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23 mai 2025
LES SECRETS CONTRE LES MALADIES CHRONIQUES
Les légumineuses jouent un rôle clé dans la prévention des maladies chroniques, a-t-on appris du docteur Djiby Samb, diététicien, nutritionniste et spécialiste en éducation et promotion de la santé, invitant à les consommer régulièrement.
Les légumineuses jouent un rôle clé dans la prévention des maladies chroniques, a-t-on appris du docteur Djiby Samb, diététicien, nutritionniste et spécialiste en éducation et promotion de la santé, invitant à les consommer régulièrement.
‘’Les légumineuses sont des piliers de l’alimentation et jouent un rôle clé dans la prévention des maladies chroniques. Leur consommation régulière contribue à une meilleure santé cardiovasculaire, une régulation du diabète et une alimentation équilibrée’’, a-t-il déclaré dans un entretien accordé à l’APS dans le cadre de la Journée mondiale des légumineuses célébrée, le 10 février de chaque année.
Le thème de cette édition est : ‘’Les légumineuses apportent un grain de diversité dans les systèmes agroalimentaires’’.
Il a indiqué que les légumineuses : lentilles, petit pois, niébé, arachides, entre autres, sont riches en fibres, protéines végétales, vitamines et minéraux et que leur consommation régulière est associée à divers bénéfices pour la santé.
‘’Pour les personnes atteintes de maladies chroniques comme le diabète, les maladies cardiovasculaires, l’obésité, le cancer, les maladies rénales, etc., un apport suffisant et de qualité en protéines peut améliorer la gestion des symptômes et ralentir la progression de la maladie’’, a recommandé le diététicien.
Il a expliqué que les protéines jouent un rôle essentiel dans le maintien de la santé musculaire, immunitaire et métabolique, et assurent également une fonction de prévention de la sarcopénie, c’est-à-dire une perte musculaire, et de régulation du métabolisme et de la glycémie (Diabète de type 2, Syndrome métabolique).
‘’Les protéines ralentissent l’absorption du glucose, évitant ainsi les pics de glycémie. Elles augmentent la sensibilité à l’insuline, contribuant à un meilleur contrôle du diabète. On en trouve dans les légumineuses comme le poisson, la viande maigre, les œufs et les produits laitiers faibles en gras’’, a-t-il relevé.
Prévention et gestion des maladies cardiovasculaires
Pour le spécialiste en éducation et promotion de la santé les protéines animales maigres (poisson, volaille) sont préférables à la viande rouge riche en graisse saturée.
‘’Elles permettent la gestion du poids et de l’obésité en favorisant la satiété, réduisant ainsi les fringales et l’apport calorique total, en renforçant le système immunitaire par la production d’anticorps et la réparation cellulaire’’, a-t-il dit.
De plus, elles aident à préserver la fonction rénale contre l’insuffisance chronique, d’où l’intérêt, selon lui, d’accorder la priorité aux protéines végétales et animales maigres.
Interpellé sur la consommation de certaines légumineuses incriminées dans certaines maladies, Djiby Samb précise que ‘’l’arachide est un aliment de base consommée au Sénégal, mais elle est souvent contaminée par des aflatoxines, des toxines produites par des champignons du genre Aspergillus. Ces substances sont hautement toxiques et peuvent provoquer des problèmes de santé’’.
Face à cette situation, il recommande des stratégies de prévention, qui passent par de bonnes pratiques agricoles, comme la sélection des semences résistantes, l’utilisation des variétés tolérantes aux champignons et la récolte au bon moment, en évitant que les gousses ne restent trop longtemps dans le champ après maturité.
Pour la conservation des graines d’arachide, le diététicien suggère d’utiliser des sacs hermétiques et des greniers bien ventilés, mais surtout de procéder à l’élimination des graines moisies, abîmées ou décolorées avant la consommation ou la vente.
Il n’a pas manqué d’appeler à la sensibilisation des producteurs et consommateurs sur les dangers des aflatoxines, les incitant à la recherche de méthodes naturelles de lutte contre les champignons.
Les légumineuses préviennent certaines carences
Le spécialiste en diététique et nutrition rappelle que ‘’les légumineuses jouent un rôle important dans l’amélioration de la qualité nutritionnelle globale des régimes alimentaires ».
‘’Elles peuvent contribuer à atténuer certaines carences en micronutriments, même si elles ne sont pas des sources universelles pour tous ces micronutriments, comme la vitamine A ou l’iode’’, a fait savoir Djiby Samb.
‘’Les légumineuses, lentilles, haricots, niébé, etc, sont une source intéressante de fer non héminique. Ce type de fer, bien que moins bien absorbé que le fer héminique d’origine animale, peut contribuer à réduire la prévalence de l’anémie ferriprive si l’alimentation est par ailleurs bien équilibrée et riche en vitamine C, favorisant ainsi l’absorption du fer’’, a expliqué le spécialiste.
‘’Elles contiennent également des quantités appréciables de folate, essentiel pour la formation des globules rouges et le bon fonctionnement du système nerveux. Un apport adéquat en folate est particulièrement important pour les femmes en âge de procréer’’, a-t-il ajouté.
Le spécialiste note aussi que ‘’les légumineuses apportent du zinc, qui contribue au renforcement du système immunitaire, ainsi que du magnésium, impliqué dans de nombreuses réactions enzymatiques du corps’’.
‘’Elles fournissent aussi des vitamines B comme la thiamine, la riboflavine et la niacine, qui participent à la production d’énergie et au maintien du système nerveux’’, a-t-il souligné.
‘’Intégrer les légumineuses dans un régime diversifié permet de bénéficier de leurs apports en fer, folate, zinc et autres vitamines du groupe B, tout en complétant le régime avec des aliments riches en vitamine A et en iode’’, a insisté le docteur Samb. Cette complémentarité est essentielle pour lutter efficacement contre les carences en micronutriments’’, a-t-il fait valoir.
En réponse aux impacts des effets du changement climatique sur les légumineuses, le spécialiste en éducation et promotion de la santé propose une approche intégrée.
‘’L’adaptation aux effets du changement climatique sur la production de légumineuses passe par une approche intégrée. Il s’agira de combiner des innovations technologiques et agronomiques : variétés résistantes, techniques de conservation, gestion de l’eau, avec un soutien institutionnel fort, une formation continue des agriculteurs’’, a-t-il indiqué.
De l’avis de Djiby Samb, ces stratégies permettront non seulement d’assurer une production durable de légumineuses, essentielle pour la sécurité alimentaire, mais aussi de renforcer la résilience globale des systèmes agricoles face aux défis futurs de l’environnement.
Par Hamidou SALL
DE L’ABROGATION
L’abrogation était une promesse de campagne, et majorité acquise on veut passer à l’action. Soit ! Abroger oui, mais aller jusqu’au bout. Qu’est-ce à dire ? Notre pays n’est pas forcément enfermé dans l’unique choix de réveiller les démons
J’aime lire. J’aime lire dans le silence, le soir, au cœur de la nuit, moment propice pour une lecture idéale. La littérature, en son expression la plus haute, m’apparaît, par excellence, comme une instance qui pense le monde et dit aussi son histoire. J’aime lire les classiques et les relire. J’utilise à dessein le préfixe de réitération car convaincu que les classiques sont toujours à relire. Il y a quelques jours, souvenirs de mes joies livresques, j’ai repensé au sort de ces jeunes enfants livrés à eux-mêmes sur une île déserte, cherchant en vain à fonder une société. Handicap majeur, ils n’avaient pas avec eux, en eux, la connaissance du passé pour les aider dans leur noble tâche. Voici résumé le thème du livre «Sa majesté des Mouches» du grand écrivain britannique William Golding.
