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22 juin 2025
Par Makhtar DIOUF
DE LA DÉSOBÉISSANCE CIVILE
EXCLUSIF SENEPLUS - Il s'agit d'un droit citoyen. Un droit de défiance, de méfiance à l’égard d’un Etat et de ses institutions quand on est persuadé que ses droits sont bafoués
La désobéissance civile, menée par un individu ou par un groupe, n’est pas un acte de rébellion, d’irrespect, une infraction contre l’autorité publique matérialisée par des actes de violence, de saccages de biens publics et privés, d’agressions, insultes ou menaces envers des représentants de l’Etat. La désobéissance civile n’est pas un délit, un acte prohibé par la loi.
Tout au contraire, la désobéissance civile est un droit citoyen. Un droit de défiance, de méfiance à l’égard d’un Etat et de ses institutions lorsque le citoyen ou le groupe est persuadé que ses droits sont bafoués au point qu’il ne se sent plus en confiance, qu’il est acculé, harcelé, victime d’injustice.
Les actes posés par un Etat sont en principe conformes à la loi telle qu’inscrite dans la Constitution, la loi suprême. C’est le domaine de la légalité. Mais il peut arriver que ce qui est légal ne soit pas légitime. La légitimité correspond à la morale, à ce qui est juste, équitable, raisonnable. L’idéal est que le légal s’accorde avec le légitime. Ce qui n’est pas toujours le cas.
Au cours de l’histoire et partout dans le monde c’est l’injustice qui a fait le lit de la désobéissance civile. C’est une démarche de résistance passive, civilisée et pacifique, non sanctionnée dans un régime véritablement démocratique. Le but visé par la désobéissance civile est d’arriver à promouvoir un changement positif par l’avènement de la justice.
L’histoire fourmille de cas de désobéissance civile. Citons quelques exemples des plus célèbres.
Le terme ‘’désobéissance civile’’ nous vient de la langue anglaise ‘’civil disobedience’’ sous la plume de l’intellectuel américain Henry David Thoreau. Il écrit en 1849 un essai intitulé Resistance to Civil Government, qu’il re-intitule Civil Disobedience en 1866. Démocrate, anti-esclavagiste, Thoreau pratique la désobéissance civile en refusant de payer ses impôts au gouvernement américain pour protester contre l’esclavage, l’extermination des Indiens ‘américains et la guerre contre le Mexique qui amènera à l’annexion de ses territoires les plus riches comme la Californie et le Texas (qui sont actuellement les régions les plus riches des Etats-Unis). Pour Thoreau, aucun homme moral ne peut patiemment se conformer à l'injustice.
Ses idées seront reprises au 20ème siècle dans des ouvrages (traduits en français) par d’éminents penseurs comme le sociologue allemand Max Weber (Le savant et la politique, 2002) et le philosophe allemand Jürgen Habermas (Raison et légitimité. Problèmes de légitimation dans le capitalisme avancé,1978).Pour Habermas, la désobéissance civile est une clé importante d’une démocratie mûre.
Un des premiers à lire le livre de Thoreau pour s’en inspirer est Mahatma Gandhi. Sous la colonisation britannique, les Indiens doivent payer un impôt sur le sel extrait de mer par les autorités et il leur est interdit d’extraire eux-mêmes le sel. Le 12 mars 1930 Gandhi entreprend avec quelques fidèles la ‘’ Sal March’’(marche du sel) : Arrivés au bord de la mer, ils se baignent et prélèvent l’eau de mer qu’ils font évaporer pour en extraire le sel, ainsi obtenu gratuitement. Gandhi, l’apôtre de la violence a compris qu’à un moment donné, arrivé au bout du rouleau, il faut résister à l’arbitraire. Cet acte a été un propulseur de l’indépendance de son pays, un peu plus d’une quinzaine d’années après. Une indépendance qu’il ne verra pas.
Un autre fameux de la désobéissance civile est le pasteur afro-américain Martin Luther King.
Martin Luther King (MLK) a déclaré avoir rencontré le livre de Thoreau en 1944 et l’a lu plusieurs fois. Il s’est aussi inspiré de Gandhi et a rendu visite à sa famille lors d’un séjour en Inde en 1959.
Pour comprendre la lutte de MLK, il faut avoir une idée de la situation de l’époque dans son pays. MLK a vécu dans une Amérique au paroxysme de la ségrégation raciale, surtout à Birmingham capitale de l’Alabama. Des bus sont interdits aux Noirs. Dans les bus où ils sont tolérés, il leur est fait obligation de céder leurs places aux Blancs. L’Afro-américaine Rosa Parks est la première à refuser de céder sa place dans un bus bien rempli. Ce qui déclenche un vaste mouvement de résistance.
C’est dans ce contexte que MLK entre en action par ses mots et par ses actes.
Son discours I have a dream(‘’Je fais un rêve’’) du 28 août 1963 à Washington devant le buste de l’anti-esclavagiste Abraham Lincoln est mémorable. MLK commence par rendre hommage au président Abraham Lincoln, artisan de la ‘’Proclamation d’Emancipation’’ de 1863 relative à la suppression de l’esclavage, pour aussitôt ajouter :
Un siècle plus tard, le Nègre n'est toujours pas libre…
Je fais le rêve qu'un jour cette nation se lèvera et vivra le vrai sens de sa foi : Nous tenons ces vérités comme allant de soi, que les hommes naissent égaux…
… Nous ne sommes pas satisfaits et nous ne serons satisfaits que le jour où la justice se déversera comme un torrent et la droiture comme un fleuve puissant.
Tout apôtre de la non-violence qu’il est, en avril 1963, à des prêtres blancs qui lui disent que la bataille contre la ségrégation raciale doit avoir lieu dans les tribunaux et non dans la rue, alors en prison pour avoir déclenché une manifestation, il répond dans une Lettreouverte :
La désobéissance civile est non seulement justifiée face à une loi injuste, mais aussi chacun a la responsabilité morale de désobéir aux lois injustes... Sans des actions directes et puissantes, les droits civiques ne seront jamais obtenus… Le bien même temporairement vaincu est plus fort que le mal triomphant.
