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23 août 2025
ALERTE METEO
Toute la côte sénégalaise sera secouée par une "houle dangereuse" de secteur nord-ouest "pouvant dépasser 2.5 m de mardi, à 23 heures, à jeudi, à 04 heures", prévient l'Agence nationale de l'aviation et de la météorologie (ANACIM).
Dakar, 27 fév (APS) – Toute la côte sénégalaise sera secouée par une "houle dangereuse" de secteur nord-ouest "pouvant dépasser 2.5 m de mardi, à 23 heures, à jeudi, à 04 heures", prévient l'Agence nationale de l'aviation et de la météorologie (ANACIM).
Dans un bulletin transmis à l’APS, l’agence fait état d’une houle dangereuse ‘’de secteur Nord-ouest, pouvant atteindre ou dépasser 2.5m sur toute la côte sénégalaise à partir du mardi (…) à 23h jusqu’au jeudi (…) à 04h’’.
ARRIVEE D'AMADOU BA A L’AERODROME DE DIENDE
L’avion transportant le Premier ministre Amadou Ba a atterri lundi à 11 h 25, à l’aérodrome de Diendé, à quelques encablures de Sédhiou qui abrite une tournée économique du chef de l’Etat, qui va durer quatre jours.
Sédhiou, 27 fév (APS) – L’avion transportant le Premier ministre Amadou Ba a atterri lundi à 11 h 25, à l’aérodrome de Diendé, à quelques encablures de Sédhiou qui abrite une tournée économique du chef de l’Etat, qui va durer quatre jours, a constaté l’APS.
Le Premier ministre a été accueilli à sa descente d’avion par le gouverneur de la région de Sédhiou, Pape Demba Diallo, les autres membres de l’administration territoriale, les élus territoriaux et d’autres officiels.
Amadou Ba est accompagné par plusieurs membres de son gouvernement dont les ministres des Forces armées (Sidiki Kaba), de l’Intérieur et de la Sécurité publique (Antoine Diome), de la Justice (Ismaïla Madior Fall) et des Finances et du Budget (Mouhamadou Moustapha Ba).
Le chef du gouvernement doit accueillir le président Macky Sall à 17 heures, à l'aérodrome de Diendé.
UN TUEUR À GAGES ? FACILE ET BON MARCHÉ EN AFRIQUE DU SUD
Entre 130 et 8 000 euros, c'est le tarif pour éliminer quelqu'un en Afrique du Sud.Ce qui fait la différence?La nature de la cible, un mari insupportable coûtera moins cher qu'un conseiller municipal. Et les qualifications du tueur à gages
Personne ne sait encore combien a coûté le meurtre d'AKA. Kiernan Forbes, 35 ans, star du rap sud-africain, a été tué mi-février sur un trottoir devant un restaurant de Durban d'où il sortait d'un dîner entre amis.
L'affaire a choqué le pays pourtant habitué à une violence devenue presque ordinaire et une cérémonie en grande pompe en sa mémoire a été retransmise en direct sur les télévisions.
Le crime est une affaire quotidienne en Afrique du Sud.Selon les dernières statistiques de la police, 82 meurtres sont commis chaque jour et les enquêtes sont rarement résolues.Le pays traîne la réputation d'être l'un des plus dangereux au monde.
Sur les images de télésurveillance largement partagées sur internet, la scène dure 19 secondes.Un homme traverse la route.Sur les derniers mètres, il se met à courir vers le joyeux petit groupe et tire sur le rappeur à courte distance.Un autre ouvre le feu au même moment.Les deux assaillants disparaissent dans la nuit.
AKA meurt sur le coup.Son ami Tebello Motsoane ou "Tibz", 41 ans, est tué aussi.
La police dit travailler sur plusieurs pistes.Des téléphones saisis ont livré des informations; aucune arrestation n'a encore eu lieu.Mais les premières conclusions des enquêteurs évoquant un assassinat ont relancé l'inquiétude sur le phénomène des tueurs à gages en Afrique du Sud.
- Un tueur tué -
Machinations sordides pour toucher l'argent d'une assurance-vie, batailles politiques résolues par le meurtre d'un rival gênant, assassinat d'un fonctionnaire scrupuleux alertant sur des irrégularités dans des comptes...Les meurtres commandités sont fréquents.
Pourtant "peu d'affaires impliquant des tueurs à gages se retrouvent devant les tribunaux (...) Et s'il y a un risque que ça se produise, les tueurs à gages se font souvent eux-mêmes éliminer", explique à l'AFP Mary de Haas, universitaire spécialiste de la violence politique dans la région zouloue (est), particulièrement touchée par le phénomène.
Faire disparaître quelqu'un en Afrique du Sud "semble dès lors assez facile", dit-elle.
Les hommes de main sont payés entre 130 et près de 8.000 euros, selon une étude publiée en 2021 par le think tank suisse Global Initiative against Transnational Organized Crime (GI-TOC), qui a compilé les données sur les meurtres commandités pendant quatre ans.
Au Cap, une employée municipale a été récemment tuée de plusieurs balles dans sa voiture.Elle entrait sur le chantier d'un vaste projet immobilier pesant plus de 25 millions d'euros.Selon une source à la mairie, des tentatives d'intimidation et d'extorsion avaient visé des employés du site peu avant l'assassinat présumé.
