Si le front intérieur est en ébullition face aux intentions encore tues du président de la République de briguer ou non un 3e mandat, au plan international, les manœuvres directes et indirectes se multiplient pour en dissuader Macky Sall.
Si le front intérieur est en ébullition face aux intentions encore tues du président de la République de briguer ou non un 3e mandat à la tête du Sénégal, au plan international, les manœuvres directes et indirectes se multiplient pour en dissuader Macky Sall.
Selon des informations révélées par Africa Intelligence, le président de la République Macky Sall s’est entretenu avec l’ancien président américain Barack Obama, au sujet de la Présidentielle de février 2024 et d’une éventuelle troisième candidature. L’ancien locataire de la Maison-Blanche aurait fait part de ses préoccupations et de celles du gouvernement américain sur les conséquences d’une nouvelle participation de Macky Sall au scrutin présidentiel, au moment où les tensions sociales et politiques s’accumulent.
Une sollicitation qui se fonde sur les belles relations entre les deux hommes. Le Sénégal est devenu le principal allié des Américains en Afrique francophone. Le 20 janvier 2023, Janet L. Yellen, secrétaire au Trésor américain, a choisi Dakar pour prononcer un important discours sur la politique américaine en Afrique afin d’aider le continent ‘’à construire une économie plus résiliente qui profite aux Africains, aux États-Unis et au monde entier’’.
Obama avait tout dit en 2015
En interpellant Macky Sall, Barack Obama, qui a donné, en juillet 2015, le premier discours d’un président américain au siège de l’Union africaine, reste sur sa logique, lorsqu’il interpelle les présidents africains. ‘’Les progrès démocratiques en Afrique sont en danger quand des dirigeants refusent de se retirer une fois leur mandat terminé. Laissez-moi être honnête avec vous. Je comprends ! Je suis privilégié de servir comme président. J’adore mon travail, mais notre Constitution ne me permet pas de me présenter à nouveau. Je pense que je suis un bon président ! Si je me représentais, je pense même que je pourrais gagner ! Mais je ne peux pas… Personne n’est au-dessus de la loi, même le président. Je vais être honnête avec vous. J’ai une vie après la présidence’’, sensibilise le président américain qui effectue alors son second mandat à la Maison-Blanche.
Ce discours prononcé trois ans après l’arrivée au pouvoir de Macky Sall décrit pourtant ce qu’est en train de vivre le Sénégal en 2023. L’ancien sénateur de l’Illinois alertait déjà : ‘’Lorsqu’un dirigeant essaie de changer les règles au milieu de la partie pour rester en poste, il s’expose à l’instabilité et à la discorde. La démocratie n’est pas seulement la tenue d’élections. Quand des journalistes sont emprisonnés parce qu’ils ont fait leur travail ou des activistes parce qu’ils ont défendu leurs idées, vous avez peut-être une démocratie sur le papier, mais pas en substance.’’
Les rapports ‘’épinglant’’ le régime se multiplient
Ces complaintes ont été dénoncées hier lors du rassemblement du F24, une plateforme regroupant des organisations politiques et de la société civile. Un rapport du think tank Afrikajom Center, intitulé ‘’Le Sénégal : un modèle démographique en déclin’’, dénonce de graves reculs démocratiques dans le pays. Le Sénégal a perdu une trentaine de places dans le dernier classement de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse. Amnesty International, Human Rights Watch…
Avant Barack Obama, le président de la République française avait tenu la même posture à l’endroit du chef de l’État sénégalais. Emmanuel Macron aurait également tenté de dissuader Macky Sall, si l’idée lui venait de tenter un troisième mandat, d’y renoncer. À la place, une carrière internationale très intéressante pourrait s’offrir à lui.
Macky Sall, un profil parfait pour une carrière internationale
En effet, son passage à la tête de l’Union africaine en 2022 a été salué comme une grande réussite. Son successeur à la tête de cette institution, Azali Assoumani, président de l'Union des Comores, l’a d’ailleurs bien souligné : ‘’Il ne sera pas facile de lui (Macky Sall) succéder, mais je ferai de mon mieux pour poursuivre son travail et, entre autres, en privilégiant, comme il a toujours su le faire, le dialogue, l'écoute et le rassemblement, conditions indispensables pour faire ce mandat celle de la réussite de notre continent.’’
