LE MAGISTRAT ALY CIRÉ BA NOMMÉ PREMIER PRÉSIDENT DE LA COUR SUPRÊME
Aly Ciré Ba, précédemment Premier président de la Cour d’appel de Dakar remplace à ce poste Cheikh Tidiane Coulibaly, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite
Le magistrat Aly Ciré Ba a été nommé Premier président de la Cour suprême lors de la réunion du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) qui s’est tenue, lundi, a appris l’APS.
Aly Ciré Ba, précédemment Premier président de la Cour d’appel de Dakar remplace à ce poste Cheikh Tidiane Coulibaly, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite.
Abdou Karim Diop, précédemment Procureur de la République adjoint près le Tribunal de Grande Instance hors classe de Dakar devient Procureur de la République prés ladite juridiction.
Il remplace Amady Diouf promu au poste de premier président de la Cour d'appel de Dakar.
La magistrature a connu un vaste chamboulement à l’issue de la réunion du CSM.
TEXTE COLLECTIF
AU NOM DE LA RÉPUBLIQUE ET DE LA DÉMOCRATIE
L'anti-système est utilisé comme un raccourci démagogique qui charrie toutes les formes de violences, verbales et physiques destinées à la banalisation et, à terme, l'anéantissement des institutions, des symboles de la République et de l’Etat de droit
Notre pays est à un tournant décisif de sa trajectoire démocratique.
Pays de liberté, resté fidèle à une tradition de pluralisme politique, syndical et médiatique depuis l’époque coloniale, le Sénégal a gardé le cap d'une nation d’ouverture et de convivialité où l'œcuménisme religieux est la règle, les droits de l'homme respectés et les libertés publiques garanties, en dépit des vicissitudes de la vie et de l’histoire.
Ce régime de démocratie républicaine s'est bonifié au fil des années, au point de produire un système de référence de premier ordre dans les rangs des démocraties majeures, à travers le continent africain et le monde.
Les alternances politiques successives sont devenues la règle, au sommet de l'Etat comme à l'échelle des territoires. La vitalité du débat public à travers les médias classiques et les réseaux sociaux y a pris une allure et une intensité remarquables, malgré les dérives qui débordent le champ convenu du pacte démocratique.
Pourtant, c’est ce modèle qui allie régime de libertés et progrès économique et social que des acteurs politiques tentent de discréditer et de déstabiliser en complicité avec de puissants groupes et lobbies étrangers.
Dans un contexte mondial de crise de la démocratie représentative de type libéral, cette situation mérite la plus grande attention des forces vives de la nation, notamment celles républicaines et démocratiques.
Ce sont, en effet, toutes les grandes démocraties qui font actuellement face aux poussées populistes un peu partout à travers le monde.
Les courants fachopopulistes, tels qu'ils se sont développés au Sénégal et ailleurs, ont été rendus possibles par l'existence d'un environnement politique, juridique et médiatique libre et démocratique. Dans le même temps, ces courants s’inscrivent dans une logique de destruction du modèle éprouvé des libertés publiques.
Les cas de plusieurs pays illustrent parfaitement cette menace qui pèse sur les régimes démocratiques avec la montée en puissance de groupes politiques populistes, souvent en accointance avec des néo nazis en Europe, des mouvements de l'islamisme radical anti-confrérique et des groupes d'obédience irrédentiste dans les pays en développement.
Les populistes investissent ainsi, de plus en plus, les opportunités que leur offre l'espace politique démocratique pour, en retour, le polluer avec des discours et des pratiques de violence tout à fait aux antipodes des codes, règles et valeurs de la République et de la démocratie.
En somme, le propre du populisme est de se servir des moyens de la démocratie pour tuer la démocratie. C'est ce que recouvre la notion d'anti-système, utilisé comme un raccourci démagogique qui charrie toutes les formes de violences, verbales et physiques destinées à la banalisation et, à terme, l'anéantissement des institutions, des symboles de la République et de l’Etat de droit.
