SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
8 juin 2025
PAR Ciré Clédor Ly
JUAN BRANCO N'EST PAS SEUL
Toute poursuite contre ce confrère serait en réalité une attaque dirigée contre le collectif auquel il fait partie et de mon avis, un prélude à des poursuites contre d'autres avocats membres du collectif de la défense d'Ousmane Sonko
A la suite d'un communiqué informant d'une plainte déposée au près du parquet en France pour mise en danger de la vie d'autrui, C'est au tour du parquet de Dakar d'annoncer le déclenchement de poursuites contre le confrère Juan Branco pour des faits présumés de crimes et délits non définis.
Le plus surprenant c'est l'annonce d'un mandat d'arrêt qu'il a requis à des fins d'intimidation, sans compter l'incompétence du parquet national à poursuivre un avocat.
En tout état de cause, toute poursuite contre ce confrère serait en réalité une attaque dirigée contre le collectif auquel il fait partie et de mon avis, un prélude à des poursuites contre d'autres avocats membres du collectif de la défense du président Ousmane Sonko.
Les intimidations et persécutions de la défense ne feront que renforcer notre détermination pour lutter contre les intrigues et l'injustice partout où elles seront érigées en système de gouvernance, pour l'État de droit, la démocratie et l'égalité.
Juan n'est pas seul, il ne sera jamais seul et nous feront face !
NE FAISONS PAS DE KEMI SEBA UNE OBSESSION, CE SERAIT SURÉVALUER SA FORCE
Relations Afrique-France, panafricanisme, bras de fer entre Macky Sall et Ousmane Sonko au Sénégal… Journaliste, romancier et docteur en sociologie, El Hadj Souleymane Gassama, dit Elgas, livre son regard sur les débats du moment
Jeune Afrique |
Clarisse Juompan-Yakam |
Publication 15/07/2023
En 2015, le grand public le découvrait à travers un récit publié aux éditions Présence africaine, Un Dieu et des mœurs, une chronique au quotidien des maux de la société sénégalaise, quatre ans après l’avoir quittée. Six ans plus tard, Elgas – une contraction de son vrai nom, El Hadj Souleymane Gassama – revenait avec Mâle noir, un premier roman sur le mal-amour, aux nombreuses racines et ramifications, paru aux éditions Ovadia. Journaliste et docteur en sociologie, ce proche de Mohamed Mbougar Sarr, qui s’est forgé une réputation de « chroniqueur assassin », vient de publier aux éditions Riveneuve un brûlot iconoclaste, sérieux et jubilatoire, Les Bons Ressentiments – Essai sur le malaise post-colonial, qu’il convient d’emporter en vacances.
Elgas explore le rapport crispé de certains Africains à l’ancienne puissance colonisatrice, dissèque la pensée décoloniale et s’oppose audacieusement à ses excès et à l’essentialisation qu’elle laisse transparaître. Il tente ainsi, notamment, d’invalider l’accusation d’« aliénation » envers la France dont sont victimes de nombreux écrivains et intellectuels africains, et qui conduit à leur traque au sein de la communauté. Elgas plaide pour la liberté de conscience et la liberté de création, le refus des assignations et des injonctions. Pour n’avoir jamais été dans « l’illusion de la pureté identitaire », le trentenaire invite les Africains à assumer leur pluralité, à ne pas tomber dans le piège des identités figées.
Au bout du compte, il évoque les « bons ressentiments » pour souligner le caractère complexe des liens qui existent entre la « victime » et son « bourreau ». Plus la première appelle de ses vœux la rupture avec le second, plus ils sont liés. Le natif de Saint-Louis invite alors la « victime » à un exercice d’autoscopie. En lui demandant de taire sa colère et son amertume, de poser un regard lucide sur ses propres faiblesses, de trouver dans quelle mesure elle peut contribuer à faire évoluer la situation qu’elle dénonce.
Jeune Afrique : Votre essai est né du constat d’un malaise persistant dans la relation franco-africaine, exacerbé ces dernières années. Comment l’expliquez-vous ?
Elgas : C’est d’abord un malaise structurel. Depuis très longtemps, on assiste, sur le continent, à une contestation de plus en plus vigoureuse de la survivance coloniale. Ce rejet fédère plusieurs chapelles, politiques, universitaires ou activistes, lesquelles militent pour une rupture franche et totale avec le « bloc colonial ». Ce discours a été celui des élites et de nombreux hommes politiques se réclamant de l’afrocentrisme ou du panafricanisme.
Cette trame demeure. Mais le malaise est aussi conjoncturel. Il est notamment lié aux séquences plus ou moins chaotiques des années 1980 et 1990, avec des États faillis, des coups d’État, les guerres, la brève embellie du début des années 2000, puis les crises successives de ces dernières années, marquées d’ailleurs par le retour des États faillis et, surtout, cette fois, par la recherche de boucs émissaires.
À chaque fois qu’interviennent des chocs géopolitiques, économiques, sociaux et/ou des interventions militaires, on assiste à la réapparition de ce malaise qui, en réalité, ne disparaît jamais. La situation au Mali et au Burkina témoigne de la résurgence de ce phénomène.
Vous condamnez la radicalité de certaines mouvances décoloniales. Pourtant, selon vous, on est parvenu à un moment charnière de la relation franco-africaine, où il faut procéder autrement. Que préconisez-vous ?
