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25 août 2025
Par Mamadou Ndiaye
ATTENTION, DANGER !
Ça ne se passe pas très bien dans les transports au Sénégal. Le Premier ministre Amadou Ba prend les choses en mains. Mansour Faye, ministre des Transports, se met en retrait. Un signe ? Un signal ?
Ça ne se passe pas très bien dans les transports au Sénégal. Le Premier ministre Amadou Ba prend les choses en mains. Mansour Faye, ministre des Transports, se met en retrait. Un signe ? Un signal ?
Chaque jour apporte son lot d’accidents stupides, de malheur, de blessés graves et de morts atroces sur les routes. Les constats détectent des défaillances humaines : fatigue des conducteurs, défaut de permis de conduire, excès de vitesse ou surcharges des véhicules.
Aucune enquête menée, au double plan technique ou judiciaire, n’a abouti à des carences ou à des manquements imputables aux marques, aux propriétaires ou aux gestionnaires devant pousser le gouvernement à retirer ou à suspendre des licences d’exploitation. L’essor des infrastructures et leur probable interconnexion dans le futur devraient hisser la mobilité à une nouvelle échelle de complexité.
D’ordinaire, la fréquence des accidents incite les autorités à retirer de la circulation les marques et les types de véhicules impliqués, le temps de déceler les causes et d’interpeller les constructeurs. Voit-on le Gouvernement du Sénégal convoquer à Dakar les responsables de Général Motors, Fiat, Renault, Nissan, Peugeot ou Hyundai qui se targuent de détenir d’avantageux indices de fiabilité ? Circulez…
Les acteurs actuels, mal préparés à ces nécessaires transformations structurelles, récusent toute idée de changement qui serait pour eux et selon eux, synonyme de mort programmée. Et pourtant sur les routes, ces refus ont pour conséquence des tragédies humaines avec des éclopés pour la vie, des handicapés qui, hier seulement, étaient des actifs en pleine possession de leur intégrité physique.
Des propriétaires à courte vue, des syndicalistes agités et des souteneurs de mauvaise foi prennent en otage des millions d’usagers dont l’exaspération n’a d’égale que leur impuissance. Rien qu’à voir la litanie des mesures et le socle revendicatif des transporteurs, l’on mesure le fossé qui nous sépare de l’impérative adaptation de notre système routier.
Certes, il se modernise et s’étend. Mais le parc de véhicules ne suit pas la tendance lourde. Au contraire, il s’enlise dans la vétusté, la médiocrité malgré l’existence d’opportunités incitatives. Pourquoi jusqu’à ce jour, les conclusions des enquêtes n’ont pas été portées à la connaissance du grand public ?
Le ridicule de notre situation, ajouté aux agissements puérils qui s’observent, entremêle l’irresponsabilité et l’indifférence au sein de sempiternelles discussions. Quand un pays fait face à une série ininterrompue d’accidents aussi spectaculaires que mortels, il y a lieu d’examiner et les fréquences et les effets répétitifs de même que les marques de fabriques en interpellant à haute et intelligible voix les maisons concessionnaires.
Mais là pointe une difficulté majeure : nombre des bus en circulation sont « hors normes » et « hors sols ». Une fois débarqués sur terre sénégalaise, cette terre d’exception, ils subissent d’ahurissantes modifications qui laissent pantois les ingénieurs de conception.
Nos mécaniciens sont de braves gens, il est vrai. Souvent, ils sortent de leur zone de « confort » pour entrer dans une filandreuse zone « d’incompétence » plus risquée parce qu’aléatoire et, de mésaventures en déboires, ils finissent par nous « sortir de leur usine » des monstres roulant à l‘origine des hécatombes recensées.
Autre curiosité : qui certifie que de tels bus modifiés sont « aptes » à la circulation ? Pire, qui atteste que ces mêmes bus ont souscrit des polices d’assurances auprès de professionnels aguerris et assermentés ? Pour peu, on pointerait une irresponsabilité collective de services de contrôle dédiés à ces tâches routinières. Ces faits irréfutables pullulent dans le secteur mal assaini des transports où tout et son contraire se côtoient dans un indescriptible désordre.
Ainsi la bataille de l’ordre doit être engagé sans faiblesse aucune. Car le secteur est en berne. Sa richesse se réduit, de même que sa grandeur. Le pays vit dans un bruit de fond qui le vide de toute cohérence de projet collectif, à savoir une nation. La cupidité colonise les esprits, désormais.
