LE COMBAT DES JEUNESSES AFRICAINES POUR L'INDÉPENDANCE
Quels étaient les espoirs jeunesses africainesà la fin de la colonisation ? Comment la critique politique du modèle de société post-colonial s’est-elle structurée et organisée à l’échelle nationale et continentale ? ENTRETIEN AVEC DIALO DIOP
Comment les jeunesses africaines ont-elles vécu l’époque des indépendances, quels étaient leurs espoirs à la fin de la colonisation ?
Et comment la critique politique du modèle de société post-colonial s’est-elle structurée et organisée à l’échelle nationale et continentale ?
Dialo Diop est sénégalais, médecin, il est l’un des protagonistes flamboyant de cette histoire révolutionnaire.
Il a d’abord été un militant marxiste-léniniste à tendance maoïste, avant de devenir militant panafricaniste. Etudiant politisé, il a connu la prison sous Léopold Sédar Senghor pour avoir incendié le Centre Culturel Français. Il est également l’un des frères de Omar Blondin Diop, ce jeune intellectuel assassiné à 26 ans, sous Senghor également, et dont vous avez peut-être déjà entendu parler.
LES LANGUES DU TERROIR POUR TRANSMETTRE LE SAVOIR
L’ancien Recteur de l’Ucad, Abdou Salam Sall, souligne l’importance des langues du terroir dans le développement de l’enseignement scientifique. "Si on veut que nos enfants soient de bons scientifiques, on commence l’éducation par la langue de terroir"
L’ancien Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Pr Abdou Salam Sall a souligné, jeudi à Dakar, l’importance des langues du terroir dans le développement de l’enseignement scientifique.
‘’Si on veut que nos enfants soient de bons scientifiques, on commence l’éducation par la langue de terroir de l’enfant’’, a -t -il dit lors d’un panel à l’initiative de la Coalition des Organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique.
Il a expliqué ce recours aux langues nationales pour deux raisons. D’abord, il y a un capital humain dans la famille qu’on doit transposer à l’école et ensuite l’expérience prouve que les enfants qui ont fait leur éducation à partir de leur langue de terroir »sont meilleurs non seulement en sciences mais également en français », a dit Abdou Salam Sall, chimiste et ancien Doyen de la Faculté des Sciences de l’ucad.
‘’Nos langues utilisent deux systèmes de numération, la base 5 et la base 10 connues des scientifiques alors que le système francophone utilise la base 10. Quand l’enfant est rompu à la complexité, si vous déconstruisez cette aptitude chez lui au lieu de la consolider, il y a problème », a-t-il souligné.
Pr Sall a estimé qu’il faut également qu’on ait suffisamment d’enseignants qualifiés en sciences et technologies. ‘’L’éducation c’est l’affaire d’un peuple. Aujourd’hui on peut créer une base de données pédagogiques où il y a tous les cours faits par les meilleurs professeurs’’, a-t-il relevé.
‘’Dès lors qu’on n’a pas suffisamment d’enseignants qualifiés en sciences dans le système, il faut renforcer les capacités des enseignants en place et rendre disponibles sur le web des enseignements de toutes les sciences notamment des mathématiques’’, a-til suggéré.
Doyen de la Faculté des sciences de 2000 à 2003 avant d’être nommé Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop, il a soutenu que ‘’le problème d’enseignants qualifiés se pose parce que l’enseignement est déserté au profit de filières qui rapportent plus en termes de rémunération’’. Il a cité l’informatique, la cryptographie, les télécommunications, intelligence artificielle et autres métiers émergents des sciences.
»Payons plus les enseignants pour attirer les scientifiques vers l’enseignement tout en favorisant l’approche expérimentale dans les apprentissages », a suggéré Pr Sall, soulignant que »quand on montre les différentes phases de l’eau en la faisant bouillir ou en la congelant on enseigne mieux et plus vite ».
Pour ne pas reproduire le système colonial, il faut »une mutation profonde » de l’école, »un changement fondamental » du système déjà proposé par les Assises de l’éducation de 2014, selon l’ancien recteur, également président de cette initiative en son temps.