Je ne suis pas favorable à une disqualification pure et simple de la pensée décoloniale. Sa pertinence est réelle, mais j’en amende le contenu parce qu’il y a des excès. L’idée décoloniale ne m’apparaît plus exigeante ; on est tombé dans des espèces de gadget et de label. On se dit décolonial comme si cela constituait un visa ou un certificat pour passer les frontières intellectuelles, paré de vertu.
Être exigeant envers nous-mêmes, en jetant un regard lucide sur nos histoires, nos échecs, nos responsabilités, permettrait d’écrire de nouveaux chapitres, en particulier si l’on cesse de n’en référer qu’à la question coloniale. Ce n’est pas toute notre histoire.
Oui, c’est une rente facile. Le décolonial devient un sujet à partir duquel on bâtit une certaine gloire, à peu de frais. Même les présidents africains, les satrapes qui sont en train d’amorcer leur chute, savent qu’ils tiennent là une bouée de sauvetage. À partir du moment où ils tapent sur la France ou vilipendent la colonisation, ils ont du sursis.
LE CHOC DIAMBARS-GENERATION FOOT, UN TOURNANT DECISIF POUR LE TITRE
Le championnat de Ligue 1 aborde un tournant avec la 24e journée qui se joue ce week end. Une journée qui sera marquée par le duel au sommet qui oppose au stade Fodé Wade de Saly, Diambars Fc à Génération Foot.
La 24e journée de la Ligue 1 qui se jouera ce week-end sera marquée par le duel au sommet qui oppose au stade Fodé Wade, le leader Génération foot à son dauphin, Diambars FC. A deux journées de la fin du championnat, ce choc sera décisif dans la course vers le titre. A domicile, les Académiciens de Saly ont une bonne opportunité de mettre la pression sur leurs adversaires en relançant le suspense lors des deux dernières journées du championnat. Si les dés sont jetés pour la lanterne rouge, la Linguère de Saint- Louis va livrer une bataille à distance pour échapper à la relégation qui se profile.
Le championnat de Ligue 1 aborde un tournant avec la 24e journée qui se joue ce week end. Une journée qui sera marquée par le duel au sommet qui oppose au stade Fodé Wade de Saly, Diambars Fc à Génération Foot. Une journée qui s’annonce décisive pour les deux équipes qui trônent au sommet du championnat à deux journées de l’épilogue. Avec 47 points au compteur, les Grenats tiennent le bon bout. Un nouveau succès en déplacement leur permettra de faire un pas décisif vers le sacre. Son dauphin, Diambars (42 points) auront un bon coup à jouer. A domicile, un succès sera tout aussi précieux puis qu’il leur permet de réduire l’écart et de relancer le suspense. Décroché dans la course, le Casa Sports, champion en titre (3e, 36 points), accueille sur sa pelouse le Stade de Mbour (12e, 24 points). Ce déplacement s’annonce cependant des plus périlleux pour les Mbourois qui luttent encore pour se dégager de sa position de première équipe non relégable.
Pour les autres rencontres, Us Gorée (9e) reçoit au stade Iba Mar Diop, l'Us Guédiawaye FC (4e). A la cinquième place avec 35 points, l’équipe du Jaraaf effectue le déplacement au stade Ngalandou Diouf de Rufisque où il va affronter son suivant immédiat, le Teungueth FC (6e, 32 points) Dans le ventre mou du classement, l'AS Pikine (10e, 28 points) accueillera au stade Alassane Djigo, la Sonacos de Diourbel. Au stade Mawade Wade, la bataille pour le maintien entre dans une phase cruciale pour la Linguère à la réception de l'AS Douane (11e, 25 points). A la 13e place avec 21 points, la formation Saint Louisienne n’aura d’autre objectif que d’empocher les trois points de retard qui la séparent de son adversaire du jour et premier non relégable, Mbour pour espérer garder encore l’espoir de se maintenir dans l’élite. En clôture de la 24e journée, Dakar Sacré Cœur affrontera lundi 17 juillet au stade des Parcelles assainies, le CNEPS de Thiès déjà relégué en Ligue 2.
«NOTRE OBJECTIF, C’EST D’ENCHAINER UNE 3EME COUPE DU MONDE DE SUITE»
Augustin Senghor, président de la fédération sénégalaise de football, revient sur sa réélection par acclamation au sein du Comité Exécutif de la CAF pour le compte de la Zone Ufoa A
Recueillis par Abdoulaye THIAM (Envoyé Spécial) |
Publication 15/07/2023
(ABIDJAN, Côte d'Ivoire)-Sans détour avec Me Augustin Senghor. Dans cet entretien exclusif accordé à Sud Quotidien, le président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), par ailleurs Premier vice-président de la Confédération africaine de football (CAF), revient sur sa réélection par acclamation au sein du Comité Exécutif de la CAF pour le compte de la Zone Ufoa A. Mais aussi sur le tirage au sort de la Coupe du monde de football United2026 où il décline déjà l’ambition du Sénégal: «enchaîner une 3èmecoupe du monde de suite». Sans occulter la nouvelle politique de la FSF consistant à attirer désormais les grandes équipes pour affronter les Lions et rentabiliser le stade Me Abdoulaye Wade. Morceaux choisis.
