SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
15 août 2025
LA GRANDE MOSQUÉE DE TOUBA, LIEU DE CONVERGENCE DES PÉLERINS
Tout le long des murs qui entourent la mosquée, des hommes et des femmes ont formé de longues files pour se recueillir à l’intérieur, en ce jour spécial. Certains parmi eux ont même dû patienter plusieurs minutes avant de franchir le portail principal
La grande mosquée de Touba est le lieu de convergence de milliers de pèlerins venus célébrer, ce lundi, le Magal, l’évènement religieux commémorant le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké (1853-1927), fondateur de la confrérie mouride.
Tôt le matin, ces pèlerins ont pris d’assaut la grande mosquée, inaugurée le 7 juin 1963, ainsi que toutes les artères qui mènent à ce majestueux édifice religieux.
Tout le long des murs qui entourent la mosquée, des hommes et des femmes ont formé de longues files pour se recueillir à l’intérieur, en ce jour spécial. Certains parmi eux ont même dû patienter plusieurs minutes avant de franchir le portail principal.
»Il m’a fallu plus d’une heure et beaucoup d’efforts sous le soleil avant de faire ce pourquoi je suis venu ici à Touba, à savoir marquer ce jour par ma présence ici et formuler des prières de paix et de prospérité à toute la communauté musulmane », a déclaré Ahmed Niang, la soixantaine, à sa sortie de la mosquée.
Sur l’esplanade de l’édifice religieux, assis à même le sol, plusieurs pèlerins s’adonnent à la lecture du Coran et des quacaïds, tandis que des foules immenses sont constituées autour des mausolées de Serigne Moustapha, Serigne Fallou et Serigne Saliou, fils de Cheikh Ahmadou Bamba.
Le grand Magal de Touba, organisé sous sa forme actuelle depuis 1928, est un évènement religieux annuel commémorant le départ en exil au Gabon (1895-1902) de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du mouridisme, l’une des principales confréries musulmanes du Sénégal.
Né vers 1854, Cheikh Ahmadou Bamba s’est attribué le titre de Khadimou Rassoul, « serviteur du prophète ».
Il est le fils de Mouhamad Ibn Abiballah, plus connu sous le nom de Mor Anta Saly, un serviteur de l’aristocratie princière, juriste-conseiller, un imam très respecté des musulmans et des rois. Sa mère, Mame Diarra Bousso, surnommée « Diarratoullahi », proche d’Allah, était reconnue pour sa piété.
Ahmadou Bamba qui préféra rester loin des palais dira: « si mon défaut est la renonciation aux vanités des princes, c’est là un précieux vice qui ne me déshonore point ».
Il assimila le Coran et certaines sciences religieuses telles que la théologie, la prière et le droit musulman etc. Jusqu’en 1882, Ahmadou Bamba s’occupa de l’enseignement de son père tout en écrivant des Ouvrages dans le domaine de la jurisprudence, de la théologie et le perfectionnement.
Après la mort de son père, Ahmadou Bamba devient un guide et fonda la voie mouride dans un contexte de domination coloniale française. Ce qui était d’ailleurs vu d’un très mauvais œil par l’administration coloniale.
Le colon français, craignant que les enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba, résistant anticolonial, suscitent un soulèvement populaire, décide de l’exiler au Gabon entre 1895 et 1902.
‘’Le motif de mon départ en exil est la volonté que Dieu a eue d’élever mon rang jusqu’auprès de Lui, de faire de moi l’intercesseur des miens et le serviteur du Prophète Mohamed (PSL)’’, avait, selon la tradition, indiqué Cheikh Ahmadou Bamba.
Khadimou Rassoul (serviteur du prophète Mohamed) est resté sept ans au Gabon, sur l’île inhospitalière de Mayombé, bravant toute sorte de dangers.
Il y a supporté toutes sortes de brimades de la part du colonisateur français engagé plus dans une croisade contre l’islam, au Sénégal. Des années de surveillance, de privation, de solitude et de persécutions, lit-on dans la publication.
Ahmadou Bamba est mort en 1927 à Diourbel. Mais son héritage est perpétué depuis lors par ses fils : Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké (1927-1945), El Hadj Falilou Mbacké (1945-1968), Serigne Abdoul Lahat Mbacké (1968-1989), Serigne Abdou Khadr Mbacké (1989-1990), Serigne Saliou Mbacké (1990-2007).
La disparition en 2007 de Serigne Saliou Mbacké a ouvert l’accession des petits-fils au Khalifat : Serigne Mouhamadou Bara Mbacké (2007-2010), Serigne Sidy Moctar Mbacké (2010-2018).
Serigne Mountakha Bassirou Mbacké est le Khalife général des mourides depuis 2018.