MACRON DÉNONCE LE TRAITEMENT RÉSERVÉ À SON AMBASSADEUR AU NIGER
Le patron de l'Élysée a déclaré que l'ambassadeur et les membres diplomatiques français étaient actuellement "pris en otage" à l'ambassade de France à Niamey
Le président français Emmanuel Macron a déclaré lors d'un déplacement dans le centre-est de la France ce vendredi 15 septembre que l'ambassadeur de France au Niger était "pris en otage" par les militaires au pouvoir et qu'il n'avait "plus la possibilité de sortir". Les militaires, qui ont renversé le président Mohamed Bazoum et pris le pouvoir le 26 juillet, avaient ordonné l'expulsion de l'ambassadeur de France fin août, mais la France a refusé de se conformer à cette demande, affirmant que le gouvernement issu du coup d'État n'avait pas l'autorité pour le faire.
Emmanuel Macron a souligné que l'ambassadeur et les membres diplomatiques français étaient actuellement "pris en otage" à l'ambassade de France à Niamey, au Niger. Il a déclaré que la nourriture était empêchée d'être livrée et que l'ambassadeur se nourrissait désormais de "rations militaires". Il a également précisé que l'ambassadeur Sylvain Itté était considéré comme persona non grata et qu'il lui était refusé de se nourrir.
Le président français a réitéré qu'il prendrait des décisions concernant l'ambassadeur en accord avec le président Bazoum, qu'il considère toujours comme l'autorité légitime du Niger. Il a également confirmé que la France continuerait d'accueillir des artistes venant du Sahel, malgré la directive de suspension de collaboration avec des artistes du Niger, du Mali et du Burkina Faso émise par l'administration française. Cependant, il a admis que les artistes nigériens rencontreraient des difficultés pour obtenir des visas, car l'accès aux services consulaires français n'est plus possible en raison de la situation politique au Niger.
Le nouveau pouvoir au Niger a dénoncé les accords de coopération militaire avec la France et souhaite le départ rapide des militaires français présents dans le pays. La situation de l'ambassadeur de France au Niger reste préoccupante, et la France suit de près les développements de cette affaire.
REMANIEMENT : OULIMATA SARR SUR LE DÉPART ?
La popularité d'Oulimata Sarr auprès de l'électorat pourrait être un facteur préoccupant pour Macky Sall. Le chef de l'État sortant cherche à consolider la position d'Amadou Ba, désigné candidat de la majorité à la présidentielle
Selon les informations rapportées par le site d'informations Africa Intelligence, Oulimata Sarr, ministre de l'Économie, pourrait être une des premières victimes d'un remaniement ministériel à venir dans la perspective de l'élection présidentielle de février 2024. Malgré sa proximité avec le président Macky Sall, sa popularité auprès de l'électorat et son poste stratégique pourraient jouer en sa défaveur.
Selon les sources citées par Africa Intelligence, le remaniement ministériel envisagé aurait pour objectif de placer des personnalités plus favorables au président Macky Sall dans des postes stratégiques. En amont de l'élection présidentielle, le chef de l'État chercherait à renforcer son équipe gouvernementale en écartant des ministres qui pourraient représenter une concurrence potentielle pour son dauphin désigné. Oulimata Sarr, en tant que ministre de l'Économie, occupe un poste clé, ce qui pourrait susciter des inquiétudes chez le président.
Avec la désignation récente du Premier ministre Amadou Ba comme candidat de la coalition au pouvoir à la présidentielle, les chances d'autres personnalités d'accéder à des postes clés s'amenuisent. Amadou Ba est présenté comme le favori pour succéder à Macky Sall, ce qui limite les perspectives pour des personnalités comme Oulimata Sarr.
Dans un contexte politique où la continuité est privilégiée, il est probable que le président cherchera à consolider la position d'Amadou Ba et à s'entourer de fidèles pour l'élection présidentielle.
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L'INTERVENTION MILITAIRE AU NIGER EST TOUJOURS SUR LA TABLE
Le président de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, dans une interview accordée à France 24, revient sur le coup d’État au Niger et la possible intervention de la Cédéao
Le président de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, dans une interview accordée à France 24, revient sur le coup d’État au Niger et la possible intervention de la Cédéao.
