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4 août 2025
L’EQUATION DES DOUBLONS EXTERNES
Les derniers réglages entre l’administration et la classe politique en perspective des opérations de parrainage pour la présidentielle de 2024 sont actés.
Les derniers réglages entre l’administration et la classe politique en perspective des opérations de parrainage pour la présidentielle de 2024 sont actés. Pour cause, un atelier de partage sur le thème « innovations apportées au Code électoral à l’initiative de la Direction générale des élections a été organisé hier, lundi 2 octobre, à Dakar, en présence de tous les mandataires nationaux ou coordonnateurs des partis politiques légalement constitués ou coalitions de partis politiques et les personnes indépendantes désirant concourir à l’élection présidentielle. Ayant pour objet de partager avec ces plénipotentiaires les nouvelles innovations apportées au Code électoral, cette rencontre organisée à la suite de la remise des fiches de collecte des parrainages a été l’occasion pour les représentants des candidats à la candidature de remettre sur la table la problématique des doublons externes à laquelle, disent-ils, il faut trouver une solution.
Dans la foulée de la remise des fiches de collecte des parrainages aux mandataires nationaux ou coordonnateurs des partis politiques légalement constitués ou coalitions de partis politiques et les personnes indépendantes, la Direction générale des élections a organisé un atelier de partage sur le thème « Innovations apportées au Code électoral ». « La DGE nous a invité aujourd’hui pour nous parler des différentes innovations. Comme vous l’avez suivi depuis le vendredi passé, c’est à deux niveaux à savoir l’élément discriminant qui a changé. On est passé de la taille, maintenant, on parle de la date d’expiration de la carte nationale d’identité. Le deuxième élément, c’est que chaque candidat a un numéro sur sa fiche et que cette fiche-là, ne peut pas changer », a souligné Massaine Papa Gueye, mandataire de la ‘’coalition pour un Sénégal nouveau’’ du candidat déclaré El Hadji Mamadou Diao dit Mame Boye Diao. Toutefois, le coordonnateur national pour le parrainage du candidat déclaré, El Hadji Mamadou Diao, a confié que lors de cet atelier, les discussions ont porté plus sur la question des doublons. « Les discussions ont tourné surtout aujourd’hui autour des doublons. Vous avez vu que beaucoup de candidats comme Bougane Guèye, Malick Gakou n’ont pas pu être candidats à l’élection présidentielle de 2019, parce que c’était des problèmes de doublons », a-t-il rappelé. Avant de poursuivre en expliquant que : « Des fois, c’est des doublons internes, dès fois, c’est des doublons externes. Je viens de la DGE ce matin et on était à 160 candidats et les gens sont toujours là-bas en train de déposer. Si on procède au tirage au sort au niveau du Conseil Constitutionnel, les premiers seront les mieux servis, parce que quand tu es premier, tu n’as pas de problème de doublons externes, tu peux avoir des doublons internes, et ça, tu peux changer».
Le coordonnateur national pour le parrainage de Mame Boye Diao a par suite suggéré à ce que tous les candidats soient traités au même pied. « Nos camarades qui étaient là, en tant que mandataires, ont dénoncé cette injustice-là en disant que les doublons externes, il faut qu’on trouve une solution et si quelqu’un a des doublons externes, que nous tous nous soyons au même pied et qu’on aille chercher des compléments ».
