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21 août 2025
par Gilles Yabi
LA TENTATION DU CHAOS
L’impact de cette nouvelle montée de tension pourrait devenir dévastateur pour la perception du risque politique au Sénégal. La logique du bras de fer musclé et sans limites entre le camp présidentiel et celui d'Ousmane Sonko est une voie périlleuse
Bonjour Gilles Yabi, ça fait débat avec Wathi. Une semaine de tensions au Sénégal avec des affrontements entre jeunes et forces de sécurité massivement déployées, des bus brûlés, des tirs de gaz lacrymogènes, des axes paralysés pendant des heures… Après les manifestations de mars 2021 qui avaient fait 14 morts, cette nouvelle flambée de violences, alors que devait s’ouvrir un procès en diffamation de l’opposant Ousmane Sonko inquiète beaucoup à onze mois de l’élection présidentielle de février 2024.
Oui, les images d’émeute ont fait le tour des téléphones au Sénégal, en Afrique et partout dans le monde, relayées par les médias nationaux et internationaux. L’impact de cette nouvelle montée de tension pourrait devenir dévastateur pour la perception du risque politique au Sénégal. Cette perception joue un rôle dans les décisions des acteurs économiques nationaux et étrangers, de tous ceux qui parient depuis des années sur le Sénégal comme pôle de stabilité et de sécurité dans une région ouest-africaine en proie aux coups d’État, au terrorisme et au recul des libertés.
L’élection présidentielle est prévue dans un peu moins d’un an et tout le monde se pose des questions sur ce que nous réservent les prochains mois. L’erreur grave que beaucoup de pays ont déjà commise en Afrique, c’est de penser que la situation sera toujours maîtrisée avant qu’elle ne dégénère en crises violentes, graves et longues. Les acteurs politiques oublient souvent que le fait de ne pas vouloir individuellement plonger leur pays dans le chaos ne signifie nullement que le résultat combiné de leurs actions, et l’usage de tous les moyens pour défendre leurs intérêts, ne sera pas effectivement le chaos.
Vous rappelez ce que vous estimez être les ingrédients de la stabilité politique du Sénégal depuis son indépendance, malgré les épisodes de tensions et de violences qui ont bel et bien existé sans entraîner de rupture institutionnelle…
Oui. Au moment de la commémoration du 60ᵉ anniversaire de l’indépendance du Sénégal, en avril 2020, je disais sur cette antenne que je considérais que le premier ingrédient de la stabilité au Sénégal, c’était « la réalité de l’existence d’un État, la capacité à projeter l’image d’un État présent, organisé, capable de maintenir l’ordre sans apparaître comme un appareil uniquement au service du pouvoir politique du moment ». J’avançais aussi que « les élites politiques sénégalaises avaient jusque-là toujours donné le sentiment de croire à la nécessité de le préserver l’État de graves dérives qui pourraient résulter d’une politisation à outrance des administrations. » J’insistais aussi sur la qualité de la formation des hommes et des femmes qui animaient les institutions publiques, y compris le secteur de la défense et de la sécurité.
Le Mouvement citoyen "Demain c'est maintenant" alerte sur les risques d'instabilité du Sénégal. Les Sénégalais n'en peuvent plus des batailles rangées et parfois mortelles. Il urge de calmer le jeu - COMMUNIQUÉ
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du mouvement Demain c'est maintenant, daté du 17 mars 2023 à propos de la situation sociopolitique nationale.
« Des scènes de violence ont encore émaillé l'ouverture, jeudi 16 mars, du procès ayant pour protagonistes le Ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang et l'opposant Ousmane Sonko.
La vive tension qui prévaut est le fait d'acteurs politiques prêts à en découdre et nourris de rancœurs entretenues par des discours dont la radicalité le dispute à l'inflexibilité.
Par ce florilège d'intolérance, de radicalité et d'hostilité, la démocratie sénégalaise vacille.
Les Sénégalais sont pris en otages par un Mortal Kombat et sont régulièrement empêchés de vaquer à leurs occupations vitales.
