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20 août 2025
Texte Collectif
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FAIRE-PAYS, ÉLOGE DE LA RESPONSABILISATION
Les présidents des collectivités principales de Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte, La Réunion… lancent un « appel solennel » au président de la République Française pour que soient reconsidérés les rapports entre l'« outremer » et la « métropole »
Les présidents des collectivités principales de Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte, La Réunion, Saint-Martin… ont lancé le 18 mai dernier un « appel solennel » au président de la République Française pour que soient reconsidérés les rapports entre ce qui est appelé « outremer » et la « métropole ». Les élus de ces pays, réunis en congrès, discutent de leurs résolutions. Ils devront rencontrer à ce sujet le gouvernement à la fin du mois de mars.
Cette déclaration, extraite de « Faire-Pays », vise à accompagner ce processus de responsabilisation en proposant à la société civile de soutenir ce qui est de toute évidence un moment historique.
Faire-Pays déclaration
Nous,
De la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique, de la Réunion ; gens d’ailleurs et de tous les côtés ; acteurs d’associations ou d’organismes non étatiques ; membres de la société civile ; professionnels de l’Éducation, de la Santé, de la Recherche, de l’Information, de la Prospective, de la Coopération internationale ; pratiquants du travail social, des Arts, des Lettres, du Numérique, de la Culture…,
Considérons,
Que le monde d’aujourd’hui est une alchimie de civilisations, de cultures et d’individus ; qu’il résulte de la Traite des africains, des esclavages du nouveau monde et du système des plantations, des grandes guerres européennes et de leurs conséquences, du colonialisme en ses méfaits et de son extension capitaliste planétaire ;
Que de cette alchimie ont surgi des peuples-nations demeurés indéchiffrables aux clairvoyances des décolonisations ; que ces peuples nouveaux se sont vus embarqués dans des fictions territoriales, identitaires, historiques et culturelles qui n’étaient pas les leurs ; que ces peuples sont demeurés hors-d’atteinte, souvent de leur propre conscience, toujours de la conscience de ceux qui les régentent encore ;
Que les insuffisances des décolonisations ont favorisé des États-nations souverains, antagonistes, compétitifs, dans un dogme de libéralisme économique où la liberté ne concerne que les marchandises, les capitaux et les lois du profit, cela au détriment de l’humain, du vivant, de la planète en son entier ;
Que ce monde n’est pas le nôtre ;
Que, malgré tout, des échanges ont pu se faire, des contacts survenir, des individuations tisser des liens d’alliances et d’éthique enchantée, qui font qu’un monde d’interdépendances est désormais à la portée de nos ferveurs, offert au rencontres véritables, et qu’il convient, dans une jouvence de nos imaginaires, de le nommer, le désirer et d’agir vers lui ;
Que cet autre monde est bien-commun de tous.
Dans cette perspective, nous déclarons
Que dans nos terres vivent des peuples-nations ;
Que nous les voyons comme des entités géographiques, culturelles, biologiques, sociales, identitaires, symboliques, créatives… disposant chacune d’un imaginaire irréductible à aucun autre ;
Que ces entités, précieuses pour tous, ont droit, dans l’intérêt du Commun souhaité, à l’exercice de toutes leurs potentialités, à la pleine aisance dans leurs propres devenirs ;
Qu’ils se doivent d’être reconnus en tant que tels, accompagnés en tant que tels dans la résolution de leurs terribles histoires ; et qu’ils doivent pouvoir exercer, même en l’absence d’expression étatique, l’esprit de responsabilité qu’exige une présence digne et créative, en face de leurs propres défis et des défis de notre époque ;