REELECTION PAR ACCLAMATION EN TANT QUE REPRESENTATION DE LA ZONE UOFA A
«C’est une réelle satisfaction, un honneur d’avoir vu mes pairs présidents de fédérations me réélire à l’unanimité, donc par acclamation et surtout mes pairs présidents de fédérations de la zone UFOA A. Parce que ce sont des élections de toutes zones qui ont tous convenu de ne pas se présenter contre ma candidature puisque mon mandat était à renouveler. En dernier lieu, il faudrait aussi marquer ma reconnaissance au président Patrice Motsepe mais aussi à l’ensemble du comité exécutif qui, dès le début, ont marqué de leur soutien en souhaitant que je puisse rempiler au niveau du Comité exécutif en tant que membre pour quatre autres années. Cela me remplit d’un sentiment de fierté pour aussi mon pays, le Sénégal. Je travaille pour l’Afrique au nom du Sénégal. Il est important aujourd’hui qu’on puisse perpétuer cette présence sénégalaise au niveau du football africain. Et de cette manière-là, c’est le Sénégal qui continue à apporter sa contribution dans le développement harmonieux du football africain sous l’impulsion du nouveau Comité exécutif présidé par Patrice Motsepe qui m’a toujours marqué sa confiance et à qui je renouvelle ma loyauté et ma disponibilité».
SUGGESTIONS DE LA COMMISSION JURIDIQUE A LA CAF
«Oui. C’était un des points importants de cette assemblée générale puisqu’au bout de plusieurs mois de procédure au sein de la Commission juridique et des associations nationales que j’ai l’honneur de diriger en tant que président ainsi qu’au niveau du département juridique, nous avons travaillé d’arrache-pied avec le secrétaire général pour proposer au Comité exécutif une première mouture de réformes à impulser dans l’ordonnancement juridique de la CAF pour en faire une institution moderne, de niveau mondial avec les bons instruments de gouvernance. Il était important d’apporter ces correctifs à nos textes qui, sous certains points, manquaient de cohérence et de clarté et à côté de cela, il y avait une certaine harmonisation de nos textes à faire notamment entre les deux langues dans lesquelles ces textes sont écrits. C’est-à-dire le français et l’anglais. Des fois, il y avait des différences d’écriture. Ce qui entraîne aussi des différences dans l’application et dans l’interprétation et tout ça a été réglé. Après que le Comité exécutif a validé cela lors de nos précédentes réunions, il était important que l’assemblée générale puisse procéder aux changements des statuts, des règlements d’application des statuts. Et ça a été à l’unanimité. Ça nous rassure et nous permet de passer à d’autres étapes : les règlements particuliers qui doivent être revisités afin qu’aux prochaines échéances, nous puissions valider les révisions que nous avons impulsées au sein de cette nouvelle équipe de la CAF».
SANTE FINANCIERE DE LA CAF ?
«Je dirai simplement que la santé de la CAF s’améliore. Il y a deux ans, quand on arrivait, les résultats des différents exercices étaient négatifs et on peut dire qu’on vivait sous nos réserves et pour la première fois, le président de la Commission Finances (Fouzi Lekja, Ndlr) a présenté des états financiers positifs dégageant un excédent d’environ un million de dollars. Ce n’est pas beaucoup mais c’est un bon signe. C’est une bonne nouvelle pour les finances de la CAF. On sait que le président Patrice Motsepe est en train actuellement d’initier beaucoup d’actions visant à nouer au plan commercial de nouveaux partenariats, aussi travailler à essayer de donner une nouvelle image à la CAF pour que d’autres partenaires viennent et surtout vous le savez aussi, sous son impulsion, le secrétaire général a pu faire avancer le dossier Lagardère. Une solution a été trouvée parce qu’il y avait beaucoup de fonds qui étaient bloqués par nos partenaires, nos sponsors à cause de cette situation liée au conflit entre Lagardère et la CAF héritée de notre ancienne gestion. Je pense que ce sont des avancées notables qui nous permettent d’espérer d’ici un ou deux ans d’avoir quand même des comptes assainis mais surtout assez prospères pour pouvoir augmenter les soutiens aux associations nationales mais aussi pourquoi pas investir. Parce que c’est ça la vision du président Motsepe qu’il est en train de réussir mais aussi la vision de l’ensemble des membres du ComEx qui travaillent à ses côtés. Il faut magnifier aujourd’hui cette cohésion au sein du COMEX qui permet à chacun d’apporter sa contribution. Vous avez parlé des finances. Là aussi, je peux témoigner que nous avons la chance d’avoir la personne du président Fouzi Lekjaa, une personne chevronnée qui s’y connaît mais aussi c’est son métier. Il travaille auprès du Roi du Maroc comme responsable du ministère des Finances. Tout ça fait que ce sont des atouts non-négligeables, comme moi-même aujourd’hui qui suis juriste de longue haleine, j’ai une expérience sportive. J’apporte ma contribution au niveau des réformes. Je peux citer les autres membres du COMEX où chacun, dans son domaine, excelle et ça nous rassure par rapport à l’avenir de la CAF. Une fois que nous serons restés unis, la CAF a de beaux jours parce que l’ambition du président Motsepe comme la nôtre, c’est d’arriver aujourd’hui à placer le football africain très haut sous l’échiquier mondial. Sur le plan sportif, nous y arrivons petit à petit».
