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14 juin 2025
JOURNÉE D’HOMMAGE AU DRAMATURGE ET ÉCRIVAIN CHEIK ALIOU NDAO
Un hommage va être rendu au dramaturge et écrivain Cheik Aliou Ndao à la veille de ses 90 ans. L’évènement aura lieu le 18 janvier prochain à la Maison de la Culture Douta Seck
Un hommage va être rendu au dramaturge et écrivain Cheik Aliou Ndao à la veille de ses 90 ans. L’évènement aura lieu le 18 janvier prochain à la Maison de la Culture Douta Seck.
Après l’hommage rendu à l’autrice Feue Mame Younouss Dieng, l’Association « Fonk Sunuy Làmmiñ, va mettre en lumière Cheik Aliou Ndao, autre grande figure de la culture. Personnalité marquante de l’Éducation et de la Culture, pédagogue et écrivain, défenseur et militant des langues et cultures africaines, Cheik Aliou Ndao a sa place au « Panthéon » des grands hommes. Le collectif entend lui « rendre hommage et le remercier pour toute son action. »
Au programme de cette journée d’hommage, Il est prévu plusieurs activités. Une table-ronde sur la production de l’homme, comprenant les différents genres littéraires que sont : romans, nouvelles, poésie, théâtre, essais, contes et livres pour enfants. Une exposition d’ouvrages en langues nationales, dont les publications de Cheik Aliou Ndao, la diffusion d’une vidéo/ portrait documentaire. Le livret consacré à l’homme et l’œuvre, dont la Direction du Livre et de la Lecture (DLL) a déjà pris en charge la réalisation, sera présenté.
« Cheik Aliou Ndao a su allier une riche carrière professionnelle et une impressionnante production littéraire » magnifient les organisateurs de l’hommage.
Après des années d’expérience dans l’enseignement, notamment comme professeur d’anglais, Cheik Aliou Ndao né à Bignona en 1933, a intégré la haute administration au ministère des Affaires culturelles avant d’être nommé au poste de conseiller technique à la Primature d’abord et à la Présidence de la République ensuite. Ndao a la particularité d’avoir proposé une littérature d’une égale consistance en français et en wolof. Dans chacune de ces deux langues, il s’est illustré par une production touchant à tous les genres, notamment la poésie, le roman, la nouvelle, le théâtre et l’essai. C’est à ce titre qu’il a reçu en 2012 le Grand Prix du Président de la République du Sénégal pour les Lettres. Cette distinction généralement destinée à récompenser une publication couronnait cette fois-ci et exceptionnellement l’ensemble d’une œuvre.
Le collectif Fonk Sunuy Làmmiñ qui regroupe des associations et des institutions, des femmes et des hommes (écrivains, enseignants, chercheurs, journalistes et autres militants des langues nationales) résolument engagés dans la promotion des langues nationales, entend rendre hommage a toutes celles et a tous qui ont, par leurs productions et par leurs actions, œuvré pour la valorisation de nos langues et cultures
« Les langues véhiculent nos riches patrimoines culturels, mais aussi comme langues d’enseignement, d’éducation et de formation, de développement économique et social » rappelle le collectif.
Au delà des cérémonies en hommage aux personnalités de la culture, l’action du collectif passe par diverses manifestations telles que des séances gratuites d’alphabétisation, la correction des transcriptions fautives notées dans l’écriture notamment du wolof sur les panneaux publicitaires, à la télévision, dans la presse écrite, dans les partis politiques et l’organisation de rencontres de vulgarisation de la production littéraire en langues nationales.
COMMENT DIT-ON « GÉNOCIDE » EN WOLOF ?
Boubacar Boris Diop a prononcé le discours d’ouverture suivant devant un public nombreux à l’Université de l’Oklahoma lors du Neustadt Lit Fest 2022 (24-26 octobre 2022)
Boubacar Boris Diop a prononcé le discours d’ouverture suivant devant un public nombreux à l’Université de l’Oklahoma lors du Neustadt Lit Fest 2022 (24-26 octobre 2022), qui a également été diffusé en direct aux participants de plus de quarante pays, de l’Albanie à l’Ouzbékistan.
Dans cette histoire-là, l'orpheline à peine sortie de l'adolescence s'appelle Youmané. J'aime tant ce nom que je me demande aujourd'hui encore si je ne l'ai pas inventé moi-même. Je n'écoutais en effet pas passivement la conteuse, mes vives réactions faisaient partie intégrante du déroulement de son récit. Youmané, donc. Sa mère lui a interdit d'aller aux séances de tam-tam nocturnes mais l'appel du rythme la rend quasi folle et elle s'y rend en secret chaque soir, "quand la terre est froide" comme disait joliment la conteuse. Youmané ne se rend juste pas compte qu'elle est le seul être humain normal dans une assemblée d'êtres surnaturels, les "Djinns". Elle y noue une idylle avec un jeune homme, bien évidemment beau en diable. Et ce qui ne devait pas arriver arriva : elle tomba enceinte. Mais comment fait-on pour raconter leur torride relation charnelle à des enfants de huit ou neuf ans ? Je me souviens encore avec un petit sourire amusé de la petite merveille narrative de la conteuse : chaque nuit, disait-elle, un vent violent soulevait la robe de Youmané sur le chemin du retour chez elle. Rien de plus. Mais au bout de quelques coups de vent qui étaient en réalité de sauvages coups de reins, elle tombait enceinte !
Que se passait-il ensuite ? Si Youmané a été punie par sa mère ou si son enfant a plus tard conquis des royaumes, je n'en sais à vrai dire rien. Et pour être franc, c'est parce que cela ne m'intéressait pas du tout. J'ai seulement en mémoire les battements de mon cœur lorsque j'imaginais Youmané seule au mileu de ces Djinns aux faces tordues ou, pis encore, triangulaires, prêts à boire son sang à chaque instant. Le fait est que des innombrables fables que j'ai entendues dans ma prime enfance, il ne me reste que de vagues impressions au sens littéral du terme, le souvenir fragile de couleurs bleu-de-nuit ou grises comme sur un tableau et, dans cet abîme de formes enchevêtrées, des êtres vulnérables face aux éléments déchaînés. Et soit dit au passage, ces êtres apeurés étaient souvent des jeunes femmes, comme dans le conte du "Bracelet de soleil" que je crois bien avoir repris sous une forme ou une autre dans la plupart de mes romans. Ce que j'ai appris très tôt avec ces histoires, c'est à quel point ce qui se passe dans un récit, son contenu en somme, est accessoire, que l'on peut bien arrêter de lire un roman avant d'arriver à sa dernière page, après une bonne provision de fulgurances narratives, que ceux qui demandent qu'on leur résume Anna Karénine - ou n'importe quelle autre grande fiction - ne savent peut-être pas au fond ce qu'écrire veut dire.