Que nos peuples ne sont situés dans aucune périphérie, mais qu’ils se tiennent tous en position plénière, dressés au cœur de leur vision du monde, dans le rhizome des solidarités, des alliances et des actions futures que cette vision leur permettra ; qu’à ce titre, les termes « outremer », « métropole », « zones périphériques ou ultrapériphériques » nous sont d’ores et déjà, irrecevables, et offusquants ;
Que les démocraties modernes, les Républiques saines, doivent s’inscrire dans un monde d’interdépendances respectueux du devenir imprévisible des différences et des diversités ; qu’elles doivent se sentir responsables de leurs rencontres et de la dignité de leurs aménagements ;
Que ces démocraties et Républiques doivent s’accorder à leurs évidences transculturelles intimes, et s’unir sans trembler aux richesses relationnelles que leurs histoires leur ont offertes ; qu’aucune d’entre elles ne saurait donc, décemment, se déclarer « une », ou se penser « indivisible » ;
Que les peuples-nations, encore dépourvus d’expression étatique, ne sauraient être maintenus dans des dispositifs qui limitent les capacités de leur présence au monde ; et que des dispositions symbolique, culturelle, sociale, économique et juridique doivent être prises en vue d’une refondation équitable de leur rapport à toutes puissances décisionnelles ; et qu’à ce titre, ils ont tousvocation immédiate à Faire-pays dans le concert de ces présences diverses qui fondent l’intelligence du monde ;
Dans cette perspective, nous déclarons encore
Que les solidarités nouées par les ombres et lumières de nos histoires partagées, devront être assainies et, par là-même, solidement renforcées ;
Que dans tous les dispositifs qui régissent nos rapports à des puissances décisionnelles, soit reconnue notre responsabilité directe sur les choix, les décisions, les mises-en-œuvre qui nous concernent au quotidien et qui concernent nos devenirs ;
Dès lors, nous appelons les gens de nos pays
A créer dans leur famille, leur quartier, leur commune, leur région, dans tout possible transnational, des espaces d’échanges et de discussions autour de cette notion de responsabilisation ; à penser, à agir, à déclencher ainsi dans notre vie quotidienne de vrais « lieux politiques » où pourront naître des forces novatrices, des capabilités fortes et d’actives espérances ;
Enfin, nous engageons
Les femmes, les hommes et toutes leurs occurrences ; toutes les organisations éclairées ; tous les créateurs, poètes, danseurs, chanteurs, conteurs et musiciens ; gens de lettres et philosophes ; personnes de la Santé, des sciences et des techniques ; responsables administratifs, universitaires et politiques ; gens de conscience et humanistes ; fervents de la Beauté ; amis très simples d’un mieux-humain dans l’horizontale plénitude du vivant…
À soutenir les processus de responsabilisation actuellement en cours dans nos pays
Pour que la planète de notre vivre-ensemble ne s’accommode d’aucune minoration, d’aucun peuple oublié, d’aucune indignité ;
Qu’elle puisse bénéficier ainsi de la participation de toutes et de tous, de l’intelligence de toutes et de tous, dans l’épanouissement des capacités d’initiative, d’innovation, de joie et d’enthousiasme de toutes et de tous.
Les 200 premiers signataires
GUADELOUPE – Tony ALBINA, conseiller ingénierie de formation / Varenthia ANTOINE, comédienne, metteuse en scène / Irène BICEP LAYKO, comédienne, chanteuse, chorégraphe/ Harry BALTUS, comédien, metteur en scène / Estelle-Sarah BULLE, écrivaine / Patrick CHEVAL, comédien, auteur-metteur en scène/ Sylvie CONDE, consultante en finance / David DAHOMAY, cadre territorial, collectif éthique-démocratie / Jacky DAHOMAY, philosophe / Marie-Noëlle EUSEBE, comédienne / Jean-Philippe FANFANT, musicien / Thierry FANFANT, musicien / Jonathan FELTRE, comédien, étudiant /Greg GERMAIN, comédien/ Isabelle IBENE, vétérinaire/Hubert JABOT, avocat / Max JEANNE, écrivain/ Alain JEAN-MARIE, musicien/ Lucile KANCEL, comédienne, metteuse en scène / Philippe LAPIN, proviseur/ Raphaël LAPIN, avocat / Brigitte LAGUERRE, militante syndicale ¨/¨Chantal LOÏAL, directrice et chorégraphe compagnie difé kako / Mariann MATHEUS, artiste interprète / Jacques MARTIAL, comédien / Rosan MONZA, cadre territorial,docteur en géopolitique/ Mycéa NORVAT, conseil en action sociale /Ernest PEPIN, écrivain/ Patrick PORTECOP, médecin / Firmine RICHARD, comédienne/ Michel REINETTE, journaliste/ Luc SAINT-ELOY, comédien, metteur en scène / Pierre SAINTE-LUCE, écrivain, médecin / Daniel SHEIKBOUDHOU, cadre bancaire …