TIRAGE AU SORT COUPE DU MONDE 2026
«Je répondrai oui et non. Je pense qu’on ne peut pas, du haut de notre rang de deuxième en Afrique et surtout des performances que nous avons réalisées ces dernières années, faire la fine bouche. Nous pensons que c’est un groupe qui est jouable pour le Sénégal. A u - jourd’hui, le Sénégal ne peut pas refuser de jouer avec des adversaires comme ceux qui sont dans notre groupe mais en même temps, nous restons sur cette ligne d’humilité qui a toujours été notre force ces dernières années, de respecter tout le monde, d’autant plus que les dernières compétitions éliminatoires des différents groupes ou même des éliminatoires de Coupe du monde passée, montrent que le fossé est de plus en plus tenu entre les ténors des équipes africaines et les équipes qu’on dit de bas niveau. Parce que simplement à force de jouer avec les meilleures, elles sont en train de progresser. Les dernières éliminatoires de CAN ont montré qu’il y avait quelques surprises. Des grandes équipes sont tombées face à des petites équipes. Et donc, comme on a l’habitude de le faire dans toutes les éliminatoires, nous prendrons tous les matchs au sérieux. Nous veillerons avec l’entraîneur Aliou Cissé et son équipe à démarrer bien ces éliminatoires-là dès les deux ou trois premiers matchs pour prendre la pole position dans notre groupe et nous nous battrons pour se qualifier étant entendu que ce groupe-là a la particularité de receler deux derbys. Le derby de l’ouest entre la Mauritanie et le Sénégal. C’est la première fois, c’est inédit qu’on partage le groupe entre voisins. J’étais à côté de mon ami Ahmed Yahya, le président de la Fédération mauritanienne de football, et on s’est donné l’accolade. On se disait avant le tirage, on ne s’est jamais retrouvés dans le même groupe. Ça va valoir le déplacement : Sénégal-Mauritanie ou Mauritanie Sénégal. C’est le même peuple. C’est le charme aussi du football. De l’autre côté, nous avons le Soudan et le Sud Soudan que le tirage au sort a réunis. C’est la réunification du Soudan ancien au sein de notre groupe et peut-être il faudra penser que ce sont deux équipes du Sud Soudan pour essayer de brouiller les cartes à défaut d’être les arbitres pour désigner l’équipe qui pourra représenter l’Afrique en Coupe du monde».
DUEL ENTRE EPERVIERS DU TOGO ET LIONS DU SENEGAL: LES SOUVENIRS DE 2005
«Le football est en mouvement permanent. A cette époque, le Togo était à son summum avec Adebayor. Nous, par contre, nous étions sur la pente descendante mais actuellement les choses ont changé. Nous sommes en 2023 et la donne a changé. Le Togo reste un adversaire difficile tout comme la RDC mais nous sommes capables de les battre et de prendre cette place-là. Je pense d’ailleurs dans la hiérarchie, c’est plus la RDC qu’il faut plus craindre parce que c’est une équipe qui est constituée de bons joueurs mais aussi qui est en train de monter en puissance, qui essaie de revenir à son meilleur niveau. Mais tout compte fait, tout est égal dans tous les neuf groupes. Chaque équipe qui voudra aller en Coupe du monde, devra se donner les moyens de cela en battant toutes ses adversaires. C’est cette logique qui nous habite. Nous respectons tous les adversaires mais nous sommes déterminés à gagner parce que notre objectif, c’est d’enchaîner une 3ème Coupe du monde de suite. Nous en avons le potentiel humain avec les joueurs que nous avons, leur expérience, leur talent mais nous avons aussi un entraîneur qui a maintenant un grand vécu des compétitions internationales, des grandes éliminatoires mais aussi une fédération qui est rompue à la tâche et que ne va pas déroger à la règle et surtout un gouvernement, un Chef d’Etat. J’en ai fait le témoignage lors de nos différentes réunions avec le président Motsepe, les collègues du COMEX et de la CAF en leur disant l’apport que le Chef de l’Etat, Macky Sall, et son gouvernement ont accordé à notre fédération pour qu’on arrive à ce niveau-là. Parce que la réussite, c’est une conjonction d’ensemble des autorités étatiques, d’une fédér a t i o n forte et surtout d’un staff technique rompu à la tâche mais aussi de joueurs exceptionnels qui savent oublier leurs valeurs individuelles pour se mettre au service d’un collectif. Et aujourd’hui, on a la chance d’avoir des individualités fortes qui font tout pour que le Sénégal gagne. Ces dernières années, c’est ça qui nous a valu cette satisfaction ».
LE CONTINGENT DE L’AFRIQUE QUI PASSE DE 5 ET 9 PAYS QUALIFIES
«Moi, je me suis toujours plu à dire qu’avec l’avènement du Président Gianni Infantino, l’Afrique a reçu le traitement qu’il méritait. Je pense que sur le plan sportif, à plusieurs occasions, depuis une dizaine d’années ou plus, j’ai déploré le fait qu’on soit sous-représenté en Coupe du monde et je disais même que c’est une simple règle de probabilité. Tout le monde nous dit que l’Afrique n’arrive pas à se hisser au sommet mais ce n’est pas possible. Si nous sommes 54 Nations et qu’on soit représenté que par 5 équipes, comment voulez-vous qu’on fasse des performances alors qu’en même temps, l’Europe qui a autant de nations a trois fois plus de place et que des confédérations comme l’Amérique du Sud qui a dix pays a cinq places ? Où était la justice dans tout cela ? Donc, la raison principale de nos échecs réside dans cela. C’était dans la règle de probabilité qui veut que plus on est bien représenté, plus on a la chance d’aller plus loin. Aujourd’hui, cette injustice a été corrigée par le président Gianni Infantino et son conseil. Il faut les remercier. Encore une fois, nous allons vivre cette expérience nouvelle d’avoir neuf équipes ou dix places. C’est à nous de montrer maintenant en tant qu’Africains que nous méritions cette place. Ça passe par des résultats que nous devons faire dans cette Coupe du monde et ça passe aussi par le fait qu’on sait qu’avec la formule qui a été adoptée dans les éliminatoires, les dix meilleures équipes africaines ont la chance de ne pas se croiser dans les groupes, de s’auto éliminer de manière à amenuiser les chances de l’Afrique dans les compétitions. Si nos meilleures équipes se qualifient, l’Afrique sera injouable à la Coupe du monde 2026. Nous sommes tous conscients que la nouvelle ambition de l’Afrique dans le football, c’est d’être parmi les meilleurs au monde, de bousculer d’autres confédérations à tous les niveaux, que ça soit au niveau de la compétition, de l’organisation, au niveau commercial. Nous avons tous les atouts pour pouvoir développer un football performant et chaque jour, c’est ce que nous rabâche le président Motsepe. Il a cette dimension de leadership qui veuille décomplexer l’Afrique pour qu’on puisse aller vers l’objectif de supplanter les autres confédérations».
