SONKO SAISIT LA JUSTICE RÉGIONALE CONTRE MACKY SALL
L'oposant accuse l'État du Sénégal de diverses violations, dont le droit à un procès équitable, le droit à la liberté de circulation, le droit la participation à des élections libres et démocratiques, auprès de la Cour de Justice de la CEDEAO
Dans un communiqué publié le 18 septembre 2023, Ciré Clédor Ly, avocat membre du collectif de défense d'Ousmane Sonko, a annoncé que trois requêtes avaient été déposées devant la Haute Cour de Justice de la CEDEAO au nom de son client et du parti politique "Pastef". La première requête expose onze violations des droits de l'homme, condamnant l'État du Sénégal pour avoir rompu avec l'État de droit et la démocratie. La seconde requête vise à obtenir un jugement rapide avant la date limite de dépôt des candidatures à l'élection présidentielle, afin de préserver les droits du parti Pastef et de son candidat, Ousmane Sonko. Enfin, une requête en référé a été déposée pour demander des mesures conservatoires et provisoires afin de protéger les droits de toutes les parties concernées.
Les requêtes déposées par Ousmane Sonko et son équipe devant la Haute Cour de Justice de la CEDEAO ont pour objectif de mettre en lumière les violations des droits de l'homme commises par l'État du Sénégal. Diverses violations ont été énumérées, notamment le droit à un procès équitable, le droit d'accès à un avocat, le droit à la liberté de circulation, le droit à la santé physique et morale, le droit de propriété et à la protection des données personnelles, ainsi que d'autres droits fondamentaux liés à la liberté d'association, à la participation à des élections libres et démocratiques, et à la prise de décision dans les affaires publiques.
Les avocats d'Ousmane Sonko ont également demandé à la Cour de statuer en référé pour éviter tout préjudice irréversible au parti Pastef et à son président. Ils ont demandé à l'État du Sénégal de s'abstenir de toute action susceptible d'aggraver le différend électoral, de suspendre la radiation d'Ousmane Sonko des listes électorales et de préserver sa liberté de circulation.
La défense d'Ousmane Sonko espère obtenir une décision favorable de la part des juridictions internationales des droits de l'homme pour mettre fin à ce qu'ils qualifient d'"école expérimentale" du président Macky Sall, qui nie les droits humains et utilise l'appareil judiciaire à des fins politiques. Ils soulignent que la lutte d'Ousmane Sonko incarne les valeurs démocratiques et humaines prônées par l'Occident et l'Amérique, mais déplorent leur passivité face à la répression violente que subit le peuple sénégalais.
LA QUÊTE TRAGIQUE DE DOUDOU DIOP
Retour sur l'histoire du jeune cinéaste sénégalais qui a trouvé la mort le 28 juillet dernier, sur une embarcation de fortune vers les îles canaries en voulant documenter au plus près l'immigration irrégulière
Le quotidien espagnol El País revient sur l'histoire tragique de Doudou Diop, un jeune cinéaste sénégalais décédé lors d'une tentative de migration vers les îles Canaries. Doudou Diop connu pour ses documentaires engagés sur des questions environnementales, avait décidé de réaliser un film sur l'immigration irrégulière avec le plus de réalisme possible.
La nouvelle de sa mort a choqué ses amis, sa famille et ses collègues. Cependant, il s'est avéré que la mort tragique de Doudou Diop cachait un secret : il ne voulait pas émigrer, mais tourner un film sur l'émigration vers l'Europe. Il avait même tourné les premières scènes avec des acteurs à bord d'un bateau près de Saint-Louis, sa ville natale. Mais cela ne lui semblait pas assez réel. Sans en informer personne, il a décidé de se lancer dans le voyage en tant que migrant. Ce serait son dernier voyage, son dernier film.
La famille de Doudou Diop, résidant à Saint-Louis est dévastée. Son père, un policier à la retraite, se demande selon des témoignages recueillis par El País, pourquoi il ne lui en a pas parlé. Le jour de son départ, ce dernier pensait que Doudou se rendait à Dakar et lui a simplement souhaité bon voyage. C'était le mardi 18 juillet. Doudou et ses amis Babacar et Tapha avaient déjà payé l'organisateur du voyage les 400 000 francs CFA requis (environ 600 euros). Ils se sont rendus sur une grande pirogue vers 23h30 après avoir consulté un marabout pour une préparation mystique.