Le Magal, terme wolof voulant dire rendre hommage, célébrer, magnifier, est commémoré en souvenir de cet exil qui marque le début d’une somme d’épreuves supportées en conscience par le cheikh, suivant un pacte contracté avec son créateur.
Chaque année, des dizaines de milliers de pèlerins prennent d’assaut la ville de Touba pour se recueillir et prier à l’occasion du Magal, qui est également un moment de convivialité et d’hospitalité à travers les ‘’berndés’’, ces copieux repas servis aux pèlerins.
ENCORE UN BUREAU DU PDS CONNTESTE
Karamba Dabo et Vieux Souleymane Traoré ont été respectivement élus président et secrétaire général de la fédération départementale du Parti démocratique sénégalais (PDS) à Sédhiou (sud), mais des voix s’élèvent pour contester leur légitimité.
Sédhiou, 4 sept (APS) – Karamba Dabo et Vieux Souleymane Traoré ont été respectivement élus président et secrétaire général de la fédération départementale du Parti démocratique sénégalais (PDS) à Sédhiou (sud), mais des voix s’élèvent pour contester leur légitimité.
‘’À Sédhiou, le bureau de la fédération du Parti démocratique sénégalais a été élu. Karamba Dabo a été élu président, et Vieux Souleymane occupe le poste de secrétaire général du bureau’’, a déclaré Bakary Diao, le superviseur de l’assemblée générale.
‘’La constitution du nouveau bureau s’est faite de manière consensuelle. Les délégués des 13 communes ont choisi Karamba Dabo et Vieux Souleymane Traoré à l’unanimité’’, a-t-il souligné à la fin de la réunion de renouvellement de la direction départementale de ce parti d’opposition. ‘’C’est l’heure du travail. Les militants et sympathisants sont tous appelés à descendre sur le terrain, à aller vers les populations.’’
M. Dabo est un entrepreneur. Le nouveau secrétaire général de la fédération, économiste de formation, est un ancien collaborateur de Karim Wade. Il a été adjoint du maire de Sédhiou.
Des militants du PDS des communes de Bambaly, Bemet, Diendé et Marsassoum contestent la légitimité du nouveau bureau de la fédération.
Alassane Ndiaye, un responsable du parti à Marsassoum et ancien maire de ladite commune, a signalé des ‘’divergences’’ entre les leaders locaux.
‘’Nous ne reconnaissons pas ce bureau qui a été installé […] aux dépens des militants de la première heure’’, a soutenu M. Ndiaye.
‘’C’est clair que nous allons nous battre contre ce bureau’’, a-t-il prévenu.
Moussa Mandiang, un leader du PDS à Diendé, a dénoncé un bureau ‘’illégitime’’ en parlant de celui dirigé par Karamba Dabo et Vieux Souleymane Traoré.
Il a été interdit à MM. Mandiang et Ndiaye d’accéder à la salle où se tenait l’assemblée générale par leurs camarades, qui leur reprochent d’avoir soutenu l’APR, le parti au pouvoir, lors des dernières élections municipales et législatives.
L’ex-parti au pouvoir, l’une des formations politiques les plus représentatives à l’Assemblée nationale, a entamé le renouvellement de ses instances.
LE NOUVEAU BUREAU DE LA FEDERATION PDS CONTESTE A TIVAOUANE
Des militants de la fédération départementale du Parti démocratique sénégalais (PDS) de Tivaouane (ouest) déclarent rejeter le nouveau bureau dirigé par Ndiaw Thiam, le maire de Pékesse.
Tivaouane, 4 sept (APS) – Des militants de la fédération départementale du Parti démocratique sénégalais (PDS) de Tivaouane (ouest) déclarent rejeter le nouveau bureau dirigé par Ndiaw Thiam, le maire de Pékesse.
‘’Nous avons appris qu’un bureau de la fédération départementale de Tivaouane a été constitué […] et que Ndiaw Thiam en est le secrétaire général. Nous attendons juste que la direction nationale du parti valide cette forfaiture pour prendre la décision qu’il faudra’’, a déclaré Modou Diagne, le leader de la section PDS de Mérina Dakhar et membre de ladite fédération.
Le nouveau bureau a été constitué à Dakar, a-t-il dit, affirmant que cette décision ‘’n’engage que ses auteurs’’.
Le commissaire désigné par la direction nationale du PDS pour superviser ce renouvellement du bureau de la fédération départementale PDS ‘’est de connivence avec une frange minoritaire’’, selon Modou Diagne.
‘’C’est la première fois que je vois notre parti considérer une minorité comme la partie la plus représentative’’, a dénoncé Elhadji Mawdo Sy Guèye, un responsable du PDS dans le département de Tivaouane.
Interrogé par l’APS sur les divergences soulevées par une partie des dirigeants de l’ex-parti au pouvoir à Tivaouane, Ndiaw Thiam s’est refusé à se prononcer sur le sujet.