Au plan mondial, son plaidoyer pour l’acquisition de vaccins contre la Covid-19, les moratoires sur la dette africaine, son intervention sur la libération des céréales et les engrais coincés dans le conflit russo-ukrainien, l’implantation d’agences de notation africaine, etc., sont autant de cordes qui peuvent s’ajouter à son arc. Aussi, il se murmure que Washington et Paris souhaiteraient faire du président sénégalais un symbole de lutte contre le troisième mandat en Afrique de l’Ouest.
Encore loin de tout ça, Macky Sall maintient le flou sur ses intentions en se réfugiant derrière son fameux ‘’ni oui ni non’’. Toujours selon les informations d’Africa Intelligence, le président sénégalais invoque le contexte régional instable (terrorisme, coups d’État militaires) et le désir de chefs d’État de la sous-région de le voir continuer à la tête du pays. Le troisième mandat du président ivoirien Alassane Ouattara est-il un bon exemple ? L’homme fort d’Abidjan n’avait pas en face de lui un opposant aussi populaire qu’Ousmane Sonko, le principal adversaire de Macky Sall.
Le président sénégalais se réfugie derrière le contexte sous-régional
Depuis plusieurs mois, l’équipe autour du président ne cache plus son intention de voir Macky Sall tenter un troisième mandat. S’il a invité à un dialogue autour de la situation politique et sociale du pays, certaines indiscrétions suggèrent qu’il attend les conclusions pour officialiser sa candidature. À moins que la communauté internationale l’en dissuade.
PHILIPPE DIALLO, FAUX INTERMITTENT, VRAI SUCCESSEUR
Présenté comme un intermittent en charge de gérer la crise de gouvernance de la fédération, Philippe Diallo va probablement être reconduit dès l’AG du 10 juin prochain, avec l’approbation du comex.
Présenté comme un intermittent en charge de gérer la crise de gouvernance de la fédération, Philippe Diallo va probablement être reconduit dès l’AG du 10 juin prochain, avec l’approbation du comex. Si ni son parcours ni son profil ne ressemblent à celui de Noël Le Graët, il incarne malgré tout la continuité de l’ancienne FFF.
Une actualité chasse l’autre. La FFF ne fait plus les gros titres, et les affres du PSG monopolisent l’attention des réseaux sociaux. L’occasion rêvée pour le comex et son petit monde de gens de bonne compagnie de reprendre tranquillement le cours de leur paisible vie de notables du foot, comme si de rien n’était ou surtout rien ne devait être changé. Philippe Diallo avait été nommé président (il était déjà vice-président) par intérim lorsqu’il a fallu remplacer Noël Le Graët au moment où ce dernier acceptait enfin de quitter son poste.
Une démission finalement consentie le 28 février après une mise en retrait le 12 janvier, un sacrifice pour « la famille » afin de calmer l’État et surtout éloigner la tempête médiatique. Une standing ovation plus tard et quelques larmes d’émotion essuyées devant les caméras, son successeur rentrait aisément dans le costume pour expédier les affaires courantes. Il devrait finalement se voir intronisé jusqu’à la fin de l’actuel mandat, en décembre 2024. Le personnage reste peu connu du grand public. Son image demeure encore celle d’un gestionnaire, d’un cadre propre sur lui, d’un homme issu du foot pro, mais celui des réunions dans des bureaux confortables où l’on apporte le café sur la table.
Il connaît ainsi fort peu les problèmes des clubs amateurs, apparemment pas un handicap dans une FFF qui ne semble se préoccuper que des sélections nationales. Pour calmer éventuellement les ronchons d’en bas, les deux sièges manquants au comex – dont celui de Jamel Sandjak, président de la Ligue Paris-Île-de-France, seul démissionnaire de l’ancienne équipe élue sur la liste présentée par Noël Le Graët – devraient échoir à des représentants des districts. Rien qui ne puisse inquiéter Philippe Diallo. Pas plus d’ailleurs que l’éventuel appétit de possibles rivaux autour de la table. Marc Keller, boss du Racing Club de Strasbourg, s’est certes peut-être imaginé un temps endosser les habits du dauphin. Jean-Michel Aulas était souvent pressenti comme un prétendant légitime, avec une aura certaine, au-delà même du seul football. Aucun des deux n’avait clairement l’envie ou l’intention de lancer une guerre de succession, trop précoce au regard du contexte. La FFF ressemble peut-être à un épisode de Game of Thrones, mais écrit par les scénaristes de Plus belle la vie.
