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20 juin 2025
par Adama Thiam
REGAIN D'INTÉRÊT DES ÉTATS-UNIS POUR L'AFRIQUE
Les Américains n’ont jamais considéré nécessaire de soutenir l’émancipation et le progrès économique du continent, même au lendemain de la dissolution de l’Union soviétique
L’accélération des évolutions technologiques, sociétales et environnementales enclenche constamment des dynamiques incessantes dans l’empire du monde, particulièrement sur le plan politique, militaire et économique.
La rivalité sino-américaine, produit par le fléchissement de l’hégémonie américaine, systématisera la géopolitique mondiale de la première moitié de ce XXIe siècle. De là, la politique étrangère américaine à adopter est collectivement partagée par les deux principaux partis politiques, Républicains et Démocrates, pour contrer la montée en puissance de la Chine et refuser légitimement de voir leur leadership bousculé.
Face au dynamisme des économies asiatiques, particulièrement celle de la Chine, à la présence de nouveaux acteurs (Turquie, Russie, etc.) et à la crainte de perdre leur suprématie, les États-Unis, après avoir affiché, sans voile, leur politique protectionniste et isolationniste, tentent de renforcer leur présence et leur influence sur le continent africain, notamment avec la présence du « Commandement des États-Unis pour l’Afrique (Africom) », et l’initiative « Build Back Better World », pour concurrencer celle chinoise, dénommée « Belt and Road initiative».
Pendant plusieurs décennies, les élites américaines ont poussé les différentes administrations, qui se sont relayées à la direction de l’État fédéral, à se lancer dans des aventures militaires au Proche et Moyen Orient, dans des opérations de déstabilisation de régimes politiques en Amérique Latine, en Afrique, ou encore, dans des interventions militaires en Europe et en Asie du Sud-Est, au nom de la démocratie et de la liberté ; à mettre en place des politiques fiscales de réduction d’impôts sans réduction efficace des dépenses, dégradant les finances publiques par la même occasion ; à opter pour une dérégulation financière et une financiarisation à outrance de l’économie plutôt qu’à investir dans la réhabilitation des infrastructures désuètes du pays, à assurer un meilleur accès plus démocratique à l’enseignement supérieur ou procurer une meilleure protection sociale aux classes populaires.
Par conséquent, en Afrique, les produits asiatiques, et autres turcs, anéantissent la concurrence américaine. L’essentiel des foyers est équipé d’appareils électroménagers, d’appareils électroniques et d’objets nomades de fabriquant non-américains. Tout de même dans le sous-
secteur de l’automobile où les marques européennes et asiatiques dominent face à leurs concurrentes américaines. Aussi, un pays comme l’Inde s’installe progressivement dans différents sous-secteurs économiques, notamment dans l’informatique, les télécommunications, les moyens de transports ou encore dans les produits pharmaceutiques.
Certes, les États-Unis présentent encore une prééminence sur le plan militaire, dans le domaine universitaire où toutes les élites du monde ambitionnent ou rêvent de voir leurs enfants intégrer leurs grandes universités. En outre, la jeunesse du monde continue de danser sous sa musique, à consommer son cinéma, à s’identifier à ses célébrités et à ses grands entrepreneurs, à emprunter leurs vocables (CEO, PhD, Think Tank, etc.). Depuis 2016, les investissements directs chinois dépassent ceux des États-Unis en Afrique. Aussi, la Chine est la seule région du monde avec laquelle le continent africain peut se permettre d’observer un excédent commercial puisqu’elle y est obligée de sécuriser ses approvisionnements en produits agricoles, halieutiques et en ressources minérales.
En réalité, l’incapacité des américains à proposer des produits compétitifs et adaptés au marché africain découle de leur arrogance et de leur mépris envers le continent. En outre, contrairement aux pays asiatiques, le continent n’a jamais attiré massivement les investissements américains sur ses territoires avec les risques liés à l’instabilité politique et à l’insécurité juridique.
Probablement, cela s’explique par le profil de ceux qui exercent le pouvoir politique en Afrique. Des hommes qui inspirent le dégoût du fait de leur manque de patriotisme, leur médiocrité indubitable et leur attachement à la jouissance du pouvoir. Les propos de Donald Trump, qualifiant les pays du continent de ‘‘shithole countries’’ (pays de merde), s’inscrivent dans cette perception collective. Cet histrion a juste osé le dire publiquement avec toute la vulgarité commune aux êtres de petite culture, et souvent imbue de leur personne.
Les Américains n’ont jamais considéré nécessaire de soutenir l’émancipation et le progrès économique du continent, même au lendemain de la dissolution de l’Union soviétique, période où ils se sont pris pour la seule super-puissance au monde, « La Fin de l’Histoire ». Ils ont prêché la convergence internationale sous le modèle de la démocratie-libérale. Une doctrine censée apporter aux peuples qui l’adoptent : une souveraineté populaire, une égalité des hommes et un droit au bonheur. A la fin, nous assistons plutôt à une confluence et à une juxtaposition de crises, et finalement, à un désenchantement du monde. Les américains, à l’instar de leurs ancêtres européens, demeurent toujours ancrés dans le désastreux triptyque : conquête, contrôle et pillage. Plutôt que de chercher à concevoir un système mondial basé sur la coopération et le respect des diversités des peuples.
Dès lors, il apparaît présentement difficile, avec l’impérieuse nécessité de reconstruire leurs infrastructures vétustes, leurs divisions internes, qui témoignent en réalité, de la peur constante des WASPs de perdre le contrôle du pouvoir politique et économique, ainsi que les vulnérabilités de leur démocratie, attisées par le modèle de financement des campagnes électorales et exhalées par les vidéos de campagne absurdes et grotesques, de même que le caractère hors-sol de la classe politique, que les États-Unis peuvent apporter un « engagement durable de l’Amérique envers l’Afrique » et susciter une « coopération plus étroite sur les priorités mondiales communes ». La
stratégie du « leading from behind », l'insurrection du Capitole ainsi que le retrait désastreux des forces armées américaines d’Afghanistan symbolisent la décadence de la puissance américaine. Hier, ne pas avoir soutenu réellement l’Afrique, comme ils ont eu à le faire, en participant à la reconstruction de l’Europe dévastée par le second conflit mondial, augure manifestement qu’ils ne le feront pas en temps de crise systémique globalisée, aujourd’hui.
Les États-Unis, et plus globalement le monde occidental, feignent d’ignorer que le monde emprunte le chemin de futurs immenses bouleversements politiques, économiques et sociaux. La poussée démographique dans certaines régions du monde combinée à la raréfaction et l’épuisement structurel des ressources naturelles, notamment énergétiques (atteinte pic production pétrolière conventionnelle en 2008, gazière vers 2030), provoquent une contraction évidente des économies industrialisées, nourries aux hydrocarbures. Par ailleurs, la société américaine se trouve dans l’impossibilité de changer radicalement son mode de vie. La civilisation consumériste ne se transforme pas en quelques décennies. De là l’impossibilité d'atteindre les objectifs des COP sans une solidarité mondiale et un changement de paradigme. Utopique.
