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25 mai 2025
GREVE DES BUS TATA, L'AFTU PERD PLUS DE 200 MILLIONS PAR JOUR
La grève de 72h décrétée par les chauffeurs, contrôleurs et receveurs des bus de l'Aftu, en début de semaine, n'a pas que paralysé le secteur du transport routier. L'association gestionnaire en a également fait les frais.
La grève de 72h décrétée par les chauffeurs, contrôleurs et receveurs des bus de l’Association de financement des professionnels du transport urbain (Aftu), en début de semaine, a paralysé le secteur du transport routier. Les clients trouvés au niveau des arrêts et terminus ne sont pas les seuls à ressentir la grève. Car, l’Aftu, a annoncé une perte de 220 millions F CFA en une journée.
La grève des receveurs, contrôleurs et chauffeurs des bus de transport en commun de l’Association de financement des professionnels du transport urbain (Aftu), communément appelés Tata, a causé un énorme préjudice aux transporteurs-employeurs. En effet, cemouvement d’humeur qui a été largement suivi a créé un choc économique. Car, l’Association de financement des professionnels du transport urbain (Aftu) a perdu au moins 220 millions de francs CFA pour la journée de lundi seulement. «Avec 2 500 bus qui versent quotidiennement 80 mille francs CFA, l’Aftu a perdu 220 millions de francs CFA rien que ce lundi car 99 % voire même 100 % des chauffeurs et autres éléments du personnel ont respecté le mot d’ordre. Et des pertes qui risquent de s’accentuer, vu que la grève se poursuit», a annoncé Djibril Ndiaye président du Conseil d’administration de l’Association de financement des professionnels du transport urbain (Aftu), joint par téléphone.
Ils ne sont pas les seuls à ressentir ce choc économique qu’a engendré ce mouvement d’humeur. Les stations-services aussi ressentent durement les conséquences de cette grève. Les pompistes affirment que ces bus font partie de leurs plus grands clients.
Cette grève des personnels de l’Association de financement des professionnels du transport urbain (Aftu) se fait sentir aussi chez les usagers qui sont aussi les victimes collatérales de cette grogne. Les bus Tata sont un moyen de transport pour ceux qui n’ont pas les moyens de prendre un taxi. Beaucoup de clients étaient avisés, mais certains ont été surpris ce lundi matin. «Je n’étais pas au courant de la grève, je viens d’être avisée. Là, je dois aller à un enterrement. Je suis obligée de prendre un taxi et ce n’est pas évidant car, il te faut 2 000 voire 3 000 F CFA pour un taxi. Ils se disent qu’on est obligé de les prendre parce qu’on n’a pas le choix», a indiqué une jeune dame Aïcha, rencontrée au terminus liberté 6.
Même son de cloche chez Mbaye Diouf, commerçant, trouvé au rond-point JVC (Sacré cœur) qui cherche un véhicule pour aller en ville. «J’attends le bus Tata depuis 20mn, je ne le trouve pas. Je suis obligé de prendre le clando jusqu’à Niarry Tally. Le reste je le fais à pied», dit-il. Ce dernier de poursuivre : «Ces bus nous arrangent beaucoup. C’est une grève qui affecte tout le monde. Certains qui ne sont pas comme moi sont obligés de prendre un taxi à 3 000F CFA», ajoute-il.
ARRESTATION DE SONKO, JEAN-LUC MELENCHON REAGIT
L’interpellation du leader du PASTEF commence à susciter des réactions. Si la classe politique au Sénégal se fait désirer, du côté de la France, le leader de la France Insoumise n’a pas tardé à s’indigner.
L’interpellation du leader du PASTEF commence à susciter des réactions. Si la classe politique au Sénégal se fait désirer, du côté de la France, le leader de la France Insoumise n’a pas tardé à s’indigner.
« Ousmane SONKO arrêté au Sénégal. La machine à régler les comptes politiques par voie de justice et de police est relancée. Le Sénégal mérite mieux. Grande inquiétude », a écrit Jean-Luc Melenchon sur son compte Twitter.
A noter que le maire de Ziguinchor, accusé de vol de portable et d’appel à l’insurrection, est placé en garde à vue à la Brigade des affaires générales de la Division des investigations criminelles (DIC).
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DE LOURDES CHARGES RETENUES CONTRE SONKO
Le procureur de la République a indiqué ce samedi que le leader de Pastef arrêté hier, est entre autres poursuivi pour appel à l'insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l'État et vol de téléphone
Abdou Karim Diop, le procureur de la République du Sénégal, a tenu un point de presse aujourd'hui pour discuter des détails de l'arrestation de Ousmane Sonko, leader du parti Pastel, survenue hier.
Le Procureur a commencé point de presse en expliquant que l'objectif était de donner une vue d'ensemble de la situation, notamment les tenants et aboutissants des procédures engagées contre Ousmane Sonko. Il a souligné que la focalisation serait mise sur une chronologie détaillée des appels répétés à l'insurrection par le leade de Pastef, qui ont mené à son arrestation.
Selon Diop, les conséquences des multiples appels à l'insurrection de Sonko se manifestent dans cinq dossiers distincts, nommés respectivement : Mortal Kombat, Forces spéciales, Commando, Cocktail Molotov, et Combat final. Ces dossiers documentent une série de manifestations violentes ayant entraîné la destruction et le pillage de biens publics et privés.
Le procureur a expliqué que suite à ces troubles, une coopération a été mise en place avec les forces de défense et de sécurité afin de renforcer la protection des personnes et des biens sur l'ensemble du territoire national. Les enquêtes menées ont identifié Sonko comme instigateur principal de ces troubles.
Le procureur Diop a retracé la chronologie des appels à l'insurrection de Sonko, notant une augmentation notable de ces appels au cours des deux dernières années. Il a cité plusieurs exemples, notamment un point de presse tenu à son domicile en février 2021 où Sonko avait appelé ses partisans à la mobilisation et à la confrontation.