Les transports sont à l’économie ce que sont les vaisseaux sanguins dans un corps. Ils irriguent les métiers et les échanges par la mobilité et entretiennent un flux intensif de marchandises et de produits bruts, finis ou semi finis. Ils sont porteurs de croissance saine par les plus-values engrangées, pourvu simplement que l’assainissement et la stabilité soient au rendez-vous. Les vies et les modes de vie changent en même temps que les services, les achats, les consommations et les déplacements. La mobilité s’érige en art. Presque…
En écho à ces ajustements, les pouvoirs publics doivent cesser de piloter les allocations budgétaires à coups de rabot. Les transports vivent ces restrictions de dépenses en reportant les charges afférentes sur les transporteurs qui, sans se faire prier, esquivent en les répercutant à leur tour sur les tarifs.
Le gouvernement, qui brandissait le social comme son « trophée de conquête », s’agace des hausses annoncées. Pour l’heure, il ne trouve pas de parade à ce défi des transporteurs de déserter les routes, quitte à amplifier le malaise ambiant né des traumatismes causés par les nombreux cas d’accidents enregistrés. La tourmente dure et perdure.
De ce fait, le pays reste suspendu à des négociations sérieuses qui doivent s’articuler autour de la sécurité et de la sureté avant toute recherche de gains. La sauvegarde des vies humaines est une priorité absolue devant laquelle toute autre prétention doit s’estomper. Une fois ce principe intangible avancé, tout le reste peut faire l’objet de concession ou de consensus sur fond d’un réalisme partagé par les acteurs et les opérationnels.
La route, faut-il le rappeler, est une composante des transports qui englobent le rail, la mer, les fleuves et l’aérien. L’efficience a pour finalité de rendre effective la jonction des lignes et des réseaux (ferroviaires, maritimes et aériens) sans rupture de mobilité (et de charge) pour les voyageurs et les biens. Cette perspective fait appel à une élévation du niveau de conscience pour comprendre que les enjeux de demain ne s’encombrent pas des « petits intérêts » d’épicier.
Le corporatisme a asséché la créativité et le dynamisme dans ce secteur stratégique et névralgique à la fois. Les gros porteurs qui nous arrivent de la Mauritanie, du Mali et du Burkina achèvent de faire comprendre que ces pays de l’hinterland ouest-africain ont réalisé un saut qualitatif dans l’acquisition de moyens roulant de qualité.
Pour avoir subi dans le passé beaucoup de tracas routiers, ils ont alerté les régulateurs de l’intégration qui ont fini part imposer à Dakar des injonctions assorties de pénalités. Un lien noue notre économie à cet ensemble régional d’intégration. La faible visibilité de notre économie des transports traduit un manque de compétitivité de la logistique sénégalaise.
Celle-ci a encore de gros progrès à accomplir pour être à hauteur des concurrents sous régionaux dont certains affichent déjà des ambitions de champions. Ces accidents à répétition trahissent le projet d’émergence dont se vantent les autorités qui s’aperçoivent qu’une telle faiblesse abîme des volontés.
VERS UN BRAS DE FER ENTRE TRANSPORTEURS
Heureusement pour les usagers que les transporteurs ne parlent pas le même langage. Mais, à partir de minuit, ce mardi 17 janvier 2023, il faudra prendre ses précautions. Le mot d’ordre de grève illimitée est lancé.
Heureusement pour les usagers que les transporteurs ne parlent pas le même langage. Mais, à partir de minuit, ce mardi 17 janvier 2023, il faudra prendre ses précautions. Le mot d’ordre de grève illimitée est lancé. L’annonce a été faite par le secrétaire général du Syndicat des travailleurs routiers du Sénégal affilié à la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts), Alassane Ndoye, protestant ainsi contre les 22 mesures décidées par l’État, après l’accident meurtrier de Sikilo à l’origine de plus d’une quarantaine de morts et de plusieurs dizaines de blessés dont certains grièvement.
Lundi, 17h30, à la gare routière de Colobane. C’est très animé à l’heure de la descente. Les usagers sont obligés d’enjamber les flaques d’eau laissées par les occupants des lieux, lors de leurs ablutions. De longues files sont observées devant les bus Tata et cars ‘’Ndiaga Ndiaye’’. Gare à ceux qui n’auront pas pris le soin d’identifier celui ou celle qui les devance ou qui vient après eux. Certains se croyant plus pressés que d’autres sont prompts à dérober une place laissée vacante.
À 17h39, un des bus de la ligne 30 des bus Tata a fini de faire le plein, toutes les places assises sont occupées, certains clients sont même debout. Le chauffeur fait tourner le moteur, les clients se tournent vers le receveur pour acheter leur ticket. De Colobane au Jet d’eau, on débourse 100 F CFA. Le tarif n’a pas encore changé. L’augmentation annoncée n’est pas encore entrée en train en vigueur. Mais, cela ne saurait tarder, prévient Mbaye Fall, président de Jappo Liggey.