La Ville, tenue par le premier parti d'opposition du pays (DA), a offert une récompense de plus de 5.000 euros pour toute information.Déterminée à mener sa propre enquête, la mairie reproche à la police de se contenter d'égrainer périodiquement la sombre litanie des chiffres d'une criminalité toujours en hausse.
Coiffé du Borsalino noir devenu sa marque de fabrique, le ministre de la Police Bheki Cele, sous le feu des critiques, présente chaque trimestre lors d'une curieuse grand-messe retransmise en direct les dernières statistiques.
C'est "davantage une leçon d'histoire mettant en évidence les lacunes du maintien de l'ordre, que des outils" contre des malfaiteurs, critique la mairie.
La police "continue à arrêter des tueurs à gages et ceux qui ordonnent les assassinats", a assuré M. Cele.
Seules deux affaires de meurtre sur dix (20,74%) sont résolues, selon le dernier rapport annuel de la police.
DÉCÈS DU MUSICIEN ISMAÏLA TOURÉ DU MYTHIQUE TOURÉ KUNDA
L'artiste compositeur sénégalais est mort ce lundi à Paris des suites d'une maladie, à l’âge de 73 ans
L'artiste compositeur sénégalais Ismaïla Touré du mythique groupe des "Touré Kunda" est décédé ce lundi à Paris (France) des suites d'une maladie, à l’âge de 73 ans, a appris l'APS d'Alassane Sarr, l'un de ses amis d'enfance.
Il souffrait de la maladie d'Alzheimer, a précisé Sarr, qui a fréquenté avec le défunt le même collège d'enseignement moyen à Ziguinchor.
Ismaïla avait été admis il y a huit mois dans une structure sanitaire parisienne, a ajouté Alassane Sarr.
Il formait, avec son frère Sixu, le duo de choc du "Touré Kunda", groupe mythique qui a contribué à la renommée de la musique sénégalaise et africaine en France dans les années 1970-1980.
Le "Touré Kunda" était également composé de leur aîné, Amadou, décédé d'une crise cardiaque sur scène, et qui a été remplacé ensuite par Ousmane Touré.
Les frères Touré, inspirés par le remarquable cosmopolitisme qui caractérise la Casamance, leur région d’origine, dans le sud du Sénégal, ont régné avec leur groupe pendant de longues années sur la Wold Music, à partir de Paris.
Ils ont ouvert la voie aux autres musiciens en brassant divers styles, mixant les sonorités africaines avec d'autres genres musicaux tels que l'afro-beat, le jazz, le reggae, le funk et même le rock et le pop.
En 2018, dix ans après la sortie de leur précédent album "Santhiaba", en référence à ce quartier de Ziguinchor (sud), leur fief, le "Touré Kunda" faisait son grand retour sur le devant de la scène avec un nouvel album intitulé "Lambi Golo".
Il y a eu, après la sortie de cet album, une tournée anniversaire célébrant les 40 ans des “Touré Kunda”, dont la popularité internationale a été consacrée par trois disques d'or.
LANCEMENT MOUVEMENT DEMAIN C'EST MAINTENANT, MAMOUDOU IBRA KANE TRACE UNE NOUVELLE VOIE
Le patron d’Emédia ira-t-il à l’assaut du suffrage des Sénégalais, en 2024 ? S’il se réserve le droit de brigue la présidence, Mamoudou Ibra Kane a procédé au lancement de son mouvement Demain c’est maintenant, ce samedi. Il en donne les raisons
Le patron d’Emédia ira-t-il à l’assaut du suffrage des Sénégalais, en 2024 ? S’il se réserve le droit de brigue la présidence, Mamoudou Ibra Kane a procédé au lancement de son mouvement Demain c’est maintenant, ce samedi. Il en donne les raisons et les perspectives.
‘’Nous pouvons ne pas avoir la même vision. D'ailleurs, ne sommes-nous pas riches de nos différences et de notre diversité ? Ce qui compte est que nous avons la même ambition de progrès pour notre pays, un égal amour pour notre patrie et un commun vouloir de vivre-ensemble qui fonde notre Nation. Les valeurs que nous partageons et qui nous unissent sont plus fortes que l'insignifiant qui nous sépare. Entre les extrémismes et les radicalités de tous bords, Demain c'est maintenant dit : balle à terre, balle au centre’’, a déclaré, ce samedi, le parrain du mouvement Mamoudou Ibra Kane.
Le journaliste de poursuivre que le Sénégal doit se gouverner par l’équilibre des forces en mouvement. Balle au centre, pour utiliser la métaphore footballistique pour une définition, une redéfinition des règles du jeu. Il faut, selon lui, ouvrir le jeu politique, nourrir et entretenir le jeu démocratique, libérer les énergies positives et même les énergies négatives, le cas échéant.