Les populations paient ainsi un lourd tribut dans l'enchaînement des troubles avec la forte réduction de la mobilité, la fermeture des écoles et des commerces, le gel des activités, le caillassage des véhicules et des biens publics et privés.
Une telle absence de discernement et de lucidité constitue une source d'inquiétude pour les citoyens déjà rudement éprouvés par un quotidien de plus en plus difficile.
Le Mouvement citoyen "Demain c'est maintenant" saisit cette occasion pour alerter sur les risques d'instabilité du Sénégal.
Les Sénégalais n'en peuvent plus des batailles rangées et parfois mortelles.
Les voix de sagesse doivent s'élever pour fustiger ces actes irréfléchis qui accentuent le malaise.
Il urge de calmer le jeu d'autant plus que le Sénégal s'achemine vers l'élection présidentielle de février 2024, avec ses enjeux et ses incertitudes.
La perspective qui s'annonce n'est guère reluisante dans une démocratie où le jeu politique a toujours été ouvert.
La dégradation s'observe à tous les niveaux avec un appauvrissement du débat contradictoire hélas remplacé par des diatribes, des invectives et une surprenante irrévérence vis-à-vis des institutions de la République.
Le Mouvement Demain c'est maintenant condamne les comportements violents et déviants qui transparaissent dans nos environnements quotidiens.
Les causes de cette tension permanente et les remèdes sont à chercher dans une approche résolument collective.
Donc balle à terre pour un respect strict des règles du jeu démocratique, des droits constitutionnels de l'opposition et des institutions républicaines.
Demain c'est maintenant invite à plus de lucidité et d'amour du pays pour apaiser l'espace politique et social pollué par une affligeante cacophonie.
Le Mouvement Demain c'est maintenant exhorte les forces vives de la nation à se ressaisir pour faire face aux urgences et relever les défis de développement.
Un retour aux fondements d'une République de droit récompense l'aspiration tout aussi légitime des Sénégalais à un mieux-être. »
Par Cheikh Tidiane Wade
SENEGAL : COMMENT LA DIASPORA PEUT FINANCER LE DEVELOPPEMENT LOCAL
De plus en plus, des maires africains expriment leur souhait de se tourner vers les diasporas pour le financement du développement local.
L es transferts de fonds, les investissements et l’expertise de la diaspora africaine forte de 160 millions de personnes sont vitaux pour la croissance future du continent. C’est la conclusion à laquelle la Banque africaine de développement est arrivée lors d’un forum organisé en décembre 2022 à Abidjan, en Côte d'Ivoire.
De plus en plus, des maires africains expriment leur souhait de se tourner vers les diasporas pour le financement du développement local. Cet article vise à expliquer comment l’investissement des émigrés peut contribuer au financement du développement des collectivités au Sénégal. Dans le contexte de la décentralisation et de la territorialisation des politiques publiques, les migrants et le secteur privé pourraient jouer un rôle de premier plan dans vis-à-vis des les collectivités territoriales affectées par les migrations.
En effet, les autorités locales se retrouvent en première ligne pour gérer les impacts, à la fois positifs et négatifs, de la migration. Les collectivités territoriales du Sénégal ont en commun d’être confrontées à deux phénomènes majeurs qui structurent et déstructurent les dynamiques économiques. Il s'agit du changement climatique et de la mondialisation dans un contexte de mobilité permanente liées aux migrations. Inscrire les dynamiques territoriales dans nos objectifs de développement revient à envisager ces entités spatiales et humaines comme porteuses de nouvelles économies plus adaptées.
LES FONDS DES MIGRANTS COMME ALTERNATIVES
En effet, selon la Commission économique pour l’Afrique, les transferts des migrants vers le continent ont atteint 41 milliards de dollars en 2021. Cela représente ainsi plus du double de l’aide publique au développement accordée à l’Afrique. Il s’agit de trouver des financements adaptés dans un contexte où les transferts de fonds des migrants, bien encadrés, constituent des alternatives solides.