De là l’irrépressible exigence de comprendre et de retenir définitivement la nature des relations que l’Afrique tisse, depuis plusieurs siècles, avec les États-Unis, et plus généralement, avec leurs ancêtres européens. L’avenir lumineux du continent africain se trouve essentiellement dans la quête de la dignité et la construction de la volonté de puissance. Il s’agit de se donner les moyens de ses luttes. La souveraineté africaine, pour l’émancipation et l’épanouissement des peuples du continent, passe inéluctablement par le principe de mutualisation des politiques à l’échelle régionale ou même mieux, continentale, puisque les frontières entre politique intérieure et étrangère s’effondrent progressivement de nos jours. Mutualisation des forces de défense et de sécurité.
Mutualisation de la politique étrangère. Mutualisation de la politique économique. Et, cela passe aussi par la hausse du niveau de connaissance et l’exaltation permanente des cultures africaines. Seulement, l'Afrique éduque et instruit mal ses enfants. Le continent est la seule région du monde vraisemblablement qui consomme ce qu'elle ne produit pas et produit ce qu'elle ne consomme pas.
Comment comprendre que des espaces considérables continuent d'abriter les cultures d’exportation et non transformées (cacao, café, thé, fleurs, etc.) introduites par les envahisseurs-prédateurs lors de la colonisation alors que les populations ont d'innombrables difficultés à se nourrir et à se vêtir convenablement ?
De plus, le continent doit concevoir un nouvel idéal de société, et peut-être inspiré d'autres régions du monde. Le mode de production capitaliste, la société de concurrence et de compétition sauvage, les relations internationales fondées essentiellement sur la conquête de marchés, la militarisation de couloirs maritimes et terrestres, le creusement des inégalités sociales et la destruction des écosystèmes naturels, et portés par les inventions absurdes que sont la publicité, le marketing et les relations publiques, sans oublier les classements de magazines comme Forbes, ont fini d'aliéner les sociétés humaines, exacerbé la cupidité et la vanité des hommes. Ces phénomènes doivent inviter à changer radicalement le système de production et de répartition des richesses du monde. Il est temps que le continent s’affranchisse du modèle de développement économique dans lequel il a été contraint d'être inséré depuis les épisodes des razzias négrières et de la colonisation, entreprendre une étude empirique et sans complaisance des réalités complexes de ses sociétés jadis qui ont favorisé la survenance de ces tristes phénomènes. Un système qui engendre une infantilisation permanente du continent, l’assujettit dans un rôle de pourvoyeur de matières premières, un réceptacle de marchandises, le plus souvent bas de gamme, des industries éloignées, et le transforme en un terrain de confrontations entre puissances étrangères.
Pour finir, il est important de garder à l’esprit que la jeunesse africaine ne restera pas passive face à des impératifs et des devoirs non accomplis. Des crises aigues peuvent advenir et aboutir dans des guerres civiles dans beaucoup de pays en Afrique. Des dirigeants restent cupides et vaniteux. Ils seront surpris et balayés par un vent de révolte.
PS : bilan du président en exercice de l’Union Africaine.
D’abord, le plaidoyer pour la réallocation des droits de tirage spéciaux aux États africains, par le Fonds monétaire international (FMI), face à la pandémie de Covid-19 pour permettre au continent d’amortir les conséquences de la crise économique engendrée par les bouleversements dans les chaines de valeur mondiales, à la suite du ralentissement de la production de biens et de services.
Ensuite, face au risque de “famine“ sur le continent, le président en exercice de l’Union africaine s’est rendu en Russie pour “négocier“ la livraison des stocks de céréales, déjà payés par des pays africains, malgré les aléas de la guerre, pour empêcher une crise alimentaire, pouvant déboucher sur des instabilités sociales. Lesquels stocks se sont davantage dirigés vers des régions autres que celles du continent.
Enfin, la demande de financements pour l’adaptation au dérèglement climatique. Les pertes et dommages sont causés par les pays dits développés, l’Afrique demande en contrepartie, des financements pour la transition énergétique et la ‘‘permission’’ pour l’exploitation de ses propres potentialités énergétiques et son industrialisation.
Le bilan de l’exercice du président Sénégalais à la tête de l’Union africaine se résume à des mesures non-structurelles. Il se décline ainsi : tendre la main à l’extérieur pour du « blé » (réallocation des DTS, financement de la transition énergétique) et encore, pour du « blé »
(acheminent de production de céréales). L’Afrique mérite mieux.
LE GOUVERNEMENT CONTINUERA LA MISE OEUVRE DES POLITIQUES DE JEUNESSE
Le Premier ministre Amadou Ba a assuré, lundi, que le gouvernement continuera la mise en œuvre des politiques d'éducation et de formation aux métiers au profit de la de jeunesse sénégalaise.
Dakar, 12 déc (APS) - Le Premier ministre Amadou Ba a assuré, lundi, que le gouvernement continuera la mise en œuvre des politiques d'éducation et de formation aux métiers au profit de la de jeunesse sénégalaise.
‘’Le gouvernement continuera donc la mise en ceuvre des politiques de jeunesse conçues par le chef de l'État Macky Sall, en termes d'éduca-tion, de formation aux métiers'', a-t-il dit lors de la Déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale.
Selon Amadou Ba, l'emploi et l'auto-emploi des jeunes font partie des préoccupations majeures que le président de la République Macky Sall a demandé au gouvernement de ‘’prendre à bras-le-corps''.
Il a affirmé que le gouvernement sera à l'écoute des populations et des préoccupations de la jeunesse.
C'est pourquoi, a t-il ajouté, le gouvernement ‘’entend libérer le potentiel de la jeunesse de notre pays''.
‘’La jeunesse sénégalaise, consciente et exigeante, est un atout lorsque toutes ses potentialités sont valorisées à travers sa réelle implication dans le développement de la société'', a soutenu le PM.
Il a assuré que la qualification professionnelle et l'accès à l'emploi seront des priorités, ‘’en particulier dans les banlieues et les zones rurales''.
Amadou Ba a donné en exemple le 3FPT qui a pris en charge la formation professionnelle et technique des jeunes pour un montant cumulé de 167 milliards entre 2015 et 2022.
Pour 2023, un montant de 30 milliards est inscrit au budget pour le 3FPT, a-t-il annoncé.
La DER/FJ a créé, depuis 2018, plus de 100 mille emplois directs et 200 mille emplois indirects, a souligné le PM.