En juin 2022, Sonko aurait tenu des discours incitant à l'insurrection, appelant ses militants à défier l'autorité de l'État. Ce schéma se serait répété en mars 2023 lors d'un meeting, et en mai 2023, où il aurait non seulement appelé ses militants à se rassembler à Dakar, mais également à se préparer pour le "combat final".
Selon le procureur, ces appels ont conduit à des scènes de violence sans précédent dans la capitale.
Diop a, par ailleurs, invité les participants à ce point de presse à visionner une compilation de déclarations de Sonko, datant de mars 2021 à aujourd'hui, qui illustre selon lui un schéma de comportement subversif. Ces extraits de vidéos compilés d'Ousmane Sonko étant principalement en Wolof, le procureur Diop a décidé de les résumer en français.
Selon lui, Sonko aurait incité les jeunes à déloger le président Macky Sall en laissant attendre que son sort pourrait être comparé à celui de l'ancien président libérien, Samuel Doe. Il aurait exhorté ses partisans à se préparer pour un combat "mortel", les appelant à se mobiliser et à s'engager, sans égard pour la compassion.
Dans ces vidéos, Sonko aurait également appelé à la mobilisation de ladiaspora sénégalaise, les préparant pour une confrontation contre le président Sall. Sonko a incité ses partisans à attaquer les résidences des dirigeants de l'APR, le parti du président Sall, insinuant que des richesses y seraient découvertes. Il aurait également assuré aux jeunes que leurs actions ne seraient pas en vain et que s'ils venaient à mourir, leurs parents pourraient avoir d'autres enfants.
Diop a souligné que ces appels à l'insurrection ont été plus que répétitifs et ont eu des conséquences palpables. À chaque déclaration d'appel à l'insurrection faite par Sonko, cela a été suivi d'actes violents et de destruction de biens.
- Le premier dossier, nommé "Mortal Kombat", concerne des manifestations en mars 2021. Selon le procureur Diop, ces manifestations ont vu des actes de destruction et de dégradation de biens publics et privés, notamment des bâtiments publics, des stations d'essence, des magasins et des véhicules. De nombreuses arrestations ont eu lieu, avec des accusations allant de l'appel à l'insurrection et la provocation à un attroupement armé, aux troubles à l'ordre public et à l'incendie criminel.
- Le deuxième dossier, intitulé "Forces spéciales", fait référence à des manifestations prévues en juin 2022 à la Place de la Nation. Il est indiqué que des informations ont été fournies aux enquêteurs sur un groupe d'individus prévoyant d'attaquer les forces de défense et de sécurité lors de ces manifestations. Les sources indiquent également que des cocktails Molotov étaient prévus pour être utilisés contre des installations publiques et privées, des magasins, des commerces, en particulier ceux d'intérêt étranger, et plus précisément français, ainsi que contre les forces de l'ordre, les résidences de hauts fonctionnaires de l'État, les ministres, les directeurs généraux, les députés, les magistrats, etc. Ces faits ont également conduit à plusieurs arrestations.
Diop a insisté sur le fait que ces actions ont été menées en réponse aux appels à l'insurrection de Sonko.
- Dans le Dossier du Commando, les services de sécurité ont reçu des renseignements crédibles et des preuves irréfutables trouvées dans les appareils téléphoniques des individus arrêtés. Ces preuves suggèrent que ces individus avaient l'intention de perturber le fonctionnement de l'État par des moyens illégaux et de mener des attaques contre des biens publics et privés. Les accusés planifiaient des réunions secrètes et semblaient déterminés à rendre le Sénégal ingouvernable en créant le chaos et le désordre total. Leurs cibles incluaient les stations d’essence Total, les magasins Auchan, ainsi que les institutions et les résidences de personnes représentant l'autorité publique. Ces individus, chargés de mettre en œuvre les stratégies d’Ousmane Sonko, ont également été arrêtés et seront jugés.
- Le Dossier Cocktail Molotov concerne un groupe de terroristes qui planifiaient des actes susceptibles de compromettre la sécurité publique. Le groupe a planifié des actes de nature à compromettre non seulement la sécurité publique mais aussi à occasionner des troubles politiques graves pour s'opposer à la tenue du procès en appel d’Ousmane Sonko poursuivi pour des faits de diffamation par le ministre Mame Mbaye Niang. Une équipe d’enquêteurs est parvenue à les infiltrer en vue de recueillir toutes les informations concernant les stratégies de ces individus a expliqué le procureur Diop. Lors d'une perquisition, un nombre impressionnant de cocktails Molotov a été découvert. Plusieurs individus ont été arrêtés pour la fabrication et la détention de substances explosives, en vue d'une utilisation sur des biens publics, avec l'intention de compromettre la sécurité et de provoquer de graves troubles publics. Ils sont également poursuivis pour financement du terrorisme et atteinte à la sûreté de l’État.
- Le dernier dossier, le Dossier du Combat final, fait suite au verdict de la chambre criminelle qui a condamné Ousmane Sonko à 2 ans de prison ferme pour Corruption de la Jeunesse. Le pays a été secoué par des manifestations violentes, des destructions de biens publics et des pertes en vies humaines. Des maisons d'autorités politiques, judiciaires et administratives ont été saccagées et brûlées. L'Université Cheikh Anta Diop a été attaquée, saccagée et partiellement brûlée. Plusieurs dizaines de manifestants ont été arrêtés, inculpés et placés en détention provisoire.
Toutes ces procédures, qui ont causé des dégâts matériels et une quarantaine de morts entre mars 2021 et juin 2023, convergent vers Ousmane Sonko a affirmé Abdou Karim Diop. « Le ministère public que je représente dispose de l'opportunité de poursuites. Par conséquent, tant que les faits ne sont pas prescrits, nous pouvons toujours engager des poursuites. C'est pourquoi Ousmane Sonko est en garde à vue. Il sera poursuivi pour appel à l'insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l'État, complot contre l'autorité de l'État, actes et manœuvres à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves en lien avec une entreprise terroriste, ainsi que pour vol », a-t-il conclu.
