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4 août 2025
À L’ORIGINE, UNE CONJONCTION DE CHOCS
Le fardeau de la dette devient de plus en plus insupportable pour l’Afrique. Selon le Fmi, 21 pays en Afrique subsaharienne sont soit en situation de surendettement ou en risque élevé de surendettement. Une situation « assez alarmante ».
Le fardeau de la dette devient de plus en plus insupportable pour l’Afrique. Selon le Fmi, 21 pays en Afrique subsaharienne sont soit en situation de surendettement ou en risque élevé de surendettement. Une situation « assez alarmante ». Pour comprendre les enjeux de la nouvelle crise de la dette en Afrique, nous sommes allés à la rencontre de Daouda Sembène, Ceo d’AfriCatalyst, une société mondiale de conseil en développement basée à Dakar. Cet économiste qui a débuté sa carrière à la Banque mondiale est bien placé pour aborder cette question puisque durant sa carrière, il a notamment eu à siéger au Conseil d’administration du Fmi (il y a représenté 23 pays africains) et comme conseiller technique du Ministre de l’Économie et des Finances entre 2015 et 2016. M. Sembène a également été Ministre conseiller sur les questions économiques et financières à la Présidence de la République entre 2019 et 2020. Dans ce premier volet de notre entretien, il revient sur les causes de cette nouvelle crise de la dette en Afrique.
L’endettement est devenu un défi majeur pour beaucoup de pays africains. En effet, d’après le Fmi, 21 pays d’Afrique subsaharienne sont soit en situation de surendettement ou en risque élevé de surendettement ; « ce qui est quand même assez alarmant », constate l’économiste Daouda Sembène, Ceo d’AfriCatalyst, une société mondiale de conseil en développement basée à Dakar. En outre, beaucoup de pays allouent une partie importante de leurs ressources au service de la dette au détriment d’autres dépenses prioritaires, notamment l’éducation, la santé, le développement des infrastructures… « Donc, s’attaquer au problème de la dette est extrêmement important pour permettre à nos pays de pouvoir faire des avancées vers les objectifs de développement », explique-t-il.
Lors de la troisième édition de la Conférence africaine sur la dette et le développement (AfCodd III), qui s’est tenue du 30 août au 1er septembre 2023 à Dakar, décideurs politiques, du secteur privé et de la société civile ont souligné la nécessité de trouver des solutions qui puissent permettre d’alléger le fardeau de la dette en Afrique. « Un consensus s’est dégagé entre les participants pour que les solutions au surendettement puissent tenir compte de la dimension sociale et humaine. Ce que je veux dire par là, c’est qu’on ne peut pas régler le problème de la dette sans penser à l’impact que cela a sur les populations, parce que si les pays africains doivent allouer plus de ressources au service de la dette au détriment des dépenses sociales, cela ne serait pas une solution soutenable et viable », précise M. Sembène.
La Covid-19 comme élément déclencheur
Revenant sur l’origine de la nouvelle crise de la dette en Afrique, l’économiste note que le problème a démarré bien avant la Covid-19 où on voyait les prémices d’un endettement accru dans beaucoup de pays en développement. « Lorsque la pandémie a démarré, plusieurs États ont essayé, à juste titre, de trouver des ressources nécessaires pour y faire face, et donc, ils se sont endettés. Cela a contribué à accélérer le taux d’endettement. Il faut souligner que ce n’était pas le propre des pays africains. Même dans les pays développés qui avaient plus de marge de manœuvre budgétaire, on a vu une augmentation significative du niveau de la dette », analyse le Ceo d’AfriCatalyst. La crise en Ukraine est venue s’ajouter à la pandémie, créant une pression inflationniste sans précédent. Ainsi, les autorités ont senti le besoin de mobiliser des fonds supplémentaires pour soutenir leurs populations ; ce qui a également contribué à la hausse des taux d’endettement.
Plus récemment, poursuit M. Sembène, il y a eu le resserrement de la politique monétaire dans beaucoup de pays avancés, y compris les États-Unis. Ceci a provoqué des répercussions importantes en termes d’accroissement des taux d’intérêt, contribuant à alourdir le fardeau de la dette africaine. « Les pays ont dû faire face, en un temps record, à une augmentation du service de la dette qui a été occasionnée par la hausse des taux d’intérêt consécutive au resserrement de la politique monétaire. Sans compter d’autres facteurs auxquels les pays africains sont confrontés, notamment la crise sécuritaire et le changement climatique. Tous ces facteurs ont amené les Gouvernements à s’endetter davantage pour y faire face », dit-il.
Un allègement de la dette africaine ?
Un allègement de la dette africaine est-il possible dans les conditions actuelles ? « Un allègement de la dette obéit à plusieurs motivations », d’après Daouda Sembène. Selon lui, il faut d’abord qu’il y ait le besoin. « L’architecture financière de la dette prévoit des mécanismes de traitement ou de restructuration de la dette, à travers notamment le Club de Paris. Malheureusement, la situation est devenue beaucoup plus compliquée à cause d’une diversification des créanciers. Avant, on avait essentiellement les créanciers bilatéraux et multilatéraux, et à chaque fois qu’il y avait une crise de la dette, comme dans les années 1980-1990, on allait au Club de Paris pour trouver une solution. Mais, depuis deux à trois décennies, il y a une multiplication de créanciers privés, mais aussi de nouveaux créanciers bilatéraux qui ne sont pas membres de ce Club comme la Chine », constate l’ancien membre du Conseil d’administration du Fmi. Ceci fait que lorsque des pays sont confrontés à des situations de surendettement, il est difficile à l’état actuel de trouver des mécanismes pour leur permettre de restructurer la dette. Toutefois, le G20 a mis en place le cadre commun de traitement de la dette auquel des pays comme le Tchad, l’Éthiopie, la Zambie et le Ghana ont demandé à avoir accès. Mais, le problème, souligne le Ceo d’AfriCatalyst, c’est que cela prend du temps pour que ces pays-là puissent bénéficier d’un allègement de leur dette dans le cadre de ce mécanisme. La question qui se pose actuellement, indique-t-il, c’est comment on peut peaufiner ce cadre pour qu’il soit mieux adapté à la restructuration de la dette pour les pays qui en ont besoin. Par ailleurs, précise notre interlocuteur, en plus des mécanismes multilatéraux pour faciliter la restructuration de la dette, il faut aussi des approches et des mécanismes pour éviter aux pays d’être confrontés à une crise de liquidité qui, très souvent, se transforme en une crise de solvabilité. Bref, « plus on agit en amont, moins on aura besoin d’agir en aval », conseille Daouda Sembène.