MARTINIQUE – Souria ADÈLE, comédienne/Michel ALIBO, musicien / Marie-Line AMPIGNY / Comédienne. Frédérique ALIE, chanteuse, musicienne/Marie-Josée ALIE, écrivaine, musicienne / Jean-Pierre ARSAYE, écrivain, traducteur/Auguste ARMET,sociologue / Eloi BARATINY, directeur de médiathèque/ Jocelyne BEROARD, musicienne/ Fabrice BIROTA,ingénieur / Gloria BONHEUR, comédienne / Daniel BOYER-FAUSTIN, maître des orchidées / Jean CABRIMOL, musicien / Mario CANONGE, musicien / Patrick CHAMOISEAU, ami de la Beauté /Yvan CHAMOISEAU, logisticien /Miguel CHAMOISEAU, informaticien / Aimé CHARLES-NICOLAS, psychiatre, professeur émérite des universités / Tony CHASSEUR, musicien/ Imaniyé Dalila DANIEL, auteure,compositrice / Justin DANIEL, professeur sciences politiques, président du CESECEM/ Roland DAVIDAS, met-lékol (enseignant) / Alex DESCAS, comédien/ Guy DESLAURIERS, réalisateur/Shinsai DESLAURIERS, coach sportif / Joachim DES ORMEAUX, auteur-compositeur, chanteur/Madiana DETHAN, enseignante /Laetitia DOMI,responsable pilotage financier/Serge DOMI, sociologue / Synoé DOMI, professeur de philosophie /Nicole DOGUE, comédienne /Igo DRANE, conteur / Max DUBOIS, chef d’entreprise, France/ José DURANTY, chargé de mission éducation à l’environnement PNM / Elmire EDMOND, retraitée du CHU / Hector ELISABETH, sociologue / Edwin FARDINI, artiste/Cyril FORMAN« Atissou », auteur/Compositeur, France/Haïti /Steve GADET, écrivain, enseignant-chercheur/Guillaume GERARD,papa-bwa/ Mathieu GLISSANT, réalisateur / Jean-Raphaël GROS-DESORMEAUX, directeur laboratoire caribéen sciences sociales, UA/Johnny HAJJAR, député / Lucien JEAN-BAPTISTE, comédien / Olivier JEAN-MARIE, consultant/Philippe JOSEPH-MERELIX,guide touristique / Christian JULIEN, comédien, metteur en scène / Véronique KANOR, comédienne, metteuse en scène / Simone LAGRAND, comédienne / Patrick LAPORT, cadre supérieur territorial /Danielle LAPORT, sociologue / Viktor LAZLO, chanteuse, écrivaine / Loïc LERY, écrivain / Agnès LERY, cadre supérieur / Jean-Pierre LEANDRE, président du LAO (laboratoire archives orales) / Fréderic LEFRANCOIS, universitaire, UA / Véronique LILIA, GalactikMawonnez / Marie-Michaël MANQUAT LASSOURCE, Journaliste / Roger MARIE-JOSEPH, paysan, régisseur / MyrthaMARIE-JOSEPH RICHARDS, artiste-autrice, docteure en arts plastiques / MarcMARIE-JOSEPH, enseignant, artiste plasticien / Camille MARIE-LOUISE-HENRIETTE, professeur des écoles / Jiliane MARIE-ROSE, professeur de lettres /Marilisa MIDELTON, enseignante / Yasmine MODESTINE, comédienne, autrice, chanteuse/Mireille MONDESIR,ethnologue /Joël MOUSTIN, artiste plasticien / Marcellin NADEAU, député /Jean-Philippe NILOR, député / Manuel NORVAT, enseignant-chercheur en littérature/Harry OZIER-LAFONTAINE, directeur de recherche, relations Internationales / Chantal PALANY, professeur d’arts plastiques / Philippe PALANY, socio-géographe, responsable R&D / Muguette PERINA, assistante sociale /José PERINA, infirmier/ Lori PERINA, webmaster /Roland PIDERI, journaliste / Olivier PORTECOP, ingénieur de recherche /Joël RANGON, ingénieur du son/Solange RAVOTEUR, Psychomotricienne / Ghyslaine RENARD, aide-soignante /Oliver RENARD, artiste FX / Patrick RENE-CORAIL, médecin hospitalier / Véronique RÉUNIF, enseignante / Michael ROCH, écrivain/ William ROLLE, anthropologue / Jean-Marc ROSIER, écrivain, éditeur /Jackie SAINT-AIME, autoentrepreneur / Sylvia SAEBA, écrivaine / Philippe SAINT-CYR, professeur émérite des universités / Raymond SARDABY, journaliste /Christian SERANOT, éditeur / Gwendolina SPERONEL, psychologue clinicienne / Jacky TAVERNIER, artiste pédagogue/Djuna TAVERNIER, éducatrice /Marie-Caroline TOME, chargéed’études/Laurent TROUDART, artiste / Mylène WAGRAM, comédienne/ SAINT ZEBY Éric, chirurgien-dentiste/ Serge ZOBÉÏDE, journaliste…