PAR Gilles Yabi
LES ANNÉES PAGAILLE EN AFRIQUE DE L'OUEST
Ce à quoi nous assistons dans la région, c’est bien à un retour de la loi du plus fort. C’est la voie ouverte à à tous les abus. C’est aussi la voie ouverte à la course à l’enrichissement rapide, les périodes d’exception étant incertaines
Un coup de massue pour le Niger, pour le Sahel, pour l’Afrique de l’Ouest, pour le continent. Les nouvelles d’abord parcellaires et incertaines de Niamey me sont parvenues alors que je participais à Dar es Salaam à un événement sur le capital humain réunissant en plus de nombreux experts et délégués, une dizaine de chefs d’État ou de gouvernement, des vice-présidents et des ministres. Un sommet organisé par la Banque mondiale et le pays hôte, la Tanzanie, qui avait pour mantra « Investir dans les personnes ». Malheureusement, il a coïncidé à un jour près avec le sommet Afrique-Russie qui a mobilisé nombre de chefs d’État et d’attention médiatique.
Le président Mohamed Bazoum ne participait pas au sommet de Dar es Salaam, mais il y aurait eu toute sa place, ayant fait du développement du capital humain, et en particulier de l’éducation des filles, une priorité de son mandat. Il avait une conscience claire de la situation sécuritaire fragile de son pays et n’a jamais négligé les questions de sécurité et de défense, ancien ministre de l’Intérieur et des Affaires étrangères qu’il fut sous le président Mahamadou Issoufou. Mais Mohamed Bazoum connaissait aussi l’ampleur des faiblesses structurelles de son pays, même en comparaison avec les trois quarts des pays africains. Les indicateurs d’éducation, aussi bien en termes d’accès que de qualité des apprentissages, ou les indicateurs de nutrition, classent le Niger tout en bas des classements des pays africains.
L'Union africaine a exigé le rétablissement sous quinze jours de "l'autorité constitutionnelle" au Niger après le coup d'Etat militaire contre le président élu Mohamed Bazoum, séquestré dans sa résidence par des membres de la garde présidentielle
Le Conseil de paix et de sécurité de l'UA "exige des militaires le retour immédiat et sans condition dans leurs casernes et le rétablissement de l'autorité constitutionnelle, dans un délai maximum de quinze jours", dans un communiqué publié après une réunion vendredi de cette instance.
L'Union européenne de son côté "ne reconnaît pas et ne reconnaîtra pas les autorités issues du putsch" a déclaré le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell.
Outre la suspension de toute aide budgétaire, toute "coopération dans le domaine sécuritaire" est suspendues sine die avec effet immédiat", a-t-il ajouté.
Vendredi, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait assuré M. Bazoum de "l'indéfectible soutien" de Washington lors d'un appel téléphonique.
Le président français Emmanuel Macron ouvrira samedi à 15H00 locales (13H00 GMT) un Conseil de défense et de sécurité nationale sur ce pays où 1.500 soldats de la France sont actuellement déployés et travaillaient jusqu'ici avec l'armée nigérienne.Les Etats-Unis en comptent pour leur part environ un millier sur place.
Dimanche, "un sommet spécial" de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), à laquelle appartient le Niger, se tiendra à Abuja pour évaluer la situation, avec de probables sanctions à la clé.
Le Niger est l'un des derniers alliés de Paris au Sahel.Auparavant essentiellement une base de transit pour les opérations au Mali, dont la force Barkhane s'est retirée, il est le seul pays africain avec lequel la France entretient encore un partenariat dit "de combat" contre les jihadistes.
M. Macron a condamné "avec la plus grande fermeté" le coup d'Etat, le ministère des Affaires étrangères indiquant que la France "ne reconnaît pas les autorités" issues du putsch.
Le général Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle du Niger à l'origine de la chute du président élu, s'est présenté vendredi comme le nouvel homme fort du pays, avant que l'entourage politique de M. Bazoum ne dénonce "un coup d'Etat pour convenance personnelle".
- Bazoum séquestré -
Le général Tiani est apparu sur les écrans de la TV nationale pour lire un communiqué en tant que "président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP)", la junte putschiste.
Proclamé ensuite chef de l'Etat par ses pairs, il a justifié le coup d'Etat de mercredi par "la dégradation de la situation sécuritaire" dans un Niger miné par la violence de groupes jihadistes.
Selon lui, "l'approche sécuritaire actuelle n'a pas permis de sécuriser le pays en dépit de lourds sacrifices consentis par les Nigériens et le soutien appréciable et apprécié de nos partenaires extérieurs" - la France et les Etats-Unis faisant partie des principaux -, à qui il demande de "faire confiance à nos Forces de défense et de sécurité".
Il s'est aussi interrogé sur "une approche sécuritaire" qui "exclut toute véritable collaboration avec le Burkina Faso et le Mali", deux pays voisins du Niger, également dirigés par des militaires putschistes et frappés par la violence jihadiste.
Un proche de M. Bazoum a confié à l'AFP que le "remplacement" d'Abdourahamane Tiani et "une refonte en profondeur de la garde présidentielle devaient être décidés dès ce jeudi (27 juillet) en conseil des ministres".
Le général Tiani, haut gradé discret, commande la garde présidentielle depuis sa nomination en 2011 par Issoufou Mahamadou, prédécesseur de Mohamed Bazoum.
M. Bazoum entame samedi sa quatrième journée de séquestration dans sa résidence présidentielle, mais a pu s'entretenir au téléphone avec d'autres chefs d'Etat, parmi lesquels Emmanuel Macron.
Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger, jusqu'alors allié des pays occidentaux, devient le troisième pays du Sahel, miné par les attaques de groupes liés à l'Etat islamique et à Al-Qaïda, à connaître un coup d'Etat depuis 2020.
Le Mali et le Burkina Faso se sont notamment tournés vers la Russie après avoir exigé le départ des soldats français de leur sol.
- Condamnations internationales-
La junte, qui rassemble tous les corps de l'armée, de la gendarmerie et de la police, a suspendu les institutions, fermé les frontières terrestres et aériennes, et instauré un couvre-feu.
Le putsch a été vivement condamné par les partenaires occidentaux du Niger, plusieurs pays africains et l'ONU, qui ont demandé la libération de M. Bazoum.
A Nairobi, le président kenyan William Ruto a estimé qu'avec ce coup d'Etat, "l'Afrique a subi un sérieux revers dans ses avancées démocratiques".
Riche en uranium, le Niger a une histoire jalonnée de coups d'Etat depuis l'indépendance de cette ex-colonie française en 1960.
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LA REVUE DE PRESSE ENQUÊTE PLUS DU 29 JUILLET AVEC JEAN-PIERRE CORRÉA
Jean-Pierre Corréa est une voix radiophonique unique, mais aussi une plume corrosive. Ses analyses fines sur la vie politique, sociale et culturelle du Sénégal font références. Sa revue de presse était une référence journalistique au début de la RFM.
Son credo : le respect de ses lecteurs et auditeurs et ne jamais insulter leurs intelligences. Son choix editorial : toujours préférer être le dernier à dire la vérité...Plutôt que le premier à dire une connerie...et décider lorsque l'on vous montre l'évidence…de regarder ailleurs.
par Pape Touty Makhtar Sow
HYPERPRÉSIDENTIALISME : ROMPRE AVEC L'HÉRITAGE COLONIAL
Sans une remise en question de l’omnipotence du président induit par l’hyper présidentialisme importé (hérité) et la promotion d’une gouvernance démocratique, nul espoir d’une véritable alternative politique
Nous venons d’échapper au Sénégal in extremis (espérons-le définitivement !!!) au syndrome de Bâsi. Cette maladie politique qui touche, selon le Professeur Djibril Samb, «certains chefs d’État africains, qui n’ayant pourtant exercé le pouvoir, au plus que quelques années, se découvrent subitement irremplaçables, comme s’il leur échappait qu’une telle disposition d’esprit, même feinte, apparaitrait saugrenue au regard du jugement le plus condescendant. » (in L’Afrique dans le temps du Monde, L’Harmattan, 2010 ).
Mais à peine sortis des convulsions politiques du troisième mandat, nous revoilà confrontés de nouveau à une énième tentative de réviser la Constitution du Sénégal en son article 87. Une révision qui vise à conférer de nouveaux pouvoirs au président pour dissoudre le Parlement, faisant ainsi courir de graves risques de dystrophie de notre système politique. De quelle légitimité, le cas échéant, un président en fin de mandat peut-il se draper pour dissoudre le Parlement ? C’est dans les tumultes de cette brûlante actualité qu’est publié l’ouvrage de Mamadou Sy Albert : « Comment sortir des crises du présidentialisme importé ? » (Ed. Moukat. Edition, 2023).
En effet, après plus de 60 ans d’indépendance formelle, le présidentialisme hérité, mettant en selle un père de la nation, gardien de la Constitution, clé de voûte de toutes les institutions, est la forme dominante de gouvernance politique en Afrique. Ce système a-t-il fait avancer les pays africains, en particulier notre pays, le Sénégal, dans la voie de la souveraineté recouvrée, du bien-être des populations, du progrès économique, de la stabilité politique et de la paix sociale ?
Le présidentialisme importé, un héritage politique du pouvoir colonial
L’exercice du pouvoir colonial consistait à dominer militairement le pays, à mettre de l’ordre, de la discipline, à assimiler les populations autochtones et à exploiter les ressources au profit de l’économie capitaliste coloniale. A cette fin, l’administration, l’école et l’armée servaient de leviers pour asseoir cette politique. La société était divisée : d’un côté les citoyens assimilés, qui habitent les agglomérations urbaines et de l’autre les indigènes, dans des zones rurales, pauvres, démunies et difficiles d’accès.
Le Pr. Abdoulaye Ly, dans sa brochure sur le présidentialisme néocolonial, publiée en 1983 aux Editions XAMLE, soutient fort justement la thèse de la filiation entre le système colonial et les nouveaux pouvoirs africains : « De l’asservissement par un pouvoir capitaliste mis en place dans le marché d’Outre-Mer conquis et soumis à un régime sous contrôle de l’État« dépendant » dominant l’espace national, rétrocédé par le même système au bénéfice d’un régime néocolonial à sa dévotion, il existe une continuité dans la soumission aux lois qui dominent le système mondial ».
Pourtant l’ambition proclamée de cet État africain post indépendance est de « bâtir une nation souveraine, en renforçant l’unité et la cohésion nationales, avec un État-Nation mis en place comme instrument au service des intérêts de la Nation souveraine ».
Mais ce nationalisme affiché est vivement contesté par A Ly (1983) car selon lui, « ce n’est qu’un protonationalisme ». L’indépendance formelle n’est en réalité qu’un transfert de compétences, une forme de délégation de pouvoir dans la continuité du système colonial. Il n’y a pas eu de rupture entre les deux périodes. Les nouvelles institutions n’ont rien à voir avec les aspirations des populations C’est pourquoi, explique-t-il, ce nouvel État « sera le lieu où va se cristalliser la nécessité de reproduire le capital à l’échelle internationale ; le lieu de diffusion des rapports marchands et capitalistes, nécessaires à la réalisation de la division internationale du travail ; le lieu par où transitera la violence nécessaire pour qu’elle se réalise, parce qu’il est l’élément et le moyen qui rendent possible une telle politique ».
