La Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO), la Ligue Sénégalaise des droits humains (LSDH) et Amnesty International Sénégal se disent ‘’préoccupées par l’état de santé’’ du journaliste Pape Alé Niang
Dakar, 28 déc (APS) - La Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO), la Ligue Sénégalaise des droits humains (LSDH) et Amnesty International Sénégal se disent ‘’préoccupées par l’état de santé’’ du journaliste Pape Alé Niang, interné à l’hôpital Principal de Dakar depuis le samedi 24 décembre 2022.
‘’Le journaliste Pape Alé Niang a repris la grève de la faim après la révocation de la liberté provisoire qui lui avait été accordée par le juge d’instruction du deuxième cabinet du tribunal de grande instance de Dakar et son incarcération le mardi 20 décembre 2022", rappellent les 3 ONG dans un communiqué.
Elles ‘’réaffirment leur ferme condamnation de l’arrestation et de l’incarcération du journaliste Pape Alé Niang et demandent sa libération sans condition".
Les trois ONG disent alerter ‘’l’opinion nationale et internationale sur les dangers qui pèsent sur la vie du journaliste Pape Alé Niang du fait d’une grève de la faim prolongée, ou des séquelles irréversibles qui pourraient en résulter’’.
Selon elles, ‘’l’acharnement judiciaire contre le journaliste Pape Alé Niang doit cesser, toutes les charges retenues contre lui doivent être abandonnées’’.
Les 3 ONG invitent l’État du Sénégal à ‘’respecter la liberté de la presse, la liberté d’expression et la liberté d’opinion qui sont des libertés garanties par la constitution et les traités régionaux et internationaux de droits humains, signés et ratifiés par notre pays".
Le journaliste avait de nouveau été placé sous mandat de dépôt après que le ministère public avait requis et obtenu auprès d'un juge la révocation de la mesure de son placement sous contrôle judiciaire.
Il avait été arrêté la veille par des éléments de la Division des investigations criminelles (DIC) sur ordre du procureur qui avait estimé que le journaliste avait violé la mesure de son contrôle judiciaire.
Le maître des poursuites reproche notamment au journaliste de s'être prononcé sur des éléments de son instruction lors d'un Live d'un activiste établi à l'étranger.
‘’Sur réquisitoire dûment motivé adressé au Juge Mamadou Seck, le Procureur de la République, outré par l’intervention du journaliste sur le live de Molla Morgun et la sortie jugée tendancieuse à propos du DG de la Police nationale Bocar Seydou Yague, a requis la révocation de la mesure de contrôle judiciaire’’, avait réagi dans un post, son avocat Me Khoureychi Ba.
Le journaliste Pape Alé Niang, emprisonné une première fois le 9 novembre, avait bénéficié, dans un premier temps d’une liberté provisoire. Il est poursuivi pour “divulgation d’informations (…) de nature à nuire à la défense nationale”, “recel de documents administratifs et militaires" et "diffusion de fausses nouvelles”.
CE QU’ILS DEMANDENT À L’ÉTAT DU SÉNÉGAL
Les travailleurs sociaux ont fait à la presse, ce mercredi, pour aborder le thème : « Une crise sociale qui perdure : qu’en pensent les travailleurs sociaux ? ». Après avoir rappelé leur parcours, ils ont soutenu que les travailleurs sociaux sont dépassés
Les travailleurs sociaux ont fait à la presse, ce mercredi, pour aborder le thème : « Une crise sociale qui perdure : qu’en pensent les travailleurs sociaux ? ». Après avoir rappelé leur parcours, ils ont soutenu que les travailleurs sociaux ne savent plus à quel saint se vouer.
« En effet, après un reclassement à la hiérarchie B1 et A1 alors qu’ils étaient à une hiérarchie inférieure, ces fonctionnaires se retrouvent dans une situation de précarité totale mais ils essaient toujours de garder leur dignité. Nous ne réclamons pas des augmentations de salaire, nous demandons à l’Etat de nous rendre notre dignité, et nous traiter en terme pécuniaire à la hauteur de notre expertise sociale en signant le décret portant création d’un régime indemnitaire pour le cadre des fonctionnaires en travail social », ont-ils déploré.
Avant de poursuivre : « si l’Etat veut réussir ses programmes de filets sociaux tels que le Programme National des Bourses de Sécurité Familiale, la Couverture Maladie Universelle, le plan sésame, la Carte d’Egalité des Chances qui reste le seul programme de l’Action Sociale avec tous ses manquements, il est impératif de faire des travailleurs sociaux son bras technique pour une meilleure prise en charge de ces groupes vulnérables. Ce n’est pas parce que nous détenons la clé de la réussite, mais c’est juste que nos services sont les murs de lamentation pour ces personnes en difficultés et qui préfèrent se confier à nous, étant conscientes que leur dignité sera sauvegardée, que leur image ne sera pas diffusée dans les médias ».