La Cédéao, qui tente de négocier avec les putschistes depuis leur prise du pouvoir le 26 juillet, a menacé d'intervenir militairement en cas d'échec des négociations pour rétablir l'ordre constitutionnel.
par Jean Pierre Corréa
LA DESTINÉE DU SÉNÉGAL MÉRITAIT MIEUX
Quelle erreur de perception a commis ce pouvoir que d'avoir pu penser qu'un candidat désigné par le président serait préféré aux candidats audacieux et volontaires seraient plus attrayants et attractifs qu'un messie de connivence
La destinée du Sénégal méritait mieux qu'un coq'o...falo...la poule a pondu
L'avenir de notre pays s'est-il joué sur un désinvolte "Sekho...Falo...Guinar bou nenn ?
Le Sénégal et les Sénégalais, entraînés et conditionnés par les journaux de notre pays ont retenu leurs souffles dans l'attente, irrespirable du choix présidentiel devant indiquer aux Sénégalais l'homme sur lequel reporter leurs suffrages le 25 février 2024.
La fumée blanche a surgi des fenêtres du palais de notre République, sous les caméras partisanes de notre RTS, et les manants de Ndoumbélane se sont écriés : "Habemus Candidam"! Quelle erreur de perception, a commis ce pouvoir sur la fin que d'avoir sérieusement pu penser qu'un candidat choisi et désigné par le chef de l'État serait préféré aux candidats audacieux et volontaires, qui certainement animés de valeurs et d'un patriotisme sans majuscule prétentieuse et superflue, seraient plus attrayants et attractifs, qu'un messie de connivence.
Il convient d'abord de préciser qu'en 2012, si Macky Sall a été élu, c'est qu'il n'avait justement pas été désigné et que seuls son courage et son audace avaient alors concouru à son indiscutable triomphe. Cette réflexion qui pointe avec sagacité cette particularité de la désignation devrait nous faire comprendre que toute cette agitation mystérieuse autour du choix de Macky Sall pour tel ou tel homme devant mener sa coalition au combat électoral n'était en fait que grossière manipulation des populations auxquelles il fallait faire croire que des fenêtres du palais de la République sortirait la fumée révélant le sauveur de notre Sénégal.
Nous ne devrons jamais oublier que l'élection présidentielle n'est que la rencontre d'un homme avec son pays et qu'il est préférable de choisir l'homme volontaire, audacieux et ambitieux pour son pays que celui dont l'unique mérite aura été d'avoir été choisi par celui qui, ayant ouvert la grande porte de l'histoire, risque de voir celle-ci se refermer en cas de défaite de l'homme qu'il aura eu à désigner, dans la douleur certes, mais en toute responsabilité. C'est là que le choix de Macky Sall est dangereux pour lui. Et pour notre pays que nous avons tous en commun, le Sénégal. Les enjeux cruciaux et colossaux qui sont proposés aux hommes et aux femmes désireux de présider à sa destinée, commandent à leur raison que notre pays est au-dessus de leurs vénielles et souvent vénales ambitions.
Une élection présidentielle n'est pas un concours de Miss ou de monsieur Univers
Quel est-ce Sénégal qui est considéré par tous ces énergumènes et farfelus, comme étant tombé si bas et vierge de toute grande histoire pour que tout ce monde biberonné au buzz puisse s’autoriser, parce que s'étant fabriqué de vagues états de services ou des titres académiques bidons, à se porter candidat à la présidentielle?
La pratique politique est viciée dans ce pays par des chômeurs professionnels ou des gens qui n’arrivent pas à se réaliser et qui trouvent que la politique reste le moyen le plus rapide ou le plus commode pour accéder à l’honorabilité sociale et à ce qu'ils considèrent comme des richesses qu'il convient de se partager.
Le stratagème est simple, il a fait le lit de nos déboires actuels et tous ces candidats-bouffons ne le sont que pour pouvoir s’asseoir à une conférence de leaders supposés, participer à investir un candidat et bénéficier d’un retour d’ascenseur une fois que celui-ci remporterait l’élection présidentielle. Ce système qui a fini de mettre le Sénégal sous la coupe réglée de politiciens professionnels, a permis à des personnes d'être nommées à des emplois publics sans le moindre mérite, ni qualification professionnelle. C'est ce qu'on appelle "Le bal des tocards". Ne perdons donc pas de temps à en dresser la liste et regardons plutôt quels hommes sont animés de cette flamme qui attirerait les Sénégalais à se laisser imprégner par leur audace et leurs propositions nouvelles et pour le coup entraînantes vers le choix qui nous est offert de pouvoir enfin et pour la première fois, élire un homme au lieu d'avoir à le chasser comme à l'accoutumée.