Une des différences fondamentales entre populisme et démocratie, c’est que cette dernière est essentiellement fondée sur la conquête pacifique du pouvoir politique, là où le populisme joue la carte des moyens de la démocratie, lorsqu'ils lui sont favorables, tout en revendiquant le droit et la liberté, pour la « bonne cause », de recourir à la violence politique pour la conquête et l'exercice du pouvoir.
C'est bien cette logique que théorisent et assument sans ambages les courants populistes dans notre pays, à travers un délire messianique permanent sur fond de revendication du "droit à l'impitoyabilité " contre des concurrents politiques pointés du doigt en ennemis mortels.
Le moment est venu pour les républicains et les démocrates de notre pays de prendre toute la mesure des menaces sur le système démocratique.
Pour une fois, les périls qui planent sur notre démocratie et nos libertés ne viennent pas du haut. Ils viennent du bas.
Les appels incessants à l’insurrection, malgré les expériences récentes de pertes en vies humaines, au pillage des domiciles de citoyens appartenant au camp de la majorité, en somme l’incitation à un climat de guerre civile interpellent tous les démocrates, y compris la frange de l’opposition républicaine. Est également interpellée la puissance publique en charge de la sécurité des Sénégalais, toutes obédiences confondues. Sont tous aussi interpellés, les autorités religieuses et coutumières, les acteurs économiques, les intellectuels et les travailleurs, toutes les sociétés civiles authentiques, mues par le souci sincère d’œuvrer pour une société d’équilibre.
La préservation de notre modèle démocratique d'équilibre et de sérénité devient, au-delà des enjeux de libertés, un impératif de sécurité et de stabilité pour le grand pays de démocratie de référence que nous avons mis des siècles à bâtir avec des sacrifices consentis par plusieurs générations.
Il est de notre devoir et de notre responsabilité de rester fermes sur l'exigence de préserver notre démocratie de toutes les formes d'agression, de veiller au libre jeu politique auto-réglé par des acteurs politiques ayant en partage le souci d'une société apaisée bénéficiant d'une presse entièrement libre, ouverte au pluralisme et capable de participer à une régulation générale de l'espace démocratique…
Dans la perspective des échéances de la présidentielle de 2024, ce sont là des sujets de fond sur lesquels le dialogue politique, tradition intacte de notre peuple et socle d'une gouvernance concertée, peut et doit apporter une contribution majeure. Nous devons faire du débat programmatique l’essence de la démocratie en lieu et place des confrontations stériles. Nous devons prendre à bras le corps les grandes aspirations de notre peuple et non nous évertuer à réveiller les pulsions négatives qui attisent la haine et la violence.
L'enjeu est de renforcer dans l'opinion la tendance salvatrice à un vaste courant républicain et démocratique contre les velléités liberticides dans un contexte mondial et sous-régional en convulsions.