Pour une raison ou une autre - serait-ce du reste là une règle universelle ? - le conte ne pouvait êrre dit que la nuit. Cela rendait plus vrai et inquiétant cet univers fantastique auquel je me suis familiarisé bien avant la lecture de Kourouma ou d'Amos Tutuola et plus tard des auteurs latino-américains de Rulfo à Cortazar, Marquez ou Sabato, ce dernier étant un de mes auteurs préférés. Cela veut dire que le "réalisme magique" ne m'a pas vraiment impressionné : à Macondo, j'étais en terrain connu.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ces contes ont été pour moi, avant même l'école qui m'avait initié aux mystères de l'alphabet, le meilleur atelier d'écriture romanesque. L'aura de ces histoires fantastiques tenait en grande partie à une certaine impénétrabilité. Le sens en était tout entier dans une sorte d'orgie sonore et dans une puissance d'évocation qui leur donnait de la profondeur. Je crois bien que si je ne m'étais pas si souvent égaré dans le dédale des paroles de la conteuse, je n'aurais pas eu plus tard tant de plaisir à relire encore et encore des ouvrages totalement hermétiques. Je ne me suis jamais senti vexé de n'avoir pas pu accéder au " message" - mot horrible entre tous... - d'un auteur. En vérité, beaucoup de textes ne m'étaient et ne me sont toujours un délice que par leurs vibrations et parce qu'ils virevoltaient, si j'ose dire, dans tous les sens. Il n'est pas étonnant que j'aie choisi de faire de Khadija, l'héroïne de mon troisième roman, Le Cavalier et son ombre, une conteuse hors pair.
Quelques années avant ces fables entendues dans la ville de Thiès, la Médina où j'étais né avait été mon école de la vie. Ou de la rue, car l'on y vivait dehors par la force des choses. Seul le recul me permet de me rendre compte aujourd'hui que c'était un bidonville d'une pauvreté crasse comme le sont de nos jours certaines zones périphériques de la ville. Adolescent, je ne ressentais nullement la misère de ce lieu d'une glorieuse modernité, à l'origine de toutes les modes. Dans Doomi Golo, la Médina s'appelle Niarela. S'y côtoyaient les plus brillants esprits, médecins et avocats, artistes et surtout sportifs, en particulier certains de ceux qui restent aujourd'hui encore les figures de légende du football et du basket-ball au Sénégal. Elle était mitoyenne du quartier européen du Plateau et n'hésitait pas à le toiser, bien qu'on fût à l'époque coloniale. Entre les deux, avait été construite Rebeuss, la plus grande prison du pays - qui s'y trouve encore - et où faisaient de fréquents séjours certains de nos aînés si prompts à défier la loi, surtout la loi des Toubabs. L'un d'eux était Yadikone, le "Bandit d'Honneur" immortalisé hors-caméra par le grand réalisateur Djibril Diop Mambety. La Medina était aussi, bien entendu, le théâtre d'affrontements épiques entre les "Rouges" de la SFIO de Lamine Guèye et les "Verts" de Senghor, poète bien plus progressiste - ou moins réactionnaire - que son rival "socialiste" d'alors, mon grand-oncle maternel, soit dit au passage. Senghor a du reste fini par devenir le Père de l'Indépendance du Sénégal et son premier président. Le pays aurait peut-être pu trouver mieux mais ça, c'est une autre histoire...
C'est là qu'est né le "Culture et Loisirs Club". J'en étais un des fondateurs avec les frères Bèye, les jumeaux Assane et Ousseynou, Ben Diogaye Bèye devenu cinéaste de renom, feu Assane Preira et enfin Babacar Mbow le Maître de Ndem, alias "Chacun" et aujourd'hui une grande figure de la spiritualité mouride. Nous avions près de la Corniche un ciné-club où nous disséquions des heures durant les tout premiers films africains, tous des court-métrages, à l'exception de La Noire de... de Sembène Ousmane, père du cinéma africain dont le film Borom Saret a été plusieurs fois au centre de nos débats, tout comme Afrique-sur-Seine de Paulin Soumanou Vieyra, Sarzan de Momar Thiam et un de nos favoris Et la neige n'était plus... de Ababacar Samb Makharam.
Cependant nos activités les plus importantes tournaient autour des livres. Si j'y ai découvert La plaiede Malick Fall, Les bouts-de-bois-de-Dieu de Sembène, L'aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane ou Kocoumbo, l'étudiant noir d'Aké Loba, notre événtail de lecture allait au-delà de l'Afrique. Nous avons lu en des séances collectives parfois houleuses L'étranger de Camus ou tel autre classique français ; le nom du Grégoire Samsa de La métamorphose de Kafka revenait souvent dans nos blagues. Je me souviens aussi que l'un d'entre nous, Ousseynou Bèye, à ce jour un de mes meilleurs amis, aimait répéter le fameux "Heureusement, on peut agir..." du Chen de La condition humaine d'André Malraux. Nous organisions aussi des discussions sur l'économie et la politique. J'apprendrai plus tard que notre goût précoce pour les échanges sur les affaires de la cité avait attiré l'attention d'une formation communiste clandestine qui nous envoyait régulièrement l'un ou l'autre de ses recruteurs. Pour couronner le tout, nous avions créé un journal - ronéotypé, il va de soi - appelé "Le bourgeon". J'en avais moi-même trouvé le titre dans un article du poète David Mandessi Diop disparu dans un crash aérien au large de Dakar à l'âge de 33 ans, texte où il écrivait ceci : "La littérature est l'expression d'une réalité en mouvement, elle part de la réalité, la capte, saisit ce qui n'est que bourgeon et l'aide à mûrir..."
En y repensant, je suis ahuri que nous ayons pu faire tant de choses à un si jeune âge...
Il n'est en revanche pas étonnant que j'aie écrit mon premier roman, La cloison, autour de la seizième année. À la main, bien évidemment, avec l'application de l'adolescent timide et affreusement bègue que j'étais. J'y racontais l'amitié entre le collégien sénégalais Kader Cissé et son condisciple français Lucien Gercet. Tous deux, de condition très modeste, fréquentaient le même lycée Van Vollenhoven, majoritairement Blanc, où j'avais moi-même subi des discriminations de la part des profs et surtout d'un certain monsieur... Luc Nègre. La cloison dénonçait donc vaillament le racisme et sa fin était d'une consternante naïveté : la "cloison", symbole de la division entre deux races, prenait feu de manière spectaculaire et les deux jeunes gens étaient réconciliés à tout jamais par cette tragédie qui les mettait l'un en face de l'autre. Je n'avais pas écrit plus de deux cents pages juste comme ça, sans savoir où j'allais : je prétendais être publié comme tous les grands auteurs que j'avais eu tant de plaisir à lire et relire. Envoyé par la poste, le plus sérieusement du monde, à "Présence africaine", en ce temps-là l'éditeur parisien de référence pour tout le monde, le manuscrit m'avait valu une lettre-standard de refus signée par un certain Jacques Howlett. D'ailleurs le nom de ce dernier est la seule chose dont je me souvienne vraiment à propos de cette mise à feu ratée.
Très vite après est arrivé le temps où, à la Fac de Lettres, il fallait se taper les classiques du marxisme et se décider clairement entre Mao, Tito, Staline, Trotsky voire un peu plus tard Enver Hodja. Cela n'empêchait heureusement pas de lire Cheikh Anta Diop, Frantz Fanon, Mongo Beti, Amilcar Cabral et Aimé Césaire. Bien au contraire, tous ces auteurs allaient bien ensemble.
Il y aurait beaucoup à dire sur cette période, y compris à propos du Club Frantz Fanon fondé dans un autre quartier dakarois où avait déménagé ma mère. Le plus important dans ces années ardentes, ça a été mes lectures en solitaire. Le centre culturel américain m'a permis à l'époque de lire tout Steinbeck mais aussi des romanciers comme Erskine Caldwell, Lumière d'août de Faulkner et Native Son de Richard Wright. Au centre culturel français, j'ai découvert et lu tout Sartre à l'exclusion de ses massifs et arides traités philosophiques. J'en étais d'ailleurs arrivé à me déclarer "existentialiste" quand mes camarades en pinçaient grave pour le marxisme et à choisir comme nom de plume celui du Boris Serguine de la trilogie sartrienne Les chemins de la liberté.