Quand va-t-on sortir de cette singulière incongruité qui veut qu'au Sénégal, nos hommes politiques soient toujours plus riches que les entrepreneurs, capitaines d'industries, et chefs d'entreprises qui font le PIB de ce pays ? Hormis la réserve faite sur le modus operandi de sa communication qui donnait l'impression que les informations publiées ça et là lors de sa mise en orbite politique, étaient plus du ressort des services commerciaux des organes, journaux, radios et télés en question, il est ahurissant que madame Anta Babacar Ngom ait pu débouler dans cet espace politique bruyant et dédié seulement au brouhaha qui empêche d'aller dans la profondeur des choses et susciter une certaine curiosité de la part des Sénégalais, saoulés par les concours d'incurie proposés depuis des décennies par une classe politique à bout de souffle et surtout d'idées propres à redonner le goût du rêve à nos filles et fils, qui ont fait de l'Atlantique et de la méditerranée un sinistre et funeste mausolée, que leurs incantations ont contribué à peupler de cadavres.
Un Désir de rêver au possible est une ambitieuse exigence
Le vainqueur de la tombola électorale organisée par Benno Bokk Yakaar, Amadou Ba, désigné plus pour avoir dans l'opinion l'image d'un homme déjà richissime, donc de ce fait rassurant pour les Sénégalais dopés au "tekki coûte que coûte", peu en ayant importé les moyens, devra proposer au peuple Sénégalais un allant plus sexy et moins engoncé dans ses boubous qui semblent raidis par on ne sait quelle gaine, et conjurer le sort contrariant qui ne l'a pour l'instant fait goûter qu'à d'amères défaites électorales.
Le premier de ses panaches à nous proposer serait de démissionner de la Primature et d'aller éprouver ce risque et ce bonheur d'établir un lien fort entre lui et les Sénégalais avec ses deniers propres, qui n'auraient pas l'odeur du coffre de la caisse noire qu'il viendrait fermer en quittant son poste. On peut dire que ça aurait vraiment "de la gueule". Et voir le président de la République sortant, dans ses habits de directeur de campagne, manipuler les fonds propres de son ancien ministre, mis au service de la victoire de son camp, serait pour nous un plaisir de fin gourmet, à apprécier jusqu'à l'extase...
Ne nous laissons cependant pas duper par les rebellions des exclus et leurs mouvements de mentons, que "plouf-plouf pour plouf-plouf", ils méritent autant que le lauréat de vouloir présider à notre destinée.
Soyons sérieux un instant... Tous ces candidats aussi saugrenus que désinvoltes, dont pour l'instant n'ont eu pour seul mérite que d'avoir été nommés à des stations, comme on dit juteuses, et qui comme monsieur El Hadji Mamadou Diao, de son vrai nom, mais moins funky que le sautillant Mame Boye, qui a encore un Wikipédia en construction, qui a l'outrecuidance de nous dire publiquement et sans frémir de honte, après seulement quelques années aux Domaines, que ses enfants ont de quoi vivre jusqu'à leurs morts, donnent à l'image de la politique telle qu'elle est exercée chez nous, un goût à faire vomir. Ils vendront s'acheter des strapontins rédempteurs qui les mettront le moment venu à l'abri de poursuites en cas de reddition des comptes. Le virer c'est à la limite du mesquin, lui demander des comptes aurait été plus annonciateur de nouvelles conduites espérées du futur gouvernement qui est sensé accompagner Macky Sall vers une sortie que beaucoup de Sénégalais attendent glorieuse en avril 2024.
L'opposition aussi a des espoirs à semer, avec ou sans Ousmane Sonko, autour d'un commun désir de gouverner autrement, pour de nouveau faire revenir la concorde et le beau projet qui nous unissait d'un Sénégal en paix. Il faudra trier "les bons grains des ivresses du pouvoir", parce que tout ne se vaut pas et qu'il sera bientôt temps de considérer qu'il est urgent de remettre les pendules à l'heure, pour que les bonnes montres nous indiquent enfin la bonne et surtout la même heure.