Toutefois, estiment les travailleurs sociaux, il convient d’améliorer de façon substantielle les conditions de vie et de travail des travailleurs sociaux. A les croire, lors des dernières négociations des syndicats des travailleurs de la Santé et de l’Action Sociale, la question de la revalorisation de la situation des travailleurs sociaux était renvoyée aux perspectives malgré la volonté des syndicats de la santé et de l’Action Sociale de prendre en charge cette question. Suffisant pour eux de dire que cela démontre le manque d’estime et de considération... à ces agents qui ont toujours fait preuve de compétence et de sérieux dans leur domaine.
« Un projet de décret était dans le circuit pour réparer cette injustice, plusieurs démarches sont entreprises par des-collègues regroupés au sein d’une amicale, aux côtés des ministères de tutelle (Ministère de la Santé et de l’Action Sociale, Ministère de la Fonction Publique et le Ministère des Finances). Mais ces agents du changement continuent toujours de prendre leur mal en patience et demandent solennellement à l’Etat de prendre en charge cette question qui n’a que trop durer », ont-ils aussi dit.
C’EST APRÈS MÛRE RÉFLEXION QUE LE KHALIFE A PRIS CETTE DÉCISION SALUTAIRE
Docteur en Géographie de l’université Louis-Pasteur de Strasbourg, Cheikh Guèye suit depuis une dizaine d’années l’évolution de la ville sainte de la confrérie des mourides à laquelle il appartient. Il apprécie la mesure de haute portée du khalife
Docteur en Géographie de l’université Louis-Pasteur de Strasbourg, Cheikh Guèye suit depuis une dizaine d’années l’évolution de la ville sainte de la confrérie des mourides à laquelle il appartient. Il apprécie la mesure de haute portée sociale prise par le Khalife général des mourides.
Quelle analyse faites-vous de la décision prise par le khalife général des mourides de confier la sécurité dans Touba au forces de Police et de gendarmerie ?
Je pense que c’est une initiative qui vient à son heure. Parce que, comme on le sait, Touba a connu une expansion fulgurante depuis une trentaine d’années et est devenue une métropole, avec 30 000 hectares de superficie, et au moins 2 millions d’habitants. Donc, c’est une grande ville à l’intérieur du pays. Et, sous ce rapport-là, il présente beaucoup d’enjeux, notamment l’enjeu sécuritaire.
Comment appréciez-vous l’évolution de la question de la gestion sécuritaire à Touba ?
La confrérie a fait beaucoup d’efforts depuis très longtemps. Avant, quand Touba était une petite cité, ce sont les Baye Fall qui assuraient la sécurité. Mais, il y avait aussi une auto-gestion. C’est-à-dire qu’il y avait très peu de problèmes de sécurité à gérer. Tous les habitants de Touba étaient éduqués d’une certaine manière. Il y avait très peu de problèmes. À partir des années 80-90, Touba est devenue une grande ville. Les problèmes de sécurité se sont accentués. Et, il était indispensable de les prendre en charge. C’est pour cela que l’État, en accord avec la confrérie, a installé d’abord une Brigade spéciale de gendarmerie. Ensuite, un Commissariat spécial pour aider la confrérie à gérer les problèmes de sécurité et de justice. Il y a maintenant plusieurs commissariats dans la ville.
Ces actions ne suffisaient-elles pas pour lutter contre l’insécurité dans la capitale du mouridisme ?
Tout ça reste insuffisant. Puisqu’à côté des aspects juste délictuels et criminels, il y a aussi des aspects moraux qu’il faut aussi surveiller. Parce que nous sommes dans une ville qui a un statut spécial de fait. Pour tout ce qui concerne les interdictions de fumer, de boire, de jouer au tam-tam, de faire de la musique, etc. Pour ça, l’État aussi a un rôle à jouer dans la surveillance et le respect. Mais, l’État a des lois et des règlements. Il ne peut pas interdire des choses à Touba qui ne sont pas interdites dans le reste du territoire national.
Donc, c’est pour ça que toutes ces structures ’’Khudamul Khadim’’, ’’Safinatul Amane’’, ont été créées pour prendre en charge toutes ces questions à la fois les questions criminelles, mais aussi morales.
C’est cela qu’on peut dire surtout que Touba est devenue une ville qui a un rayonnement national et sous-régional.
