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20 juin 2025
CES POINTS NOIRS DE LA JUSTICE SÉNÉGALAISE
Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux a présidé ce matin à Dakar, la Conférence annuelle des chefs de parquets. Une tribune saisie par Ismaila Madior Fall pour lister les défis du secteur de la justice qui demeurent persistants.
Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux a présidé ce matin à Dakar, la Conférence annuelle des chefs de parquets. Une tribune saisie par Ismaila Madior Fall pour lister les défis du secteur de la justice qui demeurent persistants.
« Il faut dire que des défis du secteur persistent : il s’agit des longues détentions préventives, le recours fréquent aux mandants de dépôt ; le surpeuplement carcéral ; des dossiers en attente de règlement. Il y a aussi la lutte contre le terrorisme, la traite des personnes, les blanchiments de capitaux », a d’emblée listé le ministre de la Justice devant un parterre de procureurs.
Il souligne en poursuivant son mot que « les réponses demeurent relatives ». Parce qu’il est ainsi convaincu que le port de bracelet est, par exemple, l’une des solutions pour désengorger les prisons. « Son usage pourrait être considéré comme un indicateur de performance. Dans le secteur, des mesures conservatoires sont rarement utilisées », a-t-il fait savoir.
Sur la liste des problèmes du secteur, le garde des sceaux y inscrit la disponibilité des statistiques. « Mais la modernisation des casiers judiciaires devrait permettre d’avoir des données », a-t-il rassuré dans ce sens.
Auparavant, il avait insisté sur l’intérêt de la circulaire de politique pénale. À ce titre, il indique qu’il s’agit d’un moment privilégié de dialogue. Il s’agit d’un rituel ancré dans la chancellerie, de voir son état d’exécution de la politique pénale du gouvernement. « Depuis plus de 3 ans, depuis sa mise en œuvre, c’est l’heure du bilan, le choix du thème porte sur les nouvelles formes de criminalité et les attentes des populations », a-t-il partagé.
Aux procureurs, Le ministre de la Justice dira : « L’essence de votre mission, c’est de veiller à l’application de la loi ». Parce qu’il est d’avis que « l’appareil judiciaire doit être efficace pour renforcer l’état de droit. Ce qui constitue des indicateurs de performance du secteur ».
CAP SUR L’AMERIQUE AVEC UNE INNOVATION DE TAILLE
Après une édition resserrée dans le temps et l’espace au Qatar, la FIFA opte pour le plan large en 2026. Ce sera un Mondial à l’échelle du continent nord-américain, entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, avec pour la première fois 48 équipes.
Après une édition resserrée dans le temps et l’espace au Qatar, la FIFA opte pour le plan large en 2026. Ce sera un Mondial à l’échelle du continent nord-américain, entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, avec pour la première fois 48 équipes. Cerise sur le gâteau, il s’agira d’un format élargi qui permettra notamment à l’Afrique de compter sur pratiquement le double de représentants.
Après une première édition à 13 nations en 1930, puis 16 jusqu’en 1978, ensuite 24 jusqu’en 1994, cette nouvelle inflation concrétise la première grande réforme du président de la Fifa Gianni Infantino, adoptée en 2017 peu après son avènement. Au risque de poser des problèmes inédits en termes de format et de logistique, avec potentiellement un total de plus de 100 matches à programmer, au lieu des 64 rencontres habituelles depuis 1998.
Le tournoi dont le projet est aussi nommé « United 2026 », sera organisé conjointement par les États-Unis, le Canada et le Mexique en juin - juillet 2026. Ainsi, la compétition, 23ème du genre, va réunir 48 pays au lieu de 32, avec les places accordées à l’Afrique qui passent de cinq (5) à neuf (9).
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LA DERNIÈRE DANSE
Mbappé a dansé sur la piste des légendes. Messi a dansé sur la piste de l’émir. Et la dernière a été payante. Messi est peut être mauvais danseur pour un Argentin, mais ses derniers pas sur la scène suprême du Mondial valent le détour.
Mbappé a dansé sur la piste des légendes. Messi a dansé sur la piste de l’émir. Et la dernière a été payante.
Messi est peut être mauvais danseur pour un Argentin, mais ses derniers pas sur la scène suprême du Mondial valent le détour. Sans artifice, sans exubérance, mais de la mesure, de la classe et des pas enchaînés au bon tempo. Du Messi.
Auréolé d’un cape noir par l’émir qatari, il se dandine tenant dans ses mains le trophée qui l’a si longtemps fui et a même fait des caprices ce 18 décembre 2022 avant d’accepter son étreinte. Auparavant, elle a longtemps hésité aux clins d’œil ravageur d’un jeune séducteur à la fleur de l’âge, et qui a tout du gendre idéal, Kylian Mbappé.