LA REUNION – Karine LEBON, députée/ Keïla MADI, Comédienne/ Frédéric MAILLOT, député/ Laurent RIVIERE, archiviste/ Patrice THREUTARDT, poète et conteur…
AUTRE – Florence ALEXIS, ingénieure en culture, Haïti / Bertrand BADIE, universitaire, politiste, France/ Yolande BACOT, ex-directrice expositions la Villette / Etienne BALIBAR, philosophe, France / Corinne BAZZI, humaniste, France/ Patrick BEN SOUSSAN, pédopsychiatre, France / Michel BLAY, historien, philosophe des sciences, CNRS, France/ Jean-Luc BONNIOL, professeur émérite, anthropologie, France / Marie-Pierre BOUSQUET, productrice/ Alexandra BURESI-GARSON, psychanalyste-psychologue clinicienne, France/ Julie CAUPENNE, professeure de Lettres en lycée, France /Stefan CHEDRI, psychanalyste, France/Josiane Laura CLAUZEL, chanteuse, France / COMET-GRIMAUD, secrétaire de direction, France/ William DA GLORIA, communicant, France / René DE CECCATTY, écrivain, France/ Marie José DEL VOLGO, médecin et psychanalyste, France/ Madiouka DIAKHITE, officier aux affaires politiques, ONU, Sénégal-France / Danièle EPSTEIN, psychanalyste, France/ Lio FUKUSHIMA, traducteur, Japon/ Mariette GRANDE, cadre territorial, France/ Roland GORI, psychanalyste, professeur honoraire Universités, France / William GORIA, communicant, France / BRUNO GUICHARD, documentariste, rédacteur revue Écarts d’identité, France/ Olivier de HALLEUX, animateur en éducation populaire, Belgique / Patrick KARL, artiste dramatique, France / Nathalie DE KERNIER, maître de conférences et psychanalyste/ Pascal LAFONT, maître de conférences HDR Sciences de l’Education, France/ Alain LEGER, éditeur, France/ Pascal MARGUERITTE, attaché parlementaire, professeur associé à l’HEIP, France/ Edgar MORIN, sociologue, philosophe, France / Mylaele NEGGA, chargée de communication UNFPA / Nick NESBITT, professeur Princeton, USA / Estelle NICOLAS, enseignante, France / Marcel PARIAT, professeur des universités émérite Sciences de l’Education, France/ Jean Yves POTEL, écrivain, France / Fabien PERRY, enseignant, photographe, France /Romane PERRY, étudiante arts plastiques, France / Dominique RAPHEL, association Écarts d’identité, France / Lenio RIZZO,pédopsychiatre, Italie /Nilûfer ROBERTS, enseignante,France/Cosimo SANTESE, psychologue, France/ Claude SCHAUDER, psychanalyste, France / Nicole SCHAUDER, médecin, France / Annick TANGORRA, musicienne, France / Nanténé, TRAORE comédienne France/ Dominique TERRES-GRAILLE, psychiatre et psychanalyste, France/ THOMAS TREZISE, professeur, Princeton, USA/ Alain VANIER, psychanalyste, ex psychiatre des hôpitaux, professeur honoraire universités, France/ Catherine VANIER, psychanalyste, France / Charly VERSTRAET, traducteur, professeur, USA / Jean-Christophe VICTOR, auteur-réalisateur France/ Nadia ZEMAME-LEPILLOUER, enseignante, France…
Découvrez des extraits en pdf de Faire-Pays, Eloge de la responsabilisation
« Faire-Pays – Éloge de la responsabilisation », de Patrick Chamoiseau sera disponible dans son intégralité courant mars aux Éditions Le teneur (www.keditions.com).
DU PRINTEMPS DES LIBERTÉS À LA GLACIATION AUTOCRATIQUE
Nous en appelons à tous les citoyens sénégalais, surtout à certains membres de l’élite politique à taire leurs querelles d’égo et à unir leurs efforts pour mettre fin aux entreprises de dévoiement de notre démocratie par la Benno
Durant les évènements du 16 mars dernier, le monde entier a pu assister, en direct, aux brimades et agressions physiques sur le leader du Pastef, sa garde rapprochée et son avocat, d’une manière irrespectueuse de la dignité humaine et évoquant une sorte de fascisme tropical à ciel ouvert. Ces actes méprisables symbolisent, à souhait, cette volonté de saper les bases de la respiration démocratique initiée, il y a 23 ans jour pour jour, en somme, un désir chimérique de passer du paradigme d’alternance démocratique à celui de présidence à vie.