Il est indispensable que la gendarmerie se déploie beaucoup plus, que la police joue beaucoup mieux son rôle, que l’État prenne ses responsabilités beaucoup plus du point de vue de la sécurité dans cette ville. C’est après mûre réflexion que le Khalife a pris cette décision. Cette décision me semble salutaire.
YEWWI PRIÉE DE REPORTER SON CONCERT DE CASSEROLES
Le Forum du Justiciable invite la coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi à reporter à une date ultérieure son concert de casseroles prévu le 31 décembre à l’heure à laquelle le chef de l’Etat adresse son message de nouvel an à la Nation
Dans un communiqué dont l’APS a eu connaissance, le Forum du justiciable qui affirme n’avoir pas ‘’la prétention de remettre en cause la liberté de manifestation reconnue à l’opposition par la constitution, estime que l’heure choisie est inopportune’’.
‘’En effet, explique-t-il, l’adresse du chef de l’Etat à la Nation du 31 décembre est une tradition républicaine qui revêt un caractère symbolique en ravivant notre sentiment d’appartenance à une seule Nation et notre commun de vouloir vivre collectif’’.
Ainsi, ‘’pour le respect du caractère solennel’’ du discours de Nouvel an du président de la République, le Forum du justiciable invite la coalition Yewwi Askan WI à ‘’reporter cette manifestation à une date ultérieure’’.
La coalition Yewwi Askan Wi a décidé d’organiser un concert de casseroles vendredi à 20heures pour dénoncer les actes de mal gouvernance décelés par la Cour des comptes dans un rapport sur la gestion des fonds alloués à la lutte contre la Covid-19.
Des organisations de la société civile ont appelé à un grand rassemblement, vendredi, pour réclamer l'application des recommandations de la Cour des comptes.
Lors d’une conférence de presse, le ministre des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba, a assuré que le gouvernement ‘’donnera suite aux recommandations’’ du rapport de la Cour des comptes sur le contrôle et la gestion du fonds de riposte Force COVID-19, entre 2020 et 2021.
LES NOMINATIONS AU CONSEIL DES MINISTRES DU 28 DÉCEMBRE
SenePlus publie ci-dessous, les nominations prononcées au Conseil des ministres du 28 décembre 2022.
"Le Président de la République, Son Excellence Macky SALL a présidé le Conseil des Ministres, ce mercredi 28 décembre 2022, à la Gouvernance de Tambacounda.
AU TITRE DES MESURES INDIVIDUELLES
Le Président de la République a pris les décisions suivantes :
• Monsieur Papa Malick NDAO, Administrateur civil principal, est nommé Secrétaire général du Ministère de l’Agriculture, de l’Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire ;
• Monsieur Mamadou FAYE, Economiste, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société Immobilière du Cap-Vert (SICAP SA), en remplacement de Monsieur Mame Bounama SALL, appelé à d’autres fonctions ;• Monsieur Idrissa DIOP, Titulaire d’un Master en Management des projets, est nommé Président du Conseil de Surveillance de l’Agence sénégalaise de la Reforestation et de la Grande muraille verte, en remplacement de Monsieur Oumar BA, appelé à d’autres fonctions."
VERS UNE POLITISATION DU RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES SUR LES FONDS COVID
Alors que l’opinion cherche à se faire une idée claire sur ce qui s’est réellement passé, l’affaire prend une tournure politique qui risque de caricaturer le débat au point de le rendre inaudible comme dans l’affaire du gaz qui avait défrayé la chronique
Quelle va être l’issue de la bataille qui se mène en ce moment sur le front des dépenses Covid-19 ? Alors que l’opinion cherche à se faire une idée claire sur ce qui s’est réellement passé, l’affaire prend une tournure politique qui risque de caricaturer le débat au point de le rendre inaudible comme dans l’affaire du pétrole et du gaz qui avait défrayé la chronique. Comme quoi, lorsque la politique s’en mêle…
Conscient sans doute que le rapport de contrôle de la gestion du Fonds de riposte et solidarité contre les effets de la Covid-19 fait des ravages au niveau de l’opinion nationale, Mamadou Moustapha Bâ, fraîchement nommé Ministre des Finances, a eu besoin de monter au créneau en se faisant inviter sur un plateau à connotation populaire : ‘’Diakaarlo’’ de la Télévision futurs médias (TFM).