Au Sénégal, selon un rapport publié par l’Afford (2021), la diaspora est forte de 642 654 personnes, soit 3,7 % de la population. Si les flux d’émigration des Sénégalais se font majoritairement au sein du continent africain, 47,6 % d'entre eux sont établis dans les pays de l’Union européenne. La diaspora sénégalaise, c’est aussi 2 562 millions de dollars US de transferts de fonds par an, représentant 10,5 % du Produit intérieur brut (PIB) du pays, selon le même rapport. C’est considérable !
Grâce à ces transferts, la diaspora joue un rôle de premier plan dans le relèvement du niveau et du cadre de vie des familles restées au pays. Elle contribue ainsi aux efforts entrepris par les gouvernements pour lutter contre la pauvreté et favoriser l’inclusion économique des populations, y compris les plus vulnérables. Les associations de migrants sont actives dans la prise en charge des effets adverses du changement climatique par le financement et l’investissement dans les infrastructures, les moyens de production et l’outillage agricole. Elles contribuent également au financement et au développement d’activités génératrices de revenus, à l’adoption d’activités non agricoles, à la diversification des activités agricoles.
Ainsi, bien encadrés, les transferts de fonds des migrants peuvent permettre de trouver des financements adaptés et constituer des alternatives solides par rapport au renforcement des ressources financières des collectivités territoriales. En effet, chaque année, une allocation minimale de 12 millions de francs CFA (environ 19 000 dollars US) est versée à chacune des 557 collectivités locales. Le Fonds de dotation de la décentralisation qui est très faible pour une meilleure territorialisation des objectifs de développement durable est en cours de restructuration. Il constitue une réforme ambitieuse qui vise à recentrer les ressources sur les vrais objectifs du fonds.
TRANSFERTS NON FINANCIERS
Les associations de la diaspora et les migrants en tant qu'individus contribuent en permanence au dynamisme de l'économie à travers des transferts monétaires et des transferts non financiers. En réalité, les migrants transfèrent plus que de l’argent. Ils ramènent un engagement pour le développement, des réseaux de partenariat, des moyens de production et des outils et machines pour répondre aux effets adverses de l’incertitude climatique.
En outre, les migrants peuvent investir dans l'immobilier dans les villes comme Dakar ou dans les villages. Les retombées de ces investissements sont destinées au financement d’alternatives face aux effets liés à l’aridité et à l’incertitude climatique. Les aides d'urgence aux populations sont financés ainsi par des sources plus stables et moins soumises aux impacts des changements climatiques sur le capital naturel et les activités économiques des zones rurales. Dans le même temps, ces flux financiers contribuent à connecter l’économie locale au système national et global. L'habitat constitue un secteur de prédilection de l'investissement des migrants sénégalais. Cette appropriation foncière et immobilière entraîne des effets multiples sur la société et le tissu urbain. Face aux risques climatiques, il est nécessaire de tenir compte des opportunités et incertitudes liées au climat. L’amélioration des articulations entre l’investissement des émigrés avec les priorités de l’encadrement (collectivités territoriales, organisations non gouvernementales, projets de développement…) devrait se faire par une prise en compte effective du potentiel de l’émigration.
MIEUX CANALISER LES INVESTISSEMENTS
En d’autres termes, les plans de développement des collectivités territoriales devraient être plus sensibles à ces deux paramètres déterminants du développement territorial. Les migrants et associations de la diaspora doivent de leur côté pouvoir profiter des dispositifs et plateformes d’appui pour mieux canaliser leurs investissements. Avec l’installation des antennes des Bureaux d’accueil, orientation et suivi des Sénégalais de l’extérieur au niveau des Agences régionales de développement, plusieurs opportunités sont offertes aux migrants qui veulent investir dans leurs terroirs. Ces bureaux vont contribuer aux efforts visant à mettre en œuvre une politique migratoire sénégalaise adaptée aux évolutions nationales et internationales et orientée vers une logique de développement.
