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10 juin 2025
LA TROISIÈME CANDIDATURE DE MACKY SALL, UN SECRET DE POLICHINELLE
C’est une déclaration très attendue que doit faire ce 3 juillet Macky Sall. Le président devrait mettre fin au flou entretenu sur son éventuelle troisième candidature. La revue de presse de RFI revient sur les interrogations entourant cette annonce
Dernier épisode ce lundi [3 juillet]… Dernier épisode de la saison 1, qu’on pourrait intituler : “Macky Sall candidat oui ou non ?” On sera donc fixé dans quelques heures. “Tic-Tic ! Tic-Tac !”, s’exclame Le Quotidien.
“Le président, qui a réussi à faire de sa participation ou non à la présidentielle un événement politique exceptionnel, va édifier les Sénégalais ce lundi soir. Il l’a dit samedi [1er juillet] lors d’une rencontre au Palais avec des élus locaux qui soutiennent sa candidature. Ce sera lors d’un discours solennel à la nation. Ce qui est inédit ! En tout cas, les maires de sa coalition ont signé une pétition en faveur de sa candidature pour [le scrutin de] février 2024. Pendant plus de deux heures samedi donc, rapporte le journal, plusieurs élus se sont succédé au micro pour témoigner de leur volonté de voir le chef de l’État participer à la présidentielle.”
Mais, souligne encore Le Quotidien, “personne n’est en mesure de savoir sa position définitive sur cette question qui met en haleine tout le pays.”
Imprévisible
Pour l’instant, la presse sénégalaise hésite… “Le président de la République a-t-il rendez-vous avec l’histoire ?”, s’interroge ainsi Dakar Actu.
“En fin stratège, le président reste imprévisible sur la question. Toutefois, Macky Sall semble assez conscient des enjeux de l’heure pour pouvoir prendre le choix qui s’impose. Ce qui demeure constant, c’est que le chef de l’État a bien pris le temps d’écouter les voix dissonantes qui se sont exprimées sur le sujet. Sa sortie sur sa candidature éventuelle sera libre et assumée, comme il l’a souvent expliqué lors de ses différentes sorties. Macky Sall est bien attendu sur le choix qu’il faudra avancer. Mais de quel choix s’agira-t-il ?”, s’interroge encore Dakar Actu.
“Est-ce que ce sera un choix motivé par ses inquiétudes pour le futur du Sénégal dans un contexte où les ressources du pétrole et du gaz vont être exploitées ? Aurons-nous droit à un choix motivé par le contexte sociopolitique ?”
Macky Sall hausse le ton contre l’opposition
Ce qui est sûr, pointe WalfQuotidien, c’est que devant les élus de son camp, samedi, Macky Sall a utilisé un langage musclé contre l’opposition… “Le président a fait son grand show contre les forces de l’opposition, accusée de tous les péchés d’Israël. Invitant les maires et autres responsables à se défendre, il a cautionné, sans le dire, les milices ou les nervis dont la présence est souvent dénoncée dans la coalition majoritaire. Dans un langage guerrier, le chef de l’État a estimé qu’en politique, la seule légitimité qui compte, ce sont les élections.”
Macky Sall a brandi également l’argument économique, relève encore WalfQuotidien, avec notamment cette phrase : “Le Sénégal s’est endetté pour construire des infrastructures telles que le train qui fait la fierté de tout un peuple. Pourquoi détruire une telle réalisation ?”
Enfin, le quotidien sénégalais pointe encore cette petite phrase du président : “Je tiens à vous rassurer, mon combat et ma plus grande fierté consistent à vous conduire vers la victoire.”
Commentaire de Walf : “À moins que le président ne mette de l’eau dans son vin, le Sénégal risque encore de sombrer dans la violence. Et Macky Sall y met du sien avec son langage musclé contre l’opposition.”
Enfin, pour une bonne partie de la presse ouest-africaine, les dés sont jetés… Macky Sall sera candidat à sa propre succession…
Ainsi pour L’Observateur Paalga, au Burkina Faso, ses déclarations de samedi viennent “enfoncer une porte ouverte depuis sa rencontre avec la diaspora sénégalaise vivant à Paris au cours de laquelle il avait annoncé qu’il prendrait une décision qui ‘nous’ engagerait sur le chemin de la victoire en 2024. On sait maintenant que le ‘nous’ lâché à cette occasion est à la fois un ‘nous’ de majesté mais aussi un ‘nous’ qui unit le président sortant à sa coalition Benno Bokk Yakaar. […] À moins d’un improbable retournement de situation, l’enfant de Fatick devrait, dans son adresse à la nation, s’attacher à expliciter les raisons pour lesquelles il est candidat à sa propre succession.”
MACKY SALL À L'HEURE DU CHOIX
Le président va mettre fin au suspense : il doit annoncer ce lundi soir s'il sera candidat à un troisième mandat pour 2024 dans un climat de haute tension, son principal opposant appelant à manifester massivement quel que soit sa décision
Depuis des mois, le chef de l'Etat entretient le flou sur sa candidature, laissant les Sénégalais spéculer dans l'attente de cette décision qui pourrait décrisper le climat politique s'il se désiste, ou provoquer une nouvelle fièvre s'il acte sa participation.
Il prononcera son discours à 20h00 (locales et GMT), en direct sur la télévision publique RTS.
Après avoir été un dirigeant du mouvement contre la candidature pour un troisième mandat de son prédécesseur, Abdoulaye Wade, au pouvoir de 2000 à 2012, et avoir soutenu à de multiples reprises qu'il ne ferait que deux mandats, le président Sall refuse depuis plusieurs mois de lever le doute sur ses intentions et n'a placé aucun dauphin sur le devant de la scène.
Élu en 2012, réélu en 2019, il a fait réviser la Constitution en 2016.Elle stipule que "nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs". Ses opposants estiment donc qu'il finit ses deux mandats légaux.
Mais ses partisans le présentent comme leur candidat en 2024, arguant que la révision a remis les compteurs à zéro. Pour lui, le débat sur le plan juridique est tranché en sa faveur. Restent les considérations politiques.