Abondant dans le même sens, Mahamed Mounirou Sy, représentant national de la coalition Jotna2024 de l’ancien Premier ministre et candidat déclaré Mahammed Boun Abdallah Dionne, a trouvé quant à lui navrant et pas trop égalitaire la problématique des doublons externes. Et d’indiquer : « Quand il y a doublons externes, c’est à dire un parrain qui parraine trois ou quatre candidats, et que le premier candidat qui a déposé profite de ce parrain, les autres, c’est à eux d’aller chercher des remplacements, parce que le premier est déjà validé. Je trouve ça un peu navrant et pas du tout égalitaire». C’est pourquoi de l’avis du coordonnateur national de la coalition dirigée par l’ancien Premier ministre, « On devait les supprimer tous et pousser les autres à aller chercher des remplaçants au niveau des doublons externes. C’est ça qui était plus démocratique». Le coordonnateur de la coalition dirigée par l’ancien Premier ministre, Mahammed Boun Dionne a par ailleurs relevé un autre problème lié à la circonscription qui, d’après lui, n’est plus une colonne. Pour Mounirou Sy, « La circonscription n’est plus en colonne. Maintenant, il y a une circonscription communale qui intègre la région. Et chaque région aura au moins 2000 parrains et il faut au moins 7 régions surles quatorze en plus de la diaspora. Mais ce qu’il faut retenir à ce niveau, c’est qu’on a voulu aider mais pas trop. Parce que quand vous êtes dans une commune qui s’appelle Dakar, surla fiche, vous êtes un peu embêtés. Parce que Dakar Plateau n’est pas la Médina. Or, on ne vise que la région. »
De son point de vue, « la circonscription communale pouvait être élaguée, pour ne se limiter qu’à la région, parce que finalement, on ne compte que la région. Mais ‘’dura lex sed lex’’. La loi, elle est telle quelle, on l’applique comme ça », s’en remet-il. Me Daouda Ka, mandataire national du candidat Aly Ngouille Ndiaye a quant à lui porté son plaidoyer sur la question informatique. « Nous sommes des politiques et ily a une partie qui nous échappe. C’est la partie informatique, parce qu’on nous a donné une clé USB. On nous demande de ne pas la toucher, de ne pas la modifier. J’ai suggéré à la Direction générale des élections qu’on offre une séance de formation à ces informaticiens qui sont chargés de faire la saisie»
Pour rappel, la Direction générale des élections a procédé le 29 septembre dernier à la remise des fiches de collecte des parrainages pour l’élection présidentielle du 25 février 2024. Ainsi, à la date d’aujourd’hui, le nombre de candidats à la candidature est estimé à plus de cent soixante.
Après la radicalisation, l’heure est à la réflexion pour mettre en place une stratégie gagnante à l’élection présidentielle de février 2024, avec ou sans Ousmane Sonko. La tâche est toutefois titanesque
Après la radicalisation, l’heure est au regain de lucidité et de la réflexion pour mettre en place une stratégie gagnante à l’élection présidentielle de février 2024, avec ou sans Ousmane Sonko. La tâche est toutefois titanesque, d’abord, pour convaincre les plus radicaux de la nécessité d’avoir un candidat de substitution, ensuite, le plus difficile sera de trouver un candidat consensuel accepté par la base.
Coup de génie pour certains. Coup de bluff pour d’autres… Le retrait, vendredi dernier, de fiches de parrainage pour plusieurs candidats à la candidature appartenant à l’ex-Pastef continue de soulever moult commentaires. Cette démarche nouvelle pour le parti qui a toujours récusé toute idée de plan B, a-t-elle été sérieusement planifiée en amont avec l’autorisation d’Ousmane Sonko ? L’ex-parti parviendra-t-il à avoir un choix consensuel ? Plusieurs équations qu’il faudra résoudre avec minutie pour aller à la prochaine Présidentielle dans les meilleures conditions, avec toutes les chances de succès.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces nombreuses candidatures ont surpris jusque chez les militants les plus radicaux. Obligeant toute la machine du parti à se déployer pour désamorcer très vite la bombe qui couvait. Parmi les objectifs : montrer que Pastef n’a pas lâché son patron Ousmane Sonko, qu’il va continuer de se battre pour lui.
Membre de la commission chargée de la coordination et du suivi des programmes politiques, Amadou Ba est en première ligne dans cette croisade. Dans une vidéo diffusée sur la chaine Jotna Média, il déclare : ‘’Ousmane Sonko avait anticipé tout ça (le refus par la DGE de lui donner la fiche de parrainage : NDLR). C’est pourquoi il a envoyé cinq responsables de Pastef que tout le monde connait, pour retirer des fiches. D’autres vont peut-être suivre… N’ayez pas de crainte… Il faut éviter d’écouter ceux qui disent : ils ont abandonné Ousmane Sonko. Tous ceux qui ont déposé au niveau de Pastef, ceux-là que certains appellent plan B, travaillent pour Ousmane Sonko. Ils n’oseraient jamais retirer des fiches sans son autorisation.’’
Avec ces candidats multiples, il est presque certain que le parti dissous n’opte pas pour le suicide collectif comme le PDS d’Abdoulaye Wade et Taxawu Senegaal de Khalifa Ababacar Sall en 2019. En février 2024, il faudra compter sur les lieutenants de Sonko, dans le cas où leur leader serait écarté de la course. Le juriste est catégorique : ‘’Ousmane Sonko est convaincu que Pastef est un projet. Et quand on parle de projet, c’est quelque chose qui dépasse l’individu. Ce qu’on veut éviter, c’est ce qui est arrivé à d’autres par le passé. Lorsque le Conseil constitutionnel a invalidé leurs candidatures, leurs militants étaient contraints de voter pour d’autres. Le message qu’Ousmane Sonko veut passer, c’est que le régime peut faire tout ce qu’il veut, mais le projet qu’il porte ne sera pas sacrifié. Voilà pourquoi il a envoyé des responsables pour retirer des fiches. Comme ça, personne ne peut empêcher que nous participions à cette élection.’’