Le PDS, au pouvoir de 2000 à 2012, est confronté à des querelles de leadership dans plusieurs parties du pays.
La formation politique d’Abdoulaye Wade, l’une des plus représentatives à l’Assemblée nationale, a entamé le renouvellement de ses instances.
MULTIPLE PHOTOS
SUR LES TRACES DE BAMBA, KHOUROU MBACKE, AU ROYAUME D’ENFANCE
Il y a le saint homme, l’érudit, l’endurant dont on devine que la dimension exceptionnelle est de tradition, relève d’un héritage. Il y a Cheikh Ahmadou Bamba, mais aussi ses parents, son père et sa mère, éducateurs exceptionnels.
Dakar, 3 sept (APS) – Il y a le saint homme, l’érudit, l’endurant dont on devine que la dimension exceptionnelle est de tradition, relève d’un héritage. Il y a Cheikh Ahmadou Bamba, mais aussi ses parents, son père et sa mère, éducateurs exceptionnels.
A Khourou Mbacké, royaume d’enfance du fondateur du Mouridisme, Mame Diarra Bousso, la mère modèle, a laissé les traces les plus indélébiles de l’histoire du Mouridisme, la doctrine soufie fondée par le fils devenu guide exceptionnel et serviteur de Dieu.
C’est la rencontre entre deux éducateurs, enseignants coraniques et en sciences islamiques, qui a donné naissance au village de Khourou Mbacké : Mame Mor Anta Saly, père d’Ahmadou Bamba, celui qui deviendra le père du Mouridisme, et Cheikh Ahmadou Mbacké Kâne, poète par ailleurs.
Venu de Mbacké, en compagnie de son épouse, Sokhna Mame Diarra Bousso, le premier, Mouhamed Habiboulah Mbacké de son vrai nom, voulait d’un endroit calme, propice à l’apprentissage et la transmission des enseignements du Coran, et à la vénération de Dieu. A l’opposé de Mbacké, la bouillante.
Son hôte lui offrit l’hospitalité, le gîte et le couvert. Mieux, il lui octroie un vaste espace où il aménage. Nous sommes dans les années 1868. Le village de Khourou Mbacké, littéralement « trou de Mbacké », est né.
Plus tard, il s’agrandit peu à peu avec l’arrivée d’apprenants de plus en plus nombreux. En plus de l’enseignement, Mame Mor Anta Saly était très pris par sa fonction de cadi, allant de village en village dire le droit islamique. En ces temps de présence coloniale, l’islam se faisait adopter peu ou prou par ces populations aux pratiques ancrées dans l’animisme.
Il confie l’administration de Khourou Mbacké à Serigne Mbaye Diakhaté, qui en devient le premier calife.
Aujourd’hui encore, ses descendants sont les gardiens des lieux. Cheikh Abdou Diakhaté assure le califat, quatrième génération.
Entre-temps, Cheikh Ahmadou Bamba naquit à Mbacké-Baol, en 1953, mais « il a passé son enfance ici [Khourou Mbacké], de 1853 à 1861 », indique-t-il.
A l’époque, il était âgé de 7 ou 8 ans. Répondant à l’appel au Jihad de l’Almamy Maba Diakhou Ba, son père l’emmena avec lui à Nioro-du-Rip.
« Il reviendra 52 ans plus tard à Khourou Mbacké qui avait comme disparu de la carte, pour le faire renaître », dit Cheikh Abdou Diakhaté.
« Plusieurs enfants du cheikh sont morts très jeunes », précise l’homme préposé à la visite du sanctuaire.
Son fils Habiboulah et dix autres de ses frères et sœurs y ont rejoint le Seigneur. A l’exception du premier qui dispose d’un sépulcre individuel, le reste des enfants de Serigne Touba repose dans une pièce faisant office de mausolée.
Avec le Magal qui arrive à grands pas, les journées sont chaudes à Khourou Mbacké. Mais pas de quoi altérer l’ardeur d’un groupe de femmes trouvées sur les lieux.
Elles se démènent avec ferveur, balayant et tamisant le sable fin sur la place du village. Certaines d’entre elles se dirigent ensuite vers une construction en dur. « C’est la chambre de Mame Diarra. C’est là qu’elle a logé », lance Mbayang, coiffée de ce bonnet à longue queue typique des Baay-Fall. Voilà plus de vingt ans qu’elle vient nettoyer la chambre où a vécu celle qui inspire sa vie de femme.