- Climat explosif -
Le climat est explosif au Sénégal.Le 1er juin, l'opposant Ousmane Sonko a été condamné à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs. Sa condamnation le rend en l'état actuel inéligible.
Elle a engendré début juin les troubles les plus graves depuis des années au Sénégal, faisant 16 morts selon les autorités, 24 selon Amnesty international et une trentaine selon l'opposition.
M. Sonko, qui jouit d'une grande popularité auprès de la jeunesse, n'a cessé de crier au complot du pouvoir pour l'écarter de l'élection présidentielle de février 2024, ce que le pouvoir réfute. Il est bloqué par les forces de sécurité chez lui à Dakar, "séquestré" selon lui, depuis le 28 mai.
Dans une vidéo dimanche soir sur les réseaux sociaux, l'opposant a appelé les Sénégalais à manifester "massivement" les prochains jours. "Nous devons sortir pour affronter le régime de Macky Sall et dire que ce ne sera pas à lui de choisir les candidats qui devront s’affronter pour la prochaine élection présidentielle", a-t-il déclaré.
Selon l'opposant, si le président ne se présente pas, ce serait pour mieux l'éliminer.En cas d'arrestation et s'il n'est pas libéré dans les deux heures, "j'appelle tout le peuple sénégalais à se lever comme un seul homme et à sortir massivement et cette fois-ci à en finir avec ce régime criminel", a-t-il dit.
Si le président se présente, "je crois qu'il incombe à tout le peuple sénégalais de se mettre debout" et "lui faire face", a-t-il déclaré.
"Si on doit mener un combat, il faut qu'il soit définitif.J’en appelle à un sursaut national.Les jours et les semaines à venir seront cruciaux" et "difficiles", a-t-il ajouté.
- "Temps de partir" -
Lundi matin, la première pluie de l'année s'est abattue sur Dakar. Après le long week-end de la fête musulmane de la Tabaski, ses habitants retournent tranquillement au travail, en évitant les flaques d'eau.
"Mon vœu est qu'il dise qu'il ne se représente pas. On lui a déjà accordé douze ans, il est donc temps pour lui de partir et de céder la place à un autre", estime Abdou Diagne, laveur de voiture de 38 ans.
"Pas sûr que les gens restent les bras croisés s'il dit le contraire. Quoi qu'il en soit on prie pour la paix dans le pays", ajoute-t-il, assis sur le capot d'un véhicule.
Samba Fall, 50 ans, pense que le président "va tenir parole"."Je m'attends à ce qu'il dise +je remercie le peuple pour la confiance qu'il m'a accordée pendant ces 12 ans, j'ai apporté ma pierre à la construction d'un Sénégal harmonieux et je ne me représenterai pas, comme le prévoit la Constitution+". Autrement, "cela va agiter le pays".
Samedi, devant des élus locaux qui ont fait une pétition pour le soutenir, M. Sall a appelé sa famille politique à l'unité et à placer "l'intérêt général" et "l'intérêt de la coalition" devant toute autre considération.
"Mon combat et ma plus grande fierté est vraiment de vous conduire vers la victoire et de poursuivre notre politique économique au bénéfice de nos populations", a-t-il déclaré, soulignant que la feuille de route pour faire du Sénégal un pays émergent en 2035 était déjà "balisée" et appelant à faire face "aux tentatives de déstabilisation".
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MAURICE SOUDIECK DIONE MET EN GARDE LE PRESIDENT MACKY SALL
Invité du jour de l’émission objection de la radio Sudfm, l’enseignant a indiqué que Macky Sall du fait de son « obsession d’une 3e candidature illégale au regard de la Constitution » est depuis 2019 dans une logique de management des risques
Le professeur agrégé en Sciences politiques à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, Maurice Soudieck Dione, a alerté hier, dimanche 2 juillet, sur le risque d’une « fragilisation de nos institutions » par une 3e candidature du président de la République, Macky Sall.
Invité du jour de l’émission objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 2 juillet, l’Enseignant chercheur en Sciences politiques a indiqué que l’actuel chef de l’Etat du fait de son « obsession d’une 3e candidature illégale au regard de la Constitution » est depuis 2019 dans une logique de management des risques.
Alors que tout le Sénégal est suspendu à la décision du président Macky Sall par rapport à la question de sa 3ème candidature ou non à la présidentielle du 25 février 2024 prochain, le professeur agrégé en Sciences politiques à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, Maurice Soudieck Dione, monte au créneau pour alerter sur le risque d’une « fragilisation de nos institutions ». Invité du jour de l’émission Objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 2 juillet, l’Enseignant chercheur en Sciences politiques a indiqué que le Sénégal « fait face à un schéma politique qu’il n’a jamais connu ». En effet, selon lui, depuis mars 2021, la scène politique Sénégalaise est marquée par « une radicalisation des forces politiques » qui ne laisse place selon lui « à aucune plage de convergence ». Poursuivant son analyse, le Pr agrégé de Sciences politiques a pointé du doigt « l’obsession d’une 3e candidature illégale au regard de la Constitution » du président de la République, Macky Sall, comme étant l’une des causes de cette tension politique .
En effet, selon lui, depuis 2019, l’actuel chef de l’Etat du fait de son envie de s’éterniser encore au pouvoir jusqu’en 2029 est « dans une logique de management des risques » qui le « pousse à chercher à minimiser les risques et les conséquences » de sa 3e candidature en essayant de « regrouper l’essentiel des forces politiques traditionnelles dans une logique de périphérisation et d’isolation de cette force politique montante incarnée par Ousmane Sonko ».