Doudou Diop avait étudié le patrimoine à l'Université Gaston Berger de Saint Louis, mais sa passion était le cinéma. Après ses études, il a décidé de passer à l'action et s'est formé en photographie, en vidéo, en montage et en post-production au célèbre centre Yenenga de Dakar. En parallèle, il a réalisé ses premiers documentaires, tous porteurs d'un message fort sur l'environnement et la société. Ses films les plus connus sont "Vertedero", qui raconte la vie d'une femme et de ses enfants vivant de déchets, et "Vecinos de las aguas fecales", dénonçant les problèmes d'inondations et d'égouts dans son quartier.
Le voyage en mer a commencé calmement. Les migrants, absorbés par leurs peurs et leurs pensées, ne parlaient pas beaucoup. Le lendemain, Doudou a sorti son téléphone portable et a commencé à filmer, malgré les avertissements du capitaine de la pirogue. Il lui a répondu qu'il suivait simplement son personnage, Tapha, l'acteur de son film. Après plusieurs jours en mer, les problèmes ont commencé à se multiplier. La nourriture s'est épuisée, le vent soufflait fort et il faisait froid. Les vagues étaient énormes, et ils étaient trempés. Malgré tout cela, Doudou continuait de filmer. Au bout de sept jours, les migrants ont commencé à présenter des éruptions cutanées et à vomir. Doudou a perdu connaissance, tout comme Babacar. Ce dernier s'est réveillé à l'hôpital sans savoir ce qui était arrivé à Doudou.
Le 28 juillet, la Marine marocaine a intercepté une pirogue et a secouru 71 jeunes, qui ont rapporté que 14 personnes étaient décédées pendant la traversée, dont Doudou Diop. En même temps, 19 survivants ont été transportés à l'hôpital de Dajla, anciennement Villacisneros, souffrant d'hypothermie et de déshydratation. Les familles au Sénégal commençaient à s'inquiéter après plus d'une semaine sans nouvelles de leurs proches. Le consul sénégalais au Maroc a informé le père de Doudou de ce qui s'était passé, mais il ne savait toujours pas si son fils était à bord de cette embarcation.
FELWINE SARR EN CONVERSATION AVEC MAURICE SOUDIECK DIONE
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SÉNÉGAL : DES STRUCTURES INSTITUTIONNELLES MARQUÉES PAR L'AUTORITARISME
Retour sur l'origine, l'évolution et la pertinence des institutions dans le contexte africain post-colonial. Quid des mécanismes de limitation du pouvoir et de promotion des droits existant dans les sociétés précoloniales
Dans cette édition des Chroniques d'un temps politique, Felwine Sarr discute avec le Professeur Maurice Soudieck Dione des institutions et de leur rôle au Sénégal, en mettant en lumière leur origine, leur évolution et leur pertinence dans le contexte africain post-colonial.
L’ALERTE DE L’INTERPROFESSION OIGNON
L’interprofession oignon au Sénégal (Ipos) élève la voix à trois mois du démarrage de la campagne horticole, alertant sur le manque de certaines semences.
L’interprofession oignon au Sénégal (Ipos) élève la voix à trois mois du démarrage de la campagne horticole, alertant sur le manque de certaines semences.
“Quand on a entendu que le ministre de l’Agriculture (Ali Ngouille Ndiaye) a démissionné, on était tous inquiets. On est à trois mois de la campagne horticole, et beaucoup de choses manquent. Il (Aly Ngouille Ndiaye) était sur des procédures. Aujourd’hui, il y a un manque de semences d’oignons, de pommes de terre. Le matériel agricole n’est pas mis à la disposition des producteurs”, s’alarme le chargé de la communication de l’Ipos, Aly Ndiaye.
Au micro de notre correspondant à Thiès, il plaide la nomination d’un ministre dans les plus brefs délais. Ce qui permettra de pallier certains désagréments comme la pénurie et la spéculation sur l’oignon fin août dernier. “On risque de connaître la même situation. Il nous faut un ministre de l’Agriculture disponible”, prévient-il, ajoutant qu’”il ne faut pas nommer pour nommer.”
Parmi les critères de sélection, il insiste sur “quelqu’un qui connaît le secteur dans son ensemble.”
Pour Aly Ndiaye, Dr Macoumba Diouf, l’actuel directeur de l’horticulture a le profil pour conduire ce département. “Il est un homme du sérail et il a le sens de l’écoute”, insiste-t-il.