Records, étoiles, folie
Le magnifique écrin de Lusail s’était paré d’ors et rempli d’humains pour accueillir ce duel des deux prétendants qui se sont longtemps côtoyés en club, à Paris, avant de se jauger à distance, entre les différents stades de Doha qu’ils ont illuminé pendant un mois. 5 buts et 3 passes décisives pour Messi. 5 buts et 2 passes pour Mbappé, au coup d’envoi d’une finale historique et unique. Alors que le monde attendait une configuration d’une rencontre fermée avec une Argentine repliée sur elle, c’est plutôt l’Albiceleste qui attaque dès la composition d’équipe avec la titularisation de Di Maria. L’ex parisien a fait vivre la misère aux occupants de son couloir, causé un penalty transformé par Messi et marqué le deuxième but avant de sortir en croyant que l’affaire était certainement pliée.
C’était sans compter avec la rage de Mbappé qui, au retour des vestiaires, a claqué un doublé pour remettre les pendules à l’heure de Paris et une dernière banderille pour répondre à nouveau à Messi en prolongation.
Par ce triplé, Mbappé a dansé sur la piste des légendes ultimes. D’abord répondant coup pour coup à Messi avant de le surclasser sur le match et sur le tableau du meilleur buteur du tournoi. Ensuite, ce fut au tour du roi Pelé de voir son record de buts (12) en Coupe du monde égalé. Puis Ronaldo, le Brésilien, se voyait rejoindre au sommet du meilleur buteur sur une édition (8 buts). Et enfin Zidane, dont le record du nombre de buts en finales de Mondial (3 buts) était rangé aux oubliettes. Mbappé a dansé avec les stars et n’était pas loin de se balader sur la dépouille de Messi, dont c’était la dernière représentation en Albiceleste.
Sur la séance des tirs-au-but, Messi et Mbappé ont encore réussi leurs essais avec sérénité, puis leurs lieutenants se sont chargés du reste. Ceux de Messi ont mieux dansé en synchro pour offrir à leur messie une sortie à sa hauteur. Immense.
PRISON REQUISE CONTRE LES DÉPUTÉS AGRESSEURS D'AMY NDIAYE
Les accusés ont nié l'avoir frappée et ont allégué les injures que leur collègue a proférées, selon eux, contre leur chef religieux. Mais le ministère public a demandé qu'ils soient reconnus "coupables de coups et blessures volontaires et menaces de mort"
Le parquet sénégalais a requis lundi deux ans de prison ferme contre deux députés d'opposition jugés à Dakar pour avoir frappé une collègue de la majorité à l'Assemblée nationale, incident qui a fait scandale dans le pays.
Les deux parlementaires ont nié l'avoir frappée et ont allégué les injures que leur collègue a proférées, selon eux, contre leur chef religieux et eux-mêmes. Mais le représentant du ministère public a demandé qu'ils soient reconnus "coupables de coups et blessures volontaires et menaces de mort". Le jugement a été mis en délibéré au 26 décembre.
Les images qui ont circulé en boucle sont très largement perçues comme montrant Massata Samb gifler la parlementaire et Mamadou Niang lui décocher un coup de pied au ventre, en pleine session et en public. Ils reprochaient à la députée Amy Ndiaye d'avoir tenu des propos irrespectueux contre le chef religieux (ou marabout) dirigeant leur organisation, le Parti de l'unité et du rassemblement (PUR). "Amy Ndiaye a insulté mon marabout et s'est attaquée à son honneur", a déclaré Massata Samb à la barre. "Je ne l'ai pas giflée. J'ai essayé d'arracher son foulard", a-t-il dit. "Amy Ndiaye passe son temps à nous injurier", a-t-il ajouté dans un tribunal placé sous protection renforcée et devant de nombreux fidèles du marabout.
L'échauffourée s'est produite le 1er décembre quand Massata Samb a pris à partie depuis la tribune Amy Ndiaye au sujet de déclarations qu'elle avait faites contre le chef du PUR, Serigne Moustapha Sy, un influent marabout. Massata Samb s'en est pris physiquement à elle quand elle a persisté, elle a contre-attaqué et lancé une chaise dans la mêlée, puis s'est écroulée. L'autre prévenu, Mamadou Niang, a dit avoir "voulu éviter la chaise". "J'ai levé la main et le pied par réflexe (...) Je ne l'ai pas frappée", a-t-il dit.