Survivances de la culture du parti-État
En réalité, pour bien comprendre l’impasse politique dans laquelle se trouve le système politique sénégalais, il faut remonter à la première alternance de 2000.
A l’époque, le président Wade, au lieu de démanteler le système du parti-Etat, qui constituait un verrou à l’approfondissement de la démocratie, a préféré se l’approprier en le réajustant aux conditions de la post-alternance. Se servant d’outils tels que la corruption, la transhumance politique ou l’entrisme qu’ils avaient déjà expérimenté, dans les années 90, en s’acoquinant avec le parti socialiste, le président Wade et ses frères libéraux allaient remodeler le paysage politique sénégalais.
On assista alors à une déréglementation de la vie politique similaire à celle survenue en France, après l’accession de l’Union de la Gauche au pouvoir en 1981. Elle s’était traduite, principalement, par un affaiblissement des organisations politiques et syndicales de gauche, liées au mouvement populaire, particulièrement le PCF et la CGT.
L’action politique, elle-même, allait s’en trouver dénaturée, en perdant sa vocation initiale de défense d’intérêts de classes bien identifiées, pour devenir un instrument de promotion sociale individuelle ou au bénéfice de groupes de pression.
Il y eut ainsi un éclatement des courants de pensée libéraux, pro-capitalistes (ou pro-occidentaux), issus du parti socialiste historique et du PDS lui-même, en plusieurs nouvelles entités. C’est ce qui explique l’explosion exponentielle du nombre de partis, dont la plupart lilliputiens et cette option résolue et irréversible pour les grandes coalitions, découlant de la mort des grands partis.
Malheureusement, la voie de sortie de crise qu’aurait pu constituer la dynamique des Assises nationales allait tourner court et empêcher la mise en œuvre de véritables ruptures d’avec le système politique néocolonial, à cause de deux facteurs :
- l’absence d’une volonté politique réelle des mouvances socio-démocrate et libérale et
- le manque de courage politique des partis de gauche pris au piège de l’électoralisme et de la démocratie représentative bourgeoise.
Une méga-coalition grégaire et unanimiste
Après sa victoire au deuxième tour de la présidentielle de 2012, Macky Sall, à la tête d’un parti embryonnaire, était conscient que, non seulement son accession au pouvoir était accidentelle et fortuite, mais encore que la condition sine qua non de survie de son nouveau régime était la mise en place d’une vaste Coalition, selon la devise "gagner ensemble et gouverner (ou piller) ensemble".
De fait, la garantie d’impunité et la collusion d’intérêts allaient conférer à Benno Bokk Yakaar une longévité aussi démesurée que néfaste et en faire l’une des Coalitions les plus massives et les plus unanimistes de l’histoire politique. Mais ses premiers tests électoraux (législatives de 2012, locales de 2014) furent loin d’être concluants, avec, au finish, de courtes majorités ou de lourdes défaites dans les grandes villes, dans un contexte de fort taux d’abstention. Visiblement, le peuple sénégalais n’était pas emballé par la rhétorique fumeuse et prétentieuse sur l’Emergence de la part de celui qui refusait de mettre en œuvre la refondation institutionnelle préconisée par les Assises nationales.
L’histoire allait donner raison à ceux qui doutaient de la bonne foi du successeur de Me Abdoulaye Wade, car l’opinion découvrira plus tard, toutes les combines du nouveau pouvoir (Arcelor Mittal, scandale Petrotim, port minéralier de Sendou, attribution d’un marché de pétrole à Total…).
On comprit, alors, a postériori, pourquoi le pouvoir apériste était resté très frileux envers les mesures consignées dans les conclusions des Assises nationales, le projet de nouvelle constitution et les autres recommandations de la C.N.R.I et visant aussi bien à améliorer la gouvernance sociopolitique qu’à instaurer l’équilibre et la séparation des pouvoirs.