Dakar, le 19 février 2023
Bassirou Faty (Cadre de Banque)
Amadou Sidy Bocoum (Sociologue, ancien Ambassadeur)
Ibrahima Macodou Fall (Chef d’entreprise Industrielle)
Landing Badji (Avocat)
Lamine Thiam (Sciences Po, DG de Promevil, France)
Khady Cisse Fitoussi (Experte, conseillère en entrepreunariat et accompagnement de dirigeants d’entreprise, France)
Odile Gazy (Chef d entreprise industrielle)
Abdoulaye Diallo (Ingenieur Télécoms, Artiste)
Dr Lamine Diouf (Pharmacien)
Dr Youssou Ndiaye, Administrateur d’hôpital
Lamine Fall, Syndicaliste
Fallou Guèye, Enseignant, UCAD
Rokhaya Tall, Experte en management de projet
Fatoumata Niang Bâ, Présidente Union pour le développement du Sénégal/Renouveau
Ndiouck Mbaye Lindor, Présidente Fédération nationale des femmes rurales
Cheikh Faye, Professeur agrégé, UQAC, Canada
Ibrahima Thiam, Inspecteur principal du trésor et Conseiller d’ambassade
Papa Ma Oumy Ndiaye, Administrateur de sociétés
Fara Diaw, journaliste à la retraite
Ibrahima Cissé, Cadre Ipres à la retraite
Bassirou Niang, Membre du Club Sénégal Émergent
Moussa Badiane, Agent en statistiques
Mohamed Sow, Technicien Transport et logistique, France
Dethié Ndiaye, Président du parti UMP/Sénégal
Expert financier /PDG de CHOOSE Sénégal
Adama DIALLO, Administrateur civil
Amadou Abdoulaye Diop, Professeur agrégé, Juriste
Seynabou Pouye, Entrepreneure
Daouda Ba, Enseignant
Landing Savané (AJ)
Samba Sy, Ministre, Secrétaire général du (PIT-S)
Aymérou GNINGUE (Député, Maire de Merina DAKHAR)
Nicolas Ndiaye (Député) (LD)
Katy Cissé Wone (juriste)
Mamour Cissé (PSD/JANT BI)
Thierno Lo (Coalition ADIANA)
Pr Pape Demba Sy (UDF)
Aliou Dia (DAAN DOOLEYI)
Abdou Fall (Alternatives citoyennes Andu Nawle)
Mame Bounama Sall, Ancien Ministre
Dr Aissatou Tall , Chef de quartier Yoff Tondouria . Dr en pharmacie
Me Ousmane Sèye (CPE)
Jean Leopold Gueye (CNNO)
El Hadj Momar Sambe (RTAS)
El hadj Ndiaye Diodio (TSTA)
Ibrahima Badiane (UFN)
El Hadj Hamidou Kassé (Philosophe)
Tidiane kounta (Economiste)
Demba Dieng (Enseignant à Genève)
Abdoulaye DIENG (Expert culturel)
Landing BADJI, Avocat à la Cour, Consultant international
Me Aliou sow, Avocat à la cour
Bassirou Ndiaye Bokk Defar Senegaal.
Alassane Cissé. HCCT, (N.P)
Amadou Fall Inspecteur de l’Éducation à Guinguinéo
Safietou Diop, leader du mouvement des femmes sénégalaises, personnalité de la société civile.
Cheikh Tidiane Ba Opérateur économique Sénégal/ France
Aida Mbengue, Secrétaire générale « Jigeen Jiokna », actrice de développement
Ndèye Rokhaya Diop (dite Aya Diop), militante pour la défense des acquis démocratiques et la paix sociale
Mamadou Déme, Haut-conseiller des collectivités territoriales, Président du parti Kisal Senegaal, expert consultant résidant à Paris -France
Demba Babaël Sow Député de la diaspora sénégalaise (France) Ouvrier Syndicaliste
Mr seydi Lamine, Roubaix - France
Ousmane Dia opérateur économique demeurant à Bambilor - déni biram dao
Abdou Ndiaye Doctorant en développement local et diplômé de l'école normale supérieure.