Rompant ainsi la tradition par rapport à une certaine orthodoxie qui confine le ministre des Finances dans certains habits. Mamadou Moustapha Bâ de reprendre les arguments développés le même jour, vendredi 23 décembre 2022, lors de sa conférence de presse co-animée avec le ministre du Commerce Karim Fofana. Notamment en revenant sur l’essentiel des conclusions du rapport de la Cour des Comptes pour dire que l’essentiel des griefs ne porte pas sur 1 000 milliards ou 628 milliards F CFA, contrairement à ce que certains ont pu soutenir, mais plutôt sur 6,68 milliards F CFA, représentant 1,06 % du montant total du Programme de résilience sociale. Mais que pour l’État, l’argent du contribuable doit être justifié par ceux qui le dépensent jusqu’au dernier franc et qu’il ne se croise pas les bras.
Le ministre des Finances de rappeler, à la même tribune, qu’il y aura des suites aussi bien par le fait du premier président de la Cour des Comptes qui va saisir les juridictions habilitées comme le veut la loi, mais aussi par la saisine de la Chambre disciplinaire pour les fautes de gestion incriminées. Mamadou Moustapha Bâ aura beau expliquer que le chronogramme normal est respecté en termes de procédures de prise de décision et qu’il n’y a vraiment pas de quoi fouetter un chat, les politiques ne vont sans doute pas laisser un tel os.
Comme le terreau semble en effet fertile, l’opposition, du moins celui qui en incarne aujourd’hui le visage, Ousmane Sonko en l’occurrence, ne compte pas laisser la patate se refroidir, surtout dans le contexte actuel où le débat sur le troisième mandat se pose.
Dans une déclaration prononcée hier, il revient sur cette affaire en invitant les Sénégalais à la mobilisation. Manifestations et concert de casseroles, le programme est bien ficelé pour occuper l’espace. L’objectif de ce scénario a tous les atours de l’affaire Frank Timis où des jeunes mobilisés à bloc avaient pour principal slogan de demander à Aliou Sall, frère du président Macky Sall, de rembourser à chaque jeune les 400 000 F CFA dus.
CENT JOURS D'INTENSES GUERRES MÉDIATIQUES
Le premier gouvernement d’Amadou Ba a eu 100 jours, mardi 27 décembre. Annoncé comme un gouvernement de combat, il s’est montré hyper-présent dans les médias, tantôt pour vendre les réalisations du régime, tantôt pour défendre l’indéfendable
Un gouvernement proche des populations. Un gouvernement immédiatement opérationnel. Un gouvernement de combat… Voilà, entre autres éléments de langage maintes fois rabâchés, il y a exactement 100 jours, lors de la nomination du gouvernement Amadou Ba. ‘’Le président de la République, disait le tout nouveau PM, a préféré nommer des hommes et des femmes d’expérience, engagés, qui peuvent être immédiatement opérationnels. C’est pour cela que vous l’aurez remarqué, il y a eu des reconductions, des permutations, des profils qui peuvent aller très vite… Il s’agira d’un gouvernement de combat, d’un gouvernement immédiatement opérationnel, mais surtout d’un gouvernement de terrain, c’est-à-dire proche des préoccupations des populations’’.
Depuis, c’est le branle-bas médiatique. Il se passe rarement une semaine sans voir des membres du gouvernement sur les différents plateaux des différentes télévisions, publique comme privées. Souvent, c’est dans des émissions où ils sont seuls à débattre avec un journaliste ou un animateur. Mais de plus en plus, les ministres n’hésitent pas à aller au front dans les émissions où ils font face à plusieurs chroniqueurs. Tous les moyens semblent bons pour s’adresser au grand public, tenter de vendre les réalisations et la vision du président de la République. Parfois à leurs risques et périls.
À titre d’illustration, vendredi dernier, le ministre des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba, présenté comme un technocrate, était à l’émission ‘’Jakarloo’’ de la TFM, au moment où son collègue chargé des Sports, Yankhoba Diattara, était à l’émission ‘’Ndoumbelaane’’ sur la SenTV. Tous deux avaient pour mission de laver à grande eau le gouvernement dans l’affaire dite du rapport de la Cour des Comptes sur la gestion des fonds Force-Covid-19.
À la 2STV, il se passe rarement une semaine sans voir défiler des pontes du régime, des ministres en particulier. ‘’Il y a une période où nous avons noté au moins trois à quatre ministres dans l’émission ‘Entre Deux’ avec Babacar Dione’’, souffle ce journaliste de la chaine qui cite, pêle-mêle : Abdou Karim Fofana (deux fois au moins), Abdoulaye Sow, Alioune Ndoye, Victorine Ndèye, Pape Malick Ndour… ‘’Je ne retiens pas tous leurs noms, mais ils sont nombreux. Au-delà d’‘Entre Deux’, il y a ‘On en parle toujours’ avec Babacar Dione, et ‘Lii’. Je confirme en tout cas qu’ils sont très fréquents dans nos différentes émissions’’.