Cette confrontation a été considérée comme symptomatique des tensions entre l'opposition et la majorité, des violences exercées contre les femmes mais aussi du statut intouchable des marabouts. Amy Ndiaye a été hospitalisée après l'incident et risque de perdre son bébé, a dit son avocat, Me Baboucar Cissé. Elle était absente à l'audience. Elle est sortie de l'hôpital, mais "est dans une situation extrêmement pénible", a-t-il dit. "Le délit est flagrant. Aux quatre coins du monde, on a humilié le Sénégal, terni son image", a-t-il plaidé. Il a réclamé 500 millions de francs CFA (environ 750.000 euros) de dommages et intérêts. L'un des avocats de la défense, Me Adama Fall, a plaidé que le procès ne pouvait avoir lieu compte tenu de l'immunité parlementaire de ses clients, mais la cour est passée outre.
Après avoir disparu plusieurs jours, les deux députés se sont présentés le 12 décembre à l'Assemblée, ils ont été placés en garde à vue, puis écroués.
PAR Courani DIARRA
POUR UNE FONDATION DES LIONS
Les Lions ont loupé une autre occasion de marquer l’histoire durant ce Mondial au Qatar. A leur retour prématuré de la grand-messe du football, ils ont bénéficié des largesses du président de la République pour un match non livré et donc non gagné.
Les Lions ont loupé une autre occasion de marquer l’histoire durant ce Mondial au Qatar. A leur retour prématuré de la grand-messe du football, ils ont bénéficié des largesses du président de la République pour un match non livré et donc non gagné. Surprenant cadeau ! Les champions d’Afrique en titre auraient sans doute commis un crime de lèse-majesté en déclinant la cagnotte et puis, par les temps qui courent, qui cracherait sur des dizaines de millions gracieusement offerts ? Mais le coach Aliou Cissé et sa tribu auraient, à leur tour, pu se montrer grands seigneurs.
Une défaite reste une défaite. L’accepter fait grandir le vaincu. La prime versée aux Lions encourage le culte de la médiocrité qui pousse au Sénégal. Ce geste constitue un contre-exemple des valeurs à promouvoir dans notre société : mériter ce qu’on a, entre autres.
Toucher des primes pour des quarts non conquis ne rend sûrement pas fiers les Lions. Pire, elles pourraient leur laisser un goût amer de remords et de gêne. Mais qu’à cela ne tienne ! Puisqu’ils ont empoché la drôle de récompense, autant en faire bon usage ! Par exemple, en cédant chacun, joueurs et membres de la délégation, un quart de cette somme pour constituer une dotation et porter sur les fonts baptismaux la Fondation des Lions du Sénégal. Cet organisme serait dévolu à semer la graine des champions et développer le foot sénégalais, en donnant leur chance à des talents laissés en rade par le système des centres privés de formation et dont le rêve est de se mettre un peu plus près des étoiles, d’égaler le talent de Sadio Mané et d’avoir l’aura d’El Hadj Diouf…
La Fondation des Lions travaillerait également à éradiquer la haine et la violence sous toutes leurs formes dans le foot et dans tous les autres sports. Que ce soit les bagarres dans les gradins, les empoignades qui dégénèrent entre joueurs, les commentaires virulents et décousus sur les plateformes ou encore l’animosité entre associations de supporters. Ce serait là une belle façon de retourner l’ascenseur au peuple sénégalais, un « deloo ndioukeul » à la hauteur de l’affection que les supporters vouent à la sélection. En cela, les Lions devraient plutôt prendre la posture de « game changers » pour changer la donne et améliorer le rapport de nos jeunes à l’effort et à l’argent.
CAN 2025, LE SENEGAL DEMENT
Le Sénégal n’est pas candidat à l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025 retirée à la Guinée, a annoncé, lundi, la Fédération sénégalaise de football (FSF).
Dakar, 19 déc (APS) - Le Sénégal n’est pas candidat à l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025 retirée à la Guinée, a annoncé, lundi, la Fédération sénégalaise de football (FSF).
En septembre dernier, la Confédération africaine de football (CAF) a retiré l’organisation de la CAN à la Guinée en raison du ‘’manque d'infrastructures et d’équipements adaptés'' pour abriter cette compétition continentale.
Plusieurs médias étrangers ont publié, vendredi dernier, une liste de pays candidats à l’organisation de la compétition dans laquelle figure le Sénégal, l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Zambie, le Maroc et une candidature conjointe du Nigeria et du Bénin.
La FSF a sorti un communiqué pour démentir cette information.
Elle précise que ‘’les autorités sportives du Sénégal se focalisent pour le moment sur la construction et la réhabilitation d’infrastructures sportives à travers le pays afin de pouvoir accueillir dans un futur proche une grande compétition continentale.’’
Le 7 décembre dernier, le ministre des Sports Yankhoba Diatara avait annoncé que le Sénégal est candidat à l’organisation de la CAN 2027 et non à celle de 2025.
La CAF annoncera, le 10 février prochain, le nom du pays hôte de la CAN 2025.