A voir l’enthousiasme avec lequel elle et ses congénères, malgré leur âge avancé, frottent le sol de leurs balais, enlèvent la poussière, nettoient les murs, on se rend compte que la foi peut bien soulever les montagnes…
La rencontre avec El Haj Omar au « puits de la grâce »
C’est dans ce village de Khourou Mbacké que se déroule l’histoire de Mame Diarra Bousso, la mère du cheikh, aidant son époux à réparer une palissade et qui fut surprise par la pluie. Elle resta longtemps à attendre alors qu’il avait même oublié qu’il lui avait confié cette tâche.
Revenu de son oubli et trouvant son épouse encore debout à l’endroit où il l’avait laissée, toute trempée, Mame Mor Anta Saly formula à son endroit la prière suivante : « Dieu te gratifie d’un enfant qui supplantera tous les hommes comme le soleil surplombe tout ce qui se trouve sur terre. » Pour les adeptes du mouridisme, la prière est exaucée en la personne de son fils Cheikh Ahmadou Bamba.
Présentée comme un modèle de , à l’âge 33 ans.
« A Khourou Mbacké, elle a creusé un puits de 33 mètres de profondeur, ente 1851 et 1852 », relate le conservateur qui guide le visiteur à son emplacement. Situé à un kilomètre du cœur du village, on attribue au « Puits de la grâce », comme on l’appelle, plusieurs vertus miraculeuses.
Non loin de là, un arbre mort, « un tamarinier à l’ombre duquel la sainte femme reposait le cheikh, enfant, le temps de puiser l’eau », ajoute-il.
On raconte qu’un jour de 1852, El Haj Omar et ses hommes l’y trouvèrent. Elle les aida à se désaltérer, à remplir leurs outres et à abreuver leurs montures. Le grand soufi et guerrier musulman lui aurait alors prédit qu’elle donnerait naissance à un prodige, un homme d’une dimension exceptionnelle.
C’est cet homme que la communauté mouride et musulmane dans son ensemble, célèbre chaque année, depuis 1928, un an après sa disparition, commémorant ainsi son départ en exil au Gabon, en 1895.
AVEC MACRON, LA FRANCE A RATÉ LE VIRAGE AFRICAIN
Antoine Glaser dresse un bilan critique de la relation franco-africaine à la lumière des récents coups d'État sur le continent. Selon lui, Paris a manqué de vision stratégique et a échoué à s'adapter aux évolutions du continent
Dans une récente interview accordée au Point Afrique, Antoine Glaser, un spécialiste reconnu des relations internationales en Afrique, dresse un bilan critique de la relation franco-africaine à la lumière des récents coups d'État sur le continent. Selon lui, la France a manqué de vision stratégique et a échoué à s'adapter aux évolutions du continent, laissant ainsi émerger de nouveaux acteurs. Glaser pointe du doigt les insuffisances de la politique africaine menée par Emmanuel Macron, qui n'a pas réussi à donner une nouvelle impulsion aux relations franco-africaines et voit son influence reculer face à de nouveaux concurrents.
Un recul face à de nouveaux concurrents :
Selon Antoine Glaser, la France n'a pas su anticiper l'émergence de nouvelles puissances concurrentes en Afrique, telles que la Chine, la Turquie et la Russie. Ces pays ont réussi à consolider leur présence sur le continent, remettant en question la position dominante de la France. La politique africaine française manque d'une vision claire et d'une doctrine adaptée à un environnement géopolitique en constante évolution.
La politique africaine française à la croisée des chemins :
Les récents coups d'État militaires survenus dans d'anciennes colonies françaises, tels que le Mali, le Burkina Faso et plus récemment le Niger, témoignent de la fragilité des modèles démocratiques soutenus par la France. Antoine Glaser évoque une "situation de frustration amoureuse" entre la France et ses anciens partenaires africains, où les aspirations démocratiques peinent à s'imposer. Cette situation remet en question l'approche défendue par Emmanuel Macron et souligne les difficultés à maintenir une relation équilibrée et mutuellement bénéfique.
L'échec de la politique africaine d'Emmanuel Macron :
Antoine Glaser estime qu'Emmanuel Macron n'a pas réussi à donner une nouvelle impulsion à la politique africaine française. Sa stratégie, qui se voulait novatrice, apparaît aujourd'hui comme un échec, n'ayant pas permis de redresser la tendance du déclin relatif de l'influence française sur le continent. La promotion du modèle démocratique français se heurte aux réalités complexes des pays africains, où les coups d'État militaires persistent.
Un revers supplémentaire au Gabon :
Le coup d'État survenu au Gabon peu après la réélection contestée du président Ali Bongo symbolise selon l'interviewé un nouveau revers pour la politique africaine menée par Emmanuel Macron. Alors que la France voit son influence diminuer, de nouveaux acteurs émergent sur la scène africaine. L'incertitude entourant le sort du président Ali Bongo, avec la fusillade ayant visé sa résidence, reflète les tensions et les bouleversements que connaît le pays.