Selon lui, ‘’l'impact de la DER/FJ sera renforcé afin de permettre aux jeunes de créer davantage d'activités génératrices de revenus''.
Elle va continuer, en plus du nano-crédit et de l'autonomisation, ses actions de financement des projets structurants, selon le Premier ministre.
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LE SÉNÉGAL À LA POINTE DE LA RECHERCHE SUR LE PRÉ-DIAGNOSTIC OPHTALMOLOGIQUE
Les équipes du Professeur Ndiaye, enseignant à la Fac de médecine de l'Ucad, ont réalisé une étude clinique visant à estimer scientifiquement la pertinence d’une Intelligence Artificielle de détection de rétinopathie diabétique et de maculopathie
SenePlus publie ci-dessous le compte rendu de l’étude clinique récemment réalisée par le Professeur Ndiaye et la société Gaiha à l’Hôpital Abass Ndao. Texte reçu du directeur général de Gaiha Ahmed Drif.
L'intelligence artificielle a le potentiel d'améliorer le domaine de la médecine de multiples façons. Cela n’a pas échappé au Professeur Papa Amadou Ndiaye, personnalité reconnue internationalement, président de la Société Sénégalaise d'Ophtalmologie (SSO), mais également responsable de l'enseignement de l’Ophtalmologie à la Faculté de Médecine de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Les équipes du Professeur Ndiaye ont réalisé une étude clinique visant à estimer scientifiquement la pertinence d’une Intelligence Artificielle de détection de rétinopathie diabétique et de maculopathie. La rétinopathie diabétique est une complication grave du diabète qui affecte les yeux. La maculopathie diabétique est la principale cause de malvoyance chez les personnes diabétiques.
Conçue par la société Gaiha, cette Intelligence Artificielle nommé Prio Retino est le fruit de deux années de recherches menées conjointement avec le Professeur Ndiaye.
Des examens oculaires réguliers sont importants pour détecter les premiers signes de rétinopathie diabétique et commencer le traitement dès que possible. La rétinopathie diabétique ne présente souvent aucun symptôme dans les premiers stades.
Par conséquent, des examens réguliers de la vue permettent de détecter la maladie à un stade précoce et de commencer le traitement rapidement.
L’intelligence artificielle Prio Retino aide les ophtalmologues en établissant des pré-diagnostics précis en vue de prioriser les patients les plus susceptibles d’être impactés par la rétinopathie diabétique ou la maculopathie.
Le spécialiste prodiguera alors un diagnostic, pouvant comprendre un traitement au laser, des médicaments ou une intervention chirurgicale au sein de l’Hôpital Abass Ndao.
L’utilisation de cette Intelligence Artificielle a le potentiel d'améliorer les résultats pour les patients, de réduire les coûts des soins de santé et de rendre la pratique de la médecine occulaire plus efficace.
L’étude réalisée au sein du CHU Abass Ndao à Dakar fait l’objet d’une thèse de médecine soutenue par l’interne Soda Mbaye et d’un article scientifique à paraitre prochainement dans la prestigieuse presse spécialisée anglophone Journal of Ophthalmic Surgery.
A propos de Gaiha
Gaiha est une société composée d’experts en Intelligences Artificielles (IA) qui collaborent avec des experts de la santé pour soutenir la priorisation médicale des patients atteints de maladies graves. Concepteur et propriétaire de ses modèles mathématiques, Gaiha fournit une suite complète de services d’Intelligence Artificielle, disponibles en tout point du globe. Pour plus d’information sur Gahia, visitez gaiha.org
par Annie Jouga
PLAN D’URGENCE DE MODERNISATION DES VILLES
EXCLUSIF SENEPLUS - Les visiteurs vont chercher le « vieux Rufisque » sans être impressionné par Diamniadio, ils cherchent Sandaga, le Cices, l’UCAD, les Penc’, les plages mythiques, etc. Moderniser ne signifie pas démolir
Les récentes démolitions du marché Sandaga, de l’hôpital Le Dantec, du château d’eau av. des Diambars, du ministère de l’Équipement (ex camp Lat Dior), des villas dans Dakar-Plateau, du bâtiment de la Médiature (ex Direction de l’Urbanisme et l’Architecture DUA), de l’immeuble Brière de l’Isle … et tant d’autres, ne sont que la partie visible de l’iceberg.
Elles sont inscrites dans un plan dit d’urgence de modernisation des villes et notamment de Dakar et de la Médina mis en œuvre sous le prétexte de valorisation des actifs immobiliers de l’État.
On trouve dans ce plan de nombreux bâtiments en bonne santé structurelle, certains désaffectés, apparemment abandonnés, et par conséquent entraînant le processus naturel de délabrement … en attendant d’être démolis pour cause de vétusté. !« Qui veut tuer son chien, l’accuse de la rage ». Mais là n’est pas le principal problème.
Il s’agit plutôt et essentiellement d’identité, : celle de notre ville de Dakar, et par-delà, celle du pays dans la sous-région.
Dakar, c’est cette petite ville coloniale dont la trame initiale est conçue sur la base de plans d’urbanisme successifs, fruits d’un vrai projet de ville, faisant fi de l’existence des quartiers traditionnels dont quelques traces résistent et qu’il serait temps de valoriser aujourd’hui.
Des quartiers, des grands axes, sont dessinés selon des plans d’urbanisme fondés sur une vision autour des constructions aux architectures bien spécifiques, en fonction des lieux, des demandes, des époques … Toutes ces architectures sont le symbole du pouvoir colonial à Dakar comme dans tout le pays.
D’abord se défendre, s’enrichir et donc s’implanter dans les zones stratégiques.
A Gorée et Saint-Louis pendant plusieurs siècles et ensuite sur les hauteurs du plateau de Dakar avec la construction des forts, contreforts, quartiers militaires (quartier de la Pointe, Cercle de la rade …), camps militaires (cercle mess des officiers, camp Dial Diop, camp Lat Dior …), les phares (des Mamelles, du Cap Manuel…), les gares de Dakar à Saint-Louis etc., le port.
Ensuite se protéger et donc assainir : remplacer les habitats précaires en maisons en dur.
Dès le début du 20e siècle, 400 maisons dites coloniales sont construites dans le plateau et plus tard les grands ensembles, immeubles d’habitation (building des Eaux, Maginot …)
Créer une ville pour les « indigènes », la Médina, sous des prétextes de salubrité.
Soigner, construire des infrastructures de santé (hôpital Le Dantec, Abbas Ndao ex Repos Mandel, Service d’Hygiène, la Polyclinique …)
Mais également éduquer : des écoles, lycées, université (Berthe Maubert, école Thiong, école Malick Sy …, lycée Blaise Diagne, lycée Delafosse, lycée Lamine Guèye ex Van Vo …,
Des Mosquées (toutes les petites mosquées de la Médina dont Santhiaba, mosquée rue Carnot, …, des Églises, (Cathédrale, Malenfant, Sainte Thérèse, temple Protestant de la rue Carnot ….)