Oui, qui n’a pas de mémoire n’aura pas d’avenir, et il est bon de toujours rappeler aux jeunes générations que tout avenir se construit en fonction d’un passé où l’on trouve des références pour se projeter plus loin. Et d’ailleurs, Le Coran, notre Saint-Livre, en sa Sourate «Le Très Haut», ne nous dit-il pas qu’il faut sonner le rappel car il est bon de se souvenir ?
Et passant du sacré au profane, je puis dire que parmi les œuvres qui ont défini l’alphabet de mes connaissances et de mes émotions, il y a certes L’aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane, des écrits de Léopold Sédar Senghor, de Aimé Césaire, de Jacqueline de Romilly, la plus grande helléniste de France et référence mondiale dans sa discipline, dont j’ai recueilli, au soir de sa vie, les ultima verba, objet de mon livre d’entretien avec elle, mais aussi quelques écrits de Fiodor Dostoïevski.
Dans Les Frères Karama-zov, l’auteur russe a mis dans la bouche d’un de ses héros : «Nous sommes tous coupables de tout, et de tous devant tous et moi plus que les autres.» S’entremêlent dans ce récit questions existentielles, libre arbitre, responsabilité, culpabilité, violence et vulgarité.
L’être vivant murit et vieillit, sa voix, un jour, entrera fatalement dans le silence. Mais au-delà de cette voix qui s’éteint, la parole demeure. Voilà pourquoi la sagesse nous recommande de tourner sept fois la langue avant de parler. La parole est fondatrice. La parole de paix crée les conditions de la paix et entretient l’entente, la cohésion sociale, la concorde nationale. La parole violente génère la violence, et dans nombre de cas, malheureusement, elle est continuée par d’autres qui la relaient, qui vont plus loin et la traduisent en actes. La parole première, si elle n’est pas entièrement responsable, est, à tout le moins, indiscutablement, co-responsable.
L’année dernière, sur proposition du président de la République, l’Assemblée nationale avait voté une loi d’amnistie motivée, nous a-t-on dit, par le souci d’apaiser le climat politique et social, et celui de renforcer la cohésion nationale et consolider le dialogue national. L’amnistie, dans notre pays et ailleurs dans le monde, hier, aujourd’hui et demain, a été, est et restera, parmi d’autres, par-delà adversités, tensions et déchirures politiques, une voie responsable pour apaiser, aplanir et réconcilier afin de permettre aux sociétés désireuses d’aller de l’avant d’ouvrir une nouvelle page vers des lendemains adultes. C’est par cette voie de lucidité et de réalisme, de générosité et de pardon que beaucoup de peuples ont surmonté leurs épreuves majeures, leurs troubles et convulsions pénibles pour s’éviter les affres de la division et d’une catastrophique descente aux enfers.
Comprendre, faire comprendre en servant humblement mais fidèlement l’idéal indestructible de la construction d’une mémoire collective au service de notre pays, c’est ce qui m’anime en écrivant ces lignes, je n’ai aucune autre motivation que celle-là.
Or donc, je suis, avec mon ami et «Gamou» le juriste Benoît Ngom, le premier Sénégalais à avoir rencontré Nelson Mandela après sa sortie de prison au terme de ses vingt-sept pénibles années de captivité. Quelques semaines après sa libération, au cours de nos échanges à Johannesburg, nous l’avons invité au Sénégal, ce qu’il a tout de suite accepté. De retour au pays, nous avions rendu compte au président de la République de l’époque. Nelson Mandela, qui n’avait pas encore rédigé ses mémoires, nous avait longuement parlé du Sénégal, de Senghor, de la première rencontre entre libéraux blancs et militants de l’Anc tenue à Dakar et de réconciliation. Il avait un sens extraordinaire de l’histoire et une claire conscience de sa responsabilité dans la construction d’une nouvelle Afrique du Sud post-apartheid. Homme d’exception, porteur des stigmates d’une longue série d’épreuves accumulées tout au long de son noble combat héroïque et douloureux contre un abominable et éhonté système raciste et violent, il m’était apparu comme la sérénité incarnée. Il était doté d’une mémoire phénoménale. Il nous avait restitué jusque dans le détail, ses échanges avec le président Senghor, la crise d’asthme aiguë qui avait terrassé son compagnon Olivier Tambo au palais de la République et sa prise en charge par le médecin personnel du chef de l’Etat.
Evoquant des discussions avec Senghor, il nous avait dit leurs désaccords sur Umkoto we sizwe, la lutte armée que l’Anc allait déclencher et pour laquelle il effectuait une tournée africaine pour lever les fonds destinés à la financer. Il se souvenait de Gabriel d’Arboussier et m’avait demandé s’il était encore en vie. Senghor l’avait fait venir un moment pour l’impliquer et lui confier le suivi d’un point important sur lequel ils avaient trouvé un accord. En présence de Benoît Ngom et de Barbara Masekela, futur ambassadrice de l’Afrique du Sud en France et aux Etats-Unis, et sœur du grand trompettiste Hugh Masekela qui fut un moment le mari de ma regrettée amie Miriam Makeba, Mandela évoqua des échanges avec Senghor qui l’interrogeait sur Chaka Zulu pour enrichir ses connaissances et étoffer son écriture poétique. Jeune lycéen, j’ai été très lié à Makeba et à son mari Stokely Carmichael, ancien leader des Black Panthers. Ils m’écrivaient régulièrement pour me dire leur affectueuse amitié et pour m’encourager et me pousser dans mes études. S’en souviennent encore mes amis le Colonel Ismaël Pascal Thiam -condisciples, nos baccalauréats sont de la même fournée-, le grand cinéaste Ousmane William Mbaye -nos adolescences s’étaient confondues dans le creuset du Club Africa avec Aziz Dieng, la culture toujours chevillée au corps, ma sœur Daba Fall, avant ses années Gembloux, Dr Cheikh Ly et tant d’autres dont certains aujourd’hui disparus. Je m’incline pieusement devant leur mémoire.
A Dakar, dernière étape de sa tournée avant son retour et son arrestation, Mandela n’obtint pas de l’argent, mais un solide et puissant soutien politique, des passeports diplomatiques et l’ouverture à Dakar d’un Bureau régional de l’Anc entièrement pris en charge par le Sénégal. Le président Senghor, en talentueux chef d’orchestre, battait déjà la mesure vers l’âge d’or de notre diplomatie longtemps portée au niveau ministériel par des hommes et une femme qui, avec nos brillants ambassadeurs et leurs remarquables et dévoués collaborateurs, dans une belle et dynamique synergie, ont donné à la voix d’un petit pays sans grandes ressources un écho planétaire. Et les années ont passé, et aujourd’hui, malheureusement, nous en sommes à laudator temporis acti, nostalgie et éloge des tempos anciens.