Pour se mettre à l’abri de toute mauvaise surprise, le président allait s’atteler à faire le vide autour de lui, en affaiblissant ses adversaires tout en vampirisant et neutralisant ses alliés. De telle sorte que son régime devenu ultra-minoritaire ne tient plus que grâce au concours des F.D.S, (qui, sans vraiment être un parti politique même s’ils ont fait élire le président du Parlement), constituent, en association avec certains secteurs de la Justice, un ersatz d’outil politique sur la voie d’une dictature émergente, tentant de plonger notre pays dans une ère de glaciation autocratique. Il ne reste plus qu’à prier pour qu’elles n’imitent pas leurs collègues putschistes des pays frères voisins.
Heureusement que nous assistons à la création de divers groupes politiques constitués des nouvelles générations de cadres politiques, qui sont en train d’occuper les espaces libres délaissés par les anciens combattants de la gauche historique.
De nouvelles forces politiques contre l’instauration d’une autocratie pétrolière
Au-delà des divergences de points de vue politiques, qui étaient loin d’être décisives, l’alternance de 2012 était également révélatrice d’un désir de changement de génération acté par le remplacement du quasi-nonagénaire Abdoulaye Wade par le presque jeune cinquantenaire Macky Sall, né juste après les indépendances.
Par ailleurs, la jeunesse sénégalaise, comme celles de plusieurs pays limitrophes, souffrant de plusieurs maux et outrée par la gouvernance désastreuse des pontes de la Coalition APR-Benno, était touchée par une lame fond anti-impérialiste cherchant à rompre les amarres avec les anciennes puissances coloniales, particulièrement la France.
Elle est incarnée par plusieurs entités politiques, dont la plus représentative, actuellement, est le Pastef, victime d’une persécution impitoyable et catalogué comme ennemi public numéro 1 par les relais locaux de la Françafrique, avec le président Macky Sall comme chef de file.
Quoiqu’on puisse dire, le Pastef, fondé par des hauts fonctionnaires peu connus sur la scène politique est devenu la locomotive de l’opposition sénégalaise et est progressivement en train d’apprendre de ses erreurs et bénéficiant de l’accompagnement d’éminents hommes politiques provenant de Yonnu Askan Wi, du RND et même du PAI historique. Cette formation politique cristallise les espoirs de larges secteurs de la jeunesse sénégalaise, qui apportent leur fougue et leur engagement qui fait tant défaut à la vieille classe politique, qui ne s’est pas suffisamment renouvelée. Elle a également fait des percées remarquables dans le milieu des dommu daara, ce qui contribue à contrebalancer l’influence d’une certaine aristocratie maraboutique friande de mallettes de billets, de passeports diplomatiques, de 4 x 4, ne craignant pas de cautionner certaines formes de parjures émanant de représentants du pouvoir temporel.
En ce jour anniversaire de notre première alternance démocratique, nous en appelons à tous les citoyens sénégalais, surtout à certains membres de l’élite politique à taire leurs querelles d’égo et à unir leurs efforts pour mettre fin aux entreprises de dévoiement de notre démocratie par la Coalition Benno Bokk Yakaar, sous la houlette de leur président, qui pourrait encore sortir par la grande porte en respectant aussi bien sa parole que la Constitution (dont il est censé être le gardien).
Il doit décliner le projet insensé de troisième mandat que lui proposent des mercenaires politiques, qui n’hésiteraient pas à le sacrifier et à bruler notre cher Sénégal pour la sauvegarde de leurs intérêts égoïstes.
Ce 10 mars 2023, a été projeté le film documentaire long métrage de la réalisatrice espagnole Inès PARIS, à l’Institut Cervantes de Dakar, sur la situation des femmes africaines en Espagne, dans le cadre de la première édition du Women’s arts festival.
Ce 10 mars 2023, a été projeté le film documentaire long métrage de la réalisatrice espagnole Inès PARIS, à l’Institut Cervantes de Dakar, sur la situation des femmes africaines en Espagne, dans le cadre de la première édition du Women’s arts festival. À cette occasion, la Fondation espagnole Mujeres por Africa a fait déplacer spécialement la réalisatrice en personne accompagnée de l’une des principales protagonistes qui est la Congolaise Nicole Ndongala.
Le film documentaire est intitulé « Pommes, poulets et chimères », les protagonistes (femmes africaines) témoignent de leurs joies et de leurs peines au pays de Cervantes. Il dresse les portraits des femmes africaines en Espagne, faisant montrer une grande diversité. Le documentaire montre qu’à côté de celles qui sont plus ou moins défavorisés comme ces paysannes, il y a celles qui sont diplômées des universités ou qui pratique des métiers valorisants comme la musique.