Les projets d’appui aux migrants de retour ayant atteint des succès notables ont beaucoup mis l’accent sur une bonne diffusion de l’information autant au Sénégal que dans le pays de provenance des migrants de retour. Il s’agira, dans le futur, de privilégier une information centrée sur les opportunités destinées aux Sénégalais porteurs de compétences pouvant être investies au Sénégal (valorisation de l’expertise de la diaspora). Elle devra également inclure ceux désireux d’être accompagnés pour la mise en œuvre de leurs projets d’investissement sur place. Par exemple, il serait intéressant que les responsables des différents secteurs professionnels agissant au Sénégal puissent dire de manière précise leurs attentes vis-à-vis des migrants de retour ainsi que les opportunités d’emploi et d’investissement qu'ils pourraient prendre en charge. Autrement dit, il s’agit de rendre « pratique » l’information en direction de migrants de retour pour qu'ils puissent très vite être en situation d’investir voire de produire. Le gouvernement du Sénégal reconnaît la contribution des migrants si bien que l’expertise de la diaspora est inscrite dans le Plan Sénégal Emergent, le référentiel de développement du pays, qui intègre une utilisation souple et optimisée des ressources techniques et scientifiques de la diaspora.
La place de la diaspora dans le développement économique et social national trouve également, dans la mise en œuvre de l’Acte III de la décentralisation, une formidable opportunité. En effet, les réseaux de la diaspora sénégalaise pourraient constituer à moyen et long termes des leviers du développement durable avec l'avènement des pôles territoriaux tels qu'ils sont envisagés par l'Acte III de la décentralisation.
Cheikh Tidiane Wade
Professeur de Geography, Université Assane Seck de Ziguinchor
THECONVERSATION.COM
BORIS DIOP EVOQUE LA SOLITUDE DE L'ECRIVAIN ET L'INCERTITUDE DE SON ENTREPRISE
L’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop a souligné la solitude de l'écrivain et le caractère incertain de son entreprise, vendredi, à l'ouverture de la sixième édition du Salon international du livre de Thiės (SILT) dont il est le parrain.
L’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop a souligné la solitude de l'écrivain et le caractère incertain de son entreprise, vendredi, à l'ouverture de la sixième édition du Salon international du livre de Thiės (SILT) dont il est le parrain.
"Lorsqu’on se livre à cet exercice difficile qu'est l’écriture, cela se passe dans la solitude, dans l’incertitude. Parce qu’au fond, on écrit sans avoir été mandaté par personne", a-t-il dit à l’ouverture de cet événement littéraire qui se tient à Saly-Portudal, du 16 au 19 mars. Selon l'auteur de "Doomi golo" (2003), il y a "beaucoup d'appelés et peu d'élus" dans le domaine de l'écriture "On prend sa plume, on raconte une histoire et on dit au monde entier : écoutez-moi, j'ai quelque chose à vous dire. Et nous sommes très nombreux de le faire", a-t-il dit en parlant de la motivation de l'écrivain.