Poursuivant son analyse, Maurice Soudieck Dione a préconisé ainsi une réforme du système politique actuel marqué, selon lui, par une hyper-présidentialisation du régime où le président de la République est à l’alpha et à l’oméga du système politique afin de préserver la paix dans le pays et la stabilité des institutions. Loin de s’en tenir là, l’Enseignant chercheur en Sciences politiques a également profité de ce face-à-face avec notre confrère Baye Oumar Guèye pour mettre en garde le chef de l’Etat qui s’apprête à prendre la parole ce soir pour donner sa position par rapport à la question de sa 3ème candidature. «On ne peut pas gouverner par la force. Comme dit Rousseau : le plus fort n’est jamais assez fort pour rester toujours le maître. Et Talleyrand de dire : On peut tout faire avec des baïonnettes sauf s’y asseoir, pour montrer un peu les limites de la force comme mode de gouvernance», a-t-il prévenu avant d’insister. « Cela veut dire qu’on ne peut pas contrôler les corps sans pour autant contrôler les esprits. Si on est aujourd’hui dans une logique de manipulation des institutions et ensuite vouloir recourir à la force pour réprimer et surmonter la crise, cela peut être très dangereux pour notre pays »
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SONKO ÉVENTRE LE PLAN DE MACKY CONTRE SA PERSONNE
Le leader de Pastef persuadé de la logique de son isolement par le président de la République, évoque les différents scénarios envisagés par le pouvoir pour parvenir à ses fins
"Ce n'est pas le moment de flancher" - Le leader de Pastef invite, depuis sa résidence sous étroite surveillance des forces de l'ordre, le peuple à continuer le combat contre les méthodes du président Macky Sall
par l'éditorialiste de seneplus, penda mbow
COMPRENDRE LE STATUT SPÉCIAL DU VATICAN
EXCLUSIF SENEPLUS - L’indépendance du Vatican relève d’un compromis politique avec l’Italie. C'est un État internationalement reconnu au lendemain des accords de Latran, le 11 février 1929
Le père Roger Gomis du Diocèse de Dakar aurait pu nous éclairer sur le statut spécial du Vatican. Les travaux de Jean Delumeau (1923-2020), spécialiste des mentalités religieuses en Occident, du Christianisme de la Renaissance à l’époque moderne, sont très riches d’enseignements. Quant au président du Conseil pontifical pour la culture, Paul Poupar au parcours exceptionnel, son texte estampillé Clio et intitulé le Vatican, son histoire et ses trésors,[1] nous offre suffisamment d’éléments pour comprendre l’histoire, l’organisation et le statut du Saint Siège situé à Rome.
La question sur le statut du Vatican se poserait-elle si l’Allemagne, l’Italie avaient constitué des États durant le Moyen âge, surtout après la dislocation de l’Empire carolingien lors du partage de Verdun en 843 et ceci jusqu’au XIXe siècle ? Ces espaces que sont l’Italie et l’Allemagne formaient le Saint Empire Romain Germanique comprenant des principautés, des États, des villes libres comme Brême, Francfort, Hambourg, Nuremberg, Mayence, Aix-La-Chapelle, Padoue, Venise, Rome, Gênes, etc. Ces villes libres s’administraient par elles-mêmes.
Il faudra attendre le XIXe siècle pour voir, le prince Otto Von Bismarck (1815-1898) bâtir l’unité allemande tandis que le Risorgimento italien ou unification se fera progressivement de 1859 à 1870. Le XIXe siècle caractérisé par les conquêtes coloniales, préfigure dans sa deuxième moitié la fin de de l’Empire Ottoman.
Le Vatican, une tombe, un palais, un État, a largement bénéficié de la gestion féodale des espaces et territoires au Moyen âge européen. Le document du Cardinal Poupar se résume ainsi : « De la tombe de Pierre se dresse la basilique Saint-Pierre, au successeur de Pierre dont la résidence a été érigée dans sa proximité, deux millénaires se sont inscrits en une continuité impressionnante. Le Vatican qui en est le lieu, en est devenu le symbole parce qu’il est le siège d’une entité originale, le Saint-Siège, expression juridique du gouvernement central de l’Église catholique qui compte plus d’un milliard de fidèles de toutes langues, cultures, répandus dans le monde entier »
La cité du Vatican, au cœur de la ville de Rome, est un État internationalement reconnu au lendemain des accords de Latran, le 11 février 1929. D’une superficie modeste (44 hectares), une population inférieure à 700 habitants, l’entité dirigée par le Pape bénéficie d’un rayonnement mondial sans commune mesure avec son aire géographique.
L’indépendance du Vatican relève d’un compromis politique avec l’Italie. Le processus d’unification de l’Italie renvoyait aussi à la recherche de la consolidation de son pouvoir. Camillo Cavour (1810-1861) et Giuseppe Garibaldi (1807-1882), les pères de la « patrie italienne » ont cherché à annexer les États pontificaux, qui étaient sous le contrôle du Pape et couvraient une partie du territoire central de l’Italie. Ce qui ne manqua pas de créer une tension entre l’État italien nouvellement formé et l’Église catholique. Les accords de Latran ont reconnu la souveraineté du Vatican en tant qu’État indépendant, à l’intérieur de Rome. En retour, le Vatican a reconnu l’autorité de l’Italie sur la ville de Rome et a renoncé à toute revendication territoriale.
Sans activité économique mais puissant et riche, le Vatican tient son influence de la venue de Pierre, il y a deux millénaires au moins. Ce disciple du Christ, son martyre et sa sépulture façonnent la spiritualité de Rome. Cependant le Vatican dispose de sa propre Banque connue sous le nom de l’Institut pour les Œuvres de la Religion (IOR). Même s’il utilise l’euro depuis 2002 comme sa monnaie officielle, le Vatican émet ses propres pièces de monnaie et billets ; comme au Moyen âge, on continue à y battre monnaie car c’est un acte de souveraineté.
Le Vatican est une monarchie absolue élective dirigée par le Pape qui est le chef de l’Église catholique romaine. Il est élu par le collège des cardinaux lors d’un conclave qui se réunit après la mort ou la renonciation du Pape en exercice.
Le Vatican n’appartient pas à l’Union européenne. Il dispose de son propre système judiciaire, de ses propres institutions financières et de son propre drapeau. Sujet de droit international, le Vatican entretient des relations diplomatiques avec de nombreux pays. Il est membre d’organisations internationales comme l’ONU et l’Organisation mondiale du Tourisme (OMT).