Palais de justice, musée (Ifan Théodore Monod…), grands hôtels (Ngor Diarama, la Croix du Sud …) ; mais aussi des parcs, jardins, grands axes plantés (parc de Hann, jardin de la Madeleine … emporté par les eaux…), etc. !
Dakar est ainsi tracée à partir de son implantation coloniale.
Toutes ces architectures sont fortement inspirées de notre architecture traditionnelle et donc particulièrement adaptées à son environnement, à son climat. Elle raconte une histoire, son histoire, et par conséquent la nôtre aussi.
À partir des années 30, pour mieux asseoir son pouvoir, et question de se faire encore plus accepter du public, l’administration coloniale demande à ses architectes de France et peut-être d’ailleurs en Europe, de s’inspirer de l’architecture des grands empires d’Afrique et notamment du Mali. Une importante production de bâtiments d’envergure et de style soudano-sahélien voit le jour, construits avec le matériau moderne de l’époque, le béton armé.
À la fin de la 2ème guerre mondiale, toutes les architectures modernes construites, précurseur du courant architectural dit post moderne, sont bien localisées, bien conçues, solidement construites, toujours adaptées à notre environnement, un réel modèle d’adaptation thermique.
Et puis viennent les années 60/70, et une vision qui nous ressemble s'impose. Elle est basée sur le parallèlisme asymétrique théorisé́ philosophiquement par le Président poète, Léopold Sédar Senghor. Inscrit dans la loi 78-43 du 2 juillet 1978 portant orientation de l’architecture sénégalaise, le parallèlisme asymétrique va au-delà̀ de l’architecture, s’ancre dans la modernité́ à travers notre propre culture. Or donc, il s’agit bien de science africaine.
Ces années ont produit des architectures impressionnantes, telles l’EBAD/UCAD, le Building Communal, l’ENAM, l’immeuble Kébé, l’ex Musée Dynamique, actuelle Cour Suprême, le CICES, la BCEAO, l’hôtel Pullman Téranga, l’hôtel Indépendance ... démoli !; à Saint-Louis, l’UGB, entre autres.
Bien entendu, il est temps de moderniser nos villes et notamment notre ville de Dakar où tous ces lieux s’imbriquent l’un dans l’autre et constituent son identité́.
Cet « héritage de tolérance » est à préserver et donc le moderniser s’entend.
Mais Avant tout, il faut le reconnaître, s’en approprier, et le valoriser pour l’inscrire dans le 21e siècle.
L’enjeu économique et notamment touristique est indéniable. Les visiteurs vont chercher Le « vieux Rufisque » sans être impressionné par Diamniadio, ils cherchent Sandaga, le Cices, l’UCAD, les Penc’, les plages mythiques, etc …
Moderniser Dakar s’entend surtout de façon globale et doit s’inscrire à l’échelle du territoire et non pas dans des opérations ponctuelles.
Moderniser veut dire faire des recherches sur les matériaux : la terre doit être utilisée comme matériau durable, le bois de nos forêts doit être préservé au profit de matériau de substitution, l'architecture spécifique à de nombreux habitats de Kaolack utilisant les palétuviers, le crinting, la terre projetée à valoriser, etc. mais il s’agit également d’encourager la création d’industries productrices de matériaux locaux.
Cette recherche est primordiale. Il faut l’encourager en accompagnant l’école spécialisée pour qu’enfin les matériaux correspondent aux architectures qui nous ressemblent, pour qu’enfin nos écritures architecturales soient culturellement conçues.
Moderniser signifie mettre en valeur ses architectures à fort caractère bio-thermique et non pas les inhiber avec des matériaux qui nous viennent d’ailleurs, nous rendant dépendants des productions étrangères. Moderniser ne signifie pas démolir d’autant que l’on sait l’impact écologique sur les gaz à effet de serre lorsque l’on procède ainsi.
Oui Dakar doit être « modernisée », c’est-dire « redevenir » une ville où il fait bon vivre, marcher, parce que tout est à sa place, réguler l’offre du transport et par conséquent réinventer les transports pour qu’enfin la mobilité soit la meilleure. Ici nos santés et surtout celles de nos enfants sont en danger.
Voilà pourquoi le plan d’urgence qui est en train de se dérouler ne doit pas continuer sans une grande concertation entre les différents acteurs et notamment le public.
Déjà de grands cabinets d’architecture, la plupart venus de l’extérieur du pays travaillent sur la « modernisation » c’est-à-dire la démolition du camp Lat Dior (déjà en cours avec Dak’tower), le ministère des Affaires étrangères, l’ancien Palais de Justice, le CICES … la liste est si longue et inquiétante.
Alors, oui, il est encore temps.
Nous sommes tous concernés !
par Madiambal Diagne
POURQUOI PAS UN MONDIAL 2030 MAROC-SÉNÉGAL ?
Naturellement, le Maroc a plus d’atouts pour diriger l’opération, mais l’apport du Sénégal pourrait être important. Le dossier du Sénégal ne sera point ridicule
Les Lions de l’Atlas se sont qualifiés pour les demi-finales de la Coupe du monde 2022. Cette belle prouesse sportive fait du Maroc le premier pays africain à arriver à ce stade de la compétition. L’Equipe marocaine a jusqu’ici réalisé un parcours sans faute, avec un groupe soudé, solidaire et vaillant, mais surtout avec un jeune coach, Walid Regragui, ancien footballeur, jeune supplétif des coaches Wahid Halilodzic et Hervé Renard, sans grade ni grande expérience hors de son pays, et sur qui on ne misait pas un dirham quand il prenait en charge le groupe, il y a seulement quatre mois pour, dit-il avec malice, «jouer le pompier de service». Ce groupe Maroc est encore capable d’un nouvel exploit contre la France ce mercredi 14 décembre 2022 et pourquoi pas, soulever le trophée mondial au soir du 18 décembre 2022 !
La grosse performance du Maroc permettra indubitablement de rebattre les cartes sur l’échiquier du football. Le Maroc qui a couru, depuis des décennies, après le rêve d’organiser une Coupe du monde de football, vient de remplir un critère sportif, de cocher une cage sans doute pas toujours déterminante. Mais, à la vérité, un pays qui a l’atout de faire désormais partie des quatre meilleures nations de football, devrait avoir son pesant dans les futures décisions de la Fédération internationale de football association (Fifa), notamment dans le choix d’un pays hôte de la plus célèbre des compétitions sportives. De surcroit, le Maroc a éliminé des grandes écuries comme l’Espagne, le Portugal et la Belgique.