Il est illusoire d’espérer un changement
De fait, le maintien de Philippe Diallo constitue en soi un sérieux affront envers le ministère et surtout le fameux rapport de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche. Ce dernier pointait de graves dysfonctionnements, structurels et de gouvernance, au sein de la direction fédérale, dont l’ensemble des membres du comex, Philippe Diallo y compris, étaient comptables et responsables, ne serait-ce que par inaction ou complaisance. Pour l’instant, l’unique victime de ce diagnostic s’appelle Florence Hardouin, virée sans ménagement puis remplacée par un homme du cénacle Jean-François Vilotte (ancien du cabinet de Jean-François Lamour, ministre des Sports sous Nicolas Sarkozy, puis DG à la FFT). Elle va porter le contentieux avec son ex-employeur devant les prud’hommes.
Au-delà de la personne de Philippe Diallo, cette continuité sans remords qui ne dit pas son nom illustre à quel point il s‘avère illusoire d’espérer un changement, une prise de conscience ou un sursaut éthique, de l’intérieur. La FFF ne pourra changer et prendre la mesure des enjeux soulevés ces derniers mois sans une pression politique extérieure ni une transformation de ses statuts ou de ses modes d’élection. Le départ de Noël Le Graët, dont il paraît qu’il est encore fort écouté, notamment par son ancien vice-président, n’est pour l’instant qu’un accident industriel vite corrigé.
VERS LA PROMOUVOIR DES VALEURS OLYMPIQUES EN MILIEU SCOLAIRE
Le Comité national olympique et sportif sénégalais (CNOSS) s’est notamment donné comme objectif majeur de promouvoir les valeurs olympiques en milieu scolaire, avec l’ambition de toucher, d’ici les prochains JOJO de 2026, 11000 établissements scolaires
Kolda, 12 mai (APS) – Le Comité national olympique et sportif sénégalais (CNOSS) s’est notamment donné comme ‘’objectif majeur’’ de promouvoir les valeurs olympiques en milieu scolaire, avec l’ambition de toucher, d’ici les prochains Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) de 2026, 11000 établissements scolaires du Sénégal.
‘’Nous voulons mettre à profit le report des JOJ en 2026 à Dakar, pour faire le tour des régions afin de susciter des activités sportives et aller vers la découverte de talents, mais surtout faire la promotion de l’éducation des valeurs olympiques. Les jeunes seront les responsables de demain et notre rôle c’est d’inculquer des valeurs, comme le respect, le civisme, etc. aux jeunes afin qu’ils puissent assurer la relève dans la paix et la solidarité’’, a déclaré le vice-président du CNOSS, Ibrahima Wade.
En perspective de l’organisation des JOJ 2026 au Sénégal, des responsables en charge de la mise en œuvre de ce grand rendez-vous sportif mondial ont effectué jeudi, à Kolda, une tournée de sensibilisation et de mobilisation des jeunes pour la réussite de l’évènement.
UN COLLECTIF DE CHEFS DE VILLAGE RECLAMENT L’ERECTION DE VELINGARA EN REGION
C’est un refrain à cœur porté en chœur. Les chefs de village de Vélingara, regroupés autour d’un collectif, réclament l’érection de leur département en région. Ils étaient réunis samedi dans un hôtel de Vélingara pour parler d’une seule voix.
C’est un refrain à cœur porté en chœur. Les chefs de village de Vélingara, regroupés autour d’un collectif, réclament l’érection de leur département en région. Ils étaient réunis samedi dans un hôtel de Vélingara pour parler d’une seule voix.
Major El Hadji Aliou Badara Baldé, coordonnateur du collectif des chefs de village de Vélingara : « Quand les populations ont besoin de papiers administratifs au tribunal, elles sont obligées de parcourir des kilomètres pour aller à Kolda. Certains font plus de 300 kilomètres, aller et retour, pour chercher des documents. Ça ne peut plus continuer. Il faut que Vélingara soit érigé en région. C’est la seule solution ».
Kolda et Vélingara sont distants d’environ 134 kilomètres. Pour les habitants de Vélingara commune, le voyage est moins accablant parce que la route nationale 6 ralliant les deux localités est bitumée et droite sur plusieurs kilomètres. Mais pour les populations du département logées dans le Vélingara des profondeurs, c’est la croix et la bannière d’effectuer ce laborieux voyage.
