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19 juin 2025
par l'éditorialiste de seneplus, félix atchadé
VIE ET MORT D’UNE RELATION SINGULIÈRE
Depuis plus d’un demi-siècle, la France se distingue en Afrique par un militarisme qui contraste avec l’évolution de ses parts de marché industriel. La puissance militaire a manifestement montré son… impuissance
Félix Atchadé de SenePlus |
Publication 26/10/2022
La relation de la France avec son « pré carré africain » est singulière, très militarisée. Elle a été instituée pendant la période coloniale, s’est poursuivie malgré la décolonisation et a été modelée par la Vème République. Le « père » de cette République, le Général de Gaulle, voyait la grandeur de la France dans la combinaison de la puissance militaire et industrielle. Les territoires colonisés par la France ont dès le début eu une place spéciale dans ce mécanisme censé redonner au pays « sa place et son rang » dans le monde. À leurs indépendances, en 1960, Paris a mis en place des dispositifs militaires, économiques, monétaires (maintien du franc CFA), etc. pour conserver son influence. En 1977, le ministre des Affaires étrangères Louis de Guiringaud a résumé la situation dans les termes suivants : « l’Afrique est le seul continent qui soit encore à la mesure de la France, à la portée de ses moyens. Le seul où elle peut encore, avec cinq cents hommes, changer le cours de l’Histoire. »
Jusqu’à la fin des années 2010, des dizaines d’opérations militaires ont imposé et maintenu la Pax Gallica dans le « pré carré ». Il y a eu de fortes contestations : au Cameroun dans les années 1960, en Côte d’Ivoire au début de ce siècle. Elles ont été fortement réprimées. Dans un silence médiatique assourdissant. Des intellectuels africains comme Mongo Beti, Ousmane Sembène, ont consacré leurs vies à la dénonciation de cette relation. Des associations ont documenté ses dérives. La Françafrique, dont la mort est annoncée à coups de discours présidentiels depuis François Mitterrand mue sans cesse pour maintenir les mécanismes de domination.
Depuis cinq ans, il y a une contestation populaire de la puissance française en Afrique. Au Sahel, où « la guerre contre le terrorisme » est perdue, la force Barkhane est perçue comme une armée d’occupation. Il y a quelques jours, au Burkina, le putsch contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba s’est appuyé sur une mobilisation en partie alimentée par l’évocation d’une collusion de l’armée française avec lui. Au Mali, le pouvoir renouvelle sa légitimité en se posant comme le rempart contre la domination de Paris. Le gouvernement français met cette défiance — taxée de « sentiment antifrançais » — sur le compte de la propagande des Russes et des Turcs. Cette explication, outre de manquer de respect pour les manifestants africains, vise à se dédouaner de ses propres responsabilités.
Depuis plus d’un demi-siècle, la France se distingue en Afrique par un militarisme qui contraste avec l’évolution de ses parts de marché industriel. Son déclassement industriel se fait face à la Chine ou la Turquie, mais aussi par rapport à l’Allemagne. En 2000, les montants des exportations françaises et allemandes vers l’Afrique étaient équivalents. Deux décennies plus tard, celles de l’Allemagne sont supérieures de 40 %. Le modèle gaulliste de projection de la puissance française est conçu pour marcher sur deux pieds : le militaire et l’industrie. Là, manifestement, il en manque un et la puissance militaire a montré son… impuissance. Il faut mettre fin à ce système qui ne bénéficie qu’à quelques multinationales ainsi qu’à des élites africaines. Il faut inventer un modèle de coopération mutuellement avantageux, qui rend aux Africains tous leurs instruments de souveraineté. Les peuples africains et français en sont demandeurs.
SenePlus publie ci-dessous, les nominations prononcées au Conseil des ministres du 26 octobre 2022.
"AU TITRE DES MESURES INDIVIDUELLES Le Président de la République a pris les décisions suivantes :
• Monsieur Ousmane GUEYE, Magistrat, est nommé Secrétaire général du Ministère de la Microfinance et de l’Economie sociale et Solidaire, en remplacement de Monsieur Cheikh NDIAYE, appelé à d’autres fonctions.
• Madame Mame Sané NDIAYE, Administrateur civil, est nommée Secrétaire général du Ministère des Collectivités territoriales, de l’Aménagement et du Développement des Territoires, en remplacement de Monsieur Etienne Turpin, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite.
• Monsieur Souleymane Barka BA, Expert en Sciences de l’Education, est nommé Président du Conseil d’Administration de l’Office des Lacs et Cours d’Eau (OLAC), en remplacement de Monsieur Abdourahmane SOW.