Je m'étais entiché comme presque tout le monde de la littérature latino-américaine au point d'écrire dans mon premier roman Le temps de Tamango, que "Cent ans de solitude est le chef-d'œuvre absolu de la littérature universelle." Enthousiasme juvénile mais qui disait bien le choc émotionnel que m'avait causé le livre de Garcia-Marquez. Je serais bien plus mesuré aujourd'hui !
Toutes ces lectures et toutes ces activités, souvent extrêmement précoces, s'intégraient au parcours classique d'un auteur "francophone".
Il y a eu cependant un coup d'arrêt à partir de 1998. C'est l'année où je me suis rendu pour la première fois au Rwanda avec un groupe d'auteurs de différents pays africains pour y constater l'ampleur des dégâts causés par le génocide contre les Tutsi et, si tel était notre désir, en témoigner dans une œuvre de fiction. Cette singulière intitiative d'écrivains allant opérer sur le terrain d'une massive tragédie contemporaine avait été baptisée : "Rwanda : écrire par devoir de mémoire". L'expérience m'a peu à peu amené à faire du génocide des Tutsi au Rwanda le centre de ma réflexion et à privilégier ma langue maternelle dans la création littéraire. En somme : à trouver les mots pour dire en wolof un génocide qui avait complètement bouleversé mon champ mental.
De fait, Le Cavalier et son ombre, évoqué un peu plus haut, est le premier livre où je parle du génocide au Rwanda. Il avait eu lieu quatre ans plus tôt et, n'ayant jamais daigné m'y intéresser, j'y voyais, avec la désinvolture typique des auteurs de ma génération, un désastre africain "de plus". J'étais si ignorant des faits réels survenus entre avril et juillet 1994 au Pays des Mille Collines que mon récit confondait allègrement bourreaux et victimes. Les chefs des camps de l'ex-Zaïre que j'y dépeignais en héros étaient en fait les génocidaires qui venaient de s'enfuir du Rwanda après y avoir commis les pires atrocités. L'épisode occupe certes une infime place dans le roman mais c'était tout de même bien embarrassant, au vu de l'importance historique de l'événement. Le génocide de 1994, c'était au moins dix mille morts par jour pendant cent jours et sans un seul jour de répit pour les Tutsi machetés, brûlés vifs, jetés vivants dans des fosses d'aisance ou délibérément infectés par le virus du sida. Un malheur gigantesque s'était abattu sur un petit pays d'Afrique et quatre ans plus tard je continuais à le lire à l'envers. En creusant un peu, je me suis aperçu que si les tragédies africaines se répétaient avec une sinistre régularité, c'est parce que nous ne savions ni les prévoir ni même simplement accepter de les voir pendant qu'elles mettaient des villes entières à feu et à sang.
Comment ne pas se remettre en question après un tel constat ? Je ne voulais plus me laisser piéger par les vieux stéréotypes faisant de l'Afrique une terre assoifée de sang et où l'on se massacre, presque sans raison, depuis la nuit des temps. Voilà pourquoi Murambi, le livre des ossements est de loin mon livre le plus documenté. Pour l'écrire, j'ai lu ou visionné tout ce que je pouvais trouver sur l'histoire du Rwanda. J'ai discuté avec les survivants et avec les tueurs dans leurs prisons. Il en a résulté une moisson de faits que j'ai tenu à exploiter avec beaucoup de prudence. Jai par exemple évité que la description fidèle de certains actes de barbarie n'incite le lecteur à voir dans tout mon récit de la pure invention. La lancinante question de savoir si on peut écrire de la fiction sur un génocide est ici reposée : quel lecteur pourrait bien, en effet, croire des horreurs proprement incroyables ? C'est du reste pour cette raison que tout roman sur le génocide n'a de cesse de nier d'être un roman. J'ai écrit Murambi, le livre des ossement en veillant à rester un ton en dessous et ce n'est pas donc pas un hasard s'il est plus accessible que tous mes autres livres, des Tambours de la mémoire aux Traces de la meute. Écrire dans l'odeur de la mort fait vite passer l'envie des élégants jeux de piste et de miroir. Ces "signatures" d'une esthétique romanesque d'avant-garde à laquelle j'étais si attaché avant le Rwanda, m'ont soudain semblé bien dérisoires face à tant de souffrances humaines. Si j'avais fait l'éloge des assassins réfugiés au Congo, c'était à cause de telles pirouettes d'écriture : on ne m'y reprendrait plus.
Pareille expérience peut faire perdre à n'importe qui son innocence : au-delà de la littérature - je sais que je n'écris plus de la même manière depuis la parution de Murambi - j'ai voulu comprendre ce qui était arrivé.
J'ai en particulier découvert que c'est pour défendre le rayonnement de sa langue que l'Etat français s'est impliqué dans ce génocide de façon résolue et active aux côtés des assassins de vieillards et de nouveaux-nés. Longtemps niée avec indignation par les intellectuels parisiens, cette complicité est désormais largement documentée et même reconnue par tout le monde, y compris dans la société française.
Quant à moi, jusqu'à ce séjour au Rwanda, j'avais fustigé "l'impérialisme" et "le néo-colonialisme" car des ouvrages théoriques, ceux des classiques marxistes, de Fanon, Nkrumah ou Cheikh Anta m'avaient appris à les avoir en horreur. Cela restait toutefois purement abstrait. Les morts du Rwanda ont apporté à cette réflexion leur insupportable poids de sang. En fait, j'ai surtout été amené à analyser la domination dont restent victimes les anciennes colonies françaises soixante ans après leur prétendue indépendance et que résume bien le singulier néologisme - "Françafrique" - forgé par François-Xavier Verschave. Au-delà de l'ouvrage Négrophobie que j'ai co-écrit en 2005 avec le même Verschave et Odile Tobner, je n'ai cessé de dénoncer ce système de pillage économique mafieux et anachronique.
Tout cela m'a permis de mieux comprendre pourquoi la France investissait sur le continent africain autant d'argent et d'énergie pour la défense de sa langue. Or, celle-ci restait l'instrument privilégié de ma fiction romanesque. J'ai alors davantage pris conscience d'être partie prenante d'une littérature africaine extravertie, écrite dans les langues coloniales et ''historiquement condamnée", pour reprendre le mot de David Mandessi Diop. Au-delà de Ngugi et Cheikh Anta Diop, The Novel in Africa de John Coetzee m'a sérieusement interpellé. Elisabeth Costello y dit en effet ceci à l'écrivain nigerian Emmanuel Edugu : « Le roman anglais est avant tout écrit par les Anglais pour les Anglais. C’est son essence même, c’est ce qui fait que l’on parle du roman anglais. Le roman russe est de même écrit par des auteurs russes pour leurs compatriotes. Mais le roman africain, lui, écrit par les Africains, ne s’adresse pas aux Africains. Certes, les romanciers africains parlent de l’Afrique, décrivent des expériences africaines, mais j’ai l’impression qu’ils sentent tout le temps par-dessus leur épaule le regard des étrangers en train de lire leur texte. Que cela leur plaise au non, ils se sont résignés au rôle d’interprètes, ils expliquent l’Afrique. Or, comment un romancier peut-il explorer un univers humain dans toute sa profondeur s’il lui faut mobiliser autant d’énergie pour l’expliquer à des étrangers ?» J'ai rarement lu quelque chose d'aussi puissant et définif sur ce que Ayi Kwei Armah appelle sobrement "notre problème linguistique".
L'envie d'écrire en wolof avait toujours été là, diffuse, non maîtrisée mais c'est ce cycle de réflexion, déclenché par le désir de mieux comprendre le génocide des Tutsi au Rwanda, qui a favorisé le passage à l'acte.