J’ai bien connu le Dr Alexander Boraine qui, avec Frederik Van Zyl Slabbert, lui aussi mon ami, fut l’un des architectes-clés de la transition de l’Afrique du Sud. Les deux m’ont fait l’amitié de venir chez moi, à Dakar, à ma table, partager mes repas avec Benoît Ngom et quelques de mes proches. Alex Boraine, aux côtés de Desmond Tutu, Prix Nobel de la Paix, a co-présidé la commission Vérité-Réconciliation. Je ne remercierai jamais assez Le Seigneur pour ces rencontres, ces inoubliables moments d’échanges enrichissants, ces amitiés nouées avec de si grandes figures de l’Histoire dont je ne parle pas souvent. Aujourd’hui, avec le recul qu’offre le temps qui s’écoule, je ne saurais vraiment penser sans angoisse à la confiance et à l’amitié qu’ont eues pour moi ces êtres de qualité. Des expériences précoces de la vie qui m’ont aidé à mieux comprendre la vie et aussi à surmonter quelques généreuses illusions sur elle.
Je reste convaincu que ce qu’elles m’ont donné, ce que ces hommes et femmes m’ont offert ne m’appartient pas. Les souvenirs attachés à cette émouvante prodigalité sont encore dans la fraîcheur d’une mémoire qui faillira un jour. Alors, pendant que je le peux et pour ne point être indigne d’eux, il me faut faire ce que je peux et donner le plus généreusement possible, partager le plus fidèlement possible pour faire du passé, non point table rase, mais la racine du futur et une source d’enrichissement. Des largesses du destin qui m’ont édifié sur des femmes et des hommes de haute altitude, des êtres de grande et profonde sagesse, avec un sens émouvant du devoir et du dépassement, et tous dévoués à l’intérêt collectif dans un amour sans bornes pour leurs pays.
En pensant à eux, comment ne pas penser à quelques hautes et attachantes figures, des hommes de grande valeur, de vaste culture, de vrais patriotes irréductibles construits sur un socle de vertus et habités par un amour viscéral pour leur patrie à laquelle ils ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Ils ont noms Mamadou Dia, Valdiodio Ndiaye, Ibrahima Sarr, Joseph Mbaye, Cheikh Anta Diop, Aboubakry Kane, Mody Niane, Abdoul Aziz Wane (ingénieur Centrale Paris), Kéba Mbaye, Amadou Mahtar Mbow, pour ne citer que ceux-là parmi tant d’autres. Leurs sacrifices, le don de leur personne, leur engagement au service du pays et de sa construction ont puissamment contribué, à divers moments de la vie de notre pays et notamment à des heures sombres, troubles et douloureuses de son histoire, à passer le pont fragile et étroit des batailles et antagonismes aigus de la politique, lui évitant ainsi de sombrer dans les abîmes de ces crises sans fin qui ont plongé bien des pays mille fois plus lotis que le nôtre dans l’effroi d’un interminable chapelet de misère chronique.
Dans un passé très récent, le Sénégal a traversé des moments très difficiles. La violence éruptive a détruit, brûlé, pillé, saccagé, ruiné et tué dans une ardeur et une rage sans précédent. Quelques mois auparavant, sans abus de langage et sans risque d’être contredit par un esprit juste, force était de constater que notre pays n’était plus dans une logique de maintien de l’ordre, mais plutôt dans celle de l’impérieuse et salvatrice urgence du rétablissement de l’ordre. Il ne faut jamais se lasser de rappeler que la paix, ainsi de la santé, seul celui qui la perd en connaît le prix et la beauté. La Paix, par des actes posés, relève d’une construction au quotidien.
Qui n’a pas de mémoire n’aura pas d’avenir. Il est un temps pour tout. Il est un temps pour jeter les pierres, il est un temps pour ramasser les pierres ; il est un temps pour faire la guerre, il est un temps pour faire la paix, nous enseigne L’Ecclésiaste, de la Sainte Bible. Toutes les sociétés ont besoin de paix pour se construire et aller de l’avant. La paix ne se réduit pas seulement à une absence de belligérance, de conflit et de guerre. Fruit d’un équilibre fragile et toujours précaire des forces, la paix se construit jour après jour dans la poursuite d’un ordre voulu. Le développement et la prospérité des peuples sont les garants de la paix, et la paix est une condition sine qua non du développement.
Dans la vie en général, et surtout dans l’espace politique, il n’y a pas seulement que les principes qui comptent, il y a aussi la manière de les servir. Il ne suffit pas de se proclamer juste pour être un juste. Ma conviction est profonde que pour mériter le nom de juste, il ne suffit pas seulement d’avoir une fois servi une cause juste, il faut plus et beaucoup plus. Et ce qui frappe le plus en ces temps encore incertains, c’est l’effroyable perversion de l’idée de justice chez des hommes qui continuent de vouloir s’en croire les champions parce qu’ils sont disposés à exterminer toute forme d’injustice, mais qui sont toujours oublieux de la leur propre. Pour un esprit libre qui s’efforce de voir les choses dans une optique autre que celle de la rage politicienne, il est évident que notre pays est aujourd’hui dans une urgence autre que celle d’interminables querelles politiciennes et de règlements de comptes qui ne feront que l’enfoncer dans un cycle de crises sans précédent, de déchirures douloureuses et regrettables, avec à la clé un mortifère surplace existentiel.
Hier, conquête du pouvoir, aujourd’hui, il est acquis. Et on doit l’exercer pleinement et en toute responsabilité, et son bon exercice passe indubitablement par le maintien des acquis positifs, la correction des erreurs du passé, l’obligation de punir ce qui doit l’être sans cruauté inutile ni faiblesse coupable, réparer les injustices en se tenant dans la posture du réparateur juste et surtout se mettre au travail pour améliorer, et comme promis, transformer radicalement le sort de l’ensemble du peuple sénégalais. Et il est donc question, et surtout il est temps, d’arrêter l’énorme inflation des débats aporétiques.
Le Sénégal est notre bien suprême ; il est à un tournant décisif de sa marche dans l’histoire et dans le temps du monde. Il vient d’entrer dans le cercle très surveillé des pays producteurs de denrées hautement stratégiques et fera donc l’objet de mille attentions, pour ne pas dire de mille et une convoitises. Les froids spécialistes du chaos, féroces félins ingénieux dans l’art de la turbulence à leurs intérêts profitables, par l’odeur de nos biens alléchés, rôdent déjà autour de nous. Mais si nous savons «rester un peuple uni sans couture», comme nous y invite notre chant national, vaines seront toutes leurs tentatives, car «concordia civium murus urium» : la concorde entre citoyens, voilà la muraille des villes, et j’ajouterai que cette concorde est la forteresse protectrice de notre pays.
Notre cher Sénégal est, «nolens volens», bien au-dessus de tous ces mots et formules par lesquels nous aimons passer pour légitimer nos stériles agissements. Le Sénégal d’abord et seulement ensuite tous ces concepts que sont : liberté d’opinion et d’expression, équité, reddition des comptes, très importants, disons-le haut et fort, qui toutefois, osons aussi le dire, haut et fort, ne vaudront rien, absolument rien, si le pays n’est pas en paix, stable et solidement uni dans le respect et la pluralité des idées, opinions et orientations politiques de ses différentes composantes. Il n’est point besoin de rappeler que le Sénégal, notre cher pays, est une donnée transcendante qui ne saurait être traitée ou gérée à l’aune d’intérêts claniques. Il est la seule donnée permanente ancrée dans la vocation de donner un abri paisible à tous ses enfants, orgueilleux d’être différents mais heureux d’être ensemble dans une maison pour tous parce que construite avec la pierre de chacun. Le Sénégal se subordonne absolument tout, il prime sur tout et vaut donc tous les sacrifices, tous les consensus et sursauts en vue de raffermir son pacte d’éternité avec l’avenir. Je le crois profondément, et c’est avec cet horizon de l’intérêt national supérieur que j’ai lu la pertinence de la loi d’amnistie.
