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16 août 2025
DIBU MARTINEZ, L'AUTRE HÉROS DE L'ARGENTINE
Dans un match échevelé mais achevé au bout de la nuit (3-3 a.p.), le gardien de l'Albiceleste a offert le sacre à son équipe avec une parade cruciale aux tirs au but, synonyme de troisième étoile de l'Argentine
L'autre héros de la finale, c'est Emiliano Martinez ! Dans un match échevelé mais achevé au bout de la nuit (3-3 a.p.), le gardien de l'Albiceleste a offert le sacre à son équipe avec une parade cruciale aux tirs au but, synonyme de troisième étoile de l'Argentine.
Lors de l'ultime tentative victorieuse (4-2 t.a.b.), celle de son défenseur Gonzalo Montiel, le portier d'Aston Villa s'est effondré sur la pelouse, bras en croix, restant de longues secondes sans paraître comprendre, avant d'être enlacé par Paulo Dybala.
Difficile de dire qu'un portier a fait un excellent match lorsqu'il a encaissé trois buts. Mais il était écrit que cette rencontre allait s'achever aux tirs au but et que "Dibu" Martinez (30 ans) en serait la principale tête d'affiche.
Sur les trois buts qu'il encaisse, le gardien ne peut pas faire grand chose: il y a deux penalties parfaitement tirés par Kylian Mbappé (80e et 118e) et une frappe puissante de l'attaquant français (81e).
Mais ensuite, "Dibu" était sur son terrain: celui du mental.
"Je suis froid dans ma tête et je ne me concentre que sur le fait d'arrêter le ballon adverse", avait-il prévenu samedi en conférence de presse.
- Trajectoire heurtée -
Il s'est détendu sur sa droite sur la tentative de Kingsley Coman, puis il a regardé passer avec soulagement la frappe d'Aurélien Tchouaméni au ras de son poteau droit.
Et on l'a vu, son drapeau argentin teint dans les cheveux, dansant avec rage et délectation, en dodelinant des épaules, avant de célébrer avec Léandro Paredes qui venait de réussir sa tentative.
A quoi pensait Emiliano "Dibu" Martinez lorsque cette finale haletante s'est achevée par cette séance de tirs au but, l'un de ses exercices favoris ?
A la trajectoire heurtée d'un gamin d'origine modeste contraint de quitter sa famille très tôt ? Aux nombreux sacrifices qu'il a dû consentir avant d'atteindre le Graal d'un titre mondial au Qatar ?
"C'est difficile de ne pas penser aux difficultés que j'ai vécues avant d'arriver jusque-là", disait-il samedi. "Je suis un battant, et je me suis battu toute ma vie."
- "Une bête, un phénomène", selon Messi -
A 12 ans, il quitte sa famille pour tenter sa chance à Independiente. À 18 ans, en 2010, il traverse l'Atlantique pour signer à Arsenal... mais met près d'une décennie à faire son trou outre-Manche. Il multiplie les prêts dans des clubs de seconde zone, toujours en Angleterre, hormis un détour d'un an (2017-2018) à Getafe, et ne deviendra gardien N.1 qu'à 28 ans, en fin de saison 2019-2020 à Arsenal, avant son transfert à Aston Villa.
En sélection, même chose: appelé pour compléter le banc en 2011 pour deux matches amicaux, Martinez n'est plus convoqué pendant huit ans... Et ce n'est qu'en juin 2021 qu'il dispute ses premières minutes dans les cages de l'Albiceleste, lors des qualifications pour la Coupe du monde.
Son statut de gardien N°1, il l'a confirmé plus tard, lors du sacre en Copa America, en 2021. Une image a notamment fait le tour du monde: en demi-finale contre la Colombie, l'Argentine est poussée aux tirs au but (1-1). Martinez multiplie alors les provocations pour déstabiliser les tireurs et conclut la séance avec deux arrêts pour hisser l'Argentine en finale.
"Dibu" finira Gant d'or du tournoi et, vu son état second, gagnera une réputation de spécialiste des tirs au but. "La première chose que j'ai faite après ça, c'est d'appeler ma psychologue pour me calmer", avait-il raconté quelques mois plus tard.
Dans ce Mondial-2022, rompu à l'exercice, il avait déjà stoppé les deux premiers tirs au but des Pays-Bas en quarts. "Je lui ai dit que c'était une bête, que c'était un phénomène", avait alors glissé son capitaine Lionel Messi.
Un phénomène, et un champion du monde.
MESSI, UN GÉNIE DU FOOTBALL AU PANTHÉON
Génie virevoltant à la personnalité discrète, faisant de l'exploit une routine, l'Argentin a rejoint dimanche l'Olympe du football en remportant enfin la Coupe du monde, ce qui lui vaut de prétendre au statut de plus grand footballeur de l'histoire
Divin Messi! Génie virevoltant à la personnalité discrète, faisant de l'exploit une routine, l'Argentin a rejoint dimanche l'Olympe du football en remportant enfin la Coupe du monde, ce qui lui vaut de prétendre au statut de plus grand footballeur de l'histoire.
Au terme d'une finale à rallonge contre la France (3-3, 4 tirs au but à 2), l'ombre du petit attaquant s'est encore allongée. Voilà Lionel Messi (35 ans) parmi les légendes du football, ces champions du monde enviés et adulés, ce que des héros comme Johan Cruyff, Michel Platini ou Ferenc Puskas n'ont jamais réussi à être.
Avec ce 41e trophée de sa longue et fructueuse carrière, le plus prestigieux, Messi se pose tout en haut de la pyramide des monstres du ballon rond, à hauteur de son compatriote Diego Maradona, sacré en 1986.
Et s'il y a match avec le "Roi" Pelé, seul joueur triple champion du monde, mais qui n'a jamais joué dans un club européen, le palmarès majestueux de l'Argentin risque d'être difficilement égalé...
Même Cristiano Ronaldo, quintuple Ballon d'Or, se retrouve distancé: à 37 ans, le Portugais ne sera probablement jamais champion du monde et s'est incliné devant son éternel rival, "un joueur incroyable, magique, top", avait-il résumé en novembre.