POLITIQUE DE TURNOVER DANS L’ORGANISATION DE LA COUPE DU MONDE
«A ce niveau-là, c’est un changement de paramètres si je peux m’exprimer ainsi parce qu’organiser une Coupe du monde demande des prérequis que nous n’avons pas toujours remplis. L’Afrique du Sud, on sait que c’est un pays assez particulier en Afrique. En 2010, ils ont eu besoin de se mobiliser. Ils avaient d’abord cette puissance financière et organisationnelle pour pouvoir faire face. Le président de la FIFA de l’époque (Sepp Blatter, NDLR) a bien voulu donner à l’Afrique cette première Coupe du monde. On sait que le Maroc travaille depuis des années à organiser. Il a fait beaucoup d’efforts en investissant beaucoup dans les infrastructures. Ils organisent beaucoup de compétitions, que ça soit les compétitions de la CAF ou de la FIFA comme la dernière coupe du monde des clubs de la FIFA. Tout ça vise à donner à l’Afrique sa deuxième organisation. Il est question d’une co-organisation avec des pays européens que sont l’Espagne et le Portugal notamment. Par rapport à cela, Motsepe a donné le signal fort que toute l’Afrique doit être unie derrière la candidature du Maroc. Je pense que le jour où nous allons organiser notre deuxième Coupe du monde n’est pas loin. Mais, il faut savoir aussi que si nous voulons organiser régulièrement ce que vous venez de dire, aujourd’hui, la réalité est que le turnover est presque impossible. Organiser une Coupe du monde à 48, aucun pays en Afrique ne peut le faire seul mais aussi il faut d’abord que les autres pays puissent construire beaucoup d’infrastructures pas que sportives mais aussi hôtelières, des voies de communication de dernière génération etc. Il y a beaucoup de conditions à remplir. Si nous devons regarder autour de nous, nous devons reconnaître que c’est encore inatteignable pour l’Afrique. Là aussi, la CAF est devenue très stricte en ce qui concerne les infrastructures. Vous voyez beaucoup de pays qui vont jouer à l’extérieur parce qu’ils n’ont pas d’infrastructures aux standards minimaux qu’ils doivent remplir pour pouvoir accueillir ces compétitions. Le président Motsepe en a parlé toute à l’heure (le 13 juillet en Assemblée Générale, Ndlr) en disant que de 33 pays qui ne pouvaient pas accueillir, on est passé à 22».
LE SENEGAL QUI CHERCHE A AFFRONTER DE GRANDES EQUIPES: NOUVELLE POLITIQUE DE LA FSF
«Oui, au sortir de la dernière Coupe du monde, quand on a fait le débrief avec le coach Aliou Cissé, il a insisté sur cet aspect en disant que nous avons un certain niveau et si nous voulons avancer, il faut qu’on joue avec les meilleurs. Comme ça, on reste parmi ces meilleurs. C’est ça qui fait que nous donnons corps à cette vision qu’il a en tant que coach. Parce que quelque part, nous sommes une fédération qui a envie d’aller de l’avant. Nous ne contentons pas d’être entre la 18eme et la 20eme place de la FIFA. Nous avons l’objectif de bousculer la hiérarchie. Nous voulons faire partie de ces pays africains qui vont aussi matérialiser les progressions de tout un continent. Aujourd’hui, on a 5 à 8 pays en Afrique qui sont les locomotives et le Sénégal peut être à la tête de ces locomotives. Il y a d’autres qui vont contester cela en Afrique comme le Maroc, l’Algérie, le Cameroun, le Nigéria et tant d’autres mais nous, nous voulons rester à notre place et ça passe par affronter les meilleurs. Que ça soit des équipes des autres confédérations comme on l’a fait de l’UOFA, mais aussi on a joué le Brésil. On va essayer de chercher d’autres opportunités de jouer des équipes asiatiques. L’autre aspect qu’il faut prendre en compte dans cette démarche-là aussi, c’est de valoriser l’investissement qui a été fait par le Chef de l’Etat, Macky Sall avec le stade Me Abdoulaye Wade. Voir un Chef d’Etat donner autant à son pays et à sa jeunesse à travers l’un des plus beaux stades d’Afrique, certains disent un des plus beaux stades du monde et le laisser fermer, ne pas y compétir, ne pas permettre à nos Lions qui sont adulés un peu partout dans le monde de pouvoir venir de temps à autre communier avec leur public sénégalais sur place puisqu’autant aujourd’hui, les Lions sont une raison de satisfaction et de fierté des Sénégalais, autant le stade Me Abdoulaye Wade est aussi une fierté sénégalaise et faire la conjonction entre les deux au bénéfice des supporters, c’est notre mission en tant que fédération aux côtés de notre tutelle le ministre des Sports».
