Le leader de Pastef invite à travers une déclaration ce vendredi 15 juillet, ses partisans à respecter l'interdiction par le gouverneur de Dakar, de la cérémonie de son investiture prévue ce week-end
« Dans le souci de préserver la paix sociale, nous ne contreviendrons pas à l’interdiction de la tenue de notre meeting d’investiture du samedi 15 juillet 2023, mais, en attendant d’avoir une autre date, nous invitons les Sénégalais à trois actes forts ce même samedi 15 juillet 2023, pour manifester leur réprobation contre le régime oppressif de Macky Sall ». Cette sortie figure en bonne place dans la déclaration faite par le Président du Pastef, ce vendredi 14 juillet à travers les réseaux sociaux.
Premier point : « À partir de 9 heures, vente de bracelets de la liberté pour dénoncer l’acharnement contre Pastef et ses sympathisants, ensuite soutenir symboliquement et financièrement Pastef ».
Deuxième point : « À partir de 10 heures, port de brassards rouges pour dénoncer le régime oppressif de Macky Sall ».
Troisième point : « À partir de 20h30, concert de casseroles et de klaxons, pour dénoncer la volonté de Macky Sall de mener notre pays vers le chaos avant de partir ».
SONKO EN POSITION PRÉCAIRE
René Lake analyse sur VOA, l'incertitude autour de la situation politique du leader de Pastef, investit malgré tout candidat à la présidentielle de février 2024 par son parti
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AU PORT DE MBOUR, LES JEUNES NE RÊVENT QUE D'EUROPE
Ces derniers jours, les départs de pirogues vers l'archipel espagnol des Canaries se multiplient depuis le Sénégal. Les risques encourus ne suffisent pas à dissuader la jeunesse du pays qui rêve plus que jamais d'Europe
Comme une vague déferlant sur la plage, la rumeur s'est répandue dans les rues de Mbour, à 80km au sud de Dakar : deux bateaux de migrants partis de cet important port de pêche sénégalais auraient disparu. Depuis quelques semaines, les départs pour l'archipel espagnol des Canaries ont repris, à quelque 1.500km, symbolisant la porte de l'Europe et l'espoir d'une nouvelle vie pour des milliers de jeunes Africains qui attendent leur heure sur les bords de l'Atlantique.
"L'Espagne... On veut tous y aller. Si une pirogue part, je saute tout de suite dedans", lance Abdou, la vingtaine. Installés dans un abri de tôles entre des dizaines de pirogues multicolores, oasis de calme au milieu du tumulte du port, tous ses amis approuvent.
Les risques, ils les connaissent. Selon l'ONG Caminando Fronteras, trois bateaux ont disparu avec au moins 300 migrants à bord, dont deux se seraient élancés de la région de Mbour fin juin. Les garde-côtes espagnoles sont toujours à leur recherche.
Qu'importe. "Celui qui est affamé trouvera toujours à manger ailleurs", dit Abdou. "Vivre ici ou mourir, c'est pareil", renchérit l'un de ses camarades. "Il n'y a pas de travail ici, pas d'argent. L'unique solution, c'est l'Espagne". Tous connaissent des amis qui sont partis, qui ont réussi, qui "construisent des maisons".
Dans un petit local bleu, Moustapha Ndiaye, président du groupement des pêcheurs de Mbour, boit un thé chaud dont l'odeur tranche avec celle du poisson qui inonde les alentours. Assis sur un banc, les pieds nus posés sur un parterre de petits coquillages, il raconte avoir vu "en pagaille" des jeunes partis du jour au lendemain.
Départ
Selon lui, une dizaine de pirogues seraient parties de la région depuis un mois. Elles partent la nuit, en cachette. Entre juin et septembre, les départs sont plus nombreux. Le vent est plus favorable. Comme tout le monde, il a entendu "la rumeur" des disparitions. Il faut attendre, dit-il. Parfois, les pirogues ont "juste" du retard et elles finissent par arriver. "On ne peut jamais savoir ce qu'il se passe en mer".
Il y a deux types de pirogues de migrants, explique-t-il. Celles menées par des pêcheurs, qui ont l'habitude de la mer. Et celles gérées par des "businessmen", qui sont là pour l'argent. Ils peuvent se faire un bénéfice de 15 à 20 millions de francs cfa (20.000 à 30.000 euros), estime-t-il. "L'Etat a signé des accords avec les bateaux européens et asiatiques pour la pêche industrielle. Il y a moins de poissons et les jeunes partent", poursuit-il.