Dette chinoise
Devenue le principal partenaire économique de l’Afrique, la Chine est souvent accusée par les Occidentaux d’exposer le continent au risque de surendettement. Ce que Pékin dément. Ce qui est constant, c’est que « la Chine est devenue le plus grand créancier bilatéral de l’Afrique », souligne Daouda Sembène, rappelant les nombreux prêts accordés aux pays africains, souvent à des taux concessionnels, dans le cadre de projets d’infrastructures. « La Chine est devenue une partie prenante importante des discussions liées à l’allègement de la dette des pays africains parce que l’idée qui sous-tend le cadre commun du traitement de la dette du G20, c’est de permettre un traitement équitable de tous les créanciers (bilatéraux, multilatéraux ou privés). Donc, toute solution au problème de la dette en Afrique devrait nécessairement inclure la Chine, mais aussi les créanciers privés », estime M. Sembène.
MULTIPLE PHOTOS
PRESIDENTIELLE 2024, DES MANDATAIRES DE CANDIDATS S’INQUIETENT DU PARRAINAGE EXTERNE
Des représentants de candidats à la candidature à l’élection présidentielle du 25 février 2024 disent saluer la réforme du code électoral, tout en exprimant, lundi, à Dakar, leurs inquiétudes concernant les doublons en matière de parrainage.
Dakar, 2 oct (APS) – Des représentants de candidats à la candidature à l’élection présidentielle du 25 février 2024 disent saluer la réforme du code électoral, tout en exprimant, lundi, à Dakar, leurs inquiétudes concernant les doublons en matière de parrainage.
Le professeur de droit public Mounirou Sy, mandataire de la coalition Dionne 2024, de l’ancien Premier ministre Mahammed Dionne, s’est inquiété du ‘’doublon externe’’. Le parrainage est dit externe lorsqu’une personne a parrainé deux ou plusieurs candidats, ce que n’autorise pas la loi électorale.
M. Sy s’entretenait avec les journalistes, en marge d’une rencontre de la direction générale (DGE) des élections avec les représentants et mandataires des candidats à la candidature au prochain scrutin présidentiel. La réunion portait essentiellement sur les réformes du code électoral.
Lorsqu’un électeur, un maire, un président de conseil départemental ou un député parraine deux ou plusieurs candidats, le parrainage n’est comptabilisé que pour le premier candidat à avoir déposé ses parrainages au greffe du Conseil constitutionnel, selon le code électoral.
‘’Dans ce cas, le parrainage n’est valable que pour le premier candidat à avoir déposé ce qu’il a collecté. Les autres seront appelés à changer’’ le parrainage externe de l’électeur, maire, président de conseil départemental ou député, a précisé Massène Papa Guèye, mandataire de la Coalition pour un Sénégal nouveau, du candidat Elhadji Mamadou Diao, dit Mame Boye Diao, ex-directeur général de la Caisse des dépôts et consignations.
‘’C’est une excellente opportunité que la DGE nous a offerte pour peaufiner nos connaissances. Le code électoral fait partie des textes qui ne se comprennent qu’à la pratique’’, a reconnu Mounirou Sy.
L’universitaire propose à la DGE, concernant la collecte des parrainages, d’‘’élaguer’’ la disposition du code électoral relative à la commune et de la remplacer par une disposition relative à la région. ‘’Cette mesure ne facilite pas la collecte et le traitement des données issues des fiches de parrainage’’, a-t-il fait valoir.
Une innovation majeure du Code électoral
‘’J’ai entendu dire ce matin qu’il y avait 126 candidats à la candidature. À la rencontre avec la DGE, on nous a fait part de quelque 160 fiches de parrainage remises à des candidats’’, a ajouté M. Guèye, considérant le parrainage comme ‘’un excellent filtre’’ de la pléthore de candidatures.
Le représentant du candidat Aly Ngouille Ndiaye, Daouda Ka, propose que la direction générale des élections tienne des réunions d’information avec les techniciens et les informaticiens des candidats. ‘’On nous a remis des clés USB à ne pas modifier. Nous sommes des juristes pour la plupart’’, a-t-il dit, soulignant que les informaticiens au service des candidats ont un rôle à jouer dans la collecte de parrainages.
En vertu d’une loi adoptée en juillet dernier par l’Assemblée nationale, tout candidat à l’élection présidentielle sénégalaise doit obtenir les signatures de 0,6 à 0,8 % – soit 44.231 à 58.975 électeurs – du nombre d’électeurs inscrits sur le fichier électoral.
Une partie de ces signatures doit provenir au moins de sept régions, à raison de 2.000 pour chacune.
Une innovation majeure : il est loisible au candidat à la candidature aussi de recourir au parrainage parlementaire, pour lequel il doit collecter au moins 13 signatures, soit 8 % de l’effectif des députés, tout comme il a la possibilité de collecter des signatures ou parrainages auprès des présidents des conseils municipaux (les maires) et départementaux.
Pour cette dernière option, tout prétendant au mandat présidentiel qui y recourt doit réunir 120 signatures au moins, soit 20 % de l’effectif des présidents des conseils municipaux et départementaux.
Chacun des électeurs ne peut parrainer qu’un candidat, ce qui est valable également pour les députés et les dirigeants des mairies et des conseils départementaux.
PRÉSIDENTIELLE EN RDC, LE DOCTEUR DENIS MUKWEGE S’ANNONCE CANDIDAT
Le docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018, a annoncé, lundi, lors d’une conférence de presse, sa candidature à la présidentielle en République démocratique du Congo, prévue durant le scrutin général du 20 décembre prochain
Dakar, 2 oct (APS) – Le docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018, a annoncé, lundi, lors d’une conférence de presse, sa candidature à la présidentielle en République démocratique du Congo, prévue durant le scrutin général du 20 décembre prochain, a appris l’APS.
‘’J’accepte d’être votre candidat à la présidence de la République’’, a-t-il lancé dans une allocution devant ses partisans réunis à Kinshasa.
‘’Je ne vais pas attendre 2028. Je ne le fais pas par intérêt, ni pour le pouvoir, mais pour sauver ma patrie. Demain ce sera trop tard, j’y vais maintenant’’, a ajouté le célèbre gynécologue et militant congolais des droits de l’homme.
Surnommé ‘’L’homme qui répare les femmes’’, suite au documentaire que la réalisatrice sénégalaise Angègle Diabang lui a consacré, Mukwege est le directeur de l’hôpital Panzi à Bukavu, en République démocratique du Congo, spécialisé dans le traitement des femmes victimes d’abus sexuels.