‘’N'est-ce pas que les contraires s'attirent ? En un mot, il faut faire revivre le génie sénégalais. Ce génie est en train de somnoler, il faut le réveiller, car il sommeille en chacune et chacun de nous. Balle au centre, parce que je suis de la génération intermédiaire. Quatre-vingt-huitard, pour ne pas dire la Génération 88. A l'image de nombreuses personnes ici présentes, j'appartiens à cette génération qui constitue la ligne médiane des différentes générations qui font société et sens. Nous de cette génération tampon, avons perdu deux années scolaires dans notre parcours : une année blanche et une année invalide. Cependant, nous avons toujours su faire montre de résilience et de résistance. Je confesse que nous avons cassé des bus, des télécentres et autres stations-service. Mais, mais, mais… nous n’osions jamais franchir le Rubicon. Malgré l’aveu, j’espère que je ne serai pas arrêté. Pour Demain c'est maintenant, il n'y a pas de fatalité de l'échec. Nos réussites et nos échecs dépendent en grande partie de nous-mêmes. Comme le dit à juste raison le grand penseur brésilien Paolo Coelho, ’il n'y a qu'une chose qui puisse rendre un rêve impossible, c'est la peur d'échouer’. N'ayons ni peur ni crainte. Allons-y’’, lance le journaliste.
A 365 jours de l’échéance présidentielle, son mouvement citoyen, dit-il, se sent fortement interpelé. En effet, dans le contexte actuel, l’avenir du pays doit être au cœur des préoccupations de tout citoyen. La mobilisation permanente, la réflexion profonde et l’action concrète constituent une nécessité urgente, face aux défis d’aujourd’hui et de demain.
‘’Le Sénégal est à un tournant difficile, voire dangereux’’
‘’Qui sera le prochain président de la République du Sénégal ? Pourquoi pas la prochaine présidente ? Dieu seul sait. Notre seul pouvoir qui dépend de notre vouloir, c'est de permettre au peuple sénégalais de choisir librement, paisiblement, pacifiquement et démocratiquement son serviteur pour les cinq prochaines années à partir de 2024. On peut ajouter : l'avenir se prépare maintenant. Demain c’est maintenant, soyez-en assurés et rassurés, jouera sa partition avec conviction, sérénité, lucidité, mais sans concession sur nos valeurs partagées et notre idéal de vie en commun. Ici et maintenant, laissez-moi vous dire ce qu'on ne dit pas assez et qui, de mon point de vue, est à l'origine de nombreux malentendus dans notre pays’’, estime le PDG du groupe Emédia.
Ainsi, Mamoudou Ibra Kane renseigne que son mouvement encourage le secteur privé à plus d’audace et de perspicacité pour éclore des initiatives. Surtout celles à haute intensité capitalistique dans les domaines stratégiques que sont les télécommunications, l’énergie, l’agriculture intensive, l’industrie, l’économie verte, l’économie numérique… ‘’Le maillage et la digitalisation permettent une diffusion massive du progrès, du savoir et des connaissances’’, dit-il.
De ce fait, l’économie sénégalaise, selon Mamoudou Ibra Kane, change d’échelle. Car, avec le nombre croissant d’acteurs, venus parfois de la sous-région et d’ailleurs, la pratique du placement se répand. De nouveaux parcours d’investissements voient le jour, poursuit-il. Qui évoluent et s’adaptent aux besoins qui s’expriment avec plus de consistance et de précision. En un mot, le marché s’enracine.
‘’Le Sénégal est à un tournant difficile, voire dangereux. Une bonne conduite pour lui tracer une voie stable et sûre avec un horizon visible et dégagé. Une mauvaise conduite pour qu’il rate le virage pour se retrouver dans le décor. Bonjour les dégâts ! Dieu nous en préserve. Mais, aide-toi et le ciel t'aidera. Disons à sa suite : dans le Sénégal d’aujourd’hui, l'élégance est houspillée, tandis que l'injure est sublimée. La violence verbale entraîne immanquablement la violence physique. Nous en constatons les dégâts. Quel paradoxe pour une société qui ne manque pourtant pas de références !’’.
Ainsi, dit-il, ‘’c'est le lieu de rendre hommage à nos vénérés guides religieux d'hier et d'aujourd'hui. Veuille Allah agréer leurs prières pour la paix et la prospérité du Sénégal. Nous associons à ces hommages nos vaillants héros et héroïnes du Waalo, du Djolof, du Cayor, du Baol, du Bluf, du Fulaadou, du Bundu, du Fouta Tooro, de Kabrousse, bref du Sénégal entier, qui ont sacrifié leurs vies pour préserver notre honneur et notre dignité. Nous devons mériter leur héritage’’, conclut-il.
LA FRANCE NE FERMERA PAS SES BASES MILITAIRES EN AFRIQUE
Les militaires français, très attachés à l’Afrique et aux séjours qu’ils y effectuent, s’y opposaient avec force. Ils ont convaincu Macron de renoncer à une décision plus audacieuse, qui aurait séduit de larges secteurs des opinions publiques africaines
Selon la lettre spécialisée Africa Intelligence , dont l’Opinion confirme les informations, le chef de l’Etat n’annoncera aucune fermeture, comme certains acteurs du dossier le souhaitaient, jusqu'à l’Elysée. Les militaires français, très attachés à l’Afrique et aux séjours qu’ils y effectuent, s’y opposaient avec force. Ils ont convaincu Emmanuel Macron de renoncer à une décision plus audacieuse, qui aurait séduit de larges secteurs des opinions publiques africaines, notamment la jeunesse.
LES LIONS PRIVES DE MONDIAL : LA FEDE VA SAISIR LE TAS
Le président de la Fédération sénégalaise de basket, Me Babacar Ndiaye, a regretté les changements opérés dans le règlement de la Fiba pour les éliminatoires du Mondial 2023.
Le président de la Fédération sénégalaise de basket, Me Babacar Ndiaye, a regretté les changements opérés dans le règlement de la Fiba pour les éliminatoires du Mondial 2023.