« Je représente Alassane Ndoye, ici à la gare routière de Colobane et dans toute la région de Dakar », nous confie-t-il. Avant de pester contre les 22 mesures prises par le gouvernement après le drame de Sikilo. Le syndicaliste qui les assimile à des « sanctions infligées aux chauffeurs » les juge « inadmissibles. » Il ajoute : « C’est comme si les chauffeurs sont responsables des accidents. Aller en grève est la meilleure option pour nous afin de nous faire entendre. Les chauffeurs sont aussi des pères de famille. Il ne faut pas l’oublier. Comme tous, ils vont travailler mais souhaitent rentrer chez eux sains et saufs le soir et retrouver les membres de leur famille. Il faut qu’on arrête. Trop, c’est trop. Il faut savoir que ce qui arrive relève de la volonté divine. La preuve ! Après l’accident de Sikilo, on avait interdit la circulation interurbaine des véhicules de transport public de personnes de 23 heures à 5 heures du matin. Mais, ça n’a servi à rien. L’accident à Sakkal s’est produit en plein jour. »
Avant d’enchainer : « Ce qui se passe, et c’est mon cas, des chauffeurs dorment le jour et conduisent la nuit. C’est une très vieille habitude. Je dors après la prière de l’aube. Il faut prendre les bonnes mesures. Autre chose, les Sénégalais ont l’habitude de voyager avec beaucoup de bagages. Il faut aussi voir quand on transporte le corps d’un défunt. Est-ce quelque chose est prévu pour ça ? Le Magal de Porokhone pointe à l’horizon. Il faut en tenir compte de tous ces paramètres. Tout ça pour dire que cette mesure ne peut pas prospérer. D’ailleurs, ils ont vite fait de reculer. Ce que nous voulons, c’est qu’elle soit annulée. Tout simplement. Il faut plutôt qu’on s’entende sur ce qui est possible de faire pour la limitation des porte-bagages. Les chauffeurs en sont conscients. Mais, interdire tout bonnement, il n’en est pas question. »
Concernant le dernier point, il a souligné que « l’État ne peut pas augmenter le prix du gasoil et refuser qu’on en fasse autant pour les tarifs. C’est impossible. On doit réajuster les prix et on va le faire. Les subventions ne serviront à rien. On l’a vécu lors du Covid-19, on nous avait promis des compensations après les mesures de restrictions, mais certains parmi nous n’ont rien reçu. On est en train de se concerter pour fixer les nouveaux tarifs. »
Une hausse qui sera opérée, annonce-t-il, lors de l’arrêt de travail illimitée que lui et ses camarades comptent observer mardi à partir de minuit. « Le mot d’ordre est lancé dans toutes les régions du Sénégal. Nous ne reculerons pas tant que l’État ne nous convoquera pas autour de la table des négociations », a-t-il prévenu.
Le constat a été fait au sein de la même gare routière que les syndicalistes sont divisés. Si les trois syndicats affiliés à Alassane Ndoye, Pape Mamadou Ndiaye et Gora Khouma sont sur le pied de guerre. Ce n’est pas le cas de Mamadou Ndiaye, président du Gie Anda Jappalé Xaleyi.
« L’État a reculé depuis. On ferait mieux de poursuivre les discussions pour aboutir à un consensus. C’est la conduite à tenir, selon moi. Parce qu’on ne peut pas continuer à forcer la main au gouvernement. Il y a trop de morts sur nos routes. Il faut le reonnaître. Certes, c’est la volonté divine mais on doit penser aux proches des victimes. On nous accuse de rouler pour l’État mais, on n’ira pas en grève. Je considère que l’État a tenu compte de nos revendications en repoussant d’un an l’interdiction des porte-bagages, tout comme la limite d’âge. On a obtenu de nombreux points. C’est cela la vérité. On doit négocier les autres points au lieu d’aller en grève ».
Mêmes les chauffeurs de taxi sont divisés. En ce qui les concerne, ceux qui ont décidés ne boycotter la grève, craignent de voir leur véhicule caillassé par les grévistes.
L’Association de financement des professionnels du transport urbain (Aftu) ne prendra pas part à la grève. Son premier vice-président, Ndongo Fall, l’a dit, lors d’un point de presse organisé par la Fédération nationale des transporteurs du Sénégal (Fnts).
PAR Pr Abou KANE
SECTEUR DES TRANSPORTS ET CAPTURE RÉGLEMENTAIRE AU SÉNÉGAL : DE LA COLLUSION A LA COLLISION
Plus de 60 morts dans deux accidents de la route en l’espace d’une semaine ; on ne veut pas passer du transport terrestre au transport vers…l’au-delà ! Nous prions pour le repos de l’âme des défunts et souhaitons prompt rétablissement aux blessés.