Babacar Thiam, Nations Unies
Lamine Bara Gaye Directeur du sneips
Bocar sidick Kane ancien député maire, professeur certifié des sciences et techniques industrielles
Modou Lamine SENE Coordonnateur national du PVD de Cheikh Ahmadou KARA MBACKE
Momar Mbaye intendant au lycée de Pire. Ancien membre de la CED
Samba Kara NDIAYE Président Mouvement Troisième Voie Du Senegal. Prèsident Parti NADEMS
Professeur Bouna Mohamed Seck
Pape Sagna Mbaye, Ministre
Pr Maouloud Diakhaté, Professeur des Universités, HCCT,
Jeanne Lopis Sylla, Chercheur
Dr Malick Diop, député, Vice-président Assemblée nationale
Zator Mbaye, Ministre conseillerMarcel Ndiana Ndiaye, Professeur, Ambassadeur Itinérant
Me Mamadou Diallo, Avocat Barreau de Paris - Diaspora
Sylvain A. Boyer, Ingénieur, Pcs
Pr Moussa Barry, Professeur, Gabon - Diaspora
Serigne Seck Ingénieur, Paris - Diaspora
Pr Pape Mody Niang, Université de Dakar
Alioune Badara Ndoye, Professeur de lettre à la retraite (résidant aux USA)
Papa Demba SECK retraité Imprimeur, Thiaroye ORYX
Samba Kante, Président Mouvement Niomre ça kanam
Professeur Sérigne Amadou NDIAYE, ancien Doyen de la FST
Abdoul aziz seck, Opérateur économique (import – export) établi aux USA
Pape Diallo chef d'entreprise à Dakar
El Hadj Ndary Gueye Journaliste-consultant.
Abdoul Sow Consultant, Retraité de Nations Unies (DPKO)
Serigne Abdou Lahad Bousso, Chef religieux à touba
Mr FODIA DIALLO professeur d'histoire et de Géographie à la retraite, résidant à Louga
Moustapha Djamil Ndiaye entrepreneur en Géorgie
Khadidiatou Ba, Comptable, Actrice de Développement
Dr Cheikh Oumar Hann, Ministre
Hyacinthe DIOUF Consultant Dijon France
Mourtada SALL ouvrier Chilly-Mazarin France
Papa Demba SECK, retraité imprimeur, à Thiaroye sur mer ORYX
Maurice Wendes SARR, Délégué médical
Oumar Ly France,
Amadou Sidy Bocoum, (sociologue, ancien ambassadeur)
Alla Dieng (Président de l’Union des Forces Citoyennes/UFC), Cyrill Kpade (Président Mouvement Macky 535)
Mamadou Thiam (Expert en communication et TQM/Total Quality Management)
Pape Chérif BASSENE, Nissire SARR (UCAD, Enseignant-chercheur)
El Hadji Malick DEME (UCAD, Enseignant-chercheur)
Moustapha GUEYE (UASZ, Enseignant-chercheur)
Mandiomé THIAM (UCAD, Enseignant-chercheur)
Alioune DIENG (CESTI, Enseignant-chercheur)
Moussa DAFFE (UCAD, PATS)
Boubacar BALL (RECTORAT, PATS)
Khalifa GAYE (UASZ, Directeur des Bourses)
Amadou Tidiane DIALLO (UCAD, Enseignant-chercheur)
Mamoudou Bocar SALL (DG)
Pierre SAMBOU (Linguistique, Chef de département)
Abdoul Karim TANDJIGORA (UCAD, Enseignant-chercheur)
Ousmane Baba ANNE (Dentiste)
Saliou Cheickhou SABALY (Paris)
Cherif Daha BA (UCAD/FLSH, Enseignant-chercheur)
Abdoulaye Bibi BALDE (UCAD, Ancien ministre)
Fatimata KANE SOW (UCAD, Enseignant-chercheur)
Mahy DIAW (UCAD, Enseignant-chercheur /Recteur)
Mouhamadou Hady DEME (UCAD, Enseignant-chercheur)
Cherif BALDE (UASZ, Enseignant-chercheur)
Diatou THIAW (UCAD, Enseignant-chercheur)
Courfia DIAWARA (UASZ, Enseignant-chercheur)
Saliou NGOM (ISRA, Directeur de la Protection Végétaux)
Aminata Collé LO (Enseignant-chercheur)
Boubacar FALL (UASZ, Chef de département)
Kemo BALDE (UAM, Enseignant-chercheur)
Aboubacry SOKOMO (UIDT/THIES, Enseignant-chercheur)
Demba SOW (ESP-UCAD, Enseignant-chercheur, Ancien Député)
Mouhamadou Lamine DIALLO (UCAD/FASTEF, Enseignant-chercheur)