SAUDI PRO LEAGUE: NOUVEL ELDORADO
«Plus qu’un épiphénomène, nous sommes en train d’assister à une sorte de transition, quelque part le centre de gravité du football se déplace dans un autre continent ou bien se partage entre l’Europe et un autre continent. On se limite à ce phénomène saoudien mais auparavant il y a eu le phénomène qatari et chinois. On a vu des gens quitter l’Europe pour aller là-bas. On peut même aussi parler de modèle américain avec les championnats qui attirent de plus en plus de grandes stars comme Messi. Donc, il y a une sorte de changement de paradigme dans le football. L’Europe était plus qu’un épicentre. C’était même le cœur du football. Sans l’Europe, il n’y avait pas de football. Aujourd’hui, c’est en train de changer et la raison est simple. Aujourd’hui, on se rencontre que beaucoup de pays asiatiques qui venaient acheter de clubs en Europe pour investir là-bas, se sont dits autant garder nos fonds, faire venir des joueurs, leur payer ce qu’il faut pour qu’ils jouent dans nos championnats, pour que nos équipes soient plus fortes. Donc, il ne faut pas s’étonner avec ces grosses pointures qui sont en train de déserter les championnats européens pour aller en Asie, que la prochaine Coupe du monde des clubs soit gagnée par une équipe asiatique et notamment une équipe saoudienne. Tout cela pour revenir à votre question, quand nos joueurs partaient à l’époque de manière isolée dans ces championnats asiatiques, souvent on les oubliait. Mais ce qui est clair aujourd’hui, c’est qu’on sait que le prochain championnat saoudien sera l’un des championnats les plus suivis dans le monde, les plus relevés dans le monde. Parce qu’on n’a pas seulement les joueurs qui se disent: «on va à la retraite là-bas», on a des jeunes joueurs et même des Européens qui sont partis quand je vois hier Sergej Milinkovic-Savic et aussi Marcelo Brozovic à côté d’Edouard Mendy, de Ngolo Kanté, de Kalidou Koulibaly et de tant autres qui sont en train de rejoindre ce championnat.
LE SUTSAS PARLE ENCORE DE MEDICALISATION TOTALE DE LA TUTELLE
Le Syndicat unitaire des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas) a fustigé hier, vendredi 14 juillet, en point de presse, la situation socio sanitaire et l’érection des Directions régionales de la Santé et de l’Action sociale.
Le Syndicat unitaire des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas) a fustigé hier, vendredi 14 juillet, en point de presse, la situation socio sanitaire et l’érection des Directions régionales de la Santé et de l’Action sociale. Selon les partisans de Mballo Dia Thiam, « la ministre de la Santé et de l'action sociale a fait procéder à une médicalisation totale de la politique de santé par le charcutage des Direction régionales de l’action sociale (Dras) en directions régionales de santé.
Au cours du Conseil des ministres du 12 juillet 2023, le Gouvernement du Sénégal a procédé au changement des régions médicales par des directions régionales de la santé et de l'action sociale (DRSAS). Hier, vendredi 14 juillet, le Syndicat unitaire des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas) a tenu un point de presse à Dakar pour se prononcer sur la question. Selon Mballo Dia Thiam qui porte leur voix, un mois (14 Juin-14 Juillet 2023) seulement après le rappel à Dieu de Sidya Ndiaye, le flambeau de la lutte est repris par le Sutsas pour la matérialisation d'un accord portant « Érection des Directions régionales de la Santé et de l'Action » obtenu sous le magistère du Professeur Awa Marie Coll Seck. « En effet, le Changement de paradigme défendu en son temps après plusieurs mois de grève du SUTSAS, par la transformation des régions médicales en Directions régionales de la Santé et de l'Action Sociale privilégiant une "approche sanitaire" par les déterminants de la Santé en lieu et place de "l'approche maladie" ayant fait l'objet d'un accord Gouvernement-SUTSAS contenu dans le Décret 2020-936 du 03 avril 2020, est complètement remis en cause par le Dr Marie Khemesse Ngom qui a procédé à un demi-tour extraordinaire sur un des accords phares conclus avec le SUTSAS, à savoir le remplacement des Régions Médicales par des Directions régionales de la Santé et de l'Action sociale (DRSAS) » a-t-il fait comprendre. Pour le syndicaliste, en lieu et place, « la Ministre de la Santé et de l'Action sociale, médecin de son état, a fait procéder à une médicalisation totale de la politique de santé par le charcutage des DRAS en directions régionales de santé, et la nomination toute simple des médecins-chefs de région à leur tête tout en saucissonnant la Direction Régionale de la santé et de l'Action Sociale en deux entités distinctes, à savoir une Direction de la santé en reconfirmant les mêmes locataires d'une part et d'autre part une Direction régionale de l'Action Sociale ».
Pour le Sutsas, ces mesures organisationnelles sont en déphasage net avec l'organisation du ministère de la Santé et de l’action sociale (Msas) et la logique d'optimisation des relations entre les niveaux déconcentrés de l'Etat et les institutions de la décentralisation. Outre cela, le Sutsas considère comme une violation des accords qui portaient sur la valorisation inclusive de tous les acteurs en lieu et place de la médicalisation restrictive des soins. Ses nominations et changements de dénomination selon Mballo Dia Thiam ont été faits : « au seul profit de la corporation des médecins qui vont déstabiliser la coordination de l'action de l'exécutif au niveau déconcentré des régions et décentralisé des territoires ». Et d’avancer: « avec ce charcutage, la confusion va régner du fait de la multiplication des interlocuteurs régionaux pour le même secteur. Plus grave, cette logique de partition incongrue met à la marge la Direction Générale des EPS qui coiffe les hôpitaux ».