Ousmane (son prénom a été modifié), 29 ans, a tenté sa chance en 2020. Il a échoué. Sa pirogue a été arrêtée par les garde-côtes espagnoles. "Quand tu es pêcheur, tu n'as pas peur de partir", déclare-t-il. Marié, père d'un enfant, il repartira dès qu'il pourra. Sans rien dire à personne. "Il n'y a pas d'autres options", estime-t-il.
"La police et la gendarmerie ne peuvent pas arrêter le phénomène de l'immigration clandestine", assure Mouhamadou Barro, président de la commission migration de la commune de Mbour. Il note que le phénomène est reparti à la hausse en 2023. Pour l'enrayer, dit-il, "il faut que nos jeunes aient du boulot".
Espoir
Selon les autorités espagnoles, entre le 1er janvier et le 30 juin, 7.213 personnes sont arrivées clandestinement à bord de 150 embarcations aux Canaries, contre 8.853 sur la même période l'an dernier. Mais ces derniers jours, les départs se multiplient depuis le Sénégal. Le gouvernement sénégalais affirme que 260 Sénégalais "en détresse" ont "été secourus dans les eaux territoriales marocaines" entre le 28 juin et le 9 juillet.
Mercredi, au moins huit personnes sont mortes à Saint-Louis dans le chavirement d'une pirogue. Jeudi, une embarcation du Sénégal arrivait aux Canaries avec 41 migrants tandis qu'une autre de 71 personnes étaient interceptée par la marine sénégalaise.
Le fils ainé de Mame Elimane Ndoye, 69 ans, compte parmi ceux qui ont fait la traversée récemment. "Il est parti le jour de la Tabaski", le 29 juin, l'une des principales fêtes musulmanes. "Il avait acheté un grand bélier pour son papa". Avant son départ, "il est venu me voir et m'a dit qu'il voulait rejoindre ses amis là bas. Alors je lui ai dit: 'C'est moi qui vais formuler des prières pour toi.' C'est ce qui lui a donné beaucoup de courage".
"Le voyage a été difficile. Il y a eu beaucoup de vent. Pendant trois jours, ils ont coupé le moteur. Puis ils sont arrivés", lui a-t-il raconté par téléphone. "Si Dieu fait qu'il commence à travailler, s'il envoie de l'argent, tout le monde en recevra. Ce sera une fierté pour nous", espère-t-il. "Je le connais, il va se débrouiller".
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LE BILAN DU CHAVIREMENT D'UNE PIROGUE GRIMPE À 14 MORTS
Un précédent bilan établi jeudi par le ministre de l'Intérieur Antoine Felix Abdoulaye Diome, lors d'une visite le même jour à Saint-Louis, avait fait état de huit morts et quatre blessés
Le gouvernement sénégalais a annoncé vendredi un nouveau bilan en hausse, porté à 14 morts et quatre blessés, après le chavirement d'une pirogue mercredi à Saint-Louis (nord), sur la route migratoire reliant le pays à l'archipel espagnol des Canaries.
Un précédent bilan établi jeudi par le ministre de l'Intérieur Antoine Felix Abdoulaye Diome, lors d'une visite le même jour à Saint-Louis, avait fait état de huit morts et quatre blessés. "Tous les services de l'Etat se sont mobilisés pour apporter soutien et réconfort aux rescapés", affirme un communiqué du ministère sénégalais de l'Intérieur. Le texte ne donne pas de précision sur les circonstances du nouveau bilan de 14 morts, sur les rescapés et le nombre de personnes qui étaient à bord de l'embarcation.
La presse locale affirme vendredi que six nouveaux corps ont été découverts sur la côte, près de Saint-Louis. Selon les médias locaux, le bateau transportait des migrants et le bilan pourrait être beaucoup plus lourd, car ces pirogues sont souvent bondées et peuvent contenir des dizaines de personnes. Selon un responsable local, le bateau venait du sud.
L'accident s'est déroulé mercredi au petit matin près des côtes et il est possible que certains aient pris la fuite, a-t-il aussi affirmé. Selon l'ONG Caminando Fronteras, qui tient ses informations des appels de migrants ou de leurs proches, trois autres embarcations, parties du Sénégal, et transportant au total plus de 300 migrants sont portées disparues. L'une d'elles est partie le 27 juin de Kafountine, une petite ville côtière du sud du Sénégal, située à environ 1.700 kilomètres des côtes des Canaries, avec quelque 200 personnes à bord. Les deux autres sont parties de la région de Mbour. Les recherches de bateaux de migrants portés disparus ont repris mercredi, ont indiqué les sauveteurs espagnols.