• Monsieur Mouhamadou SENE, Inspecteur de l’Education populaire, de la Jeunesse et des Sports, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère de la Microfinance et de l’Economie sociale et Solidaire en remplacement de Monsieur El Hadji Amadou NDIAYE, appelé à d’autres fonctions."
LA SÉCURITÉ AU MALI S'EST DÉGRADÉE MALGRÉ L'ARRIVÉE DE WAGNER
Les Etats-Unis considèrent que la sécurité s'est considérablement détériorée au Mali depuis que la junte a fait appel, selon eux, aux mercenaires de la société russe Wagner, dont la présence limite fortement l'action antijihadiste américaine
Les Etats-Unis considèrent que la sécurité s'est considérablement détériorée au Mali depuis que la junte a fait appel, selon eux, aux mercenaires de la société russe Wagner, dont la présence limite fortement l'action antijihadiste américaine, a dit une haute responsable mercredi.
"La junte malienne a fait venir Wagner et le terrorisme a empiré de façon considérable", a déclaré lors d'une visioconférence la sous-secrétaire d'Etat américaine Victoria Nuland, de retour d'un déplacement au Sahel, y compris au Mali, entre le 16 et le 20 octobre. Elle a fait état d'une augmentation d'environ 30% des actes terroristes au cours des six derniers mois.
Ces propos contredisent ceux des militaires qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 dans ce pays secoué depuis 2012 par la violence et la propagation jihadiste. Les autorités maliennes se sont détournées depuis un an de l'allié français et de ses partenaires, et tournées vers la Russie. Elles répètent avoir inversé la tendance sécuritaire et avoir mis en débandade les groupes jihadistes.
Les Etats-Unis, la France et les Occidentaux accusent la junte de s'être adjoint les services de la société de sécurité Wagner, aux agissements décriés. Les autorités maliennes démentent et parlent de coopération avec l'armée russe au nom d'une relation ancienne d'Etat à Etat.
Mme Nuland a indiqué avoir fait part des préoccupations américaines au gouvernement malien lors de sa visite.
"Ce gouvernement intérimaire a fait de très mauvais choix en faisant venir Wagner et en les associant à son dispositif sécuritaire, et nous en voyons les résultats avec une violence et des actes de terrorisme en augmentation et les forces des Nations unies poussées vers la sortie", a-t-elle dit.
Elle a accusé Wagner de faire pression sur le Mali pour qu'il limite les opérations de la mission de paix de l'ONU (Minusma), limitations dont s'est plainte la Minusma elle-même.
Mme Nuland s'est aussi fait l'écho des nombreuses accusations d'abus commis par les hommes de Wagner contre les populations civiles.
Les voisins du Mali sont également "très inquiets" de la présence de Wagner au Mali, a-t-elle déclaré en citant la Mauritanie où elle s'est également rendue et qu'elle a décrite comme un "îlot de stabilité dans un voisinage très, très âpre".
Les Etats-Unis sont engagés militairement au Sahel. Ils fournissaient un soutien en logistique et en renseignement à la force antijihadiste française Barkhane au Mali avant que celle-ci ne soit poussée vers la sortie cette année. Mme Nuland a assuré que les Américains continuaient à collaborer très étroitement avec les Français au Sahel après le redéploiement de ces derniers.
Mais "la faculté des Etats-Unis à aider le Mali sur le front sécuritaire est fortement restreinte", à cause des lois américaines sur la coopération avec des gouvernements non-élus, "et encore plus maintenant par le choix qu'a fait le Mali d'être de mèche avec Wagner", a-t-elle dit. Les programmes civils sont aussi affectés, a-t-elle dit.
Mme Nuland s'est aussi rendue au Burkina Faso et y a rencontré le nouvel homme fort, le capitaine Ibrahim Traoré.
"Il a dit sans équivoque que c'était aux Burkinabè de défendre la sécurité de leur pays et qu'ils n'avaient aucune intention de faire venir Wagner", a-t-elle déclaré.
LA LITTÉRATURE A UN RÔLE À JOUER DANS CE MONDE TROUBLÉ
Entretien avec Boubacar Boris Diop, lauréat du Prix international de littérature Neustadt qui reçoit son prix, ce mercredi 26 octobre 2022 à Oklahoma. Une enveloppe de 50.000 dollars, une réplique d’une plume d’aigle moulée en argent et un certificat
El Hadji Gorgui Wade Ndoye |
Publication 26/10/2022
Entretien exclusif avec Boubacar Boris Diop, 27ème lauréat du Prix international de littérature Neustadt qui reçoit son prix, aujourd’hui, à Oklahoma. Il s’agit d’une enveloppe de 50 000 dollars, soit près de 33 millions 250 mille FCfa, une réplique d’une plume d’aigle moulée en argent et un certificat. À l’occasion de cette cérémonie, sera annoncé également le prochain récipiendaire. Une série de manifestations notamment littéraires sont au programme pour fêter l’auteur sénégalais.