Mukwege, 68 ans, rejoint ainsi la liste d’une vingtaine de candidats déclarés pour succéder au président sortant, Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019 et candidat à sa réélection.
Ils sont sept pour le moment à avoir officiellement déposé leur dossier, selon les communications des candidats et de la Commission électorale.
La date limite pour le dépôt des candidatures est fixée au 8 octobre à minuit.
ƁAKNE NGATI, LE BAOBAB SACRÉ DE NGATI
A Ngati, un village de la commune Niakhar (Fatick, centre), les traditions subsistent encore. Ici, les habitants ‘’vénèrent’’ un baobab dénommé ‘’Ɓakne ngati’’ à travers des libations et des offrandes en l’honneur de cet arbre sacré
A Ngati, un village de la commune Niakhar (Fatick, centre), les traditions subsistent encore. Ici, les habitants ‘’vénèrent’’ un baobab dénommé ‘’Ɓakne ngati’’ (le baobab de Ngati en sérère), à travers des libations et des offrandes en l’honneur de cet arbre sacré dont l’histoire se confond avec celle de ce village de l’ancien royaume du Sine.
Ngati se trouve au beau milieu du Sine, un ancien royaume sereer. Ils sont très rares les fils et filles de cette contrée à ne pas connaître son histoire et celle de son baobab mystérieux.
»L’histoire de Ngati se confond avec l’histoire globale du Sine. C’est pourquoi, si nous voulons retracer l’histoire du baobab de Ngati, nous serons obligés de retracer celle de Diakhao Sine en passant par Bicole jusqu’au site actuel où se trouve le baobab’’, confie Abdoulaye Faye, membre de la famille de Mame Diodio Ngati, l’héritière du baobab.
Assis sous l’arbre géant, vêtu d’un boubou beige, la tête coiffée d’ un chapeau, Abdoulaye Faye, 68 ans, fait un bref résumé de la lignée des rois qui ont eu à diriger le Sine, de la première reine, Sigua Badial Ndong, en passant par Tacet Faye, Wagane Diongolor, Diouma Dieng de Sass, Silmang de Mbimor, Mbégane Ndour, Mado Mbissel Diop, Diomay Banguan, Diokel Faldier, Mansouga Diouf, Birame Pathé Coumba Diagua, Wamone Ndong, Boucar Sossay, Guène Ndiaye Dagone, Guédio Palmane Niane, Bouka Thilasse Mané Niane, jusqu’à Wassila, le fondateur de Diakhao.
Il insiste notamment sur les règnes de Coumba Ndofféne ‘’Fa Mack’’ (le grand), surnommé ‘’le lion de Mbelfandal’’, de Sémou Famack, l’oncle de Salmone Faye et grand frère de Diodio Codou Borome Ndaw Rass, qui est au début de toute l’histoire de Ngati.
Après la mort du roi Coumba Ndofféne Diouf en 1923, Mahécor Diouf fut intronisé par le grand Diaraf, narre-t-il. A cette époque, dit-il, seuls les Guelwars pouvaient accéder au trône. Il fallait appartenir à cette lignée matriarcale pour prétendre diriger le royaume du Sine, selon lui.
»’En ces temps, si tu n’étais pas un Guelwar, tu pouvais aspirer à être un chef dans les cantons comme Diohine, Ngayohéme, Ngoyé, etc., mais jamais roi du Sine’’, insiste-t-il.
Habillé d’un boubou rouge, Bouna Faye, membre lui aussi de la famille, est assis sur une chaise sous le baobab sacré. Il fait partie des conservateurs des legs ancestraux. Le septuagénaire détaille l’arbre généalogique de la famille royale de Ngati.
Il revient sur le règne de Diogo Gnilane, qui avait épousé une vendeuse de poissons avec qui il eut deux files, Ndella Ngati et Gnilane Diouf. La lignée maternelle étant plus considérée que celle paternelle dans le Sine, le roi savait pertinemment qu’une fille ne pouvait pas accéder au trône. Alors, le roi Dioguo Gnilane provoqua un gigantesque feu de brousse, pour attribuer des terres à ses filles.
‘’Ce fut le début de l’histoire de Ngati et de son baobab, dit-il, après avoir été interrompu dans son récit par un appel +ngario mboutou+ (Venez déjeuner en sereer).’’ Un repas somptueux est servi. Du riz au poisson comme aiment les Sérères. Les femmes et les enfants mangent ensemble autour d’un bol, les hommes autour d’un autre.
Après le déjeuner, tout ce beau monde se retrouve encore sous le baobab et chacun reprend ses occupations. Entre temps, Bouna Faye est lui parti assister à un mariage.
C’est Abdoulaye Faye qui reprend le récit sur le village de Ngati et son baobab sacré. Le feu de brousse provoqué par le roi Diogo Gnilane s’est d’abord déclaré à Mbafaye, avant d’atteindre Mboudaye. Mais à hauteur de Bicole, il bifurqua vers Songorma et continua sa progression jusqu’à Péthie Djiré, à Koboskine. Il se dirigea ensuite vers Mboukoutour avant de s’arrêter à Polek.
‘’Après le feu de brousse, le cortège royal fait le tour de la surface brûlée et parcourt les villages de Mbafaye, Nianiane, Mboudaye, Bicole, Mbanéme, Songorma, Pethie Djiré, Mboukoutour, Polek et Mbem’’, renseigne le notable Faye.
Ils ont découvert alors sur le site correspondant à l’emplacement de l’actuel village de Ngati, un jeune baobab au milieu d’herbes calcinées et qui restait intact malgré la furie des flammes. Après trois jours de feu de brousse provoqué par Diogo Gnilane pour céder des terres à sa descendance féminine, dont Gnilane et Ndella Ngati, le baobab est resté entièrement intact.
Un baobab séculaire aux multiples facettes
C’est à la suite de cette découverte étrange qu’ils ont décidé d’implanter la maison royale de Ngati à côté du baobab. C’est ce mystère qui fait du baobab de Ngati un arbre sacré.
Toutes les terres environnantes calcinées par le feu furent cédées à la famille royale qui devait rester à Ngati, renseigne Abdoulaye Faye. Ces terres étaient destinées à l’agriculture, au pâturage et l’habitat.
L’âge du baobab est estimé à 203 ans, soit le même que celui du village de Ngati. Sa grandeur se mesure en fonction de celle de la maison royale qui n’a cessé de s’agrandir et de gagner en popularité au fil des siècles.