En Argentine, le sacre de l'Albiceleste a déclenché des scènes d'extase. Jusqu'à dimanche, les supporters jugeaient Messi immense mais il n'y avait qu'un seul "Dios", Diego Maradona, le "Pibe de Oro". La troisième étoile va tout changer.
"Maintenant, je sais quel joueur occupera ma place dans le football, et son nom est Lionel Messi", avait prophétisé Maradona en 2010.
- Désillusions oubliées -
D'ailleurs, Messi a beaucoup plus gagné que Maradona et Pelé. Sept Ballons d'Or, quatre Ligues des champions, une avalanche de championnats et de coupes avec Barcelone puis avec le Paris SG, une Copa America en 2021 et donc ce Mondial.
Il est le capitaine de la sélection argentine, son meilleur buteur (98 buts), celui qui en a le plus porté le maillot (172 sélections).
Oubliées, les désillusions de 2014 (défaite en finale) ou 2018 (échec contre la France en huitièmes). Effacée, sa brève retraite internationale en 2016, après une troisième défaite en finale de la Copa América.
Désormais polythéiste, l'Argentine vénérera à jamais le gamin de Rosario, entré au firmament avec la troisième étoile de l'Albiceleste, 36 ans après l'épopée maradonienne de 1986.
Messi est né un an après, en 1987, à Rosario, dans le nord du pays. Quand la planète a découvert ce gamin aux cheveux longs, elle s'est émue du destin du petit gaucher qui, selon l'histoire consacrée, a quitté l'Argentine à 13 ans pour trouver à Barcelone un club qui finance son traitement médical pour régler ses problèmes de croissance.
Lancé en équipe première du Barça en 2004, l'attaquant a quitté le club en 2021, devenu le joueur le plus titré du club en cumulant les records: meilleur buteur de l'histoire du Barça, meilleur buteur de l'histoire de la Liga espagnole, recordman du nombre de buts sur une année civile (91 en 2012)...
- "Il est trop fort" -
Joueur d'exception, Messi a développé des qualités innées qui font la différence: vitesse, vision, dribbles dévastateurs et finition chirurgicale.
"Aucun système défensif ne l'arrête, aucun entraîneur. Il est trop fort", a résumé un jour Pep Guardiola, son ex-mentor au Barça.
Au Qatar, Messi a ajouté une arme à sa panoplie: une touche d'agressivité dans l'attitude, qui plaît tant en Argentine.
On l'a vu afficher un visage méconnu de chambreur, vindicatif et colérique après la victoire de l'Albiceleste en quarts face aux Pays-Bas, avec son désormais fameux "Qué miras, bobo ? (Qu'est-ce que tu regardes, abruti ?, NDLR)", adressé au Néerlandais Wout Weghorst, auteur d'un doublé, lors de son interview en direct.
Malgré tout, Messi n'aura jamais l'aura quasi mystique qui entoure Maradona. Mais il ne la recherche pas.
Les prises de paroles de l'attaquant du PSG restent rares et sans relief. Ses nombreux tatouages sont la seule excentricité de ce père de famille à la vie rangée.
Goût du jeu, timidité touchante et sourire enfantin ont d'ailleurs valu à l'Argentin des opinions très positives, à l'opposé du "bling-bling" de Cristiano Ronaldo, une image seulement ternie par une condamnation pour fraude fiscale en 2017.
Malgré tout, Messi a su conserver un statut de gendre idéal, en couple avec Antonella, une amie d'enfance, et papa de Thiago, Mateo et Ciro.
L'aîné des trois bambins mesure d'ailleurs la stature de son père, comme l'a raconté un jour Messi, tout sourire: "Chaque fois que je pars de la maison, (Thiago) se fâche et me demande: +Papa, tu pars encore faire des buts?+".
SYMPHONIE INACHEVÉE ET RÊVE ENVOLÉ POUR MBAPPÉ
Le prodige de Bondy a réveillé et tenu à bout de bras une équipe de France longtemps asphyxiée par l'Albiceleste et ses supporters, mais il n'a pu que s'incliner à l'issue d'une séance de tirs au but où il n'a pas flanché
Les rêves de Kylian Mbappé en Coupe du monde, son "obsession", la compétition de ses "rêves", se sont évanouis dans la nuit de Doha malgré le triplé éblouissant du génie français en finale (3-3, 4-2 tab), une symphonie inachevée face à l'Argentine du "roi" Lionel Messi.
Le prodige de Bondy a réveillé et tenu à bout de bras une équipe de France longtemps asphyxiée par l'Albiceleste et ses supporters, mais il n'a pu que s'incliner à l'issue d'une séance de tirs au but où il n'a pas flanché.
La tristesse du N.10 tricolore n'a d'égale que son talent hors norme, son sang froid de vieux briscard, malgré la jeunesse de ses 23 ans. Il a encore repoussé toutes les limites et ébloui le monde, même si le revers collectif le relègue dans l'ombre de l'histoire, pour une fois.
"Vous êtes pas contents ? Triplé !" La formule impertinente de l'attaquant supersonique, dans un reportage sur Canal+ en 2018, a résonné très fort dans les oreilles de l'Albiceleste, sonnée par ses fulgurances. Mais le soliste s'est heurté à Messi, et ses furieux "hinchas" survoltés en tribunes, et c'est lui qui repart abasourdi.
- Deux buts en 97 secondes -
Au ralenti pendant 80 minutes, le Français est sorti de sa boîte comme un beau diable pour redonner vie aux Français avec un triplé qui assoit sa jeune légende, sans pourtant autant lui offrir ce qu'il était venu chercher à Doha: une deuxième étoile mondiale, deux jours avant son 24e anniversaire.
Les Bleus étaient menés de deux buts à la pause, mais il a réduit le score avec un premier penalty (2-1, 80e) obtenu par l'épatant remplaçant Randal Kolo Muani, venu comme lui de Bondy.
Il a remonté le ballon rageusement jusqu'au rond central avant de l'expédier de nouveau, 97 secondes plus tard selon le statisticien Opta, dans les filets de l'impuissant Emiliano Martinez (2-2, 81e) après un service de son ami Marcus Thuram, autre entrant.