«Je suis content, mais en même temps déçu. Quand on regarde sur le terrain, le Sénégal est qualifié. On a 19 points avec un bon goal average. Malheureusement, il y a un règlement de la Fiba, après le forfait du Mali dans sa poule. Il a été décidé d’annuler les résultats des matchs du Mali, alors que le Cap-Vert avait perdu contre le Mali à l’aller avant de gagner par forfait au retour», a réagi Me Ndiaye, juste après l’élimination des Lions qui ont enregistré deux défaites pour une victoire lors de cette dernière fenêtre disputée à Alexandrie, en Egypte.
La Fédé va saisir le Tas
Le patron de la balle orange n’écarte pas de saisir le Tribunal arbitral du sport pour dénoncer cette nouvelle réglementation.
«La Fiba avait décidé d’annuler les matchs du Sénégal contre le Kenya qu’on avait battu à l’aller comme au retour, avec 77 points de plus. Au moment où on perd 4 points, le Cap-Vert en perd 3. C’est ce qui permet aujourd’hui au Cap-Vert d’être meilleur troisième et de se qualifier pour le Mondial. Pour se qualifier, il fallait remporter les trois matchs, les deux seulement n’allaient pas suffire. C’est un règlement injuste. On va voir si on peut faire recours devant le Tribunal arbitral du sport.»
Quant à l’avenir de l’équipe, Me Ndiaye a félicité les joueurs et salué le travail du staff technique, tout en demandant à continuer le travail. «On n’avait pas la meilleure équipe sur le terrain. Gorgui Sy Dieng n’était pas là. De même que Ibrahima Fall Faye. On a une équipe jeune. Malgré tout, on a enregistré quatre victoires contre deux défaites. Donc, il faut continuer le travail et se projeter sur les prochaines échéances», a exhorté le président de la Fédération.
Par Madiambal DIAGNE
LES AFRICAINS SUBISSENT EN TUNISIE CE QU’UN NOIR NE SUBIT PAS EN EUROPE
La subite prise de conscience des élites africaines sur la situation des Noirs en Tunisie devrait étonner. Dans ce pays, la population de couleur noire (environ 15% des 12 millions de Tunisiens) vit dans une discrimination quasi-institutionnelle
«L’immigration clandestine relève d’un complot pour modifier la démographie de la Tunisie, afin qu’elle soit considérée comme un pays africain uniquement et non un pays arabe et musulman.» La déclaration est du Président tunisien, Kaïs Saïed, le 21 février 2023. C’est en fait la théorie de la crainte du «grand remplacement», prôné par Eric Zemmour en France et certains autres populistes d’Extrême-droite en Europe et qui fait des émules dans les rues de Tunis et de Carthage.
Tunis, nouvelle capitale de l’Apartheid
On est habitué au racisme de par le monde. Il semble qu’il existera toujours sur la terre, des imbéciles incorrigibles. Mais là où cela fait le plus mal est que cette sordide déclaration est faite par un chef d’Etat d’un pays situé au Sud de la Mer Méditerranée, qui se dit africain, membre de toutes les instances africaines. Face au tollé, le gouvernement tunisien oppose un mépris sidérant. L’indignation des élites africaines est donc forte et à juste raison, mais leur subite prise de conscience de la situation des Noirs en Tunisie devrait étonner. Allez savoir quelles humiliations n’avaient pas subies des employés de peau noire de la Banque africaine de développement (Bad) et leurs familles qui vivaient à Tunis, au moment où cette institution financière panafricaine y avait installé provisoirement ses quartiers, fuyant Abidjan en 2003 pour causes de graves troubles politiques et sécuritaires en Côte d’Ivoire. Le quotidien des Noirs en Tunisie est fait de brimades, de vexations et d’actes racistes. Dans ce pays, la population de couleur noire (environ 15% des 12 millions de Tunisiens) vit dans une discrimination qui a fini par devenir institutionnelle. Dans un article en date du 2 novembre 2020, parlant des «Rohingyas (Birmans) abandonnés en rase campagne», nous nous insurgions également contre la situation des populations de peau noire en Tunisie. Nous disions notamment : «En Tunisie, des personnes sont victimes d’une honteuse discrimination, parce qu’elles sont de peau noire. Une inscription d’un autre âge, «Atig» (Affranchi), continue de figurer sur leur carte nationale d’identité. Cette situation des Noirs en Tunisie ne semble choquer personne dans le monde.» Dans le langage commun en Tunisie, les mots «oussif» ou «abid» (esclave) sont couramment utilisés pour désigner une personne noire.
En miroir, les personnes de peau blanche sont appelées «ahrar» (hommes libres). L’humiliation ne s’arrête pas là. A Djerba, est encore appliquée de manière traditionnelle une ségrégation raciale, jusque dans la mort. Sur l’île subsiste «le cimetière des esclaves», lieu d’inhumation réservé aux Noirs tunisiens.
Pourtant l’esclavage a été théoriquement aboli en Tunisie depuis 1846. La situation est particulièrement inquiétante dans le Sud de la Tunisie, où la communauté noire vit parfois dans des régions isolées, comme à Gosba.
