La problématique du remaniement ministériel est en train de devenir un vrai casse-tête pour Macky Sall qui se doit de jouer, avec Amadou Ba, les équilibristes pour éviter que des personnalités du régime actuel puissent rejoindre un autre candidat que le Premier ministre ou même une autre coalition en cas de départ du gouvernement.
Ce gouvernement à fort accent politique doit constituer une équipe solide autour du Premier ministre amadou Ba, candidat de Benno Bokk Yaakaar en vue de la Présidentielle de 2024, dit-on au niveau de la majorité présidentielle. De grosses pontes sont sur la liste des personnalités qui doivent quitter le gouvernement.
Mais du côté du palais sis à l'avenue Léopold Sédar Senghor, ce remaniement ne serait pas un long fleuve tranquille. Selon la tradition républicaine, si le Premier ministre est reconduit dans ses fonctions (7 octobre), la sortie de la liste des ministres est souvent publiée dans les 48 heures. Dans ce cas précis, l’exercice a pris beaucoup de retard. Pourquoi ? ‘’C’est la question principale’’, confie-t-on. La nouvelle composition de l’équipe gouvernementale buterait sur le sort de certains ministres occupant des postes clés. Les proches du Premier ministre souhaiteraient une équipe de fidèles autour du candidat Amadou Ba, alors que du côté de la présidence de la République, on songe aussi à préserver les équilibres politiques au sein de l’APR et plus largement de Benno.
Amadou Ba aurait-il refilé la patate chaude à Macky Sall ?
Ce long délai peut être aussi interprété comme un moyen de faire aboutir des tractations rudes entre l’actuel Premier ministre Amadou Ba et le président Macky Sall. Ce dernier ne souhaiterait ‘’ni affaiblir Amadou Bâ ni son camp’’. D’après nos sources, le président est resté travailler jusque tard le soir au palais de la République. Peut-être pour mettre les dernières retouches à la liste du nouveau gouvernement.
Y a-t-il des frictions entre le palais et la primature concernant ce nouvel attelage gouvernemental ? Amadou Ba dispose-t-il des coudées franches pour mettre en place sa propre équipe ? Autant de questions qui pourraient trouver leurs réponses à court terme d’ici demain, au regard de l’ampleur ou non des changements dans l’équipe gouvernementale, à moins de cinq mois des élections.
EXCLUSIF SENEPLUS - La circulation pourrait être une comédie si elle n'était pas si tragique. Ailleurs, on construit des autoroutes pour gagner du temps, au Sénégal, on le fait pour en perdre. Nous construisons notre pays, mais le développons-nous ?
Le Sénégal, avec environ ses 18 millions d'habitants et son million de voitures, vibre d'une énergie indéniable, et Dakar, sa capitale, en est le reflet vibrant. Sur ses 83 km², la ville s'étale dans toute sa splendeur, sa diversité, sa pollution, et sa modernité. Dotée d'autoroutes modernes, de ponts innovants, et d'autoponts de dernière génération, la presqu'île semble être parfaitement équipée pour revendiquer son statut de métropole africaine de premier plan.
Cependant, du lundi au vendredi, entre *7h et 13h*, ainsi qu'entre *17h et 20h*, il est pratiquement impossible de circuler sans se retrouver pris au piège d'embouteillages-monstres s'étirant sur des kilomètres de route.
L’une des premières causes de la circulation à Dakar réside dans l'indiscipline notoire des conducteurs, la clémence des autorités, et l'encombrement humain sur les routes.
Dakar, capitale africaine des bouchons ? Pas loin du top 10. Et, la question n'est plus de savoir : *"vais-je être en retard ?" mais plutôt "à quel point vais-je être en retard aujourd'hui ?"*
Le matin, c'est une "course à la sudation" pour ceux qui luttent désespérément pour arriver à l'heure au travail, tandis que le soir, c'est un véritable "rallye de tortues" pour rentrer chez soi.
On dit souvent que l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, mais à Dakar, il semble que l'avenir sourit davantage à ceux qui ont des relations haut placées, ceux qui se réveillent tôt le font pour échapper à l’enfer des embouteillages.
Selon les dernières statistiques, un Dakarois perd en moyenne plus de *80 heures chaque année* en raison des embouteillages, ce qui équivaut à une perte de temps totale de *312 millions d'heures* par an. Soit une perte cumulée de *100 milliards de francs CFA* par an. Il est évident que nous construisons notre pays, mais le développons-nous réellement ?
Nos autoroutes, conçues pour fluidifier la circulation, ressemblent plutôt à des tapis roulants à l'arrêt. Sur nos routes faites d’enrobé dense, nous restons immobiles pendant des heures, tandis que la sueur perle à grosses gouttes dans nos véhicules.