L'interview d'Antoine Glaser met globalement en lumière les lacunes de la politique africaine française, qui n'a pas su anticiper les évolutions du continent ni s'adapter aux nouvelles réalités. L'absence de vision stratégique et de renouvellement des relations avec les pays africains a entrainé un recul d'influence de la France, face à des concurrents tels que la Chine, la Turquie et la Russie. La relation franco-africaine apparaît aujourd'hui fragilisée, avec des modèles démocratiques en difficulté et des partenaires africains en quête de nouvelles approches et de partenariats plus équilibrés.
NDIAREM, DERNIÈRE ÉTAPE D'UNE VIE TOTALEMENT DÉVOUÉE À DIEU
Diourbel, anciennement Ndiarem, est un passage obligé pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur l’histoire du mouridisme, la confrérie fondée par Cheikh Ahmadou Bamba
Diourbel, anciennement Ndiarem, est un passage obligé pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur l’histoire du mouridisme, la confrérie fondée par Cheikh Ahmadou Bamba.
C’est dans cette cité que Cheikh Ahmadou Bamba vécut les quinze dernières années de sa vie, parachevant ainsi sa mission sur terre au service de Dieu et des hommes.
Si le nom de Ahmadou Bamba se confond avec Touba, l’on ne peut évoquer la vie du cheikh sans mentionner Diourbel ou Ndiarem, la ville du centre du Sénégal où il a passé quinze ans de sa vie.
Après deux déportations au Gabon puis en Mauritanie, les autorités coloniales voient son influence encore plus grandissante. Ses fidèles deviennent de plus en plus nombreux.
C’est ainsi que la décision de le mettre en résidence surveillée à Ndiarem fut prise.
Dans la concession du commandant d’alors, il occupe trois cases, mais le cheikh exprime en son for intérieur le désir d’avoir une mosquée. Il aurait volontiers échangé sa frugale demeure contre une « demeure de Dieu », une mosquée.
Le colon pensait qu’en l’emmenant à Diourbel, place moderne, grouillante et fêtarde, il réussirait à ramollir sa foi et sa dévotion. Mais c’était méconnaître celui que les manuels d’histoire désignent comme un « apôtre de la guerre sainte pacifique », le vrai jihad, qui consiste à rompre totalement avec ses attaches terrestres pour ne consacrer sa vie qu’à l’adoration de Dieu.
L’obsession d’une mosquée était devenue si pressante que Serigne Touba prit trois bouts de bois pour en délimiter une dans son lieu de résidence surveillée.
« Il posa un bout de bois de chaque côté et le troisième devant lui pour indiquer la qibla », renseigne Aladji Fallou Lèye, un des conservateurs du patrimoine mouride à Diourbel. « Mais le commandant de cercle, qui ne voulait pas d’une mosquée, même en schéma, fit dégager toute cette charpente », ajoute-t-il.
Toujours est-il que le cheikh restera treize mois, du 13 janvier 1912 au 18 février 1913, dans cette résidence, sous l’œil du colon.
Malgré cette situation, les disciples affluaient de partout des contrées environnantes pour voir cet homme qui était revenu sain et sauf des déportations, brimades et acharnements de toute sorte de l’administration coloniale. Une administration coloniale qui avait achevé de disloquer les royaumes de la Sénégambie ou de soumettre leur porte-étendard.
Contre mauvaise fortune bon cœur, elle consentit, dans un semblant d’élargissement, à laisser enfin le cheikh s’établir dans une zone de son choix, mais toujours dans Diourbel.
Keur Gu Mag, haut-lieu du mouridisme
C’est ainsi qu’il aménagea à Keur Gu Mag (La Grande demeure, en wolof). A voir les dimensions de la résidence – 300 mètres sur 500 mètres -, ce lieu n’a pas usurpé son nom. Rebaptisé par lui « Al boukhatou Moubaaraka » ou « la Place bénie », le cheikh y a résidé de 1913 à 1927, année de sa disparition.
Selon Lèye, « c’est dans cette demeure qu’il a célébré, pour la première fois, le 10 octobre 1920, le Magal, et ce, jusqu’en 1927 ». Il ajoute : « Serigne Touba l’avait acheté à 400 francs de l’époque, en 1917, payés par Meissa Sellé Ndiaye. L’acte d’achat a été signé pour le cheikh par Cheikh Issa Diène ».
Aujourd’hui, entièrement reconstruit en dur, l’édifice abrite plusieurs pièces, à l’époque des baraquements, plus emblématiques les unes que les autres par les histoires dont elles recèlent.
Dans l’une d’elles, dénommée « Baytûl Kitab » ou « La Chambre du Savoir », des effets personnels du cheikh sont soigneusement conservés : des malles en fer et en bois contenant des manuscrits du Coran et des khassaides, quelques vestiges de la mosquée où il effectuait ses cinq prières, des bouilloires, des gobelets et autres récipients, des candélabres, etc.