En tant qu’État souverain, le Vatican maintient une position de neutralité politique officielle. Il ne participe pas aux alliances militaires et n’a pas de forces armées permanentes. La sécurité et la défense du Vatican sont assurées par la gendarmerie du Vatican.
Existe-t-il une citoyenneté du Vatican ? La majorité des personnes qui y travaillent sont des citoyens du Vatican, appelés « citoyens du Saint-siège » qui sont des membres du Clergé, des diplomates, ou des employés de la Curie romaine (administration centrale de l’Église romaine).
Les accords de Latran ont conféré au gouvernement italien des responsabilités spécifiques portant sur la protection des sites du Vatican et la sécurité du Pape. Quant au système judiciaire du Vatican, il est régi par le droit canonique et les lois édictées par le Saint-Siège avec son Tribunal Suprême de la Signature Apostolique (TSSA). Ce tribunal est dirigé par un préfet et constitué de prélats nommés par le Pape.
Le Vatican s’est bâti sur une très longue période remontant à l’Antiquité même s’il reste une survivance de l’organisation féodale du Moyen âge. Son ancrage à l’histoire de l’Europe, de tout un continent explique l’existence de l’État du Vatican. Nous voyons le Vatican comme la résistance à la déchristianisation (confert les travaux de Michelle Voyelle) de l’Europe à partir du XVe siècle ; un siècle avant la Réforme Luthérienne.
[1] Ce texte de Paul Poupar est publié en mars 2002. Il a aussi dans la collection que Sais-je publie sur le Vatican et beaucoup d’autres sujets
PAR Bosse Ndoye
SÉNÉGAL, SUR LA PENTE GLISSANTE DE L’AUTORITARISME
Les Constitutions les plus parfaites au monde ne résistent pas aux assauts répétés d’un président malintentionné et obnubilé par la conservation de son pouvoir à tout prix
Dans la Dictature, antithèse de la démocratie? 20 idées reçues sur les régimes autoritaires, Eugénie Mérieau, politiste, juriste et enseignante à Science Pô Paris, déconstruit la binarité quasi proverbiale entre autoritarisme et démocratie. Elle le fait d’autant plus nettement qu’elle appuie son raisonnement sur des exemples concrets pour illustrer la véracité de ses propos et montrer qu’elles sont loin d’être étanches les frontières séparant ces deux régimes, contrairement à ce que d’aucuns pourraient être amenés à penser. Cela explique que certaines pratiques censées être l’apanage des régimes autoritaires se produisent en démocratie et que d’autres, vues comme étant la marque de fabrique des régimes autoritaires, se passent sous des régimes dits démocratiques. Dès lors, dit-elle, « les frontières se brouillent, et surgissent dans le débat public les termes de '' démocratie autoritaire', de '' démocrature'', de '' régime autoritaire multipartite ou libéral. Ce double mouvement de dé-démocratisation de la démocratie libérale d'une part et de libéralisation des régimes autoritaires d'autre part crée une zone de convergence grise de régimes hybrides[1] ». Le Sénégal, depuis un certain temps, se trouve dans cette zone hybride, si elle ne se situe pas en grande partie dans la zone de l’autoritarisme. Quelques idées extraites du livre d’Eugénie Mérieau et de celui de Daniel Ziblatt et Steven Levistky, How democraties die – traduit en français par La mort des démocraties, appuyées par des faits réels peuvent étayer ces propos.
Absence d’indépendance de la justice
Bien que le concept soulève de nombreuses difficultés, dans un pays, l’indépendance de la justice vis-à-vis de l’exécutif peut, selon Eugénie Mérieau, être évaluée à partir de critères institutionnels : inamovibilité des juges, absence de contrôle de l’exécutif sur les carrières et l’immunité judiciaire. Elle peut être également être mesurée à l’aune de ses résultats – à part quelques rares exceptions -, notamment par rapport à la propension des tribunaux à rendre verdicts et décisions contraires aux intérêts du gouvernement[2].
Les critères institutionnels
Au Sénégal, le fait de présider le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) donne un pouvoir incommensurable au président de la République sur la carrière des juges, avocats et magistrats. Aussi n’hésite-t-il pas à s’en servir pour, d’une part, nommer et placer ses hommes liges à des postes clés ; et d’autre part récuser ceux qui résistent aux pressions et refusent de se soumettre à ses desiderata. Les cas des juges Téliko et Alioune Ndao ces dernières années en sont la parfaite illustration. Ce seul exemple suffit pour montrer à satiété ô combien la tentation est grande et réelle pour un président de la République de mettre la justice sous la coupe de l’exécutif. Ceux qui s’y sont succédé au pouvoir depuis l’indépendance n’ont pas hésité d’un iota à utiliser ce levier pour orienter nombre de décisions de justice importantes allant dans le sens du renforcement de leurs pouvoirs. Il faut toutefois noter que cette subordination du judiciaire à l’exécutif est moins une question de personne qu’une faille d’un système qu’il faudra corriger impérativement si l’on veut garder un certain équilibre entre les différents pouvoirs. Le cas président Macky Sall semble tout de même spécifique. Car il en use et en abuse - certainement plus que ses prédécesseurs - même dans des cas flagrants, manifestement injustes et illégitimes.