Plus de 60 morts dans deux accidents de la route en l’espace d’une semaine ; on ne veut pas passer du transport terrestre au transport vers…l’au-delà ! Nous prions pour le repos de l’âme des défunts et souhaitons prompt rétablissement aux blessés.
La capture réglementaire survient lorsque l’entité publique qui est chargée de réguler un secteur est soumise à une pression de lobbies qui l’amènent à prendre des décisions en leur faveur ou à ne pas appliquer des mesures en leur défaveur. Cette entité (agence ou ministère) roule ainsi pour des intérêts privés et commerciaux d’un groupuscule qui se croit investi d’un pouvoir de pression qui fera plier l’autorité.
L’informalité du secteur des transports rend le contrôle plus difficile certes, mais il faut reconnaître qu’il y a une sorte de collusion (entente) entre ceux qui sont chargés de contrôler et les transporteurs ; c’est cette collusion qui cause les collisions (chocs).
Au Sénégal , des voitures de transport en commun en très mauvais état, de véritables cercueils roulants , arpentent les routes tous les jours dans l’impunité totale.
Plusieurs facteurs de risque sont ainsi cumulés : mauvais état des véhicules, imprudence des conducteurs, étroitesse de certaines de nos routes au vu du nombre de camions et de bus qui les empruntent.
Contrairement à l’illusion d’optique qu’on peut avoir, il y a moins de 5% de population active occupée dans les activités de transport alors que 25% sont dans les activités agricoles et pastorales ; 30% dans le commerce de gros et de détail (Enquête ERI-ESI de l’ANSD).
En 2023, le ministère en charge des transports et celui des forces armées ont les deux plus gros budgets du Sénégal (plus de 277 et plus de 272 milliards FCFA respectivement) et si l’on y ajoute les 180 milliards du ministère de l’intérieur, on a un total de 730 milliards, soit 20% de nos recettes internes (fiscales et non fiscales) qui s’élèvent à 3640 milliards FCFA . On voit bien que le couple TRANSPORT-SECURITE devrait être très solide car, en principe, on a tous les moyens de réguler le sous-secteur des transports et y garantir la sécurité.
Il faut avoir de bonnes règles et surtout savoir les faire respecter. Que Dieu nous garde !
MANSOUR FAYE, LA SURCHARGE POUR MACKY
Partira, partira pas. Mansour Faye pèse lourd pour le Président et son image. Et les confidences de proches et responsables du parti le corroborent.
Partira, partira pas. Mansour Faye pèse lourd pour le Président et son image. Et les confidences de proches et responsables du parti le corroborent. De la gestion du Covid aux accidents récurrents, en passant par la tension avec les transporteurs…, le ministre et beau-frère du Président a fini d’installer une gêne au sein du pouvoir.
Mansour Faye va-t-il survivre de ce nouvel accident à hauteur de Sakal ayant fait 22 morts ? Il a survécu, en tout cas, à d’autres situations pour le moins rocambolesques et intenables. C’est le cas de la gestion de l’acquisition du riz en plein covid et, récemment du rapport du rapport de la Cour des comptes qui réclame des poursuites judiciaires contre son Dage. Il n’est peut-être pas le responsable direct de l’accident meurtrier de Sikilo et ses 42 morts finalement. Mais le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement est un cas qui ne laisse pas indifférent.
La comparaison a été faite avec Diouf Sarr d’ailleurs qui a perdu son poste après la mort des 11 bébés au service de néonatalogie de l’hôpital de Tivaouane. Et il faut souligner que c’est aussi, au-delà du drame, la pression des agents de la santé et leur détermination à faire desserrer l’étau autour de leurs camarades mis en cause pour négligences médicales qui ont rendu inéluctable le départ du ministre de la Santé. L’on a encore relativisé sa « partition » dans la tragédie de Sikilo. Beaucoup étaient convaincus qu’il était en sursis. La grève illimitée et la hausse des tarifs annoncées augurent un bras de fer à l’issue duquel le pouvoir pourrait laisser des plumes. Dans son communiqué du dimanche 15 janvier, Mansour Faye a mis en garde l’Aftu contre toute hausse « unilatérale » des prix qui serait une « infraction » parce que contraire à la réglementation. Les propriétaires des bus Tata ont fini par renoncer à cette hausse après une réunion, hier, avec le Cetud. Mais parviendra-t-il à s’entendre avec Gora Khouma, Alassane Ndoye et autres ?