Le Maroc a essuyé à cinq reprises un revers. Régulièrement, sa candidature à l’organisation de la Coupe du monde de football a été infructueuse. L’espoir était immense lors du dernier vote pour le choix du pays hôte de la Coupe du monde 2026, mais l’intransigeance de la diplomatie américaine, avec un Président Donald Trump qui menaçait publiquement de couper les aides aux pays qui voteraient contre les Etats-Unis, avait eu raison du dossier du Maroc. Sur 203 votants, le royaume chérifien avait recueilli 65 voix. Après le vote en 2010 de l’attribution de l’organisation du Mondial 2022 au Qatar, en vue d’une plus grande transparence dans les choix, le système de vote à la Fifa avait été changé et la règle «un pays un vote» est désormais plus que jamais de rigueur. Les Usa vont donc, avec le Mexique et le Canada, accueillir la prochaine Coupe du monde de 2026. Le Maroc ne s’est pas découragé pour autant et a annoncé à nouveau une candidature pour l’édition de 2030.
Le Maroc cherche un pays co-organisateur
Le Maroc présente un dossier éloquent pour pouvoir organiser seul la Coupe du monde de football. Seulement, la Fifa semble s’inscrire désormais dans une logique de promouvoir la co-organisation de la Coupe du monde par plusieurs pays, d’autant qu’elle envisage d’élargir le nombre de participants pour faire passer les équipes qualifiées de 32 à 48. L’idée serait sous-tendue par une volonté d’instaurer plus d’équité sportive, mais aussi de rendre la compétition plus inclusive. C’est ainsi que l’Angleterre a annoncé sa candidature avec des pays voisins comme l’Ecosse, l’Irlande du Nord et le Pays de Galles. Le Portugal et l’Espagne voudraient aussi se mettre ensemble pour demander la co-organisation du Mondial 2030. Gianni Infantino, président de la Fifa, n’a pas voulu être insensible à l’ambition du Maroc d’accueillir la compétition et lors du troisième sommet exécutif du football de la Fifa à Marrakech, du 15 au 17 janvier 2019, il avait laissé entendre qu’il était favorable à une candidature conjointe entre Rabat (Maroc), Madrid (Espagne) et Porto (Portugal), pour organiser la Coupe du monde 2030. La déclaration avait fâché le président de l’Uefa, Aleksander Ceferin, qui ne voudrait pas entendre parler d’une Coupe du monde organisée par des pays de deux continents, c’est-à-dire deux confédérations différentes. Cette position avait d’ailleurs été celle que défendait Infantino, avant de faire un revirement spectaculaire. Pour leur part, les autorités espagnoles avaient voulu saisir la passe pour proposer, par la voix du Premier ministre, Pedro Sanchez, en visite au Maroc, une candidature conjointe Espagne-Maroc-Portugal. L’idée semble ainsi définitivement acquise que la Coupe du monde 2030 sera attribuée sous le format d’une co-organisation, comme cela avait été le cas en 2002 pour le Japon et la Corée et en 2026, pour le trio Usa-Mexique-Canada.
L’Afrique devrait revendiquer le droit d’organiser une nouvelle fois la Coupe du monde sur son sol. C’était en 2010 que la Fifa avait organisé pour la première fois la Coupe du monde de Football sur le continent noir. L’Afrique du Sud dont la candidature avait été portée par la «Mandelamania», avait ravi la vedette au Maroc.
La diplomatie sénégalaise ne serait-elle pas assez audacieuse pour proposer une co-organisation avec le Maroc ? Naturellement, le Maroc a plus d’atouts pour diriger l’opération, mais l’apport du Sénégal pourrait être important.
Le dossier du Sénégal ne sera point ridicule
Encore une fois, le Sénégal ne pourrait pas avoir la prétention de jouer le leader du duo avec le Maroc, mais il pourra accueillir plusieurs matchs sur son sol. D’ailleurs, en vue d’une certaine continuité géographique avec le Maroc, des matchs pourraient être offerts à la Mauritanie. L’Angleterre par exemple, prévoirait le même schéma d’offrir des matchs à L’Eire. Si la Mauritanie est impliquée et intéressée dans le projet, elle pourrait rénover et agrandir son stade de Nouakchott de 40 000 places pour mieux répondre aux exigences d’un match de Coupe du monde de football. Soyons même plus osé en intégrant la Côte d’Ivoire à l’opération. Elle organise la Can 2023 et aura également des infrastructures aux normes. L’Euro 2020 s’est joué sur plusieurs pays et le Mondial nord-américain de 2026 épousera le même modèle d’organisation.
Pour son dossier de candidature pour le Mondial 2026, le Maroc avait dévoilé 14 stades dont 12 sélectionnés par la Fifa et le Maroc prévoyait d’investir 3 milliards de dollars pour terminer les travaux en chantiers. Il est à rappeler que le Qatar, pour l’édition 2022, n’a présenté que huit stades. La différence quant au nombre de stades s’explique par le souci ou la nécessité de satisfaire la volonté de la Fifa d’augmenter le nombre de pays qualifiés dès l’édition 2026.
Le Sénégal pourra ajouter dans le dossier de candidature au moins trois stades dignes d’accueillir des matchs de Coupe du monde. Ce seront le Stade Abdoulaye Wade de Diamniado, le Stade Léopold Sédar Senghor de Dakar (en rénovation), et l’un des stades démontables de la Coupe du monde du Qatar qui serait déjà offert au Sénégal par les autorités qataries.
A l’horizon 2030, le Sénégal aura fini de régler les questions de mobilité, avec ses projets en cours de réalisation, d’autoroutes, de lignes de trains et des aéroports régionaux. Les compagnies aériennes Royal air Maroc et Air Sénégal permettront de fluidifier les déplacements. Déjà qu’il ne faudrait pas plus de 2h 30 pour rallier le Sénégal au Maroc, alors qu’en Russie, pour la Coupe du monde de 2018, il fallait la durée d’un vol long courrier pour relier certaines villes choisies pour abriter des matchs. Ce sera la même situation en 2026 entre les Usa, le Canada et le Mexique. En outre, la jonction par voie routière de Dakar à Tanger devra pouvoir être une réalité. La capacité hôtelière du Sénégal est en forte courbe ascendante et de nouveaux investissements pourraient être encouragés. Le Sénégal sera bien prêt avant l’échéance car il aura à abriter les Jeux Olympiques de la Jeunesse (Joj) en 2026 et peut s’autoriser aussi à accueillir une Coupe d’Afrique des nations de football. Ce sera une certaine cohérence événementielle et sportive.