La propension des tribunaux à rendre verdicts et décisions contraires aux intérêts du gouvernement
Il convient tout d’abord de rappeler que – comme l’a bien mentionné Eugénie Mérieau - tout l’appareil judiciaire d’un pays, même sous les régimes les plus autoritaires au monde, ne peut pas être soumis à l’exécutif. Car, non seulement l’État n’a pas du tout intérêt dans tous les dossiers en justice, mais, pour donner une certaine image à l’international et surtout gagner la confiance des investisseurs étrangers entre autres – aucun pays ne pouvant vivre coupé du monde – il est obligé de laisser certains secteurs de leur justice fonctionner convenablement. Au Sénégal, la propension des tribunaux à rendre verdicts et décisions allant dans le sens des intérêts du gouvernement peut être considérée comme un corollaire de l’ascendance de l’exécutif sur le judiciaire. Donc, comme un problème de système. Ce qui fait que dans les cas où l’État dispose d’intérêts directs dans des dossiers considérés comme des menaces à son pouvoir, il n’hésite à faire de vives pressions sur des juges qu’il a minutieusement choisis pour qu’ils rendent un verdict défendant des positions qui lui sont favorables. Les procès des principaux opposants au régime du président Macky Sall : Ousmane Sonko, Khalifa Sall et Karim Wade et les verdicts rendus à leur issue en sont des preuves à bien des égards
Processus électoral vicié
Contrairement à certaines idées reçues, il existe des élections multipartites dans la majorité les régimes autoritaires du monde. Mais l’objectif premier de celles-ci est surtout de stabiliser le régime en remplissant 3 fonctions : une fonction de légitimité tout d’abord – « l’onction du suffrage universel » ; la fonction de contrôle social (…) et enfin une fonction de cooptation (…)[3]. Lors de ces élections, les fraudes directes (bourrages d’urnes, décomptes frauduleux, assassinats politiques, achats de vote) ont tendance à être remplacées par une intervention en amont sur le processus électoral. Au Sénégal, il y a eu une révision du code électoral pour filtrer les candidats avec l’instauration du parrainage – qui a été désapprouvé par la Cour de justice de la CEDEAO dans un arrêt rendu le 28 avril 2018. Celle-ci avait même donné à l’État sénégalais un délai de 6 mois pour qu’il le supprime. L’intervention dans le processus électoral se fait aussi par l’élimination des candidats les plus sérieux à la suite de procès iniques en mode fast-track. De plus, les inscriptions sur les listes électorales ont été rendues très difficiles et contraignantes pour nombre de jeunes ; les délais sont courts et le retrait des cartes d’électeur de ceux qui sont soupçonnés appartenir à des partis de l’opposition est rendu souvent compliqué. En outre, un certain brouillard plane toujours sur le fichier électoral et sa fiabilité. Les effets combinés de tout cela permettent au gouvernement de prendre une longueur d’avance sur ses adversaires. Bien que nombre de ressources soient mobilisées lors du processus électoral, il n’en demeure pas moins que subsistent encore des cas de fraude lors des différentes élections : vote d’enfants mineurs, plus de votants que d’inscrits...comme cela a été relevé lors des dernières élections législatives.
- Gare au wax-waxeet et à la tentative de s’accrocher au pouvoir, Ulysse et les Sirènes
Après avoir crié sur tous les toits du monde que le nombre de mandats était limité de 2 et écrit dans son livre : Le Sénégal au cœur qu’il en est à son second et dernier mandat, le président Macky Sall revient sur ses propos et envoie ses lieutenants – armés d’une escroquerie sémantique : second quinquennat et de la même antienne : le dernier mot revient au Conseil constitutionnel – pour pouvoir poser une 3e candidature afin d’obtenir un mandat supplémentaire auquel il n’a pas du tout droit selon l’actuelle constitution du pays. Eugénie Mérieau semble lui rappeler la célèbre métaphore d’Ulysse et les sirènes du philosophe norvégien Jon Elster afin qu’il revienne à la raison. D’autant que celle-ci doit se prémunir contre les passions du pouvoir par la Constitution: « Alors qu’Ulysse et ses compagnons rentrent du royaume des morts, ils s’approchent dangereusement de l’Île des Sirènes, qui, avec leur doux chant, attirent tous les navires aux rochers et leurs équipages à la mort. Il réunit alors ses hommes pour leur donner les instructions suivantes : « Mettez de la cire dans vos oreilles, mais pas dans les miennes. Attachez-moi bien fort au mât, en ramez. Surtout, ignorez absolument ce que je pourrais vous dire sous l’influence des Sirènes, ignorez-le, et continuez à ramez. Et si je vous implore, si je vous supplie de me libérer, vous devez serrer encore plus fort les cordes qui m’entravent. » Les hommes s’exécutent et Ulysse est ligoté au mât du navire. Le chant des sirènes, absolument divin, lui parvient ; il se débat dans les cordes, suppliant ses hommes de le détacher, d’ôter la cire de leurs oreilles, d’apprécier ensemble ce moment de pure grâce. « Je sais ce que je vous ai dit auparavant, mais ignorez mes précédents ordres, et obéissez » Comment les hommes d’Ulysse pouvaient-ils résoudre ce dilemme ? Comment réagir face à deux ordres contradictoires d’une même autorité légitime ? L’ordre le plus récent ne déroge-t-il pas à l’ordre plus ancien ? Finalement, l’ordre donné lors du moment de raison s’imposa à l’ordre donné sous l’emprise des passions incontrôlables – c’est le principe de la constitution, qui, vise à contraindre la passion de la politique par la raison du droit. »[4]
Subvertir la démocratie
À travers une métaphore footballistique, Steven Levitsky et Daniel Ziblatt nous apprennent comment les autocrates élus subvertissent la démocratie dans leurs pays : « Pour mieux comprendre comment les autocrates élus minent subtilement les institutions, il serait utile d’imaginer un match de football. Pour renforcer leur pouvoir, les apprentis (aspirants) dictateurs doivent capturer les arbitres, mettre sur la touche au moins quelques-uns des joueurs vedettes de la partie adverse et réécrire les règles du jeu pour préserver leur avantage…La capture de l’arbitre…est une arme puissante permettant au gouvernement d’appliquer la loi d’une manière sélective en punissant les opposants tout en protégeant ses alliés. Les autorités fiscales peuvent être utilisées pour poursuivre opposants, entreprises et organes de presse. La police réprime les manifestations de l’opposition tout en tolérant les actes de violence des voyous progouvernementaux » (ma traduction) Ce qui est décrit dans cette citation ressemble bien à s’y méprendre à ce qui se passe au Sénégal. Les arbitres, qui sont la justice, la police et l’ensemble des institutions administratives du pays sont utilisés pour renforcer le pouvoir du régime en place, très souvent au mépris de toutes les règles de droit ; les footballeurs vedettes, qui sont les principaux opposants: Ousmane Sonko, Khalifa Sall, Karim Wade, ont été tous mis sur la touche à l’issue de procès expéditifs et iniques (à suivre l’affaire Ousmane Sonko) ; le code électoral a été révisé ; les critiques du pouvoir sont souvent sanctionnés par des peines de prison pendant que les partisans du pouvoir, qui font des déclarations plus graves, et vont même jusqu’à en appeller ouvertement aux meurtres d’opposants jouissent d’une impunité totale. Les dossiers des corps de contrôles ayant épinglé des partisans du pouvoir sont sous le coude du président alors que ceux impliquant d’autres personnes opposées au gouvernement sur place sont traités avec une célérité inhabituelle ; des nervis sont utilisés lors de manifestations pour réprimer sinon tuer les manifestants mécontents ; des journalistes – Pape Alé Niang, Pape Ndiaye entre autres- sont arrêtés parfois pour des vétilles et médias comme Walfadjri fermés arbitrairement.