LES RECOMPENSES DU LEADERSHIP
L'ONG Enda Ecopop a remis, lundi, les Prix d’excellence du leadership local (PELL) qui récompensent les meilleures réalisations de journalistes-communiquants, chercheurs, communes et des départements
Dakar, 19 déc (APS) - L'ONG Enda Ecopop a remis, lundi, les Prix d’excellence du leadership local (PELL) qui récompensent les meilleures réalisations de journalistes-communiquants, chercheurs, communes et des départements, a constaté l’APS.
Le journaliste Gaustin Diatta, correspondant du quotidien Le Soleil à Ziguinchor a remporté le prix du meilleur article de presse ‘’Babacar Touré''.
Dans la catégorie Doctorants-chercheurs, le prix du meilleur travail scientifique de cette 5ème édition a été remis à Boubacar Camara de l’Université Assane Seck de Ziguinchor. Le parrain de ce prix est feu Docteur Alioune Badiane ancien responsable à ONU Habitat.
La commune de Darou Mousty a remporté le premier prix dans la catégorie ‘’Efficacité et efficience budgétaire''. Les communes de Goumbayel et Pikine Est ont remporté respectivement le 2ème et 3ème prix.
Le premier Prix dans la catégorie ‘’Inclusion, égalité et équité'' a été décerné au Conseil départemental de Goudiry, dans la région de Tambacounda. Bagadaji, dans la région de Kolda et la commune de Tambacounda sont arrivés 3ème et 2ème.
Dans la catégorie récompensant le meilleur projet en participation et engagement citoyen, c’est une autre commune du département de Pikine qui a remporté le 1er prix. Pikine Nord devance Lambaye et Fass Ngom.
Le 1er prix ‘’Solidarité avec les communautés'' est revenu à la commune de Balou, dans le département de Bakel, qui devance la commune de Boulal et le Conseil départemental de Rufisque.
Les prix ‘’Réalisation des politiques publiques et agendas internationaux'' et ‘’Transparence et réédition des comptes'' ont été décernés respectivement aux Conseils départementaux de Podor et de Linguère.
‘’Nous voulons récompenser et rendre visible les bonnes réalisations faites dans les communes et départements pour qu’elles ne soient pas passées sous silence. C’est une manière de donner en modèle les communes et départements qui font du bon travail’’, a dit le Directeur exécutif de Enda Ecopop, Bachir Kanouté, lors de la cérémonie de remise de trophées.
Selon lui, le PELL s’adresse aussi aux journalistes-communicants et chercheurs qui sont un pan important de la gouvernance locale.
Les organisateurs ont également remis des trophées aux lauréats de l’édition 2020, dont la cérémonie n’avait pas été organisée en raison de la Covid-19.
L’ŒUVRE DE SAFI FAYE ET KHADY SYLLA
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KADDU BEYKAT, UNE LETTRE PAYSANNE SUR LE TRAVAIL, LA TERRE ET LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE AU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS - De cette culture coloniale qui a dominé la production de riz et de mil, le grand-père de Safi Faye à qui le film est dédié dira : ‘Si l’arachide appauvrit nos terres et nous appauvrit, de quelle utilité nous est-elle ?’
Série de revues sur l’oeuvre des réalisatrices Safi Faye et Khady Sylla
Co-éditrices de la série : Tabara Korka Ndiaye et Rama Salla Dieng
Khady Sylla et Safi Faye, des noms qui devraient résonner dans notre imaginaire collectif tant elles ont été pionnières, dans leur art et dans leur vie parce que pour elles, l’art, c’est la vie. Leur vie et leur œuvre nous ont particulièrement ému. Pourtant, elles semblent porter en elles, la marque de celles vouées à être des égéries en avance sur leur temps ! Le tribut en est lourd. Si lourd ! Et si dramatique. On demeure sur sa faim. Sur la promesse d’un potentiel. On reste sur le regret de ce qu’elles auraient pu être, auraient dû être, si célébrées comme le monstrueusement gigantesque Sembène. On reste sur les si…sur la fleur de toute l’œuvre dont elles étaient fécondes.
Safi Faye a en tout réalisé treize films : La Passante (1972), Revanche (1973), Kaddu Beykat (Lettre paysanne) (1975), Fad’jal Goob na nu (La Récolte est finie) (1979), Man Sa Yay (1980), Les Âmes au soleil (1981), Selbé et tant d’autres (1982), 3 ans 5 mois (1983), Ambassades Nourricières (1984), Racines noires (1985), Tesito (1989), Tournage Mossane (1990) et Mossane (1996).
Elle s’est surtout intéressée au monde rural, à l’émancipation de la femme comme à l’indépendance économique et au poids des traditions, le tout en pays sérère.