Le baobab de Ngati est même entré dans le langage courant des habitants de toute cette partie de la région de Fatick. Les personnes de grande taille ou les choses importantes sont comparées à cet arbre, a en croire le notable, qui estime son diamètre à sept mètres.
Les habitants du village et ceux des localités environnantes vénèrent et respectent cet arbre mystérieux. Chaque année, la conservatrice du baobab choisit un mercredi pour venir y faire des libations. Le rituel consiste à verser de la farine du mil autour de l’arbre sacré. Et les habitants font le tour du baobab en chantant et en dansant.
Surplombant le village de Ngati, le baobab, feuillu, fait office d’agora pour les habitants. Sous ses branches protectrices, des enfants, des jeunes, des hommes, et des femmes, se rencontrent. Les enfants aiment venir se folâtrer à l’ombre de ses branches gigantesques, où ils s’adonnent à plusieurs jeux, en particulier celui cache-cache.
Agée de dix ans, Gnilane Faye fait partie de ces enfants qui viennent s’amuser sous l’arbre.
‘’Je viens ici tous les jours jouer avec mes amies’’, lance la petite Gnilane, trouvée en train de jouer sur ses branches. ‘’On se sent bien à l’aise même si je suis une fois tombée de l’arbre. Cela n’empêche que je suis toujours là’’, ajoute-t-elle pour montrer son attachement à cet arbre.
Très souriante avec de belles dents colorées en marron, la tête à moitié tressée, elle retourne joyeusement jouer avec ses amies.
De temps à autre, beaucoup de personnes viennent visiter le site ou prendre des photos. Des étudiants ont même écrit des mémoires sur le baobab de Ngati, révèle Bouna Faye.
Mais, avec l’avènement de la loi sur le domaine national, toutes les terres appartenant à la famille royale ont été redistribuées aux populations qui désiraient faire de l’agriculture ou de l’élevage.
Fief du royaume du Sine, Ngati, la bourgade au baobab séculaire et ses trois maisons restées telles quelles depuis deux siècles, garde toujours un mystère sur son histoire et son baobab sacré. De génération en génération, cet arbre aux multiples facettes continue encore à émerveiller son monde.
COUPE DE LA CONFÉDÉRATION, LES 16 CLUBS QUALIFIES POUR LA PHASE DE POULES
Seize clubs ont obtenu la qualification à la phase de poules de la Coupe de la Confédération, à la fin des matchs retour du deuxième tour préliminaire, qui ont eu lieu de vendredi à dimanche.
Dakar, 2 oct (APS) – Seize clubs ont obtenu la qualification à la phase de poules de la Coupe de la Confédération, à la fin des matchs retour du deuxième tour préliminaire, qui ont eu lieu de vendredi à dimanche.
Vendredi, le Supersport (Afrique du Sud) et Berkane (Maroc) ont été les premiers à se qualifier.
L’USM Alger a confirmé son statut de favori en se qualifiant, dimanche. Treize autres clubs ont également obtenu la qualification au terme des matchs joués au cours du week-end.
Voici les résultats des matchs – en gras les noms des équipes qualifiées :
Rayon Sport-Al Hilal Benghazi, 2-4, tirs au but après (2-2).
Dimanche
Diables Noirs-MUZA, 4-1 ;
Saint-Éloi Lupopo–Sekhukhune, 2-4 ;
Club Africain-Bahir Dar Kenema, 3-2 ;
Future FC-Singida Fountain Gate, 4-2 ;
Ri Academica Lobito-Al Merreikh Juba, 3-0 ;
Rivers United-Etoile Filante, 2-0 ;
Aigle Noir-Stade Malien, 3-1 (aller 0-2) ;
USM Alger-FUS Rabat 0-0 (aller 1-1).
LIGUE DES CHAMPIONS CAF, 15 EQUIPES QUALIFIÉES EN PHASE DE POULES
Douze équipes se sont qualifiées pour la phase de poules de la Ligue des champions de la Confédération africaine de football (CAF), après les matchs du deuxième tour préliminaire, qui ont eu lieu ce week-end.
Dakar, 2 oct (APS) – Douze équipes se sont qualifiées pour la phase de poules de la Ligue des champions de la Confédération africaine de football (CAF), après les matchs du deuxième tour préliminaire, qui ont eu lieu ce week-end.
Elles rejoignent Al Ahly, Pyramids (Egypte) et Jwaneng Galaxy (Botswana), qui ont validé leur qualification, vendredi.
Le Wydad AC, finaliste de la dernière édition de la Ligue des champions CAF, a tenu son rang. Le Horoya AC de la Guinée, qui avait atteint la phase de poules l’année dernière, a été éliminé de la compétition.
Le Tout-Puissant Mazembe, entraîné par le Sénégalais Lamine Ndiaye, retrouve la phase de poules après deux ans d’absence. Il a remporté la Ligue des champions cinq fois.
La dernière place pour la phase de poules se jouera entre le CR Belouizdad (Algérie) et Bo Rangers (Sierra Leone), lundi à 17 h 00 GMT.
Les Algériens s’étaient imposés, 3-1, à l’aller.
Voici les résultats des matchs du premier tour préliminaire :
Vendredi
Pyramids-APR, 6-1 ;
Al Ahly-St. George, 7-0 ;
Orlando Pirates-Jwaneng Galaxy, 1-2.
Samedi
TP Mazembe-Big Bullets, 5-0 ;
Petro Atlético-UD Songo, 5-2 ;
Espérance de Tunis-AS Douanes, 1-0 ;
Horoya-Medeama 2-1 (aller 1-3) ;
Mamelodi Sundowns-Bumamuru 2-0 (aller 4-0) ;
Young Africans- Al Merreikh, 3-0 ;
Hafia –Wydad, 1-4 ;
Dimanche
AS Far – Étoile du Sahel, 1-3 ;
Simba Sports – Power Dynamos 1-1 (aller 2-2) ;
ASEC Mimosas – Al Ahly ;
Benghazi 2-1 (aller 0-0) ;
Nouadhibou – Real Bamako 1-1 (aller 3-0) ;
Al-Hilal Omdurman – Primeiro de Agosto 2-1 (aller 0-0).
La liste des 15 clubs qualifiés : Pyramids, Al Ahly, Jwaneng Galaxy, Tout-Puissant Mazembe, Petro Atlético, Espérance de Tunis, Medeama, Mamelodi Sundowns, Young Africans, Wydad, Étoile du Sahel, Simba Sports, ASEC Mimosas, Nouadhibou, Al-Hilal Omdurman.