Autre motif, c’est que Vélingara dépasse de loin la population de Kolda en termes de densité. « Avec 374 000 habitants sur une superficie de 574 Kilomètres carrés, le département de Vélingara compte le plus grand cheptel de la région de Kolda. C’est pourquoi, nous sollicitons et voulons que notre département soit érigé en région », adoube le Major Aliou Baldé, un des chefs de village de Vélingara membre du collectif.
LE PREMIER MINISTRE AMADOU BA A SAINT-LOUIS
Le Premier Ministre Amadou Ba effectue une visite à Saint Louis, ce dimanche 14 mai 2023, pour constater le niveau de réalisation de chantiers d’envergure mis en œuvre par l’Etat.
Le Premier Ministre Amadou Ba effectue une visite à Saint Louis, ce dimanche 14 mai 2023, pour constater le niveau de réalisation de chantiers d’envergure mis en œuvre par l’Etat.
Selon un communiqué, à Saint-Louis, le Premier Ministre se rendra tour à tour au quartier Pikine sur le chantier du programme d’assainissement dédié à dix villes ; ensuite à la zone de Khar Yalla sur le chantier du nouveau complexe sportif et les zones inondables. Amadou Ba ira également à Boudiouck à la rencontre des populations victimes de l’avancée de la mer. Au stade Mawade Wade de Saint-Louis, M. Ba assistera à finale de la 23e édition du Drapeau du Chef de l’Etat en Lutte traditionnelle.
Enfin, selon le document, le Premier Ministre présidera également une importante rencontre avec les différents acteurs impliqués dans la réalisation du Centre Hospitalier National Alioune Badara Cissé d’un coût de 72 milliards FCfa.
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LE SENEGAL EN FINALE
L'équipe du Sénégal a décroché sa qualification pour la finale de la Coupe d'Afrique des Nations des moins de 17 ans, en battant le Burkina Faso, dimanche, aux tirs au but.
L'équipe du Sénégal a décroché sa qualification pour la finale de la Coupe d'Afrique des Nations des moins de 17 ans, en battant le Burkina Faso, dimanche, aux tirs au but.
Les lionceaux se sont imposés (1-1, TAB 5-4) à l'issue des tirs au but.
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PENC ET VILLAGES TRADITIONNELS DE DAKAR, UN PATRIMOINE ARCHITECTURAL ET CULTUREL A SAUVEGARDER
La célébration de la Journée du patrimoine africain, la semaine passée, au Monument de la Renaissance africaine, a été une occasion de plancher sur la place et l’avenir des « penc » (places publiques) et villages traditionnels de Dakar.
La célébration de la Journée du patrimoine africain, la semaine passée, au Monument de la Renaissance africaine, a été une occasion de plancher sur la place et l’avenir des « penc » (places publiques) et villages traditionnels de Dakar. Dans une ville où la modernité bouscule la tradition, ce patrimoine architectural et culturel peine à exister du fait d’une urbanisation difficilement contrôlable due à un boom démographique exponentiel. Aujourd’hui, il urge de « réhabiliter ces vestiges, en les habillant de neuf tout en respectant leur authenticité ».
Mbot, Thieudème, Santhiaba, Mbakeundeu, Beugnoul, Tioundeu, Ndieuw, Tefessou biir, Khounteuma, Ndingala, Nguediaga… A un néophyte, l’évocation de ces sites ne dira peut-être rien. Mais pour la communauté léboue, ils représentent toute une histoire, un patrimoine. Ces « penc » (places publiques) et villages traditionnels, éparpillés pour la plupart au cœur de la capitale sénégalaise, sont symboles de pérennité et de stabilité de cette communauté installée depuis 1700 sur la presqu’île du Cap-Vert. Ces espaces leur permettaient de discuter, de juger, de prendre des décisions …
La journée du patrimoine africain, organisée par la Direction du patrimoine culturel (Dpc) et le Monument de la Renaissance africaine, en partenariat avec l’Entente des mouvements et associations de développement (Emad) et le Collectif de Tankk (Ngor, Ouakam, Yoff), a été une occasion pour Abdou Khadre Gaye, président de l’Emad, de revisiter l’histoire de ces « penc » et quartiers traditionnels. Selon lui, c’est avec l’arrivée, à Dakar, des Français qui voulaient coûte que coûte occuper le haut du Plateau que la structuration des « penc » a commencé à connaître des bouleversements. « En 1790, Ndakarou s’est libéré du Cayor et pendant 40 années a traité d’égal à égal avec les Français installés à Gorée. En 1857, le capitaine de vaisseau Protet planta le pavillon tricolore à Bayé, actuelle place de l’Indépendance, où il aménagea un fort. Les « penc » se retrouvaient à l’époque à la pointe de Dakar. Sur tout le reste du territoire, jusqu’à Ouakam, Ngor et Yoff s’étendaient les champs, la forêt », a-t-il expliqué.