Et nous voici revenus à la conteuse : n'ayant jamais mis les pieds dans une école, c'est en wolof qu'elle me décrivait les noces de Youmané et de la tempête. Sans le savoir, elle me préparait à la création dans ma langue maternelle...
Le passage d'une langue à l'autre mériterait que l'on s'y arrête longuement. Le temps imparti ne me le permet pas. Qu'il me suffise de dire que je dois à mes trois romans, Doomi Golo, Bàmmeelu Kocc Barma et Malaanum Lëndëm - tout comme à la traduction de la pièce de Césaire, Une saison au Congo - une joie jamais ressentie lorsque j'écrivais en français.
Ce processus de retour à soi, éminemment politique, ne saurait se limiter à la sphère de la création littéraire. Nous avons ainsi créé, des amis et moi-même, la maison d'édition en langues africaines EJO qui porte - ce n'est évidemment pas un hasard - un nom rwandais "... Ce groupe éditorial dispense du mieux qu'il peut des cours de wolof et nous sommes également à l'origine de defuwaxu.com, premier et à ce jour unique journal sénégalais en ligne et en wolof.
D'être né à Dakar et d'y être revenu après quelques années passées à Thiès - tout à la fois la ville de la conteuse et de la bibliothèque paternelle dont j'ai souvent parlé - a eu un impact certain dans ma formation intellectuelle. J'ai pu presque sans effort me débarrasser de mes oripeaux d'écrivain francographe pour dire au plus près, dans leur langue, les rêves et douleurs des miens mais aussi de toute l'humanité.
par l'éditorialiste de seneplus, jean-claude djéréké
BENOIT XVI TEL QUE JE L’AI PERÇU
EXCLUSIF SENEPLUS - Difficile de nier les qualités intellectuelles de Joseph Ratzinger quoique Johann-Baptist Metz, Carlo Maria Martini, Bernard Sesboüé et Joseph Moingt ne fussent pas moins brillants
Jean-Claude Djéréké de SenePlus |
Publication 14/01/2023
Benoît XVI a été inhumé au Vatican, le 5 janvier 2023. Il était le dernier grand théologien catholique de sa génération après la mort du Suisse Hans Küng, le 6 avril 2021. Celui-ci osa critiquer en 1968 l’encyclique « Humanae Vitæ » de Paul VI qui condamne l’avortement. Küng reprochait à Paul VI de l’avoir écrite tout seul et mettait ainsi en cause l’infaillibilité du pape. La sanction ne tarda pas. En 1979, la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), l’ex-Saint Office, lui fit savoir qu’il ne pouvait plus enseigner dans les universités catholiques. C’est la même CDF qui sanctionna les jésuites Pierre Teilhard de Chardin, Henri de Lubac et le dominicain Yves-Marie Congar qui militaient pour un aggiornamento de l’Église et dont Küng se sentait proche. Ratzinger prendra la direction de cette Congrégation deux ans plus tard.
Avant d’emménager à Rome, Joseph Ratzinger était progressiste comme Küng. Au Concile Vatican II (1962-1965), il accompagnait le cardinal Joseph Frings qui était pour la réforme de la Curie romaine afin que l’Église soit plus démocratique alors que des cardinaux comme Alfredo Ottaviani, préfet de l’ex-Saint Office, y étaient farouchement opposés. Le cardinal Montini, archevêque de Milan et futur pape Paul VI, était, lui aussi, partisan de la réforme de la Curie.
C’est après les manifestations étudiantes de mai 1968 en Europe que Ratzinger rejoint le camp des conservateurs. Préfet de la CDF depuis 1981, il ne pardonne pas à Leonardo Boff, qui fut un de ses étudiants à Tübingen, son analyse critique du fonctionnement ecclésiastique fondé sur le pouvoir au mépris du charisme évangélique dans « Église, charisme et pouvoir » (Paris, Lieu commun, 1985). Dans une note datée du 11 mars 1985, il précise que « certaines options du livre de L. Boff s’avèrent insoutenables : la structure de l’Église, la conception du dogme, l’exercice du pouvoir sacré, le prophétisme ». Plusieurs laïcs, prêtres et évêques sud-américains estiment, au contraire, que le théologien brésilien ne va pas contre la doctrine catholique en affirmant que « la théologie de la libération ne doit pas simplement combattre l’aliénation et l’injustice dans la société civile mais également dans l’institution religieuse elle-même ». Des évêques et cardinaux brésiliens lui apportent leur soutien. Il s’agit, entre autres, de Hélder Câmara, de Pedro Casaldaliga, d’Aloisio Lorscheider et de Paulo Evaristo Arns. Ce soutien ne fait cependant pas reculer la CDF qui, en 1985, contraint Boff au silence et à l’obéissance. Jugeant la sanction injuste et humiliante, le Franciscain brésilien abandonne, le 29 juin 1992, le sacerdoce tout en restant dans l’Église.
La théologie de la libération était accusée d’épouser les thèses et méthodes marxistes (analyse marxiste, lutte des classes, recours à la violence, etc.). Rien n’est plus faux, répondirent ses partisans qui ne manquèrent pas de rappeler que cette théologie s’appuyait sur l’expérience du peuple juif que Dieu fit passer de l’esclavage en Égypte à la liberté sous la houlette de Moïse (Exode, chap. 12 et suivants) et qu’elle visait à libérer les peuples d’inacceptables conditions de vie. Ils faisaient remarquer que l’on peut utiliser l'instrument d'observation et d’analyse inspiré du marxisme sans adhérer nécessairement à l'idéologie marxiste, que tous les prêtres latino-américains ne s’étaient pas engagés dans les guérillas paysannes comme les Colombiens Camilo Torres Restrepo et Manuel Pérez Martínez et que, contrairement à la hiérarchie catholique qui avait soutenu les régimes militaires dans certains pays (Argentine, Brésil, Guatemala, Salvador) dans les années 1960 et 1970, les militants de la théologie de la libération, eux, avaient combattu ces dictatures et contribué à leur déclin à partir des années 1980.
Quand on a lu « Changer le capitalisme » (Paris, Bayard, 2001) du jésuite français Jean-Yves Calvez, on se rend compte de la justesse et de la pertinence des critiques adressées par Karl Marx aussi bien aux dérives du capitalisme qu’à l’accumulation des pouvoirs de décision entre les mains d’un petit nombre de personnes. Voilà pourquoi, à mon avis, la vraie raison de la haine que la CDF vouait à la théologie de la libération est à rechercher ailleurs. Trois jésuites sud-américains avec qui j’ai étudié à Rome en 1996-1998 m’avaient donné une double explication de l’hostilité de la CDF à la théologie de la libération dont les grandes figures sont Gustavo Gutiérrez (Pérou), Leonardo et Clodovis Boff (Brésil), Jon Sobrino et Ignacio Ellacuría (Salvador), Juan Luis Segundo (Uruguay) : 1) plaire à Washington qui percevait la théologie de la libération comme une sérieuse menace de ses intérêts et 2) montrer que la théologie européenne est la seule théologie qui vaille et à laquelle tout catholique devrait se soumettre.