Boris Diop considère que "le Sénégal se porte bien" dans le domaine de la littérature, au regard du nombre d’événements littéraires qui se déroulent dans le pays. Le SILT se passe pour la première fois à Saly Portudal (Mbour), un choix motivée par l'ouverture sur le monde de cette cité balnéaire de la région de Thiès, selon Moustapha Ndéné Ndiaye, président de la manifestation. "Saly offre cette plateforme internationale où le SILT trouve une terre de prédilection", a-t-il dit. "L'Afrique face à elle-même, enjeux d'écriture", le thème de cette manifestation, n’a pas été choisi par hasard selon lui, puisque "la littérature est forcément au cœur des grandes réflexions, surtout celle de l'Afrique"
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« MACKY SALL NE SERA PAS CANDIDAT EN 2024... »
Aminata Touré est l’invitée de Pape Alé Niang dans l’émission ‘Autour du micro’
Aminata Touré est l’invitée de Pape Alé Niang dans l’émission ‘Autour du micro’
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« NOUS N’ALLONS PLUS ACCEPTER QU’OUSMANE SONKO SUBISSE LE MEME SORT, LE 30 MARS PROCHAIN »
En conférence de presse hier, vendredi 17 mars, les responsables du mouvement Y en a marre ont dénoncé les violences qui ont émaillé le déplacement du leader de Pastef, Ousmane Sonko, vers le tribunal pour son procès en diffamation contre le ministre Mame
En conférence de presse hier, vendredi 17 mars, les responsables du mouvement Y en a marre ont dénoncé les violences qui ont émaillé le déplacement du leader de Pastef, Ousmane Sonko, vers le tribunal pour son procès en diffamation contre le ministre Mame Mbaye Niang. Désignant le président Macky Sall comme étant l’unique responsable de ces tensions pour imposer sa troisième candidature, Aliou Sané, coordonnateur de Y’en a marre et compagnie ont prévenu qu’ils n’accepteront plus de telles injustices, lors de la prochaine comparution du leader de Pastef, prévue le 30 mars.
Le mouvement Y en a marre va-til rejoindre les partisans et sympathisants du maire de Ziguinchor et leader de Pastef, Ousmane Sonko, dans le cadre de leur combat qu’ils mènent depuis quelques jours contre l’invalidation de sa candidature par une condamnation judiciaire dans le cadre du procès en diffamation qui l’oppose au ministre Mame Mbaye Niang ? S’exprimant sur les violences qui ont émaillé le déplacement du leader de Pastef, Ousmane Sonko vers le tribunal pour son procès en diffamation, lors d’une conférence de presse tenue hier, vendredi 17 mars, les Y’en a marristes ont formellement condamné le traitement qu’il a subi de la part des Forces de défense.
Face à la presse, Aliou Sané, coordonnateur de Y’en a marre et compagnie ont désigné le président Macky Sall comme étant l’unique responsable de cette situation de tension que traverse le pays. En effet, selon eux, Macky Sall n’agit que pour pouvoir briguer un troisième mandat. « Les FDS ont été mobilisées pour empêcher Ousmane Sonko d’aller librement au tribunal suivant l’itinéraire qu’il voulait emprunter alors que d’un autre côté, Mame Mbaye Niang demande même à ne pas être escorté », a dénoncé Aliou Sané qui met ainsi sévèrement en demeure le chef de l’Etat. « Trop c’est trop, il faut que Macky Sall arrête. Car toutes ces violences ne sont motivées que sa volonté de briguer une troisième candidature ».
Prenant la parole à son tour, Cyril Touré alias Thiat abondant dans le même sens, accuse lui aussi le chef de l’Etat de vouloir choisir à travers ce procès « ses concurrents » en perspective de la présidentielle de 2024. Loin de s’en tenir là, le rappeur du groupe Keurgui a également dénoncé la violence exercée par les éléments des forces de l’ordre sur le député Guy Marius Sagna malgré son écharpe de député qu’il portait en bandoulière. Toujours sur les événements du 16 mars dernier, les deux membres du mouvement citoyen, Thiat et Aliou Sané ont également dénoncé le blocus de la résidence du leader de Pastef par les forces de l’ordre retardant ainsi l’ambulance qui était venue l’évacuer d’accéder à son domicile. Sous ce rapport, ils ont prévenu qu’ils n’accepteront plus de telles injustices lors de sa prochaine comparution le 30 mars. « Même pour se soigner, il a fallu qu’il fasse un post pour qu’on le laisse sortir de sa maison » a martelé Aliou Sané. « Nous n’allons plus accepter que Ousmane Sonko subisse le même sort le 30 mars prochain. Il devrait pouvoir circuler comme le fait Mame Mbaye Niang », prévient pour sa part Thiat.