Ousseynou THIAM (UCAD/FASTEF, Enseignant-chercheur)
Souleymane NIANG (RECTORAT/DISI/Centre Calcul Informatique PATS)
Thierno Boubacar BARRY
Idrissa BALDE (UGB, Enseignant-chercheur/Maire)
Mbossé Ndiaye GUEYE (UGB, Enseignant-chercheur)
Sadibou AIDARA (UGB, Enseignant-chercheur)
Alassane AW (ENSAE, Enseignant-chercheur)
Amadou Sidy Aly BA (UGB/UFR SEG, Enseignant-chercheur)
Mamadou BA (UGB, Enseignant-chercheur)
El Hadji DEME (UCAD, Enseignant-chercheur)
Hamat DIA (UASZ, Enseignant-chercheur)
Issa DIAGNE
Moustapha Lo DIATTA (UASZ)
Mamadou Abdoul DIOP
René Ndimag DIOUF
Mathioro FALL (UIDT, Enseignant-chercheur)
Ibrahima MENDY (UASZ, Enseignant-chercheur)
Papa Ogo SECK (UGB, Enseignant-chercheur)
Ahmadou Bamba SOW
Ndeye Ngom POUYE (UCAD/FLSH, Enseignant-chercheur)
Boubacar BA (UGB, Enseignant-chercheur)
Serigne Amadou NDIAYE (UCAD, Enseignant-chercheur)
Abdourahmane SOW (UGB, Enseignant-chercheur)
Fatimata KANE (UAM, COMMUNICATION)
Mamadou Amadou SECK (ESP/UCAD, Enseignant-chercheur)
Ousseynou DIOP (FMPOS/UCAD, Enseignant-chercheur)
Babacar TOUMBOU (UIDT/THIES , Enseignant-chercheur)
Cheikh SAKHO (UCAD, Enseignant-chercheur)
LA VIOLENCE D’ÉTAT À L’ASSAUT DE LA DÉMOCRATIE
Encore « sous tension » il y a deux mois, notre pays est désormais au bord du précipice. La peur panique d’un changement de régime à la faveur des élections de 2024 est évidente - COMMUNIQUÉ DU MOUVEMENT FONK SA REEW
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du mouvement Fonk Sa Reew, daté du 20 février 2023, relatif à la situation sociopolitique nationale.
« La violence d’État gratuite exercée le 16 février dernier sur le citoyen Ousmane Sonko et ses partisans interpelle la conscience de tous les Sénégalais épris de paix et de justice. Les forces de sécurité ont brisé la vitre de son véhicule pour l'en extraire de force, sans mandat d’arrestation. Il a, ensuite, été conduit de force à son domicile, alors qu'il n'est pas assigné à résidence, puis empêché de force et avec usage de gaz lacrymogène de participer à une conférence de presse de son parti, là aussi, sans base légale d'aucune sorte. Comme l'observait le Manifeste Fonk Sa Réew de décembre 2022, le régime politique actuellement au pouvoir au Sénégal fait maintenant fi de toute apparence de respect des libertés des citoyens en « s'affranchissant de façon outrancière des normes et des formes que lui impose l’État de droit ». Ces évènements ont été filmés en plein jour et le monde entier est témoin de cette grande honte pour le Sénégal.
Encore « sous tension » il y a deux mois, notre pays est désormais au bord du précipice. Les deux jeunes gravement blessés le jeudi 16 février à Bignona et les affrontements de Mbacké du vendredi 10 février, faisant suite à l'interdiction d'un meeting du Pastef, en sont une dernière illustration navrante. Plus d’une centaine d’opposants et d’activistes sénégalais de tous âges, dont une mère de famille, sont actuellement détenus, alors qu’ils étaient (déjà) des dizaines de trop en décembre. C'est à croire qu'au cours de ces derniers mois, nos autorités ont pris le parti délibéré d’emprisonner le plus d’opposants et d’activistes possible ; ceci à la faveur d'un climat de confrontation et de violence politique instauré par la radicalité de décisions administratives et judiciaires extrêmement contestables.