Plus nos autorités construisent de ponts modernes et de chaussées dernier cri, plus il semble que les embouteillages deviennent un mode de vie pour les Dakarois.
Il semblerait que nos automobilistes, parfois nostalgiques des temps anciens, préféreraient retrouver les routes poussiéreuses et pittoresques d'antan.
La circulation à Dakar pourrait être une véritable comédie si elle n'était pas si tragique. Les routes sont devenues les acteurs principaux, et nous, les citadins, sommes devenus les spectateurs résignés de chaque "bouchon", observant avec résignation, entre chevaux surchargés et motocyclistes déjantés, notre jauge d'essence baisser plus vite que notre moral.
En tant qu'usagers, il est grand temps que nous exigions de nos autorités publiques, un véritable plan de circulation pour remédier à cette "crise routière".
Chez nos voisins, par exemple, il est interdit aux poids lourds de circuler aux heures de pointe, une mesure qui pourrait grandement soulager notre quotidien.
Il est vraiment grand temps que nous prenions des mesures sérieuses pour réduire ces embouteillages-monstres qui nous font perdre du temps, de l'énergie, et de la sueur chaque jour.
Ailleurs, on construit des autoroutes pour gagner du temps, au Sénégal, semble-t-il, on le fait pour en perdre.
Or, disent nos frères ivoiriens, [autres habitués des embouteillages], "le plus grand voleur de tous les temps est celui qui vous vole votre temps".
Dr. Cheikh Omar Diallo, un usager marri et contrit.
PAR Ciré Clédor Ly
LE PROCÈS DE ZIGUINCHOR ET L'ENGAGEMENT DU PEUPLE SÉNÉGALAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - La justice sénégalaise sera-t-elle à la hauteur pour que ne soit pas faussée la volonté populaire et sapés les fondamentaux de la démocratie et de l'État de droi ?
La justice sénégalaise sera-t-elle à la hauteur pour que ne soit pas faussée la volonté populaire et sapés les fondamentaux de la démocratie et de l'État de droit, les seuls garants de la paix et de la stabilité ?
Nul doute que la justice reste et restera un idéal pour chaque individu et pour l'humanité, mais ce sont des femmes et des hommes magistrats qui rendent toujours compte à l'histoire, et parfois de leur vivant, de ce qu'ils ont fait de leur vie pour leur peuple dans la traque de cet idéal.
Il est des instants de l'histoire d'un peuple où ce dernier reprend de ses mandataires tout le pouvoir, lorsque la justice faiblit et n'est que parodie.
Le procès de Ziguinchor est important, mais il sera loin de trancher définitivement la radiation arbitraire de monsieur Ousmane Sonko des listes électorales et sa participation à l’élection du 25 février 2025 car, dans la pyramide judiciaire, tous ne miseront pas sur le passé, car ceux qui se battent contre le destin du peuple sénégalais aspirant à la liberté, à l'indépendance, à la souveraineté et à l'unité africaine, appartiennent au présent et à l'avenir.
Les regards sont tournés vers Ziguinchor et toutes les oreilles sont tendues vers la région de Casamance, une région symbole de la résistance au colonialisme, réfractaire à toute forme d'injustice, et génitrice d'hommes et de femmes qui n'ont jamais reculé devant les balles et les chars ennemis. Le colon ne me démentira pas.
Le monde s'accorde sur l’impérium de ses lois, même si celles-ci sont souvent transgressées par ceux à qui le peuple a confié en toute innocence son patrimoine commun, la force publique et le pouvoir de décision.
La justice est un pouvoir dont le rôle est de rétablir les équilibres désarticulés ou rompus. Elle est au-dessus de la mêlée et égale pour tous .
Il n'existe qu'une seule force à laquelle le juge intègre est soumis : la loi, qui est l'expression de la volonté populaire et la justice devrait toujours être rendue au nom du peuple.
Il est donc du devoir de chaque individu de s'intéresser à l'exercice du pouvoir, à la distribution des ressources confiées à l'exécutif, à l'application de la loi par les juges, ainsi qu'à la bonne administration de la justice par ces derniers.
Les Sénégalais, où qu'ils se trouvent dans le monde, ainsi que la communauté internationale, vivent des moments où l’administration sénégalaise mise en place par le seul pouvoir exécutif, déroule son agenda électoral, avec la volonté têtue et obstinée de ne pas organiser des élections inclusives, notamment avec la participation du leader de l'opposition, la personne la plus aimée, la plus populaire, et porteuse d'un projet de société africain libérateur de l'impérialisme et de tout hégémonisme.