LES DROITS-DE-L’HOMMISTES ENGAGENT MACKY SALL
Alioune Tine, Alassane Seck et Seydi Gassama sont montés au créneau pour tirer encore la sonnette d’alarme en invitant notamment le président Macky Sall à incarner son statut de père de la nation
Les scènes de violence qui ont émaillé le déplacement du leader de Pastef, Ousmane Sonko, le jeudi 16 mars dernier pour aller au tribunal où il devait comparaitre dans l’affaire de diffamation qui l’oppose au ministre Mame Mbaye Niang ne laissent pas indifférents certains responsables d’organisation de défense des droits de l’homme. Interpellés par Sud quotidien hier, vendredi 17 mars, Alioune Tine, président fondateur d’Afrikajom center, Alassane Seck, président de la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh) et Seydi Gassama, directeur exécutif de la section sénégalaise d’Amnesty international sont montés au créneau pour tirer encore la sonnette d’alarme en invitant notamment le Président Macky Sall à incarner son statut de père de la nation.
ALIOUNE TINE, PRESIDENT FONDATEUR D’AFRIKAJOM CENTER : «Nous avons un contentieux électoral prématuré sur l’éligibilité des candidats en 2024 et non une banale affaire de diffamation »
Les procès contre Sonko, au regard de son statut de principal opposant, donne la perception forte auprès de l’opinion et particulièrement des jeunes qui le soutiennent, qu’on voudrait l’écarter de la compétition présidentielle de 2024. C’est la raison de la mobilisation de la jeunesse lors du premier procès d’Adji Sarr/Sonko qui s’est terminé par les émeutes de Mars 2021, qui a fait 14 morts. La plainte pour diffamation posée par le Ministre Mame Baye Niang sur l’affaire Prodac qui a suscité beaucoup de controverses sans procès, il y’a un an, qui est une banale affaire qui pouvait faire l’objet d’un débat sur un plateau de télé, procède de la même logique d’invalidation de la candidature de Sonko.
« LA MOBILISATION DES MOYENS EXCEPTIONNELS DE SECURITE POUR LE PROCES (...) DONNE LA PERCEPTION D’UNE PERSECUTION »
« Quand l’Etat mobilise des moyens exceptionnels de sécurité pour le procès avec des policiers qui encerclent la résidence de Sonko, l’empêchant de sortir, ou empêchant son fils d’aller à l’école, ça donne la perception d’une persécution et cela est amplifié par les images à peine soutenables par leur brutalité et leur absurdité de la vitre cassée de son véhicule qui a fait le tour du monde. Et celles de jeudi où il a été sauvagement extrait de son véhicule et gazé. Le résultat, c’est que lui et son avocat Me Ciré Ly sont hospitalisés. Il est bon d’analyser quels pourraient être les effets de ses substances sur la santé des gens. Du côté de Sonko acculé, il appelle à la résistance pour éviter le sort de Karim Wade et de Khalifa Sall exclus de la présidentielle de 2019 en vertu de l’article du code électoral L57. Il joue sa survie politique en appelant à la résistance consciente du soutien dont il bénéficie d’une jeunesse en quête d’idéal et de « messie » (Seydina Ousmane), pour sortir d’un horizon bouché. Une jeunesse dont le poids démographique constitue une force et une énergie politique électorale, la nouvelle donne du basculement politique et géopolitique en Afrique de l’Ouest. C’est ce basculement politique et démographique ajouté aux ressources en gaz et pétrole et aussi la révolution digitale et numérique qui sont en train de changer les enjeux de pouvoir au Sénégal. Il est de plus en plus difficile de s’appuyer exclusivement sur le pouvoir et les moyens de l’Etat, ou l’instrumentalisation des institutions et des textes pour conserver le pouvoir dans un pays comme le Sénégal qui a une culture démocratique et une culture de résistance ».