Mansour Faye, un « boulet » pour le Pouvoir
Une source tapie dans les arcanes du Pouvoir semble agacée, mais se veut modérée : « ça ne peut plus continuer. C’est lui qui devrait mettre à l’aise le Président. Nous comprenons que ce n’est pas facile à prendre comme décision pour le chef de l’Etat. Il y a sans doute d’autres paramètres que nous ignorons, mais il (Mansour Faye) devient un boulet pour le Président et pour nous tous. » En réalité, il se susurre que mêmes les officines de la communication du gouvernement semblent dépassées par l’image du ministre. « On a beau faire de la com’, tenter d’éteindre les feux, mais son seul visage sur les écrans et sur les lieux démolit toutes les stratégies, enterre tous les efforts. C’est une réalité », soupire un proche du chef de l’Etat. « Le boss (Macky) n’a encore laissé aucun signe de départ du beauf », relativise un autre, qui admet, en revanche, que « le malaise est évident ». Estimant que Mansour Faye a « cumulé non pas des fautes, mais de mauvais points », ce responsable de l’Apr, devenu silencieux depuis quelques mois, rit sous cape : « Quand, ce matin (hier), on l’a aperçu sur les lieux de l’accident de Sakal, on a prié pour qu’il n’ouvre pas la bouche. »
Le Pm en sapeur ?
C’est que depuis sa sortie contre les magistrats de la Cour des comptes, l’on redoute d’autres écarts de Mansour Faye. Tout semble corroborer qu’à défaut de le maîtriser et de le limoger, le chef de l’Etat essaie, au moins, de l’éloigner des phares et des micros. C’est ce qui expliquerait d’ailleurs que le Pm ait été dépêché cette fois-ci pour faire face à « l’opinion ». Le Président ayant préféré, contrairement à Sikilo, ne pas s’afficher après que les « mesures ont été prises ».
LES METIERS DE LA BRODERIE A LA LUMIERE
Une exposition collective de la galerie "19M Dakar'' ouverte au public depuis le 12 janvier dernier, au musée Théodore Monod met en relief toute la puissance du dialogue créatif en lien avec les savoir-faire des mains, les métiers de la brederie
Dakar, 17 jan (APS) - Une exposition collective de la galerie "19M Dakar'', ouverte au public depuis le 12 janvier dernier, au musée Théodore Monod, met en relief toute la puissance du dialogue créatif, en lien avec les savoir-faire des mains, les métiers du tissage et de la broderie.
Cette exposition fait suite au défilé métiers d'art 2022/2023 que la marque française Chanel avait organisé le 6 décembre dernier à l'ancien palais de Justice de Dakar, une première pour ladite marque en Afrique.
La galerie "12M Dakar'' devait lancer officiellement ses activités le jeudi 12 janvier dernier mais cet évènement a été reporté au 19 du même mois, pour respecter le deuil national ayant frappé le Sénégal suite à l'accident de la route survenu le 8 janvier dernier à Sikilo, près de la ville de Kaffrine (centre).
Cette nouvelle galerie dakaroise se veut le prolongement de celle du même nom, ouverte à Paris l'année dernière à la même période.
"La galerie du 19M Dakar est le fruit de collaborations entre des artistes du 19M Paris et des artistes et artisans du Sénégal. Elle permet d'illustrer et de mettre à l'honneur ces mains tout à fait spécifiques [que sont celles des artisans] et la puissance du dialogue créatif entre des artistes et cet artisanat", a expliqué à l'APS Bruno Pavlovsky, président de la Fédération de la haute couture et de la mode de la maison Chanel.
Intitulée "Sur le fil, broderie et tissage", cette première exposition "hors les murs" de la galerie française met en relief des œuvres monumentales en majorité, faites de diverses matières avec pour base le fil.
Il y a par exemple l'œuvre du peintre français Yassine Mekhnache, "Murdiya" (un territoire imaginaire), qui fait 6,5m de long sur 4,20 de haut. Déjà exposée à la galerie "19M Paris", cette œuvre est représentée par une toile de coton brodée de perles à la main (2000 heures de broderie), "un triptyque monumental dont chaque pan de textile correspond à un point de broderie indien, nigérian ou marocain qui inspire ses œuvres depuis quinze ans".
Yassine Mekhnache, présent à Dakar, a fait part de son ambition de réaliser "un projet de broderie transafricaine" suivant une sorte de "dialogue des artisans" de différents pays dont le Sénégal qu'il découvre pour la première fois. L'objectif visé par l'artiste est un espace d'échanges autour des langages de la broderie.
