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9 octobre 2025
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UN BILAN EN DEMI-TEINTE POUR MACKY SALL
La présidence de Macky Sall passée au crible. Entre avancées et dérives, Ibrahima Kane dresse un portrait nuancé des 12 dernières années. Il loue certaines réalisations et s'inquiète de l'instrumentalisation de la justice contre l'opposition
A l'approche de la présidentielle de février 2024, Ibrahima Kane, spécialiste des droits humains et co-fondateur de la Ligue sénégalaise des droits humains (RADDHO) dresse un bilan mitigé des 12 ans de pouvoir de Macky Sall. Dans un entretien à Sud FM dans l'émission dominicale Objection de ce 7 janvier 2024, l'invité de Baye Omar Gueye salue certes les avancées sociales comme les bourses de sécurité familiale. Mais il pointe de nombreuses dérives autoritaires.
Sur le plan politique, le début de règne a été marqué par des efforts de renforcement des institutions, vite battus en brèche par "l'instrumentalisation de la justice et la répression de l'opposition", selon lui. L'affaire Sonko et les émeutes de 2021 ont révélé les faiblesses d'un Etat de droit "fragile", estime-t-il.
Ibrahima Kane s'inquiète aussi des entraves à la démocratie avec un système de parrainage opaque qui limite la diversité des candidatures pour le scrutin du 25 février.
Si des progrès ont été faits dans la santé et les infrastructures, de gros efforts restent à faire pour la protection de l'enfance et l'éducation des jeunes, insiste M. Kane.
Dans un contexte régional troublé, où les coups d'Etat militaires se multiplient, le Sénégal doit préserver la paix et travailler à un "vivre-ensemble" inclusif, conclut le militant des droits humains.
MACKY ANNONCE LA RECEPTIONNE D'UN MUSEE DU PROPHETE MOHAMED A DAKAR LE 5 FEVRIER
Un musée dédié au prophète Mohamed (PSL) sera ouvert le 5 février prochain à Dakar, avec l’appui des autorités saoudiennes, a annoncé, samedi, à Dakar, le président de la République.
Dakar, 7 jan (APS) – Un musée dédié au prophète Mohamed (PSL) sera ouvert le 5 février prochain à Dakar, avec l’appui des autorités saoudiennes, a annoncé, samedi, à Dakar, le président de la République.
« Lorsque j’ai sollicité des autorités saoudiennes l’érection d’un musée du prophète Mohamed, elles nous l’ont accordé et on va l’ouvrir le 5 février », a dit Macky Sall, s’exprimant en langue nationale wolof, lors de la cérémonie de clôture de la Semaine du patrimoine de Cheikh Ahmadou Bamba (du 2 au 6 janvier).
En perspective de l’ouverture de ce musée, le chef de l’État promet d’envoyer les lettres d’invitation à toutes les autorités religieuses, ainsi qu’à la Ligue islamique mondiale.
« C’est un musée très important sur la vie et l’œuvre du prophète Mohamed (PSL) », a commenté Macky Sall.
Le Royaume d’Arabie saoudite a prévu de construire un musée du prophète Mohamed (PSL) au profit du Sénégal, avait annoncé en août dernier l’ancien ministre sénégalais de l’Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome.
« J’ai eu une réunion avec mon conseiller technique religieux, Serigne Sohibou Kébé, et un professeur de l’université Al Azhar du Caire. Il a été envoyé par l’Arabie Saoudite pour un cadeau que le président de la République veut offrir à la population sénégalaise », avait-il dit en parlant de ce musée.
Antoine Diome présidait la réunion nationale consacrée aux préparatifs de la 129ᵉ édition du magal de Touba, tenue le 4 septembre et dont il a évoqué la coïncidence avec cette donation.
Il avait précisé que « les écrits, les matériels et les instruments sur la vie du prophète Mohamed » seront exposés dans ce musée, suivant l’exemple du musée de la tradition prophétique et de la civilisation islamique de Médine.
« Normalement, d’ici à six mois, le musée sera construit. Les autorités saoudiennes ont confié les travaux à l’université Al Azhar du Caire. Soixante personnes seront en permanence au Sénégal. La plupart du matériel est déjà disponible au Port autonome de Dakar », avait signalé Antoine Diome.
UNE PORTE D'UN BOEING 737 SAUTE EN PLEIN VOL
L'Agence fédérale américaine de l'aviation civile (FAA) a ordonné samedi l'inspection immédiate de 171 appareils 737 MAX 9 de Boeing, suspendus de vol d'ici là, après un incident survenu vendredi lors d'un trajet aérien près de Portland.