DEGUERPISSEMENT FORCE, 1061 HABITATIONS BRULEES
Avec l’édification sur la Grande Terre d’un fort suffisamment équipé en hommes et en armement, a ajouté M. Gaye, Protet entama le processus d’occupation du sol. « C’est ainsi qu’en 1858, pour cause d’alignements ayant entraîné le morcellement de leur village, les populations de Kaay furent déplacées plus loin, vers les fontaines situées à proximité du site de l’actuel Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose. Dès lors, les « penc » furent progressivement déguerpis du bord de la mer pour les dunes au-delà de l’actuelle rue Vincens, formant ainsi une ligne de démarcation entre les populations françaises et les autochtones », a-t-il renseigné.
Comme cela ne suffisait pas, une épidémie de fièvre jaune frappa la cité en 1900, de mai à octobre. « Elle fut une aubaine pour les Français qui purent, arguant les mesures sanitaires, refouler, toujours un peu plus loin, une bonne partie des populations autochtones de cette zone stratégique du Plateau. Ainsi, 1061 habitations furent brûlées, dont 280 cases en paille, 738 baraques et 43 maisons en briques », a relevé le président de l’Emad.
Cinq années après ce désastre, la publication de la convention dite Guy, négociée et ratifiée par le Gouverneur Camille Guy, souleva des vagues de contestations. Elle fut, selon Abdou Khadre Gaye, l’occasion pour les Français de s’emparer de deux vastes terrains situés à Beugnoul (cap Manuel), et Tound (centre-ville : entre les avenues Georges Pompidou et Faidherbe, Lamine Guèye et Roume). Ils étaient tous deux propriétés communes de la collectivité léboue. Les populations autochtones furent à nouveau appelées à se déplacer au mois de mars 1914, suite à une épidémie de peste (assez douteuse, selon certaines sources). Elles avaient été casées hors du Plateau, dans la brousse à chacal de Tilène, où les Français avaient fait construire un village de ségrégation, selon M. Gaye. « Des cases et des baraques furent encore brûlées et, après déguerpissement de six des douze « penc », une révolte éclata qui mit un terme au projet et sonna comme le coup d’envoi des hostilités en Europe jusqu’en 1918. Ce fut la Première Guerre mondiale », a-t-il indiqué.
Avec l’éclatement de la Deuxième Guerre mondiale, les villages de Tankk (Ngor, Ouakam,Yoff) furent également touchés par les réquisitions pour la construction d’un aérodrome qui deviendra l’aéroport Léopold Sédar Senghor ainsi que des camps militaires. « Le processus se poursuivra, de façon moins violente, mais mûrement réfléchie, jusqu’aux indépendances en 1960. Avec la loi sur le domaine national de 1964, le nouvel Etat s’appropriera ce qui restait des terres léboues », a fait savoir le président de l’Emad.
Les « penc » et villages recèlent de secrets non encore révélés, une beauté rare capable de fasciner le monde, a estimé Abdou Khadre Gaye, ont beaucoup de choses à nous apprendre. Mais le constat, a-t-il relevé, est que ces « penc » et villages traditionnels, abandonnés à leur triste sort, se meurent. « Ils s’effritent et se noient dans le grand marché qu’est devenue la capitale sénégalaise. Les villages de Tankk sont devenus le noyau pauvre d’une périphérie étouffante. Le Cap Vert est devenu un cap béton, pour parler comme le « Ndeye dji reew » (dignitaire lébou) Alioune Diagne Mbor. Un promontoire où le béton et le fer n’épargnent même pas le littoral, profanent et rendent inaccessibles beaucoup de sites sacrés lébous », a-t-il déploré.