MLK a aussi lutté contre la guerre du Vietnam, contre la pauvreté et le chômage affectant surtout les Noirs.
De son vivant comme après sa mort, MLK a été vilipendé par ses adversaires, dont le FBI : ‘’ communiste’’, ‘’prêcheur hypocrite’’, ‘’le menteur le plus célèbre’’, ‘’homosexuel’’, ‘’infidèle à son épouse’’, ‘’tricheur ayant plagié sa Thèse de Doctorat’’ … Des écouteurs étaient placés dans les chambres des hôtels où il résidait à l’occasion de ses déplacements.
Ses actions ont été couronnées de succès comme le ‘’Civil Rights Act’’ de 1964 (Acte des droits civils), le ‘’Voting Rights Act’’ de 1965 (Acte des Droits de vote), et le ‘’Civil Rights Act’’ de 1968 (Acte des Droits civils). Ces mesures suppriment juridiquement toutes formes de ségrégation raciale dans le pays. Mais en pratique ?
Toujours est-t-il que 40 ans après son assassinat, un Afro-américain est élu Président des Etats-Unis. Barak Obama a bien compris que le combat de Martin Luther King a payé, en mettant son buste dans son bureau ovale de la Maison Blanche. Quel Africain n’a pas éprouvé une certaine fierté à l’occasion de cet évènement qu’on ne peut détacher de la désobéissance civile du pasteur Martin Luther King ?
Un autre Américain qui s’est illustré dans la désobéissance civile a été le boxeur Muhammad Ali(Cassius Clay). En 1966, ancré dans ses convictions religieuses et éthiques, il refuse son incorporation dans l’armée américaine pour aller tuer des Vietnamiens qui n’ont rien fait aux Américains et à leur pays. Il est condamné pour 5 ans, déchu de ses titres de boxe et de sa licence. Il fait appel auprès de la Cour Suprême. Après bien des péripéties, ilest rétabli dans ses droits. Quel Africain, même non amateur de boxe, n’a pas été admiratif de cet homme pour ses performances, mais aussi pour son acte de désobéissance civile face à l’injuste guerre du Vietnam ?
Au Royaume Uni, en 1989, la Première ministre Margareth Thatcher instaure le ‘’poll tax’’, un impôt direct de capitation payé par tête d’habitant. L’impôt le plus inique, le plus injuste qui soit : Un milliardaire paie le même montant d’impôt que ses domestiques. C’est tout de suite la levée de boucliers dans l’ensemble du pays. Devant l’ampleur et la durée du mouvement de protestation avec des milliers de manifestants brandissant des pancartes Don’t pay poll tax (‘’Ne payez pas le poll tax’’), l’intransigeante Margareth Thatcher surnommée The Iron Lady (la dame de fer) a été contrainte à la démission en 1990.
En France, les manifestations des ‘’Gilets jaunes’’ ont amené le président Macron à supprimer la taxe sur les carburants qu’il avait instaurée. Tôt ou tard il finira par renoncer à son projet d’allonger la durée de l’âge de la retraite des travailleurs.
La désobéissance civile, menée de façon individuelle ou collective contre l’arbitraire vise toujours et partout la même finalité : ramener à la raison, à la justice, le détenteur de pouvoir de quelque nature que ce soit.
Par El Hadj H. Kassé
L’HISTOIRE SE CASSE EN DEUX
Dans le livre de gloire de la Nation sénégalaise, figurent honorablement la trace et la marque d’Omar Blondin Diop, intellectuel révolutionnaire dont la mort tragique a été un déclic d’une prise de conscience politique de plusieurs jeunes militants
Dans le livre de gloire de la Nation sénégalaise, figurent honorablement la trace et la marque de Omar Blondin Diop, intellectuel révolutionnaire dont la mort tragique a été un déclic d’une prise de conscience politique de plusieurs jeunes militants de ma génération.
C’était le 11 mai 1973.
J’avais l’âge de l’enfant, en cycle élémentaire, qui ne connaissait pas encore un émoi en dehors de la famille, du cercle des amis et de l’école.
Les élèves du collège étaient massivement sortis et nous avaient entraînés dans une levée dont nous ne savions rien. Ce fut mon baptême de feu dans l’espace public. Quelques ainés nous confièrent qu’il s’agissait de protester contre le régime de Senghor, coupable de la mort tragique de l’étudiant normalien Omar Blondin Diop.
Mon frère aîné, et un défunt maître, Iba Guèye, complètent, bien plus tard, les raisons impératives de mon engagement.
Ma vie bascule désormais dans les organisations et les mouvements, dans les livres et les syllogismes du terrain sous le mode de ce que nous appelions, après Mao, la « liaison avec les masses », comme condition de production de la politique d’émancipation, et la ligne de masse.
Omar Blondin Diop est un maillon de cette Grande Histoire qui, dans notre pays, a connu trois séquences. Celle, inaugurale et de portée internationaliste, de Lamine Senghor, premier nom du communisme sénégalais (années 20 du siècle dernier), celle du PAI à partir de 1957 et celle, qui aura duré une petite décennie, intense et créatrice, des nouvelles gauches révolutionnaires (maoïste, trotskyste et confusément libertaire) à partir de la fin des années 70 du siècle dernier.
Les célébrations et les commémorations nous obligent, rituels utiles pour rassembler les filets mémoriels, ponctuer le temps et chercher des brèches dans la morosité des jours.
Saluons alors ce 11 mai, du salut amical et militant pour prier, encore une fois, que repose en paix éternelle Omar Blondin Diop, cinquante ans après.
La mort est le souvenir glorieux de la vie pour ceux qui ont inscrit leur nom dans la longue histoire des politiques d’émancipation. Mao disait qu’il y a des morts qui pèsent des montagnes.