L'Agence fédérale américaine de l'aviation civile (FAA) a ordonné samedi l'inspection immédiate de 171 appareils 737 MAX 9 de Boeing, suspendus de vol d'ici là, après un incident survenu vendredi lors d'un trajet aérien près de Portland (Oregon).
La directive de la FAA "impose aux opérateurs (compagnies aériennes) d'inspecter l'appareil avant un nouveau vol", a indiqué l'agence dans un communiqué, estimant que cette opération nécessitait entre 4 et 8 heures par avion.
Selon des données communiquées par Boeing à l'AFP, quelque 218 exemplaires du 737 MAX 9 ont été livrés à ce jour.
Avant l'annonce de la FAA, la compagnie aérienne américaine Alaska avait déjà neutralisé la totalité de ses 65 avions de ce modèle.
La décision faisait suite à un incident survenu vendredi peu après le décollage d'un vol Alaska Airlines depuis l'aéroport international de Portland (Oregon, nord-ouest), vers 17H00, heure locale, à destination d'Ontario (Californie), dans la grande banlieue de Los Angeles.
Selon des images postées sur les réseaux sociaux, une porte s'est ouverte et détachée de la carlingue en plein vol.
L'appareil, qui transportait 171 passagers et 6 membres d'équipage, était alors à près de 5.000 m d'altitude, selon des données de vol du site FlightAware.
MISE EN GARDE DE LA CENA CONCERNANT LA VÉRIFICATION DE L’INSCRIPTION SUR LE FICHIER ÉLECTORAL
La Commission électorale nationale autonome (CENA) a émis un communiqué d’alerte ce samedi, avertissant les Sénégalais que le Fichier électoral disponible sur son site internet n’est pas encore à jour.
La Commission électorale nationale autonome (CENA) a émis un communiqué d’alerte ce samedi, avertissant les Sénégalais que le Fichier électoral disponible sur son site internet n’est pas encore à jour, en réaction à un message audio devenu viral sur les réseaux sociaux, encourageant les citoyens à vérifier leur inscription électorale en se connectant au site de la CENA.
Toutefois, la Commission Électorale Nationale Autonome (CENA) tient à informer les électrices et électeurs que la version actuelle du fichier électoral sur son site n’a pas encore été mise à jour en vue de l’élection présidentielle de 2024.
La CENA déconseille vivement l’utilisation des informations actuellement disponibles sur son site, qui se réfèrent aux élections législatives de 2022.
Ces données sont incomplètes et peuvent contenir des erreurs, notamment en ce qui concerne les lieux et bureaux de vote.
La Commission assure aux citoyens que les données actualisées seront rendues accessibles dès que possible.
« Nous prions aux les électeurs de rester attentifs aux annonces officielles de la CENA pour obtenir les informations les plus récentes et fiables », peut-on lire dans le communiqué.
LA NOUVELLE CHALOUPE DE GORÉE SERA BAPTISÉE DU NOM DE BOUBACAR JOSEPH NDIAYE
Boubacar Joseph Ndiaye, natif de Rufisque, est décédé le 6 février 2009, à Dakar, à l’âge de 86 ans. Celui que l’on appelait le conteur de l’esclavage, a occupé les fonctions de conservateur de la Maison des esclaves de Gorée, de 1964 à 2004.
Dakar, 6 jan (APS) – La nouvelle chaloupe devant assurer la liaison maritime Dakar-Gorée sera livrée avant fin janvier et portera le nom de Boubacar Joseph, l’ancien conservateur de la Maison des esclaves de l’ile située au large de la capitale sénégalaise, a annoncé, samedi, le président de la République, Macky Sall.
Boubacar Joseph Ndiaye, natif de Rufisque, est décédé le 6 février 2009, à Dakar, à l’âge de 86 ans. Il repose au cimetière de Cambérène.
Celui que l’on appelait »le conteur de l’esclavage », a occupé les fonctions de conservateur de la Maison des esclaves de Gorée, de 1964 à 2004.
Macky Sall, intervenant lors de la pose de la première pierre du mémorial de Gorée, a saisi cette occasion « pour rendre un grand hommage à feu Boubacar Joseph Ndiaye, connu comme conservateur de la Maison des esclaves de Gorée dont l’ombre tutélaire » a plané, dit-il, sur cette cérémonie de lancement.