FORCES ET FAIBLESSES DES CANDIDATS DISSIDENTS DE BBY
Aly Ngouille Ndiaye, Boun Abdalah Dionne, Mame Boye Diao, Serigne Guèye Diop ont pris l’option de quitter la barque pour se lancer à la conquête du suffrage des Sénégalais. Quelles sont leurs chances de remporter l'élection ?
Depuis que le Premier ministre Amadou Bâ a été choisi comme tête d’affiche de la coalition présidentielle pour le scrutin du 24 février 2024, des dissidences ont été notées du côté de la mouvance présidentielle. Certaines personnalités politiques ont pris l’option de quitter la barque pour se lancer à la conquête du suffrage des Sénégalais à la prochaine présidentielle. Quelles sont leurs chances de remporter cette élection ? Des analystes politiques donnent leur point de vue.
Les démissions dans la coalition présidentielle, suite au choix porté sur le Premier ministre Amadou Bâ, marquent l’actualité politique. Le Ministre de l’Agriculture, Aly Ngouille Ndiaye, a rendu le tablier quelques minutes seulement après l’annonce de la désignation du Chef du Gouvernement comme candidat de la coalition « Benno Bokk Yaakaar » (Bby) pour la présidentielle de 2024. Il a été suivi par le maire de Kolda, El hadji Mamadou Diao dit Mame Boye Diao. Le maire de Sandiara, Dr Serigne Guèye Diop, a démissionné aussi de son poste de Ministre conseiller pour se présenter, etc. Le jeudi 21 septembre, l’ancien Premier ministre Mahammed Boun Abdalah Dionne a annoncé aussi sa candidature pour la prochaine élection présidentielle.
Ces hommes politiques, membres influents de la mouvance présidentielle, ont l’avantage d’être des poids lourds. Ils disposent d’une bonne base politique et d’une forte représentativité électorale. Pourtant, des questionnements ne manquent pas quant à leurs chances de se positionner sur l’échiquier politique sans la machine électorale de Bby.
Le maire de Linguère, Aly Ngouille Ndiaye, pouvait se réjouir de la position de ses sympathisants juste après sa démission au poste de Ministre de l’Agriculture. Ces derniers sont vite montés au créneau pour lui offrir leur soutien et lui témoigner leur disponibilité à le conduire au Palais présidentiel. Mais, ils semblent essuyer un revers après que les 16 maires sur les 19 du département de Linguère ont annoncé publiquement lui avoir tourné le dos au profit du Ministre Samba Ndiobène Kâ.
Une décision qui risque de gripper la machine électorale de l’ancien Ministre de l’Intérieur présenté pourtant comme un pilier sûr de la mouvance présidentielle. Aly Ngouille Ndiaye a toujours considéré que le candidat de la mouvance présidentielle doit disposer d’une certaine épaisseur politique. « Il doit posséder une dimension politique ; ce qui revêt une importance primordiale. Il doit avoir la capacité de rassembler non seulement au sein du parti, mais également au-delà de ses frontières. Je pense que c’est ce facteur qui est crucial si nous aspirons à remporter l’élection », avait-il souligné lors d’une sortie médiatique.
Mame Boye Diao, dont les ambitions présidentielles ont été révélées, a lui aussi défié l’autorité en ne se conformant pas à la décision de la mouvance présidentielle. Il a été vite limogé par le Chef de l’État de son poste de Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (Cdc). En conférence de presse, le mardi 12 septembre, le maire de Kolda a déclaré se présenter au nom de la « Coalition pour un Sénégal nouveau ». Il a comme atout le fait de sortir vainqueur des dernières élections locales, comme maire de Kolda, face au maire sortant, Abdoulaye Bibi Baldé. Il venait ainsi renforcer l’appareil électoral de la coalition présidentielle au niveau de la région de Kolda. Quant au Dr Serigne Guèye Diop, il maintient toujours sa candidature. Le président du mouvement politique « Sénégal en marche vers l’excellence » (Seme), par ailleurs maire de Sandiara, compte demander les suffrages des Sénégalais via le Parti de la renaissance de l’éthique, de la citoyenneté, de l’équité du patriotisme et de la transparence (Precept).
Passer d’abord l’étape du parrainage
Le vent de rébellion soufflera-t-il à l’avantage de ces dissidents ? Une question qui mérite d’être analysée en profondeur, selon Moussa Diaw, Enseignant-chercheur à Sciences politiques à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis. Il avance, à cet effet, deux hypothèses. « Ces leaders politiques ont adopté une dissidence considérant que le choix du Chef de l’État n’est pas conforme à certains critères, tels l’engagement, la combativité, l’expérience politique et le poids électoral. Il y a trois départs, mais ce ne sont pas les derniers. Mame Boye Diao compte dégager des axes de réflexion et annonce la publication d’un ouvrage. On sent de l’africanisme dans son discours qu’il veut engagé et révolutionnaire. Il parle aussi de réforme de la justice et de meilleure gestion de la sécurité. Il compte également développer des stratégies pour récupérer l’électorat de Sonko au sud du pays et conquérir les suffrages des jeunes. Aly Ngouille Ndiaye a annoncé la couleur. Si on suit sa logique, il va bientôt annoncer sa candidature », indique d’emblée l’universitaire.
Pour autant, il estime qu’une seconde hypothèse mérite d’être prise en compte. Cette vague de démissions peut s’inscrire dans une logique politique gagnante pour les différentes parties. « Cela peut répondre à la mise en place d’une stratégie de candidatures plurielles bien pensée au sommet. Il est question de lancer toutes ces candidatures, avec en tête, l’idée d’avoir au moins un candidat de la mouvance présidentielle au second tour des prochaines élections. Mais, est-ce qu’il leur sera facile d’atteindre leurs objectifs s’ils misent sur ce scénario ? » s’interroge-t-il. Une question somme toute importante pour Moussa Diaw. Des calculs politiques doivent intégrer un certain nombre de risques. « Les candidatures plurielles entraîneront un éclatement des voix qui peut leur porter préjudice si l’opposition forme un bloc solide. Elles peuvent également être source de blocage pour certains leaders politiques lors du parrainage », ajoute-t-il.
Passée cette étape, l’universitaire pense, comme d’autres, que le leadership des dissidents et leur succès électoral ne sont pas adossés à la coalition présidentielle. « Mame Boye Diao, qui n’a pas une riche carrière politique, développe des thématiques sur lesquelles Ousmane Sonko a beaucoup travaillé. Aly Ngouille Ndiaye peut se passer du désaveu des 16 maires du département de Linguère. Avec le parrainage optionnel en vigueur, il peut compter sur l’appui des conseillers départementaux et municipaux de même que le soutien des citoyens. Il bénéficie d’une notoriété à l’échelle nationale », analyse M. Diaw.