UNE PRISE EN CHARGE DES PENC ATTENDUE
A en croire Abdou Khadre Gaye, les « penc » et villages dakarois sont les seules parties du pays où les dernières générations n’ont plus la possibilité d’acquérir un terrain. L’épuisement des réserves foncières et le coût très élevé des parcelles disponibles sont passés par là. « Beaucoup de chefs de « penc » et de dignitaires résident hors de leur zone d’élection. La mer autour de la presqu’île aussi se vide de ses ressources entraînant le désarroi des pêcheurs artisanaux, mais aussi des conflits, parfois sanglants, comme ceux de Kayar et Mboro, tout récemment », a déploré le président de l’Emad. De l’avis de M. Gaye, les « penc » et villages traditionnels, avec les génies généreux qui les habitent et leur population reconnaissante, recèlent de secrets non encore révélés, une beauté rare capable de fasciner le monde. Il a plaidé pour la réhabilitation de ces vestiges, en « les habillant de neuf tout en respectant leur authenticité ».
Aujourd’hui, a-t-il laissé entendre, « on parle depuis plusieurs années déjà d’un treizième ‘’penc’’ où d’un quatrième pied de Tankk qui serait un authentique village lébou dans la ville, d’un écomusée et d’un centre d’incubation où prendrait son départ et sa fin le circuit touristique de Dakar, d’un circuit touristique allant du patrimoine traditionnel au patrimoine colonial, des ‘’penc’’ et villages lébou aux bâtiments français, sans oublier le patrimoine naturel ». Un rêve dont les membres de la communauté léboue attendent la concrétisation. Avec des ponts, échangeurs, autoroutes, théâtres, musées, Ter et un Brt, Dakar connaît une urbanisation incontrôlée, entre tradition et modernité.
Cependant, a noté M. Gaye, « les douze ‘’penc’’ et les villages lébous de Tankk et autres, un patrimoine d’une valeur inestimable, attendent toujours leur prise en charge ». Ce patrimoine, a-t-il indiqué, doit être « valorisé pour notre nourriture spirituelle ». Car, « il peut aussi contribuer à notre enrichissement économique ».
GESTION DU FONCIER
L’organisation des assises du collectif de Tankk (Ngor, Ouakam, Yoff) préconisée
Pour Oumar Diagne, fervent défenseur de la communauté léboue, le Sénégal, au regard de son urbanisation, est menacé par un transfert inconnu et généralisé dans tous ses organes, occasionnant ainsi un désordre social, cultuel, physiologique, culturel, etc. Mais aussi un désordre du patrimoine matériel et immatériel. Cela dénote, selon lui, une macrocéphalie qui nécessite, dans l’urgence, une chirurgie sociale de pointe. La place des villages lébous et les 12 « penc » dans la capitale, a-t-il indiqué, est devenue une question de survie au niveau du Collectif de Tankk (Ngor, Ouakam, Yoff). Le diagnostic ayant révélé, à son avis, un dysfonctionnement anatomique endogène. Selon Oumar Diagne, la seule ressource naturelle de Tankk est foncière et est soumise à une « prédation endémique ». Il a invité le Ministre de la Culture et du Patrimoine historique à être le relais de la communauté léboue auprès du Président Macky Sall « sur la revendication coutumière légitimement portée par le collectif de Tankk, Ngor, Ouakam et Yoff sur les terres de l’ex-aéroport Léopold Sédar Senghor pour leur extension et la modernisation des ‘’Penc’’ de Dakar ». Cette communauté, a-t-il indiqué, souhaite aujourd’hui, « des solutions durables sur la résolution des problèmes fonciers du parking de Ngor et Ouakam ». De même, il a souligné l’urgence d’organiser les assises de Tankk sur son foncier, parce que « le bradage du foncier de l’aéroport pose une problématique d’intégration et c’est un danger pour une nation ». Le dialogue des cultures, a-t-il fait savoir, est orphelin à Tankk. Et il demeure convaincu que « le ciment d’une nation découle de l’unification, de la symbiose de son tissu social et non de son effritement ».
Par Cheikh Anta Babou,
LES MURMURES DE LA GRANDE MUETTE
L’armée sénégalaise est une armée républicaine, patriotique et professionnelle. Sa loyauté aux élus civils n’a jamais été mise en doute. Cependant, elle n’est pas indifférente à la marche de la nation. Elle a joué un rôle décisif à des moments critiques..