Comme un grand, Mbappé a ensuite obtenu un nouveau penalty sur un tir contré de la main par Gonzalo Montiel. Il l'a transformé à la 118e minute, offrant une séance de tirs au but assez inespérée aux Français.
En patron, il s'est avancé en premier et a marqué, comme pour effacer son échec en huitièmes de finale de l'Euro en 2021 contre la Suisse, un boulet qu'il a longtemps traîné.
S'il a été brillant, les projecteurs se sont finalement braqués sur Lionel Messi, son collègue au PSG et concurrent pour le Ballon d'Or, trophée qu'il n'a jamais autant convoité mais qui pourrait, encore une fois, lui échapper au profit de la "Pulga".
La révélation du Mondial-2018 pensait pouvoir rééditer l'exploit de son illustre prédécesseur brésilien Pelé, sacré en 1958 puis en 1962, deux trophées d'affilée qui ont écrit sa légende, même s'il a terminé son deuxième tournoi blessé.
- "Etre le premier partout" -
Il referme finalement sa seconde Coupe du monde avec un sentiment de frustration et de gâchis. Ses huit buts en sept matches, ses accélérations dévastatrices et son insatiable appétit n'auront pas suffi aux Bleus.
Le sélectionneur polonais Czeslaw Michniewicz, battu par un doublé de Mbappé en huitièmes (3-1), avait prédit qu'il prendrait "la relève" des monstres sacrés du football mondial comme Cristiano Ronaldo, Robert Lewandowski et Messi. Il faudra patienter encore un peu, ce qui n'est pas la qualité première de l'attaquant du Paris Saint-Germain.
"J'ai toujours voulu être le premier partout, en équipe de France comme en club", reconnaissait le N.10 tricolore en mars, à quelques mois de la Coupe du monde.
Les temps de passage du crack rappellent toutefois ceux de Pelé. Depuis l'Amérique du Sud, "O Rei" se retrouve en Kylian et lui adresse régulièrement des louanges. Mais "le Roi restera toujours le Roi", répond Mbappé, humble face à la légende et ses douze buts en Coupe du monde.
Le Français en compte désormais autant, une maigre consolation.
MESSI AU FIRMAMENT
Une finale de légende pour un joueur de légende: l'Argentine de Lionel Messi a remporté dimanche la Coupe du monde de football en battant aux tirs au but la France (3-3), au terme de ce qui restera peut-être la plus grande finale de tous les temps
Une finale de légende pour un joueur de légende: l'Argentine de Lionel Messi a remporté dimanche la Coupe du monde de football en battant aux tirs au but la France (3-3), au terme de ce qui restera peut-être la plus grande finale de tous les temps.
Mais à quoi cela tient-il? Car Messi, l'un des meilleurs joueurs de tous les temps, si ce n'est le meilleur, a pu croire que la malédiction qui le poursuit dans le Mondial, allait connaître un nouvel épisode.
Alors que les Argentins menaient 2 à 0 grâce à son pénalty et un but de son lieutenant préféré Angel Di Maria (23e, 36e), et dominaient les champions sortants de la tête et des épaules, l'autre star sur la pelouse, Kylian Mbappé a ramené son équipe à hauteur en quelques secondes (80e, 81e). Puis Messi a vu le Français réussir son deuxième pénalty de la soirée (118e) alors que l'Argentin venait de redonner l'avantage aux siens et haranguait son public (109e).
Mais après quatre échecs, cette fois, c'était le soir de celui qui ravit les amoureux du ballon rond depuis si longtemps. Obtenu aux tirs au but face à une équipe qui refusait de perdre mais a vu Kingsley Coman et Aurélien Tchouaméni rater leurs tentatives à cette terrible épreuve.
Cette troisième étoile pour l'Albiceleste, après celles des équipes menées par Daniel Passarella (1978) puis par Diego Maradona (1986) portera la marque de Messi, favori pour être désigné meilleur joueur du tournoi, pour le plus grand bonheur de ses millions de supporteurs dans le monde entier. A moins que Mbappé, auteur d'un triplé en finale, une première depuis Geoff Hust (1966), n'obtienne ce lot de piètre consolation.
Sainte Trinité
Avant ce sacre, l'enfant de Rosario, 35 ans, avait tout gagné en clubs, avec le FC Barcelone surtout. Mais avec sa sélection, il se contentait d'une Copa America (2021). Remporté à sa cinquième tentative, ce titre mondial le fait rejoindre dans la légende Maradona, "el pibe de Oro", couronné en 1986. Il égale aussi Pelé, avec douze buts en cinq éditions de la compétition reine du football. Un trio qui ressemble fort à une Sainte Trinité pour les amoureux du ballon rond.
Messi a fait quelque chose que n'ont réussi aucun de ses deux aînés, ni personne d'autre: il a marqué en poules puis dans chacun des quatre matches à élimination directe... Dont deux fois en finale...
Pour la France, qui était tenante du titre, cette dernière marche était donc celle de trop.
Résilients, les Bleus avaient jusqu'alors surmonté de nombreux vents contraires: des forfaits en cascades de cadres, Paul Pogba, N'Golo Kanté, Presnel Kimpembe, Karim Benzema, puis un virus qui a touché l'effectif la semaine de la demi-finale et de la finale. Admirables combattants, ils ont encore cru tordre le bras au mauvais sort dimanche.
Mais la France ne deviendra pas la troisième nation à conserver le plus grand des trophées du football, comme l'avaient fait l'Italie (1934 et 1938) puis le Brésil du "roi" Pelé (1958 et 1962). Celui-ci reste aussi le seul à avoir emporté deux titres avant de fêter ses 24 ans, ce que ne réussira donc pas Kylian Mbappé.
- Polémiques -
Conclue sous les yeux d'Elon Musk, cette Coupe du monde fut un tournoi à nul autre pareil, un Mondial de la démesure, nécessitant entre 200 et 300 milliards d'euros d'investissements selon les estimations. Sept des huit stades ont été bâtis pour l'occasion, le dernier entièrement rénové.
C'est aussi le premier Mondial organisé dans un endroit aussi petit, grand comme la région parisienne, avec tous les stades dans un périmètre de 70 kilomètres.