Des leaders bien préparés politiquement
L’analyste politique Ababacar Fall présente une grille de lecture similaire. Il estime que ces dissidents risquent d’assombrir l’avenir de la coalition présidentielle. « Ces candidats qui veulent faire cavalier seul vont contribuer à l’éclatement de l’électorat de Bby et à sa fragilisation. C’est un peu le remake de la situation qui a prévalu au Parti socialiste en 1998/99 à la veille de l’élection présidentielle. Si l’on considère que l’électorat de « Benno » s’est rétréci, passant à 46 % aux dernières élections législatives, on voit tout le danger qui guette la coalition au pouvoir dans une élection à laquelle le Président sortant ne participe pas », fait-il savoir d’emblée. Selon M. Fall, il ne faut aucunement minimiser les départs de Mame Boye Diao, des Ministres Aly Ngouille Ndiaye, du Dr Serigne Guèye Diop puis de l’ancien Premier ministre et Secrétaire d’Etat de la Présidence de la République Mahammed Boun Abdalah Dionnes. « D’autres pourraient suivre. Pour Aly Ngouille Ndiaye, le fait que 16 des 19 maires l’aient lâché ne signifie pas grand-chose, car ce sont les populations qui votent. En outre, je pense que ces leaders politiques ont dû avoir un agenda depuis longtemps et se sont préparés en conséquence. Nous allons vers une élection très ouverte », dit-il.
Il s’y ajoute, selon l’analyste politique, que le parrainage optionnel leur offre des avantages. « En plus de leur électorat local, ils pourront compter sur les citoyens, électeurs dans les autres circonscriptions électorales, compte tenu de la dimension nationale de l’élection et des enjeux », estime M. Fall, également responsable du Groupe de recherches et d’appui à la démocratie participative et la bonne gouvernance (Gradec). Il juge que ces personnalités politiques ont su affûter leurs armes depuis que le Chef de l’État, Macky Sall, a pris la décision de ne pas se présenter à la présidentielle de février 2024. « Depuis cette décision du Président, voire bien avant même, ils avaient des agendas politiques bien précis. Ils disposent aussi de moyens. Ce n’est donc pas par hasard qu’ils ont décidé, par simple humeur, de se présenter aux prochaines joutes électorales », pense Ababacar Fall.
PASTEF COURCCUITE YEWWI
En dévoilant d’autres alternatives pour la présidentielle, les Patriotes ont surpris leurs alliés dont certains espéraient un report de voix. Ils sont ainsi contraints de concocter, à leur tour, un plan B, qui risque d’enterrer la Coalition Yewwi askan wi
Que va devenir Yewwi askan wi ? C’est une question légitime. En effet, les «Patriotes», en dévoilant d’autres alternatives pour la Présidentielle, ont surpris leurs alliés dont certains espéraient un report de voix. Ils sont ainsi contraints de concocter, à leur tour, un plan B, qui risque d’enterrer la Coalition Yewwi askan wi.
C’est une des leçons servies aux néophytes de la politique : le discours répond souvent à un besoin mercantile.
Souvent, il n’a rien à voir avec la réalité. Des décisions que les «Patriotes» avaient l’habitude de prendre étaient pour la plupart dénudées d’intelligence situationnelle. Cela semble désormais appartenir au passé. Ousmane Sonko étant officiellement out pour la Présidentielle, les «Patriotes» ont choisi de miser sur 3 autres personnes.
Il s’agit du député de Ziguinchor, Guy Marius Sagna, de Bassirou Diomaye Faye, inculpé, entre autres, d’appel à l’insurrection et qui est en détention, et Birame Soulèye Diop dont les ambitions présidentielles ont fini de faire le tour des salons de Dakar.
Pourtant, ces fidèles de Sonko n’ont pas cessé de marteler qu’ils n’avaient qu’un seul et unique plan pour la Présidentielle de 2024 : Ousmane Sonko. Dr Dialo Diop, vice-président de l’ex-parti Pastef, avait récemment fait une sortie posant le débat sur le remplacement de Ousmane Sonko, qui est frappé d’inéligibilité.
Il s’était attiré les foudres de l’aile dure des «Patriotes». Ayib Daffé, El Malick Ndiaye et Birame Soulèye Diop s’étaient chargés de rectifier Dr Diop. Ils avaient tous soutenu que Sonko était leur seul et unique plan. Mais cela n’a pas découragé Lassana Gagny Sakho. Qui avait poussé le débat un peu plus loin en affirmant que le projet de l’ex-parti Pastef est d’écarter le régime des affaires du pays et, par conséquent, si Sonko ne peut pas se présenter, il faut trouver des alternatives. Une demande qui semble trouver un écho favorable.
Mais, cette triple candidature pose un autre débat en sourdine. Que va devenir Yewwi askan wi ?
C’est une question qui a son pesant d’or. En effet, des leaders qui avaient misé sur l’absence des «Patriotes» pour espérer un retour sur investissement, vont devoir réfléchir, à leur tour, à un plan B. Ce n’est plus un secret que certains avaient pris le parti de Sonko et de ses partisans dans la guerre qui les opposait à Taxawu Senegaal. L’objectif était de montrer au maire de Ziguinchor qu’il pouvait leur faire confiance afin de bénéficier de la machine électorale des «Patriotes» avec une consigne de vote.
Faisant de la participation de Sonko à la Présidentielle leur cheval de Troie, que vont ils faire désormais ? L’intéressé, lui-même, semble acquiescer cette hypothèse, vont-ils changer de discours ?
Le Pur prend ses distances
Par ailleurs, le parti de Serigne Moustapha Sy, qui détient 11 députés, a pris ses distances. L’option de présenter un candidat semble crédible, car Aliou Mamadou Dia est a été désigné et son nom est servi à la Direction générale des élections (Dge) comme candidat devant bénéficier des parrainages.
En plus, Serigne Moustapha Sy a affirmé que son parti n’est pas intéressé par l’électorat de Sonko bien avant le début de la campagne de parrainage.