Si nous ponctuons le 11 mai, c’est aussi pour « enquêter », du point de vue subjectif, la signification de la mort de Omar Blondin Diop. Car il y’a deux « Omar », syntagme plutôt massif dont l’enquête éclaire la division. Chacun des deux à ses noms, ses héritiers et sa tradition.
Le premier réfère à l’idéal héroïque qui intègre la mort comme une conclusion possible et contingente de la lutte révolutionnaire. Est exalté, dans l’action quotidienne qui défie les normes organisationnelles, le côté romantique et tragique de l’histoire. Le motif de la révolte à l’état pur anime la subjectivité militante.
Le second tire le bilan de la tragédie et adosse la subjectivité révolutionnaire au régime des organisations, de la stratégie et du dur labeur du temps.
Pour parer au retour de la tragédie, il faut s’organiser, se soumettre aux rigueurs de la discipline militante, cultiver l’intelligence des rapports de force et faire confiance aux masses populaires parce que ce sont elles qui font l’histoire.
Toutes ces deux postures partagent la passion de la politique d’émancipation. Des années 70 du siècle dernier à nos jours, dans les périodes fastes d’essor comme dans celles mélancoliques de repli, ceux qui en sont porteurs ont affronté l’histoire pour en changer le cours. Reste à savoir comment ! Ce qui est une autre histoire.
A suivre : De quoi la politique d’émancipation est-elle le nom?
LES MIGRATIONS IRREGULIERES EN HAUSSE DE 300%
Malgré les promesses électorales de Giorgia Meloni, la Méditerranée centrale voit, en 2023, une augmentation considérable des migrations irrégulières, avec les chiffres les plus élevés depuis le début des statistiques en 2009.
Malgré les promesses électorales de Giorgia Meloni, la Méditerranée centrale voit, en 2023, une augmentation considérable des migrations irrégulières, avec les chiffres les plus élevés depuis le début des statistiques en 2009. C’est le constat dressé par le directeur de l’agence Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes. Dans un entretien accordé à plusieurs médias vendredi 12 mai, Hans Leijtens tire la sonnette d’alarme : les passeurs ont changé de modus operandi.
Selon Hans Leijtens, les passeurs des côtes libyennes et tunisiennes ont un nouveau modèle commercial beaucoup plus agressif. Le directeur de l’agence Frontex souligne une baisse générale des prix demandés aux migrants pour traverser la Méditerranée. Cette baisse est liée à la concurrence entre réseaux de passeurs.
Dans au moins un cas rapporté par Frontex, une embarcation avec des migrants à bord a été coulée par un réseau de passeurs concurrent. Le premier trimestre de 2023 est le plus meurtrier depuis 2017 avec 441 morts, selon les chiffres des Nations unies.
La Méditerranée centrale représente 40 000 entrées irrégulières depuis le début de l’année 2023, dont plus de la moitié du total pour l’Union européenne. Cette augmentation est particulièrement sensible au départ des côtes tunisiennes : 1 100% de plus que l’an dernier à la même époque. Elle s’explique en partie aussi parce que la baisse des tarifs pousse les passeurs à multiplier les départs.
D'après Hans Leijtens, les passeurs construisent désormais un nouveau type d’embarcations : des esquifs en métal construits en moins d’une journée sur les plages pour moins de 1 000 euros l’unité.
PROBLÈMES ESMT, LES PARENTS D’ELEVES INTERPELLENT LA TUTELLE
Après l’Intersyndicale des travailleurs de l'ESMT, c'est aux parents d’élèves de monter au créneau pour dénoncer la gestion de l’école. Une cinquantaine de parents y ont pris part.
Après l’Intersyndicale des travailleurs de l'ESMT, c'est aux parents d’élèves de monter au créneau pour dénoncer la gestion de l’école. Une cinquantaine de parents y ont pris part.
D’après un communiqué reçu à ‘’EnQuête’’, ils ont ensemble constaté ‘’l'installation d'une crise larvée depuis le début de l'année scolaire ayant abouti à des débrayages et grèves répétitives affectant gravement le quantum horaire, la qualité des enseignements et la rupture unilatérale de l'engagement pris par l'ESMT de garantir à nos enfants la continuité de leurs enseignements dans les délais requis et selon les normes de qualité’’, lit-on dans la note signée par Dr Christine Ndèye.
En outre, ils ont également échangé autour de ‘’la dégradation continue de la qualité du service rendu par l'école à ses usagers, notamment pour ce qui concerne la délivrance des attestations, certificats, bulletins de notes ou diplômes dans les délais requis, l'indisponibilité du matériel de laboratoire pour les travaux pratiques, ainsi que le respect des engagements financiers des parents qui ont acquitté l'intégralité des sommes dues à l'ESMT’’.
Ils ont également identifié ‘’l'aggravation de la crise qui a abouti à un arrêt total des classes pour cette semaine écoulée et une perspective de gel des cours pour la semaine prochaine, en tenant compte de la volonté de grève illimitée exprimée par l'Association du personnel de l'ESMT’’.
Face à tous ces problèmes, ‘’les parents ont tenu à exprimer leur inquiétude et leur indignation relativement au sort réservé à des étudiants qui sont les principales victimes de ce conflit dont il urge de trouver une solution définitive, en mettant d'ores et déjà fin à une grève qui n'a que trop duré et qui met l'ESMT dans une situation d'illégalité manifeste à l'égard de parents qui déploient des efforts remarquables pour contribuer à son bon fonctionnement’’, disent-ils.
Pour régler les problèmes, un comité restreint a été mis en place et a rencontré, le 2 mai dernier, les différents acteurs de cette crise et obtenu l'arrêt immédiat de cette grève. C’était également pour contribuer à l'instauration d'un climat de sérénité et d'apaisement propice à des négociations sincères et fructueuses.