Les Etats-nations, nouvellement indépendants, constituent en vérité, la périphérie, la partie dominée d’un ensemble qu’est l’économie mondiale capitaliste (Samir Amin).
Dans ce cadre, Mamadou Sy Albert relève : « sous le règne du pouvoir colonial et du présidentialisme importé, on assistera à une gouvernance non inclusive, souvent autoritariste et violente » (ibid.)
Donc le prolongement du modèle de gouvernance coloniale s’observe, en effet, dès l’aube des indépendances. Au Sénégal, c’est notamment à travers les tensions nées de la dissolution de la Fédération du Mali qui a accentué le processus de balkanisation de l’Afrique ; c’est aussi dans une approche fortement autoritaire que le transfert de la capitale de Saint-Louis à Dakar a été imposée, sans compter la violente répression de la grève des travailleurs en 1959.
Néanmoins, le bicéphalisme politique, une exception sénégalaise, a mis en scène deux figures historiques de l’indépendance (L. Senghor, président de la République et M. Dia, président du Conseil). Malgré toutes les ambiguïtés qu’elle a charriées en interne et à l’externe, cet attelage a permis de poser les prémisses, non d’une rupture avec le modèle colonial, mais des initiatives progressistes. Ainsi, en disposant de la gestion de la politique nationale et du pouvoir législatif, le président Dia a pu conduire des réformes intéressantes notamment en matière de développement rural en adoptant la fameuse circulaire 32 qui posait les jalons d’un affranchissement des populations rurales et le démantèlement de l’économie de traite dans
le secteur arachidier avec la promotion de coopératives autogérées et de centres d’expansion rurale. Dans le domaine éducatif, il a aussi tenté d’intégrer les daaras dans les dispositifs de la République à travers les écoles franco-arabes.
Cette vision réformiste du président Dia n’a pas pu franchir la ligne de l’État post indépendance en charge de poursuivre le projet d’assujettissement néocolonial. Dès 1963, au lendemain de l’éviction de Dia, note M. Sy Albert, « Senghor décide de procéder à une réforme constitutionnelle et le présidentialisme prend corps. Il contrôle les pouvoirs exécutif, législatif, judiciaire et le parti-État» (ibid.)
Parti-État au service du capital international
Cette restauration du projet néocolonial se traduit par une reprise en main de tous les pouvoirs par le président. L’État n’est pas pure forme juridique ; il est toujours et partout au service d’intérêts implicites ou explicites que le droit formalise.
L’État présidentialiste tropicalisé au Sénégal est orienté à servir de manière décisive les intérêts du système capitaliste avec l’octroi de fortes subventions au capital. Le Code des investissements de 1962, les mesures d’incitation prises en faveur des entreprises industrielles et commerciales en 1969 et les avantages fiscaux exceptionnels en 1972 en sont une illustration, selon A. Ly (ibid.).
Cette grande générosité n’a pas manqué de choquer certains partenaires économiques, comme la Banque mondiale. A Ly (1983) rapporte que : « le gouvernement sénégalais n’a que très partiellement suivi les avis émanant, entre autres, de ses conseillers intérieurs (Conseil Economique et social) et extérieur (Banque Mondiale), concluait au caractère exagérément libéral de la politique d’incitation fiscale en faveur du capital financier. »
Cette politique de l’État interventionniste dans la production et les échanges n’est qu’une simple continuation des fonctions économiques de l’administration coloniale, elle-même, déjà état d’exception de l’État capitaliste, qu’il remplissait directement en plus de ses fonctions de domination politique et sociale. (Cf. J S CANALE. De la colonisation aux indépendances, 1972, Ed. Sociales).
La petite bourgeoisie de formation coloniale (la nouvelle classe politique africaine !!! ), selon A. Ly, arrive au pouvoir politique en héritant des structures, du personnel et des méthodes de l’État colonial. Etant coupée du pouvoir économique, elle entre en relation avec celui-ci et s’y investit par le truchement de l’Etat.
L’État offre alors la possibilité de contrôler les ressources, de tirer directement les rentes des activités commerciales basées sur les matières premières locales et permet d’octroyer des marchés notamment dans les infrastructures publiques et les équipements militaires.
Présidentialisme pyramidal
L’essence du présidentialisme tropicalisé (ou importé, selon M. A. Sy) est d’organiser l’exploitation des richesses nationales, la dépendance économique au système capitaliste, induisant forcément la domination politique des populations par la répression et par des institutions de contrôle et d’encadrement. Ces dernières peuvent revêtir des formes diverses qui évoluent en fonction des coups de boutoir des forces populaires obligeant à des réformes.
En réalité, le système du présidentialisme est comme une pyramide. Les satrapes au sommet (la classe politique) se donnent les moyens de contrôler à leur service les populations et les ressources (foncières, minières, minérales, pétrolières et gazières...). Cette classe politique perchée en haut de la pyramide a pour vocation, selon A Ly (1983), de « bloquer les contradictions nées de l’exploitation et de la domination néo coloniale. En d’autres termes, leur fonction est d’assurer la sécurité et la stabilité du système, la recherche de la soumission des populations subjuguées par l’État et le régime présidentialiste interposés.»
Le présidentialisme est l’instrument de la fusion des différents intérêts qui dominent le régime néocolonial à travers la gérance de l’État par la bourgeoisie bureaucratique, sous la houlette de l’impérialisme. « La caractéristique fondamentale des rapports du présidentialisme avec l’extérieur est en effet, poursuit-il, la dépendance tant au plan économique et financier qu’au plan politique. Dans son fonctionnement interne, la dépendance et la domination sont intimement liées et la dernière n’est en réalité qu’une manifestation et une modalité de la première. » ( A. Ly, ibid)
De quelques caractéristiques du présidentialisme importé
La principale caractéristique de ce dispositif politique porte sur l’hyper concentration du pouvoir autour de la personne du président. « Le présidentialisme produit par son mode d’organisation et de fonctionnement, l’inféodation de tous les leviers institutionnels et non institutionnels de la gouvernance, au pouvoir décisionnel illimité de fait du président de la République en exercice, d’où conclut-il, l’usage abusif et permanent des forces de sécurité et de défense » (Albert, ibid.).