Ces actions ont une caractéristique marquée, car elles ciblent ’une frange précise de l’opposition dont les membres et dirigeants sont traités en ennemis et poussés à la défiance, puis à la révolte. « Isoler et encercler l’ennemi principal » : cette vieille tactique des guerres de guérillas des années 50 semble avoir fait école pour s’installer au cœur de la pratique politique d’un État radicalisé dans la déviance des règles de base de l’Etat de droit. Les journalistes et leurs outils de travail ne sont pas épargnés, avec des coupures de signaux répétitifs et des emprisonnements de membres de leur corps, portant ainsi gravement atteinte à la liberté de presse et au droit à l'information des sénégalais, garantis par l'article 8 de la constitution.
La peur panique d’un changement de régime à la faveur des élections de 2024 est évidente. Pourtant, rien dans une démocratie « sobre et vertueuse » ne devrait justifier une telle politique du pire. Par conséquent, ayant en bandoulière l’adage jadis cher à Cheikh Anta Diop, « wara wax, wax », le Mouvement Fonk sa Reew exige la libération sans délai de tous les détenus politiques et la cessation des persécutions et des arrestations arbitraires afin d’apaiser le climat socio-politique. Nous exigeons aussi la lumière sur les disparitions et morts suspectes, ainsi que des enquêtes sérieuses et approfondies pour identifier et punir les auteurs des crimes odieux commis depuis les événements de mars 2021, y compris sur 17 jeunes sénégalais. Le droit de manifester et de se réunir des partis politiques et les libertés citoyennes, qui sont garantis par la constitution, doivent être impérativement respectés et protégés par l’Etat.
Il est essentiel que les institutions de la République jouent pleinement leur rôle dans le respect de leurs prérogatives propres et de l’indépendance que leur confère la Constitution. L’Etat de droit, dont le Sénégal se réclame, ne doit pas être un simple slogan, mais une réalité qui s'impose à l'État comme aux citoyens et qui se reflète dans les comportements de toutes les administrations et corps de l'État.
La prochaine élection présidentielle de février 2024 polarisent l’attention de l’opinion nationale comme internationale. Elle devra être sincère, transparente, inclusive et ouverte, dans le respect du droit citoyen à briguer librement les suffrages des Sénégalais. Ceux-ci auront l'entière liberté de choisir la personne qu’ils jugent à même de représenter au mieux leurs intérêts et de diriger les réformes nécessaires au sommet de l’État. Les autorités en charge de l'élection ont la responsabilité d’en assurer la fiabilité et la crédibilité, depuis l'inscription dans le fichier électoral de tous les sénégalais en âge de voter, jusqu'au vote, la proclamation des résultats et le suivi post-électoral. Ce n’est que de cette manière que la paix sociale et la continuité du Sénégal en tant que nation démocratique majeure pourraient être assurées.
La responsabilité première en revient au président sortant, M. Macky Sall, qui, autant au plan juridique que moral, n’a pas le droit de briguer un troisième mandat. Le respect de la parole donnée – une valeur sénégalaise fondatrice – et l’article 27 al. 2 de la constitution, stipulant que « nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs », le lui interdisent. Il serait, toutefois, naïf, au vu des discours révisionnistes des partisans du régime, d'attendre béatement de lui la grandeur d'âme et la hauteur de vue – à la Mandela – que nous sommes en droit d'espérer. C’est dans cet esprit que nous appelons tous les démocrates sénégalais à s'unir dans un front puissant de défense de l'État de droit, de l'équité judiciaire et des libertés citoyennes. Sans justice et respect de la constitution, de la dignité humaine et des lois régissant les rapports entre citoyens, il ne saurait y avoir de paix et de cohésion sociale stable et durable. »
KHALIFA SALL, SAUVEUR DE BBY ?