"Aujourd'hui, on a besoin de se replonger dans les valeurs ancestrales et de se rappeler ce que nos parents et nos grands-parents faisaient. Je compare la broderie à la pierre taillée, car on parle de quelque chose qui nous dépasse dans le temps et qui a toujours était là'', dit-il.
"Avec l'arrivée des technologies, elle a connu un recul. Ce qui m'intéresse, c'est de la ramener à leur niveau, à l'excellence qu'elle a en elle. Le trésor est enterré au village, il faut aller le chercher'', ajoute l'artiste.
Dans un coin de la salle d'exposition, l'artiste Marie-Madeleine Diouf présente une malle contenant différents pagnes couleur indigo, des boubous, des "ndockettes", accoutrement prisé des femmes sénégalaises.
Français d'origine haïtienne, Julian Farade a pour sa part présenté des tableaux avec des pagnes de coton blanc "malicane" imprimés de récits d'aventures de "Leuk le lièvre", telles que contées par Léopold Sédar Senghor et Abdoulaye Sadji. Les mêmes pagnes sont en même temps enrichis de motifs de brodeuses de Ngaye Méckhé, dans la région de Thiès.
Julian Farade a déjà exposé à la galerie "19M à Paris", dans le cadre d'un partenariat avec la boutique "Le Sage", une maison de broderie et d'ornement travaillant avec Chanel.
"Cette exposition à Dakar enrichit beaucoup, c'est très important et cela permet de voir comment on peut transmettre la couleur, discuter sans voir notre interlocuteur", dit Julian Farade, qui a collaboré avec les femmes de Ngaye Méckhé sans les rencontrer.
Cette exposition collective célèbre la transmission, à travers certains projets de co-création visant à établir un pont entre Aubervilliers et Dakar, à l'image des deux tapisseries commandées aux Manufactures sénégalaises des arts décoratifs de Thiès (MSAD).
La collaboration entre la Maison Montex et le centre culturel "Kër Thiossane", à Dakar, s'inscrit dans la même perspective.
L’exposition de la galerie "19M Dakar", qui prend fin le 31 mars prochain, réunit une quarantaine d'œuvres et d'installations réalisées par près de trente artistes et artisans contemporains originaires du Sénégal mais aussi d'Afrique du Sud, de la Bolivie, de la France et du Mali.
"Plusieurs œuvres sont produites spécialement pour l'événement, certaines en complicité avec des maisons d'art du 19M, tandis que d'autres ont été prêtées par des artistes, des institutions publiques ou des collectionneurs privés", ont indiqué les organisateurs.
LA LSFP EN PAUSE
Les clubs de ligue 1 et 2 observent depuis le 29 décembre une trêve de trois semaines en raison de la participation du Sénégal au Championnat d’Afrique des nations (13 janvier-4 février) en Algérie
Dakar, 17 jan (APS) - Les clubs de ligue 1 et 2 observent depuis le 29 décembre une trêve de trois semaines en raison de la participation du Sénégal au Championnat d’Afrique des nations (13 janvier-4 février) en Algérie, poussant les techniciens à concocter des programmes spécifiques pour éviter une éventuelle baisse de forme.
Après avoir observé quelques jours de repos, les équipes de ligue 1 et 2 sont obligées de faire preuve d’imagination pour ne pas perdre le rythme. Si certains clubs ont choisi de prendre part à des tournois ou à des matches amicaux, d’autres ont préféré mettre leurs joueurs au repos pour une meilleure récupération.
‘’Nous avons permis aux joueurs de se reposer en leur donnant deux semaines de vacances. Ils ont pris une période de congé depuis le 07 janvier. La reprise est programmée pour le lundi 23 janvier prochain’’, a informé Bruno Rohart, entraineur de Diambars, l’actuel leader de la ligue 1 (21 points).
Dans un entretien téléphonique avec l’APS, le technicien français a fait valoir que ses poulains ‘’ont besoin de repos’’, car ayant ‘’fourni beaucoup d’énergie durant quatre mois et demi depuis le début du championnat’’.
La situation est tout autre au Casa-sports, où les joueurs ont déjà repris les entrainements après seulement une semaine de repos.
‘’La semaine de congé concernait nos joueurs titulaires. Les autres avaient seulement quatre jours de repos, parce que soit ils n’avaient pas suffisamment de temps de jeu, soit ils reviennent de blessures’’, a confié à l’APS Ansou Diahdiou, coach de l’équipe fanion de Ziguinchor, championne du Sénégal en titre.
Dans ce club phare du sud du pays, le staff technique, tenant compte de la situation géographique de cette région, a concocté un plan de travail spécifique compte tenu des réalités locales.