Et plutôt que de regarder avec anxiété ce qui se passe dans cette Afrique turbulente, posons nos regards sur des pays comme le Bénin, le Ghana, où des hommes ont su prendre les risques nécessaires pour développer leurs pays, parce que sachant déjà ce qu'est un risque à prendre, comme ils en avaient toujours pris avec leurs propres deniers et leurs seuls enthousiasmes, guidés par la justice de leur management, scellé dans la foi, l'empathie et la hantise de la honte et de l'indignité. Ces hommes-là ont souvent la particularité motivante d'être nés avant la honte. Et ça change tout. Face à des hommes "choisis" et nés souvent après la honte, des senteurs de changements diffusés par des hommes nouveaux, peuvent renverser tous les plans prévus dans la connivence par des hommes qui ne s'étaient pas imaginé que le Sénégal était devenu, sans qu'ils ne s'en aperçoivent, un pays mature peuplé de vrais "nandités", dans le plus gratifiant sens du terme, "ceux à qui on ne la fait plus" et dont l'avenir ne se joue pas à "plouf-plouf".
ABDOULAYE DAOUDA DIALLO RENTRE DANS LE RANG
Après avoir fait durer le suspense pendant quelques jours, le président du Cese et élu de Boké Diallobé a fini par accepter de se ranger derrière Amadou Ba, le candidat choisi par le leader de sa coalition, Benno bokk yaakaar
Après avoir fait durer le suspense pendant quelques jours, le président du Cese et élu de Boké Diallobé a fini par accepter de se ranger derrière le candidat choisi par le leader de sa coalition, Benno bokk yaakaar. Il ne reste, parmi les ténors qui ne se sont pas encore prononcés, que l’ancien Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne.
Le mauvais feuilleton a finalement pris fin hier. Abdoulaye Daouda Diallo a fini par se rendre compte qu’il n’avait pas assez d’envergure pour s’opposer à son propre camp. Il a fini par faire allégeance au candidat choisi de son camp, Amadou Ba. La réconciliation a été actée hier dans la soirée, au cours d’un entretien en tête-à-tête entre les deux hommes à la résidence officielle du Premier ministre.
On peut imaginer que les choses n’ont pas dû être faciles, et le président du Conseil économique, social et environnemental n’a pas déposé les armes aussi facilement que l’on pourrait le croire. La preuve, après une première rencontre dans l’après-midi, M. Diallo a quitté Amadou Ba pour se rendre au palais de la République, où il a été reçu par le Président Macky Sall. Etait-ce pour demander à ce dernier d’intercéder auprès de Amadou Ba pour faire passer ses exigences ? En tout état de cause, après être sorti de cette rencontre, l’ancien ministre des Finances et du budget est allé retrouver son ancien collègue de l’Economie, des finances et du plan, pour les dernières mises au point et la déclaration officielle.
Sans avoir besoin de spéculer sur les détails des échanges, on peut tout de même s’assurer que Amadou Ba n’a pas eu à céder sur l’essentiel. Au point où il en est, le Premier ministre est au même point que les autres candidats ; il doit d’abord s’assurer à sécuriser ses parrainages.
Une fois cela fait, il lui faudra battre campagne, et se donner les moyens de gagner.
Or, on ne peut, à ce stade, s’aventurer à faire des promesses, sans savoir si l’on va passer au premier tour ou pas. Le cours de la campagne pourrait imposer des alliances de dernière minute, qui demanderaient des concessions. Dans ces circonstances, pour ne pas avoir à se dédire, on ne peut donner des garanties que d’avoir à gouverner ensemble, en militants du même parti. N’est-ce pas d’ailleurs ce que leur a enjoint leur leader, le Président Macky Sall, qui leur a demandé de «gagner ensemble pour gouverner ensemble» ?
On pourrait facilement le croire, lui qui a eu à diriger la coalition politique qui a eu la plus longue longévité dans l’histoire politique du Sénégal.
Le ralliement de ADD met Mahammed Boun Abdallah Dionne dans une position délicate. Il se disait dans les salons de Dakar, que «Boun», comme l’appellent familièrement les Sénégalais, avait demandé aux autres ténors de créer ensemble une coalition qui pourrait faire balance à Amadou Ba, et qui sait, contraindre le président de la coalition à revenir sur son choix.