Amadou Ba : ‘’Pastef est un projet et quand on parle de projet, cela dépasse les individus’’
Cela dit, comme s’ils se sont passé le mot, les préposés à la sensibilisation veulent tout faire pour témoigner fidélité et engagement aux côtés de leur leader en prison. ‘’Ousmane Sonko reste notre seul candidat. Et les responsables qui iront à la quête de parrains vont le dire et répéter aux militants. Jusqu’à l’épuisement de nos recours devant les tribunaux, retenez que tout le monde travaille pour Ousmane Sonko, personne d’autre. Ceci va aussi nous permettre de nous déployer sur le terrain sans entrave. Si on ne l’avait pas fait, on n’a même pas le droit de descendre sur le terrain pour parler à nos militants’’, s’est empressé de préciser Amadou Ba.
Mais avec ce dernier, le discours reste au moins clair et limpide. Ousmane Sonko est le candidat, mais un plan B est bel et bien envisagé. Pour certains leaders de Pastef, c’est trop demandé de reconnaitre ce qui se présente comme une évidence.
C’est le cas de Birame Souleye Diop, président du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi. Après avoir mandaté quelqu’un pour lui retirer une fiche de parrainage, après avoir programmé d’aller sur le terrain pour collecter des parrains, il tente de faire croire aux Sénégalais qu’il n’existe pas de plan B. Il peste : ‘’Pour que ça soit clair, Ousmane Sonko reste notre seul et unique candidat. Les gens peuvent faire leurs analyses, mais Ousmane Sonko reste notre seul et unique candidat. Birame Souleye n’est pas candidat, Bassirou Diomaye n’est pas candidat, Guy Marius n’est pas candidat, El Malick Ndiaye n’est pas candidat. Notre candidat, c’est Ousmane Sonko et nous travaillons tous pour lui. Il ne faut même pas commenter ce qui se passe. Focus sur la candidature de Sonko. Pour le reste, restons des militants disciplinés, contentons-nous d’écouter les instructions de notre leader’’.
Tel un mot d’ordre, cela a aussi été répété par Guy Marius Sagna qui continue toutefois sa tournée dans la diaspora. Pour lui, le Pastef n’a investi qu’un seul candidat et il s’appelle Ousmane Sonko. ‘’On n’a investi personne d’autre. Ousmane Sonko est donc notre seul candidat’’.
Sauf que lui aussi a déposé sa candidature à la candidature pour parer à toutes les éventualités.
Si c’est devenu un secret de Polichinelle que l’ex-Pastef envisage bel et bien une candidature de substitution qu’il refuse de révéler à ses militants, les questions sont nombreuses sur la pertinence de la démarche. Pourquoi autant de candidats à la candidature ? À quoi ça sert d’aller collecter des parrainages si l’on sait que l’on ne va pas déposer de candidatures devant le Conseil constitutionnel ? Qui va se sacrifier parmi ceux qui ont retiré des fiches pour les beaux yeux de l’autre ? Une chose est sûre : le candidat officiellement désigné ne peut avoir de problème avec la possibilité de parrainage par les élus : députés ou chefs d’exécutifs locaux.
Toutefois, avec cette collecte à tout-va de parrainages, ceux qui n’auront pas l’onction du parti seront confrontés à des menaces multiformes. Mais à n’en pas douter, ceux qui risquent d’en pâtir le plus, ce sont les petits candidats issus de la coalition Yewwi Askan Wi, qui vont peiner à avoir des parrains.
Quand le fantôme d’Ousmane Sono suit les candidats à la candidature
D’ailleurs, Mollah Morgun, qui jure avoir échangé avec les responsables du parti, n’a pas manqué de révéler que c’est l’un des objectifs. Dans un des lives dont il est le seul à avoir le secret, il peste : ‘’J’ai été très ébahi, très content quand on m’a expliqué la stratégie mise en place. Il n’y a pas que cinq candidats ; il y a 11 candidats : cinq qui vous ont été présentés ; cinq under cover qui n’ont pas été dévoilés et le capitaine Ousmane Sonko. Les cinq candidats qui vous ont été présentés vont ravager tous les parrainages. Personne ne pourra avoir des parrains. Macky Sall sera obligé de faire face aux candidats de Pastef. C’est un véritable coup de génie.’’
Des sources proches du parti avaient déjà confié à ‘’EnQuête’’ qu’il existe en réalité 12 candidats au minimum : 11 plus Ousmane Sonko.