Il est venu interrompre les saisons de football professionnel, tenu aux confins de l'automne et de l'hiver pour éviter les températures estivales insupportables de ce petit émirat gazier.
Les organisateurs ont été en butte à de nombreuses polémiques.
Il y eut d'abord les accusations de corruption pour obtenir en 2010 l'organisation de la compétition aux dépens des Etats-Unis, à la surprise générale. Des enquêtes judiciaires sont en cours dans plusieurs pays.
Le Qatar a également été critiqué sur la question des droits humains, notamment le traitement réservé aux travailleurs migrants d'Asie du Sud et d'Afrique employés dans les chantiers, la sécurité et les services.
Le Qatar dément que des milliers aient trouvé la mort sur les chantiers du Mondial, avançant le chiffre d'un total de 414 décès dans des accidents du travail (principalement hors Mondial) entre 2014 et 2020.
Dans un entretien à l'AFP, le directeur général de l'Organisation internationale du travail (OIT) Gilbert F. Houngbo a expliqué que le bilan exact ne serait jamais connu: "Je pense que le public a besoin de savoir la vérité et, parfois, cette vérité est de dire que, sincèrement, il n'y a pas d'information crédible."
- Gigantisme -
Il a toutefois regretté un "deux poids, deux mesures" dans les critiques, assuré que "le Qatar (avait) mieux fait dans ce domaine que d'autres pays" et loué un "travail très positif" pour améliorer les droits sociaux à la faveur du tournoi.
Autre sujet de polémique en Occident, les droits LGBT+ dans un pays très conservateur où homosexualité et relations sexuelles hors mariage sont illégales.
Les atteintes à l'environnement consubstantielles à un tel tournoi, avec notamment l'empreinte carbone des infrastructures nécessaires, ont également été pointées du doigt.
En termes de gigantisme, le prochain Mondial s'annonce encore plus démesuré, avec trois pays organisateurs, États-Unis, Mexique et Canada, seize villes distantes de milliers de kilomètres, quatre fuseaux horaires...
Et 48 équipes y participeront, contre 32 aujourd'hui, soit potentiellement plus de cent matchs (contre 64 actuellement).
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UN CONCERT, UNE MUSIQUE ET DU BAUM AU COEUR
Sénégalais, Laotiens, Espagnols, Cap-verdiens, Italiens, Français, c’est un public culturellement très métissé qui a pris part au concert d’African Groove. Tous dans le même dessein, ils sont venus, ils ont vu, ils ont apprécié. Reportage.
Le jardin du centre culturel espagnol a vibré récemment aux rythmes des musiques afro-cubaines et caribéenne menées par le groupe African Groove, un groupe fondé par le guitariste Bolero. Ce concert entre dans le cadre de la célébration du premier anniversaire de ce centre.
Il y a un an, l’Espagne et le Sénégal inauguraient, en grande pompe, à Dakar, le premier centre culturel espagnol de toute l’Afrique subsaharienne sous le haut patronage de la Reine Letizia Ortiz en personne, accompagnée de quelques autorités espagnoles et sénégalaises. Un concert a été organisé récemment pour commémorer sobrement, mais intensément cet anniversaire en présence de plusieusrs invités qui n'ont pas boudé leur plaisir..
Tous les continents ou presque étaient représentés à ce rendez-vous de par leur ressortissants. En plus dans l’ambassadrice de Cuba et son époux, l’on pouvait rencontrer des Laotiens, Haïtien, Cap-Verdiens, Italien, Sénégalais etc. Preuve de l’universalité de la musique. Tous sont partis vraisemblablement satisfaits. Reportage
ARGENTINE-FRANCE, FINALE POUR UNE TROISIÈME ÉTOILE
Deux fois sacrées, l'Argentine et la France briguent dimanche une troisième étoile planétaire en finale du Mondial-2022, un sommet entre l'astre Lionel Messi et la comète Kylian Mbappé pour refermer en apothéose un tournoi atypique et décrié au Qatar
AFP |
Antoine Maignan et Jérémy Talbot |
Publication 18/12/2022
Dans la galaxie du football, c'est un moment d'histoire. Comme un passage de relais, l'Argentin aux sept Ballons d'Or veut remporter à 35 ans le seul trophée qui lui manque, quand le prodige français vise un second sacre d'affilée avant ses 24 ans, comme le Brésilien Pelé en 1962.
Avant ce choc en hautes sphères, la journée de samedi a permis à la Croatie de Luka Modric de décrocher la 3e place (2-1), mettant fin à l'épopée du Maroc. "On est heureux au final, on est dans les quatre meilleures équipes du monde", a cependant commenté Walid Regragui, sélectionneur de la première équipe africaine à avoir atteint le dernier carré d'un Mondial.
A Doha, avant même cette "petite finale", les regards étaient déjà tournés vers l'affrontement de dimanche entre l'Argentine et la France.
Euphorique, l'Albiceleste voit affluer des milliers de fans dans l'émirat, dont beaucoup cherchent encore un billet, entre inquiétude et colère. La France, elle, s'inquiète pour ses champions du monde, rattrapés par un mystérieux virus qui a mis sur le flanc, tour à tour, cinq titulaires potentiels.
Tous les Bleus ont cependant participé au début de l'entraînement de veille de match, samedi. Mais dans quel état ? Kingsley Coman, Ibrahima Konaté et Raphaël Varane étaient encore souffrants et ménagés vendredi...
"On prend un maximum de précautions", a affirmé Didier Deschamps, sans en dire beaucoup plus sur cette maladie, que l'encadrement se refuse à nommer.
- "Cocktail parfait" -
Dans la douceur du mois de décembre au Qatar, la fièvre va se propager dimanche dans les travées du stade Lusail. L'enceinte flambant neuve de près de 90.000 places symbolise la démesure de l'émirat gazier, premier pays hôte moyen-oriental du Mondial, visé par de nombreuses polémiques extra-sportives.
"Ces moments resteront dans l'histoire et dans nos têtes", assure Lionel Scaloni. Pour le plus jeune sélectionneur du Mondial, 44 ans, "l'important, c'est le chemin que nous avons parcouru, le plaisir que nous avons pris".