Un rapport de Minority Rights group (Mrg) de 2016 a révélé qu’il existait des bus séparés pour les élèves noirs à Sidi Maklouf. Après avoir suscité l’indignation, l’incident a toutefois été présenté par le gouvernement comme un cas isolé. Aucune sanction n’a pour autant été prise contre les responsables. Plus récemment, des enquêtes menées par l’organisation Mnemty ont révélé que les régions à forte concentration d’élèves noirs, en particulier dans le Sud, sont les plus défavorisées et avaient tendance à manquer de ressources au niveau des infrastructures sociales et sanitaires. En effet, il est de notoriété publique que ce groupe de population reste presque totalement absent de la vie publique et de l’emploi, y compris des postes gouvernementaux et autres postes à responsabilités. Malgré cette discrimination, il existe encore une réticence généralisée dans le pays à admettre que le racisme existe. Il n’y a qu’un seul journaliste tunisien noir à la télévision nationale. En 2014, Nejiba Hamrouni, journaliste, a été publiquement insultée par des islamistes qui ont publié des caricatures la représentant sous les traits d’un singe. Ne pouvant pas intenter un procès, elle s’est servie des réseaux sociaux pour sensibiliser le public à la discrimination raciale. La même année, une femme noire a été attaquée à coups de pierres à Bizerte par ses voisins, mais l’affaire a été classée sans suite par la police pour manque de preuves, malgré la présence de plusieurs témoins.
Les dirigeants de l’Ong Mnemty (le rêve comme celui fait par Martin Luther King en Alabama) ont subi des harcèlements après l’organisation en juin 2020, d’une manifestation de solidarité avec Black Lives Matter.
Qui peut citer le nom d’une personne de couleur noire membre d’un gouvernement en Tunisie ? Aujourd’hui, seule une personne noire siège au Parlement tunisien ! En 2011, à la faveur de la chute de Ben Ali, une campagne avait été lancée sous le thème : «Un ministre noir en Tunisie ? Yes we can ? No we don’t want.» Elle n’aura pas servi à grand-chose. Quel est le visiteur ordinaire noir qui n’a pas subi quelques vexations durant un séjour à Tunis ou à Sfax ? L’attitude condescendante, pour ne pas dire raciste, des Tunisiens, s’exprime jusque dans les terrains de sports. Souvenons-nous des images renversantes de l’arrogance des footballeurs tunisiens et de leurs dirigeants lors de la dernière Coupe d’Afrique des nations de football au Cameroun en 2022 ! Des Tunisiens ont poursuivi la provocation jusqu’à clamer que leur pays ne représentait pas l’Afrique à la Coupe du monde 2022 du Qatar. Il est curieux que la Confédération africaine de football (Caf) ait fait le dos rond devant de tels propos.
Au demeurant, dans une publication, la chercheuse en anthropologie, Stéphanie Pouessel, analyse le positionnement régional de la Tunisie vis-à-vis de l’Europe et de l’Afrique. Elle souligne en quelque sorte que la Tunisie s’invente entre Orient et Occident. En effet, «contrairement au Maroc, qui met en avant son histoire commune avec le Sénégal et l’Ouest-saharien à des fins notamment politiques, la Tunisie se détache de l’histoire transafricaine pour se focaliser sur son passé ottoman et sur son expérience en tant que colonie française. Le premier Président de la Tunisie indépendante, Habib Bourguiba, a théorisé la «tunisianité» : l’identité tunisienne est spécifique, locale, et l’arabité en est la composante essentielle, à laquelle s’adjoint l’ancrage dans l’époque antique, à la romanité, pétrie de référents islamiques et panottomans. Parmi les référents identitaires qui ont construit la Tunisie postcoloniale, rares sont les évocations de l’Afrique, de l’africanité comme composante de cette identité tunisienne. Ce déni de l’Afrique, visible chez Habib Bourguiba, s’accompagne d’un regard largement tourné vers le «Nord» ou vers le monde arabe.»
Les immigrés, boucs émissaires partout !
Des employés de la Bad avaient déposé de nombreuses plaintes pour des actes de racisme et de discrimination, mais la présence de cette institution, avec des cadres d’un niveau social élevé, avait pu modifier un temps la perception du travailleur noir auprès des Tunisiens. Les agents de la Bad habitaient de beaux quartiers, fréquentaient les hôtels, les restaurants et cafés et les commerces de luxe. Le travailleur noir a souvent été perçu en Tunisie comme un immigré fuyant la famine et la misère, manquant d’éducation et ne parlant pas un mot arabe et ne pouvait être que de confession chrétienne. C’est dire que son intégration dans la société était des plus difficiles. Assurément, du fait d’un tel état d’esprit, les travailleurs immigrés noirs sont les boucs émissaires tout désignés dans un contexte où la Tunisie vit une situation de déliquescence tant sur le plan économique que politique.