Mais, regrettent les parents d’élèves, ils n’ont pu faire asseoir les trois parties ensemble, c’est-à-dire le ministère de l’Économie numérique, l’Amicale du personnel de l’ESMT, l’équipe de direction à une même table. ‘’Toutes les parties attendent que la tutelle s'intéresse à la question. Depuis deux semaines de gel des cours et cinq mois de crise larvée. Notre dernier recours à nous parents est cet appel au secours par voie de presse’’.
Ils déclarent que ‘’cette école en fait est devenue privée (et fonctionne grâce aux frais de scolarité des étudiants à 95 %) du fait du désengagement financier des États membres. Cependant, tous les postes de gouvernance sont sous leur contrôle sans contrepartie aucune. Direction : Niger ; formation et recherche : Bénin ; secrétariat général : Mauritanie. L’État du Sénégal assure la vice-présidence du Conseil d'administration.
J’AI PARLE AVEC LE PRESIDENT MACKY SALL, MAIS…
Invité par la rédaction du groupe Emedia Invest, ce vendredi matin, Idrissa Seck a répondu à diverses questions. Parmi celles-ci figurent la candidature ou pas du président Macky Sall, Yankhoba Diatara et le rapport de la Cour des comptes.
Invité par la rédaction du groupe Emedia Invest, ce vendredi matin, Idrissa Seck a répondu à diverses questions. Parmi celles-ci figurent la candidature ou pas du président Macky Sall, Yankhoba Diatara et le rapport de la Cour des comptes, le malaise à Yewwi Askan Wii ou encore Ousmane Sonko et son discours "va-t-en-guerre". Le "chef de l'opposition", comme il s'est autoproclamé, y est allé sans les gants.
L'opposition a occupé l'espace public, en cette fin de semaine. Le rassemblement pacifique des forces vives de la nation a été précédé par la sortie médiatique du président de Rewmi. Lors de ce long interrogatoire, l'ancien maire de Thiès a passé en revue l'actualité.
3e candidature : ‘’S'inspirer du modèle démocratique américain’’
À quelques mois de la Présidentielle, le sujet sur toutes lèvres, à savoir la candidature ou pas de l'actuel président à un troisième mandat, a été évoqué. Sans trop s'aventurer, l'ancien maire de Thiès a soutenu s'être entretenu avec son ancien frère de parti à ce sujet. "Je ne sais pas si le président Macky Sall va faire un 3e mandat ou pas. Je ne peux me prononcer sur un sujet dont je n’ai pas les tenants et les aboutissants. J’ai parlé avec le président Macky Sall, mais je ne peux pas révéler le contenu de notre conversation. Ce n’est pas à moi de dévoiler la teneur de nos échanges. Au moment venu, il se prononcera", révèle l’ancien maire de Thiès.
Pour mieux asseoir sa pensée, il ajoute : "Ce qui est sûr, c’est que je lui ai signifié que s’il y un pays qui respecte le jeu démocratique, notamment les deux mandats, c’est les États-Unis. Ils ont érigé leur Constitution en 1789. Le premier président, George Washington, avait fait deux mandats et on lui avait même demandé de remettre le couvert au vu du travail qu’il avait accompli. Ce qu’il avait catégoriquement refusé au risque, selon lui, de transformer la présidence en une présidence héréditaire."
Sous ce même rapport, le candidat de Rewmi à la prochaine échéance de 2024 poursuit : "Donc, depuis 1789 jusqu’à Joe Biden, aucun président américain n’a eu à faire plus de deux mandats, sauf Roosevelt, en 1940. Et c’était à cause de la crise de 1929 et de la Deuxième Guerre (mondiale). À l’époque, pour des soucis de stabilité, le peuple américain avait opté pour son maintien au pouvoir. D’où ses quatre mandats. Maintenant, il faut que ça soit clair, ce n’est pas parce qu’il y a eu la Covid-19… que le président doit se permettre de rester au pouvoir. Il pourrait s’engouffrer dans la brèche."
"Si je participe à un dialogue, c’est pour l’essentiel"
Le président du parti Rewmi, Idrissa Seck, a aussi informé que son parti politique prendra part au dialogue lancé par le président de la République Macky Sall.
Selon lui, s'asseoir autour d'une table est primordial à l'heure actuelle. "Je ne vais pas au dialogue pour des futilités. Si je participe à un dialogue, c’est pour l’essentiel. Je prendrai part à tous les dialogues dans ce pays", dit-il.
Sur ce même registre, l'ancien boss du Cese invite la classe politique sénégalaise à privilégier un climat apaisé, pour le bien-être des Sénégalais.
Idrissa Seck réaffirme son ambition présidentielle qui demeure intacte et précise ne pas toutefois en faire une obsession. ‘’Je ne sais pas si un jour je serai président ou pas. Franchement, c’est le cadet de mes soucis. Moi, ce qui m’importe, c’est qu’Allah soit satisfait de moi’’, indique-t-il.
‘’Khalifa Sall ne peut pas se ranger derrière Ousmane Sonko’’
Interrogé sur la crise qui prévaut à Yewwi Askan Wii avec les piques par presse interposée entre Ousmane Sonko et Barthélemy Dias, Idrissa n'a pas caché ses inquiétudes sur l'avenir de cette coalition. "Yewwi Askan Wi s’est murée dans une situation complexe. Khalifa Sall, c’est l’héritier de Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Ousmane Tanor Dieng. Il ne peut pas se ranger derrière Ousmane Sonko. C’est mathématiquement impossible’’, déclare le président de Rewmi.
Pour lui, le leader de Taxawu Sénégal n'a pas les mêmes préoccupations que son compère de l'opposition, même s'il reconnaît qu'ils se rejoignent sur un point, à savoir la question de leur inéligibilité. ‘’Khalifa a un souci qui est différent de celui d'Ousmane Sonko. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui, ils ont presque le même problème, à savoir la participation à la Présidentielle. Le dialogue peut produire qu’on réaménage la loi électorale’’.