Dans les autres chaines privées, le décor est quasi identique. À la SenTV, en l’espace de quelques semaines, c’est au moins cinq ministres de la République. Outre le ministre des Sports, il y a eu son homologue du Commerce doublé de porte-parole du gouvernement Abdou Karim Fofana, le ministre de la Jeunesse Pape Malick Ndour, le ministre de l’Urbanisme Abdoulaye Sow, Mme Victorine Ndèye (chargée de la Microfinance), Fatou Diané Guèye de la Femme, entre autres. Même Walf dont la ligne éditoriale est réputée proche de l’opposition reçoit de plus en plus de membres du gouvernement. Idem pour les radios et les médias de la presse écrite.
Quand ils ne parlent pas des réalisations du régime ou du 3e mandat, c’est surtout pour intervenir sur des sujets brûlants de l’actualité. Parmi ces sujets qui mobilisent tout le gouvernement, il y a eu la lutte contre la vie chère et les différentes mesures du président de la République, mais surtout celui qui défraie encore la chronique, à savoir le rapport de la Cour des Comptes.
Souvent, les représentants du gouvernement manquent de peu de passer à côté de la plaque. Dans ce lot, c’est le beau-frère du président et ministre des Transports terrestres qui est allé le plus loin en traitant les auditeurs de ‘’politiques’’. Chroniqueur à la TFM, Abdoulaye Cissé a du mal à contenir sa colère par rapport à de telles accusations. Il fulmine : ‘’Ces gens dont il parle sont non seulement beaucoup plus instruits que lui, mais ils aiment ce pays beaucoup plus. En tout cas, je respecte plus ces gens qui essaient de préserver nos deniers publics que ces prévaricateurs de nos deniers. Il faut vraiment qu’on arrête, savoir que le ministre est là par décret. Ces gens sont là par leur seul mérite. Il faut que l’on soit plus sérieux.’’
Dans le même dossier, le journaliste en veut au gouvernement qui tente vaille que vaille à ‘’blanchir’’ certains de ses membres accusés de malversations. ‘’Au nom de quoi le gouvernement doit répondre au nom de ceux qui sont épinglés ? Nous n’attendons pas le gouvernement, nous n’attendons pas le ministre des Finances… Nous attendons les véritables responsables et ceux qui n’ont même pas daigné répondre à l’interpellation de la cour comme le ministre de la Santé de l’époque. Ces gens qu’ils essaient de défendre ne méritent pas que le gouvernement déploie toute son énergie pour les défendre’’, proteste le journaliste sur le plateau de la TFM.
Pour lui, le gouvernement fait hors sujet en voulant faire croire aux Sénégalais qu’il est difficile de dépenser indument l’argent public. ‘’C’est peine perdue, parce que le rapport de la cour nous a démontré le contraire. On nomme n’importe qui comme gestionnaire, on dépense les deniers n’importe comment… Sans même exiger des pièces justificatives. Voilà la réalité et le président et son gouvernement doivent arrêter de défendre ces gens’’.
Marathon budgétaire
Malgré ces insuffisances, on note une volonté manifeste de ne pas laisser les plateaux aux adversaires politiques. Outre le volet médiatique, le gouvernement doit aussi batailler ferme au niveau de l’Assemblée nationale où les coups de poing n’ont pas manqué en certaines occasions. Là également, quelques évènements phares sont remarqués et ont été des moments de grande communication.
Il en est ainsi de la période de vote de la loi de finances pour l’année 2023. À peine le marathon budgétaire terminé, le Premier ministre est entré dans la danse avec sa Déclaration de politique générale qui avait mobilisé tout le gouvernement. Il en fut de même lors de la motion de censure déposée par les députés de Yewwi Askan Wi qui ne font aucun cadeau à Amadou Ba et Cie, aussi bien sur les plateaux qu’au sein de l’hémicycle.
Mais le gouvernement ne se limite pas à une communication directe à travers les sorties médiatiques et autres évènements du calendrier républicain. Il est aussi omniprésent à travers des éléments de langage et documents de presse constamment distillés sur la place publique par ses différents services, notamment le Bureau d’information gouvernemental. Désormais, à la veille de presque chaque grand évènement, les médias reçoivent les discours des officiels et autres éléments de langage.