Le vainqueur français de 1998, Youri Djorkaeff, savoure: "Il y a tous les ingrédients. Les fans argentins sont incroyables et puis il y a la grinta, la qualité, le coeur, l'effort, le panache des Bleus... Quand on prend les deux équipes et qu'on les met dans un +shaker+, on obtient le cocktail parfait."
Le "cocktail" est sans alcool - la vente est strictement encadrée au Qatar -, mais pas sans saveur: à lui seul, le duel Mbappé-Messi fait saliver les amateurs de foot, de sport, d'histoire et de statistiques.
Les deux superstars, qui font équipe sous bannière qatarie au Paris SG, se partagent la tête du classement des buteurs du Mondial avant la finale, avec cinq unités.
Le vainqueur filera droit vers le Ballon d'Or, le premier pour Mbappé ou un huitième pour Messi, idole planétaire soutenue dimanche par une immense majorité de supporters.
"C'est un peuple de passionnés, ils sont à fond derrière leur équipe. Ça dégage une ambiance de fête, positive", mais "nos adversaires seront sur le terrain, pas en tribunes", rétorque Deschamps, capitaine de la première étoile en 1998, et sélectionneur de la deuxième en 2018 en Russie.
- "Dernière chance" -
Eliminés dès les huitièmes de l'Euro en 2021, privés au Qatar d'une demi-douzaine de cadres blessés, dont Karim Benzema, et désormais amoindris par ce virus, les Bleus sont des rescapés avant de retrouver l'Argentine, qu'elle a battue 4-3 en huitièmes de l'édition 2018.
"Il faut être prêt à souffrir, à faire les efforts, à se surpasser malgré la fatigue, malgré l'enchaînement, malgré les circonstances", lance le capitaine Hugo Lloris, en quête d'un deuxième titre comme capitaine, prouesse inédite.
Dans l'adversité a émergé un guide, Antoine Griezmann, ex-attaquant réinventé en "petit prince" du milieu, prêt à tous les sacrifices et à toutes les souffrances pour ses partenaires de longue date, qu'ils soient sur la pelouse - Varane, Lloris ou Olivier Giroud -, ou en tribunes - N'Golo Kanté et Paul Pogba sont attendus aux côtés d'Emmanuel Macron.
En face, c'est la "Messimania". Pour présider à la table des légendes argentines, avec à ses côtés feu Diego Maradona, sacré en 1986, "La Pulga" n'a besoin que de cet ultime trophée: "Il sait que c'est sa dernière chance", souligne Pablo Zabaleta, son partenaire au Mondial-2014.
Contrairement à sa première finale perdue cette année-là après prolongation contre l'Allemagne (1-0), Messi semble entouré au Qatar d'une colonie de guerriers, de Leandro Paredes à Nicolas Otamendi, en passant par Julian Alvarez, révélation offensive avec quatre buts, comme Giroud.
Connaîtra-t-il la gloire du "Pibe de Oro"? Ou sortira-t-il entre larmes et solitude, comme Cristiano Ronaldo, l'autre légende de son siècle? "Leo" Messi détient une partie de la réponse. La France et Mbappé ont l'autre.
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UN COUP D'ÉTAT PEUT-IL ÊTRE LÉGITIME ?
Des cris de joie, des danses et des chants dans les rues pour célébrer le renversement d’un régime pourtant démocratiquement élu. Comment expliquer ces réactions de soutien des populations ? N'est-ce pas une menace pour des démocraties en construction ?
Des cris de joie, des danses et des chants dans les rues pour célébrer le renversement d’un régime pourtant démocratiquement élu. Des scènes inimaginables qui se sont pourtant produites, à plusieurs reprises, sur le continent africain, ces deux dernières années. En Guinée Conakry, où la population a salué le départ d’Alpha Condé. Au Mali, avec le renversement d’Ibrahim Boubacar Keita. Et au Burkina Faso où les militaires ont démissionné Marc Christian Kaboré.
Avec la participation de :
- Me Robert Dossou, ancien président de la Cour constitutionnelle béninoise et ancien bâtonnier de l'Ordre des avocats du Bénin
- Me Djerandi Laguerre Dionro, bâtonnier de l’Ordre des avocats du Tchad
- Me Patrice Monthé, ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats du Cameroun
- Me Georges-Emmanuel Germany, bâtonnier de l’Ordre des avocats de Martinique.
L’ŒUVRE DE SAFI FAYE ET KHADY SYLLA
MULTIPLE PHOTOS
UNE FENÊTRE OUVERTE DE KHADY SYLLA, CRÉER OU S’ANÉANTIR
EXCLUSIF SENEPLUS - En dialogue avec Aminata Ngom et avec elle-même, Khady Sylla nous guide vers les chemins de la douleur, des silences, des stigmatisations, de l’exclusion, de l’enfermement, de l’altérité, du suicide, de la peur de soi
Série de revues sur l’œuvre de Safi Faye et Khady Sylla
Co-éditrices de la série : Tabara Korka Ndiaye et Rama Salla Dieng
Une fenêtre ouverte de Khady Sylla : Créer ou s’anéantir
Autrice : Tabara Korka Ndiaye
Khady Sylla et Safi Faye, des noms qui devraient résonner dans notre imaginaire collectif tant elles ont été pionnières, dans leur art et dans leur vie parce que pour elles, l’art, c’est la vie. Leur vie et leur œuvre nous ont ému particulièrement. Pourtant, elles semblent porter en elles, la marque de celles vouées à être des égéries en avance sur leur temps ! Le tribut en est lourd. Si lourd ! Et si dramatique. On demeure sur sa faim. Sur la promesse d’un potentiel. On reste sur le regret de ce qu’elles auraient pu être, auraient dû être, si célébrées comme le monstrueusement gigantesque Sembène. On reste sur les si…sur la fleur de toute l’œuvre dont elles étaient fécondes.
Safi Faye a réalisé en tout treize films : La Passante (1972), Revanche (1973), Kaddu Beykat (Lettre paysanne) (1975), Fad’jal Goob na nu (La Récolte est finie) (1979), Man Sa Yay (1980), Les Ames au soleil (1981), Selbé et tant d’autres (1982), 3 ans 5 mois (1983), Ambassades Nourricères (1984), Racines noires (1985), Tesito (1989), Tournage Mossane (1990) et Mossane (1996).