Or donc, on veut l’abroger. Soit ! On veut abroger une loi qui, au Sénégal, dans un pays déchiré après un cycle infernal de violences, de troubles, de dégâts terribles, avait contribué à pacifier un espace agité et à organiser une consultation électorale alors porteuse de tous les dangers, mais finalement apaisée.
En son temps, bien que soit rare ma parole publique sur ces questions, usant de mon droit d’avoir une opinion et un avis sur ce qui concerne un pays dont je suis citoyen, j’avais écrit un texte intitulé : Eviter le vicieux piège de l’Occident. Un proche me l’avait reproché, estimant que ma plume ne devrait point sortir de la sphère littéraire, quand un autre, de moi inconnu, y était allé avec son «Hamidou Sall qui se croit malin». Peut-être, aurait-il préféré que je me crusse idiot ? Dans ce texte, je m’en étais pris à des médias et pouvoirs occidentaux qui, oubliant de balayer devant leurs portes, et faisant aussi plaisir à certains, s’étaient octroyé le droit de déverser un déluge de feu sur notre pays. J’avais rappelé à cet Occident prédateur, si prompt à la flagellation, qu’il a longtemps versé le sang des humanités pour se frayer un chemin chaotique dans la marche de l’histoire du monde, enfermant ainsi dans une nasse dont ils ont encore du mal à sortir, bien des peuples dont le seul tort est celui de vouloir prendre leur destin en main. J’avais montré que l’Occident et ses médias de service n’étaient nullement qualifiés pour nous donner des leçons et qu’ils n’avaient pas le droit de dresser des Sénégalais contre d’autres Sénégalais.
J’avais décrit un Occident qui indique le droit chemin mais qui serpente par des voies et des voix obliques, sinueuses et tortueuses, au gré de ses seuls intérêts. Et d’ailleurs, depuis leurs exigences, leurs leçons de démocratie et de respect de normes, de calendriers et autres diktats, que s’est-il passé chez eux et ailleurs, notamment dans certaines parties du monde où ils ont de gros intérêts ? Actualité brûlante, comment se comporte cet Occident dans ce qui se passe dans la partie-Est d’un grand pays de l’Afrique centrale. Contracter, se ravitailler et commercer avec un pays subitement passé premier producteur d’un produit qu’il ne produit pas et dont on sait pertinemment comment il se le procure, et vouloir tranquillement s’obstiner à nous donner des leçons de rectitude morale et de bonne gouvernance… Quel magnifique exploit !
Et retentit en nous la voix de Aimé Césaire, l’enfant d’une violence indicible de l’histoire, mais lumineux fruit de la terrible vomissure des bateaux négriers, quatre siècles durant, qui, dans son Discours sur le colonialisme, nous dit qu’une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde. Et Sénèque, philosophe romain, de nous dire que «ce que tu veux enflammer chez les autres doit d’abord brûler en toi».
Mais revenons à l’abrogation, non sans rappeler d’abord qu’un sage adage, bien de chez nous, enseigne qu’en Afrique rien ne se gâte si à son sujet il y a eu suffisamment de paroles.
Parlons donc !
L’abrogation était une promesse de campagne, et majorité acquise on veut passer à l’action. Soit ! Abroger oui, mais aller jusqu’au bout. Qu’est-ce à dire ? Il est donc question de retirer la loi votée par une Assemblée souveraine et accepter de revenir à la situation antérieure. Comme on le sait, la loi d’amnistie est sans préjudice des droits des tiers, mais si elle est abrogée, que fera-t-on des droits acquis par certaines personnes à la suite de sa promulgation ? Question importante et centrale qui ne peut, en aucun cas, justice oblige, être occultée.
Aller jusqu’au bout de l’abrogation, c’est remettre tout sur la table, dire le Droit, rien que le Droit, aller au bout des enquêtes jadis ouvertes, déterminer les coupables et les punir selon la loi.
Abroger, à mon humble avis d’humble citoyen, c’est accepter tout d’abord la mise en place d’une commission d’enquête indépendante composée de Sénégalais compétents et connus pour leur hauteur, leur vertu et leur attachement viscéral à la défense et à la sauvegarde de l’intérêt général. Oui pour la mise en place d’une équipe indépendante et pluridisciplinaire qui comprendra des compétences issues de la Société civile, de la Magistrature, du Barreau, des organisations syndicales, du secteur privé, des chefs religieux et coutumiers…
Pour mener à bien sa mission, cette commission devra disposer d’éléments fiables issus du renseignement et de la surveillance du territoire, et comprendre des gendarmes, des militaires, des policiers qui ne sont plus en activité et dont l’expertise est avérée et les états de service reconnus. Pour des raisons évidentes, et dans le seul but de renforcer son indépendance, cette commission devra être hors du contrôle et de l’autorité des actuels ministres de l’Intérieur, des Forces armées et de la Justice, qui ne peuvent être juges et parties. Mais, et c’est encore ma conviction, notre pays n’est pas forcément enfermé dans l’unique choix de réveiller les démons et d’endurer des ténèbres. Il peut aussi, j’en suis persuadé, faire le pari de nouveaux soleils et, dans le silence des passions et la mise en avant de la raison, tendre résolument la main à un avenir meilleur de la Nation, pour la Nation.
PERFORMANCES DES LIONS
Les footballeurs sénégalais de Metz (Ligue 2 française), Pape Amadou Diallo, Cheikh Sabaly et Idrissa Guèye ont offert, ce week-end, la victoire à leur équipe, au moment où leurs compatriotes de la Ligue 2 Soumano Sambou et de la Saudi pro League ...
Les footballeurs sénégalais de Metz (Ligue 2 française), Pape Amadou Diallo, Cheikh Sabaly et Idrissa Guèye ont offert, ce week-end, la victoire à leur équipe, au moment où leurs compatriotes de la Ligue 2 Soumano Sambou (Lorient) et de la Saudi pro League, en Arabie Saoudite, Habib Diallo (Damac), se sont illustrés, en inscrivant un doublé chacun.
C’est Papa Amadou Diallo qui a ouvert les hostilités dès la quatrième minute, pour Metz. L’attaquant de 20 ans a inscrit son cinquième but de la saison en championnat. Son compatriote Cheikh Sabaly a suivi ses pas, en doublant la mise à la 18e mn portant ainsi son compteur de buts à neuf réalisations en Ligue 2.
Idrissa Guèye va définitivement sceller la victoire messine (3-1) à la 81e mn. Malheureusement, le joueur de 18 ans va sortir sur blessure à la 93e mn.
Un autre Sénégalais s’est distingué en Ligue 2 française. Il s’agit de Soumano Sambou de Lorient (1er). L’attaquant rentré à la 71e mn a marqué un doublé en trois minutes (83e et 86e). Sa double réalisation a permis à son équipe de s’imposer, 3-1, contre Amiens. Son dernier but en club remonte à la 16e journée, contre Paris FC.
Pathé Mboup de Pau FC (2e) a également été buteur, lors de la défaite (1-3), contre Paris FC.