C’est à sa devanture qu’a été prise la célébrissime photo en noir et blanc du cheikh debout, seul, le visage couvert d’un châle. Cette photo dont la rumeur disait qu’elle était la seule et unique image de Serigne Touba, avant que d’autres soient rapatriées de France.
Des photographies prises à quelques mètres de là, à l’emplacement actuel de la belle Grande mosquée de Diourbel, qui fait face à la résidence du cheikh.
Ces images immortalisent la pose de la première pierre de cet imposant lieu de culte, par le cheikh lui-même, le 11 mars 1918. « Elle fut inaugurée en 1924 par le cheikh, après 6 ans 5 mois et 6 jours de construction. Et c’est à l’emplacement du minbar que le cheikh aimait à se tenir pour prier », raconte Lèye.
Maintenant qu’il a construit « sa » mosquée, « reçut, quinze jours durant, la visite du prophète Mouhamed », comme l’indique l’écriteau à l’entrée de la pièce dénommée « Baytûl Rasûl », implanté solidement sa tarikha, le cheikh Ahmadou Bamba pouvait enfin rejoindre son créateur.
Le mardi 19 juillet 1927, il rend son dernier souffle dans une pièce de sa résidence, aujourd’hui passage obligé pour tout visiteur à Ndiarem. Il avait 74 ans, et sera inhumé à Touba.
KHOUROU MBACKÉ, AU ROYAUME D'ENFANCE DE BAMBA
Dans ce village, Mame Diarra Bousso, la mère modèle, a laissé les traces les plus indélébiles de l’histoire du Mouridisme, la doctrine soufie fondée par le fils devenu guide exceptionnel et serviteur de Dieu
Il y a le saint homme, l’érudit, l’endurant dont on devine que la dimension exceptionnelle est de tradition, relève d’un héritage. Il y a Cheikh Ahmadou Bamba, mais aussi ses parents, son père et sa mère, éducateurs exceptionnels.
A Khourou Mbacké, royaume d’enfance du fondateur du Mouridisme, Mame Diarra Bousso, la mère modèle, a laissé les traces les plus indélébiles de l’histoire du Mouridisme, la doctrine soufie fondée par le fils devenu guide exceptionnel et serviteur de Dieu.
C’est la rencontre entre deux éducateurs, enseignants coraniques et en sciences islamiques, qui a donné naissance au village de Khourou Mbacké : Mame Mor Anta Saly, père d’Ahmadou Bamba, celui qui deviendra le père du Mouridisme, et Cheikh Ahmadou Mbacké Kâne, poète par ailleurs.
Venu de Mbacké, en compagnie de son épouse, Sokhna Mame Diarra Bousso, le premier, Mouhamed Habiboulah Mbacké de son vrai nom, voulait d’un endroit calme, propice à l’apprentissage et la transmission des enseignements du Coran, et à la vénération de Dieu. A l’opposé de Mbacké, la bouillante.
Son hôte lui offrit l’hospitalité, le gîte et le couvert. Mieux, il lui octroie un vaste espace où il aménage. Nous sommes dans les années 1868. Le village de Khourou Mbacké, littéralement « trou de Mbacké », est né.
Plus tard, il s’agrandit peu à peu avec l’arrivée d’apprenants de plus en plus nombreux. En plus de l’enseignement, Mame Mor Anta Saly était très pris par sa fonction de cadi, allant de village en village dire le droit islamique. En ces temps de présence coloniale, l’islam se faisait adopter peu ou prou par ces populations aux pratiques ancrées dans l’animisme.
Il confie l’administration de Khourou Mbacké à Serigne Mbaye Diakhaté, qui en devient le premier calife.
Aujourd’hui encore, ses descendants sont les gardiens des lieux. Cheikh Abdou Diakhaté assure le califat, quatrième génération.
Entre-temps, Cheikh Ahmadou Bamba naquit à Mbacké-Baol, en 1953, mais « il a passé son enfance ici [Khourou Mbacké], de 1853 à 1861 », indique-t-il.
A l’époque, il était âgé de 7 ou 8 ans. Répondant à l’appel au Jihad de l’Almamy Maba Diakhou Ba, son père l’emmena avec lui à Nioro-du-Rip.
« Il reviendra 52 ans plus tard à Khourou Mbacké qui avait comme disparu de la carte, pour le faire renaître », dit Cheikh Abdou Diakhaté.
« Plusieurs enfants du cheikh sont morts très jeunes », précise l’homme préposé à la visite du sanctuaire.
Son fils Habiboulah et dix autres de ses frères et sœurs y ont rejoint le Seigneur. A l’exception du premier qui dispose d’un sépulcre individuel, le reste des enfants de Serigne Touba repose dans une pièce faisant office de mausolée.