Du reste, ce qui va le plus plaider pour une synergie entre le Sénégal et le Maroc, ce sera la proximité de leurs populations tant pour des raisons socio-culturelles, historiques, que pour des raisons de proximité diplomatique entre les deux pays. Les autorités sénégalaises et marocaines affichent des positions identiques sur les questions internationales. Le Discours de la fête du trône, l’événement le plus important dans l’agenda de l’Etat marocain, avait été prononcé le 6 novembre 2016 à partir de Dakar où le Roi Mohammed VI était en séjour. C’était une première qu’un tel événement fût célébré dans un pays étranger par le Souverain, et les Marocains se plaisaient à dire que «si c’est au Sénégal, c’est encore chez nous». C’est dire !
Par ailleurs, dans un vote, le Sénégal pourra décrocher certaines voix qui devraient fatalement manquer au Maroc. Il s’y ajoute que le partenariat du Sénégal avec le Maroc donnera un ancrage plus évident de l’Afrique au Sud du Sahara dans l’organisation de la manifestation. Le Maroc, qui tape avec insistance aux portes de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) pour devenir membre de cette organisation sous-régionale, serait logique et cohérent en tendant la main à des pays de cet espace pour, ensemble, réaliser un projet de cette envergure.
Il y a lieu de souligner que l’organisation d’une Coupe du monde est une formidable opportunité pour un pays. Les nations qui se bousculent pour inviter la planète foot ne le font pas seulement pour le prestige ou pour l’aspect ludique ou festif. Une Coupe du monde rapporte gros, génère de grosses retombées économiques et sociales et constitue une vitrine sans pareille pour vendre un pays, une destination touristique ou d’investissements. Tout sera question d’audace, de volonté politique ou d’ambition. Ils seront sans doute nombreux à rester réducteurs pour ne pas oser le challenge et inhiber toute ambition, mais l’opportunité de chercher à s’engager aux côtés du Maroc est à saisir par notre pays. En 2013, quand on dessinait dans ces colonnes, les perspectives du pétrole et du gaz ou les autoroutes ou les lignes du Ter ou encore la ville future de Diamniadio, d’aucuns s’esclaffaient en parlant de délire. Ces réalités sont pourtant devenues notre quotidien maintenant. Les perspectives économiques du Sénégal autorisent des investissements certes importants, mais dont la rentabilité n’est pas discutable.
LE CALVAIRE SE POURSUIT POUR LES ENFANTS TALIBÉS
De nombreux élèves des écoles coraniques (daaras) confiés par leur famille à un marabout chargé de leur apprentissage, continuent d’être contraints à la mendicité forcée dans les artères des principales villes sénégalaises - AMNESTY INTERNATIONAL
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de l'ONG Amnesty International à propos de son rapport sur la gestion défaillante de la situation des enfants talibés par l'État du Sénégal.
"Les autorités sénégalaises doivent répondre à leurs obligations et prendre des mesures pour mettre fin aux violations des droits de certains enfants talibés (élèves des écoles coraniques communément appelées daaras), affirme Amnesty International dans un nouveau briefing sur la situation des enfants talibés.
L’exploitation économique des enfants talibés via la mendicité forcée qui constitue une forme de traite, les châtiments corporels qu’ils subissent et leurs conditions de vie difficiles violent leurs droits à l’intégrité physique, à la santé et à vivre une vie sans aucune forme de violence, d’atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d’abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou d’exploitation.
Les enfants talibés sont confiés – parfois très jeunes -par leurs familles à des maîtres coraniques pour l’apprentissage du Coran. Très présents dans les centres urbains, ils sont souvent forcés à mendier pour leur entretien et celui de leur maître. Il n’existe pas de statistiques officielles concernant le nombre d’enfants talibés. Toutefois, il est estimé qu’il y a plus de 2 000 daaras à Dakar, avec un effectif de près de 200 000 talibés, dont 25% pratiqueraient la mendicité forcée, selon une cartographie de l’ONG Global Solidarity Initiative (GSI) publiée en 2018.
Abus de toutes formes
L’insalubrité de nombreux daaras, et le faible intérêt porté par certains maîtres coraniques au bien-être des enfants conduisent à de graves problèmes de malnutrition et de santé.
« La santé est un gros problème dans les daaras en particulier les maladies de la peau et les soins bucco-dentaires. Souvent ces enfants ont des abcès énormes à la bouche, qui ne sont pas traités, car il n’y a pas de réel suivi de leur bien-être, » témoigne la responsable d’une ONG en charge de la protection des enfants talibés.
Des enfants talibés doivent également faire face aux mauvais traitements de la part de certains maîtres coraniques ou de leurs assistants. Des maîtres coraniques ont confirmé à Amnesty International que la mise de chaînes aux pieds est une pratique courante et appliquée en particulier aux enfants fugueurs pour entraver leurs déplacements.
En janvier 2022, un talibé âgé de 10 ans est mort de blessures au quartier Lansar de Touba, après avoir été bastonné par son maître coranique qui lui reprochait de ne pas avoir su sa leçon du jour. Ces violences restent très souvent impunies, du fait notamment du défaut de contrôle des daaras, de moyens insuffisants pour les services de protection de l’enfance et du statut des maîtres coraniques au sein de la société.
« Quand j’étais talibé, l’un de mes condisciples qui était dans le même daara que moi, bégayait et n’avait pas une bonne élocution. Un jour, alors qu’il peinait à réciter, le maître d’école l’a frappé à la tête avec sa tablette en bois. Il est mort deux jours après. Maintenant que je suis plus grand et que j’apporte des soins infirmiers aux enfants, je pense qu’il est décédé d’une hémorragie cérébrale après ces coups, » affirme un ancien enfant talibé.
Un système de traite d’êtres humains
Le phénomène de mendicité forcée des enfants talibés est basé sur un système de recrutement dans le pays mais aussi au niveau sous-régional - des maîtres coraniques et enfants talibés étant issus de certains pays voisins comme la Gambie et la Guinée Bissau, qui s’apparente souvent à un système de traite d’enfants aux fins de leur exploitation économique. Le Coordonnateur du Projet de lutte contre l’exploitation et la mendicité des enfants talibés (PLEMET), Issa Saka, a révélé en 2016 que le phénomène rapporterait 5,475 milliards FCFA par an aux maîtres coraniques, pour la seule région de Dakar.
Selon la loi relative à la lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées et à la protection des victimes adoptée par le Sénégal en 2005 « quiconque organise la mendicité d’autrui en vue d’en tirer profit embauche, entraîne ou détourne une personne en vue de la livrer à la mendicité ou d’exercer sur elle une pression pour qu’elle mendie ou continue de le faire est puni d’un emprisonnement de 2 à 5 ans et d’une amende de 500,000 francs à 2,000,000 FCFA ». Cette loi est toutefois peu appliquée.