Élu pape en 2005, Ratzinger essaya-t-il de couper les ponts avec l’eurocentrisme défini par Wikipédia comme « une forme d'ethnocentrisme qui consiste à attribuer une place centrale aux cultures et valeurs européennes aux dépens des autres cultures et qui considère comme supérieures les cultures originaires d'Europe » ? Certains pensent que, s’il choisit d’être appelé Benoît en référence à Saint Benoît, patron de l’Europe, et à Benoît XV, pape pendant la Première Guerre mondiale, c’est parce que le successeur de Jean-Paul II voulait signifier que l’Europe en voie de déchristianisation devenait sa priorité. De fait, 17 des 25 visites pastorales eurent lieu en Europe. Quant à l’Afrique, il ne s’y rendit que deux fois : au Cameroun et en Angola (17-23 mars 2009), puis au Bénin (18-20 novembre 2011). Certes, on l’entendit dire, le 2 mars 2006, que “l'Europe a exporté non pas seulement la foi en Jésus-Christ, mais aussi les vices du vieux continent, le sens de la corruption, la violence qui dévaste actuellement l'Afrique” mais à qui s’adressait-il ? Au clergé diocésain de Rome plutôt qu’aux politiques et hommes d’affaires européens impliqués dans la vente d’armes et le pillage des matières premières du continent. Certes, il reconnut en 2009 que “l’Afrique continue à être toujours l’objet d'abus de la part des grandes puissances et que de nombreux conflits n'auraient pas pris cette forme si les intérêts des grandes puissances ne se trouvaient pas derrière” mais à quelle occasion tint-il ce discours ? Pendant la messe d’ouverture du 2e synode africain (4-25 octobre 2009). On eût aimé qu’il prononçât un tel discours aux Nations Unies ou bien devant le Parlement européen de Strasbourg. On aurait jubilé s’il avait dénoncé, dans les capitales occidentales même, l’arrogance et les crimes des Occidentaux en Afrique, en Asie et en Amérique latine. On attendait qu’il fasse mentir Valentin-Yves Mudimbe qui écrit ceci : « Le catholicisme est une religion marquée par l’Occident jusque dans la compréhension du message. Porté, soutenu par des structures européennes, il n’est guère possible de l’aimer sans s’inscrire dans l’histoire d’un monde… La haine de la hiérarchie catholique pour tous les mouvements nationalistes relève partiellement d’une volonté nette de sauvegarder à tout prix des avantages injustifiés hérités de l’époque coloniale. » (cf. « Entre les eaux », Paris, Présence Africaine, 1973, pp. 30 et 38)
Le silence de Benoît XVI sur la mise à mort de Mouammar Kadhafi le 20 octobre 2011 et sur la destruction de la Lybie par l’OTAN, la présence, le 21 mai 2011, de Mgr Ambrose Madtha, nonce apostolique en Côte d’Ivoire et de Mgr George Antonysamy, nonce apostolique au Liberia, à l’investiture de Dramane Ouattara dont les troupes avaient massacré 816 personnes à Duékoué les 29 et 30 mars 2011 au nez et à la barbe de l’ONUCI ne montrent-ils pas que, pour le pape allemand, les intérêts de l’Europe passent avant ceux de l’Afrique, voire avant la justice et la vérité de l’Évangile ? Ce silence et cette présence sont d’autant plus troublants que, face à des pèlerins français venus le saluer à Castel Gandolfo, Benoît XVI s’était insurgé contre l’expulsion de 200 Roms par le gouvernement français vers la Bulgarie et la Roumanie en août 2010. L’un ou l’autre prêtre africain l’a qualifié de « grand homme ». À moins de ne pas connaître le sens des mots ou, ce qui est pire encore, à moins d’être mentalement dérangé, comment peut-on décerner un tel titre à un individu pour qui massacrer des Noirs semble moins grave qu’expulser des Bulgares et des Roumains ?
Difficile de nier les qualités intellectuelles de Joseph Ratzinger quoique Johann-Baptist Metz, Carlo Maria Martini, Bernard Sesboüé et Joseph Moingt ne fussent pas moins brillants ; difficile de rester insensible aux paroles élogieuses prononcées à l’endroit de Thomas More, « intellectuel et homme d'État anglais de grande envergure », dans son discours à la société civile et politique britannique, le 17 septembre 2010 ; difficile de ne pas reconnaître que c’est lui qui commença à purifier l’Église catholique en sanctionnant les clercs coupables de scandales financiers et d’abus sexuels (Marcial Maciel Degollado, prêtre mexicain et fondateur des Légionnaires du Christ relevé de toute fonction en 2006, les évêques centrafricains Paulin Pomodimo et Xavier Yombaïndjé poussés à la démission en 2009) ; difficile de ne pas être d’accord avec lui quand il rappelle en juin 2007 aux évêques de Centrafrique que l’Église a le devoir « de défendre les faibles et de se faire la voix des sans voix» ; difficile de ne pas saluer sa démission le 11 février 2013, chose que l’on n’avait plus vue depuis Grégoire XII en 1415.
Enfin, qui n’a pas été édifié par son débat courtois mais sans complaisance avec le philosophe allemand Jürgen Habermas en janvier 2004 ? Mais de là à le présenter comme un homme exceptionnel ou à demander sa canonisation tout de suite (« santo subito »), il y a un pas que je ne franchirais pas pour la simple raison qu’il n’a jamais invité les prêtres et religieux homosexuels qui mènent, eux aussi, une double vie à abandonner le ministère sacerdotal ou la vie religieuse, parce que lui et Jean-Paul II ont ignoré pendant vingt ans Mgr Oscar Romero considéré comme martyr et saint au Salvador après avoir été assassiné en pleine messe en mars 1980 par des soldats à qui il avait demandé la veille d’arrêter la répression, parce qu’eurocentrisme et catholicisme ne sont pas compatibles. Le mot « catholique » signifie universel. Revendiquer cet universel, se réclamer d’une communauté qui proclame que tous les hommes sont enfants de Dieu, annoncer que « Jésus est venu rassembler les hommes de toute nation et de toute langue » tout en ayant une compassion et une colère sélectives me semble incohérent.
Il me faut conclure et je voudrais le faire en revenant à Hans Küng dont le Jésus me parle plus que celui de Ratzinger. Pourquoi ? Parce que, pour le théologien suisse, « Jésus n’est pas un prêtre, ni un théologien, ni l’homme de l’establishment ecclésiastique ou social, ni un membre ni un sympathisant du parti au pouvoir, conservateur ou libéral, ni un guérillero, ni un putschiste, ni une personne vivant à l’écart du monde ou proposant une règle religieuse mais un défenseur de la cause de Dieu et de la cause de l’homme, quelqu’un qui n’appelle pas à rechercher la souffrance mais à la combattre » (cf. « Jésus », Paris, Seuil, 2014). Peu de gens savent que Hans Küng participa aux travaux du Concile Vatican II à la demande de Jean XXIII, qu’il revendiquait une "fidélité turbulente" à l’Église et que Jean-Paul II souhaitait en 1980 qu’il puisse être appelé de nouveau théologien catholique (cf. « Le Monde » du 26 mai 1980). Bien que les deux théologiens aient joué dans deux camps opposés (Küng était avec la revue « Concilium » tandis que Ratzinger était engagé dans « Communio »), ils se rencontrèrent à Castel Gandolfo, le 24 septembre 2005. Sauf erreur de ma part, quand Kung rendit l’âme, je ne pense pas que Benoît XVI lui ait rendu hommage. En revanche, Mgr Georg Bätzing, président de la Conférence épiscopale allemande, a tenu les propos suivants : « Avec le décès du professeur Hans Küng, la science théologique perd un chercheur reconnu et controversé. Dans son travail de prêtre et de scientifique, Hans Küng s’est attaché à rendre compréhensible le message de l’Évangile et à lui donner une place dans la vie des fidèles. Hans Küng n’a jamais manqué de défendre ses convictions. Même s’il y a eu des tensions et des conflits à cet égard, je le remercie expressément en cette heure d’adieu pour ses nombreuses années d’engagement en tant que théologien catholique dans la communication de l’Évangile.»