Forcée à quitter la République démocratique du Congo, pour cause de guerre, Nicole Ndongala atterrit en Espagne contre toute attente. Toute jeunes. Peu à peu réussit à construire son avenir avec beaucoup de difficultés. Si le film est tourné, il y a une décennie, Nicole, elle, a atterri au pays de Cervantes, il y a presque 20 ans.
Nicole Ndongala, fait partie de celles qui ont pu faire des études. Presque 20 ans en Espagne, elle est depuis 2018, la directrice de l’une des plus puissantes associations africaines qui s’occupent des migrants en Espagne.
Militante acharnée, de ce point de vue, des droits de l’homme et plus précisément des droits des migrants, Nicole n’hésite pas monter au créneau pour dénoncer, interpeller les autorités sur des situations inacceptables concernant les migrants avec l'association Karibu, qu'elle dirige depuis 2018.
En marge de la projection, AfricaGlobe l'a interrogée sur sa participation à ce documentaire ainsi que les conditions dans lesquelles, elle a dû quitter son pays pour une destination avec laquelle, elle n'avait nulle connexion
Venue à Dakar dans le cade de la projection de son film «Pommes, poulets et chimères», consacré aux Africaines d’Espagne, la réalisatrice Inés Paris explique comment le racisme a désormais le vent en poupe dans son pays comme jamais auparavant .
Une dizaine d'années plus tôt, le racisme était une honte dans la société espagnole. des racistes avaient du scrupule, éprouvaient un certain scrupule Mais ça, c'était avant. Dans un contexte de la montée des partis extrémistes, le racisme n’est plus un tabou. Aujourd’hui, dès lors que des extrémistes de droite s’affichent au bel honneur du jour, le racisme semble être ouvertement assumé. La réalisatrice espagnole Inés Paris nous en parle dans cette entrevue avec AfricaGlobe Tv, en marge de la projection de son film "Pommes, poulets et chimères" à Dakar.
Dans son film documentaire réalisé en collaboration avec la Fondation Mujeres por Africa, la réalisatrice espagnole Inés Paris dresse le portrait d’une dizaine de femmes africaines vivant en Espagne. Le film a été projeté le 10 mars dernier au Centre culturel espagnol, Instituto Cervantes de Dakar en présence de la réalisatrice et de l’une des principaux protagonistes, l’hispano-congolaise Nicole Ndongala.
Le film fait tomber les préjugés dont la société espagnole accable ces femmes et montrent aussi le racisme dont ces femmes africaines sont victimes dans leur pays d’adoption. On peut voir qu’à côté de celles qui s’en sortent fort bien et qui la plupart sont des diplômées, il y en a d’autres pas éduquées, des paysannes qui ont beaucoup plus de difficultés.
Mais qui tout de même en Espagne ont acquis des compétences : alphabétisation, conduite, etc. Les femmes africaines ont aussi expérimenté le racisme de la part d’Espagnol(es).
HONTEUX HIER, DÉCOMPLEXÉS ET DÉBRIDÉS AUJOURD’HUI D’ÊTRE RACISTES
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LES PROFITEURS DE L'AFRIQUE
L'Afrique participe de la mondialisation au même titre que les autres continents. Elle ne manque pas d'atouts pour en être un aiguillon du progrès et du développement. Mais elle n'en profite pas à la mesure de ses richesses pour diverses raisons
L'Afrique participe de la mondialisation au même titre que les autres continents. Elle ne manque pas d'atouts pour en être un aiguillon du progrès et du développement : une démographie vigoureuse et jeune, des richesses minières et énergétiques, une classe moyenne qui consomme, une croissance soutenue. Mais elle n'en profite pas à la mesure de ses richesses pour des raisons à la fois intérieures, ce continent est sans cesse précarisé par des conflits violents, le terrorisme et une corruption endémique, mais aussi et surtout, selon la majorité des observateurs africains, voir occidentaux, par ce que ce continent n'est pas protagoniste de son destin.
Selon le pape François, au cours d'un récent déplacement en République démocratique du Congo, l'Afrique subirait toujours les effets délétères d'un « colonialisme économique déchainé ». Sont incriminés pêle-mêle les drastiques ajustements structurels du FMI, de la Banque mondiale et autre OMC, les pressions de la Chine, de la Russie, de l'Europe, le pillage des ressources, le soutien à des dictateurs, l'ingérence dans les affaires intérieures. Bref, l'Afrique cherche à conquérir une légitime souveraineté pour agir face aux enjeux économiques, sociaux, climatiques et stratégiques qui agitent la planète.