En définitive, comme le rappellent Daniel Ziblatt et Steven Levitsky - après avoir comparé plusieurs Constitutions -, que les Constitutions les plus parfaites au monde ne résistent pas aux assauts répétés d’un président malintentionné et obnubilé par la conservation de son pouvoir à tout prix. De plus, en démocratie, parmi les choses les plus importantes figurent des règles non écrites. Le respect de la parole donnée par le président de la République n’est nullement inscrit sur la Constitution sénégalaise, mais dans les différentes cultures dans le pays, les esprits, il est impensable qu’une autorité, qui plus président de la République puisse mentir pour vendre son referendum, pour accéder au pouvoir et s’y maintenir. Mais un peuple debout et uni peut toujours faire face à tous les dirigeants, fussent-ils dictateurs.
MACKY SALL VA S'ADRESSER AUX SÉNÉGALAIS LUNDI À 20H
Le discours qui sera prononcé en direct du Palais de la République sera simultanément traduit en wolof (langue nationale) sur l’ensemble du réseau synchronisé de la RTS
Le chef de l’Etat, Macky Sall, va s’adresser à la nation lundi à partir de 20 heures dans un discours qui sera diffusé en direct sur la chaine de télévision publique, la RTS, a appris l’APS.
Le discours qui sera prononcé en direct du Palais de la République sera simultanément traduit en wolof (langue nationale) sur l’ensemble du réseau synchronisé de la RTS.
Les autres diffuseurs auront également la possibilité de retransmettre la déclaration du président de la République par le biais d’un signal disponible sur le réseau de la TNT, la télévision numérique terrestre, a indiqué la télévision publique.
Recevant samedi au Palais de la République des dirigeants de collectivités territoriales de la majorité présidentielle, Macky Sall a annoncé sa décision de s’adresser aux Sénégalais lundi pour dire s’il sera candidat ou pas à la prochaine élection présidentielle prévue le 25 février 2024.
Des maires et présidents de conseils départementaux de la coalition Benno Bok Yakaar, signataires d’une pétition demandant au président sortant de se représenter étaient au Palais samedi pour notamment convaincre le président de l’Alliance pour la République, de briguer un nouveau mandat.
PAR Madieye Mbodj
DE DAKAR À PARIS, LA RÉVOLTE DES JEUNES CONTRE LES INÉGALITES SOCIALES, L’INJUSTICE ET LA VIOLENCE INSTITUTIONNELLE D’ÉTAT
Les régimes néocoloniaux d’Afrique ne sont compétents que pour copier, non pas les quelques aspects positifs de gouvernance, mais plutôt ce qu’il y a de pire dans les pratiques politiques de leurs maitres impérialistes
Des nuits successives de révoltes et d’émeutes dans les banlieues de la région Paris Île-de-France, s’étendant à plusieurs quartiers populaires défavorisés d’autres régions et grandes villes de France ! Les plus de 50 000 policiers et gendarmes mobilisés peinent à venir à bout de la colère légitime causée par le meurtre, perpétré de sang- froid à Nanterre, sur un jeune adolescent de 17 ans, Nahel, accusé de « refus d’obtempérer » à l’occasion d’un contrôle routier !
Marches blanches et surtout plusieurs nuits de manifestations marquées par des affrontements avec les forces de répression, ayant entrainé des attaques et des dégradations de bâtiments administratifs, d’écoles, de pharmacies, de prisons, de commissariats, de banques, de commerces divers avec denrées et produits emportés, etc. Mutatis mutandis, on se croirait à Dakar lors des soulèvements de mars 2021 ou de juin 2023 ! Peut-être même qu’entre temps, les fameuses « forces occultes » et autres « terroristes salafistes » pointés du doigt par le ministre sénégalais de l’Intérieur, introuvables dans notre pays on dirait depuis mars 2021, ont dû quelque part être prêtés aux jeunes manifestants des banlieues et autres quartiers défavorisés de France !
Quel est donc le fil d’Ariane qui relie Dakar à Paris ? Face aux vagues déferlantes de jeunes, le président de la République du Sénégal en 1988, avait fustigé « la jeunesse malsaine » avide de changement et debout contre les fraudes électorales. Nicolas Sarkozy quant à lui, alors ministre de l’intérieur français en 2005 et futur président, traitait en 2005 la jeunesse des banlieues de « racaille, vendeurs de drogue et voleurs de voitures » !
Le 8 mars 2021, suite aux émeutes déclenchées par le complot d’Etat ourdi contre le leader de Pastef, Ousmane Sonko, le président Sall s’adressait ainsi, les yeux dans les yeux, d’une part à la jeunesse du Sénégal: « je vous ai compris », à toute la Nation d’autre part : « de tels évènements ne se reproduiront plus » ! Nous venons de voir en direct, plus douloureusement encore, ce qu’il en est advenu ! Macron et son gouvernement ont eu au moins une réaction rapide consistant à arrêter et à inculper pour « homicide volontaire » le policier ayant tiré sur le jeune.