Sur la question du statut du chef de l’opposition, l’ancien président du Cese persiste et signe : ‘’Ousmane Sonko doit d’abord régler son problème d’éligibilité, mais c’est moi le patron de l’opposition.’’
Le "gatsa-gatsa" pas au goût d'Idy
Dans l’entretien, il a aussi été question d’Ousmane Sonko. En effet, le patron de Rewmi n'apprécie pas le style "va-t-en-guerre" du leader de Pastef. "Tu te dis leader et tu veux diriger les gens, mais tu n’as rien à offrir à la jeunesse que deux mots d’insultes : «Gatsa Gatsa»."
Poursuivant sa diatribe sur les "écarts de langage de Sonko’’, Idrissa Seck s'est aussi attardé sur le meeting de Keur Massar dont il a rappelé certains propos tenus, ce jour-là : "J’ai les moyens de rendre ingouvernable ce pays. Je suis allé au cimetière, j’ai prié pour mon père et je suis allé voir ma mère en Casamance. Maintenant, je suis prêt. Il (Macky Sall) me tue ou je le tue.’’
Yankhoba Diatara, le rapport de la Cour des comptes et Me Abdoulaye Wade
Concernant Yankhoba Diatara et le rapport de la Cour des comptes, Idrissa Seck a affirmé qu’il ne prendrait aucune décision, avant de parcourir le document. Il n'exclut pas de mettre son lieutenant sur la touche, s'il s'avère qu'il est mouillé dans cette affaire.
Toutefois, il a tenu à respecter le principe de la présomption d’innocence et a souligné que c’est à l’intéressé de s’expliquer sur les accusations portées contre lui. "Si Yankhoba Diatara est coupable d’actes délictueux, que la loi s’applique avec toute sa rigueur et même si je suis président de la République et que le rapport se retrouve sur mon bureau, il sera sanctionné".
Le contexte sociopolitique s'y prêtant, l'ancien Premier ministre sous Wade a évoqué la sortie de son ancien mentor dans laquelle il invitait ses militants à utiliser la loi du talion face aux forces de l'ordre. Et Idy soutient avoir recadré l'ex-président, ce jour-là. "A l’époque, je n’avais pas hésité à sermonné le président Abdoulaye Wade, dès que nous sommes remontés dans notre véhicule.
Il avait deux fois mon âge, mais n’empêche, je lui avais clairement signifié que ceci n’était pas le bon exemple. Intimer aux jeunes de répliquer vigoureusement contre des forces de l’ordre qui, demain, s’il est élu seront à ses ordres, ce n’était pas responsable. D’ailleurs, quand il est devenu président de la République, il a tout fait pour ne pas laisser cours à ces manifestations. Si vous vous souvenez bien, à un moment donné, il a même demandé aux manifestants de ne pas casser, ni brûler, mais plutôt de porter des brassards rouges’’, a-t-il rappelé.
DROITS DE L’HOMME, LE SENEGAL SE PRESENTE EN BON ELEVE DEVANT LA COMMISSION AFRICAINE
Le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, a présenté, hier, à Dakar, les rapports du Sénégal à la Commission africaine des Droits de l’Homme et des peuples (Cadhp) sur l’évaluation de la situation au Sénégal.
Le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, a présenté, hier, à Dakar, les rapports du Sénégal à la Commission africaine des Droits de l’Homme et des peuples (Cadhp) sur l’évaluation de la situation au Sénégal. Cette 75e session ordinaire était une occasion pour faire une mise à niveau sur la protection et la promotion des droits de l’Homme.
« Nous avons présenté, aujourd’hui, les rapports du Sénégal sur l’état de mise en œuvre de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples », a fait savoir, hier, à Dakar, Ismaïla Madior Fall. Le Garde des Sceaux qui a présenté les rapports du Sénégal à la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (Cadhp) est notamment revenu sur l’essence de la charte fondamentale des droits de l’Homme en Afrique. « Lorsque les États s’engagent ou souscrivent à un instrument régional comme la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, il pèse sur eux l’obligation de produire de façon régulière des rapports », a expliqué M. Fall. Il consiste à faire une mise à jour du Sénégal sur les standards et les exigences prévus par la charte. « Le Sénégal produit régulièrement des rapports et il s’agissait de présenter le 12e, le 13e, le 14e et le 15e », renseigne-t-il.
Les rapports ont notamment porté sur l’état de la démocratie. « Nous avons montré que nous sommes un pays démocratique et qu’il y a un pluralisme politique qui ne souffre d’aucun problème », affirme Ismaïla Madior Fall. Lors de son intervention en visioconférence avec les membres de la Commission, le Ministre de la Justice a relevé l’existence de libertés fondamentales consacrées, de libertés de manifestations, de libertés de réunions. « Nous organisons des élections de façon continue. Nous n’avons jamais connu de rupture ni de coup d’État », a-t-il rappelé. Et de souligner : « Nous sommes un pays qui se caractérise par sa stabilité politique, son respect de la démocratie. L’état de la démocratie au Sénégal ne pose pas de problème ».
L’État de droit a également été abordé avec la question du respect de l’indépendance de la Justice, la séparation des pouvoirs. « Nous avons montré qu’il y a des efforts dans ce sens », informe le Ministre. Il a aussi été question de montrer les efforts consentis pour le respect des droits des handicapés et la suppression de toutes les discriminations à l’endroit des femmes. « Nous avons passé en revue l’ensemble des droits et montré tous les efforts accomplis par notre pays pour protéger et promouvoir les droits fondamentaux », a déclaré le Garde des Sceaux. Il affirme qu’après la présentation, le président de la Commission s’est félicité de la qualité de ce rapport et des efforts du Sénégal pour faire respecter les droits humains.