«MACKY DOIT APPELER TOUT LE MONDE AU DIALOGUE ET SONKO A LA FIN DES MANIFESTATIONS »
« La question de l’éligibilité avec ses « ambiguïtés »et autres « pièges » dans les textes, aussi bien dans la loi électorale que dans la Constitution ont créé une incertitude sur qui sera candidat ou non à la présidentielle de 2024, à un an du scrutin. Cette situation d’incertitude est porteuse des tensions et des violences que nous vivons, nous devons en sortir d’urgence par le dialogue politique. Seul le leadership politique du Président Macky Sall peut prendre une initiative pour sortir de cette crise. Nous avons un contentieux électoral prématuré sur l’éligibilité des candidats en 2024 et non une banale affaire de diffamation. Nous devons poser clairement le problème pour trouver la solution appropriée de sortie définitive de la crise actuelle. Mais aussi repenser le présidentialisme exacerbé qui se mue de plus en plus en autocratie sur l’ensemble des pays de l’Afrique et qui culmine au coup d’état militaire. Macky doit appeler tout le monde au dialogue et Sonko doit appeler à la fin des manifestations. Il faut dialoguer pour arrêter de tourner en rond et de compromettre la paix et la stabilité du pays ».
SEYDI GASSAMA, DIRECTEUR EXECUTIF AMNESTY SENEGAL : « Le Président doit respecter les libertés civiles et politiques, faire en sorte que lorsque l'opposition veut manifester, qu’elle puisse le faire pacifiquement ».
« Il y a plusieurs actes forts que le président de la République doit poser pour apaiser la tension actuelle puisque c'est le Président qui a le pouvoir et c'est à lui de poser ces actes pour ramener la paix sociale dans le pays. On ne peut pas demander à l’opposition de les poser. Le premier qu’il doit poser, c'est de respecter les libertés civiles et politiques, faire en sorte que lorsque l'opposition veut manifester, qu’elle puisse le faire pacifiquement. Car, il est maintenant clair pour tous les Sénégalais que les troubles ne surviennent que lorsque les manifestations sont interdites. C'est là que nous assistons à des œuvres de défiance et évidemment à la violence. Donc que le Président Macky Sall respecte, surtout dans un contexte préélectoral, les libertés civiles et politiques notamment le droit des citoyens de s'exprimer et de manifester de façon pacifique et d’arrêter tous ces emprisonnements ».
METTRE FIN A LA JUDICIARISATION DE L’ESPACE POLITIQUE
« On doit également mettre fin à cette judiciarisation de l’espace politique. La justice n’a pas sa place dans l’espace politique. Si le Président Abdou Diouf avait utilisé la justice contre son successeur et principal opposant, Abdoulaye Wade, ce dernier ne serait jamais candidat au point de devenir 3ème président de la République. Pourtant, il a été à plusieurs fois arrêté dans le cadre des manifestations politiques mais jamais le Président Diouf n’est allé jusqu’à chercher à le priver de son droit d’éligibilité. Ensuite, le Président Wade aurait pu faire la même chose lorsqu’il était aux affaires puisqu’il y avait énormément des choses et des déclarations qui ont été faites par ses opposants y compris Macky Sall et qui pouvaient être utilisées pour les écarter du jeu politique. Donc il faut que l'on sache que le débat politique, c'est un débat ouvert, un débat où toutes sortes de dérivés ou même dérapages sont possibles mais, on doit éviter de judiciariser ce débat ».
METTRE FIN A L’INSTRUMENTALISATION DE LA LOI PAR LE PARQUET POUR METTRE EN PRISON TOUTE PERSONNE QUI FAIT UNE DECLARATION JUGEE CONTRE LE PRESIDENT.
« Le parquet instrumentalise la loi pour mettre en prison toute personne qui fait une déclaration, jugée contre le président de la République. Aujourd'hui, même si, au niveau d’Amnesty, nous n’avons pas encore fait des recoupements mais, selon les informations du député Guy Marius Sagna, c’est plus d’une centaine de personnes qui sont en prison simplement pour avoir exercé le droit à la liberté d'expression. On leur colle des délits tels que la diffamation, diffusion de fausses nouvelles, atteinte à la sûreté de l'État, tous ces délits qui sont caractéristiques des régimes dictatoriaux sont aujourd'hui, en train d’être instrumentalisés à outrance par le régime en place pour mettre en prison des dizaines de militants ou de sympathisants de l’opposition ».