Le temps des danses endiablées des affairistes, des oligarchies financières et maraboutiques, et militaires, ainsi que des compradores, ces liens ombilicaux avec ceux qui étouffent l'Afrique et la saignent à blanc, appartient au passé.
Gageons que ceux qui en doutent encore auront un réveil brutal.
Ciré Clédor Ly est avocat à la Cour, Dakar, Sénégal.
La nouvelle série «Gaal Gui» (la pirogue) met le focus sur les défis liés à l’immigration clandestine. L’œuvre retrace le destin de Fodé et Bathie, deux personnages tourmentés par les épreuves de la vie à Dakar
«Gaal Gui» est une série dans l’air du temps. Elle évoque un sujet d’actualité et de société : l’immigration clandestine. Ce phénomène a atteint, aujourd’hui, un niveau préoccupant. Chaque jour ou presque, des hommes et femmes empruntent l’océan et le désert dans le but de vouloir atteindre, à tout prix, les côtes occidentales ou l’Amérique. La recrudescence de ces départs illégaux ne trouve toujours pas des explications plausibles dans l’opinion. La nouvelle série «Gaal Gui» lève un petit coin du voile sur ces voyages qui s’organisent souvent dans le plus grand secret et la clandestinité. Cela, en offrant un aperçu captivant de l’histoire de Bathie et Fodé, deux jeunes Sénégalais aspirant à une vie meilleure à l’étranger. La narration est ancrée dans le contexte de Dakar, mettant en évidence les réalités complexes de la jeunesse africaine d’aujourd’hui. Pauvreté, promiscuité, oisiveté…tout un chapelet de maux et de difficultés qui rongent le quotidien de ces jeunes âmes.
La pertinence et l’intérêt de cette série résident dans le fait qu’elle cherche à trouver une réponse sur les causes de cette immigration massive. «Nous avons remarqué, comme tout le monde, que ces derniers temps, il y a beaucoup de jeunes qui partent, qui fuient le pays. Dans la série, nous avons cherché à savoir pourquoi les gens veulent coûte que coûte partir», soutient le réalisateur Babacar Sy. Selon lui, le projet leur a pris trois ans. M. Sy explique ces départs par un sentiment de désespoir qui anime les jeunes. Face à la pression sociale, note-t-il, la jeunesse est obligée de fuir.
Entre désespoir et espérance, ces candidats rêvent d’un ailleurs meilleur où «leurs droits et valeurs seront préservés». «Au Sénégal, tout tourne autour de l’argent. On prend les gens pour ceux qu’ils ont et non pour ce qu’ils sont», avance le réalisateur Babacar Sy.
La série «Gaal Gui» a été produite par le comédien Mahfousse et tournée dans le populeux quartier de Yarakh. La première saison comprend 20 épisodes.
Les deux personnages principaux du film Bathie et Fodé ont un point commun : la déception.
Fodé a perdu l’amour de sa vie qui a choisi de se marier avec un Sénégalais établi en Espagne. Bathie voit son rêve de devenir footballeur professionnel se briser après que son entraîneur lui a refusé la sélection pour une finale.
«Gaal Gui» est une série qui arrive à son heure et aide les autorités et institutions à caractère humanitaire à comprendre les véritables causes de l’immigration clandestine.
LA GAUCHE, DE TÉNORS À FAISEUSES DE ROI
La question du choix du candidat de la coalition BBY semble avoir entériné la place des forces progressistes PS, AFP, LD au sein de la coalition au pouvoir qui, plus que des partis alliés, semblent être devenues des partis alignés sur l’APR
La désignation d’Amadou Ba comme futur candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) à la présidentielle 2024, semble avoir ravi les partis alliés de la gauche. Qui, une nouvelle fois, ne présenteront pas de candidat à une élection présidentielle. Les forces progressistes ont décidé de mettre en berne leurs ambitions de conquête du pouvoir, au profit de la dynamique unitaire de BBY.
La question du choix du candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) semble avoir entériné la place des forces progressistes PS, AFP, LD au sein de la coalition au pouvoir qui, plus que des partis alliés, semblent être devenues des partis alignés sur l’Alliance pour la République. Aucun des candidats désignés dans la short-list n’est issu des forces de gauche qui apparaissent désormais comme des chambres d’enregistrement de l’APR.
La volonté affichée par Jean-Baptiste Diouf, maire socialiste de Biscuiterie-Grand Dakar, de se présenter à la Présidentielle, apparaît comme un coup d’épée dans l’eau. La secrétaire générale du Parti socialiste Aminata Mbengue Ndiaye, présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) dans l’émission “Point de Vue” de la Radiotélévision sénégalaise (RTS) dimanche dernier, a bien réaffirmé son soutien total au choix du chef de l’État Macky Sall. D’après nos sources, des responsables socialistes tentent de faire revenir le maire Jean-Baptiste Diouf dans les rangs.