Nahel. Comme on le constate, les régimes néocoloniaux d’Afrique ne sont compétents que pour copier, non pas les quelques aspects positifs de gouvernance, mais plutôt ce qu’il y a de pire dans les pratiques politiques de leurs maitres impérialistes ! Le fil d’Ariane, le dénominateur commun des crises en cours au Sénégal et en France, ne sont en réalité rien d’autre que les tonneaux sans fond des inégalités sociales, du chômage, de la précarité, des injustices flagrantes et de la violence institutionnelle d’État. Autant de fléaux sociaux devenus insupportables, surtout face aux profits prodigieux accumulés par les multinationales du Nord comme en France, et aux milliards des richesses insolentes des prédateurs du Sud, comme au Sénégal. L’élimination de tels fléaux passera, il faut s’en convaincre, non par quelques saupoudrages, réformettes, faux dialogues, artifices constitutionnels du type Article 49-3, mais plutôt par de vraies solutions courageuses, structurelles et durables au service de l’intérêt général, l’intérêt premier des peuples, une véritable alternative de rupture en d’autres termes.
Le temps est venu, pour chacun et chacune, d’assumer clairement ses responsabilités. Passons sur l’utilisation des couleurs du drapeau national ou du Palais de la République, à des fins de politique politicienne partisan ; si un responsable de Pastef, de Yewwi ou F24, s’était permis d’appeler des maires et présidents de départements à prendre d’ores et déjà « toutes dispositions fermes et appropriées pour faire face à des fauteurs de troubles venant s’attaquer aux biens publics et privés du ressort de leurs collectivités territoriales », que de cris d’orfraie aurions-nous alors entendus de prétendus démocrates, républicains et autres défenseurs de l’État de droit … contre des ‘’appels irresponsables à la guerre civile’’?!
Alors encore une fois, que chacun-e prenne ses responsabilités, avec vigilance, détermination et clairvoyance. Outre nos juridictions nationales propres, en vertu des dispositions de la Cour pénale internationale ainsi que du principe de la Compétence universelle, les violences contre les populations civiles de même que les crimes contre l'humanité, qu’ils aient été commis au Sénégal, en France ou ailleurs, ne pourront jamais être passés en simples pertes et profits.
Attention donc car, comme le prédit l’adage, rira bien qui rira le dernier !
Madieye Mbodj est vice-président de Pastef, chargé de la vie politique nationale
C’est en chef de guerre face à ses troupes que le président Macky Sall a livré, ce samedi 1er juillet 2023, une véritable diatribe contre les démocrates du Sénégal et de la diaspora
De retour de la Mecque, au lendemain de la Tabaski, moment de pardon et de bienveillance où sa parole d’apaisement était attendu après les événements douloureux qui ont couté la vie à seize de nos jeunes concitoyens, c’est plutôt en chef de guerre face à ses troupes que le président Macky Sall a livré, ce samedi 1er juillet 2023, une véritable diatribe contre les démocrates du Sénégal et de la diaspora mobilisés pour défendre la Constitution.
Entre autres philippiques, le président Macky Sall s’en est violemment pris aux intellectuels qu’il qualifie de malhonnêtes et qui selon lui savent qu’il a droit à un troisième mandat.
Je rappelle qu’en 2016, c’est le président Macky Sall lui-même qui avait choisi le terme de « verrouillage de la constitution» pour expliquer urbi et orbi que la question du nombre de mandat présidentiel était désormais définitivement réglé au Sénégal par l’article 27 de la Constitution stipulant que « nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs. ». Ensuite, trois ans durant, le Président Macky Sall, la main sur le coeur, a clamé partout qu’une fois réélu en 2019 il ferait son deuxième et dernier mandat. Il a réitéré ses mêmes propos dans son livre « le Sénégal au Coeur”.
L’honnêteté, c’est le respect de la parole donnée, c’est le respect de la Constitution, c’est le respect des règles démocratiques.
Aussi, je rejette les propos accusatoires inacceptables du président Macky Sall !
par Momar Dieng
QUI SERA LE CANDIDAT DE BBY À LA PRÉSIDENTIELLE
Aujourd’hui encore, la non candidature de Macky Sall reste une possibilité. Sa coalition s’y est-elle préparée ?
Dans tous les cas de figure, la coalition Benno Bokk Yaakaar aura son candidat à la présidentielle du 25 février 2024. Si ce n’est Macky Sall, ce serait un Bébé-Macky taillé sur mesure afin de « poursuivre » l’œuvre du mentor à la tête du pays.
Ce lundi 3 juillet 2023, les Sénégalais sauront (enfin !!!) si Macky Sall, actuel et futur Président sortant, sera candidat où pas à l’élection présidentielle du 25 février 2024, à moins d’une nouvelle pirouette qui différerait encore le clap de fin d’un événement qui n’aurait jamais dû en être un. Jusqu’au bout, le tout-puissant suzerain de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) aura maintenu le suspens sur son avenir après la fin de son second et dernier mandat à la tête du Sénégal. Jusqu’au bout, il aura tenu en haleine ses partisans, ses alliés, une frange de l’opinion publique, les chancelleries étrangères, etc. pour n’avoir pas voulu ou pu répondre à la question fatidique : « c’est oui ou c’est non ? ». C’est pourquoi, à l’énoncé du verdict de la délivrance, certains exulteront de joie et de soulagement car la stabilité politique du pays et de ses institutions en sortirait gagnante. D’autres seront en pleurs, dans la détresse, anticipant une décision qui serait à leurs yeux une porte ouverte à leur déchéance, un début de descente en enfer post-pouvoir. Quelques autres – des militants politiques et/ou de l’orthodoxie de la loi constitutionnelle - crieront victoire ou déception. Après, il faudra ouvrir une autre séquence, celle menant à l’échéance de l’année prochaine.