METTRE FIN AUX PROCES POLITIQUES
« Ensuite, pour les procès en cours, je crois qu’on ne peut pas dire qu’ils n'ont pas des relents politiques surtout celui en instance opposant le ministre Mame Mbaye Niang et le leader de Pastef, Ousmane Sonko. Ça fait quand même plus de 2 ans que les gens parlent de cette affaire du Prodac. La quasi-totalité des journaux du pays ont fait des articles sur cette affaire même s’il (Mame Mbaye Niang) dit qu’il a porté plainte contre des organes et qu’ils ont été condamnés. Mais, cela n’enlève en rien le fait qu’il y’a tellement de gens qui ont parlé de cette affaire qui a même fait l’objet d’un livre alors qu’il n’a jamais saisi la justice contre l’auteur de ce livre. Donc, on ne peut pas penser qu’il n’y a pas de relent politique derrière cette plainte contre Ousmane Sonko surtout quand on voit l’assurance avec laquelle il dit qu’il va jusqu’au bout dans cette affaire qui menace gravement la paix sociale. Il faut donc arrêter les emprisonnements systématiques, autoriser les manifestations, et surtout, dialoguer principalement sur le processus électoral pour la prochaine présidentielle. Comment faire pour ne pas laisser en rade les primo-votant surtout avec cette courte période de moins d’un mois de révision des listes fixée par l’Etat ? Car, le pays est aujourd’hui en danger même si le pouvoir tente de nous faire croire le contraire ».
ALASSANE SECK, PRESIDENT DE LA LIGUE SENEGALAISE DES DROITS HUMAINS (LSDH) : « Le président doit aujourd’hui incarner son vrai statut de « père » de la nation, chef de l’Etat pour permettre à la paix de s’installer à nouveau dans le pays »
« Il faut savoir que nous vivons une situation extrêmement préoccupante sur le plan politique. Je dirais même que nous sommes tout près d’une impasse politique qui a commencé à s’installer dans le pays depuis les évènements de mars 2021 en perspective de la présidentielle de 2024 qui comporte plusieurs enjeux. Enjeux de conservation du pouvoir par le président sortant et enjeux de conquérir le pouvoir par l’opposition notamment, Ousmane Sonko. Aujourd’hui, toute cette tension qui a fini par diviser le pays en deux camps est liée à ces enjeux. Je pense que l’élément essentiel pour le pays, c’est que le président de la République, Macky Sall, puisse faire un dépassement. Il doit aujourd’hui incarner son vrai statut de « père » de la nation, chef de l’Etat pour permettre à la paix de s’installer à nouveau dans le pays. Pour cela, il devra faire beaucoup de concessions, être au-dessus de la mêlée et accepter des compromis. Il devra surtout mettre de côté cette histoire de 3ème candidature qui cristallise la tension et plombe la vie publique ».
LE PRESIDENT A LE DEVOIR D’APPELER UN DIALOGUE POLITIQUE SEIN ET SEREIN
« Le président de la République a le devoir d’appeler un dialogue politique sein et serein. Il doit également éviter la judiciarisation les affaires politiques. Donc, la solution de sortir de cette situation de tension que nous traversons est entre les mains du président de la République. C’est à lui, en tant que garant de la stabilité nationale, de poser des actes d’ouverture notamment en convoquant un dialogue sein avec toute la classe politique. C’est lui seul qui dispose la clé de déblocage de cette situation en mettant fin à cette stratégie d’invalidation des candidatures que nous avons vécue par le passé avec Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall. Car, s’il y a toute cette tension autour de ce procès, c’est parce que beaucoup pensent que cela a été enclenché dans le but d’empêcher la candidature d’Ousmane Sonko par une condamnation judicaire »