Selon le ministère sénégalais des Affaires étrangères, entre le 28 juin et le 9 juillet, 260 Sénégalais "en détresse" ont "été secourus dans les eaux territoriales marocaines". Il n'a pas précisé si ces embarcations correspondaient à celles signalées par l'ONG. M. Diome a affirmé jeudi que 276 personnes se trouvent actuellement dans un centre au Maroc et qu'"elles se portent bien".
Mercredi, Caminando Fronteras a réagi dans un communiqué, affirmant avoir pu vérifier que les sauvetages mentionnés par le gouvernement sénégalais correspondaient à d'autres bateaux "ayant également quitté les côtes sénégalaises, mais pas à ceux qui avaient à leur bord les 300 personnes recherchées".
En outre, la marine sénégalaise a intercepté un bateau de pêche transportant 71 migrants au cours de la nuit de mercredi à jeudi, a indiqué l'armée dans un communiqué publié jeudi sur les réseaux sociaux. La marine est montée à bord du bateau près de l'embouchure du fleuve Sénégal, qui se jette dans l'océan Atlantique, et a remis ces passagers à la gendarmerie, selon la même source.
LA JUSTICE SÉNÉGALAISE AUX TROUSSES DE JUAN BRANCO
Le parquet de Dakar a annoncé vendredi avoir ouvert une information judiciaire et requis un mandat d’arrêt international concernant l’avocat français d’Ousmane Sonko. Il est visé par plusieurs "faits qualifiés de crimes et délits"
Le parquet de Dakar a annoncé vendredi avoir ouvert une information judiciaire et requis un mandat d’arrêt international concernant l’avocat français d’Ousmane Sonko, Juan Branco.
‘’Après avoir revu la compilation des déclarations, écrits et posts […] du sieur Juan Branco, il a été relevé des éléments qui, manifestement, sont de nature à engager sa responsabilité pénale’’, affirme le procureur du tribunal de grande instance hors classe de Dakar, dans un communiqué.
‘’Aussi le procureur a-t-il décidé de l’ouverture d’une information judiciaire contre le susnommé pour plusieurs faits qualifiés de crimes et délits’’, ajoute le chef du parquet de Dakar.
Il déclare ensuite qu’‘’un mandat d’arrêt international a été requis à son encontre’’.
M. Branco a été expulsé du Sénégal en mars dernier alors qu’il venait défendre Ousmane Sonko dans son procès pour diffamation contre le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, parce qu’il a traité le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, de ‘’tyran’’ et a lancé ‘’un appel à l’insurrection’’ dans le pays, a déclaré en mars le ministre de l’Intérieur, Antoine Diome.
Il était reproché à l’avocat français d’avoir publié, ‘’avant son arrivée à l’aéroport international Blaise-Diagne (au Sénégal), un post sur les réseaux sociaux dans lequel il traitait […] le président de la République, Macky Sall, de tyran et faisait également un appel à l’insurrection dans notre pays’’, avait soutenu M. Diome dans un communiqué.
‘’Diversion’’
Le ministère français des Affaires étrangères a annoncé au cours de cette semaine avoir effectué un signalement aux autorités judiciaires, après la révélation par l’avocat de l’identité de fonctionnaires de l’ambassade de France au Sénégal.
Selon le site Internet du journal Le Monde, le ministère français reproche notamment à M. Branco d’avoir publié les noms de plusieurs agents de l’Etat, ainsi que leur numéro de téléphone, adresses électroniques et numéro de matricule.
Ce signalement ‘’confirme que les informations que l’on a révélées sont vraies’’, a réagi l’avocat à la décision du ministère français des Affaires étrangères.
Juan Branco a déposé une plainte en France et une demande d’enquête à la Cour pénale internationale, à La Haye, contre le président sénégalais Macky Sall pour ‘’crimes contre l’humanité’’.
Il a effectué ces démarches à la suite des violences survenues au Sénégal après la condamnation de son client, Ousmane Sonko, à deux ans de prison ferme pour ‘’corruption de la jeunesse’’.
Macky Sall juge ‘’ridicule’’ le dépôt de la demande d’enquête le concernant en même temps que d’autres personnalités sénégalaises.
‘’Nous n’accepterons pas d’entrer dans ce jeu de diversion’’, a-t-il soutenu lorsque le journal Le Monde l’a interrogé sur ce sujet.