L’ancien maire de Dakar multiplie les appels à l’endroit de son parti d’origine - le Parti socialiste - mais aussi à l’intention de tous les partis de gauche constituant le socle de la majorité présidentielle
Loin des affrontements, de l’odeur nauséabonde des grenades lacrymogènes et autres invectives qui polluent le climat politique à Dakar, Khalifa Ababacar Sall, qui continue tranquillement sa campagne dans la diaspora et à l’intérieur du pays, joint sa voix à l’appel au dialogue, invite la famille socialiste et une partie de Benno Bokk Yaakaar à soutenir sa candidature. Souvent donnant rendez-vous aux Sénégalais. ‘’Vous allez voir bientôt… ’’, ne cesse-t-il de lancer, sans autre précision.
Après Barthélemy Dias, Khalifa Ababacar Sall embouche la trompette du dialogue pour apaiser le climat politique. Dans un entretien accordé à la chaine Alkuma TV, dans le cadre de sa tournée politique dans le Sénégal oriental, le candidat à la Présidentielle a confirmé son poulain. Interpellé sur la sortie de ce dernier demandant au président d’ouvrir des discussions, il rétorque : ‘’Je suis totalement en phase avec Barthélemy Dias. D’abord, vous savez que personne ne peut reprocher à Barthélemy d’être un poltron ; personne ne peut dire qu’il demande des discussions, parce qu’il a peur. Mais ce que les Sénégalais ne savent pas de Barthélemy, c’est qu’il est fondamentalement politique. Barthélemy est un militant ; il a le sens de l’opportunité ; il a des jugements pointus. S’il le dit (il a dit que Macky Sall a peut-être peur pour son avenir et celui de ses proches, en laissant entendre qu’il est possible de négocier : NDLR), c’est parce qu’il le sent. Je pense que c’est quelque chose de bien possible.’’
Le socialiste ne s’est pas arrêté en si bon chemin. A l’en croire, le Sénégal est un pays de dialogue. ‘’Dans ce pays, affirme-t-il, de Senghor à maintenant, on a connu toutes sortes de difficultés, mais le dialogue n’a jamais été exclu. Ce qui complique la tâche cette fois, tout le monde le sait ; il faut aussi le dire. D’abord, c’est la troisième candidature. Ensuite, ce sont les brimades de ce régime contre l’opposition. Ce pouvoir a mis tout le monde en prison. Tout le monde. C’est ce qui doit cesser. S’il arrête de taper sur les opposants, d’appeler à un dialogue, les gens peuvent discuter. Parce qu’aussi, même la guerre mondiale s’est terminée dans la discussion. Maintenant, tout dépend également de ce qu’on entend par le dialogue. Si l’objectif est de pacifier l’espace politique, si cela doit permettre à tous les candidats de participer, si nous nous mettons d’accord sur les règles jeu, pourquoi pas’’.
En fait, ils sont nombreux les acteurs à penser que le président de la République ne veut pas lâcher le pouvoir de peur de représailles contre lui ou ses proches en cas de perte de pouvoir. Si Barth et son mentor s’accordent à vouloir lui aménager une possible sortie honorable, Ousmane Sonko, lui, a été plus ou moins nuancé.
Dans l’une de ces dernières déclarations, il disait : ‘’Les Sénégalais ne doivent plus rien à Macky Sall. Ils lui ont tout donné. Il faut qu’il sache que ce n’est pas lui qui va nous imposer qui sera le prochain président de ce pays. Les Sénégalais vont choisir librement celui ou celle en qui ils ont confiance. Il ne va nous imposer personne. Ni quelqu’un qui vient de son camp ni un membre de l’opposition. Abdoulaye Wade ne nous avait imposé personne. Macky Sall, non plus, ne va pas nous imposer son successeur… Certains disent qu’il faut le rassurer, qu’il faut lui donner des garanties… Est-ce que lui avait donné des garanties à Abdoulaye Wade ? Et puis, de quoi a-t-il peur ? Pour quelqu’un qui a toutes les immunités, qui ne peut être poursuivi qu’en cas de haute trahison, de quoi a-t-il peur ? Il n’a qu’à terminer son mandat et organiser des élections, partir tranquillement’’.