La question du 3ème mandat n’étant plus d’actualité, Sonko ayant pris l’option de présenter un ou d’autres candidats, que va-t-il advenir de Yewwi askan wi ? Une question à 2024 inconnues !
par Madiambal Diagne
ON N'EST JAMAIS TRAHI QUE PAR LES SIENS
Macky et Sonko vont se résigner à partager le même sort, on le devine cruel pour un homme politique, d’être condamné à rester en spectateur de combats épiques que se disputeront officiellement des candidats qui se seront plus ou moins imposés à eux
Macky Sall et Ousmane Sonko ont constitué les deux principales figures politiques du pays, depuis l’élection présidentielle de 2019. Le chef de l’Etat a été réélu de fort belle manière, mais la prouesse de son jeune farouche opposant, arrivé troisième à ce scrutin, laissait augurer un duel en perspective des joutes électorales suivantes. Ce fut le cas, d’autant que le candidat arrivé deuxième à cette élection, Idrissa Seck, avait fini par rallier à nouveau le camp de la majorité pour laisser ainsi la place de chef de l’opposition au leader du parti Pastef. Ce même parti sera la locomotive d’une coalition politique Yewwi askan wi (Yaw) qui a pesé sur le débat politique et a imposé un véritable rapport de forces à la majorité, notamment aux élections locales et législatives de 2022.
Mais le duel ultime ou le combat final, entre Macky Sall et Ousmane Sonko, qu’on présageait pour la Présidentielle prochaine dont le premier tour est prévu pour le 25 février 2024, n’aura pas lieu, du moins pas directement à travers les urnes. Tous les deux vont se résigner à partager le même sort, on le devine cruel pour un homme politique, d’être condamné à rester en spectateur de combats épiques que se disputeront officiellement des candidats qui se seront plus ou moins imposés à eux.
Macky Sall, un «canard boiteux»
L’histoire lui a donné raison d’avoir attendu jusqu’au dernier moment pour annoncer sa décision de ne pas être candidat à l’élection présidentielle de 2024. En effet, dès que l’annonce est faite, le 3 juillet 2023, qu’il confirme définitivement son engagement, de toujours, de ne pas demander un troisième mandat de président de la République du Sénégal en 2024, Macky Sall a observé des réactions qu’il devait être loin de s’imaginer. Des actes de rébellion ou de défiance ont été posés par nombre de ses collaborateurs qui, pourtant, lui montraient un zèle trop excessif pour être sincère. Assurément, aurait-il annoncé plus tôt sa décision de ne pas chercher à rempiler, qu’il n’aurait pas gouverné le Sénégal ces dernières années. C’est comme si désormais, tout le monde pouvait se permettre l’inobéissance, l’outrecuidance désinvolte, parce que simplement Macky Sall ne pourrait plus jouer de manière évidente sur le destin ou l’avenir des gens. Le plus tragique dans l’histoire est que ces comportements et attitudes ne sont observés que de la part de personnes qui mordent la main qui les aura nourries.
On observe en effet qu’elles ont toutes été «fabriquées» par le président Sall qui les aura sorties de l’anonymat. Franchement, quelle était l’épaisseur politique ou l’étoffe d’un Mahammed Dionne, d’un Abdoulaye Daouda Diallo, d’un Moustapha Diop, d’un Mame Boye Diao, avant de bénéficier d’un décret du Président Macky Sall ? Quels étaient les états de services dont ils pouvaient se prévaloir pour légitimer leurs positions dans l’appareil institutionnel de l’Etat ? Et même nommées à de hautes fonctions, ces différentes personnes n’ont point révélé de véritables compétences qui légitimeraient ou justifieraient a postériori les choix du chef de l’Etat. La surprise est que jamais aucune de ces personnes n’a eu auparavant à montrer du caractère devant le même Macky Sall, dans aucune situation politique ou administrative.
A la vérité, leurs qualités communes restaient l’obéissance aveugle, la platitude ou la veulerie. Sans doute que le chef voulait un personnel de cet acabit. Mais il le paie au prix fort car on observe que Moustapha Diop ne méritait point que Macky Sall se fasse autant violence pour présenter de plates excuses à des magistrats de la Cour des comptes, offensés par son ministre ; tout comme il devra réaliser s’être lourdement fourvoyé, s’il s’imaginait que le zèle que montrait Mahammed Dionne traduisait une volonté de rachat, de donner des gages pour ses trahisons et autres coups bas de 2008 !
Avec Mame Boye Diao, Macky Sall doit également avoir bien appris que les alertes, mises en garde ou objections formulées, pour l’amener à mieux mûrir sa décision avant de l’élever à certaines hautes fonctions, ne relevaient point d’un ostracisme coupable.
Il doit aussi avoir réalisé que pendant douze bonnes années de présence au niveau des plus hautes sphères de l’Etat, Abdoulaye Daouda Diallo trouvera difficilement à exhiber une prise de position publique pour défendre le régime de Macky Sall. Pourtant, à toutes ces personnes, Macky Sall aura donné tout ce qu’il pouvait leur offrir comme faveurs et avantages. Il ne manquera pas de réaliser enfin que la Convergence Avec Moustapha (Cam), initiée avec des groupements féminins, depuis le temps où ce dernier était ministre délégué à la Microfinance, poursuivait des objectifs politiques à long terme. Dire qu’on riait des ambitions présidentielles qu’on pouvait prêter à Moustapha Diop ! Le Président Sall, qui aura défendu et protégé plus que de raison ces différentes personnes, peut donc s’estimer être mal payé en retour. Mais qu’à cela ne tienne, il ne devra s’en vouloir qu’à lui-même ! Encore qu’il aura élevé toutes ces personnes à la dignité de présidentiable et leur aura offert une exposition médiatique, quand il leur a permis, dans une volonté d’inclusion, de se porter candidats à la candidature de la Coalition Benno bokk yaakaar.
L’histoire est encore plus suppliciante que tous ces rebelles à Macky Sall apparaissent bien riches et font un étalage bien indécent de telles fortunes et que chacun d’entre eux se mettrait dans une logique de l’utiliser, estimant certainement qu’elle pourrait lui permettre d’acheter un fauteuil de président de la République du Sénégal. Allez savoir quels étaient les états de leurs avoirs ou patrimoines avant qu’ils n’accèdent à de hautes fonctions dans l’appareil d’Etat, à la faveur de nominations décidées par Macky Sall ! «Il y a de ces services qu’on ne peut payer que par l’ingratitude», professa Dumas. Pour sa part, Aly Ngouille Ndiaye garde la décence de ne pas insulter Macky Sall. Sans doute que sa valeur intrinsèque ne l’y autorise pas encore.
Mais tout compte fait, le sort personnel de Macky Sall apparaît moins douloureux que celui de Ousmane Sonko qui, on le devine bien, doit être, du fond de sa cellule de prison, bourré de ressentiments et de frustrations. En effet, «mieux vaut être boiteux que toujours assis».
Ousmane Sonko, le supplice de réaliser qu’il n’était point si indispensable que cela !