Le «Printemps arabe», qui a démarré en Tunisie et qui a permis de chasser Zine El Abidine Ben Ali en 2011, s’est très vite révélé comme une grosse désillusion. L’arrivée au pouvoir des islamistes a corseté la société avant qu’un autre autocrate, le Président Kaïs Saïed, ne vienne aux affaires. L’échec est retentissant à tous points de vue. Les difficultés économiques et sociales sont imputées à ces migrants qui, pour la plupart, sont en transit dans ce pays, sur leur route vers l’Europe. Il y a beaucoup d’amalgames sur les migrants subsahariens. Certains fuient diverses crises humanitaires et conflits et transitent par l’Afrique du Nord avec l’intention de continuer vers l’Europe. D’autres viennent en Tunisie pour y étudier ou y travailler. Que leur objectif soit de transiter par le pays ou d’y rester pour faire leurs études ou pour des raisons économiques, beaucoup se retrouvent à vivre en Tunisie pendant des périodes prolongées. En raison de l’invisibilité des Tunisiens noirs dans la vie publique, une grande partie de la société suppose que toutes les personnes noires vivant dans le pays sont d’origine subsaharienne. Les migrants subsahariens sont victimes de discrimination raciale, leur situation est encore aggravée par la barrière de la langue, les problèmes de papiers et un accès limité à l’éducation et aux soins de santé. Ils sont fréquemment victimes d’abus, d’exploitation et même d’attaques ciblées. Falikou Coulibaly, figure de proue de la lutte contre le racisme et président de l’Association des Ivoiriens en Tunisie (Ait), a par exemple été poignardé à mort à Tunis, fin décembre 2018. Bien que les autorités aient affirmé que le meurtre était lié à un vol, la mort de Coulibaly a conduit des centaines de Tunisiens noirs à manifester, dans les jours qui ont suivi, contre la discrimination raciale dans le pays et l’absence de réponse adéquate du gouvernement. A travers son réseau de points anti-discrimination, Minority Rights Group (Mrg) a documenté des centaines de cas de discrimination raciale à l’encontre de Tunisiens noirs et de migrants subsahariens en 2019 et 2020. La situation est assez similaire dans la plupart des pays du Maghreb. Plus proche de nous, en Mauritanie, le douloureux sort des populations noires continue de heurter les consciences.
Il reste que l’échec des dirigeants d’Afrique au Sud du Sahara, incapables d’offrir des conditions d’éducation, de santé et de travail à leurs jeunesses, doit être indexé. Aussi, d’autres Africains noirs vivent le martyre de la discrimination, de la haine ethnique et de la xénophobie dans de nombreux autres pays d’Afrique noire où ils vivent. Il sera donc difficile aux dirigeants d’Afrique au Sud du Sahara de faire la leçon aux autres, nous le soulignions, le 28 avril 2015, «Honte à l’Afrique !», après le ramassage de centaines de corps de migrants noirs échoués sur la plage de Lampedusa (Italie). «Cette Afrique laisse ses fils mourir et comme pour ne rien arranger, l’Africain devient un loup pour l’Africain. En Afrique du Sud, des ressortissants d’autres pays africains sont pourchassés, lynchés à mort, brûlés vifs par «leurs frères» sud-africains qui leur demandent de quitter la terre d’Afrique du Sud. Cela se passe en Afrique du Sud, un pays gouverné par des Noirs membres de l’élite de l’Anc, ces célèbres combattants de la liberté et de l’affirmation de l’homme noir ! Nelson Mandela s’est déjà retourné trois fois dans sa tombe. Devant une telle situation aussi, les dirigeants africains préfèrent ne pas savoir ce qui se passe. Robert Mugabe (Ndlr : alors président de l’Union africaine) peut parler au nom de l’Union africaine comme en son nom propre, lui dont le pays se vide pour se réfugier en Afrique du Sud voisine. Robert Mugabe peut dire sa honte devant l’attitude des populations noires d’Afrique du Sud. Cela lui permettra sans doute de soulager sa conscience d’avoir précipité son pays, le Zimbabwe, qui était si prometteur, dans une situation si désastreuse que plus personne ne veut y rester.»
* Ce titre est inspiré d’une déclaration du Président Abdoulaye Wade, le 22 janvier 2001, au Forum sur le racisme à Dakar. Devant des situations de pogroms et d’attaques contre des ressortissants burkinabè, le Président sénégalais s’était indigné soulignant que «ce que vit un Burkinabè en Côte d’ivoire, un Noir ne le vit pas en France». Le propos avait provoqué l’ire des populations et des autorités ivoiriennes et avait déclenché de fortes représailles contre la communauté sénégalaise dans des villes comme Abidjan, San Pédro, Yamoussokro. Moi-même, j’avais eu une vive altercation avec George Aboké, un membre du Cabinet du Président Laurent Gbagbo, en décembre 2007, à l’occasion d’une conférence internationale de journalistes à Abidjan. Ce proche du chef de l’Etat ivoirien fulminait encore contre le propos du Président Wade, pour se mettre en opposition à son co-panéliste sénégalais. Exaspéré, je lui avais balancé : «Le Président Wade a totalement raison de l’affirmer !» Tout le reste de mon séjour, les amis ivoiriens avaient pris leurs distances par rapport à moi. Le contexte politique était lourd. L’altercation avait été rapportée au Président Wade, qui en avait ri à gorge déployée.
«IL N’Y A PAS DE TROISIEME MANDAT QUI TIENNE, IL Y A UN DEUXIEME QUINQUENNAT»
Se faisant une fervente avocate du locataire du Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor, Me Aissata Tall Sall considère que ce dernier a le droit de se présenter à l’élection de 2024
La ville de Podor a été ce weekend le lieu de ralliement des membres et sympathisants du mouvement «Osez l’avenir» que dirige me Aïssata Tall Sall, ministre des affaires étrangères et des sénégalais de l’extérieur. Occasion saisie par la patronne de la diplomatie sénégalaise pour parler de la situation des ressortissants sénégalais en Tunisie et annoncer que l’état a pris toutes les dispositions pour assurer la protection et la sauvegarde des intérêts de nos compatriotes. Évoquant la Présidentielle du 25 février 2024, elle estime que «Macky Sall a encore la possibilité juridique de faire un second mandat à partir de 2024».