M. Diop, vous vous apprêtez à recevoir le prestigieux Neustadt International Prize for Literature pour votre production romanesque, notamment « Murambi, le livre des ossements ». Quel est le sentiment qui vous habite ?
À l’origine de toute carrière d’écrivain, il y a toujours l’envie de partager avec des inconnus des histoires que l’on juge intéressantes. On ne se préoccupe pas trop de prix littéraires, mais lorsque ceux-ci arrivent, surtout par surprise, on les accueille avec joie. L’écriture est un exercice solitaire même si, comme dit Laabi, le poète vit dans une « solitude peuplée » et un tel événement nous fait entrer en dialogue avec les lecteurs de nos livres. Ce sont des moments précieux. Là, je dois avouer avoir également accueilli la nouvelle avec un certain soulagement puisque je fais partie de ces auteurs sans cesse rongés par le doute quant à la valeur réelle de leur travail. Le Neustadt est décerné par « World Literature Today », qui est une revue exceptionnelle et par un jury qui change à chaque édition, d’écrivains et de critiques. Je crois pouvoir parler ici d’une reconnaissance des pairs à l’échelle internationale, avec le sentiment de ne m’être pas planté en consacrant tant de nuits blanches et d’énergie à mes livres.
Cette distinction peut-elle stimuler votre inspiration pour d’autres projets littéraires ?
J’écris depuis ma tendre enfance et je vais bien évidemment continuer. Je crois que je ne sais rien faire d’autre et j’ai de la chance parce que j’y prends également beaucoup de plaisir. De ce point de vue, rien de nouveau sous le soleil.
Vous avez quand même dit quelque part que ce prix a un sens particulier pour vous…
Je confirme. Je dirais même qu’il a une saveur particulière. Vous savez, c’est la lecture de la version anglaise de « Doomi Golo » qui a incité Jennifer Croft à lire « Murambi, le livre des ossements » – en anglais toujours – et à me proposer pour le Neustadt. C’est tout à fait symbolique, le fait que mon premier roman en wolof ait finalement conduit à une telle distinction. J’en suis très fier, c’est un démenti cinglant à tous les complexés pour qui nos langues nous renferment sur nous-mêmes. Ngugi n’a eu de cesse de prouver qu’elles ont toute leur place sur la scène de la littérature mondiale, mais ça a toujours paru beaucoup moins évident dans notre univers littéraire francophone que l’on peut parfois trouver très étrange. Mais puisque la meilleure façon de dire c’est de faire, il faut continuer à publier de la fiction dans nos langues et, dans peu de temps, plus personne n’osera utiliser des arguments aussi insensés. Les traductions en langues étrangères de « Doomi Golo », celles de Cheik Aliou Ndao ou Mariama Bâ et l’attribution du Neustadt à un auteur de langue wolof sont chez nous autant de pas dans la bonne direction.
Le récit de cet ouvrage primé peut-il avoir une résonnance particulière dans ce monde troublé, actuellement ?
Je dis toujours que si je n’avais pas été au Rwanda je n’aurais pas écrit un seul roman en wolof ou traduit « Une saison au Congo » de Césaire. Il faut aussi souligner que la connexion entre « Doomi Golo » et « Murambi, le livre des ossements », tout en étant à l’origine de ce prix lui est bien antérieure. Cela fait un quart de siècle que je parle du génocide des Tutsis au Rwanda et je sais que ma voix, sur ce sujet tout au moins, va porter un peu plus loin. Le devoir de mémoire est intimement associé au travail du deuil, c’est une entreprise collective où chaque parole de compassion compte. C’est seulement grâce à cela que le « Plus jamais ça » ne restera pas un vœu pieux. La littérature a donc un rôle à jouer dans ce monde troublé auquel vous faites allusion. Et ces « troubles » – là, pour ce qui nous concerne, renvoient au Mali, que l’on essaie de briser pour mieux continuer à le piller et qui reste debout, au Burkina et au Tchad qui essaient de se relever dans d’horribles souffrances et avec plus ou moins d’intensité à tous les peuples africains qui n’en peuvent plus de la Françafrique, cet « Empire qui ne veut pas mourir », pour reprendre le titre d’un ouvrage faisant désormais autorité. L’écrivain qui prétend ne rien avoir à dire sur ces questions brûlantes risque d’écrire en vain, si vous me permettez ce petit clin d’œil à Williams Sassine.