Avec le Magal qui arrive à grands pas, les journées sont chaudes à Khourou Mbacké. Mais pas de quoi altérer l’ardeur d’un groupe de femmes trouvées sur les lieux.
Elles se démènent avec ferveur, balayant et tamisant le sable fin sur la place du village. Certaines d’entre elles se dirigent ensuite vers une construction en dur. « C’est la chambre de Mame Diarra. C’est là qu’elle a logé », lance Mbayang, coiffée de ce bonnet à longue queue typique des Baay-Fall. Voilà plus de vingt ans qu’elle vient nettoyer la chambre où a vécu celle qui inspire sa vie de femme.
A voir l’enthousiasme avec lequel elle et ses congénères, malgré leur âge avancé, frottent le sol de leurs balais, enlèvent la poussière, nettoient les murs, on se rend compte que la foi peut bien soulever les montagnes…
La rencontre avec El Haj Omar au « puits de la grâce »
C’est dans ce village de Khourou Mbacké que se déroule l’histoire de Mame Diarra Bousso, la mère du cheikh, aidant son époux à réparer une palissade et qui fut surprise par la pluie. Elle resta longtemps à attendre alors qu’il avait même oublié qu’il lui avait confié cette tâche.
Revenu de son oubli et trouvant son épouse encore debout à l’endroit où il l’avait laissée, toute trempée, Mame Mor Anta Saly formula à son endroit la prière suivante : « Dieu te gratifie d’un enfant qui supplantera tous les hommes comme le soleil surplombe tout ce qui se trouve sur terre. » Pour les adeptes du mouridisme, la prière est exaucée en la personne de son fils Cheikh Ahmadou Bamba.
Présentée comme un modèle de femme dévouée à Dieu et à son mari, une sainte, Mame Diarra Bousso mourut à Porokhane, à l’âge 33 ans.
« A Khourou Mbacké, elle a creusé un puits de 33 mètres de profondeur, ente 1851 et 1852 », relate le conservateur qui guide le visiteur à son emplacement. Situé à un kilomètre du cœur du village, on attribue au « Puits de la grâce », comme on l’appelle, plusieurs vertus miraculeuses.
Non loin de là, un arbre mort, « un tamarinier à l’ombre duquel la sainte femme reposait le cheikh, enfant, le temps de puiser l’eau », ajoute-il.
On raconte qu’un jour de 1852, El Haj Omar et ses hommes l’y trouvèrent. Elle les aida à se désaltérer, à remplir leurs outres et à abreuver leurs montures. Le grand soufi et guerrier musulman lui aurait alors prédit qu’elle donnerait naissance à un prodige, un homme d’une dimension exceptionnelle.
C’est cet homme que la communauté mouride et musulmane dans son ensemble, célèbre chaque année, depuis 1928, un an après sa disparition, commémorant ainsi son départ en exil au Gabon, en 1895.
MBACKÉ KADIOR, LE TEMPS DES PREMIÈRES ALLÉGEANCES
La tradition dit que les premiers disciples mourides ont fait allégeance à Serigne Touba (1853-1927), à Mbacké Kadior, village fondé par Mame Mor Anta Saly, son père, dans la région de Louga
La tradition dit que les premiers disciples mourides ont fait allégeance à Serigne Touba (1853-1927), à Mbacké Kadior, village fondé par Mame Mor Anta Saly, son père, dans la région de Louga (nord-ouest). Il va donc de soi que cette cité puisse occuper une place privilégiée dans l’histoire du Mouridisme et dans le cœur des fidèles.
Il se dit précisément que les 40 premiers disciples mourides ont fait allégeance au cheikh dans cette localité située dans l’arrondissement de Darou Mousty (département de Kébémer).
Dans le lot de ces nouveaux fidèles, on cite Mame Cheikh Ibra Fall, le plus célèbre, Serigne Ndame Abdourahmane Lô, Serigne Massamba Diop Sam et Serigne Ibrahima Sarr Ndiagne.
Il y a aussi Serigne Adama Guèye, présenté comme le premier disciple du cheikh, soit autant de références morales et spirituelles solides qui confortent la renommée de Mbacké Kadior dans le cœur des mourides.
L’électrification du village et des zones environnantes apporte une certaine modernité au site dénommé « Guiguiss Bamba ». Devenu un lieu de pèlerinage, Cheikh Ahmadou Bamba, appelé également Cheikhoul Khadim ou Serigne Touba, y avait édifié son premier centre d’éducation spirituelle.
Il s’agit précisément du lieu où Cheikh Ibrahima Fall lui avait prêté allégeance, selon Mame Mor Sylla, maire de Mbacké Kadior.