LE ROLE MOTEUR QUE NOUS ATTENDONS DU SENEGAL…
En marge de sa visite au Sénégal, la Coordonnatrice de l’Initiative pour la coopération de l’Atlantique, l’Ambassadeur Jessica Lapenn, s’est entretenue avec Le Soleil. L’ex-Ambassadeur des États-Unis auprès de l’Union africaine revient, sur l'initiative.
En marge de sa visite au Sénégal, la Coordonnatrice de l’Initiative pour la coopération de l’Atlantique, l’Ambassadeur Jessica Lapenn, s’est entretenue avec « Le Soleil ». L’ex-Ambassadeur des États-Unis auprès de l’Union africaine revient, entre autres, sur les contours de cette nouvelle initiative.
Vous êtes la Coordonnatrice de l’Initiative pour la coopération de l’Atlantique. De quoi s’agit-il exactement ?
Le principe qui sous-tend la coopération Atlantique, c’est que lorsque vous jetez un regard sur la carte, vous voyez, en fait, un endroit unique où vous avez les communautés qui sont en place. Il s’agit des communautés côtières. Le principe est de considérer l’Atlantique comme une région tout comme on considère les continents comme des régions. Cette région-là partage une histoire, une culture et une langue. Il est possible, sur la base de cela, de voir les problèmes communs, c’est-à-dire une histoire commune, des expériences communes, mais également des problèmes communs dans cette région. Ainsi, il est possible de trouver ensemble une solution ou bien, si les solutions n’existent pas, d’en trouver mais également de créer de nouvelles solutions dans ce cadre-là et sur cette base-là.
Quels sont les enjeux d’une telle structure et la place que pourrait y avoir le Sénégal ?
Le Sénégal devrait jouer un rôle moteur dans cette initiative parce qu’il dispose d’une expérience et d’une expertise importantes dans ce domaine. Comme vous le savez, j’ai été Ambassadeur des États-Unis auprès de l’Union africaine (Ua) lorsque le Sénégal dirigeait l’instance continentale. Je connais donc la capacité de ce pays à mobiliser les partenaires, à créer des idées élaborées et à assurer le consensus autour de cette action. Le Sénégal pourrait aussi jouer un rôle important en matière de diplomatie et de cadre institutionnel. Il devrait jouer un rôle très important dans ce domaine.
Justement, quelle sera la place de cette structure par rapport à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982 ?
En septembre dernier, il y a eu, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, une rencontre qui a regroupé les États-Unis et d’autres pays dont le Sénégal. C’est de là qu’une déclaration conjointe a été faite et cette dernière prenait en compte l’existence de plusieurs structures qui travaillent dans le domaine de cette coopération Atlantique, c’est-à-dire l’existence de structures, mais également l’existence de documents fondateurs y compris la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. J’estime donc qu’il existe une architecture internationale qui pourrait aider à cette action-là. Il s’agit de prendre en compte cette architecture pour pouvoir faire avancer cette initiative.
Vous êtes au Sénégal dans le cadre de cette initiative. Qu’est-ce que vous avez prévu de faire durant votre séjour ?
Je suis arrivé aujourd’hui (Ndlr : mardi) et j’ai pris fonction il y a deux à trois mois. Ce déplacement au Sénégal est l’une des premières étapes dans mes activités. C’est un pays très important. J’accorde de la valeur à la concertation avec le Sénégal. C’est essentiellement le centre d’intérêt de cette visite. Il s’agit de travailler avec le Gouvernement et les pouvoirs publics. Il y aura, bien entendu, plusieurs autres acteurs, notamment dans le domaine de l’économie bleue. Mais, dans un premier temps, il s’agit de rencontrer les autorités sénégalaises, de recueillir les priorités du Sénégal vis-à-vis de cette Initiative de l’Atlantique portant sur la gouvernance maritime, l’économie bleue et le développement.
Est-ce que l’Initiative pour la coopération de l’Atlantique aura des similitudes avec l’Aukus (acronyme des pays membres : Australia, Royaume-Uni, États-Unis), lancé par votre pays en Indopacifique ?
Vous avez posé une question importante. Les États-Unis ont une façade maritime tant sur le Pacifique que sur l’Atlantique. Donc, il y a des parallèles. Toutefois, je ne voudrais pas faire une fixation sur ces parallèles parce que l’Atlantique constitue à lui-même une spécificité et c’est une spécificité importante en matière de priorités. L’Atlantique également est unique parce qu’on parle d’une zone pan-Atlantique, c’est-à-dire l’Atlantique dans son entièreté. Il s’agit de créer cette communauté des pays riverains de l’Atlantique, de devenir cette communauté Atlantique. Et c’est ce qui en fait une zone spécifique. C’est ce qui fait sa spécificité, j’allais dire.
Pour d’aucuns, les routes maritimes internationales constituent une zone de non-droit. Est-ce que l’Initiative pour la coopération de l’Atlantique pourra aider à prendre à bras-le-corps ces questions ?
J’ose croire que oui. Cette structure va aider à résoudre la situation que vous avez évoquée puisque nous avons des partenaires. Nous avons des défis communs et des priorités communes. Il y a le problème de la criminalité via le trafic de stupéfiants, la traite des personnes qui sont considérées comme étant d’importantes priorités. Il s’y ajoute également la question de la piraterie qui semble être un problème non résolu. Il s’agit donc de renforcer la coopération et la collaboration, ainsi que l’échange d’information. Je pense que cette structure va constituer un élément fondamental ou des éléments fondamentaux pour pouvoir combattre ces phénomènes.
Vous avez été Ambassadeur des États-Unis auprès de l’Union africaine. Quelle lecture faîtes-vous des relations entre votre pays et l’Afrique au moment où le continent cristallise l’attention des grandes puissances et des pays émergents ?