‘’A Ziguinchor, c’est très difficile de trouver un sparring-partner, parce que toutes les autres équipes locales évoluent en national 1 ou 2, deux compétitions qui n’ont pas connu la même trêve observée au niveau de l’élite. Nous sommes obligés d’organiser des tournois avec nos cadets et nos juniors pour être dans le rythme’’, a expliqué Diahdiou.
Deuxième au classement avec le même nombre de points que Diambars (21 points), le Casa-sports va prendre part à deux tournois à Dakar et Louga (nord), pour ‘’maintenir la forme et le rythme que les joueurs avaient avant la trêve’’.
Au Jaraaf de Dakar, l’organisation d’un stage fermé a été retenue pour mieux affiner les plans de jeu sur les plans technique et tactique.
‘’Nous avons repris les entrainements depuis lundi (…). Nous préparons un stage fermé de dix jours pour permettre à certains joueurs de se mettre à niveau. Ce stage nous permettra aussi de nous améliorer sur les plans technique et tactique’’, a souligné Yousoupha Dabo, le coach de l’équipe de la Médina.
Dabo mise aussi sur des matches amicaux et des tournois non encore ficelés pour affiner la préparation de son équipe avant la reprise. ‘’Nous nous préparons pour des matches amicaux. L’on nous parle aussi d’un tournoi pour lequel nous attendons une confirmation. Ce serait vraiment un plus si ce tournoi était confirmé’’, a confié l’ancien coach de Tengueth FC.
En difficulté depuis l’entame de la saison, la Linguère de Saint-Louis et l’As Douanes, respectivement, 12ème (11 points) et 13ème (10 points) sont dans la zone de relégation. Les entraineurs des deux équipes comptent bien mettre à profit la période de trêve pour quitter la zone rouge à la reprise.
‘’Nous nous sommes reposés pendant une dizaine de jours. A Saint-Louis, nous manquons de sparring-partners à qui se mesurer. Mais, nous essayons de tenir le rythme avec au moins un bon match par semaine. Nous allons aussi prendre part à un tournoi à Louga, dans les prochains jours pour reprendre en force’’, a expliqué Abdou Magib Diagne, le coach de la Linguère de Saint-Louis.
Chez les Gabelous, la priorité a été donnée à la ‘’récupération active’’ avec une semaine de repos.
‘’Nous sommes à la deuxième phase de notre programme de trêve. Elle consiste à revoir notre effectif en vue de renforcer certains secteurs de notre équipe (…) la fin de la trêve va coïncider avec le début du mercato’’, a déclaré Lamine Diagne, l’entraineur de l’As Douanes.
A L'ECOLE DE LA GESTION DES PLANTES DE PACASEN
Des maires et des préfets des régions de Diourbel et Thiès ont entamé un atelier de deux jours sur la gestion des plaintes consécutives aux désagréments causés par les travaux du Programme d'appui aux communes et aux agglomérations du Sénégal (PACASEN)
Thiès, 17 jan (APS) - Des maires et des préfets des régions de Diourbel (centre) et Thiès (ouest) ont entamé un atelier de deux jours sur la gestion des plaintes consécutives aux désagréments causés par les travaux du Programme d'appui aux communes et aux agglomérations du Sénégal (PACASEN), a constaté l'APS, mardi, à Thiès.
Le but de l'atelier est de permettre aux bénéficiaires de collecter et de traiter dans les meilleurs délais les plaintes des riverains du PACASEN.
Il est organisé par l'Agence de développement municipal (ADM), chargée d'exécuter ce programme.
Des élus et des autorités administratives des départements de Bambey, Diourbel, Mbacké, Mbour, Thiès et Tivaouane y prennent part.
L'ADM veut les initier aux outils de gestion environnementale et sociale, dont le mécanisme de gestion des plaintes (MGP), qu'elle a mis au point.
Des commissions de médiation et de gestion des plaintes seront créées et des points focaux MGP nommés dans les communes et départements d'où viennent les participants de l'atelier.
"Cet atelier permettra de mettre en place des structures dédiées, qui seront […] capables de prendre en charge exclusivement" les plaintes des riverains, a expliqué Diadji Guèye, adjoint du préfet de Thiès.
Le citoyen dont la maison est impactée par la poussière provenant des chantiers du PACASEN peut s'en ouvrir à ces commissions, a expliqué Mbakhane Fall, expert en gestion environnementale et sociale du Programme d'appui aux communes et aux agglomérations du Sénégal.
Ce programme est financé avec 130 milliards de francs CFA fournis par la Banque mondiale, l'Agence française de développement et l'Etat du Sénégal.
Cent vingt-trois villes et communes doivent en bénéficier durant la période 2018-2023, selon les autorités en charge de sa mise en oeuvre.