GAMOU 2023, LE THÈME AXÉ AUTOUR DE LA GUIDANCE DU PROPHÈTE, COMME MOYEN D’ORIENTATION DES GÉNÉRATIONS FUTURES
La 122ème édition du Gamou de Tivaouane se tiendra ce mercredi 27 septembre 2023. Un évènement qui aura pour thème : « C’est vers la guidance du Prophète que nous allons orienter les générations ».
La 122ème édition du Gamou de Tivaouane se tiendra ce mercredi 27 septembre 2023. Un évènement qui aura pour thème : « C’est vers la guidance du Prophète que nous allons orienter les générations ». L’annonce a été faite à l’occasion d’un point de presse tenu à Tivaouane.
Revisiter les enseignements du prophète de l’Islam. C’est ce que compte faire Tivaouane lors de la commémoration du Gamou de Tivaouane d’où le thème de cette année. D’après le coordinateur de la cellule Zawiya Tidiane, Serigne Abdou Hamid Sy, l’idée est « d’exorciser le mal-devenir des générations tardives perdues dans les limbes du désespoir, parce que mal guidées mal instruites, moralement et spirituellement mal armées pour faire face aux vicissitudes de notre époque trouble et troublée, vivant d’expédients destructeurs qu’ils soient virtuels comme TikTok ou Facebook, matériels comme ’’barça ou barzakh’’ ou idéologiques ».
« Comment sauver cette génération sinon que de l’attirer vers les enseignements du Prophète-guide, les ramener à la source, les enraciner aux valeurs et vertus fondatrices de la vraie humanité telles qu’il l’a incarnées et continuera de l’incarner tant que grondera le tonnerre, que la colombe continuera de roucouler et que de la plume l’encre coulera ( mâ ar’ada ra’du wal warqâ’u tanhibu min hadîlihâ wa jarâ dam’un minal qalami). Ce Prophète-guide dont ses plus grands admirateurs ne sont ni de son époque, ni de son aire géographique, ni même de sa foi », poursuit le fils de Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amin.
A l’en croire, le prophète de l’Islam peut bel et bien servir de référence aux générations actuelles et futures. Pour s’en rendre compte, explique Serigne Abdoul Hamid : « écoutons Goethe qui dans une boutade parle du Prophète Muhammad à un de ses amis : Tu vois Eckermann, Son enseignement réussit toujours . En dépit de tous nos systèmes, nous ne pouvons pas aller au-delà, aucun homme ne peut aller au-delà ».
Ailleurs, le sage de l’Inde, Mahatma Gandhi, d’après Abdoul Hamid, parle du prophète de l’islam en ces termes : « Je voulais mieux connaître la vie de celui qui aujourd’hui détient indiscutablement les cœurs de millions d’êtres humains. Je suis désormais plus que jamais convaincu que ce n’était pas l’épée qui créait une place pour l’Islam dans le cœur de ceux qui cherchaient une direction à leur vie. C’était cette grande humilité, cet altruisme du Prophète, l’égard scrupuleux envers ses engagements, sa dévotion intense à ses amis et adeptes, son intrépidité, son courage, sa confiance absolue en Dieu et en sa propre mission. Ces faits, et non l’épée, lui amenèrent tant de succès et lui permirent de surmonter les problèmes ».
C’est donc autour de « la reproduction du modèle prophétique que va s’articuler toute la programmation scientifique et culturelle du Mawlid, suivant ainsi les enseignements de Cheikh El Hadj Malick Sy qui n’a rien laissé du Prophète-guide ». A ce titre, un symposium se tiendra autour du séminaire mythique de Ndiardé où El Hadj Malick Sy a formé « des formateurs qui vont essaimer sur tout le territoire national et au-delà puisque certains se sont ensuite installés dans la région ouest africaine ».
En outre, d’autres activités seront au programme. Il s’agit d’une exposition sur la vie d’El Hadj Malick Sy avec un atelier consacré à la calligraphie arabe avec l’artiste calligraphe Oumou Kalsoum Tambedou, les Burds populaires, un forum de l’Université populaire de Maodo qui va consacrer une journée de souvenirs en hommages à Serigne Abdoul Aziz Al Amine dont le 22 septembre est la date anniversaire de son rappel à Dieu. Il est aussi prévu le Takkusaan Seydi Jamil, le takkusaan Seydina Cheikh Ahmad Tidjane Sy, de Sokhna Aida Sy.