C’est une relation très positive et très constructive. Lors du dernier Sommet États-Unis-Afrique, le Sénégal dirigeait l’Union africaine, et il y a eu d’importants résultats en matière d’accords entre Gouvernements ; des accords entre des entreprises africaines et des entreprises américaines. Le Sénégal y a joué un rôle moteur, tout comme dans le cadre de la prévention des conflits et l’intervention en matière de conflits. Donc, cela constitue une perspective unique et importante dans le cadre de la coopération pour venir à bout des défis à travers cette Initiative.
Quel bilan tirez-vous de la présidence de Macky Sall à la tête de l’Ua ?
Ce fut un mandat couronné de succès, je pense, avec des résultats concrets en matière de défis liés à la paix et dans le cadre de l’agenda de développement. Le Président Macky Sall a su porter la voix du continent très haut dans cette architecture internationale.
L’Initiative pour la coopération de l’Atlantique est à l’état de projet. Est-ce qu’on peut avoir plus de données quant à sa réalisation ?
C’est une question tout à fait légitime parce que nous sommes en concertation avec plusieurs pays. Il est prévu, d’ici fin mai, une rencontre, la première du genre. C’est sur la base de cette rencontre que nous allons prendre des décisions. Je ne veux pas devancer un peu les leaders, me substituer à eux pour avancer des dates, car ils jouent un rôle très important dans cette Initiative.
CE QU'IL FAUT SAVOIR DU BRACELET ELECTRONIQUE
Le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice a présidé hier, un atelier de partage et de sensibilisation sur le bracelet électronique avec des journalistes. Une occasion pour aider les hommes de médias à mieux comprendre cette alternative à l’incarcération
Le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, a présidé, hier, un atelier de partage et de sensibilisation sur le bracelet électronique avec des journalistes. Une occasion pour aider les hommes de médias à mieux comprendre cette alternative à l’incarcération.
Le Sénégal s’est engagé dans une dynamique de lutte contre la surpopulation carcérale et d’améliorer la réinsertion sociale des personnes condamnées. C’est dans ce sens que s’inscrit le recours au bracelet électronique. Afin d’aider à mieux comprendre le recours à cet instrument, un atelier a été organisé pour outiller des journalistes. La rencontre, qui s’est tenue, hier, a été présidée par le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall. La surveillance électronique est le fait pour l’inculpé ou le condamné de porter un bracelet électronique et, en dehors des périodes autorisées, de ne s’absenter de son domicile ou du lieu fixé par la décision judiciaire que dans les conditions et motifs déterminés. Les bénéficiaires de cette surveillance peuvent être des personnes poursuivies ou encore des personnes condamnées. M. Fall a assuré que les professionnels des médias constituent des « vecteurs incontournables » pour aider à la vulgarisation du bracelet électronique. Il ne peut être envisagé que lorsqu’il est sollicité ou accepté par l’inculpé ou le condamné, a précisé le Ministre. Il constitue « un outil moderne et efficace pour garantir la représentation en justice du premier, et assurer le suivi post-sentenciel du second, sans porter préjudice au maintien des liens familiaux, ni compromettre leur situation professionnelle ».
Toutefois, Ismaïla Madior Fall a souligné que la décision du port du bracelet électronique ne saurait être considérée ni comme un acte de rabaissement ou d’humiliation pour les condamnés ou présumés auteurs d’infractions, ni comme une mesure de mitigation ou d’encouragement de la criminalité. « Il est un instrument de lutte contre la délinquance et la récidive, mais également un gage de sécurité pour la population », a-t-il rappelé.
Des obligations pour le porteur
L’atelier a été un moment de partage sur le cadre juridique lié à la surveillance électronique. Les porteurs de bracelet électronique doivent remplir certaines conditions selon les explications de Alassane Ndiaye, directeur adjoint des affaires criminelles et des grâces et coordonnateur du Centre de surveillance électronique. Il a énuméré, entre autres, la nécessité d’obtenir l’accord de la personne concernée, d’avoir une situation familiale justifiant la mesure, d’avoir l’accord du père, de la mère ou de la personne qui a la garde s’il s’agit de mineurs, ou encore la compatibilité du matériel avec la santé de l’intéressé. Cependant, les personnes poursuivies ou condamnées pour détournement de deniers publics ou délits douaniers sont tenues à un cautionnement ou un remboursement préalable.
« Le bénéficiaire a certaines obligations telles qu’assurer la remise en charge régulière de la batterie, répondre aux convocations du juge d’instruction, du juge de l’application des peines ou de toute autre autorité désignée et de respecter la zone délimitée », a fait savoir le directeur adjoint des affaires criminelles et des grâces. Il va plus loin en expliquant que l’inobservation par le concerné de ces obligations entraîne une nouvelle condamnation. « L’enlèvement ou la détérioration du bracelet est également considéré comme un délit d’évasion et la personne risque six mois d’emprisonnement au moins », a précisé M. Ndiaye.
Le bracelet est un dispositif électronique fait avec un cadre en titane à l’intérieur et pèse 180 g. Il est livré avec un chargeur mobile et un élément de confort. Imperméable, résistant, il comporte toutes les tailles. Cet outil ne possède pas de micro et permet uniquement de suivre les mouvements de la personne grâce à des satellites de géolocalisation et à travers le réseau mobile. Le bracelet est en constante communication avec le centre de surveillance. Lorsque la personne essaie de l’enlever, le centre reçoit des alertes. « Nous informons la police, la gendarmerie en cas d’évasion, d’altération ou de tentative d’enlèvement du bracelet », a expliqué le lieutenant Moussa Dièye, chef d’unité du centre de surveillance électronique.
50 unités déjà posées
Le centre de surveillance électronique a été inauguré le 15 novembre 2022. « Nous avons, depuis lors, posé 50 bracelets dont 10 déposés », a informé le lieutenant Moussa Dièye, chef d’unité de surveillance dudit centre. Il est composé de 16 agents organisés en équipes et compte une unité de surveillance électronique avec un service qui fonctionne 24h/24 et 7j/7. « L’unité est en contact permanent avec les personnes placées sous surveillance électronique et avec les autorités judiciaires, les services de police », a-t-il fait savoir.