S’adressant au maire de Gorée Augustin Senghor en particulier, il a annoncé avoir « décidé de donner le nom de Boubacar Joseph Ndiaye à la toute nouvelle chaloupe de Gorée qui sera livrée avant la fin du mois de janvier ».
Selon Macky Sall, Boubacar Joseph Ndiaye, qui « rappelle le souffle des ancêtres », mérite que son nom soit donné à la nouvelle chaloupe.
Le maire de Gorée, Augustin Senghor, estime que par cette annonce, le chef de l’Etat a « honoré Gorée à double titre ».
« Nous étions venus ce matin, car nous estimons qu’il était important à l’occasion du lancement des travaux du mémorial que Gorée et sa commune soient représentées […], et cerise sur le gâteau, nous avons eu avec le président Macky Sall la primeur de l’information que la nouvelle chaloupe qui va arriver bientôt – parce que le président en a fait un point d’honneur -, sera baptisée au nom de Boubacar Joseph Ndiaye », s’est réjoui l’édile de Gorée.
Cette nouvelle « a fait tressaillir de joie tout Gorée et tous les Sénégalais », a déclaré Augustin Senghor, accompagné des membres du conseil municipal de sa commune à cette cérémonie.
« C’est le meilleur hommage qu’on pouvait rendre à Boubacar Joseph Ndiaye, et Macky Sall le fait à l’année du quinzième anniversaire du décès de l’ancien conservateur de la maison des esclaves de Gorée », rappelé à Dieu le 6 février 2009, a-t-il indiqué.
Pour le maire, d’une certaine manière, « le chef de l’Etat a été dans l’anticipation », car la commune avait décidé d’organiser cette année un « Gorée-Diaspora festival spécial » pour marquer les 15 ans de la disparition de Boubacar Joseph Ndiaye.
« Là où il est, il doit être heureux de voir que le mémorial de Gorée voit le jour et que de manière indélébile, le président Macky Sall a marqué sa présence, son histoire avec l’île de Gorée, pendant des dizaines d’années », a souligné Me Senghor, par ailleurs président de la Fédération sénégalaise de football.
Le président Sall contribue ainsi à perpétuer « la mémoire de celui qui a été le médium de l’ensemble des Africains qui ont subi cette Traite négrière, parce que sans lui, Gorée n’aurait pas eu cette stature qu’elle a aujourd’hui, et sans lui, le monde entier n’aurait pas reconnu ce que beaucoup ont voulu nier, c’est-à-dire cette traite historique qu’est la tragédie de la Traite négrière, le premier crime de l’humanité ».
Parlant du déroulé de ce lancement des travaux du mémorial de Gorée, l’édile a salué une « belle cérémonie aux messages poignants, très forte sur le plan émotionnel avec le commissaire général Amadou Lamine Sall » dont on a pu selon lui « mesurer la joie et la reconnaissance pour le président Macky Sall ».
La « marque » que pose ainsi Macky Sall « avant de passer la main [à la fin de son dernier mandat à la tête du pays, en février prochain] est très fort, c’est une marque d’ancrage dans la culture » et un « engagement tourné vers l’avenir », estime Augustin Senghor.
« Ce projet nous replonge dans notre passé douloureux de la Traite négrière et de la mémoire de nos ancêtres noirs ayant souffert de l’esclavage », selon Me Senghor.
« Il nous replonge dans les liens forts entre l’Afrique et le Sénégal, Gorée et la diaspora mondiale noire, mais nous projette dans l’avenir, car étant une source de réconciliation, un projet qui appelle à un monde où l’homme noir, l’Afrique, doit être une composante forte du développement de l’humanité », a-t-il conclu.
CINQ COMMANDOS MARINS PORTÉS DISPARUS APRÈS L'INTERCEPTION D'UN NAVIRE DE TRAFIC DE DROGUE
L'équipage du bateau intercepté aurait ouvert les vannes pour couler le navire. La marine nationale est mobilisée dans les recherches intensives
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 06/01/2024
Selon un communiqué de la Direction de l'information et des relations publiques des armées (Dirpa) publié samedi 6 janvier 2024, 5 commandos marins sont portés disparus depuis vendredi 5 janvier 2024 à 20 heures. Cet événement fait suite à l'interception par «Le Walo», un patrouilleur de haute mer, d'un navire suspecté de trafic international de drogue au large de Dakar.
Lors de la fouille du navire par l'équipe d'intervention des commandos marins, «une ouverture des vannes a été constatée», indique le communiqué de la Dirpa. Les forces armées estiment qu'«il s'agissait d'un acte de sabotage visant à couler le navire pour effacer toute trace de son chargement illicite».