Macky Sall candidat contre vents et marées de la coalition Benno Bokk Yaakaar ? Une certaine météo journalistique et d’observateurs n’en doute point depuis belle lurette. On en serait alors à l’aboutissement d’une logique assumée de reniement de sa parole écrite et de ses engagements urbi/orbi. Mais cette candidature serait aussi le résultat d’une campagne de médiatisation outrancière visant à la rendre évidente, incontournable, acceptable. Et cela dure depuis trois ans. Alea jacta est ? Peut-être pas !
Le président ne s’est pas encore renié !
Pourtant, depuis le début du feuilleton « ni oui ni non », Macky Sall n’a jamais factuellement renié sa parole de ne faire que 2 mandats. La promesse tient toujours. C’est le brouillage des signaux pouvant éclairer sa décision ultime qui s’est accentué. A Paris dernièrement, Le « Je » présidentiel a laissé place au « Nous » collectif. Le « Faire poursuivre » lâché samedi au palais en présence des élus et maires favorables à sa candidature est venu supplanter « Mon ambition » déclamé ailleurs à maintes reprises. Auparavant, son « J’assumerai ce choix » (ndlr : d’être candidat ou non) prononcé lors de la clôture du dialogue national reste interprétable sous mille et un angles. A quel Macky se fier ?
Jusqu’ici, Benno Bokk Yaakaar s’est livrée pieds et poings liés au président de la République., sa seule constante. Ps, Afp, Ld, Pit, alliés de taille d’origine dont personne ne sait ce qu’ils pèsent après onze ans de participation au pouvoir, ont été rejoints bien plus tard par d’autres partis et mouvements aussi lilliputiens qu’opportunistes attirés par « la vision éclairée, sage et pragmatique » du chef de l’Etat. Aujourd’hui, la non candidature de Macky Sall reste une possibilité. BBY s’y est-elle préparée ?
Dans ce cas, le porteur des ambitions de la coalition présidentielle ne serait que celui que Sall aura choisi et désigné dans son propre camp, sur un contingent limité de ‘’soldats’’ prêts à relever le défi. Il serait Macky-compatible à 200% à tous les niveaux, du moins dans la phase de préparation de sa candidature et de sa montée en puissance éventuelle. Il assumerait la totalité du bilan (actifs et passifs) de douze ans de gouvernance parce qu’il en serait comptable de fait et de droit à une ou plusieurs stations de décision du gouvernement et de l’Etat. Il serait un candidat sous tutelle dont les marges de manœuvre dans des fonctions présidentielles éventuelles seraient déterminées de commun accord avec son mentor. Il pourrait bien accepter d’être un « Dimitri Medvedev », du nom de cet ancien premier ministre que Vladimir Poutine fit élire président de la Fédération de Russie entre 2008 et 2012 pour lui « garder » le fauteuil présidentiel après deux mandats consécutifs. Le verrouillage du profil idéal ne réglera pas tout. Qui serait l’élu du parrain ?
Successeurs potentiels ?
Dans la galaxie Macky, ils ne sont pas légion.
Si vous pensez à Mahammed Boun Abdallah Dione, l’ancien premier ministre, ex directeur de cabinet puis envoyé à l’ombre (pour le préserver ?), il est question d’un « ami intime » que le chef de l’Etat aurait moult fois supplié de rentrer au bercail, à l’entame de sa présidence en 2012. Ancien de la Bceao et de l’Onudi, Dione se veut maintenant un porte-drapeau de la « souveraineté » de l’Afrique, ainsi qu’il le clame dans l’ouvrage qu’il vient de publier : « Le lion, le papillon et l’abeille. »
A Abdoulaye Daouda Diallo ? On fait référence à un fidèle d’entre les fidèles, une sorte d’avatar dont la loyauté irait jusqu’au ‘’suicide’’ pour les beaux yeux du mentor. Bref directeur de cabinet du président, il trône depuis avril 2023 à la tête du Conseil économique social et environnemental (Cese) comme 3e personnalité de l’Etat. Une promotion qu’il aurait saluée comme étant plus conforme à sa stature de pilier du régime. En attendant mieux ?
A Amadou Bâ ? On pense au premier ministre actuel, contraint de faire le dos rond, pour le moment. Une carte qui ne déplairait pas à la France en cas de nécessité, parait-il. Bretteur autant sympathique qu’impitoyable si des circonstances l’exigent, mais soupçonné par des cercles APRristes de dérouler un double jeu visant à le faire apparaître plus consensuel et moins radical que Macky Sall, notamment en ce qui concerne l’ouverture du jeu politique.
On penserait bien à Antoine Félix Diome et Ismaïla Madior Fall. Le ministre de l’Intérieur et son collègue de la Justice ont été les grands exécutants de la politique agressive du chef de l’Etat à l’endroit de ses opposants de la coalition Yewwi askan wi à travers les services de police et la magistrature dont le Parquet. Deux identités remarquables que Macky Sall peut considérer comme encore utiles pour la suite des événements, à moins qu’ils ne soient plus jugés aptes à servir encore dans une séquence nouvelle.
Candidature problématique
BBY aura donc son candidat à la présidentiel de février 2024, un « Bébé-Macky » qui sortirait de la manche présidentielle comme l’inattendu Amadou Mame Diop est sorti du chapeau du palais en devenant président de l’Assemblée nationale en septembre 2022. Mais l’Assemblée nationale n’est pas la présidence de la République !
Stratège du secret, verrouilleur de ses propres réseaux, casseur de dynamiques politiques dangereuses pour sa tranquillité, Macky Sall est resté maître du jeu politique sénégalais en étant pendant plus d’une décennie le dénominateur commun exceptionnel de cette « vieille » classe politique (gauche et social-démocrate) aux affaires depuis plus d’un demi-siècle. Seule l’éclosion grandiose d’Ousmane Sonko et de la coalition Yewwi askan wi a pu contrarier sa toute puissance souveraine par des percées électorales inédites qui ont équilibré le jeu politique. Sa légitimité n’en est pas sortie indemne, ébranlée par les événements violents de juin et les dizaines de jeunes gens tués sur le champ des contestations politiques. Un boulet aux basques d’une candidature dangereuse pour le pays.