LA MISSION SECRETE DE BARACK OBAMA AUPRES DE MACKY SALL
Selon les informations d'Africa Intelligence, l'ex-président des Etats-Unis Barack Obama s'est entretenu dans la plus grande confidentialité par téléphone avec le chef de l'Etat sénégalais pour évoquer l'élection présidentielle de février 2024.
A moins d’un an d’une élection présidentielle cruciale pour le Sénégal, les choses se compliquent pour Macky Sall, président de ce pays. Si sur le plan juridique, ce dernier peut se réjouir du récent verdict sanctionnant Ousmane Sonko, son principal opposant, à une peine qui pourrait invalider sa candidature, sur le plan diplomatique, rien n’est encore moins sûr. Et en Occident, la décision de Macky de briguer un 3ème mandat n’est pas vu d’un bon oeil.
C’est du moins ce qu’a révélé, ce 11 mai, le média d’investigation Africa Intelligence qui nous apprend que l’ex président des Etats-Unis, Barack Obama, s’est entretenu secrètement (par téléphone) avec Macky Sall sur ce sujet extrêmement scabreux. Et le premier président noir des USA a transmis à son ex homologue les doutes concernant sa décision de se maintenir au pouvoir une troisième fois. D’après la même source, l’appel téléphonique entre Macky et Obama a été coordonné par l’entremise de Joe Biden, actuel président des Etats-Unis.
« Selon les informations d’Africa Intelligence, l’ex-président des Etats-Unis Barack Obama s’est entretenu dans la plus grande confidentialité par téléphone avec le chef de l’Etat sénégalais pour évoquer l’élection présidentielle de février 2024. L’échange s’est tenu en étroite coordination avec l’administration Biden, au moment où le scénario d’un troisième mandat de Macky Sall se dessine chaque jour un peu plus », renseigne Africa Intelligence.
Il faut préciser que l’appel de Barack Obama intervient dans un contexte politique très tendu au Sénégal marqué par la récente condamnation du principal opposant du pays à une amende de 200 millions et à 6 mois de prison avec sursis. Une telle condamnation pourrait éventuellement disqualifier sa candidature pour 2024, ce qui risque de déclencher de vives tensions dans le pays.
Il faut aussi rappeler que Barack Obama n’est pas la seule personnalité politique occidentale à s’inquiéter du troisième mandat de Macky Sall. En effet, le 02 mars dernier, la même source (Africa Intelligence) nous informait qu’à Elysée, l’idée semble ne pas trop plaire à Emmanuel Macron.
« A moins d’un an de l’élection présidentielle, la perspective d’une candidature de Macky Sall pour un troisième mandat inquiète de plus en plus la France et les Etats-Unis. Le sujet a été abordé directement par Emmanuel Macron avec son homologue sénégalais. Dans le même temps, la question embarrasse dans les capitales des Etats membres de la Cedeao », révèle la source.
Par Abdourahmane Sarr
ARBITRER DEUX FORCES PARTISANES: APR ET PASTEF
En politique ou dans les organisations, ceux qui ne sont pas d'accord et ont où aller sortent du groupe s'ils ne peuvent pas exprimer leur désaccord en interne et ne peuvent être loyaux à un certain consensus
A la veille des législatives de 2022 nous disions que le champ politique sénégalais partisan bipolarisé Yewwi-Benno était une bonne chose pour notre démocratie à la croisée des chemins en 2024. Une bonne chose car il permettait un arbitrage citoyen non partisan engagé puisque les deux camps nous disent que le pouvoir appartient au peuple.
De ce fait, il fallait construire une force citoyenne non partisane pour arbitrer la bipolarisation. Le F24 ayant incorporé des forces partisanes d’opposition aux intérêts divergents, notamment Yewwi, a fait la même erreur congénitale que Yewwi: Absence de projet commun et d’objectivité, mais volonté d’unité d’action. Sa manifestation a donc de facto démontré que le leader des forces partisanes d’opposition est bien Ousmane Sonko, l’absent le plus présent de leur manifestation de vendredi.
Nous rappelions les principes du “Exit, Voice, and Loyalty" comme disait l'autre "Partir, S'exprimer, et Loyauté ". En politique ou dans les organisations, ceux qui ne sont pas d'accord et ont où aller sortent du groupe s'ils ne peuvent pas exprimer leur désaccord en interne et ne peuvent être loyaux à un certain consensus. Nous l'avons observé dans Yewwi (Barthélémy Dias, Maire de Dakar) dans Benno (Idrissa Seck, Candidat Obligatoire).
S'ils n'ont pas où aller, dans notre champ politique partisan bipolarisé, ils restent loyaux et n'expriment pas leur désaccord ou l'expriment tendrement (Khalifa Sall). S'ils peuvent exprimer leur désaccord et ont où aller, ils peuvent rester pour bâtir un consensus démocratiquement acceptable auquel ils pourraient en retour être loyaux (Ousmane Sonko). Sans Macky Sall (APR) Benno n’est rien et sans Ousmane Sonko (PASTEF) Yewwi n’est rien. Ils sont les seuls à pouvoir quitter leur groupe sans y perdre des plumes. La classe politique sénégalaise au pouvoir et dans l'opposition est donc prise en otage par deux leaderships dans un "mortal combat" dont l’épilogue pourrait bien être cette semaine: il y aura procès avec prise de corps ou pas?
Le problème du Sénégal de 2024 ne devrait pas être une compétition électorale électoraliste et un rapport de forces violentes (État et Citoyens) mais de visions. A l’heure où nous parlons seul PASTEF a une vision différente du statu quo à arbitrer.
Une force citoyenne non partisane unifiée est toujours nécessaire, à défaut, la majorité silencieuse devra se résigner à la partisanerie électoraliste.
Librement
Abdourahmane Sarr
Président CEFDEL
Moom Sa Bopp Menel Sa Bopp