La présidente du mouvement «Osez l’Avenir» compte poursuivre son compagnonnage avec le leader de la coalition Benno Bokk Yaakaar, Macky Sall. Se faisant une fervente avocate du locataire du Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor, Me Aissata Tall Sall considère que ce dernier a le droit de se présenter à l’élection de 2024. «Macky Sall est notre candidat. Nous attendons seulement confirmation de sa part.
En politique, nous avons le courage de nos idées et nous les assumons pleinement. Moi je ne suis pas la personne qui est avec un président de la République un jour et qui le lendemain, peut lui dire au revoir parce que son ambition est devant elle. J’ai des ambitions, mais quand je suis avec le Président Macky Sall, je suis avec lui jusqu’au bout. Mon souhait, ma volonté et ma force de détermination, c’est qu’il réclame encore le suffrage des Sénégalais en 2024, que les Sénégalais l’élisent pour que nous continuions à être à la disposition de leurs intérêts», a déclaré Me Aissata Tall Sall qui inaugurait ce week-end le siège de son mouvement à Podor. Très en verve, elle estime que le problème de la candidature du Président Macky Sall a été réglé. «Le Conseil constitutionnel a fini de régler cette histoire de troisième mandat. Il n’y a pas de troisième mandat qui tienne, il y a un deuxième quinquennat.
Quand le Président Macky Sall a voulu ramener son mandat de 7 à 5 ans, le Conseil constitutionnel lui a signifié qu’il ne pouvait pas le faire, parce que la Constitution qui l’avait élu était celle-là que Me Abdoulaye Wade avait laissée en partant. La nouvelle Constitution qui limite les mandats à 2, c’est celle-là qui va s’inaugurer à partir de son mandat de 2019. Macky Sall a fait ce premier mandat sous l’ère de cette nouvelle Constitution. Il a encore la possibilité juridique de faire le second mandat à partir de 2024», tranche Me Aïssata Tall Sall avant d’ajouter : «Maintenant, la femme politique a décidé que son candidat, c’est Macky Sall. Nous attendons qu’il le confirme. Je l’espère, je souhaite et prie pour qu’il le confirme. Nous sommes déjà prêts et n’attendons que ce feu vert pour l’amener jusqu’à la victoire.»
Par ailleurs, Me Aïssata Tall Sall s’est fortement émue de la sortie «malencontreuse et xénophobe» du Président tunisien, Kaïs Saïed, contre les Africains. «Nous étions très peinée par les propos tenus par le Président tunisien. Mais nous avons été un peu plus rassurée quand nous l’avions entendu s’excuser et regretter la virulence des propos qu’il a tenus», a déclaré le ministre des Affaires Etrangères qui rappelle que la Tunisie est un «pays africain membre de l’Union africaine» et que «l’Afrique est un continent peuplé de noirs et de blancs».
En outre, elle a révélé que le Sénégal a fait une démarche dans deux directions. «La première, c’est de nous assurer de la protection et de la sauvegarde des intérêts de nos compatriotes. Nous l’avons fait via notre ambassade à Tunis qui a,très tôt, pris les dispositions nécessaires non seulement pour les sécuriser, mais aussi pour mettre à leur disposition une ligne d’appel téléphonique d’urgence ainsi que les services du ministère en vigilance permanente H24 pour permettre aux Sénégalais de bénéficier de la protection de l’ambassade», affirme-t-elle. La deuxième démarche, c’est l’échange qu’elle a eu avec son homologue de l’Union des Comores qui assure la présidence de l’Union Africaine.
«ON M’A EXCLUE DU PS SANS QU’UNE NOTIFICATION M’AIT ETE FAITE…»
Le mouvement «Osez l’Avenir», de l’avis de sa fondatrice (Me Aïssata Tall Sall), est né d’un défi. «A l’époque, j’étais en plein conflit avec le Parti socialiste. Un conflit que je n’ai pas voulu et que je n’ai pas souhaité. Mais je suis une lionne ; quand on m’impose la bagarre, je me bats. J’avais pensé qu’au Parti socialiste, il était temps de changer les idées, les hommes qui le portent pour toujours, essayer de nous performer et d’être au diapason de ce que recherche le peuple sénégalais parce que tout compte fait, la finalité de la politique, c’est cela. Et pour avoir nourri cette ambition de vouloir changer le parti, j’ai été en divergence profonde avec la direction.
Pourtant, ma seule volonté, c’était d’exprimer mes idées, celles des camarades qui croyaient en ce que je disais et de les faire triompher au sein du Parti socialiste. On ne m’a pas permis cela. J’étais candidate au poste de secrétaire général du Ps. Cette élection a été interrompue. On n’a pas voulu qu’on aille jusqu’au bout du processus. J’ai considéré que cela n’était pas démocratique. Pour autant, je n’avais pas voulu quitter le Parti socialiste», rappelle-t-elle. C’est pourquoi elle avait décidé de créer «Osez l’Avenir» afin de montrer le chemin de courage qu’elle avait tracé. «C’était pour montrer qu’en politique, la force des convictions doit être la primauté de l’engagement. Je me battais pour un changement interne au sein du Parti Socialiste. En définitive, le parti m’a exclue.On m’a exclue sans qu’une notification m’ait été faite de cette exclusion. Je l’ai apprise à la radio comme tout le monde», se souvient-elle.