Une des choses que les « deux frères ennemis de la théologie » avaient en commun, c’est d’avoir affronté les problèmes de leur temps et de leur continent. On attend la même chose des théologiens et penseurs africains : trouver des réponses aux difficultés et défis de l’Afrique au lieu de chercher à être les meilleurs interprètes ou répétiteurs des penseurs occidentaux.
HOMMAGE A LA SOEUR EMILIE VILLENEUVE
La Congrégation des Sœurs bleues de l’Immaculée conception a célébré ce samedi ses 175 ans de présence au Sénégal (1848-2023), un jubilé qui est une occasion de revisiter l’héritage de sa fondatrice Emilie de Villeneuve.
Dakar, 14 jan (APS) – L’Archevêque de Dakar, Mgr Benjamin Ndiaye, a salué, samedi, le courage et la détermination de la fondatrice de la Congrégation des Sœurs bleues de l’Immaculée conception Soeur Emilie de Villeneuve.
‘’(…) Comment ne pas saluer le courage et la détermination de votre fondatrice, ainsi que sa foi en Dieu. Nous avons eu la grâce de prendre part à Rome, à des cérémonies inoubliables de sa canonisation le 17 mai 2015’’, a déclaré l’Archevêque de Dakar.
Il présidait, samedi, à la Cathédrale Notre Dame des Victoires de Dakar une messe d’action de grâce à l’occasion de la célébration des 175 ans de présence au Sénégal de la Congrégation des Sœurs de l’Immaculée conception.
La Congrégation des Sœurs bleues de l’Immaculée conception a célébré ce samedi ses 175 ans de présence au Sénégal (1848-2023), un jubilé qui est une occasion de revisiter l’héritage de sa fondatrice Emilie de Villeneuve.
Fondée le 8 décembre 1836 en France, elle a débarqué le 11 janvier 1848 sur l’Ile de Gorée, où elle a d’abord été accueillie par les Sœurs de Saint Joseph de Cluny, avant de s’installer sur le continent, le 10 avril, de la même année.
Selon l'Archevêque, il est heureux que la célébration de ce jubilé coïncide avec l’année mariale diocésaine de l’Eglise, ‘’confirmant ainsi notre infinie volonté à nous mettre davantage à l’école de Marie (.)’’, a-t-il poursuivi.
La cérémonie a été marquée par l’engagement de quatre nouvelles Sœurs au sein de la Congrégation.
‘’Ces sœurs qui s’engagent définitivement dans la Congrégation témoignent de la valeur, la vitalité, de l’audace et de la générosité missionnaire qui vous permettent non seulement de préserver les acquis, mais d’oser aussi ouvrir des nouvelles fondations et de prendre de nouveaux engagements apostoliques’’, a souligné Mgr Benjamin Ndiaye.
Selon lui, les textes bibliques choisis par les Sœurs à cette occasion témoignent du ‘’dynamisme missionnaire mis en avant, comme avec le Seigneur Jésus’’.
‘’Plus cette rencontre est profonde et plus on s’en saisit, propulsé, poussé à aller vers les hommes et les femmes de son temps pour partager le bonheur et la grâce de connaitre leur frère donné Jésus-Christ et par-lui, d’expérimenter l’amour incommensurable de Dieu’’, a-t-il ajouté.
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LE RECIT D'UNE VIE
La première femme procureure au Sénégal, Dior Fall Sow, retrace dans un ouvrage ‘’Mon Livre Blanc : en mon âme et conscience’’ son cursus scolaire et universitaire et sa carrière de magistrat.
La première femme procureure au Sénégal, Dior Fall Sow, retrace dans un ouvrage ‘’Mon Livre Blanc : en mon âme et conscience’’ son cursus scolaire et universitaire et sa carrière de magistrat.
‘’En racontant certains épisodes de ma vie avec des anecdotes, on me disait tout le temps qu’il fallait que j’écrive. C’est une manière de laisser un message à la jeunesse’’, a souligné l’auteure, samedi, lors de la cérémonie de dédicace de l’ouvrage au musée de la femme, Henriette Bathily.
Partant de son ‘’expérience’’, son ‘’vécu’’ et sa ‘’trajectoire, Dior Fall Sow affirme avoir ‘’écrit en deux ans pour montrer l’exemple à toutes ces femmes qui ne savent pas qu'elles ont leurs capacités, leurs possibilités d’accéder à certains degrés de responsabilités’’.
Dior Fall Sow, magistrate et première procureure de la République du Sénégal, ardente défenseure de la cause des femmes et des enfants, des droits humains, a débuté sa carrière à Saint-Louis en 1971.
Dans la préface intitulée "J'ai vu Dior à l'œuvre", Adama Dieng, ancien Secrétaire général adjoint des Nations-Unies, Conseiller spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la prévention du génocide écrit que ‘’si toutes les vies méritent d'être racontées, au regard des singularités dont Dieu a doté chacune de ses créatures, il est de ces vies dont le récit impose le partage’’.
L'autobiographie de Dior Fall, a encore noté M. Dieng, président de séance lors de cette cérémonie de dédicace, ‘’est une offrande à la jeunesse, particulièrement à ces jeunes sénégalaises et africaines en quête de repère ; un cadeau précieux dans un monde incertain qui semble hoqueter à chaque tournant de sa trajectoire incertaine dans la consécration des droits des femmes’’.
Présentant l’ouvrage, la Sociologue Maréma Touré a indiqué que ‘’le livre blanc appartient à la littérature grise en général destinée à une institution mais en parcourant l’ouvrage on se rend compte qu’elle est une institution’’.
‘’C’est un esprit libre, en partant de ses propres expériences, elle pose des questions et apporte des réponses afin de permettre au lecteur de se faire sa propre opinion’’, a expliqué la sociologue.
En plus d’être procureure, Juge d’instruction, Directrice des ressources humaines de la Sonatel et avocate générale au Tribunal pénal international pour le Rwanda à Arusha, Dior Fall Sow, selon, Mme Touré, ‘’est une combattante de l’équité et de l’égalité de genre’’.
‘’Elle termine ce livre avec un appel à la solidarité entre les Africains. Elle n’a pas manqué d’évoquer les valeurs qui fondent notre continent et auxquelles les jeunes doivent se référer’’, a lancé la sociologue.
Dans cette autobiographie, Dior Fall Sow ‘’retrace les chemins de son cursus scolaire et universitaire, nous narre sa carrière qua pas manqué de piment’’, selon le préfacier.
‘’Un témoignage qui relate avec quelque nostalgie une lointaine époque, bien différente de celle que nous vivons. Son parcours force le respect. Un modèle qui devrait inspirer les générations actuelles et futures’’, ajoute t-il.
Cet ouvrage de 456 pages se veut aussi ‘’’un plaidoyer en faveur des valeurs humanistes’’
L'ÉTAT REVIENT SUR L'INTERDICTION DES PORTE-BAGAGES
Les bus et minibus sont autorisés, "à titre dérogatoire", à conserver leur porte-bagages pendant un an, mais la hauteur du chargement ne pourra dépasser 50 ou 70 cm selon les véhicules, à en croire un arrêté du ministère des Transports
Le gouvernement sénégalais a rapidement révisé l'une des mesures fortes prises après un accident de bus qui a fait des dizaines de morts, et dont un certain nombre ont été décriées comme inapplicables par les professionnels du transport.
