie du Fouta, les deux responsables de l’Alliance pour la République (APR) se regardent en chiens de faïence. Et sonner une mobilisation grandeur nature à Ndioum, c’est-à-dire dans les terres d’Abdoulaye Daouda Diallo n’aurait pas manqué d’être considéré par ce dernier comme un chiffon rouge. Voire un casus belli.
Aliou Dembourou boycotte le Secrétariat exécutif de l’Apr
Le choix porté sur le Premier ministre Amadou Ba pour être le candidat de la mouvance présidentielle au scrutin du 25 février 2024 ne fait pas l’unanimité dans l’Alliance pour la République. Cela, c’est un secret de Polichinelle. Un très haut responsable proche du président de la République a même déclaré publiquement ce jour fatidique mettre un terme à sa carrière politique avant de se raviser après avoir subi les foudres du Palais et faire en catimini un petit démenti dans un autre support qui n’avait rien à voir avec celui à l’origine de l’info relayée.
Il en est de même pour Abdoulaye Daouda Diallo et Aliou Dembourou Sow qui ont fait, ces dernières semaines, le tour des familles religieuses pour solliciter des prières et afficher leurs ambitions. Dans la ville sainte de Touba, ils avaient même marqué des points et pris des engagements. Le maire de la ville, Abdou Lahad Ka, avait été ainsi chargé de faire le tour des familles religieuses avec leurs fortes délégations pour les présenter aux différents dignitaires de la capitale du mouridisme. C’est après ces visites fructueuses que le président Macky Sall a brisé leur élan en choisissant Amadou Ba. Aliou Dembourou Sow, qui n’est toujours pas rentré dans les rangs, a boycotté la dernière rencontre du secrétariat exécutif national de l’Apr convoquée samedi dernier par Macky Sall. Autant le dire ici et maintenant, le compagnonnage Amadou Ba et Abdoulaye Daouda Diallo reste une simple vue de l’esprit.