Khady Sylla pour sa part, a été une férue de l’auto-exploration, pour théoriser depuis l’expérience propre. D’abord celle des marginalisés de la société avec Les bijoux (1998), Colobane Express (1999) qui capturent l’expérience du transport urbain avec un chauffeur de car rapide et son apprenti, puis la sienne avec Une fenêtre ouverte (2005) dans lequel elle parle de la santé mentale et enfin Le monologue de la muette (2008) qui parle des conditions de travail des ‘bonnes’. Auparavent, en 1992, Khady Sylla a publié chez L’Harmattan un superbe roman : le jeu de la mer. Les mots, Khady les jongle comme elle s’y accroche car ils la maintiennent en vie. Ainsi qu’elle le reconnaît dans Une fenêtre ouverte : ‘on peut guérir en marchant’.
Dans cette série, nous vous proposons nos regards croisés sur l’oeuvre de Safi Faye et de Khady Sylla, ceux d’une curatrice, créative et chercheuse Tabara Korka Ndiaye dont le projet s’intitule ‘Sulli Ndaanaan’ et celle d’une auteure, créative et universitaire, Rama Salla Dieng, passionnée de documenter la vie et l’oeuvre des oublié.e.s, marginalisée.e.s et silencié.e.s, toutes les deux férues de film, de musique et de littérature.
Kaddu Beykat (1975), Une lettre paysanne sur le travail, la terre et la souveraineté alimentaire au Sénégal
Autrice : Rama Salla Dieng
‘Je vous écris pour vous dire que je vais bien
Quant à moi je vais bien.
C’est ainsi que commencent les lettres chez nous…
Voici ma famille, mon village, mes parents agriculteurs.’
Ainsi débute Kaddu Beykat ou Lettre Paysanne, film tourné et réalisé par Safi Faye à Fad’jal, en pays Sereer sénégalais. Fad’jal est le village des ancêtres de Safi Faye et le film raconte la condition des paysans de ce village situé à 100 kilomètres de Dakar, et dont l’agriculture est soumis aux aléas climatiques et au diktat de l’arachide. De cette culture coloniale qui a dominé la production de riz et de mil, le grand-père de Safi Faye, à qui le film est dédié et décédé seulement onze jours après la fin du tournage dira : ‘Si l’arachide appauvrit nos terres et nous appauvrit, de quelle utilité nous est-elle ?’
Les mots de son grand-père, qui fut agriculteur toute sa vie durant, résonnent d’ailleurs comme mots de fin du film. Kaddu Beykat, paru en 1975 remportera le Prix George Sadoul la même année, et reflète les qualités d’ethnographe de Safi Faye, diplômée en anthropologie sociale de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) de Paris. Native de Dakar, Safi choisit son village Sereer comme terrain et comme objet d’études en s’intéressant à ses ‘coutumes et rites traditionnels’ pour l’obtention de son certificat d'ethnologie à l'École Pratique des Hautes Études (EPHE) de Paris.
Le mérite intellectuel du film se situe dans le fait que Safi choisit le vrai au vraisemblable. Dès le début, elle campe le cadre géographique du film :
‘Nous habitons un petit village à côté d’un bras de mer. C’est un village Sereer.
Le revenu annuel d’un paysan est de 20000 francs cfa.
Normalement il pleut trois mois par an mais depuis quelques années la pluie se fait rare. Et pourtant la terre ne ment pas… Vous allez vivre un moment chez moi’
En choisissant donc Fad’jal comme toile de fonds de l’histoire d’amour entre Ngor, un jeune paysan du village et sa promise Coumba, qu’il ne peut épouser depuis deux ans du fait de la situation de l’agriculture qui ne permet plus la subsistance du fait des changements climatiques et de la domination de la culture de rente arachidière introduite par la colonisation puis imposé par les politiques agricoles successives du gouvernement sénégalais, Safi fait le choix de l’auto-ethnographie en transposant son histoire familiale à celle de l’économie politique et sociale du bassin arachidier, microcosme vivant du Sénégal rural de l’époque.
En effet, en 1975, alors que le monde entier était soumis aux crises financières et à la crise du pétrole, le Sénégal comme presque tous les pays du Sahel était aux prises avec les sécheresses. Une situation qui sera si intenable et aux antipodes d’avec la promesse de ‘Naatange’ du président Senghor, que les autorités du pays en appelleront à l’intervention des institutions financières internationales. Trois ans plus tard, en 1978, le pays adopte le Plan d’Ajustement économique et financier qui durera jusqu’à l’adoption de la nouvelle politique agricole en 1985. Ces politiques semblent si loin des préoccupations prosaïques de survivance des paysans que lorsque le maître d’école leur lit le journal pour les informer de la teneur de ces nouvelles politiques du gouvernement, ils lui rétorquent par voix interposées produisant un concert de doléances dont l’écho produit une mosaïque de dissonances entre gouvernants et gouvernés. Sous l’arbre à palabres de Fad’jal, d’abord un homme d’âge mûr prend la parole :‘La politique ne nous concerne pas . On n’a pas vu de politique. On ne connaît que notre politique : et c’est un repas par jour pendant 6 mois (buñu añee du ñu reer).’