‘’J’ai constaté que toutes les forces de gauche dont les 2/3 sont dans Benno Bokk Yaakaar ont décidé de se battre’’
Khalifa pourrait-il être le recours du président et de Benno Bokk Yaakaar que Macky Sall pourrait essayer de proposer ? Une chose est sûre : de plus en plus, l’ancien maire de Dakar fait allusion à son passé dans la coalition Benno Bokk Yaakaar et multiplie les appels à l’endroit non seulement de son parti d’origine - le Parti socialiste - mais aussi à l’intention de tous les partis de gauche qui constituent le socle de la majorité présidentielle.
Dans le cadre de sa tournée politique, l’ancien maire de Dakar a réaffirmé : ‘’J’ai constaté que toutes les forces de gauche, dont les 2/3 sont dans Benno Bokk Yaakaar, ont décidé de se battre. S’ils doivent se mettre autour d’une candidature de gauche, je pense que je suis le mieux placé et le mieux indiqué pour être leur candidat.’’ Tout cela intervient dans un contexte où, à Pastef, des partisans s’interrogent de plus en plus sur l’absence d’un soutien actif des deux leaders, surtout celle de Barthélemy Dias accusé de n’avoir même pas publié un message de soutien sur sa page.
Pendant ce temps, Khalifa Sall continue de tisser sa toile dans le Sénégal des profondeurs, de multiplier les appels à l’endroit non seulement des forces de gauche de Benno Bokk Yaakaar, mais surtout du Parti socialiste.
Hier encore, il a remis ça : ‘’A travers Douga (le siège de Taxawu porte son nom), Lansana (Kanté responsable de Taxawu à Tamba : NDLR) a lancé un appel à la réconciliation de la famille socialiste à Tamba. Ce qui vient amplifier l’appel que j’ai fait sur le plan national. Nous rendons grâce au Bon Dieu parce que non seulement la famille de Douga est venue, mais tous les camarades du PS que je connais dans la région sont venus. Et bientôt, vous aurez d’autres bonnes nouvelles. Parce que comme vous l’avez constaté dans les autres localités, nos camarades socialistes de la base sont en train de répondre favorablement à notre invitation. Vous allez bientôt les entendre.’’
Sous le concept ‘’Motali Yéene’’, Khalifa Ababacar Sall veut ainsi convaincre de sa candidature pour 2024 dont il n’a plus aucun doute de la recevabilité, mais aussi essayer d’implanter sa plateforme dans toutes les localités du Sénégal. Dans ce cadre, l’étape de Tamba a été remplie d’émotion, selon lui, car c’est là où la machine judiciaire l’avait stoppé net en 2017, pour l’envoyer en prison. Il révèle : ‘’On m’avait dit que si tu n’arrêtes pas les tournées, tu iras en prison. Je leur avais dit : vous pouvez alors préparer ma cellule, parce que je n’arrêterai pas.
Les partisans du ministre de la Justice d’alors nous avaient attaqués ici. Et comme vous le savez, nous sommes de Dakar, de Grand-Yoff, nous ne provoquons personne, mais quand on nous provoque, on répond. Nous sommes comme le porc-épic, qui s’y frotte s’y pique. Nous avions donc porté la réplique. C’est pourquoi il (le ministre de la Justice de l’époque, Sidiki Kaba) n’a pas été que mon ministre de la Justice, mais plutôt mon procureur. Il s’est beaucoup substitué à Bassirou Guèye. Lui et Ismaila Madior. Je suis donc revenu dans la joie, dans l’apothéose. Je rends grâce à Dieu. Ce qui se passe en ce moment a effacé ce qui s’est passé en 2017.’’