En Ligue 1 française, Issa Soumaré du Havre (17e) a fortement contribué à la victoire (2-1) de son équipe contre Lille, lors de la 21e journée. L’attaquant de 24 ans a marqué et donné une passe décisive.
Rennes de Habib Bèye enchaîne
Le Stade Rennais semble enfin sortir de la crise. L’équipe entraînée par le Sénégalais Habib Bèye a enchaîné à l’extérieur contre Saint-Etienne, une deuxième victoire (2-0). Avant l’arrivée de l’ancien défenseur des Lions du Sénégal, la semaine dernière, les Rennais étaient sur une série de cinq défaites en championnat et Coupe de France.
Deux précieuses victoires qui permettent aux Rouge et Noir de se hisser à la 12e place du classement général, avant la réception de Lille, dimanche prochain.
Sans Lamine Camara blessé au genou, Monaco (4e) a perdu lourdement (1-4) contre le Paris Saint-Germain. Krepin Diatta a joué les 15 dernières minutes de la rencontre.
Titulaires contre Nantes, Abdallah Sima de Brest (8e) a assisté à la victoire (2-0) de son équipe, vendredi.
Strasbourg (9e) de Habib Diarra et Lyon (6e) de Moussa Niakhaté ont remporté leur match, respectivement contre Montpellier (2-0) et Reims (4-0). Titulaires, les deux Sénégalais ont joué tout le match.
En Arabie Saoudite, Habib Diallo de Damac (11e) a retrouvé le chemin des filets, en inscrivant, samedi, un doublé contre Al-Hilal de Kalidou Koulibaly, lors de la 19e journée de la Saudi Pro League. Sa double réalisation a permis à son équipe de tenir en échec (2-2), l’actuel deuxième du championnat saoudien et le tenant du titre.
L’attaquant des Lions n’avait plus marqué depuis 10 journées. Son autre coéquipier en équipe nationale (3e), Sadio Mané d’Al Nassr est passeur décisif sur le deuxième but de son club, victorieux (3-0) contre Al Feiha.
En Super Liga serbe, Cherif Ndiaye de l’Etoile rouge de Belgrade (1er) s’est illustré lors de la 22e journée. Il a marqué un but sur pénalty et délivré une passe décisive, participant ainsi de belle manière au large succès de son équipe (6-0), contre Radnicki 1923.
Mbaye Niang a offert la victoire (1-0) à son nouveau club, Sampdoria (Serie B italienne), contre Modena, lors de la 25e journée. Le Sénégalais a inscrit son premier but avec le club italien à la 16e mn. Il est arrivé en Italie en mi-janvier, en provenance du Wydad de Casablanca (Maroc).
En Angleterre, Idrissa Gana Guèye, Iliman Ndiaye (Everton), Pape Matar Sarr (Tottenham) et Nicolas Jackson (Chelsea) ont été éliminés en seizièmes de finale de la Coupe d’Angleterre (FA Cup) respectivement par Bournemouth (0-2), Aston Villa (1-2) et Brighton (1-2).
Ismaila Sarr (Crystal Palace) va affronter Doncaster, aujourd’hui à 19h45 GMT pour une place en huitième de finale de la FA Cup.
L’ASCVD POURSUIT SON PARCOURS SANS FAUTE EN NATIONAL 1 FEMININ
L’équipe féminine de l’ASC Ville de Dakar (ASCVD) poursuit son parcours sans faute, en signant une cinquième victoire d’affilée lors de la 5e journée du championnat National 1 féminin.
L’équipe féminine de l’ASC Ville de Dakar (ASCVD) poursuit son parcours sans faute, en signant une cinquième victoire d’affilée lors de la 5e journée du championnat National 1 féminin.
Les championnes en titre ont dominé ((57-30) DBALOC, confortant leur place de leader de la poule A.
L’équipe féminine de la municipalité dakaroise est talonnée par Flying Stars. Les filles de la Pate d’oie ont signé leur cinquième succès en autant de sorties, devant l’ASFO (59-36).
Dans la poule B, les filles du Dakar Université club (DUC) ont conforte leur première place, en battant (69-55) la Jeanne d’Arc de Dakar.
-Voici les résultats de la 5e journée de National 1 féminin :
– Poule A : Pikine BC-CEMT (49-57);GBA-Mbour BC ( 54-43) ; ASFO-Flying Stars ( 36-59) ; ASCVD -Dbaloc (57-30) ;
Poule B : DUX -JA (69-55) ; USEPT-Bopp (76-69) ; UCAD SC -Jaraaf (50-55) ; SLBC-Diamaguène (51-18)
UN PAS DE PLUS VERS LA SOUVERAINETÉ ÉNERGÉTIQUE
La Société Africaine de Raffinage (SAR), première entreprise du Sénégal en termes de chiffre d’affaires, franchit une nouvelle étape majeure dans son développement avec le raffinage du brut extrait du champ pétrolier de Sangomar.
La Société Africaine de Raffinage (SAR), première entreprise du Sénégal en termes de chiffre d’affaires, franchit une nouvelle étape majeure dans son développement avec le raffinage du brut extrait du champ pétrolier de Sangomar. Ce tournant stratégique marque un jalon important dans l’industrialisation du secteur pétrolier national et dans la quête du pays pour une souveraineté énergétique durable.
La direction générale de la SAR a félicité l’ensemble de son personnel pour le travail accompli, soulignant les efforts consentis pour assurer un déchargement sécurisé du brut sous la supervision du Loading Master de la société. Cette opération, menée avec professionnalisme, témoigne de l’engagement et du savoir-faire des employés, qui conjuguent expertise technique et patriotisme pour hisser le Sénégal vers une plus grande autonomie énergétique.
Dans les prochains jours, le raffinage du brut de Sangomar permettra d’obtenir plusieurs produits essentiels tels que l’essence, le gasoil, le kérosène et le fioul BTS. Cette diversification de la production contribue à renforcer l’indépendance énergétique du pays en réduisant sa dépendance aux importations de produits pétroliers raffinés.
Dans une perspective de long terme, la SAR ambitionne d’ouvrir un deuxième site de raffinage d’ici 2028. Ce projet vise à répondre aux besoins croissants du marché national et sous-régional tout en respectant les normes environnementales Afri 6. Une fois opérationnel, ce nouvel outil industriel permettra au Sénégal de renforcer son positionnement en tant que hub énergétique en Afrique de l’Ouest.
La direction générale de la SAR a tenu à exprimer sa profonde gratitude envers les autorités étatiques, notamment le Président de la République, le Premier ministre, le ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines ainsi que l’ensemble du gouvernement, pour leur engagement dans le développement du secteur pétrolier et leur soutien à la SAR dans sa mission stratégique.
Avec cette avancée, le Sénégal se rapproche un peu plus de son objectif de souveraineté énergétique, tout en consolidant l’expertise locale dans l’exploitation et le raffinage de ses ressources naturelles.
AMADOU BA CASSE LE FRONT
L’ancien candidat à la dernière présidentielle et ses camarades déclarent qu’ils ne peuvent pas se retrouver dans une même entité avec des hommes politiques qui leur ont tourné le dos lors des deux scrutins majeurs de l’année 2024
Amadou Ba et la «Nouvelle Responsabilité» ne font pas partie du Front pour la défense de la démocratie et de la République (Fdr). L’ancien candidat à la dernière présidentielle et ses camarades déclarent qu’ils ne peuvent pas se retrouver dans une même entité avec des hommes politiques qui leur ont tourné le dos lors des deux scrutins majeurs de l’année 2024.