Cette prépondérance du président n’est pas sans conséquence sur l’équilibre des pouvoirs. Elle entraîne inexorablement une dictature personnelle qui s’appuie sur un personnel nommé par voie discrétionnaire et par suite le règne de l’arbitraire. Au Sénégal, l’on a connu le saupoudrage des paysans au DDT, des tribunaux d’exception, des ukases interdisant l’entrée de certains ouvrages dits révolutionnaires, des condamnations pour faute d’orthographe (Siggi, Ceddo) des tortures dans les commissariats, sans compter les arrestations massives préventives à la veille d’événements politiques dits sensibles...).
Ce projet politique monopolistique pèse lourdement sur tous les autres pouvoirs et tend naturellement à la « paternalisation » des rapports institutionnels. Finalement, le président « devient, souligne l’auteur, un monstre capable de briser des carrières, des vies humaines, et des familles politiques » (Albert P 52).
C’est précisément le modèle de la présidence Bâsi, exposé par le Pr Djibril Samb : « les chefs d’État africains, même s’ils sont parvenus, par voie électorale au pouvoir, ils cherchent à capturer l’appareil d’Etat, à vassaliser toutes les institutions, à concentrer tous les pouvoirs entre leurs mains et celles de leurs familles, avant d’instituer une espèce de « royauté barbare » d’extraction tyrannique fondée sur le règne personnel ».
Ce système de gouvernance a très peu l’assentiment des citoyens qui le considèrent comme un corps étranger, très peu orienté à servir leurs intérêts. C’est d’ailleurs le diagnostic qu’établissent les Assises Nationales tenues en 2008 : « L’État reste encore une entité abstraite, extérieure à la société et vis-à-vis de laquelle on ne saurait avoir d’obligations. C’est parce qu’après l’indépendance, l’État qui a succédé à la formation coloniale a repris tout de l’État colonial : la forme, les pratiques, les usages et la culture administrative. » (Assises nationales, Ed L’Harmattan).
Crises du présidentialisme
Les crises sont consubstantielles au système présidentialiste importé. Il est source de multiplication des formes d’irrédentisme religieux, ethnique, régional voire de séparatisme en Casamance ou au Cameroun.
Une succession de coups d’État militaire qui, dans certains pays, débouchent sur le présidentialisme militaire, parfois applaudi aux premières heures de son avènement comme une libération avant de révéler les tares propres à ce système politique.
Un mode de gouvernance politique qui favorise et maintient un clivage social mettant face à face une poignée de privilégiés au sommet de la pyramide et une population démunie en bas de celle-ci. Il ne panse pas les béances de la colonisation entre une économie dite informelle au service des populations, principal lieu de création d’emplois et l’économie dite moderne au profit d’intérêts extérieurs et de compradores ; un système éducatif à caractère dual qui marginalise l’éducation traditionnelle et religieuse des daaras, excluant ainsi de nombreux jeunes de l’école de la République.
Malgré l’autoritarisme que ce système hérité (importé) manifeste et la crainte qu’il suscite, il n’a jamais emporté ni la reconnaissance ni l’adhésion de la majorité des populations. Le cœur de celles-ci est resté en faveur des structures traditionnelles et religieuses dans lesquelles elles s’identifient. Le défaut d’adhésion des citoyens se vérifie dans l’importance du taux de non-participation électorale ou le rapport encore distancié avec les institutions administratives d’état civil ou de fiscalité voire de justice.
De la résistance populaire passive, l’insubordination prend parfois une forme plus active, dans certaines couches sociales, notamment en milieu urbain, mettant en avant la revendication de droits économiques et sociaux et de libertés politiques, exigeant des réformes démocratiques. « Ces crises, note M. Sy Albert, se traduisent par des conflits ouverts et/ ou latents, par
des dysfonctionnements, par des défaillances structurelles de l’exercice du pouvoir » (Albert, ibid.).
Après la crise de 1962 et celle de 1963 (40 morts), le mouvement populaire de contestation ouverte du régime politique Parti-État en Mai 68 a ouvert une nouvelle ère politique. De l’ouverture démocratique en 1974 aux événements de 1988 et ceux de 2011 (contre la dévolution monarchique du pouvoir) à l’alternance de 2000 puis celle de 2012, les citoyens n’ont cessé d’exprimer leur défiance au système politique en place.
Défiance au système présidentialiste
A vrai dire, c’est sous l’éclairage des Assises Nationales (2008) que la perspective du rejet actif du système apparait non plus simplement comme une revendication d’une minorité de révolutionnaires d’avant-garde mais une exigence citoyenne, largement partagée. « On ne compte plus, informe M. Sy Albert (ibid.), le nombre de marches des populations des jeunes, des commerçants, des paysans interpellant directement le président de la République. Il en est de même des cris de détresse des populations réclamant l’accès à l’eau potable, à l’électricité, aux soins de santé publique et à l’éducation de base ».
Les manifestations d’insoumission citoyenne aux institutions de la République se multiplient dans toutes les couches sociales, y compris au cœur de l’appareil d’État (syndicalisme et implication politique de fonctionnaires des régies financières, démissions fracassantes de gendarmes et de magistrats ; révolte foncière à Ngor mettant directement en cause la gendarmerie nationale ! ).
Les émeutes répétitives (2021 et 2023) et de forte intensité par la violence, la durée et les nouvelles forces sociales impliquées et les cibles visées (édifices publics, commissariat, brigade de gendarmerie, municipalités...) sont un indice d’insubordination politique de larges franges des populations face à des institutions qui ne répondent pas à leurs aspirations.