Il faut rappeler que cette nouvelle démarche prend le contrepied de l’aile radicale qui appelait au combat pour imposer la candidature de Sonko ou empêcher toute tenue d’élection. Peut-être ont-ils entendu les sagesses de Lansana Gagny Sakho et Diallo Diop qui ont toujours milité pour la mise en place d’une alternative, malgré les critiques acerbes de leurs propres camarades.
Lors de sa sortie, Amadou Ba s’est en tout cas voulu clair sur la démarche : ‘’Le combat contre Macky Sall, ce n’est plus un combat de la force ; c’est une question d’intelligence. Comme il l’avait dit, il n’attend que l’instabilité pour revenir sur sa parole et tenter de conserver le pouvoir. C’est donc nous qui avons intérêt, puisqu’il ne lui reste plus que cinq mois et que les Sénégalais l’ont vomi… Nous n’allons pas bousiller notre projet. Un projet pour lequel des gens sont morts, d’autres sont enfermés en prison, d’autres blessés… Pastef ne va pas saboter ce projet en suivant Macky Sall dans un combat où c’est lui qui détient toutes les institutions.’’
Et pour ne lui donner aucune chance, Pastef a opté pour plusieurs candidats à la candidature. Ce qui permet non seulement de ne pas dévoiler l’identité du plan B, mais aussi de le prémunir contre des tracasseries judiciaires.
LES PRÉCISIONS DE MAIMOUNA BOUSSO
‘’Sonko Président et la démarche de Pastef, ça n’a rien à voir…’’
Présidente de mouvement et fervente défenseure de Sonko, Maimouna Bousso, elle, n’envisage aucun autre plan. En conférence de presse samedi, elle a déclaré : ‘’Ousmane Sonko est le candidat porté par notre coalition, la coalition Sonko Président 2024 composée de partis politiques et de mouvements. Nous invitons tous les Sénégalais à se mobiliser pour parrainer le candidat Ousmane Sonko. Nous le faisons pour être cohérents dans notre démarche, pour respecter notre promesse faite aux Sénégalais, celle de ne plus jamais laisser Macky Sall choisir qui doit être candidat et qui ne doit pas l’être.’’
Une posture qui tranche d’avec celle de Pastef et elle semble en être parfaitement consciente. Même si elle tente de rassurer et d’inviter à faire la part des choses. ‘’Quand je le dis, certains pourraient se poser des questions, d’autant plus qu’ils ont vu des candidats de Pastef retirer des fiches. Ce qu’ils ont fait est à saluer, parce que Pastef est un grand parti qui a son électorat. Ils en ont parfaitement le droit. Ça n’a rien à voir avec cette coalition Sonko Président. Il faut que ça soit bien clair. Ça n’a absolument rien à voir.’’
Pour elle, par sa démarche, Pastef a montré que c’est un projet qui ne se limite pas à une personne et qu’il n’y a rien d’incohérent dans la démarche. ‘’Il faut plutôt saluer la maturité du parti Pastef et du président Ousmane Sonko. Pour une fois dans l’histoire politique du Sénégal, un parti montre qu’il n’a pas une idéologie fixée sur une personne. C’est ce à quoi on était habitué. Ici, c’est un projet ; c’est une démarche ; c’est une idéologie partagée. Et ils l’ont démontré. Ils ont démontré qu’on ne peut pas emprisonner ce projet, qu’on ne peut pas emprisonner leur rêve et leur volonté’’, a-t-elle lâché tout en affirmant qu’elle sera sur le terrain pour mobiliser des parrains pour Sonko Président.
Bassirou Diomaye Faye représenté par Amadou Bal, les autres par des responsables peu connus
Si Ousmane Sonko était porté par la coalition Sonko Président qui a annoncé un recours contre le refus de leur donner une fiche de parrainages, les noms des candidatures de substitution n’ont pas été dévoilés.
Interpellé, Amadou Ba déclare : ‘’Les noms des coalitions seront dévoilés d’ici 15 à 30 jours. Le Code électoral l’exige pour le jour du dépôt des candidatures.’’ Selon nos informations, Bassirou Diomaye s’est présenté sous la bannière M2R (Mouvement pour la renaissance républicaine) ; Abass Fall sous la bannière de Yoonu Askan Wi. Pour les autres, les jours qui viennent seront édifiants.
En outre, alors que la plupart se sont présentés avec des mandataires peu connus dans les instances de Pastef, Bassirou Diomaye Faye, lui, s’est payé le luxe d’avoir comme mandataire une forte personnalité du parti que l’on ne présente plus. En l’occurrence Amadou Ba. Des indices pas anodins pour qui connait l’importance du mandataire et de son rôle dans les élections. Ce n’est pas quelque chose que l’on confie à n’importe qui.