Amadou Ba et son mouvement politique «Nouvelle Responsabilité» se démarquent de la nouvelle coalition de l’opposition, le Front pour la défense de la démocratie et de la République (Fdr). Sur la liste des noms des leaders et des formations et mouvements politiques au nombre de soixante-onze (71), le nom de Amadou Ba et de son entité étaient inscrits en premier lieu. Des sources proches de la «Nouvelle Responsabilité», qui se sont confiées au journal Le Quotidien, informent que Amadou Ba et ses camarades ne peuvent pas «se retrouver dans la même structure avec des gens qui (les) avaient lâchés lors de l’élection présidentielle et des élections législatives». Comme les observateurs et les nombreux participants de la rencontre des leaders de l’opposition hier, la «Nouvelle responsabilité», qui devait être représentée par l’ancienne ministre Zahra Iyane Thiam, y était absente. A cette dernière, indiquent nos informateurs, il a été clairement signifié qu’elle n’était pas désignée ou mandatée pour s’y rendre au nom de la formation politique de l’ancien chef du gouvernement. Ainsi, le Fdr fait les frais de la guerre prolongée entre Amadou Ba et ses anciens «frères» de parti et leurs alliés. L’ancien candidat à la dernière Présidentielle a toujours en travers de la gorge le «coup fourré» de son ancien camp lors des deux scrutins majeurs de l’année dernière.
Cette cassure provoquée par la «Nouvelle Responsabilité» ne manquera pas d’affecter l’évolution du Fdr, qui a décidé de croiser le fer avec le pouvoir en place.
Procès du régime
Hier, en tête des leaders de la nouvelle coalition, il y avait Khalifa Ababacar Sall de Taxawu Senegaal et Anta Babacar Ngom de l’Alternative pour une relève citoyenne (Arc).
Ces partis de l’opposition ont critiqué d’emblée le régime en place. C’est ainsi que les camarades de Khalifa Sall parlent de «recul» démocratique dont la responsabilité est imputée aux tenants du pouvoir.
«L’accession au pouvoir de Pastef se singularise par une nette rupture du processus de consolidation de la démocratie sénégalaise qui s’est toujours inscrit autour de règles du jeu politique élaborées de manière consensuelle par tous les acteurs», a déclaré le Fdr. Ces derniers dénoncent les restrictions du droit de manifester et des libertés. Ils ont aussi fustigé les nombreuses arrestations de personnalités publiques.
Les membres du Fdr n’ont pas aussi manqué de s’ériger en défenseurs du député Takku Wallu, Farba Ngom, dont l’immunité parlementaire avait été levée il y a quelques semaines.
Les opposants ont aussi dénoncé l’«opacité» notée dans l’organisation des élections législatives. Ce qui les amène à réclamer la gestion démocratique du processus électoral, notamment l’ouverture immédiate de concertations politiques autour de l’évaluation des élections présidentielle et législatives, et la revue du Code électoral. Les membres de ce front réclament la révision concertée de la législation sur les partis politiques respectant le pluralisme et l’ensemble des garanties offertes par la Constitution.
Le Fdr affirme qu’il «apportera un soutien actif à l’ensemble des luttes engagées par les Forces vives pour défendre leurs droits sociaux et économiques contre les agressions du pouvoir Pastef». Le Fdr promet de s’engager, «dans les prochaines semaines, des actions décisives autour des exigences suivantes que sont la défense des libertés et droits démocratiques, et notamment la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers politiques et la fin des persécutions contre les opposants, les journalistes et les voix critiques».
BRUXELLES ANNONCE UN APPUI AU DEVELOPPEMENT DE 26 MILLIARDS FRANCS CFA SUR 5 ANS
La cheffe de mission adjointe et cheffe de la coopération à l’ambassade de Belgique au Sénégal, Hannelore Delcour, a annoncé, lundi, la signature, entre son pays et le Sénégal, d’un nouveau programme de coopération d’un montant de 40 millions d’euros
La cheffe de mission adjointe et cheffe de la coopération à l’ambassade de Belgique au Sénégal, Hannelore Delcour, a annoncé, lundi, la signature, entre son pays et le Sénégal, d’un nouveau programme de coopération d’un montant de 40 millions d’euros (26 238 280 000 francs CFA), afin d’améliorer l’inclusion socio-économique durable des jeunes.
‘’Le programme de coopération 2024-2029 a pour ambition d’améliorer les perspectives socio-économiques durables et inclusives des jeunes, femmes et hommes’’, a-t-elle déclaré.
Hannelore Delcour s’exprimait ainsi lors d’un atelier de démarrage des interventions du ce programme de coopération quinquennal.
Cette rencontre a porté sur l’élaboration inclusive des cadres d’intervention et de suivi évaluation de l’Agence belge de coopération (ENABEL) au Sénégal, en collaboration avec une centaine de partenaires qui interviendront pour sa mise en œuvre.
Ce programme 2024-2029, qui s’aligne sur les priorités de l’État sénégalais décrites dans l’Agenda Sénégal 2050, repose sur deux projets portant sur le développement du capital humain au Sénégal, a signalé la cheffe de la coopération à l’ambassade de Belgique.
‘’Le premier concerne les systèmes alimentaires durables, l’entreprenariat, l’emploi et le travail décent, qui met l’accent sur la souveraineté alimentaire durable, la résilience socio-économique et la lutte contre le changement climatique dans le Sine Saloum [centre]’’, a-t-elle précisé.
Le second vise à renforcer l’accès aux services de base, à travers un appui au système de santé en faveur des femmes, des jeunes et des enfants dans les régions de Kaolack, Fatick et Kaffrine, a ajouté Hannelore Delcour.
Il s’agit, selon elle, de renforcer l’offre de soins au profit de trois millions de personnes dans ces zones centre du pays, dans les domaines spécifiques de la santé des adolescentes, de la prise en charge des victimes de violences, des enfants de moins 5 ans et des femmes en âge de procréer.
‘’Dans le volet pharmaceutique, les efforts déjà fournis dans le cadre de l’écosystème de production de médicaments et de sa réglementation seront également renforcés’’, a fait savoir la diplomate belge, soulignant que l’accent sera mis sur l’accès équitable aux vaccins et médicaments, et la promotion d’un environnement propice à la souveraineté pharmaceutique.
En outre, a dit la cheffe de mission adjointe de l’ambassade de Belgique au Sénégal, en appui à la politique nationale et la couverture de la protection sociale en santé, le programme de coopération sénégalo-belge prévoit également une extension des unités départementales d’assurance maladie et l’accès à l’assurance maladie universelle pour 1,5 million de Sénégalaises.
L’HISTOIRE BÉGAIE APRÈS 2011
Si la France avait entièrement financé le plan social du 23e Bima il y a 14 ans, la question de l'accompagnement des 162 Eléments français au Sénégal se pose aujourd'hui dans un contexte budgétaire tendu
Du fait de la fermeture, dans la douleur, des bases militaires françaises au Sénégal, 162 agents qui y travaillent vont être licenciés. Une situation similaire à celle qui se déroule au Tchad. Pourtant, à Dakar, on a connu, à une époque, des rétrocessions plus soft, avec un accompagnement et une insertion des travailleurs affectés. Que fera cette fois l’Etat du Sénégal ?