Des programmes de protection de l’enfance insuffisants
Condamnées par le Comité Africain d’Experts sur les Droits et le Bien-Être de l’Enfant et pointées du doigt par les instances internationales et régionales de protection des droits humains pour le défaut de protection des droits des enfants talibés, les autorités sénégalaises se sont engagées dans des programmes de création de daaras modernes et de modernisation de daaras traditionnels et des programmes de retrait des enfants des rues.
Mais insuffisamment conceptualisés et financés, ces projets ne répondent que partiellement aux besoins de protection des enfants talibés comme l’ont confirmé à Amnesty International des acteurs du secteur de la protection de l’enfance.
Un cadre juridique non mis en œuvre et incomplet
L’une des raisons de la persistance des violations des droits des enfants talibés est également la non-application des Conventions et lois de protection des enfants et l’absence de cadre réglementaire pour les daaras. Le Sénégal a ratifié plusieurs conventions internationales et régionales qui protègent les droits des enfants comme la Convention internationale relative aux droits de l’Enfant. La Constitution et certaines lois nationales protègent aussi les enfants de la traite et des mauvais traitements.
Mais ces dispositions ne sont pas dûment appliquées du fait, parfois, des pressions sociales.
Le projet de loi portant statut du « daara » qui vise à inclure les daaras dans le système éducatif national a été validé par le Conseil des ministres en juin 2018 mais n’a toujours pas été soumis pour examen à l’Assemblée nationale. Certains maîtres coraniques qui voient dans ce projet une manière de lutter contre l’islam font pression contre l’adoption de cette loi.
Un important projet de Code de l’enfant reste également bloqué du fait de pressions de milieux conservateurs.
Au regard de cet état de fait, Amnesty International recommande des pistes d’actions afin de lutter contre les abus dont sont victimes les enfants talibés et de renforcer la protection de l’enfance. Les autorités sénégalaises doivent notamment établir une cartographie des écoles coraniques et du nombre d’enfants talibés pour comprendre l’ampleur du phénomène, renforcer le financement de ses programmes de modernisation des daaras et de protection de l’enfance, adopter le projet de Code de l’enfant et la loi portant statut du « daara » et faire appliquer le code pénal et la loi sur la traite pour poursuivre les auteurs de maltraitance et les organisateurs de la mendicité forcée."
LA LIBERTÉ DE LA PRESSE N'EST PAS ABSOLUE
Les libertés, notamment celles d’expression, d’information et de la presse sont des droits qui "ne sont pas absolus", a soutenu le Premier ministre, Amadou Ba, lors de sa déclaration de politique générale (DPG), lundi, devant les députés
“Notre pays a une longue tradition de protection des droits fondamentaux, notamment la liberté d'expression, la liberté d'information et la liberté de la presse. Cependant, ces droits ne sont pas absolus”, a souligné M. Ba.
“La responsabilité et la redevabilité en sont les corollaires. Ils (les droits et libertés) s’exercent dans le strict respect des lois en vigueur et en conformité avec les règles d'éthique et de déontologie”, a argué Amadou Ba.
Il considère les réseaux sociaux comme “une incontestable avancée” de la liberté d'expression.
“En revanche, souligne le Premier ministre, force est de constater que les libertés de communication et d'expression offertes par les réseaux sociaux génèrent des abus inacceptables : violation de la vie privée, messages de haine, fausses informations, diffamation, harcèlement, appels à la violence, propagande terroriste”.
“Face à tant de dérives malheureuses, notre société s'interroge, s'inquiète et s'alarme”, a ajouté Amadou Ba.
Selon lui, le président de la République a demandé au gouvernement de réfléchir à “un dispositif de régulation des réseaux sociaux et du cyberespace”.
De “larges concertations” seront menées dans le but de “concilier la liberté d'expression avec le droit” des citoyens d'être protégés de l’injure, de la diffamation et du harcèlement sur les réseaux sociaux, a annoncé le Premier ministre.
“Nous partageons tous l'idéal de liberté, qui a toujours guidé les pas de notre nation, sans hésitation ni incertitude. Cet idéal sera protégé, tout comme l'ordre public sera maintenu”, a-t-il assuré.
LES SUBVENTIONS NE DÉPASSERONT PAS 2,2% DU PIB EN 2023
Les subventions sur les produits de consommation ne dépasseront pas 2,2 % du produit intérieur brut (PIB) en 2023, a assuré le Premier ministre, Amadou Ba en faisant sa déclaration de politique générale (DPG) devant les députés réunis en séance solennelle
Dakar, 12 déc (APS) - Les subventions sur les produits de consommation ne dépasseront pas 2,2 % du produit intérieur brut (PIB) en 2023, a assuré le Premier ministre, Amadou Ba, en faisant sa déclaration de politique générale (DPG) devant les députés réunis en séance solennelle.
Durant l'année en cours, le gouvernement a soutenu le pouvoir d'achat des ménages avec des subventions, dans le but de ‘’réduire les inégalités’’, selon M. Ba.
Dans ce cadre, la subvention des produits de consommation courante et de l'énergie a coûté 717 milliards de francs CFA, soit 4,4 % du PIB, a-t-on appris du Premier ministre.
La subvention de l’électricité, du gaz butane et du carburant a coûté plus de 300 milliards de francs CFA, alors que 157 milliards CFA ont été alloués à la stabilisation des produits de grande consommation, a dit Amadou Ba.
En 2023, annonce-t-il, 450 milliards de francs CFA seront alloués aux subventions, dont 350 milliards pour l'électricité.
Mais les subventions ‘’ne dépasseront pas 2,2 % du PIB’’, a assuré le chef du gouvernement.
Il ajoute que ‘’des mesures spécifiques’’ sont prévues pour éviter les ‘’dérapages budgétaires’’.
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AFRICAN GROOVE EN MODE SALSA À CERVANTES
Les aficionados de l'afro-cubain ont pu voyager entre trois continents en compagnie des salseros d'African Groove, qui ont tour à tour interprété avec maestria les chansons de Laba Sosseh du Sénégal, de Gnonnas Pedro du Bénin ou encore de Buena Vista...
Les aficionados de l'afro-cubain ont pu voyager entre trois continents en compagnie des salseros d'African Groove, qui ont tour à tour interprété avec maestria les chansons de Gnonnas Pedro du Bénin, Laba Sosseh du Sénégal ou encore de Buena Vista de Cuba, jeudi dernier, sous le regard intéressé du public de presque tous les continent puisque la musique, ce « bruit qui pense» selon Victor Hugo, est aussi un langage universel.
Cette soirée entre dans le cadre de la célébration de l'an de l'Instituto Cervantes, le tout premier centre culturel espagnol de toute l'Afrique subsaharienne, inauguré le 13 décembre 2021, à Dakar, par la de la reine Letizia Ortiz d'Espagne en présence des autorités sénégalaises et espagnoles.