Il a été beaucoup question de l’armée nationale dans les médias récemment. C’est un fait suffisamment inhabituel pour mériter une réflexion. Tout est parti de la déclaration de Yewwi Askan Wi (YAW) du 31 mars. Dans cette déclaration, la coalition de l’opposition informait l’opinion qu’elle avait décidé de sursoir à ses manifestations du 3 avril après une consultation avec des “hauts gradés de l’armée”. La réaction de la Grande Muette ne s’est pas fait attendre. Le même jour, La Direction de l’Information et des Relations Publiques de l’armée (DIRPA) sortit un bref communiqué invitant “les acteurs politiques de tous bords et la société civile à tenir l’armée nationale hors du débat politique pour l’intérêt de la Nation.” Cette déclaration ne nie pas que des chefs militaires auraient discuté avec YAW. Par contre, elle lance un appel aux forces politiques alliées au pouvoir comme à l’opposition de s’abstenir de la mêler à leurs disputes. Le Ministre des Forces Armées, M. Sidiki Kaba, montera au créneau pour dénoncer ce qu’il appelle “une incitation au coup d’état”. Un célèbre patron de presse connu pour sa proximité avec le Président Macky Sall embouchera la même trompette pour fustiger l’opposition, allant jusqu’à suggérer une enquête au sein de l’armée pour tirer les choses au claire.
L’armée sénégalaise est une armée républicaine, patriotique et professionnelle. Sa loyauté aux élus civils n’a jamais été mise en doute. Cependant, elle n’est pas indifférente à la marche de la nation. Elle a joué un rôle décisif à des moments critiques de l’histoire du Sénégal. Je voudrais, ici, évoquer brièvement quelques-uns de ces moments.
L’armée, à son corps défendant, fait son irruption sur la scène politique pour la première fois lors de la crise de 1962. Lorsque des députés alliés au Président Senghor ont voulu voter une motion de censure contre le Président du Conseil, Mamadou Dia, pour instaurer un régime présidentiel, ce dernier, chef des armées, fit appel à la troupe pour occuper le bâtiment de l’Assemblée Nationale et arrêter quatre députés frondeurs. Cependant, Me Lamine Guèye, Président de l’Assemblée Nationale, favorable au Président Senghor a pu réunir le quorum des députés chez lui pour faire voter la motion destituant le Président du Conseil. Pendant le conflit, l’armée avait essayé de rester neutre. Les militaires postés à la radio nationale avaient renvoyé dos à dos les émissaires de Dia et ceux de Senghor, leur empêchant de faire passer leurs communiqués. Senghor n’a pu diffuser son communiqué qu’en passant par l’émetteur qui se situait à Rufisque. Profitant de la confusion, il destitua le colonel Amadou Fall, Chef d’Etat-major des Armées (CEMGA) qu’il soupçonnait (certains disent à tort) de soutenir Dia pour nommer à sa place le général Jean Alfred Diallo. Ce dernier jouera les premiers rôles lors les crises politiques de 1963 et 1968 qui ont secoué les fondations de l’Etat sénégalais.
Aux élections présidentielles de 1963, Senghor était l’unique candidat puisqu’aucun candidat de l’opposition n’a pu obtenir le parrainage de 10 députés exigé par la loi électorale. Cela va de soi qu’aucun député de l’UPS n’était prêt à soutenir un adversaire de leur chef de parti. Il ne restait donc à l’opposition que la rue pour manifester son choix politique. Senghor donna à l’armée l’ordre de tirer sur la foule de manifestants réunis dans le quartier de la Médina qu’il accusa de vouloir marcher sur le palais pour le déloger. Quarante manifestants perdirent leur vie. Il semble que le Général Jean Alfred Diallo aurait tiré les leçons de cette tuerie. En tout cas, il adoptera un comportement complètement différent lors de la crise de 1968.
Cette crise qui a commencé avec la grève des étudiants de l’Université de Dakar en mai avait atteint son paroxysme avec la grève générale déclenchée par l’Union Nationale des Travailleurs du Sénégal. La révolte se propagea à travers le pays malgré la dure répression exercée sur les étudiants et les grévistes. L’armée n’a pas cependant tiré même si elle a procédéà des arrestations musclées.