Le départ des Eléments français au Sénégal (Efs) et la fermeture des bases ont une conséquence fâcheuse pour le personnel civil sénégalais : 162 emplois perdus. C’est la conséquence du retrait brutal des militaires français du Sénégal. Le Général de brigade Yves Aunis, Commandant des Eléments français au Sénégal, a informé l’Inspecteur régional du Travail de Dakar d’un licenciement, «au 1er juillet 2025», de l’ensemble du personnel sénégalais employé par les Efs, dans la perspective de la fermeture annoncée des bases militaires françaises.
Dans une lettre dont l’objet est «Notification de licenciement collectif pour fermeture définitive des bases militaires françaises au Sénégal», et qui, depuis le week-end, circule sur tous les réseaux sociaux, le Général de Brigade Yves Aunis, qui a annexé à son courrier les noms des 162 personnes impactées et sous contrat à durée indéterminée par les Efs, incluant 12 délégués du personnel titulaires et suppléants, souhaitait «bénéficier de l’accompagnement de l’Inspection régionale du travail, y compris pour les éventuelles autorisations nécessaires, dans cette situation de force majeure».
Le président Bassirou Diomaye Faye a déclaré, le 31 décembre dernier, que le Sénégal allait travailler à l’avènement d’une nouvelle doctrine de coopération impliquant la fin, dès 2025, de toutes les présences militaires étrangères sur le sol sénégalais.
C’est la même situation au Tchad où plus de 400 ex-employés des différentes bases militaires françaises sont dans le désarroi et l’incertitude. Après avoir travaillé pendant plusieurs années dans ces bases, ils dénoncent la mauvaise prise en charge de leurs droits sociaux et le manque de mesures d’accompagnement après le départ de l’Armée française du pays. Les témoignages de certains ex-salariés font froid dans le dos : il y a le cas par exemple de François Narom, père tchadien de 11 enfants, qui a travaillé comme lavandier pendant 37 ans. Interrogé par Rfi, il explique : «Je ne suis pas satisfait. Ce n’est pas de leur faute, parce que c’est notre gouvernement qui les a renvoyés et ils disent qu’ils n’ont pas encore le budget exact pour nous payer.» La radio française ajoute : «Pour l’instant, l’Armée française leur a versé 5 mois de salaire, même si tout le monde n’a pas reçu autant. Aujourd’hui, ils espèrent des autorités tchadiennes un accompagnement financier et une réinsertion professionnelle.» C’est la même demande qu’avaient formulée les travailleurs sénégalais lors de leur Assemblée générale tenue le 16 janvier dernier.
Habités par la psychose, ils avaient demandé un plan social comme en 1974-1975 et en 2011. Ndiogou Wade, porte-parole de ce jour, a expliqué : «Elle s’est produite en 1974-1975. Il y avait une réduction des effectifs français à l’époque. Pendant ce temps, le gouvernement du Sénégal avait repris tous les travailleurs pour les recruter au niveau de l’Administration sénégalaise et dans des entreprises nationales. En 2011, il y avait un autre plan social avec la fermeture du 23e Bima. On avait aussi négocié avec le gouvernement français pour mettre en place un plan social. Ce plan social a été financé à 100% par la France. Ce n’est pas une bonne image que le Sénégal avait montrée en laissant à la France financer intégralement ce plan social. Nous ne voulons pas que cela se répète en 2025», note-t-il.
Pour lui, l’Etat du Sénégal a les moyens de prendre en charge les travailleurs sénégalais en les intégrant dans l’Administration ou dans les sociétés nationales. «L’Etat est préparé pour insérer tous les travailleurs dans l’Administration sénégalaise ou les entreprises sénégalaises. Il faut des programmes de réinsertion pour les travailleurs qui seront licenciés», souhaite-t-il. La question est de savoir si, au moment où de nombreuses structures publiques et parapubliques sont en train de dégraisser, l’Etat du Sénégal est actuellement en mesure de ne pas rajouter de nouvelles tragédies à ce drame social qu’est le chômage de chefs de famille.
DANGER CHEZ LES TOUT-PETITS
Des cas de diarrhée et de vomissement sévissent de manière inquiétante au Sénégal en particulier chez les enfants. Une situation qui suscite inquiétudes.
Des cas de diarrhée et de vomissement sévissent de manière inquiétante au Sénégal en particulier chez les enfants. Une situation qui suscite inquiétudes. Pédiatre au service d’accueil d’urgences d’Albert Royer, Dr Fatoumata Fofana confirme l’occurrence des pathologies qui affectent un nombre impressionnant de mômes à l’hôpital d’enfants Albert Royer les 10 souffrent de diarrhée et de vomissement.
Les praticiens alertent sur les cas de diarrhée et de vomissements notés chez les enfants. Selon Dr Fatoumata Fofana, actuellement, «on a une recrudescence des cas de diarrhées et de vomissements chez les tout-petits».
A l’en croire, il s’agit d’une gastro-entérite d'origine virale. «On peut avoir des causes bactériennes, parasitaires, comme mycosiques», précise-t-elle. Avant d’ajouter que ces enfants nous arrivent dans un état de déshydratation qui constitue la principale complication des diarrhées et vomissements. «Maintenant, cette déshydratation, parfois, elle est tellement sévère qu'elle peut entraîner un état de choc qui constitue une véritable urgence. Donc, on a la nécessité de reconnaître les signes d’alerte». D’après le toubib, sur 30 consultations, les 10 peuvent constituer des cas de diarrhées et de vomissements. «On peut avoir une fièvre qui est persistante malgré la prise de médicaments. On peut noter également la présence de la glaire ou de sang dans les selles, ou bien des vomissements que l'enfant vomit tout ce qu'il prend, des vomissements incoercibles, ou bien une diarrhée qui est vraiment abondante, qui accepte plus de 6 selles par jour», ajoute-t-elle.
DES MESURES D’HYGIENE POUR PREVENIR LES CAS DE DIARRHEE ET DE VOMISSEMENT
Dr Fatoumata Fofana indique qu’ avec les promiscuités dans les crèches, il y a lieu de sonner l’alerte parce que les virus peuvent circuler longtemps dans l'environnement. «Pour les mesures d'hygiène, ne pas se passer les jouets, se laver les mains, bien laver les aliments et les fruits et légumes, dans le cadre des causes bactérielles», préconise Dr Fofana. Quid de la prise en charge ? «Tout dépend du degré de déshydratation. Donc, quand c'est léger, on peut donner du Sro (solution de réhydratation orale), après les selles, les vomissements, en petite quantité, légère et modérée, on peut tenter la voie orale. Dans les cas sévères, on y va directement avec la voie intraveineuse. Maintenant, en cas d'échec de la voie orale, c'est la voie intraveineuse qui s'impose. En dehors de cette réhydratation, comme je l'avais tantôt dit, c'est la réalimentation précoce, et aussi les médicaments anti-diarrhéique».
Cependant, renchérit Pr Boubacar Camara. Pédiatre, enseignant-chercheur à travers une contribution, il souligne qu’il s'agit essentiellement d'une épidémie virale qui était dominée par le rotavirus, mais étant donné que la plupart des enfants ont reçu le vaccin contre ce virus, il faut évaluer avec les cliniciens et les laborantins la présence d'autres virus. «Dans tous les cas, ces épidémies dans les études antérieures faites à Albert Royer montraient 2 pics de fréquence pendant la saison fraiche (décembre à mars) comme c'est le cas actuellement et pendant les périodes de grandes chaleurs ou saison des pluies (Août septembre)», explique-t-il.