Il paie sa folle fuite en avant et la naïveté de croire que sans lui le soleil ne se lèverait plus à l’Est du Sénégal. C’est une lapalissade de dire que Ousmane Sonko ne s’imaginait point que le pays ne serait pas à feu et à sang, comme du reste il en menaçait tout le Sénégal, au cas où il serait arrêté pour ses bravades et incartades. Il a épuisé tous les artifices, combines ou manœuvres, que sa situation n’aura pas changé. Il est cloîtré dans un cachot, encore qu’il pourrait s’estimer heureux ou privilégié d’être mieux traité que tout autre détenu au Sénégal, mais sans aucune perspective de libération dans un court terme. Tous ses alliés qui lui faisaient le serment, avec une sincérité touchante, de l’accompagner en prison, continuent de vaquer à leurs occupations, comme si de rien n’était. Pire, ils semblent même profiter de sa situation d’infortune pour chercher à lui ravir la vedette, lui voler son électorat. Ainsi rivalisent-ils d’impatience à laisser apparaître au grand jour leurs ambitions. Les candidatures à l’élection présidentielle de 2024, de Déthié fall, Khalifa Ababacar Sall, Aïda Mbodji, Habib Sy, Dame Mbodji, Aminata Touré et on en oublie, révèlent que tous ces alliés ont fini de conjuguer Ousmane Sonko au passé ; après que la dynamique de leur Coalition Yaw aura pourtant permis, à la plupart d’entre eux, d’obtenir des mandats électifs ou des positionnements politiques majeurs.
Mais c’est la course effrénée des militants du parti Pastef de souche, Birame Soulèye Diop, Abass Fall, Bassirou Diomaye Faye, Guy Marius Sagna, à se porter candidats, à la place de leur leader qui lui-même chercherait encore à l’être, qui doit rendre encore plus incrédule Ousmane Sonko. Tous ceux qui clamaient ne jamais envisager une candidature autre que celle de Ousmane Sonko à l’élection présidentielle, se mettent dans la course pour leurs propres comptes et ont tenu à retirer déjà les documents nécessaires à la collecte des parrainages.
Ousmane Sonko ne manque pas alors de vivre une tragédie personnelle, mais cette situation révèle un fait notoire que nous n’avons eu de cesse de souligner à travers ces colonnes. En effet, le parti Pastef reste constitué par un conglomérat d’obédiences, de courants ou d’intérêts les plus opposés ou les plus antagoniques possibles ; leur seul liant aura été que la personne de Ousmane Sonko pouvait être le bélier qui leur forcerait les portes du pouvoir. Ainsi y retrouve-t-on, côte à côte, des indépendantistes du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), des salafistes et autres islamistes assumés qui préconisent l’avènement d’un Etat théocratique au Sénégal, même au prix de la violence armée, des démocrates avérés, fourvoyés ou abusés, des révolutionnaires à la petite semaine, nourris et entretenus par des intérêts étrangers qui travaillent ouvertement à supplanter les alliés traditionnels du Sénégal que sont la France, l’Union européenne, les Etats-Unis d’Amérique et les pays musulmans dont la pratique religieuse est proche de celle de la majorité des Sénégalais et, enfin, une bande d’affairistes à tout crin, si pressés de dépecer la bête Sénégal et la dévorer à belles dents. «Ousmane Sonko avait pu constituer un parfait client pour tout ce beau monde. Il était un gros épouvantail dressé face au régime du Président Macky Sall. Les opposants de tout acabit trouvaient en lui la personne qui pouvait tout dire sans scrupules, comme mentir, calomnier, affabuler, et ainsi susciter l’aversion des populations et les braquer contre Macky Sall. La fin justifiant les moyens.»
COUP BAS CONTRE LES DISSIDENTS
La collecte des parrains pour la Présidentielle pourrait être une tâche ardue pour les candidats déclarés Mahammed Boun Abdallah Dionne et Mame Boye Diao
La collecte des parrains pour la présidentielle pourrait être une tâche ardue pour les candidats déclarés Mahammed Boun Abdallah Dionne et Mame Boye Diao. L’option prise par le candidat de Benno de s’offrir le parrainage citoyen en est la cause. Ainsi, Amadou Ba, qui dispose d’une large avance, est parti pour briser le rêve présidentiel de ses 2 frères de parti.
La tâche risque de ne pas être facile pour les candidats Mahammed Boun Abdallah Dionne et Mame Boye Diao. Ces responsables de l’Apr, qui ont refusé de s’aligner derrière le candidat choisi par le président de la République, risquent de faire face à des difficultés pour réunir le nombre de parrains requis afin de «compétir» le 25 février prochain. La raison est que le candidat de la Coalition Benno bokk yaakaar, Amadou Ba, a opté pour le parrainage citoyen, alors qu’il a la possibilité de bénéficier du parrainage des élus (maires, députés et conseillers municipaux), qui lui est très favorable. Est-ce une volonté de couper l’herbe sous les pieds de ses frères de parti devenus des adversaires ? Tout porte à le croire, car cette volonté de Amadou Ba d’aller chercher le parrainage citoyen pourrait compromettre les chances de Boun Abdallah Dionne et de Mame Boye Diao, qui ne peuvent que puiser dans le même vivier politique que le Pm, qui part avec la faveur des pronostics, puisqu’ayant à sa disposition les moyens de l’Etat, l’appareil politique qu’est l’Apr et les alliés regroupés autour de Benno et de la grande majorité présidentielle.
Pourtant, ces deux candidats sortis des rangs de Benno bokk yaakaar pouvaient s’y attendre. Car, après avoir porté son choix sur la personne du Premier ministre, le chef de l’Etat avait indiqué sa préférence pour le parrainage citoyen. Il avait dit que le candidat de Benno devrait «mouiller le maillot» en descendant sur le terrain pour recueillir le parrainage de ses concitoyens.
Mais cette option, qui s’écarte de la voie de la facilité, n’est pas gratuite. Le fait d’aller chercher le parrainage des citoyens jusque dans le Sénégal des profondeurs permettra à Amadou Ba non seulement de se jauger, mais aussi de prendre rendez-vous avec le peuple, si l’on sait que la présidentielle, c’est le rendez-vous d’un homme avec son peuple.
En tout cas, Amadou Ba n’est pas dans les dispositions de faire des cadeaux à ses adversaires politiques, surtout ceux issus du même camp politique que lui. Avec ce parrainage citoyen, c’est la guerre des tranchées qui est lancée. Et aucune concession ne sera faite à… l’«ennemi».