Le CEMGA Jean Alfred Diallo jouera un rôle déterminant dans la résolution de la crise. Nous disposons de deux versions de son intervention. L’une fournie par le président Abdou Diouf dans ses mémoires (pp 122-123) qui donne une version officielle de la situation et l’autre par le Professeur Abdoulaye Bathily en sa double qualité de leadeur du mouvement étudiant et d’historien professionnel. Diouf, qui était alors ministre du Plan et de l’Industrie,nous dit qu’après avoir obtenu une audience avec le président de la République, le Général Jean Alfred Diallo s’est présenté à son bureau, accompagné par des officiers supérieurs, pour lui demander des conseils. Les militaires voulaient un changement de gouvernement et étaient venus avec une liste de ministres. Diouf et Habib Thiam qui était présent, donnèrent leur suggestions au général et à ses hommes. Abdou Diouf décrit ensuite l’audience que le président eut avec les militaires, et il cite verbatim l’entretien. Senghor a d’emblée demandé au CEMGA s’il s’agissait d’un coup d’état, ce dernier, au garde-à-vous, répondit par la négative et ajouta “Du tout monsieur le Président. Nous sommes là plutôt pour une analyse de la situation. Nous sommes très sensibles à la demande des citoyens sénégalais de changer le gouvernement et vous proposons, monsieur le Président, la liste d’un nouveau gouvernement.” Senghor répondit “Ce sont des propositions ou des directives, mon général ?” “Non il ne s’agit que de recommandations, rétorqua le général.” Senghor alors prit la liste proposée par les militaires. Diouf précise que le président accédera à la demande populaire et procéda à la formation d’un nouveau gouvernement.
Le Professeur Abdoulaye Bathily, dans son ouvrage sur Mai 68 et plus récemment lors d’une émission à WALF TV et un entretien avec le journal français Le Monde, donne une version plus détaillée de l’intervention de l’armée lors de la crise de 1968. Il nous dit que le CEMGA Jean Alfred Diallo avait réuni tous les chefs des armées pour se concerter et trouver une solution de sortie de la crise. A la suite de la réunion, le Général sollicita une audience avec le Président de la République et ensuite lui envoya une lettre datée du 2 juin 1968 faisant l’économie de leurs délibérations. Les suggestions avancées dans cette lettre qui est en la possession du professeur concernaient différentes dimensions de la gouvernance du pays. Certaines des mesures préconisées visaient la réduction du train de vie de l’Etat. Elles proposaient la diminution du budget de l’Assemblée Nationale, la fusion de postes ministériels, la réduction des représentations diplomatiques et des voyages officiels, le limogeage de certains ministres incompétents, la dépolitisation de l’administration en privilégiant dans le choix des hauts fonctionnaires des critères de compétence et d’efficacité sur l’appartenance politique. Le général a, en outre, souligné l’urgence et la nécessité de procéder aux réformes préconisées pour faire revenir la paix dans le pays. Bathily considère que cette posture du Général Diallo a contribué à la libéralisation de la scène politique au Sénégal, et graduellement, au renforcement de la démocratie.
Après 1968, l’armée se fera plus discrète sur la scène politique, mais elle continuera néanmoins à jouer son rôle dans la pérennisation de l’Etat de droit et l’instauration de la paix et la stabilité dans le pays en offrant son expertise aux autorités civiles. On se rappelle de la nomination du général à la retraite Mamadou Niang au poste de Président de l’Observatoire National des Elections (1997-1998). En 1998, l’ancien CEMGA, Lamine Cissé, sera nommé Ministre de l’Intérieur par le Président Abdou Diouf comme gage de sa volonté de transparence dans l’organisation des élections. Le général Cissé présidaà la première alternance démocratique au Sénégal. Selon certaines sources, son intervention personnelle a joué un rôle central dans le transfert pacifique du pouvoir après la défaite du Président Abdou Diouf lors des élections présidentielles de l’an 2000. Certains leaders du PS auraient essayé de comploter pour rester au pouvoir, mais le général aurait convaincu le président de la victoire de Abdoulaye Wade.
Notre armée nationale, qui, comme le disait le président Diouf, est une armée d’intellectuels dont la plupart des cadres ont fait des études supérieures, reste très consciente de son rôle de garant de la légalité constitutionnelle et de la paix civile. Elle resteimperturbable, mais bien consciente des enjeux nationaux.