Cette omniprésence médiatique, si l’on en croit certains observateurs comme Abdoulaye Cissé, n’a pas que des effets positifs. Il peut aussi comporter des effets pervers. Dès la nomination du gouvernement, il avertissait : ‘’Nous avons un président qui pense que le rôle du communicant, c’est de faire en sorte que tout soit lisse, désamorcer tous les scandales qui nuisent à l’image du gouvernement. Ils pensent aussi que la communication, c’est faire en sorte que le gouvernement soit visible partout, tout le temps. C’est peut-être pourquoi il a souvent mis en avant les journalistes : Abou Abel Thiam, Souleymane Jules Diop, Abdou Latif Coulibaly, El Hadj Kassé, Mamadou Thiam et maintenant Yoro Dia… Souvent, ce sont des journalistes, à l’exception peut-être de Seydou Guèye. Or, la communication, ça va bien au-delà du rapport avec les médias.’’
Par ailleurs, ce que le gouvernement semble perdre de vue, c’est qu’on a beau avoir les meilleurs communicants, si le contenu n’est pas vendable, les efforts vont rester vains. C’est le cas dans le dossier des fonds Force-Covid-19 où le gouvernement a tout intérêt à faire profil bas. Dans le dossier Pape Alé Niang également, le gouvernement a su, à un moment donné, reculer pour mieux maitriser ensuite sa proie.
Il en est de même des sujets relatifs à Adji Sarr et au troisième mandat dans lesquels le gouvernement se sent souvent très mal à l’aise.
RASSEMBLEMENT SOCIÉTÉ CIVILE
Les politiciens n’auront pas droit à la parole !
Au niveau de la société civile, les acteurs préparent activement le rassemblement du vendredi 30 décembre, pour exiger la lumière sur le rapport de la Cour des Comptes.
Hier, une importante réunion a été tenue entre les protagonistes, pour fixer les règles du jeu. Dans ce cadre, trois décisions majeures ont été prises. En premier lieu, les organisateurs de la marche, pour éviter toute politisation de ce combat, ont retenu que les politiciens, de quelque bord qu’ils puissent être, seront les bienvenues à la manifestation. Seulement, ils n’auront pas droit à la parole. La deuxième mesure est que dans la déclaration finale, il ne s’agira de parler que du rapport de la Cour des Comptes. Et il y aura une seule personne pour la lire.
Maintenant, avant la lecture de la déclaration finale, des organisations membres vont faire des communications. En fait, comme annoncé hier par ‘’EnQuête’’, il y a des risques de politisation outrancière de ce dossier et les acteurs de la société civile ne veulent pas tomber dans le piège. D’où la décision de verrouiller la prise de parole.
L’ŒUVRE DE SAFI FAYE ET KHADY SYLLA, PAR rama salla dieng
MULTIPLE PHOTOS
LE JEU DE LA MER : KHADY SYLLA, FAIS TOURNER LA MACHINE À REVER
EXCLUSIF SENEPLUS - Lorsque vous tenez le livre entre vos mains, c’est d’abord cette image en noir et blanc de l'autrice, regard captivant et mystérieux, rouge à lèvres discret, tête rasée et grosses boucles d’oreille créoles, qui retient votre attention
Série de revues sur l’œuvre des réalisatrices Safi Faye et Khady Sylla
Co-éditrices de la série : Tabara Korka Ndiaye et Rama Salla Dieng
Khady Sylla et Safi Faye, des noms qui devraient résonner dans notre imaginaire collectif tant elles ont été pionnières, dans leur art et dans leur vie parce que pour elles, l’art, c’est la vie. Leur vie et leur œuvre nous ont particulièrement ému. Pourtant, elles semblent porter en elles, la marque de celles vouées à être des égéries en avance sur leur temps ! Le tribut en est lourd. Si lourd ! Et si dramatique. On demeure sur sa faim. Sur la promesse d’un potentiel. On reste sur le regret de ce qu’elles auraient pu être, auraient dû être, si célébrées comme le monstrueusement gigantesque Sembène. On reste sur les si…sur la fleur de toute l’œuvre dont elles étaient fécondes.
Safi Faye a en tout réalisé treize films : La Passante (1972), Revanche (1973), Kaddu Beykat (Lettre paysanne) (1975), Fad’jal Goob na nu (La Récolte est finie) (1979), Man Sa Yay (1980), Les Âmes au soleil (1981), Selbé et tant d’autres (1982), 3 ans 5 mois (1983), Ambassades Nourricières (1984), Racines noires (1985), Tesito (1989), Tournage Mossane (1990) et Mossane (1996).
Elle s’est surtout intéressée au monde rural, à l’émancipation de la femme comme à l’indépendance économique et au poids des traditions, le tout en pays sérère.