Par Fatou Warkha SAMBE
POUR LE CODE DE LA FAMILLE, UN COMPROMIS ANTI-FÉMINISTE OU UNE RÉFORME ?
La députée Marème Mbacké interroge l'article 277 qui prive les mères de l'autorité parentale, mais choisit étrangement de se distancer du féminisme, ignorant ainsi une discrimination qui affecte toutes les Sénégalaises
La question de l’autorité parentale, soulevée par la députée Marème Mbacké dans une question écrite adressée au ministre de la Justice, remet en lumière un débat central pour les organisations féminines et féministes : les inégalités structurelles du Code de la famille.
Depuis des décennies, ces organisations dénoncent un cadre juridique qui institutionnalise la domination masculine et limite drastiquement les droits des femmes, notamment en matière de parentalité.
Dans le Code de la famille sénégalais, c’est l’article 277 qui traite précisément la problématique soulevée par Mme Mbacké. Cet article reconnaît l’autorité parentale aux deux parents, mais en confie l’exercice exclusif au père, tant que le mariage subsiste. En posant un regard restrictif sur cette question, uniquement comme une préoccupation des femmes de la diaspora, la députée semble ignorer que ce problème touche toutes les Sénégalaises.
Curieusement, l’honorable précise que sa requête «ne s’inscrit pas dans une perspective féministe». Pourquoi cette mise à distance d’un combat qui, par essence, concerne les droits fondamentaux des femmes ? Pourquoi cette prudence sémantique qui évite soigneusement de nommer l’inégalité flagrante inscrite dans la loi ? Une réforme qui se contente d’amender un article sans toucher aux fondements mêmes du Code de la famille risque de ne produire qu’un effet cosmétique.
Ce choix politique interroge : s’agit-il d’une stratégie pour éviter d’affronter une résistance conservatrice ou d’une véritable conviction que la réforme doit se limiter à des ajustements mineurs ? Or, cette posture fragilise toute tentative de transformation réelle du cadre juridique. Il est essentiel de comprendre que l’autorité parentale ne peut être dissociée des autres injustices systémiques présentes dans le Code de la famille. L’inégalité dans la gestion des biens, l’obligation de résidence imposée aux femmes et la marginalisation juridique des mères divorcées ne sont pas des anomalies isolées : elles reflètent une vision dépassée de la famille, où la subordination des femmes est normalisée. Réformer uniquement l’autorité parentale, sans s’attaquer à ces injustices structurelles, reviendrait à ignorer la réalité des discriminations vécues au quotidien.
La réforme risque d’être un simple pansement sur une blessure profonde plutôt qu’une refonte structurelle qui garantirait une égalité réelle entre les parents. Pourtant, il faut reconnaître à Mme Mbacké le mérite d’avoir soulevé cette problématique et de l’avoir portée sur la scène politique. Remettre en question l’article 277 est une étape essentielle, mais elle ne saurait suffire si elle ne s’accompagne pas d’une remise en cause plus large des mécanismes discriminatoires qui sous-tendent le Code de la famille.
Loin d’être une menace, une approche féministe renforcerait cette réforme en lui donnant une cohérence et une portée véritablement transformative. A moins de vouloir préserver des inégalités systémiques, pourquoi craindre un cadre féministe qui ne fait que revendiquer l’égalité des droits pour tous ? Il est essentiel de rappeler que cette demande, quelle que soit la perspective dans laquelle elle s’inscrit, ne peut pas faire l’impasse sur les principes fondamentaux de justice et d’inclusion. Elle vise à rétablir une justice, non à favoriser un camp contre un autre. La refonte du Code de la famille doit être pensée de manière globale et structurelle, au-delà des considérations politiques et des résistances idéologiques. Il ne suffit pas d’interpeller sur un article en particulier sans questionner les fondements mêmes de l’organisation familiale telle que définie par la loi. C’est tout le cadre normatif qui doit être repensé pour sortir d’un modèle où l’autorité et la responsabilité parentales sont encore largement dictées par des présupposés sexistes et dépassés.
L’article 277 s’inscrit dans une architecture juridique plus vaste qui repose sur la puissance maritale consacrée par l’article 152 : «Le mari est le chef de la famille.» Une affirmation qui n’a rien d’anodin, puisqu’elle justifie à elle seule l’ensemble des dispositions légales discriminatoires à l’égard des femmes.
• Article 153, alinéa 2 : Le mari choisit le domicile conjugal sans que la femme puisse s’y opposer.
• Article 196 : Interdiction de la recherche de paternité pour les enfants nés hors mariage, les privant ainsi de droits fondamentaux.
• Article 381 : Les biens du foyer sont présumés appartenir au mari, renforçant une inégalité économique et successorale.
Toutes ces dispositions sont imbriquées : elles ne relèvent pas d’une anomalie isolée, mais bien d’un système de domination ancré dans la législation. Revoir l’article 277 sans questionner les autres textes qui en découlent, revient à rafistoler une structure dont le fondement même est inégalitaire.
Cette situation n’a pourtant rien de nouveau, et n’a pas toujours été portée uniquement par la volonté de la Société civile. En 2016, par arrêté du Garde des sceaux, un comité technique de révision des dispositions discriminatoires à l’égard des femmes a été mis en place. Ce comité, appuyé par le Pasneeg, était composé de représentants des ministères de la Santé, de la Femme et de la Justice. Cependant, au sein de ce comité, seule l’Ajs a été incluse pour représenter la Société civile. Malgré ce travail minutieux et des propositions claires et applicables, le document soumis est resté enfoui dans les tiroirs du bureau du président de la République, Macky Sall à l’époque, et depuis sans suite, démontrant ainsi une volonté manifeste d’éviter toute réforme profonde qui remettrait en question les privilèges masculins ancrés dans la législation.
Le Code de la famille, conçu dans les années 1960 comme un compromis entre droits coutumier, religieux et napoléonien, est aujourd’hui dépassé. Il ne reflète ni les réalités actuelles ni les engagements du Sénégal en matière de droits humains et d’égalité des sexes. Cette inaction illustre-t-elle un refus d’émanciper véritablement les femmes de l’emprise légale des hommes ?
Ces propositions ne se limitent pas à une simple modification de l’article 277, mais visent une refonte en profondeur du Code de la famille :
• Aligner l’âge légal du mariage à 18 ans pour tous, sans exception.
• Abolir la puissance maritale et garantir une co-responsabilité parentale effective.
• Permettre l’établissement de la filiation paternelle par différents moyens de preuve, y compris l’Adn.
• Garantir une protection juridique et financière équitable aux femmes dans le mariage et en cas de divorce.
La précision de Mme Mbacké sur l’absence d’une approche féministe dans sa démarche en dit long. Si cette interpellation parlementaire avait véritablement pour but d’améliorer la situation des mères et des enfants, elle aurait nécessairement impliqué une critique globale et structurelle du Code de la famille.
Ce que nous demandons, ce n’est pas une mesure isolée, mais une transformation structurelle qui garantisse enfin aux femmes une place égale dans la famille et dans la société. Il est temps de poser des actions concrètes qui mettent fin à l’injustice, pour le bénéfice des femmes, des enfants et de l’ensemble de la société. Que la réforme soit perçue ou non comme féministe, elle demeure essentielle pour instaurer une véritable égalité juridique.