Moustapha Niasse, secrétaire général de l’AFP et vice-président de la Conférence des leaders de BBY, apparaît aussi comme une caution devant faire croire que le choix porté sur Amadou Ba découle de la coalition plutôt que de l’APR. Le patron des progressistes, qui a auditionné les prétendants à la succession de Macky Sall, apparaît comme un lot de consolation aux partis alliés qui peinent à exister au sein de Benno.
Ce déclin progressif des forces de gauche à la remorque de l’APR, semble être le fruit du long compagnonnage avec les marrons beiges qui a finalement érodé la capacité de mobilisation et de représentativité des partis de gauche PS, AFP, LD, AJ/PADS, PIT issus de la dynamique Benno Siggil Sénégal de 2008.
Une gauche en perte d'idéologie et d’identité
Si, pendant un temps, des personnalités de gauche, dont feu Amath Dansokho, feu Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse, Abdoulaye Bathily et Landing Savané ont joué les premiers rôles au sein de la mouvance présidentielle, au fil des années, la volonté hégémonique de l’APR a fini par les cantonner à un rôle de chambre d’enregistrement du parti au pouvoir. Des partis alignés qui se contentent désormais de préserver leurs quotas de postes ministériels ou de nominations dans les institutions de la République. Niasse (Assemblée nationale) et Aminata Mbengue Ndiaye (HCCT).
Cette état de fait pousse un leader de la gauche à souligner que les forces progressistes ont troqué les idéologies au profit des postes ministériels. L’ouverture vers d’autres forces issues de la galaxie libérale comme le PLD/Suxali Sénégal d’Oumar Sarr et Cie, l’Union des centristes du Sénégal (UCS) d’Abdoulaye Baldé et Rewmi d’Idrissa Seck ont accentué ce sentiment de marginalisation au sein de la nouvelle majorité présidentielle élargie depuis 2020.
L’entrée du parti d'Aïssata Tall Sall (Osez l’avenir) d’obédience socialiste ne réussit pas à contrebalancer ce sentiment ambiant d’une sorte de retrouvailles de la grande famille libérale.
La nomination d’Amadou Ba comme futur candidat de Benno en 2024 marquera l’histoire politique de notre pays, depuis la première alternance. Ainsi, pour un second scrutin présidentiel, les grands partis de gauche comme la LD, le PS et l’AFP ne présenteront pas de candidats. Ce qui risque de provoquer un assèchement du terreau idéologique et programmatique au sein de ces partis.
Ainsi, sans champion capable de mettre en avant les idées de progrès et de justice sociale, ces partis de gauche sont obligés d’être à la remorque de l’agenda néolibéral défendu par l’APR autour de son Plan Sénégal émergent (PSE). Ce rôle de faire valoir les a empêchés de constituer un pôle de changement au service d’une politique plus sociale. Même si le dernier gouvernement d’Amadou Ba a connu une inflexion sociale, avec l’accent mis sur le volet du pouvoir d’achat, la baisse du loyer et l’emploi, le substrat libéral figure toujours en bonne place dans la politique économique du régime de Macky Sall.
Selon Moussa Diaw, enseignant-chercheur à l’université Gaston Berger, l’absence de la gauche dans le débat concernant la hausse des prix des denrées de première nécessité et de la demande sociale démontre l’état de déliquescence des forces de gauche au Sénégal incapables de s’imposer comme alternatives en 2024.
La guerre des couleurs entre le Parti socialiste et Taxawu Sénégal
Ce manque d’ambition politique dans une coalition aussi hétéroclite a poussé de jeunes leaders issus de cette mouvance socialiste et progressiste à vouloir prendre leurs distances. De ce fait, les scissions de Taxawu Sénégal et Osez l’avenir du PS, du Grand parti de l’AFP et de la LD/Debout de la LD témoignent d’une perte d’identité de la gauche.
La gauche sénégalaise est largement plurielle avec diverses obédiences allant du socialisme progressiste au trotskisme, en passant par le panafricanisme. Fort de ce constat, une candidature de Khalifa Sall à la Présidentielle pourrait s’avérer désastreuse pour le Parti socialiste (PS), en récupérant une partie de son électorat.