Puis un autre: ‘On n’a pas de bétail à égorger.’
Un jeune: ‘Pour mon mariage, mon père m’a égorgé une vache mais pourrais-je en faire de même pour mes enfants à leur mariage?’
Un autre : ‘Notre politique est qu’aucune de nos filles n’a de dot, et ne peuvent se marier car les hommes n’ont rien à leur donner. Maintenant tous nos enfants vont dans la grande ville chercher du travail.’
Terminant laconiquement par : ‘C’est cela notre politique.’
Ces doléances dépeignent bien la situation des principaux protagonistes car Ngor ne peut épouser sa bien-aimée du fait des dures réalités de la domination d’une culture de rente : l’arachide dont la production a pris le dessus sur une économie rurale jadis de subsistance et nourricière, finalement sous le joug de la sécheresse. Malgré ces pénibilités, le film révèle aussi les temporalités bien propres à Fad’jal, ce village, oasis organisé selon une division du travail bien nette basée sur le genre et l’âge. Des hommes d’âge différents sont filmés en train de cultiver la terre tandis que les femmes et les jeunes filles sont à la cuisine, s’occupent des enfants, et font le linge. De plus, il y a aussi une organisation sociale des responsabilités de production des cultures vivrières. Par exemple, la culture du riz est réservée aux femmes tandis que les hommes cultivent le mil et l’arachide. Y est montré le respect des rites, normes culturelles et cultuelles du travail qu’il soit agricole dans les champs, ou domestique, à la maison. On sème, plante et cultive en invoquant les esprits des ancêtres dans la culture Sereer: les pangool , en prenant soin de leur faire des offrandes et en veillant à enterrer certaines racines qui ont le pouvoir de fertiliser la terre.
Fad’jal est aussi bien abrité des turpitudes et charmes corrupteurs de ‘la grande ville’ à l’appel de laquelle Ngor ne résistera pourtant pas car il y va pour se trouver un travail pour réunir la dot nécessaire pour épouser sa bien-aimée. Kaddu beykat est aussi et surtout un film sur le travail qui ritualise les rôles sociaux ainsi que l’appartenance à la communauté. Mais la valeur du travail et du produit de ce travail semble avoir été anéantie. En témoignent les vieux, encore eux, sous l’arbre à palabre de Fad’jal, offrant une noix de cola à un vendeur de chaussures qui rentrera bredouille car il n’y a pas d’argent : xaalis amul.
‘Le coût de la vie est cher et on ne tire rien de la culture de l’arachide. Dans notre jeunesse, on ne manquait ni de mil ni de riz et cela durait toute l’année. Les greniers étaient toujours remplis. Maintenant quand tu cultives l’arachide, on te donne un ticket alors que tu dois pouvoir résoudre tes besoins lors des cérémonies de mariage ou de baptême. Tu cherches quelqu’un qui a de l’argent pour lui vendre ta note de crédit mais au rabais.De ce fait, tu perds ton hivernage car ton produit ne vaut rien (ne te sert à rien). C’est du vol !’
Contraint d’aller à la grande ville dans sa quête de travail et muni de son seul baluchon de vêtements, Ngor débarque à l’avenue Malick Sy de Dakar. Il trouve du travail et sera plusieurs fois renvoyé, fera tous les petits boulots imaginables, rencontrera ses sept compagnons de chambres, autant d’histoires d’infortune dans la quête de labeur. Et la ville semble représenter tout ce que n’est pas Fad’jal, le bruit, la foule, l’avidité, l’inimitié, la roublardise. Cette transposition des deux cadres de vie montre d’un côté la famille, la familiarité et de l’autre l’inconnu, la jungle et l’hostilité. Ngor fit finalement le choix du premier et exhortait les personnes de son village à ne plus préférer l’exode rural à l’agriculture dans leur terroir. Par sa voix, c’est la voix du grand père de Safi Faye qui exprime le choix de la terre, des cultures et des méthodes des aïeux car comme ils le disent à Fad’jal: ‘la terre ne ment pas’.