Les Sylla, habitants originels de Mbacké Kadior
Ce lieu symbolique, situé à environ un kilomètre de la commune de Mbacké Kadior, devrait être bientôt doté d’une résidence, d’une mosquée et d’autres édifices. Comme on pouvait s’y attendre, les Baye Fall, qui se rattachent justement au cheikh par l’entremise de Cheikh Ibra Fall, sont les maîtres d’œuvre de ce chantier.
A l’origine les Sylla étaient les premiers occupants de ce site. Cette famille avait cédé une partie de ses terres à Mame Mor Anta Saly lorsque le père de Serigne Touba décida de fonder son propre village.
Selon l’imam El Hadj Cheikh Kajor Mbacké, Serigne Touba vécut quatre ans à Mbacké Kadior dont la création relève, dit-il, d’une certaine cohérence familiale, faite de quête spirituelle.
Après Mbacké Baol, village fondé par Mame Maharam, dans le Baol, Mbacké Kadior a été fondé par Mame Mor Anta Saly.
Aussi, après sa conversion à l’islam, lorsque Lat Dior Ngoné Latyr Diop (1842-1886) a voulu en connaître davantage sur cette religion qu’il venait d’embrasser, le choix de ce résistant à la colonisation française s’était porté sur Mame Mor Anta Saly.
Serigne Touba, dont la quête de spiritualité était à son apogée, était resté au total quatre ans à Mbacké Kadior, où son père n’a vécu que trois ans, de 1880 à 1883, date de sa disparition.
Le fils continua à s’occuper des écoles coraniques créées par son père après son rappel à Dieu, jusqu’à ce qu’il reçût la révélation du prophète Mohamad (PSL) l’enjoignant, selon la tradition, de faire le « djihad pacifique » pour trouver la voie du salut.
Naissance du « Diébelou » ou acte d’allégeance
La voie de la « Mouridiyya » semblait toute tracée. Le cheikh informa les disciples de la recommandation du prophète Mohamad (PSL) portant sur une nouvelle méthode d’éducation, de formation et d’élévation spirituelle à partir de l’allégeance, explique Cheikh Mbacké Kadior. Une démarche dont l’ambition est de contribuer à revivifier la voie tracée par le prophète Mohamad (PSL).
Les premiers disciples, parmi lesquelles Serigne Adama Guèye, Serigne Massamba Diop Sam, Serigne Abdourahmane Lô et Serigne Ibrahima Sarr, firent immédiatement allégeance.
Cheikh Ibrahima Fall, le 40e disciple selon la tradition, arriva alors à la rencontre du cheikh à Mbacké Kadior, où il lui fait allégeance. Un jour symbolique correspondant au 20e du mois de ramadan, date encore fêtée par les Baye Fall, communauté regroupant tous ceux qui se réclament de ce disciple exceptionnel de Serigne Touba.
Il est prévu de construire une mosquée à l’emplacement des deux arbres sous lesquels Cheikh Ibra Fall a prêté allégeance à Serigne Touba. Le chantier est presque achevé.
Mbacké Kadior est un « symbole du Mouridisme » dans la mesure où c’est dans cette localité que « tous les grands hommes qui ont marqué le Mouridisme ont été formés », d’après l’édile de la localité, Mame Mor Sylla.
« Tous les interdits observés à Touba sont également respectés ici. Il peut y avoir des résistances mais ils demeurent néanmoins des interdits », ajoute-t-il.
VIDEO
LES ENJEUX DE L'HÉRITAGE COLONIAL FRANCO-AFRICAIN
La relation complexe entre la France et l'Afrique, marquée par l'héritage colonial, soulève des questions sur les intérêts économiques et politiques français en Afrique. Paris doit-elle s'inquiéter de cette série de putschs au Sahel ?
La relation complexe entre la France et l'Afrique, marquée par l'héritage colonial, soulève des questions sur les intérêts économiques et politiques français en Afrique.
Les débats sur la souveraineté des nations africaines coexistent avec les avantages et les critiques de la présence française, offrant des opportunités pour une coopération mutuellement bénéfique, mais suscitant également des interrogations sur l'avenir des relations franco-africaines.
VIDEO
D'OÙ VIENT LE NOM AFRIQUE ?
Découvrez l'origine du nom "Afrique" à travers des théories diverses, de la tribu amazir aux vents du nord, et comment il est devenu le nom du continent africain
Le nom "Afrique" trouve son origine dans la rencontre entre les Phéniciens et la tribu amazir à Carthage, évoluant à travers diverses théories, notamment une étymologie berbère liée à une grotte et une étymologie grecque complexe. Initialement, le terme était associé à la région de Carthage avant de désigner le continent tout entier.
C'est grâce à l'exploration de Vasco de Gama en 1498 que l'Afrique a été finalement reconnue comme un continent distinct. Ce processus souligne le lien entre le pouvoir de nommer et la connaissance des lieux.