Consciente du danger, la patronne des socialistes, Aminata Mbengue Ndiaye, a décidé de déclencher les hostilités autour des couleurs de Taxawu Sénégal. Pour elle, le vert et le rouge sont l’apanage du Parti socialiste. Elle ne va pas tolérer que Khalifa Sall et ses camarades, considérés comme des dissidents du PS, s’approprient les couleurs socialistes en vue du scrutin de février 2024, a-t-elle fait savoir sur le plateau de ‘’Point de Vue’’ sur la RTS.
Ces batailles de clocher ont-elles un impact sur la nouvelle génération des militants de gauche qui se sont plus reconnus dans des mouvements comme Taxawu Sénégal de Khalifa Sall (PS), Grand parti (AFP) et LD/Debout ?
Décomposition de la gauche et travail de sape de l’APR
Pour Pape Sarr, secrétaire général par intérim de la LD/Debout, cette décomposition de la gauche sénégalaise s’explique par le travail de sape du régime actuel qui concourt à déstructurer les formations de gauche en perte de vitesse. ‘’Il faut reconnaître, ces dernières années, que la gauche a reçu beaucoup de coups de la part des régimes de Wade et de Macky Sall. Ces régimes avec divers procédés financiers et politiques sont entrés dans les organisations de gauche pour les casser. Ils sont passés par les personnalités de gauche qui ont été sensibles à leur approche et cela a eu des répercussions sur toutes les formations politiques’’, a-t-il déclaré dans nos colonnes en avril 2022.
Pour le politologue Dr Moussa Diaw, cette situation de la gauche sénégalaise ne permet pas de poser les jalons d’un projet politique susceptible de constituer une alternative politique crédible pour 2024. ‘’La gauche sénégalaise a joué un rôle dans les changements politiques et la consolidation de la démocratie au Sénégal. Depuis l’ère des coalitions, on a une partie des forces de gauche qui est intégrée dans la mouvance présidentielle (Benno Bokk Yaakaar) et une autre en marge de cette même coalition. Les forces progressistes ont du mal à trouver leurs marques, car elles n’ont pas été associées à la mise en œuvre du PSE. La gauche ne fait qu'avaliser la politique gouvernementale sans être associée aux grandes orientations de la coalition’’, avait déclaré l’enseignant-chercheur de l’UGB dans nos colonnes.
Unité de la gauche
Et pourtant, en février dernier, plusieurs partis et organisations de la gauche sénégalaise avaient exprimé leur souhait d’unité de la gauche : AFP, AJ/PADS/A, APL/ Dog Buumu Gacce, BDS, BPS, CNNO, Galaxie Communautaire, LD, M2R, MRG, MPCL, Niaxx Jarinu/MAG, NPVR, PIT, PS, RES/Les Verts, RSD/TDS, RTA/S, SÔR, UDF/Mbooloo Mi et URD. Ces forces communistes, socialistes, socio-démocrates, nationalistes, écologistes révélaient leur volonté de construire une nouvelle Gauche plurielle, unie, démocratique, laïque et panafricaniste, ouverte et inclusive, autour des conclusions des Assises nationales avec un discours nouveau et des méthodes nouvelles.
En effet, elles avaient le constat que les organisations se réclamant de la Gauche, à cause de leur division, se sont retrouvées trop faibles pour pouvoir peser sur le cours politique de notre pays. Elles soulignaient, dans un texte intitulé : « Appel, Groupe d’initiative pour les assises de la gauche plurielle’’, que l’unité de la Gauche est devenue, aujourd’hui, une urgence, un impératif catégorique. ‘’Le contexte international et africain actuel, les récents développements inquiétants de notre situation nationale, constituent un motif supplémentaire et suffisant pour les forces de Gauche de se retrouver. Elles sont condamnées à réaliser leur unité afin d’être en mesure de jouer pleinement le rôle qui est attendu d’elles. Face à cette situation, elles sont appelées à prendre leurs responsabilités », indiquaient les signataires.
Elles entendaient ainsi organiser les Assises de la Gauche plurielle sur la base de termes de référence consensuels, afin de créer une vaste organisation des partis et mouvements de la Gauche plurielle. Des Assises qui devraient être l’occasion d’aborder toutes les questions politiques, juridiques, économiques, sociales et culturelles qui agitent le pays.
‘’C’est le lieu, poursuivaient les signataires de l’Appel, de souligner avec force que l’unification souhaitée, pour être féconde et porteuse, devra s’appuyer sur les idéaux, les valeurs et les principes de Gauche comme la générosité, l’humanisme, la solidarité, le partage, la justice sociale, l’égalité, le refus de l’oppression et de l’exploitation ainsi que la défense des couches défavorisées’’.
Apparemment, ces retrouvailles sont remises à plus tard. En attendant, les partis de gauche vont essayer d’être des faiseurs de roi.