Quarante-huit ans après la parution de Kaddu Beykat, les paysans sénégalais semblent toujours vivre une relation distante avec leur État qui s’est peu ou prou désengagé de l’agriculture depuis les politiques d’ajustement structurel comme le raconte si bien Ken Bugul dans le Trio Bleu. De plus, au mythe du trop-plein de terres à cultiver mais pas assez de travail, la question agraire semble s’être transformée et avec elle, le cordon ombilical que maintient la mobilité entre l’urbain et le rural, le domestique et l’international comme le montre si bien Sembène dans La Noire de... Cependant la nouvelle équation semble être celle d’un trop-plein de demande de travail mais pas assez de terres, une question qui a taraudé deux autres sérères, les défunts Jacques Faye et Abdourahmane Faye.
Paix à leur âme !
Kaddu Beykat reste d’actualité car il pose en définitive les questions de la souveraineté économique (y compris agricole) et politique.
À ROSARIA, LA FIERTÉ D'ÊTRE LA TERRE DE DES MESSI ET DI MARIA, CHAMPIONS ET BUTEURS
Nulle part sans doute plus qu'à Rosario, pépinière historique de cracks du football argentin, la joie du 3e titre n'a été chantée, pleurée, fêtée dimanche, avec l'extase en plus d'avoir deux de ses fils, Messi et Di Maria, à la fois champions et buteurs
"C'est fou, il n'y a pas de mots pour l'expliquer. Messi est de Rosario, Di Maria est de Rosario, ils ont marqué les buts aujourd'hui et ils nous ont donné la Coupe ! Vivre ici, ça n'a pas de prix", lançait Emiliano Gamara, employé de restauration de 31 ans, revenu spécialement d'Irlande, où il travaille, pour regarder le match en famille.
Comme beaucoup d'autres villes d'Argentine, Rosario, à 300 km de Buenos Aires, 3e ville du pays avec 1 million d'habitants, a été tout au long de dimanche un flux de maillot ciel et blanc vers les divers écrans géants ou, dans ce cas, un bar.
Mais ici, c'est spécial. Si l'Argentine considère dans le monde qu'elle un relation spéciale avec le football, Rosario considère en Argentine qu'elle une relation encore plus spéciale avec ce sport.
C'est qu'entre Kily Gonzalez, Javier Mascherano, Gabriel Batistuta, Giovani Lo Celso, les "Rosarinos" et "Santafesinos" sont légion au panthéon de l'Albiceleste, qu'ils soient nés ou aient éclos dans ce grand port sur les rives du Parana ou dans sa province, Santa Fe.
- Quand les rivaux éternels s'enlacent -
Idem pour les entraîneurs emblématiques : Cesar Luis Menotti, coach du sacre 1978, Marcelo Bielsa, Mauricio Pochettino... Et Lionel Scaloni lui-même, entraîneur désormais champion du monde originaire de Pujato, un village à 35 km de Rosario.
"Cette équipe le mérite ! C'est fou, surtout pour Messi, qui n'a jamais baissé les bras et fait tant d'efforts. C'est un grand", déclarait à l'AFP Martin Reina, 23 ans, s'effondrant en larmes dans le bar traditionnel El Cairo.
Messi, qui du haut d'une fresque géante (70 m) dévoilée fin 2021 sur un pan de gratte-ciel semblait veiller sur les dizaines de milliers de "Rosarinos" réunis pour festoyer autour du Monument au drapeau, l'équivalent de l'Obélisque de Buenos Aires.
Messi est parti enfant de Rosario, -un premier contrat à 13 ans à Barcelone- après être passé par les équipes de jeunes de Newell's Old Boys, l'un des deux grands clubs historiques de la ville, depuis l'âge de 7 ans.
Angel Di Maria, lui, est issu du grand rival de Newell's, Rosario Central, où il a débuté à 17 ans en 1re division. Avant, "Fideo" ("Spaghetti", surnom affectueux lié à sa longue et mince silhouette) avait fait ses débuts sur le terrain pelé du Club Atletico El Torito, au nord de la ville.
L'amour de l'Albiceleste, en plus de la liesse du sacre mondial, a offert à Rosario l'émouvant spectacle de voir les supporters de deux clubs rivaux, au relations souvent violentes par le passé, s'unir dans une même marée ciel et blanc.
Fan acharné de Rosario Central, Ariel Chinazzo, 19 ans, avoue avoir pleuré lorsqu'il a appris que le milieu Giovani Lo Celso, un ancien de "Central" et parfait associé de Messi sur le terrain, ne jouerait pas le Mondial, insuffisamment remis de blessure.
"Mais je l'aime, Messi. Peu importe qu'il soit de Newell's, nous sommes tous Argentins !", lançait-il dans l’euphorie de la victoire.
"Cette sélection unit tout le monde. On voit des supporters de Central et Newell s'étreindre et chanter. C'est la plus belle chose qui soit. Tout le monde chante et pousse ensemble derrière la sélection", s'émerveillait Nahuel Cantero, un comédien de 21 ans.