Elle s’est surtout intéressée au monde rural, à l’émancipation de la femme comme à l’indépendance économique et au poids des traditions, le tout en pays sérère.
Khady Sylla pour sa part, a été une férue de l’autoexploration, pour théoriser depuis l’expérience propre. D’abord celle des marginalisés de la société avec Les bijoux (1998), Colobane Express (1999) qui capturent l’expérience du transport urbain avec un chauffeur de car rapide et son apprenti, puis la sienna avec Une fenêtre ouverte (2005) dans lequel elle parle de la santé mentale et enfin Le monologue de la muette (2008) qui parle des conditions de travail des ‘bonnes’. Auparavant, en 1992, Khady Sylla a publié chez L’Harmattan un superbe roman : le jeu de la mer. Les mots, Khady les jonglent comme elle s’y accroche car ils la maintiennent en vie. Ainsi qu’elle le reconnaît dans Une fenêtre ouvre : on peut guérir en marchant’.
Dans cette série, nous vous proposons nos regards croisés sur l’œuvre de Safi Faye et de Khady Sylla, ceux d’une curatrice, créative et chercheuse Tabara Korka Ndiaye dont le projet s’intitule Sulli Ndaanaan et celle d’une auteure, créative et universitaire, Rama Salla Dieng, passionnée de documenter la vie et l’œuvre des oublié.e.s et silencié.e.s, toutes les deux férues de film et de littérature.
Créer ou s’anéantir
Dans Une fenêtre ouverte (2005), Khady Sylla nous dévoile les expériences de la maladie. La maladie veut dire la maladie mentale. Pour les malades, il n’y a pas besoin de dire l’expression en entier. Comme si c’était une évidence. Il semble que ce soit une évidence pour elle et les personnes qui s’identifient à elles, comme moi.
En dialogue avec Aminata Ngom et avec elle-même, Khady Sylla nous guide vers les chemins de la douleur, des silences, des stigmatisations, de l’exclusion, de l’enfermement, de l’altérité, du suicide, de la peur de soi et des autres, d’un trop pleins d’émotions difficiles à nommer parfois. Khady Sylla a clairement fait une recherche sur soi. Elle rappelle : après avoir fait l’expérience de l’intérieur, la douleur a envahi le monde. Une fenêtre ouverte raconte une histoire d’amitié entre deux femmes qui toutes deux se sont retrouvées là l’une pour l’autre, particulièrement en temps de maladie. Sylla, en gros plan, débite les mots en un rythme avec une intensité sans nom. Elle est pleine et même la caméra semble trop petite pour la contenir. En la regardant, on reçoit ce trop plein d’émotions vives. Son regard (nous) dérange. Ses yeux nous transpercent. Elle se filme et son corps demi-nu est plein d’expériences, de vécu. Depuis son film les surexposés, elle passe ‘de l’autre côté’ comme elle le dit. Elle rejoint ainsi son amie Aminata Ngom et d’autres malades dans le terrain de la douleur indescriptible, de la souffrance indicible et de la perte, puis de l’exploration de soi. L’image du miroir en morceaux qu’elle convoque au début du film est une représentation de soi associé à la lumière et à sa violence par moment.
‘Tu te regardes dans un miroir brisé.
Tu vois des morceaux de ton visage. Ton visage est en miettes.
Et celui qui te regarde dans le miroir brisé, il voit des morceaux d’images de ton visage.’
Elle se positionne en cinéaste transparente dans sa démarche autoréflexive. La discussion sur le consentement d’Aminata à participer au film ou non est rendue dans son intégrité à la caméra. Cette transparence de la réalisatrice nous édifie sur le fait que le consentement n’est jamais définitif et est à renégocier en permanence, surtout lorsque la personne qui l’accorde est vulnérable. D’où l’importance d’obtenir le consentement des proches, ce que Khady Sylla a recherchée en les incluant. D’abord en entamant une médiation avec la mère de Aminata, puis avec sa fille Thiané.
Sylla a une admiration pour Aminata qu’elle qualifie de résistante, ‘exhibant sa folie librement’. Khady et Aminata partagent des silences complices. Sylla fait une médiation pour que la famille accorde à Aminata des moments à elle, hors de la maison : des promenades quotidiennes comme des bouffées d’air dont pourtant Aminata ne veut pas, mais que Khady recherche ardemment. Khady Sylla s’avoue être ‘la clé’ d’Aminata et la réalisation de cette responsabilité est un terrible fardeau pour elle, qui a eu des épisodes similaires. Aminata, pour sa part, préfère rester cloisonnée. L’envie d’avant de sortir en cachette pendant des jours parfois ne l’intéresse plus du tout. Elle donne l’impression d’avoir peur de l’extérieur et surtout des autres. De la même manière que l’autre a peur de vous. Comme Khady le dit si bien dans sa narration : L’autre a peur de vous. Vous avez changé, vous avez le regard hagard, vous avez enflé. Et vous aussi qui faites peur, avez peur de l’autre’.
Elles se remémorent ensemble du poids du regard des autres sur la maladie : ‘les autres pensent que vous n’avez rien, que vous faites semblant ‘da fa reew, dara jotu ko’ alors que les malades n’ont, selon elles, aucun intérêt à prétendre. Khady Sylla se comporte comme elle prêche. La maladie, ‘c’est le moment où on a besoin que quelqu’un nous retienne sur cette terre’. À la place, comme elle se rappelle à juste titre, on nous rappelle constamment que les suicidés vont en enfer. Aminata Ngom habite dans la cité silencieuse et déserte que Khady Sylla nomme et vient peupler, dardant ses yeux hagards sur l’innommable. Dans la nouvelle cité qu’elles habitent toutes les deux dans ce film, Aminata fait l’expérience d’une féminité retrouvée, après l’étrangeté de la maternité. Sylla la sort en promenade. Toutes les deux se retrouvent devant le vendeur de perruques. Dans cette scène, Sylla veut qu’Aminata choisisse une perruque qui lui convient et elle lui retourne que le sol se dérobe sur ses pieds. Éventuellement, elle accepte d’essayer une perruque. Cette image contraste tellement avec la terrible histoire d’Aminata. C’est une femme à qui on a refusé l’expérience de la maternité car malade. Elle ne savait comment allaiter. Et personne ne lui a appris. Sylla entame une conversation entre Aminata et son autre fille Thiané. Les quelques mots que Thiané partagent sont noyés dans son regard et son silence. À quoi doit ressembler une absence d’expérience de l’enfance et de la maternité ? Deux femmes partageant le même toit en font des expériences de la vie complètement différentes.