Les partisans de Mballo Dia Thiam ont dénoncé « ce charcutage et cette prise d'otage de la santé et de l'action sociale, cette déviation du projet de territorialisation des politiques publiques de santé », et appellent : « à la clairvoyance à la vigilance et au sens de l’inclusion du Chef de l'Etat dont la vision et les valeurs exprimées sont ancrées dans les vertus de l'équité, de la justice et de la responsabilité », ainsi qu’à la révision de ces mesures qu’ils jugent « injustes et précipitées ».
48 HEURES CHRONO
Khalifa Sall et Karim Wade, en voie de retrouver leur éligibilité Code électoral, révision constitutionnelle et Code pénal : Les 3 projets de loi soumis à l’Assemblée nationale
L’avenir de Karim Wade et celui de Khalifa Sall sera joué ce lundi 17 juillet. Convoqués après demain en session extraordinaire et en procédure d’urgence, les députés vont procéder à la modification du Code électoral comme décidée lors du dialogue national. Ce qui devrait permettre de rétablir les droits de vote de Karim Wade et Khalifa Sall pour la présidentielle de 2024.
L e Conseil des ministres avait acté le dialogue national le 5 juillet dernier en examinant et adoptant les projets de loi portant révision de la Constitution, modification du Code électoral et du Code pénal. Ce lundi 17 juillet, les députés sont convoqués en procédure d’urgence pour procéder à la modification du Code électoral qui devra permettre de rendre éligibles Karim Wade et Khalifa Sall en vue de leur participation à la présidentielle de 2024. En effet, cette rencontre des députés fait suite aux conclusions du dialogue national. Sur les 12 points d’accord de la commission politique du dialogue, un certain nombre nécessitait la modification du Code électoral notamment les modalités du parrainage et l’encadrement de la caution à l’élection présidentielle, la création de la Commission de contrôle des parrainages. Il a été jugé nécessaire d’abroger et de remplacer les articles L28, L29, L57, L120, L121, L122, L123 et L126 du Code électoral. Lors de la cérémonie de remise des conclusions du dialogue national, le Chef de l’Etat Macky Sall avait annoncé la saisine de l’Assemblée nationale en procédure d’urgence. « Nous allons donc, dans des délais très raisonnables, trouver les moyens de présenter à l’Assemblée nationale en procédure d’urgence, les mesures législatives mais aussi les mesures règlementaires, les décrets et autres arrêtés dans la suite qui vont refléter les accords qui ont été obtenus au profit de tous qui vont contribuer à la consolidation de notre modèle démocratique qui est un modèle extrêmement avancé », avait dit Macky Sall. Pour rappel, Karim Wade et Khalifa Sall avaient été recalés de la course à la présidentielle en 2019. Le Conseil constitutionnel avait rejeté leurs dossiers de candidatures à cause de leurs déboires judiciaires. Il considérait que les deux figures de l’opposition ne pouvaient plus se prévaloir de leur qualité d’électeur et qu’ils ne pouvaient pas donc, de fait, être candidats à la présidentielle.
L’amnistie de Karim Wade et de Khalifa Sall avait été envisagée en septembre 2022. Le Président Macky Sall, lors d’un conseil des ministres, avait demandé au ministre de la Justice « d’examiner, dans les meilleurs délais, les possibilités et le schéma adéquat d’amnistie pour des personnes ayant perdu leurs droits de vote ». Cependant, des risques de blocage se présentent pour le vote de la loi devant permettre de rendre éligibles Khalifa Sall et Karim Wade au cas où les députés de la majorité refuseraient de voter.
CODE ELECTORAL, REVISION CONSTITUTIONNELLE ET CODE PENAL : Les 3 projets de loi soumis à l’Assemblée nationale
L'Assemblée nationale est convoquée ce lundi en session extraordinaire et en procédure d'urgence. Selon le décret présidentiel, deux ministères vont entrer en jeu pour cette session extraordinaire. Il s’agit du ministère de la justice avec les projets de loi portant révision de la Constitution et celui modifiant la loi n° 65-61 du 21 juillet 1965 portant Code de Procédure pénale. Pour ce qui concerne le ministre de l’intérieur, il s’agira de se pencher sur le projet de loi modifiant la loi n° 2021-35 du 23 juillet 2021 portant Code électoral. Le projet de loi portant révision de la Constitution et le projet de loi modifiant la loi n° 65-61 du 21 juillet 1965 portant Code de Procédure pénale dont les textes sont annexés au présent décret, seront présentés à l'Assemblée nationale par le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice qui sera également chargé d'en exposer les motifs et de soutenir la discussion. Le projet de loi portant Code électoral dont le texte sera présenté à l'Assemblée nationale par le Ministre de l'Intérieur qui sera également chargé d'en exposer les motifs et d'en soutenir la discussion.
Par Fadel DIA
NARENDRA MODI INVITE D’HONNEUR AU DEFILE DU 14 JUILLET A PARIS : LES VALEURS OU LES INTERETS ?
Le jour où nous autres Africains aurons compris et rejeté le diktat des pays du Nord par lequel ils nous somment de faire ce qu’ils disent et non ce qu’ils font, nous aurons fait un grand pas vers la vraie indépendance.