Une déclaration de politique générale est un acte par lequel le Premier ministre dévoile sa personnalité politique et engage la responsabilité du gouvernement devant l'Assemblée nationale, en présentant son programme de gouvernement
La déclaration de politique générale du Premier ministre se tient aujourd’hui à l’Assemblée nationale à partir de 9 heures. Avant lui, Abdoul Mbaye, Mimi Touré, Boun Dionne, à deux reprises, ont satisfait à l’exercice. «l’AS» revient sur ces différentes séances de l’histoire politique sous Macky Sall en tenant compte des spécificités des discours et des hommes qui l’incarnent.
Une déclaration de politique générale est un acte par lequel le Premier ministre dévoile sa personnalité politique et engage la responsabilité du gouvernement devant l'Assemblée nationale, en présentant son programme de gouvernement. Cependant, pour la première fois dans l’histoire parlementaire du Sénégal, un Premier ministre devra solliciter un vote de confiance dans une Assemblée où la mouvance présidentielle dispose d’une majorité étriquée (82 députés pour BBY, 80 pour Yaw-Wallu et 3 députés non-inscrits). Conséquence : si la déclaration de politique générale est rejetée, le gouvernement doit démissionner. En attendant d’en savoir davantage aujourd’hui sur l’issue qui sera réservée à cet exercice qui fait office de tradition républicaine, «L’AS » revient sur les différentes déclarations de politique générale sous Macky Sall.
ABDOUL MBAYE, L’INCARNATION DE LA RUPTURE
Dès son accession à la magistrature suprême, le Président Sall qui voulait incarner la rupture a fait appel à unhomme inconnu du bataillon politique. Banquier de son état, Abdoul Mbaye a été nommé Premier ministre etil devait ainsi dérouler la vision du chef de l’Etat. Dans un hémicycle acquis à la majorité présidentielle Benno Bokk Yaakaar (BBY), il soutenait que la configuration de cette Assemblée nationale augurait d’une nouvelle ère dans la vie de notre prestigieuse Institution. «Une ère de rupture attendue et espérée par tous nos compatriotes », disait-il. Monsieur Mbaye était ainsi le profil adéquat pour vendre le changement après avoir réussi une seconde alternance démocratique entraînant le départ d’Abdoulaye Wade du pouvoir. « En me présentant devant vous ce matin, j’ai le profond sentiment que notre pays est entré dans une ère nouvelle .Une ère de ruptures qui annonce de nouvelles perspectives pour hisser le Sénégal au rang des nations émergentes », disait-il en appelant à l’adoption d’une méthode de gouvernance qui appelait le changement. Monsieur Mbaye indiquait que cette nouvelle vision était celle d’un Sénégal émergent, abritant une société sur le chemin du progrès, solidaire et adossée à des valeurs telles que le respect de soi-même, de l’autre et du bien public ; sans oublier la justice, l’équité, le sens du devoir.
MIMI TOURE, «MADAME BONNE GOUVERNANCE ET REDDITION DES COMPTES»
Le 28 octobre 2013, c’est le deuxième PM sous Macky Sall, Aminata Touré qui allait décliner sa feuille de route. Il s'articulait principalement autour de trois grands axes : la prise en charge des urgences sociales etla correction des inégalités ; la relance de l'économie pour une croissance génératrice d'emplois ; et la consolidation de l'Etat de droit avec le renforcement de la bonne gouvernance et le développement local. Durant son passage à la tête du gouvernement, Mimi Touré s’était particulièrement distinguée sur ce troisième point en lançant la traque des biens mal acquis. C’est ainsi que la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) a été réactivée, aboutissant ainsi à l’arrestation puis à l’emprisonnement du fils de l’ancien Président, Karim Wade.
MAHAMMAD BOUN ABDALLAH DIONNE, LE SERVITEUR DE MACKY SALL
En trois ans, le Premier ministre sénégalais Mahammad Boun Abdallah Dionne a passé à deux reprises devant l’Assemblée nationale pour faire sa déclaration de politique générale. Le 11 novembre 2014, lors du premier exercice, son propos était centré sur les actions et mesures fortes à même de répondre aux trois défis cruciaux que sont : bâtir une croissance forte et durable grâce à de nouvelles capacités productives, créer des revenus durables pour les ménages et offrirdes emplois décents, surtout aux jeunes et aux femmes. Reconduit le 6 septembre 2017, Dionne était résolu à vendre le slogan « Le Sénégal de tous, le Sénégal pour tous». Face aux élus du peuple le 5 décembre 2017, Mahammad Boun Abdallah Dionne révélait que le Président Macky Sall avait expressément instruit le gouvernement à incliner le Plan Sénégal Emergent vers davantage d'inclusion sociale, pour plus de cohésion sociale. « La vision d’un Sénégal de tous, d'un Sénégal pour tous, porté par le PSE, c'est d'abord un Sénégal sans exclusion, où tous les citoyens bénéficient des mêmes chances et des mêmes opportunités pour réaliser leur potentiel et prendre en main leur destin. C'est aussi un Sénégal avec un Etat qui rassure le citoyen en lui assurant une gouvernance vertueuse et un partage équitable des ressources ; un Etat qui associe le citoyen à ses décisions par une écoute attentive ; un Etat qui prend soin du citoyen et réalise ses attentes. C'est aussi un Etat qui combat la précarité, l'injustice sociale, les inégalités, l'insécurité, l'iniquité et la vulnérabilité », disait-il en substance.
AMADOU BA, QUELLES ATTENTES ?
Aujourd’hui, c’est dans une Assemblée nationale bouillonnante qu’Amadou Ba devra sacrifier à la tradition. Il devrait normalement dérouler dans son discours le cahier de charges qui lui est fixé par le chef de l’Etat. Inspecteur des impôts et des domaines et ancien ministre de l'Economie et des Finances de 2013 à 2019, et des Affaires étrangères entre 2019 et 2020, il estle premier à occuper le poste de Premier ministre après sa restauration en décembre dernier. Il est le quatrième Premier ministre de Macky Sall, après Abdoul Mbaye (2012-2013), Aminata Touré (2013-2014) et Mahammed Dionne (2014-2019). Il faudra s’attendre à ce qu’il revienne particulièrement sur les actions posées ou à déployer pour alléger le coût de la vie, le soutien à l’emploi et l’entrepreneuriat des jeunes, la lutte contre les inondations et la cherté du loyer. On se demande cependant si Amadou Ba aura de la baraka en bénéficiant comme ses prédécesseurs d’un vote de confiance dans un Parlement hétérogène où l’opposition et les non-alignés peuvent tout simplement rejeter la déclaration de politique générale et entraîner la démission du gouvernement.