Or, dès l’annonce du choix de M. Ba, Aly Ngouille Ndiaye (A2N) a préféré prendre ses responsabilités sans attendre, et tenter sa chance tout seul.
Abdoulaye Diouf Sarr s’est également rangé très vite, ainsi que le président de l’Assemblée nationale, M. Amadou Mame Diop. Et ceux qui sont restés, ont vite compris que M. Mahammed Dionne ne roulait que pour sa propre chapelle, voulant que les autres se rangent derrière lui. ADD, qui aurait à un moment, menacé de prendre aussi ses responsabilités et couper les amarres, a fini par se rendre compte que, ne pouvant aller loin tout seul, quitte à être derrière un candidat, le meilleur serait celui qui a été choisi par son ami, le leader de son parti. Reste maintenant à l’ancien Premier ministre de se prononcer lui aussi dans un délai assez bref.
KARIM WADE : LES CHANCES D'UN CANDIDAT FANTÔME
Grand outsider de l'élection présidentielle, le fils de l’ancien chef d’État devra faire face à une montagne d’obstacles pour espérer devenir le 5e chef de l'État du Sénégal
Candidat du Parti démocratique sénégalais, Karim Wade vivra son baptême du feu en 2024, s’il réussit à passer les différentes épreuves sur le chemin de la présidentielle. Grand outsider de cette élection, le fils de l’ancien chef d’État devra faire face à une montagne d’obstacles pour espérer devenir le 5e président du Sénégal.
Candidat de l’un des partis les plus importants du Sénégal (Parti démocratique sénégalais - PDS), Karim Wade pourrait être rangé dans la catégorie des outsiders de l’élection présidentielle de février 2024. Très présent dans le débat public depuis 2004 (à sa nomination à la tête du Conseil de surveillance de l’Agence nationale de l’Organisation de la conférence islamique - Anoci), le fils de l’ancien président est très attendu pour ce qui va être sa première participation à une compétition électorale majeure, en tant que chef d’équipe, s’il arrive à passer les différents obstacles menant à 2024.
En effet, même s’il fait partie des personnalités politiques les plus célèbres de l’espace public depuis plusieurs années, Karim Wade n’a jamais dirigé une liste ou un parti à une compétition électorale. En 2009, à l’occasion des élections locales, il effectuait sa grande rentrée politique sur la liste du PDS, à Dakar. Mais il s’était arrimé au maire sortant (Pape Diop) qui était la tête de liste ; Karim étant à la 4e place. Pour beaucoup d’observateurs, ce n’était là qu’une ruse de Wade père. Et que si la liste arrivait à triompher, c’est lui qui allait être parachuté à la tête de la mairie de Dakar, au détriment du chef d’équipe. Nombre d’observateurs avaient d’ailleurs invoqué cet aspect parmi les facteurs explicatifs de la débâcle du parti libéral au niveau de la capitale.
Pour rappel, le fils de l’ancien président avait été battu jusque dans son bureau de vote au Point E. Depuis, il n’a plus participé à une élection pour jauger sa popularité.
Avant ces élections de 2009, Karim n’avait jamais participé à des élections. En politique, on ne lui connaissait que la mise en place, avec l’actuel directeur général de l’Apix, Abdoulaye Baldé, de la Génération du concret, la fameuse GC qui soulevait des vagues à l’époque et dans laquelle étaient cités plusieurs cadres de l’Administration dont l’actuel Premier ministre Amadou Ba. ‘’Un parti dans le parti’’, qui était loin d’être le bienvenu auprès de certaines franges importantes du PDS. Rejeté au sein même du parti par nombre de responsables, Karim sera sur toutes les lèvres, responsable désigné de tous les maux dont souffre le parti libéral : départ de Macky Sall, défaite aux Locales de 2009 dans la plupart des grandes villes, défaite en 2012… Une chose est sûre, les accusations selon lesquelles Wade tentait de transmettre, à l’enfant gâté de la République, le pouvoir, comme dans une monarchie, ont fini d’exaspérer beaucoup de Sénégalais, au grand bonheur de ses détracteurs. Jusqu’à la chute du régime de son père et le début de ses déboires judiciaires.