Khady Sylla pour sa part, a été une férue de l’auto-exploration, pour théoriser depuis l’expérience propre. D’abord celle des marginalisés de la société avec Les bijoux (1998), Colobane Express (1999) qui capturent l’expérience du transport urbain avec un chauffeur de car rapide et son apprenti, puis la sienne avec Une fenêtre ouverte (2005) dans lequel elle parle de la santé mentale et enfin Le monologue de la muette (2008) qui parle des conditions de travail des ‘bonnes’. Auparavent, en 1992, Khady Sylla a publié chez L’Harmattan un superbe roman : le jeu de la mer. Les mots, Khady les jongle comme elle s’y accroche car ils la maintiennent en vie. Ainsi qu’elle le reconnaît dans Une fenêtre ouverte : ‘on peut guérir en marchant’.
Dans cette série, nous vous proposons nos regards croisés sur l’oeuvre de Safi Faye et de Khady Sylla, ceux d’une curatrice, créative et chercheuse Tabara Korka Ndiaye dont le projet s’intitule ‘Sulli Ndaanaan’ et celle d’une auteure, créative et universitaire, Rama Salla Dieng, passionnée de documenter la vie et l’oeuvre des oublié.e.s, marginalisée.e.s et silencié.e.s, toutes les deux férues de film, de musique et de littérature.
Le jeu de la mer : Khady Sylla, fais tourner la machine à rêver
Autrice : Rama Salla Dieng
Le jeu de la mer de Khady Sylla est un roman paru dans la collection ‘Encres noires’ de L’Harmattan Paris en 1992. De Khady Sylla, autrice multi-talenteuse, vous vous rappelez aujourd’hui davantage les films que les écrits.
Lorsqu’enfin vous tenez le livre entre vos mains, c’est d’abord cette image en noir et blanc de Khady, regard captivant et mystérieux, rouge à lèvres discret, tête rasée et grosses boucles d’oreille créoles, qui retient votre attention. Vous vous imaginez cette photo en couleur car l’écriture de Khady est pétillante, sublime, inespérée. Quels mots habitent alors cette jeune femme de vingt-neuf ans lorsque son roman paraît ? Au-dessus de la photo, la description promet une histoire, une énigme en réalité, qu’habitent trois noms : autant de personnages : Rama, Aïssa et Assane.
Puis vous promenez votre regard sur la couverture. Vous admirez la sublime photo d’une barque vide face à la mer, prise par Stéphane Weber en Juillet 1990 à Nianing. Le titre poétique et prometteur comme une invite : le jeu de la mer écrit en gros caractères noirs, vous intrigue tout comme cette pirogue qui fait face à l’éternité.
Vous découvrez au fil des pages que Rama et Aïssa, les deux jeunes filles aux mots-mages, habitent une maison au bord de l’océan Atlantique. Leur cour carrée, entourée de filaos, d’eucalyptus et de bougainvilliers qui vivaient leurs oranges, roses et rouges les plus vivaces, est le théâtre de leurs jeux, chants et rires.
Et vous réalisez aussi que la polysémie du mot ‘jeu’ habite toutes les scènes de cette superbe histoire. En effet, le soir venu, face à la mer vive et vivante dont les remous lèchent les fondations de leur abri, Rama et Aïssa jouent au wure (Awalé), ce jeu de stratégie et de calcul s’accompagnant d’une joute oratoire, dans une barque d’ébène. C’est l’heure de vérité : ‘wure wa dem na këŋ, wax i ma dem na ndeeñ taale’. Le jeu peut commencer : ‘Jeu de la mer !’ Et la machine à rêver est mise en marche !
Les éléments de la nature conspirent à rendre le cadre propice au débridement de leur imagination hors normes. Ce jeu de création se fait au gré du jeu de la mer et du jeu du halo de lumière de la lampe qui ‘projetait une ombre démesurée sur la table’ p.9. La mer devient alors le lit où se projettent leurs fantasmes, fruits de leur imagination féconde : ‘La maison saisie d’irréalité, prit l’allure factice d’un décor éclairé par des projecteurs invisibles’ (p.7) ou encore : ‘les draps noirs de la nuit s’étalèrent sur la maison’ (p.9).
Dans la journée, Rama et Aïssa deviennent maîtresses de la parole et créent des contes. Installées sur le bout d’une falaise surplombant l'océan comme au bout de leur monde, elles se dévoilent démiurges par le pouvoir de leur moisson de perles du jeu du soir, à tour de rôle, et selon des règles bien définies. ‘Le lieu favorisait la floraison diurne de la parole. Les contes pouvaient émerger sur cette limite et le jour étendre ses rêves’ (p.24). Dans ce cadre enchanteur aux frontières de l’onirisme, la parole, lien et liant entre Rama et Aïssa, devient la passerelle entre la réalité et le fantastique : ‘La parole libre et pleine voyageait d’une gorge à l’autre, rassemblant d’un fil ténu, les fragments d’un univers pressenti’ (p.12).