Khady Sylla termine ce film avec ces mots laconiques :
‘Les fous errants ne sont pas des rois-mages. Ce sont des personnages à la conscience fracassée par la douleur. Même leur marche est une forme de résistance.’
Un film actuel sur la santé mentale à (re)voir absolument !
LA CIRCULATION ENTRE PAYS AFRICAINS, TROP SOUVENT ENTRAVÉE, FREINE LE PROJET DE MARCHÉ UNIQUE
Le nouveau rapport 2022 sur les visas en Afrique publié à Maurice, lors de la Conférence économique africaine, le week-end dernier, indique que seulement 27% des pays du continent ne demandent pas de visas aux Africains
Le projet de l’Union africaine de faciliter les déplacements des Africains sur l’ensemble du continent en supprimant les visas d’entrée avance lentement. Le nouveau rapport 2022 sur les visas en Afrique publié à Maurice, lors de la Conférence économique africaine, le week-end dernier, indique que seulement 27% des pays du continent ne demandent pas de visas aux Africains. Il y a donc des progrès à faire.
Le projet de faire tomber toutes les barrières qui entravent la libre circulation des Africains à travers l’Afrique est bien loin du compte. A tel point qu’il est plus simple pour un Américain qu’un Africain de circuler d’une frontière à l’autre en Afrique. Seulement 27% des pays du continent ne demandent pas de visa aux Africains, selon la nouvelle étude sur la mobilité intra-africaine.
Jean Guy Afrika, directeur par intérim du Bureau de coordination régional de la Banque africaine de développement, est un des auteurs de l’étude 2022 : « On essaie à travers l’outil de pousser vers une plus forte ouverture, plus de no-visas, plus de visa à l’arrivée et beaucoup moins de visa au départ. »
Les bons élèves sont le Bénin, Les Seychelles et la Gambie, les seuls trois pays du continent qui ne réclament pas de visas aux Africains.
LE NEMMEEKU TOUR DE PASTEF TROUBLE LE SOMMEIL DU MACKY
L’acharnement contre Sonko n’aura d’autre résultat que de renforcer la détermination et la combativité des militant-e-s et de rallier d’autres patriotes au projet Pastef
Tout citoyen sérieux et honnête devrait se féliciter de voir un parti politique et son leader s’évertuer à se rapprocher des populations, à se lier à elles pour sentir au plus près leurs préoccupations et leurs attentes, en vue de trouver avec elles les réponses les plus adaptées. Macky Sall avait-il été une seule fois empêché, par le président d’alors Abdoulaye Wade, d’effectuer ses multiples tournées dans les milliers de villages du Sénégal et auprès des populations, à la veille de la présidentielle de février 2012 ? Pourtant aujourd’hui, Ousmane Sonko, à la tête du parti Pastef-Les Patriotes qui jouit pleinement de tous les droits attachés à son récépissé délivré en bonne et due forme, est systématiquement en butte à toutes sortes de menaces, d’agressions, de provocations et de traquenards, dont le seul but est d’empêcher coûte que coûte sa candidature en 2024, son contact et son dialogue directs à la base avec les citoyen-ne-s de notre pays. Après avoir décidé de lui interdire de sortir du territoire national, voici qu’on veuille l’empêcher de circuler à l’intérieur du territoire national ! Rappelons que déjà lors du lancement du premier « Nemmeeku Tour (tournée de visite aux populations) », accompagné d’une campagne de levée populaire de fonds, le ci-devant Ministre de l’Intérieur Antoine Félix Diome, dans un communiqué daté du 02 janvier 2021, n’avait pas trouvé mieux que de brandir une menace de dissolution à l’encontre du parti Pastef ? Vaine tentative d’intimidation.
En cette fin de l’année 2022, du 19 au 21 octobre, se déroulait comme par hasard dans la zone de Mbour et de la Petite Côte, un exercice militaire bilatéral entre les armées sénégalaise et française baptisé « Xaritoo 2022 », en même temps que le nemmeeku tour de Pastef.
En d’autres termes, ‘’moi le président autocrate je fais comme je veux mes exercices militaires avec mes copains ou maitres de l’étranger ; quant à toi l’opposant aux mains nues, je t’interdis de dialoguer pacifiquement avec tes concitoyen-ne-s sur le territoire national’’ : tel est aujourd’hui le visage balafré de « l’État de droit »’ au Sénégal !
Les flibustiers invétérés et ceux néo-convertis défenseurs du « respect de l’État de droit, des règles et de l’ordre dans un État fort », feignent d’oublier que les peuples partout dans le monde ont le droit imprescriptible et le devoir sacré de se révolter contre l’injustice et le piétinement de leur dignité : oseraient-ils en toute bonne foi appeler la résistance palestinienne au respect des règles de l’État de droit israélien d’occupation et de colonisation ? Mandela et ses camarades « terroristes de l’ANC » devaient-ils se soumettre aux lois d’apartheid de la république sud-africaine, apartheid déclaré crime contre l’humanité ? Si les révolutionnaires, démocrates, progressistes et autres forces vives du Sénégal ne s’étaient pas soulevés lors du referendum colonial de De Gaule de 1958, des revendications populaires de mai 68 contre le régime néocolonial de Senghor, des protestations prolongées de 1988 contre les fraudes électorales, avec à la pointe du combat la jeunesse qualifiée de « malsaine » par le président d’alors Abdou Diouf, ou lors de « la révolution citoyenne » du 23 juin 2011 rejetant à la mer de Ndaayaan le projet wadien de dévolution dynastique du pouvoir, pour ne citer que ces exemples, le peuple sénégalais aurait-il réussi à « dessoucher » ou à faire craqueler les régimes d’oppression et de servitude volontaire toujours en vigueur dans notre pays ? Ou à réaliser les alternances de 2000 et 2012, lesquelles attestent largement des aspirations des masses populaires au changement en même temps que de leurs capacités à les concrétiser, quelles qu’en soient les limites par ailleurs dans la dynamique de construction de l’incontournable alternative de rupture ?