Selon la Dirpa, les secours menés par «Le Walo» ont permis de récupérer 7 éléments de l'équipe d'intervention et 10 membres de l'équipage du navire suspecté. «Toutefois, 5 commandos marins n'ont pas encore été retrouvés», précise le communiqué.
Cet incident intervient alors que la marine sénégalaise multiplie les saisies de drogue au large du pays, une zone au cœur de la route maritime privilégiée des narcotrafiquants sud-américains. Le 14 décembre 2023, «Le Walo» avait déjà intercepté un navire transportant de la drogue à 425 km au Sud des eaux sénégalaises, selon le quotidien L'Observateur.
De plus, le 27 novembre 2023, près de 3 tonnes de cocaïne avaient été saisies par le patrouilleur «Le Fouladou» à 150 km au Sud de Dakar, ce qui constitue un record. Les 10 membres de l'équipage, de nationalités sénégalaise, portugaise, capverdienne, anglo-colombienne, bissau-guinéenne et nigériane, avaient alors été arrêtés et remis à l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS).
Les recherches se poursuivent activement pour tenter de retrouver les 5 commandos marins portés disparus après cette importante saisie de drogue en mer.
LES LIONS MISENT SUR LA CONTINUITÉ À L'ÉGYPTIENNE
Inspirée par le parcours victorieux de l'Égypte entre 2004 et 2010, la sélection sénégalaise entend s'appuyer sur un modèle de structuration durable pour conserver son titre de champion d'Afrique, selon le directeur technique national (DTN), Mayacine Mar
L’équipe nationale du Sénégal de football compte s’inspirer du modèle de structuration administrative ayant permis à l’Egypte de rempoter trois Coupes d’Afrique des nations (CAN) d’affilée, entre 2004 et 2010, a indiqué, samedi, à Dakar, le directeur technique national (DTN), Mayacine Mar.
« Nous avons élaboré une stratégie pour garder notre trophée. Nous avons essayé de voir de 2004 à 2010, qu’elle était le profil de cette équipe d’Egypte, qui a réussi l’exploit de remporter trois CAN d’affilée, en termes de structuration administrative », a-t-il dit.
Il intervenait au cours d’un panel sur « L’opération de conservation du titre de champion d’Afrique de football », à l’initiative de l’Association nationale de la presse sportive du Sénégal (ANPS).
« Nous avons pensé que si nous essayions de ressembler un peu à ce profil d’équipe, nous aurions l’avantage de garder notre trophée. Nous avons remarqué que de 2004 à 2010, il y a une stabilité au niveau de la Fédération, du staff technique et de l’équipe égyptienne », a-t-il noté.
Selon Mayacine Mar, « beaucoup de similitudes » ont été notées entre l’équipe actuelle du Sénégal et celle de l’Egypte de cette époque, qui était sur le toit du football africain.
« En terme de stabilité fédérale, l’Egypte a beaucoup bénéficié de la proximité du siège de la Confédération africaine de football (CAF) [qui se trouve au Caire]. Elle a ainsi pu bénéficier de l’expérience de gestion de la CAF », a souligné Mayacine Mar, estimant que la Fédération sénégalaise de football « présente actuellement une meilleure expérience ».
« Nous allons participer à notre 6e CAN. 90% des dirigeants sont depuis 2012 dans l’équipe fédérale. Nous avons alors l’expérience de gestion pour réduire toute incertitude qui pourrait nous éloigner de la reconquête de cette CAN », a-t-il rassuré.
Selon le DTN, la stabilité du staff de l’Egypte a été un atout pour l’équipe. « Hassan Shehata a pris l’équipe de 2004 à 2011. Il est resté sept ans comme entraîneur, ce qui lui a valu de gagner trois fois la CAN », a-t-il rappelé.
« Nous avons un coach (Aliou Cissé) qui est depuis huit ans avec le Sénégal. Cette deuxième similitude dans le staff technique est aussi une idée que nous sommes sur la bonne voie de faire comme l’Egypte », a ajouté Mayacine Mar.
Et de relever que la stabilité de l’équipe du Sénégal, qui va jouer sa troisième CAN d’affilée, constitue une troisième ressemblance avec celle de l’équipe des Pharaons de 2004 à 2010.