A terme, 600 collectivités territoriales seront bénéficiaires du PACASEN.
Ousmane Diagne, le maire de Thiès-est, déplore la tenue de l'atelier à moins d'un an de la fin de la phase pilote du programme. Il juge le PACASEN “extrêmement important" et estime que "beaucoup de communes ne feraient pas des investissements" sans cette initiative.
"Nous allons fêter notre première année à la tête de la mairie, le 22 janvier. Toutes les réalisations faites dans la commune de Thiès-est, qui est une commune à faible fiscalité, l'ont été grâce au fonds PACASEN", a souligné M. Diagne.
En dix mois, la mairie qu'il dirige a construit des postes de santé dans les quartiers Keur Khadim et Fahu, avec l'aide du Programme d'appui aux communes et aux agglomérations du Sénégal.
Le conseil municipal de Thiès-est a réfectionné aussi les postes de santé de Keur Serigne Abdoulaye Yakhine et de la Cité Niakh, selon M. Diagne.
Il a aménagé le jardin public de la Cité Ibrahima-Sarr, qui "n’était plus fréquentable depuis 1982".
Selon le maire de Thiès-est, des salles de classe ont également été construites et équipées de tables-bancs, dans les écoles Abdel-Kader-Ndiaye, Kaba-Sall, Aïnina-Fall, etc.
"Nous avons pu doter les huit postes de santé de la commune de Thiès-est d'appareils échographiques de dernière génération. C'est grâce au PACASEN que les conditions d'existence des populations de la commune de Thiès-est ont été améliorées", a reconnu son maire.
BANTAKO DEVASTE
Un violent incendie a ravagé quelque 200 cases et une centaine de panneaux solaires, mardi, à Bantako, un village de la région de Kédougou (sud-est)
Kédougou, 17 jan (APS) - Un violent incendie a ravagé quelque 200 cases et une centaine de panneaux solaires, mardi, à Bantako, un village de la région de Kédougou (sud-est), a appris l’APS de Mamadou Camara, un agent municipal.
‘’Un feu d’origine inconnue a ravagé une partie du village’’, a dit M. Camara, un natif dudit village et employé de la mairie de Tomboronkoto.
Les flammes ont également emporté des gargotes, selon lui.
Aucune perte en vies humaines n’a été signalée, a-t-il précisé, rappelant qu’une cinquantaine de cases ont été réduites en cendres dans le même village, il y a une dizaine de jours.
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L'ÉNORME DÉFI DE L'AUTOSUFFISANCE EN RIZ
Comment rendre l’économie sénégalaise plus résistante aux chocs extérieurs ? Le riz est une des réponses. Sa production de au Sénégal ne représente que 40 % de la consommation nationale. Le reste est importé. Pourquoi ?
Comment rendre l’économie sénégalaise plus résistante aux chocs extérieurs ? Le riz est une des réponses. Sa production de au Sénégal ne représente que 40 % de la consommation nationale. Le reste est importé. Pourquoi ?
UN NOUVEAU GROUPE DE RECHERCHE POUR RENOUVELER LE REGARD SUR SENGHOR
Plus de 20 ans après la mort de Léopold Sédar Senghor, l’œuvre et l’action du « poète-président » comprend encore des énigmes et suscite des débats
Au Sénégal, plus de 20 ans après la mort de Léopold Sédar Senghor, l’œuvre et l’action du « poète-président » comprend encore des énigmes et suscite des débats. Un groupe de recherche international vient d’être lancé à Dakar pour « revisiter » Senghor, homme aux multiples facettes.
Rien n’a bougé ou presque dans la maison dakaroise de Léopold Sédar Senghor, qu’il a habitée lorsqu’il a quitté la présidence en 1980. Devenue un musée, elle abrite environ 2 000 livres. « On les a laissés dans l’ordre où le président les a rangés », assure son ancien garde du corps, Barthélémy Sarr, le guide des lieux.
La conservatrice Mariama Ndoye occupe désormais le bureau de l’ancien président, au rez-de-chaussée. Le lieu raconte une partie de la vie de Léopold Sédar Senghor, mais « tout n’a pas été dit, loin de là » sur le Poète Président, affirme Alioune Diaw, professeur de littératures africaines et coordonnateur du projet de recherche à l’UCAD. Selon lui, le moment est venu pour « une relecture des études senghoriennes ». « Beaucoup de choses ont été dites sur Senghor, mais ce qu'il manquait, c’est cette distance-là. Ça va nous permettre de lire Senghor de manière "dépassionnée". Nous n’avons pas vécu cette histoire politique ou bien cette histoire philosophique qui faisait que soit on s’opposait à Senghor, soit on le défendait. »