Si au sommet du PDS, l’ancien ministre a toujours été combattu, à la base, il continuait de jouir d’une grande notoriété auprès des militants qui voient en lui l’héritier légitime de son père. La traque des biens mal acquis est par la suite venue consolider ce statut d’héritier et de leader de plus en plus incontesté. Poursuivi et condamné par la Cour de répression de l’enrichissement illicite, Karim séjournera environ trois ans en prison, avant de bénéficier d’une grâce, qu’il avait pourtant formellement refusée. Sorti de prison en 2016 et ‘’exilé’’ à Doha, il est investi candidat du PDS pour la Présidentielle de 2019.
Malgré les risques qui pesaient sur son éligibilité, le PDS n’a pas voulu d’un candidat de substitution. Une candidature finalement écartée par le Conseil constitutionnel.
Pour 2024, Karim Wade est encore désigné candidat. Cette fois, les chances de participation sont bien plus importantes, mais le leader du PDS devra batailler ferme pour avoir des chances de s’imposer dans un landerneau politique en pleine mutation. La première étape, c’est d’être là pour gérer le parti qui ressemble à un navire sans commandant de bord.
Plusieurs fois annoncé, le retour de Karim Wade demeure un grand mystère dans les rangs du Parti démocratique sénégalais. Chez les responsables de premier plan, la plupart disent n’avoir ‘’aucune information’’. A la question de savoir à quand le retour de Karim Wade, la secrétaire nationale chargée de la communication, Nafi Diallo, déclare : ‘’Même si je le savais, je ne vous le dirais pas…’’ Il y a quelques semaines, le président du groupe parlementaire Liberté et démocratie, Mamadou Lamine Thiam, avait annoncé que le candidat du PDS serait là après le Dialogue politique, sans plus de précision. Par la suite, il a été avancé la date du Magal de Touba, par la suite la fin des renouvellements des instances en cours… Mais jusque-là, le candidat se fait encore désirer.
A quelques mois de la Présidentielle, à moins de 15 jours du lancement des parrainages, ce mutisme des responsables est loin de rassurer au niveau de la base. D’autant plus que les renouvellements qui tirent à leur fin ont engendré pas mal de contestations et de frustrations dans les rangs du PDS. Ce responsable témoigne : ‘’Il y a beaucoup de problèmes. Il faut voir comment les régler. Mais qui est habilité à les régler ? C’est un véritable problème. L’absence du candidat nous met dans une situation inconfortable. Il y a des gens à qui on a confié des missions ; mais au lieu de travailler dans l’intérêt du parti, ils travaillent pour leurs propres intérêts.’’
De l’avis de notre interlocuteur, il y a un vrai problème dans le management du parti et l’opération de vente de cartes. ‘’Dans beaucoup de localités, les militants ont senti une volonté de créer un parti dans le parti. On est en train de positionner des gens qui n’ont aucune légitimité. Il y a des zones où on a débarqué des gens dont la légitimité ne fait l’objet d’aucun doute’’, regrette-t-il, accusant certains responsables des structures ‘’qui décident de tout, qui sont juge et partie, alors qu’il y a une commission qui a été mise en place’’.
Lors de ces renouvellements controversés, de hautes personnalités du PDS, dont Woré Sarr et Doudou Wade ont perdu le contrôle de leurs fédérations. Nos tentatives de joindre le responsable de ces renouvellements, Saliou Dieng, sont restées vaines.
En sus de ces difficultés, le candidat du PDS devra faire face à une montagne d’autres obstacles, dont les nombreuses accusations de malversations, un défaut d’ancrage social et de maitrise des langues sénégalaises, en particulier du wolof qui est la langue la plus parlée dans le pays. Autant de défis que le fils de Wade qui conduit le PDS depuis le Qatar devra relever pour espérer devenir le 5e président du Sénégal. Il pourra néanmoins compter sur un appareil du PDS demeuré fort, malgré les nombreuses épreuves.
Depuis la perte du pouvoir, les héritiers de Wade ont, à presque toutes les élections, engrangé entre 450 000 et 500 000 suffrages. Seule la majorité présidentielle peut se targuer d’une telle performance, sur une durée aussi longue. Dans toutes les législatures, depuis 2012, le PDS a réussi à obtenir un groupe parlementaire.