« Le Sénégal a joué avec 80% de son effectif à la CAN 2019, 90% en 2021. Nous allons à la CAN 2023 avec encore 90% de notre effectif. C’est de l’expérience, avec des joueurs professionnels et expérimentés à 98% », a-t-il soutenu.
par Oumar Mbaye
KHALIFA ABABACAR SALL, LE SOUFFLE DÉMOCRATIQUE DONT LE SÉNÉGAL AVAIT BESOIN
En prenant le risque de s’adresser directement au peuple sénégalais mercredi 3 janvier à travers les plateaux de la 2stv, le candidat à la présidentielle montre la voie
Le rendez-vous est donné sur la 2stv, première chaîne de télévision privée du Sénégal. Nous y retrouvons le candidat Khalifa Ababacar Sall, entouré des citoyens, qui se soumet volontiers aux interrogations des journalistes et d’un jury inclusif (Nina Penda Faye, journaliste pour les questions sociales et liées à l’égalité de genre, Sobel Ngom, Entrepreneur social pour les questions liées à la Jeunesse et l’Education, Moundiaye Cissé, sur l’Etat de droit et les institutions, Souleymane Niang, sur les sujets économiques).
Ailleurs, l’exercice paraîtrait presque banal tant les acquis démocratiques sont ancrés. Ce soir du mercredi 3 janvier, sur ce plateau à l’air libre, l’innovation est pourtant majeure au Sénégal : pour la première fois, un candidat à la présidentielle accepte de se confronter en transmission directe sur les plateformes TV & internet, à des représentants du peuple du l’élira, sur les axes stratégiques de son programme articulé autour du triptyque : l’Humain, l’Eau et la Terre. Le candidat s’est montré à l’aise sur les sujets économiques, sociaux y compris de genre, sur l’industrialisation, la dette souveraine, la jeunesse, le coût de la vie, comme sur la création d’emplois. Mais un autre constat retient tout particulièrement notre attention : le caractère inédit de l’émission.
Dans un pays où la scène politique est dominée par une instrumentalisation de la justice, un acharnement des dépositaires du pouvoir sur tout candidat susceptible de menacer leurs privilèges et des querelles de chapelle qui détournent de l’essentiel que sont la dignité des Sénégalais et la soutenabilité de la vie dans le pays, Khalifa Ababacar Sall a choisi d’élever de plusieurs niveaux le débat politique et la méthode du discours électoral.
En prenant le risque colossal de s’adresser directement au peuple sénégalais, de se soumettre à son jugement non pas sur des promesses creuses mais un programme solidement bâti et enrichi grâce à la tournée Mottali Yéene dans le Sénégal des profondeurs, le candidat à la présidentielle montre la voie.
Tant par ce nouvel exercice qu’en insistant sur son intention de garantir aux populations et aux collectivités territoriales une réelle capacité à agir, Khalifa Ababacar Sall jette les bases d’une vision qui place l’humain au cœur des politiques publiques. Surtout, et la précision est importante, le candidat donne le ton de la campagne électorale à venir, impose sa posture présidentielle et s’affirme comme une véritable alternative. De quoi inspirer les autres candidats et rehausser la qualité du débat démocratique que tous les Sénégalais sont en droit d’attendre.
LA MÉMOIRE DE MILLIONS D'ESCLAVES HONORÉE
La première pierre du mémorial de Gorée a été posée ce 6 janvier pour honorer la mémoire des victimes de l'esclavage et promouvoir la réconciliation entre les peuples. Ce projet permettra de raconter l'héroïsme des esclaves face à l'horreur de la Traite
La pose de la première pierre du mémorial de Gorée est un symbole qui renvoie à un exercice mémoriel devant contribuer à une réconciliation des peuples, afin que « l’horreur » de la Traite négrière « ne se répète plus jamais », a déclaré, samedi, à Dakar, le chef de l’Etat, Macky Sall.
« En posant ici, face aux berges de l’Atlantique, ce samedi 6 janvier 2024, la première pierre du mémorial de Gorée […], j’accompli au nom du peuple sénégalais, de l’Afrique et des diasporas, un acte d’exercice mémoriel et de réconciliation des peuples », a-t-il dit, en lançant les travaux de ce monument appelé selon lui à devenir « un lieu d’histoire ouvert au monde pour témoigner du passé ».
Les travaux du mémorial de Gorée, dont le site se trouve sur la corniche ouest dakaroise, devraient durer vingt mois avant son inauguration prévue en septembre 2025.
L’édifice, attendu pour être « un carrefour d’échanges et de rencontres », sera dressé sur 3,5 hectares et sera fait d’un tour d’acier de 108 mètres de hauteur, selon Macky Sall.