La fête nationale française du 14 juillet commémore-t-elle la prise de la Bastille et le déclenchement d’une Révolution qui a marqué une date dans l’histoire du monde ? Le débat n’a jamais été tranché, parce que les politiques cultivent l’art du non-dit, mais s’il en était ainsi, alors on pourrait considérer le 14 juillet comme une sorte de fête universelle, celle qui célèbre la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, la fin des privilèges et la reconnaissance de l’égalité des hommes et des femmes, quels que soient leur couleur de peau, leur opinion politique, leur foi ou leur sexe.
Mais si cette interprétation est la bonne, alors c’est une forfaiture que d’avoir fait de Narendra Modi l’invité d’honneur de sa commémoration.
Parce que, et c’est un fait établi par les Nations-Unies et par les instances internationales les plus qualifiées, l’actuel Premier Ministre indien et son parti sont connus pour leurs prises de position ultra nationalistes prônant la « purification » de leur pays et le révisionnisme historique et scientifique ainsi que pour leur passiveté, voire leur complicité, face aux exactions commises contre toutes les minorités nationales. L’Inde s’enorgueillit désormais d’être le pays le plus peuplé du monde et d’être entrée dans le top 5 des puissances mondiales, mais comme le dit la députée écologiste française Sandrine Rousseau, la France « peut discuter (avec son Premier Ministre) dans le cadre de relations diplomatiques », mais elle n’est pas tenue à rendre à celui-ci les honneurs de la République et à faire de lui l’invité d’honneur de la journée qui est pour son peuple la plus symbolique de l’année !.
Il y a dix ans, Narendra Modi était persona non grata dans les démocraties occidentales où il ne trouvait de crédit qu’auprès des partis d’extrême droite. Son arrivée à la tête du gouvernement indien a changé son statut mais ni ses convictions ni ses méthodes. Il a transposé au niveau national le dispositif régional politico-idéologique qu’il avait initié dans l’Etat dont il avait été le chef. Il a fait de l’hindouisme le résumé de l’identité indienne et ce faisant, il a déconstruit les institutions démocratiques du pays de Nehru qu’il a transformé en une « démocratie ethnique » au sein de laquelle les minorités ne peuvent être reconnues comme des citoyens à part entière. Il a rendu la Cour Suprême inopérante, pris le contrôle des médias, jusqu’à interdire la diffusion d’un document produit par la très indépendante BBC et qui met en lumière son rôle dans le pogrom de populations musulmanes en 2002 au Gujarat… Tout cela Emmanuel Macron (et les autres dirigeants européens) le sait, mais il s’agit, nous dit-on, de « problèmes internes » et dans ces cas-là, si la France peut se permettre de stigmatiser publiquement le Mali ou la RCA, elle préfère fermer pudiquement les yeux lorsqu’il s’agit de clients aussi intéressants que l’Inde de Modi ou l’Arabie de Mohamed Ben Salman dont la visite avait précédé celle du Premier Ministre indien. Cela s’appelle de la realpolitik et c’est la règle de base des diplomaties occidentales. Ce principe a été réaffirmé par le plus illustre des Français dans une formule restée célèbre : « Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ! » Pourtant la plupart des dirigeants politiques africains, principalement en Afrique dite francophone, n’ont pas retenu la leçon et font encore preuve de sentiment, quand ce n’est pas de complexes, dans leurs relations extérieures…
Narendra Modi n’en est pas à sa première visite d’Etat en France, où il a été même reçu par le président socialiste François Hollande. Mais sa présence aux Champs Elysées, seul chef d’Etat aux cotés de Macron, est un privilège dont n’a encore bénéficié, à titre individuel, aucun président d’Afrique sud saharienne. Il est vrai que la France vend à l’Inde plus d’armes que ce pays n’en achète aux EtatsUnis et que ce marché est inépuisable s’agissant d’un Etat qui a, à sa gauche, le Pakistan dont il reconnait à peine l’intégrité territoriale, et à sa droite la Chine, le rival du millénaire. Sans compter que la visite du Premier Ministre indien sera couronnée par la signature d’un contrat de fourniture de 26 avions chasseurs et de 3 sousmarins (qui s’ajoutent aux 500 avions A 320 commandés à Airbus par une société privée indienne !), et tout cela vaut bien quelques entorses aux principes.
Leur choix étant de plus en plus fondé sur l’opportunisme politique, les invités d’honneur du défilé du 14 juillet (Bachar el Assad en 2008, Donald Trump en 2017, Narendra Modi en 2023) ne sont pas nécessairement ceux qui reflètent l’esprit de la Révolution française. Ce privilège s’est un peu déprécié et on peut dire que rien ne s’oppose à ce que Poutine soit le prochain invité. Pour le « lauréat » de cette année, la place de choix aux Champs Elysées, le grade de Grand-Croix de la Légion d’Honneur qui est la plus haute distinction qu’un président français puisse décerner, le dîner au Louvre … c’était comme si Emmanuel Macron dé-diabolisait, dédouanait le plus déterminé des chefs d’Etat populistes du monde de toute violation des droits humains. En se prêtant au jeu, le président français aura certes commis une erreur morale majeure, mais il aura gagné un marché juteux et c’est cela l’essentiel pour lui.
Le jour où nous autres Africains aurons compris et rejeté le diktat des pays du Nord par lequel ils nous somment de faire ce qu’ils disent et non ce qu’ils font, nous aurons fait un grand pas vers la vraie indépendance.