SUR 244 DETENUES, 54 SONT POURSUIVIES POUR INFANTICIDE ET 5 POUR AVORTEMENT CLANDESTIN
D’après une étude commanditée par la task-force pour l’avortement médicalisé en cas de viol ou d’inceste, avec l’appui de l’Ong Pp global, 244 femmes croupissent actuellement en prison
D’après une étude commanditée par la task-force pour l’avortement médicalisé en cas de viol ou d’inceste, avec l’appui de l’Ong Pp global, 244 femmes croupissent actuellement en prison. Parmi elles, les 54 sont poursuivies pour infanticide et 5 pour avortement clandestin.
La non-application du protocole de Maputo sur l’avortement médicalisé en cas de viol ou d’inceste est à l’origine de beaucoup de drames chez les femmes mais aussi au niveau de la société. En attestent les résultats de l’étude initiée par la taskforce pour l’avortement médicalisé en cas de viol ou d’inceste pour savoir la situation des femmes incarcérées. Il ressort de l’étude réalisée entre octobre et septembre 2022 qu’il y a une présence effective de femmes dans les prisons sénégalaises pour avortement clandestin et infanticide. «Sur les 37 établissements pénitentiaires que compte le pays, seuls 14 établissements pénitentiaires abritaient des femmes incarcérées pour infanticide ou avortement clandestin au moment de l’étude», a révélé Julien Ngagne Ndour, le consultant qui présentait les résultats de l’étude. Sur les 244 femmes détenues dans l’ensemble de ces établissements pénitentiaires, souligne t-il, «59 (soit 24,18%) ont été concernées par l’objet de l’étude ; 54, soit 22,13%, sont poursuivies pour infanticide et 5, soit 2%, pour avortement clandestin. Sur le nombre total de celles poursuivies pour les faits, il y en a 54, soit 91,5%, pour infanticide et 5, soit 8,5%, pour avortement clandestin». Selon le consultant, le nombre de femmes incarcérées pour ces deux faits ne représente que 18,51% de la population féminine en milieu carcéral.
27,1% DES DETENUES SONT ISSUES DE LA BANLIEUE
«La majorité des femmes concernées, soit 61%, est issue des autres régions du Sénégal, 6,8% de Dakar périphérie et 27,1% de Dakar banlieue», renseigne Julien Ngagne Ndour. Pour ce qui est de leur nationalité, il y a 04 étrangères dont 02 Guinéennes, 01 Malienne, 01 Nigériane et 55 Sénégalaises. A en croire le sieur Ndour, 66,1% des détenues ont un âge supérieur à 22 ans, avec une fille de 16 ans (la plus jeune ; la plus âgée a plus de 30 ans. «47,5% des femmes sont issues de familles polygames, le groupe compte 22 femmes célibataires, 22 femmes mariées et 15 divorcées. Parmi elles, 46 ont au moins un enfant en charge et 13 n’en ont pas», relève l’étude qui démontre que la plupart des femmes détenues pour infanticide ont un niveau d’étude faible. Quant à la situation professionnelle de ces femmes, 28 d’entre elles exerçaient une activité professionnelle avant leur détention, 30 étaient restées sans emploi. Interrogées lors de l’étude sur les causes de leurs actes, 30,5% des femmes détenues soutiennent ne pas savoir pourquoi elles ont commis l’acte d’avortement ou d’infanticide. «27,1% déclarent avoir commis ces actes par peur ; 11,9% affirment avoir été victimes de viol ; 10,2% déclarent que c’est à cause de l’adultère et 15,3% pour d’autres considérations telles que l’ivresse, la mort naturelle de l'enfant».
83,3% DES FEMMES DETENUES POUR INFANTICIDE OU AVORTEMENT LE SONT PAR IGNORANCE
Les principaux facteurs à l’origine de ces actes (infanticide et avortement) arrivent dans l’ordre suivant : 83,3% à cause de l’ignorance ; 75% pour manque de morale ; 58,3% pour manque de valeur ; 41,7% en raison de la pauvreté ou de conditions sociales précaires. Il urge de souligner que les détenues pour infanticide ou d’avortement font face à de nombreuses conséquences qui vont de l’abandon des études, de la perte de leur emploi à l’exclusion sociale en passant par la stigmatisation au sein de la famille et de la société. Venu assister à la restitution de l’étude, l’ancien député Moustapha Diakhaté a indiqué que la principale cause de l’avortement, c’est l’Etat qui tarde à appliquer le protocole de Maputo qu’il a pourtant ratifié. «C’est un combat difficile, mais qu’on peut gagner. Les politiciens ont peur de perdre l’électorat maraboutique, c’est pourquoi ils n’adhèrent pas à l’application de l’avortement en cas de viol ou d’inceste», a déclaré Moustapha Daikhaté.
A l’issue de l’étude, des recommandations ont été formulées pour que les décideurs puissent développer des actions de prévention, mais aussi assurer la conformité de la législation sénégalaise en matière d’avortement avec les engagements pris au niveau international. Il y a aussi la mise en place des mesures nécessaires pour l’application sévère des peines envers les agresseurs.