C’est la légitimité de l’État présidentialiste qui est désormais à l’ordre du jour. Les formes de régulation par la transhumance et l’alternance contrôlée (apaisée, dit-on !) ne peuvent plus assurer sa conservation. Les fissures sont trop béantes : « Ceux d'en haut de la Pyramide ne peuvent plus assurer l’autorégulation du système et ceux d'en-bas ne veulent plus ce système et réclament un nouveau récit véritablement postcolonial. « Les acteurs politiques n’entretiennent plus des relations de confiance avec les populations » (Albert, ibid.)
Exigences de ruptures
« La crise de l’exercice du pouvoir présidentiel demeure une question fondamentale de la gouvernance » (Albert, ibid). C’est dire que le Sénégal est arrivé à un point de retournement pour reprendre le concept de Pierre Rosavallon sur la crise démocratique en France. L’exigence d’écrire un nouveau narratif politique de souveraineté nationale reconquise permettant des ruptures sur la base d’une nouvelle vision politique d’émancipation sociale et culturelle.
De l’État colonial, né avec le. Référendum de 1958, au présidentialisme civil ou militaire des Etats post indépendance, en passant par les programmes d’ajustement structurel (PAS), la dévaluation du F CFA et le multipartisme (décidé au Sommet de la Baule) jusqu’à la nouvelle mode des programmes d’émergence (PSE, pour le Sénégal), plusieurs pays africains ont enduré des séquences de politiques standardisées, normées et imposées par les institutions internationales et appliquées par les dirigeants politiques. La question posée et à résoudre, convoquée par Mamadou Sy Albert, est comment nous affranchir de ce système, qui a traversé deux alternances, en pensant par nous-mêmes et pour nous-mêmes nos politiques de développement et d’émancipation dans une souveraineté politique, économique culturelle et militaire assumée.
Conclusion : refondation des institutions
Rompre avec ce système bien ancré depuis plus de 60 ans, demande de puiser dans nos valeurs positives (par opposition aux contre valeurs de la culture d’accaparement et de patrimonialisation). Il ressort des travaux des Assisses nationales un appel à un renversement de la hiérarchie des valeurs en invoquant plutôt les principes et valeurs comme : (i) appropriation non privative du pouvoir politique, (ii) respect de la parole donnée, (iii) grandeur et dignité, (iv) solidarité, (v) parenté à plaisanterie, (vi) dialogue et palabre, etc.
Faire restituer le pouvoir au peuple, le seul souverain au service exclusif de qui doivent œuvrer les élus, ses serviteurs (les politiciens). Cela requiert :
La refondation des institutions de la République dans le but de les réconcilier avec l’ensemble des citoyens, en rompant avec le modèle colonial de l'hyper présidentialisme depuis le régime de Senghor, ce qui signifie des institutions capables de saisir et de servir avant tout les besoins de citoyens et impliqués, comme acteurs conscients de leur propre épanouissement.
Des solutions structurelles de renforcement des capacités productives et culturelles nationales pour répondre, en sur-priorité, au désœuvrement des jeunes, une véritable bombe sociale qui menace la sécurité nationale ; ce n’est plus une simple question sociale ou économique mais davantage une question de souveraineté nationale et de stabilité politique.
En effet, il est remarquable de noter le poids du nombre des jeunes dans la structure de la population sénégalaise : (i) plus de 4/5 de la population est composée de jeunes de moins de 35 ans, (ii) plus de 300 000 jeunes arrivent annuellement sur le marché du travail et moins du quart trouve une occupation, dans un contexte où l’économie informelle, éprouvée par le Covid, n’a plus le même potentiel d’absorption. Les perspectives tragiques de barça ou barzaq ou la tentation de l’extrémisme terroriste sont simplement insupportables pour notre jeunesse.
Le contexte de la prochaine élection présidentielle offre l’opportunité d’inscrire ces sujets majeurs et décisifs dans l’agenda des programmes des candidats. En effet, sans une remise en question de l’omnipotence du président induit par l’hyper présidentialisme importé (hérité) et la promotion d’une gouvernance démocratique, nul espoir d’une véritable alternative politique ouvrant le champ d’une souveraineté retrouvée et la voie de l’émancipation sociale.
LES LIONNES ENGAGENT LE DÉFI DE LA RECONQUÊTE DU TITRE DE L'AFROBASKET
Le Sénégal entre ce samedi de plain-pied dans la 26ème Afrobasket démarrée hier, vendredi 28 juillet, à Kigali (Rwanda). Les Lionnes entrent en lice ce samedi 29 juillet face aux Gazelles d’Ouganda, leur premier adversaire de la poule C
Le Sénégal entre ce samedi de plain-pied dans la 26ème Afrobasket qui a démarré hier, vendredi 28 juillet, à Kigali (Rwanda). Les Lionnes entrent en lice ce samedi 29 juillet face aux Gazelles d’Ouganda, leur premier adversaire de la poule C. Elles enchaînent demain dimanche par le duel sous-régional qui les opposera aux Aigles du Mali, déjà vainqueur de l’Ouganda (80-66). Un choc qui sera un test important pour le Sénégal qui, en tant que nation la plus titrée, a l’ambition de reconquérir une couronne perdue depuis l’édition 2017.
L’équipe du Sénégal entame ce samedi ( 16h) la 26ème édition de l’Afrobasket féminin avec le duel qui l’opposera à l’Ouganda. Les Lionnes partiront largement favoris face à ce premier adversaire considéré comme le Petit poucet de la compétition. L’ambition affichée des Gazelles ougandaises est aujourd’hui de faire sans doute mieux que leurs deux participations à
l’Afrobasket. Leur dernière campagne remonte à 2015 avec en prime une 10ème place. Nation la plus titrée du basket féminin avec 11 trophées et finalistes lors des éditions à Bamako en 2017 et à domicile en 2019, les «Lionnes» ont été éjectées pour la première fois du podium lors du dernier Afrobasket 2021 au Cameroun, et reléguées au second rang de la hiérarchie continentale.