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POURQUOI AIR AFRIQUE A ÉCHOUÉ ?
“Je vous ai toujours dit qu’un Noir ne peut pas diriger une compagnie en Afrique.” Félix Houphouët-Boigny, ancien président ivoirien, avait choqué en prononçant cette phrase. Mais elle n’était que le signe annonciateur de la mort d’Air Afrique
“Je vous ai toujours dit qu’un Noir ne peut pas diriger une compagnie en Afrique.” Félix Houphouët-Boigny, ancien président ivoirien, avait choqué en prononçant cette phrase. Mais elle n’était que le signe annonciateur de la mort d’Air Afrique.
On vous raconte.
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DIANO BI AVEC ÉLIMANE HADY KANE
Awa Thiaw reçoit Elimane Hady Kane de Legs Africa dans l’émission Diano Bi du 19 mars 2023
Baye Oumar Gueye reçoit Alioune Tine, fondateur Africa Jom Center dans l’émission Objection du 19 mars 202.
MIMI TOURE EXHUME UNE PHOTO MONTRANT MACKY SALL MANIFESTER CONTRE LE TROISIEME MANDAT
La lutte contre le troisième mandat est devenue le cheval de bataille de Aminata Touré. L’ancienne Première ministre dénie à son ex mentor, Macky Sall, la possibilité de briguer un nouveau bail à la tête du pays.
La lutte contre le troisième mandat est devenue le cheval de bataille de Aminata Touré. L’ancienne Première ministre dénie à son ex mentor, Macky Sall, la possibilité de briguer un nouveau bail à la tête du pays.
Dans sa croisade, Mimi, comme on la surnomme, n’hésite pas à sortir quelques archives. Elle a ainsi exhumé hier une photo datant de janvier 2012 où l’on aperçoit, Macky Sall, alors dans l’opposition, prendre part à un rassemblement contre un troisième mandat du Président de la République de l’époque, Abdoulaye Wade.
Sur la photo on aperçoit d’ailleurs plusieurs figures de la majorité présidentielle, Mimi Touré, évidemment en rupture de ban depuis, mais aussi Zahra Iyane Thiam, Mbaye Ndiaye ou encore Jean-Paul Dias
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BARTHELEMY DIAS EXIGE L’EVACUATION SANITAIRE D'OUSMANE SONKO
Barthélémy Dias a rendu visite à Ousmane Sonko, hospitalisé à la clinique Suma Assistance de Cité Keur Gorgui depuis quelques jours suite à son exfiltration forcée par des éléments de la BIP.
Barthélémy Dias a rendu visite à Ousmane Sonko, hospitalisé à la clinique Suma Assistance de Cité Keur Gorgui depuis quelques jours suite à son exfiltration forcée par des éléments de la BIP.
Le Maire de Dakar alerte sur l’état de santé préoccupant de son camarade et demande qu’il puisse être évacué à l’étranger pour être soigné.
« La place d’Ousmane Sonko n’est pas à l’hôpital. Nous exigeons qu’il aille se soigner à l’extérieur. Il a le devoir d’aller se soigner, celui que je viens de rencontrer n’est pas dans un état qui puisse rassurer. Ousmane doit aujourd’hui être évacué, il doit se soigner », a dit Barthélémy Dias après sa sortie de visite.
Il ajoute : « Ceux qui ont fait cela à Ousmane se connaissent, je crois qu’ils ont la responsabilité de le laisser pour aller se soigner. Au cas contraire, je demande à la jeunesse sénégalaise de se mobiliser et de reprendre ses responsabilités. Aucune solution ne tombera du ciel. Cette jeunesse doit comprendre que l’heure de la résistance et de la mobilisation a sonné. »
Le Maire de Dakar invite les autorités à trouver les moyens de permettre l’évacuation sanitaire d’Ousmane Sonko.
« Quant à Ousmane, je demande à tous les Sénégalais de prier pour lui. Ce qu’on a gazé comme produit à Ousmane ce n’est pas des lacrymogènes. Ils savent très bien ce qu’ils ont fait. Ils ont intérêt à faire évacuer Ousmane Sonko. Et je demande la jeunesse de se mobiliser jusqu’à ce que son évacuation vers l’étranger pour des raisons médicales et sanitaires soit actées par ce régime dictatorial et finissant », a indiqué le député de Yewwi Askan Wi.