Le gouvernement a annoncé mardi une vingtaine de dispositions après la collision entre deux bus qui a fait 41 morts, selon le dernier bilan officiel, le 8 janvier à Sikilo (centre). L'accident est considéré comme le plus grave des dernières années sur les routes réputées meurtrières du pays.
Plusieurs mesures frappent directement les transporteurs. Parmi elles, le gouvernement avait décidé d'interdire la pose de porte-bagages sur les toits des bus, et d'ordonner le démontage des porte-bagages existants.
Les professionnels ont mal pris cette résolution rendant leur travail quasiment impossible selon eux. Les bus convoyant des passagers aussi bien que des marchandises sont un moyen de transport essentiel entre les villes de ce pays pauvre, faute d'autres solutions. Les bus sont communément transformés pour accroître leur capacité et équipés de porte-bagages souvent surchargés au point de menacer la tenue de route.
Le ministère des Transports terrestres est revenu sur l'interdiction des porte-bagages, dans un arrêté publié sur les réseaux sociaux. Les bus et minibus sont autorisés, "à titre dérogatoire", à conserver leur porte-bagages pendant un an, mais la hauteur du chargement ne pourra dépasser 50 ou 70 cm selon les véhicules, dit le texte. Le drame imputé à l'éclatement d'un pneu a attiré un flot de critiques contre les autorités pour leur incapacité à faire respecter les règles de conduite, mais aussi la réglementation sur l'état des véhicules.
Cependant des mesures annoncées mardi ont été jugées en déphasage avec les réalités économiques ou les modes de vie, par exemple l'interdiction faite aux bus et minibus de circuler la nuit, ou l'interdiction d'importer des pneus usagés. Les deux propriétaires des bus accidentés le 8 janvier ont été écroués vendredi en attendant d'être jugés le 18 janvier, a rapporté le site d'informations Dakaractu. Aucune confirmation n'a été obtenue auprès de la justice ni de la gendarmerie.
Les accidents de la route, causés par une conduite inconsidérée, la vétusté des véhicules ou la non-application des règles par les services concernés, tuent officiellement 700 personnes chaque année au Sénégal, pays de plus de 17 millions d'habitants.
Le Sénégal accusait en 2019 une mortalité sur les routes de 24 pour 100.000 habitants, et l'Afrique subsaharienne de 27 pour 100.000, pour un taux de 6 pour 100.000 dans l'Union européenne et de 2 en Suisse, selon la Banque mondiale.
PAR Jean-Baptiste Placca
SYLVANUS OLYMPIO, LEADER D'ENVERGURE
Puis, soudain, l’Afrique bascula dans le pire. À jamais, avec ce premier assassinat d’un chef d’État élu. En une nuit, le Togo avait changé de destin
Son assassinat, le 13 janvier 1963, a marqué le début des coups d’État sanglants, en Afrique. Le 60e anniversaire de l’élimination de Sylvanus Olympio, père de l’indépendance togolaise, a été largement évoqué sur RFI le 13 janvier. Mais c’est sur le profil de l’homme que vous souhaitez revenir tout particulièrement, aujourd’hui. Pourquoi donc?
Il était de ces leaders qui donnent à leur peuple l’envie de se surpasser. Son parcours, aujourd’hui encore, inspirerait la jeunesse africaine en quête d’excellence. Sylvanus Olympio a fait ses études dans l'une des plus prestigieuses institutions universitaires de la planète, la London School of Economics and Political Science. Avant d’entrer en politique, il avait eu une carrière professionnelle exemplaire chez Unilever, où il était l'un des rares Africains à devenir associé.
Un des intervenants, hier 13 janvier sur RFI, indiquait qu’il était l'un des dirigeants les mieux formés de l’Afrique indépendante. En fait, il était unique, dans l’ensemble de l’Afrique francophone, dont les dirigeants, à l’indépendance, étaient pour la plupart des instituteurs, des employés des postes ou des chemins de fer. Bien sûr, Léopold Sédar Senghor était agrégé de grammaire et Félix Houphouët-Boigny, formé, d’abord comme instituteur, est ensuite devenu ce que l’on appelait médecin africain.
Sylvanus Olympio, sûr de ce qu’il valait, agaçait passablement, avec ce que certains de ses pairs francophones décrivaient comme des airs anglo-saxons. Même dans les anciennes colonies britanniques, où nombre de chefs d’État avaient une formation universitaire, ce n’est que beaucoup plus tard que des pays comme le Botswana seront dirigés par des diplômés de cette même London School of Economics, dont est sorti Olympio, en 1929.
On ne protège ni ne sécurise la vie, si on est incapable de la respecter, et on ne peut continuer de passer de vie à trépas, parce que l’on n’est pas en mesure de s’offrir un voyage dans un bus climatisé de 52 places
Le désordre, dans lequel nage le Sénégal, fait la promotion de nos malheurs, dont les affres s’abattent, comme par hasard, à chaque fois que la joie s’en trouve collectivement partagée et exprimée.
On a eu le Joola en 2002, nous tenons le drame Siliko en 2023. Sans comparaison si ce n’est la conjugaison tenace de l’inconscient.
Tonton Doudou, mara vénéré de notre famille, a l’habitude de conseiller moults sacrifices, en début d’années, pour conjurer le mauvais sort.
Imposant immolations de coqs, de chèvres, versements de potions et lavages, qui n’ont jamais empêché les esprits maléfiques, de trouver malin plaisir, à endormir les chauffeurs, à dérouter les tableaux de bord, à exploser des pneus finis depuis l’an quarante.
Il y en a toujours de plus forts sur qui rien n’a d’emprise, répète inlassablement Niokhor un autre tonton, cousin de l’oncle Doudou.
Sans blague, l’heure ne se prête pas à la dérision. Pas après le massacre de six kilos, abonnés au goose bumps ketchup et le manque d’hématies à Kaffrine.
Ironie morbide que cette traite de sacrifices ! Les offrandes ont du chemin à faire, encore, dans le torrent de larmes nationales intarissables. On ne joue pas avec les traditions. Elles sont trop ancrées dans notre société ambivalente, et nous-mêmes trop entravés par les chaines de l’indiscipline, pour que la discipline ronfle, comme un moteur bien huilé dans le décode de la route.
Il fait bien de sortir la chicotte le Macky, encore qu’il rétrograde dans la restriction des libertés, et rétropédale dans l’envers de l’épaisseur des pneus autorisée par le marché d’occasion.
Sont passés sur l’autel des holocaustes les quarante morts de trop, dénoncés du bout des lèvres, par de squelettiques devoirs d’indignations amnésiques d’exigences.
Comme si une amnistie passée par là, effaçait les civilités urbaines et la cité de la mémoire bienséante.
On verra si le suivi, donne manquante du chainon de vie, étouffera les pots d’échappements de vieilleries amorties à biens de richesses maculées de sang.
Finies les paroles, place aux actes, fussent-ils accélérés.
On ne protège ni ne sécurise la vie, si on est incapable de la respecter, et on ne peut continuer de passer de vie à trépas, parce que l’on n’est pas en mesure de s’offrir un voyage dans un bus climatisé de 52 places.
Nul n’ayant le droit de vendanger la vie, arrêtons le massacre, ce d’autant que l’évocation du pronom nul, entend la locution quoi qu’il en soit chez Marcel Prouts.
Honni qui pense politique. Il n’est guère question d’abréger ou prolonger une durée de pouvoir, encore moins de limiter son mandat à deux vitesses.
Ne me faites pas dire ce que vous entendez.
Entre allusion et illusion, la désillusion n’est jamais loin.