Fau- il le souligner, le soulèvement populaire décisif de mars 2021 en riposte au sordide complot d’Etat de bas étage ourdi contre le président de Pastef Ousmane Sonko, s’inscrit parfaitement dans cette longue tradition populaire de refus, de résistance et de lutte. Comme disait l’autre, on n’arrête pas la mer avec ses bras ! L’acharnement contre Sonko n’aura d’autre résultat que de renforcer la détermination et la combativité des militant-e-s et de rallier d’autres patriotes au projet Pastef. L’enlèvement, la détention puis la condamnation des membres de la sécurité rapprochée de Sonko au lendemain des provocations clairement établies contre le nemmeeku tour dans le département de Mbour, l’arrestation et l’emprisonnement, en vertu des dispositions scélérates du longtemps décrié Article 80 du Code pénal dont vient d’être victime le camarade Fadilou Keïta coordinateur national du nemmeeku tour, les autres arrestations de membres de la prétendue ‘’Force spéciale’’, ou d’honnêtes citoyens activistes, influenceurs et de journalistes debout de la trempe de Pape Alé Niang, ne font que traduire la peur marron et la panique d’un pouvoir d’autant plus féroce qu’il sent en plein nez sa fin prochaine. Peine perdue, le nemmeeku tour continuera, avec ou sans la présence du coordonnateur Fadilou ou du président Sonko, car il ne s’agit rien de moins pour le parti Pastef-Les Patriotes, ses dirigeants comme ses militants et cadres, que d’aller constamment à la rencontre des populations de base, dans le pays et dans la diaspora, avec les méthodes et moyens appropriés de leur déploiement, en droite ligne du cap indiqué : focus sur 2024 !
Le nemmeeku tour continuera de rapprocher le parti et son président des masses populaires des villes et surtout des campagnes, de faire découvrir et apprécier le vrai visage du projet Pastef et de son leader Ousmane Sonko. Militant certes courageux et ferme sur les principes, mais bien aux antipodes du « terroriste djihadiste émeutier » peint par les thuriféraires du Macky, un homme plutôt simple, taquin sur les bords, imbu des valeurs de vérité, de probité, de justice, de paix, de respect et de courtoisie, un acteur politique qui inspire espoir et confiance, bref « un honnête homme », comme en a témoigné tout récemment un vieux grand-père après l’avoir écouté, observé et lui avoir serré la main dans un village profond du Cayor.
Le nemmeeku tour a donc cette vertu de déconstruire la désinformation et la manipulation des clichés fabriqués, d’établir ou de renforcer avec les masses de chez nous, sans distinction, les liens d’une interactivité féconde dont ont besoin notre pays et notre continent pour aller résolument de l’avant. C’est la portée d’un tel message que les tenants du Macky veulent étouffer à tout prix, et surtout par les moyens de l’arbitraire, de l’intimidation, de la provocation, de la violence et de la répression tous azimuts. Afin de faire échec à de telles menées, d’atteindre nos objectifs à l’horizon 2024 et au-delà, les maitres mots devront rester pour nous : clairvoyance et intelligence politique, organisation et discipline militante, détermination et vigilance constante, avec la conviction forte que seule la lutte libère et que seul le peuple est éternel. C’est ici le lieu de saluer le courage de Pape Alé Niang, la mobilisation soutenue de ses confrères et de tous les démocrates, qui ont permis d’arracher la libération de ce valeureux journaliste d’investigation. Victoire précieuse dans un contexte d’assassinats politiques ciblés, de menaces accrues sur les libertés publiques, proférées par le Président de la République lui-même contre, à titre d’exemple récent, la mise en place de l’association des élus dénommée REEL, ce au nom d’une logique absolutiste méprisant la Constitution et les règles de fonctionnement de l’administration étatique, logique digne de ce ‘’ Roi Soleil’’ français du 17ème siècle qui proclamait sans fard : « l’Etat c’est moi » !
A cette allure, ce sera bientôt : « il n’y a à Ndumbelaan qu’un seul parti, une seule coalition : l’Etat-Parti APR-BBY » ! Contexte aussi de carnage financier exacerbé à l’image de la gestion calamiteuse des 1 000 milliards de francs du ‘’Fonds Corona Business’’ pointée par le récent rapport de la Cour des Comptes et impliquant plusieurs ministres, éternellement impunis. Et ce n’est pas sur cet ex-procureur de la République que les Sénégalais-es pourront compter pour espérer changer la donne, lui qui n’a jamais instruit aucun de la trentaine de rapports d’enquête à lui transmis et qui pourtant vient d’être planqué à la tête de l’Office national de Lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC), tout juste une semaine avant la célébration le 9 décembre de la Journée internationale de lutte contre la corruption. Suprême insulte au peuple sénégalais, confirmée si besoin est, par la stupide sortie publique de ce ministre fort en couleurs qui exprime son mépris de l’OFNAC, parce que selon lui, cet organisme porte les mêmes couleurs que le … parti Pastef : vert, blanc et mauve ! Comble de l’ignorance, de la paranoïa et de la mauvaise foi, heureusement pour lui que le ridicule ne tue point ! Ainsi, avec le lourd coude du Président et les tiroirs sans fond des coffres de Monsieur l’ex-Procureur, le macky proc-de-t-il à l’enterrement de première classe de toute volonté de « gestion sobre et vertueuse » ou de lutte résolue contre le fléau de la corruption. Fort heureusement, souffle opportunément sur le Sénégal le vent d’espoir des initiatives du nemmeeku tour de Pastef et des luttes multiformes des différentes sections du peuple debout !
A bon entendeur, salut !
Madieye Mbodj est membre du bureau Politique de Pastef, Vice-président chargé de la Vie politique nationale.