Pour le rendez- vous continental de Kigali, l’équipe du Sénégal ambitionne de reprendre sa couronne et de décrocher un 12ème trophée. Une tâche qui ne s’annonce pas simple pour une formation fortement remaniée. Cette nouvelle génération est encadrée par des cadres à l’expérience avérée comme Aya Traoré ( sacrée deux fois MVP), Oumou Khairy Sarr dite «Toch» et Fatou Dieng qui ont joué un rôle de premier plan lors des conquêtes victorieuse de 2009 à Madagascar et en 2015 à Yaoundé. Après cette entrée de lice, les Lionnes enchaînent demain dimanche par son second match dans la poule C. Ce sera face aux Aigles du Mali. Si il n’est pas décisif, ce duel sous-régional sera un test important pour le reste de la compétition.
Autrement dit, une finale avant l’heure et partie pour être très disputée au regard de la rivalité qui existe entre le Mali et le Sénégal. Une rivalité qui a atteint le sommet lors que les Aigles du Mali avaient réussi, au nez et à la barbe du public sénégalais, à ravir aux Lionnes, le trophée de la finale de l’édition de 2007 à Dakar. Malgré cette longue période de régulière sur le podium lors des trois dernières éditions (bronze en 2017 et 2019 et argent et une place de finalistes lors de la dernière édition en 2021 au Cameroun ), l’équipe malienne reste encore un sérieux client pour la bande à Aya Traoré et surtout un des prétendants pour détrôner les D’Tigress du Nigeria qui ont trusté le trophée lors des trois précédents Afrobasket. Mariam Coulibaly, désignée meilleur pivot de l’Afrobasket 2021 au Cameroun, va encore conduire les troupes et sera à côté d’une cuvée de jeunes joueuses aussi talentueuses issues de la WNBA mais aussi des flancs de l’équipe U19.
LA DÉFENSE DE SONKO PARLE DE PRÉTEXTE PROCÉDURAL GROTESQUE
Ces nouvelles accusations, dépourvues de fondement, seraient risibles si elles n'avaient pas de si lourdes implications, estime maître Ciré Clédor Ly et ses pairs
« Le président Ousmane Sonko ne se sent nullement concerné par ce prétexte procédural grotesque », dixit la défense du leader de Pastef, avant de fustiger le communiqué du parquet. Et les conseillers du maire de Ziguinchor de souligner : « Ces nouvelles accusations, dépourvues de fondement, seraient risibles si elles n'avaient pas de si lourdes implications. Le devenir de M. Ousmane Sonko, personnalité politique de premier plan, engage celui du pays. La multiplication de procédures fantasques à son encontre constitue une instrumentalisation inacceptable de l'appareil judiciaire».
Et de poursuivre : « Les dispositions pertinentes de l’article 341 du Code de Procédure pénale prévoient que la peine et le jugement de contumace sont anéantis dès l’arrestation du contumax. Nous nous tenons auprès de notre client pour nous assurer de l'absence d'instrumentalisation de la présente procédure, et de son immédiate libération », ont rappelé Me Ciré Clédor Ly et compagnie.
POUR DES RECHERCHES EN ADÉQUATION AVEC LES POPULATIONS
L'unité de formation et de recherche ECMIJ de l'université Alioune Diop de Bambey a procédé au lancement du laboratoire de recherche interdisciplinaire des sciences sociales
L'unité de formation et de recherche ECMIJ de l'université Alioune Diop de Bambey a procédé au lancement du laboratoire de recherche interdisciplinaire des sciences sociales. La cérémonie s'est déroulée à l'amphithéâtre Innovation à l'occasion d’une journée scientifique dont le thème porte sur le développement des territoires.
L'université Alioune Diop de Bambey vient d'être dotée d'un laboratoire de recherche interdisciplinaire des sciences sociales. Le Directeur de l'UFR ECOMIJ Serigne Ahmadou Gaye explique : "C'est projet qui vient à point nommé parce qu'on n’avait pas de possibilités de financement pour pouvoir mener la recherche. Même si la recherche n'a jamais été absente, mais cela se faisait de manière individuelle. On s'appuyait souvent sur des laboratoires qui sont dans d'autres universités. Mais le Projet nous a donné une occasion de centrer tous nos efforts sur le Laboratoire de recherche interdisciplinaire en sciences sociales (LRISS) composé de 3 départements et qui a pour objectif de mener de recherches de développement des territoires à travers une approche interdisciplinaire droit-économie-sciences politiques-management ».
Le recteur de l'Université Alioune Diop de Bambey, le Pr Mathy Diaw, qui présidait la cérémonie a salué la création de ce laboratoire de recherche. "Ce laboratoire vient de gagner un financement dans le cadre d'un projet international dans l'Afrique francophone. Cette recherche s'articule autour du ménagement des territoires, une recherche menée par l'UFR ECOMIJ spécialisée dans l'économie, le droit et le management ». Et il poursuit : "le financement, c'est pour les territoires. Nous saluons le fait qu'étant une institution située loin des grands centre-villes, notre université ait pu décrocher ce prix afin de bien mener ces recherches en adéquation avec les préoccupations des populations ».
Pour rappel, c'est à la suite d'une rude sélection où 45 pays avaient déposé et grâce à la pertinence du projet que l'UADB a été choisie par les 5 universités retenues, à savoir de la Côte d'Ivoire, du Bénin, du Congo et l'Université Cheikh Anta Diop à travers le laboratoire en Géographie. Le coût global de ce projet qui comprend 5 composantes est de 100 000 euros.