Comme le dit tonton Doudou, c’est en donnant un sens et un but à la vie que l’on prend conscience des limites et va á l’essentiel, parce qu’à défaut, on rira jaune de sa turpitude, la tragédie et la mort dans les yeux.
LES SUITE JUDICIAIRES DE L'ACCIDENT DE KAFFRINE ET LES MESURES DE SECUTE DU GOUVERNEMENT A LA UNE DE LA REVUE DE PRESSE DE L'APS CE SAMEDI
Les quotidiens reçus ce samedi à l’Agence de presse sénégalaise (APS) évoquent les suites judiciaires de l’accident de Kaffrine, les mesures annoncées par le gouvernement pour assurer la sécurité des usagers des transport terreste
Dakar, 14 jan (APS) – Les suites judiciaires de l’accident de Kaffrine dans lequel ont péri 41 personnes, les mesures annoncées par le gouvernement pour assurer la sécurité des usagers des transports terrestres et d’autres sujets au menu des quotidiens reçus samedi à l’Agence de presse sénégalaise (APS).
Le journal L’Observateur rapporte que les propriétaires des deux bus impliqués dans l’accident survenu, dimanche dernier, à Sikilo prés de Kaffrine, sont envoyés en prison depuis jeudi.
Selon Vox Populi, les propriétaires des deux bus seront jugés le 18 janvier à Kaolack.
Ils seront jugés en flagrant délit au Tribunal de grande instance de Kaolack pour ‘’mise en danger de la vie d’autrui, défaut de souscription d’une police d’assurance pour l’un et pour diverses autres contraventions aux dispositions du Code de la route relatives à l’homologation, à l’immatriculation et aux pneumatique’’, précise Bës Bi.
Concernant les mesures annoncées par le gouvernement pour assurer la sécurité des usagers des transports terrestres, suite à ce drame, Le Quotidien note que ‘’l’Etat fait marche arrière’’ sur l’interdiction des porte-bagages.
En effet, dans son arrêté interdisant toute transformation des véhicules affectés au transport de voyageurs, destinée à augmenter les places assises et à créer des porte-bagages supplémentaires, le ministre des Transports informe qu’à ‘’à titre dérogatoire’’, ‘’les véhicules affectés au transport public de voyageurs sont autorisés, pour une période d'un an à compter de la date de signature du présent arrêté, à conserver des porte-bagages dont les chargements ne peuvent dépasser 50 cm, pour les véhicules de 7/8 places et 70 cm, pour toutes les autres catégories de véhicules affectés au transport de voyageurs’’.
L’Observateur parle de ‘’reculade’’ et explique ‘’comment le gouvernement s’est aménagé une voie de sortie face à la pression des transporteurs’’.
Lundi, lors d’un conseil interministériel, le Premier ministre avait annoncé une vingtaine de décisions prévues pour éviter les accidents de la route et renforcer la sécurité routière.
L’interdiction de transporter des voyageurs sur les routes interurbaines entre 23 heures et 5 heures, l’interdiction des porte-bagages, la limitation à dix ans de la durée d’exploitation des véhicules de transport de personnes et à quinze ans de celle des véhicules de transport de marchandises font partie des mesures prises.
L’As rapporte que les intoxications accidentelles tuent 45 000 enfants chaque année.
‘’Ce sont des statistiques qui font froid dans le dos. Elles sont particulièrement alarmantes. Selon le centre antipoison du ministère de la Santé, 45 000 enfants perdent la vie au Sénégal des suites d’intoxications accidentelles. Avec un pic de fréquence compris entre 1 et 4ans et qui concerne pour 60% les garçons, les intoxications accidentelles constituent la seconde cause d’accidents de la vie courante chez l’enfant après les traumatismes’’, écrit le journal.
Sud Quotidien s’intéresse à l’état des marchés au Sénégal, devenues des ‘’poudrières’’ à cause des installations anarchiques, l’absence de bouches d’incendie, des branchements électriques clandestins, l’insalubrité, etc.
Le Soleil met en exergue ‘’l’écriture-femme’’, un genre littéraire ‘’qui s’affirme’’, selon le journal, lequel écrit : ‘’Sur le concept de l’écriture féminine, les avis divergent. Si pour certaines personnes, il marque l’entrée fracassante des femmes dans le paysage littéraire longtemps dominé par les hommes, pour d’autres, il apporte une sensibilité nouvelle, plus empathique. On peut dire que la littérature féminine au Sénégal a définitivement trouvé sa place’’.
WalfQuotidien tâte le pouls du front social et estime que ‘’le pouvoir n’est manifestement pas sorti des ennuis’’. ‘’A peine la diminution des prix de grande consommation annoncée, une hausse vient doucher les Sénégalais. S’y ajoute une succession d’événements dont les conséquences feront des victimes’’, rappelle Walf.
‘’(…) le pouvoir est rattrapé par la réalité du marché, dictée par des facteurs exogènes, avec la hausse du prix du carburant et de l’électricité. Une situation qui, hélas, ne va pas s’améliorer très vite puisque le Fonds monétaire international (Fmi) veille au grain sur les subventions qu’il souhaite ciblées’’, écrit la publication.
Selon le journal, ‘’l’augmentation du prix du carburant aura des conséquences certaines avec l’augmentation en vue du prix du transport’’.
TOUBA, PLUS DE 700 PERSONNES INTERPELLEES EN QUINZE JOURS
Au total, 785 personnes ont été interpellées dans la Ville de Touba (centre) en 15 jours durant une opération mixte de sécurisation police-gendarmerie, a annoncé Diégane Sène, Commissaire spécial de la Cité religieuse.
Au total, 785 personnes ont été interpellées dans la Ville de Touba (centre) en 15 jours durant une opération mixte de sécurisation police-gendarmerie, a annoncé Diégane Sène, Commissaire spécial de la Cité religieuse.
‘’Durant cette période de 15 jours, 785 personnes ont été interpellées pour diverses infractions. 125 véhicules ont été immobilisés et 826 pièces saisies (….)'', a déclaré le Commissaire.
Il s’entretenait avec la presse en marge d’une visite du ministre de l’Intérieur Antoine Diome dans la nuit de vendredi à samedi à Touba, pour faire l’état des lieux du dispositif mixte police-gendarmerie mis en place depuis le 25 décembre dans la Ville sainte.
Le Khalife général des Mourides Sérigne Mountakha Mbacké a ordonné, fin décembre, la dissolution de l’association Safinatoul aman, chargée depuis 1997 de la gestion du volet sécuritaire de Touba et confié cette mission aux forces régaliennes.
Selon le Commissaire, ‘’ces opérations ont eu un impact positif et ont été très bien appréciées par la population parce que la délinquance, si on ne peut pas dire qu’on l’a éradiquée carrément, a grandement diminué''.
Il a souligné que ‘’les zones réputées criminogènes notamment Mbar Ya, Market Ba, Marché Ocass ont été maîtrisées''.
‘’Les petits délinquants ont presque fui. Même dans la journée, il devient rare de les trouver dans ces lieux’’, a ajouté M. Sène tout en rappelant que la pratique du football, l’usage de la cigarette et le port des tenues vestimentaires indécentes sont formellement interdits dans la cité religieuse de Touba.
Les patrouilles nocturnes ‘’ont été d’une grande satisfaction'', selon le commissaire Sène.
Avec ‘'l’engagement’' de la police et de la gendarmerie, ‘’on a eu à engranger vraiment des résultats satisfaisants’’, a t-il salué, invitant les chefs de village et les délégués de quartier à ‘’une meilleure collaboration'' pour permettre aux forces de l'ordre d'assurer la sécurité des personnes et de leurs biens.