"Ce mois de décembre, la +Séleccion+ nous a donné sept jours --autant que les matches disputés au Mondial-- pour célébrer, être tous unis sans distinction", dit-il.
Car rassembler les "Lépreux" de Newell's et les "Voyous" de Rosario, comme ils se surnomment élégamment, est un autre des aboutissements de ce sacre mondial.
par Amadou Tidiane Wone
L’ESSENTIEL ET L'INUTILE
Il est impératif de prendre le temps qu’il faut pour analyser les mécanismes de la roublardise de fonctionnaires indélicats en cheville avec des affairistes en tous genres qui se sont sucrés sans pudeur sur la misère, la maladie et... les morts du Covid
Le débat public dans notre pays a un besoin urgent de faire la part des choses entre l’essentiel et l'inutile. Une urgence à séparer le nécessaire du dérisoire. Une impérieuse nécessité de distinguer, le faux semblant de la réalité, nous interpelle et attend !
Sous toutes ces perspectives, ce qui me semble devoir figurer à l'ordre du jour de l’essentiel c'est, pour nos gouvernants, de nous édifier sur la réalité, ou non, des faits dénoncés au grand jour par le dernier rapport de la Cour des Comptes du Sénégal. Au vu des sommes astronomiques en jeu, vue la facilité déconcertante avec laquelle des montants importants ont migré du Trésor Public vers des destinations privées, dans un contexte de pandémie mondiale, il convient de s’arrêter un moment.
Il est impératif de prendre, le temps qu’il faut, pour analyser les mécanismes de la roublardise et de l’incurie de fonctionnaires indélicats en cheville avec des affairistes en tous genres qui volent, détournent, bref se sont sucrés sans pudeur sur la misère, la maladie et... les morts du Covid !
Ne nous laissons pas distraire. Le sujet est sérieusement grave. 1000 milliards sont en jeu !
Même l’actualité parlementaire tragi-comique pourtant, en est devenue… dérisoire et inaudible (!) face à la déflagration suscitée par le rapport de la Cour des Comptes. Ce rapport éclaire des faits dénoncés à d’autres égards, par plusieurs observateurs depuis le dérapage de la gouvernance « sobre et vertueuse » promise il y a…si longtemps !
Les faits divers, par lesquelles on a voulu capturer nos attentions, sont dès lors amortis et…dérisoires. Le scénario des allusions perfides et des machinations sordides s’essouffle. Les relances médiatiques sont devenues inopérantes. Même la magie de la Coupe du monde n’a pas opéré. Et nous attendons, au demeurant, le bilan financier et moral de cette expédition au Qatar à 30 milliards CFA annoncés.
Cela étant dit, raser la maternité de l’hôpital Aristide Le Dantec, récemment rénovée à l’identique au titre du patrimoine historique classé, est d’un mauvais goût inqualifiable. Cet édifice, distinctif de l’architecture Soudano-sahélienne entrait dans le cadre de la démarche de reconquête culturelle de notre architecture négro-africaine. Comme l’édifice du marché Sandaga rasé ! Il reste, pour témoigner de cette époque, la Polyclinique de Dakar et quelques autres vestiges passablement malmenés par la frénésie du béton et des tours. La spéculation foncière sur le domaine maritime ainsi que la « cannibalisation » du périmètre de l’ancien Aéroport Léopold Sedar Senghor, sans aucune visibilité citoyenne, pose des problèmes. Les Mamelles de Dakar, signature naturelle du Divin sur notre magnifique presqu’île, sont défigurées par des immeubles d’un goût douteux et qui défient l’identité …volcanique (!) de ces lieux mystérieux…L’ignorance est un mauvais conseiller !
Bref, dans ce contexte de gabegie et d’enrichissement illicite de certains au détriment de la majorité, réveiller la CREI de sa torpeur devient nécessaire. Les organisations en charge de la défense des droits de l’Homme et de la transparence doivent saisir qui de droit pour mettre le holà sur ce qui semble relever de la bamboula. Pure et simple.
En attendant, comment ne pas se réjouir de la liberté provisoire accordée au journaliste Pape Alé Niang. Nous l’avons réclamée suffisamment pour, par devoir et par responsabilité, saluer ce résultat obtenu par ses avocats mais aussi par la forte mobilisation citoyenne et celle de ses collègues et amis de la presse. Ainsi qu’à la lucidité de certains juges ? Si. Si…
Sévir ? Oui ! Mais lorsqu’il le faut et sans parti pris. « La patrie avant le parti ! », disait-il…
La sanction contre les crimes économiques envers la patrie est urgente, nécessaire et essentielle : une salle de classe clefs en mains revient autour de cinq à six millions de francs CFA…Combien de classes ne verront jamais le jour dans les cahiers de la Cour des comptes ?