MULTIPLE PHOTOS
WARANG : UN VILLAGE, DEUX CHEFFERIES
Coincé entre Nianing et Mballing, le village de Warang a une singularité : il a deux chefs de village. L’un administre Warang Sérère, l’autre Warang Socé.
Coincé entre Nianing et Mballing, le village de Warang a une singularité : il a deux chefs de village. L’un administre Warang Sérère, l’autre Warang Socé. Cette séparation, plutôt que d’être source de tension, est une richesse que les deux chefferies et les populations qu’elles dirigent cultivent.
Le visiteur qui débarque devra être précis s’il cherche des renseignements sur Warang. Sérère ou Socé ? Cette précision est nécessaire parce que si le village ne fait qu’un bloc aux yeux du commun des Sénégalais, dans la réalité, il est subdivisé en deux : Warang Sérère et Warang Socé. Chacun avec son chef de village. Un village, deux chefferies, cela doit être une rareté au Sénégal. La frontière est matérialisée par la route nationale. En venant de Dakar en direction de Joal, Warang Sérère se trouve à droite, donc en bordure de l’océan atlantique et abrite l’école maternelle et le dispensaire ; tandis que Warang Socé est situé à gauche, dans une position plus « continentale » et accueille la grande mosquée et l’école primaire.
Si leur position géographique est aujourd’hui définitivement figée, il semble qu’elle a évolué dans le temps, si l’on en croit Modou Ndong, neveu du chef de village de Warang Sérère, Gorgui Sarr, dont l’intérim est assuré par son fils, Djim Sarr, à cause de son grand âge (plus de 100 ans, nous dit-on). « L’actuel Warang Sérère était situé derrière Warang Socé. Mais un jour, une mystérieuse maladie a décimé les troupeaux de vaches. Les habitants ont alors décidé de venir s’installer près de la mer », explique-t-il. Mais, quelque temps après, les habitants de Warang Sérère vont quitter la bordure de l’océan pour se replier sur le continent à cause d’une houle qui aurait ravagé les habitats. « C’était en 1938. Face à l’avancée de la mer, nous avons encore dû déménager pour nous installer définitivement sur l’actuel site », précise Modou Ndong. Aujourd’hui, le long de la berge abandonnée par les populations, des résidences secondaires ont alors fleuri et quelques maisons d’hôtes ont émergé. Si bien que dans cette partie de la Petite-Côte, Warang est, selon le chef de village de Nianing, la localité où il y a le plus de ce type d’habitats. C’est sans doute ce qui explique le calme et la tranquillité qui règnent à Warang Sérère qui, comme son nom l’indique, est majoritairement peuplé de gens issus de cette ethnie et qui vivent essentiellement de la pêche.
La localité jumelle de Warang Socé, elle, est plus cosmopolite en termes de peuplement, indique le chef de village Salifou Touré. « Par le passé, les Mandingues étaient majoritaires à Warang Socé, mais aujourd’hui ce n’est plus le cas. Il semble même que les Sérères ont pris le dessus en termes de nombre d’habitants », explique, avec le sourire, ce jeune chef de village qui a remplacé son père, après une élection, il y a un peu plus d’un an. Salifou Touré explique ce renversement de la pyramide démographique par le fait qu’à Warang Socé, la plupart des Mandingues ont préféré aller s’installer à Mbour, sur un temps long.
Entre les deux Warang, l’entente semble parfaite. Comme en attestent les relations fraternelles qu’ont toujours entretenues les deux précédents chefs de village que les remplaçants de fils s’évertuent à perpétuer. « Nous cohabitons en parfaite harmonie. Des mariages se tissent entre nous. Nous avons une école primaire commune, un lycée commun et un dispensaire commun. Mieux, jusqu’à une date récente, nous avions la même Asc, mais vu la densité de la population de part et d’autre, nous avons dû la scinder », assure Modou Ndong. Le chef de village de Warang Socé fait chorus. « Il n’y a pas de problème entre les deux Warang. Les deux précédents chefs de village se respectaient tellement que lors de certains événements, Gorgui Sarr de Warang Sérère demandait toujours que mon défunt père, pourtant plus jeune, parle en son nom. Cet héritage, Djim Sarr et moi sommes en train de le perpétuer », signifie Salifou Touré. De part et d’autre, on n’exclut pas l’idée de voir, un jour, une réunification de la chefferie à Warang.