De Rama et d’Aïssa, vous ne connaissez rien d’autre sinon leur fascination pour le jeu de la mer. Par ailleurs, leur ressemblance physique surprenante semble donner tout sens à l’expression ‘comme deux gouttes d’eau’. En effet, elles sortent toutes deux du même moule, fugitives statuettes noires. Seul le regard les distinguait'(p.24). Sont-elles jumelles ? Sœurs ? Vous n’en savez rien et n’en saurez pas plus, du moins, pas encore, pas tout de suite car Khady Sylla, poétesse et prophétesse aux allures de Rama et Aïssa, crée un monde où la parole crée des mondes et des êtres au monde. Non, la parole même est, elle est un monde et un personnage à part entière…engendrant d’autres menus personnages, de contes en mythes en farandoles !
Autant de mondes, à l’infini !
Une cosmogonie du roman !
Ah ! Toute une histoire !
Narrée admirablement au tempo de la parole.
Toujours se plaçant face à face, leur pouvoir de création unit leur destinée, elles qui jouent, rient, dansent et vagabondent au gré de leurs histoires. Leur monde tangue sur la crête des mots, contenu tout entier sur le fil ténu pourtant débordant de l’imagination aux rivages larges. Cependant, au-delà de la singularité gémellaire et de ce commun destin, un être au monde différent semblait les séparer et menaçait leur équilibre précaire. Rama respecte les mystères et les questions avec une égale douceur, aime se réfugier par moments dans le monde des souvenirs, suit les règles de la création à la lettre. Pour sa part, Aïssa ne chérit rien autant que de les enfreindre, dans sa quête de clarté et de réponses : le mystère l’exaspère.
Vous ne cessez donc de vous interroger sur Rama et Aïssa, personnages aussi fascinants qu’énigmatiques. Tout comme Assane, détective intrépide et ‘chef du service irréel’, à leurs trousses et n’ayant pourtant comme seul indice que leur beauté. Assane fait des rencontres surprenantes et recueille des témoignages aussi incongrus que déroutants.
Et pourtant, vous découvrez pantoise que les désordres calculés que les jumelles sèment sur leur passage sont un prodrome de confluences entre les protagonistes. Le mystère s’épaissit avant de se résoudre pour les trois êtres aux vies inéluctablement enchevêtrés.
Et de quelle manière !
Vous avez le souffle court et sifflant, les iris dilatés, le cœur qui bat la sarabande, à tout rompre. Puis le dénouement vous libère de manière aussi belle et captivante qu’inattendue.
Vous arrivez à la conclusion ultime que Khady Sylla avait un don : celui de double vision que confère la parole incréée. Mais enceints, Khady, tout comme Assane, ont aussi une emprise sur les mots. La parole libérée, qui les possèdent et dont elles font tout un monde, Rama et Aïssa en ont aussi le don et le pouvoir.
C’est qu’au tournant des mots, existent des mondes, créés par les mêmes mots.
Genèse et génération.
Des prophétesses vivantes et heureuses en ont l’intuition et la vision.
Khady Sylla, fille de l’eau, avait le don de la parole.
Une parole simple.
Voici ce que Khady a eu à dire du jeu de la mer :
‘Après la parution de mon roman Le jeu de la mer en 1992, une amie m’a conseillée de l’envoyer à Jean Rouch. Je l’ai fait et une semaine plus tard, Jean Rouch m’a appelée. J’ai alors entendu sa voix si particulière, cette voix légèrement chantante du grand rêveur. Jean me disait que mon livre l’avait enchanté parce que les deux personnages principaux, les deux jumelles Rama et Aissa étaient des filles de l’eau. J’avais déjà auparavant entendu parler des filles de l’eau. Ma grand-mère m’avait une fois dit que ma mère était une fille de l’eau et qu’on avait eu beaucoup de mal à la garder en vie.’[1]
Plus tard, vous regarderez le film ‘Une simple parole’ de Khady et Mariama Sylla. Vous réaliserez alors la fascination ultime de Khady, de sa sœur Mariama et de leur mère pour la mer. Vous savez donc que Khady se définissait comme une fille de l’eau : une personne pure et introvertie qui n’est pas attachée aux choses matérielles…mais pour Khady, tout comme pour Rama et Aïssa, cette définition est littérale.
Nul autre empire ne les intéresse que celui de la parole. Car elle est la clé du mythe de leur création ; en réalité de toute création.