Il « sera un lieu de rappel de notre histoire pour que l’horreur du passé ne se répète plus jamais », a indiqué le président de la République, selon qui avec ce monument, « on dira enfin : plus jamais ça ! ».
« Comme un miroir, il sera le reflet et le témoin de la mémoire collective de la nation, de l’Afrique et de ses diasporas, un foyer ardent de notre culture », a-t-il ajouté, en présence du ministre de la Culture et du Patrimoine historique, Aliou Sow, et d’autres personnalités.
Macky Sall a évoqué « les horreurs de l’esclavage », soulignant qu' »à quelques encablures » du site du mémorial, sur l’île de Gorée, au large de Dakar, « l’innommable s’est produit, des hommes, des femmes et des enfants de tous âges ont été rassemblés, enchainés, torturés, transportés par millions et réduits sans pitié à l’esclavage, génération après génération ».
Le mémorial de Gorée « racontera l’histoire héroïque d’hommes et de femmes qui, par milliers, ont résisté au prix de leur vie, préférant la mort à l’asservissement », a par ailleurs indiqué le président de la République.
Le commissaire général du mémorial de Gorée, le poète Amadou Lamine Sall, a évoqué « un grand moment d’histoire » en parlant de cette cérémonie de lancement.
« Ce n’est ni une pose de première pierre, ni le lancement, mais une inauguration, l’histoire commence et s’achève 30 ans après sa gestation », a dit l’écrivain et poète dont les propos étaient empreints d’une forte émotion. Il a remercié le chef de l’Etat pour avoir « protégé, sécurisé ce chantier de la politique ».
Amadou Lamine Sall, qui porte depuis plus de trente ans ce projet, a qualifié ce mémorial de « phare qui va illuminer Dakar pendant des siècles et des siècles, et fera désormais partie […] de l’histoire ».
Colette Césaire, la fille de l’écrivain martiniquais Aimé Césaire, a assisté également à cette cérémonie, au nom de la diaspora, et des afro-descendants, ainsi que plusieurs artistes et hommes de lettres sénégalais.
Les travaux seront réalisés par la Compagnie sahélienne d’entreprise (CSE) et Suma, avec comme maitresse d’œuvre l’Agence de promotion des investissements et des grands travaux de l’Etat (APIX).
PLAIDOYER POUR LE RENOUVEAU AFRICAIN
Cartes obsolètes, dépendance intellectuelle, relations déséquilibrées avec l'ancienne puissance coloniale : Mamadou Diouf dénonce les carcans qui entraveraient l'Afrique. L'historien appelle à un profond renouvellement du continent et de sa narration
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 06/01/2024
Dans une importante interview accordée au magazine Jeune Afrique, l'historien sénégalais Mamadou Diouf a esquissé les grandes lignes d'une réinvention politique et intellectuelle du continent africain. Professeur prestigieux à l'université Columbia, il défend depuis longtemps l'idée d'un renouvellement des paradigmes permettant de penser l'Afrique.
Son dernier livre "L'Afrique dans le temps du monde" paru en 2023 jette les bases de cette réflexion. S'appuyant sur une solide analyse historique et scientifique, Mamadou Diouf y souligne les limites des Etats-nations post-indépendance, découpés selon les frontières arbitraires de la colonisation. Ces dernières n'auraient pas permis l'émergence de nations véritablement souveraines et prospères.
Dans son entretien avec Jeune Afrique, l'intellectuel approfondit cette idée. Il estime que les 60 années écoulées depuis les indépendances ont montré les failles des cartes politiques héritées. Les nombreuses crises traversées par le continent sont révélatrices de l'inadéquation entre les territoires définis et les réalités socioculturelles profondes. Mamadou Diouf appelle donc à une remise à plat totale de la carte, afin de dessiner de nouveaux ensembles plus cohérents.
Au-delà de cette refonte territoriale indispensable, l'historien souhaite un changement radical de perspective sur le passé et l'avenir du continent. Il constate ainsi que les relations privilégiées entretenues entre la France et ses anciennes colonies, qualifiées autrefois "d'intimité", ont disparu faute de respect mutuel. Pour Mamadou Diouf, le temps est venu d'une appropriation par les Africains du récit de leur propre histoire.
Avec cette proposition visionnaire d'une réinvention en profondeur, Mamadou Diouf trace un nouvel horizon pour l'Afrique. Ses idées audacieuses pourraient bien inspirer de futures générations d'intellectuels et de dirigeants politiques sur le continent.