LIBYE, LA PROPOSITION DE BATHILY POUR FAIRE BAISSER LA TENSION
Le premier africain émissaire de l’Onu en Libye, Abdoulaye Bathily, a présenté son rapport sur la situation du pays en proie au chaos depuis plus de 11 ans. Le Sénégalais, évoquant les résultats de ses consultations, a exclu l’organisation d’élections...
Le premier africain émissaire de l’Onu en Libye, Abdoulaye Bathily, a présenté son rapport sur la situation du pays en proie au chaos depuis plus de 11 ans. Le Sénégalais, évoquant les résultats de ses consultations, a exclu l’organisation d’élections dans un avenir proche. Rappeler que l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la Libye, António Guterres, confirmé au poste début septembre, était attendu pour mener des pourparlers inter-libyens qui devront déboucher sur des échéances électorales. Mais, le diplomate sénégalais, après avoir multiplié les rencontres avec les responsables de Tripoli, a pu mesurer « les profondes divergences entre les Libyens », surtout en ce qui concerne la base juridique qui devrait permettre l’organisation des élections générales, rapporte Rfi.
Son rapport souligne, par conséquent, que le chemin vers les élections doit maintenant passer par la réunification de l’Exécutif et c’est la tâche à laquelle il doit s’atteler d’urgence.
Deux gouvernements se disputent le pouvoir depuis mars dernier en Libye. L’envoyé spécial de l’ONU prévoit d’organiser une rencontre entre le chef du Parlement et le chef du haut-conseil consultatif, pour encourager l’application de l’accord sur la réunification des institutions.
Pour relancer le volet sécuritaire de l’accord politique gelé en raison de la crise du pouvoir, et faire baisser la tension, l’historien, universitaire et homme politique sénégalais, plusieurs fois député et ministre sous les présidences d’Abdou Diouf et Macky Sall, et ancien chef de file de la Ligue démocratique/Mouvement pour le parti du travail (LD/MPT) pendant 29 ans, a convoqué une réunion du comité militaire commun 5+5, composé de cinq représentants pour l’Est et pour l’Ouest du pays, qui aura lieu en sa présence demain jeudi, 27 octobre à Syrte.
Avant de quitter New York, Abdoulaye Bathily a tenu à rencontrer tous les représentants des pays impliqués en Libye. Ce faisant, il a insisté sur la nécessité et l’importance d’un soutien international coordonné aux efforts des Libyens et des Nations unies. Il a appelé ces pays à s’abstenir de prendre des décisions unilatérales qui pourraient approfondir davantage encore les divisions libyennes.
CES RÉFORMES QUI SONT ATTENDUES DANS LE SECTEUR ÉDUCATIF
Après deux mandats à la tête du Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire du Sénégal (Saemss), Saourou Sène, élu en 2016, a passé le témoin à El Hadji Malick Youm. L’ancien Secrétaire général est aujourd’hui nommé Conseiller spécial ...
Après deux mandats à la tête du Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire du Sénégal (Saemss), Saourou Sène, élu en 2016, a passé le témoin à El Hadji Malick Youm. L’ancien Secrétaire général est aujourd’hui nommé Conseiller spécial par le président de la République, Macky Sall.
Le syndicaliste, réagissant suite à sa nomination, a insisté sur la nécessité d’aller vers des réformes. Lesquelles ? Emedia a posé la question à un enseignant : Aliou Diouf, trésorier général national du Cadre unitaire des syndicats du moyen-secondaire (Cusems). Interrogé par Emedia, il dit : « pour les réformes, c’est certainement (celles) concernant les programmes. Vous allez en Terminal, par exemple en Histoire, les gens font les mêmes programmes depuis combien d’années ? La deuxième guerre mondiale, la guerre froide, … C’est les mêmes programmes depuis une trentaine d’années. Moi, j’ai fait le même programme. Mes enfants feront certainement le même programme. Donc, c’est à ce niveau qu’il faut faire des réformes. »
La réforme des programme et l’introduction de l’anglais à l’élémentaire
Après les programmes, il faudra s’atteler à « diminuer la lourdeur des programmes », a-t-il poursuivi, expliquant que « quand on a diminué le programme, on a vu, avec la Covid-19, les résultats étaient excellents. »
Avant de souligner « qu’il faut penser à introduire l’anglais au niveau de l’élémentaire. » Dans la mesure où a-t-il insisté : « l’anglais est une langue internationale et c’est la langue de communication qu’on utilise aujourd’hui dans toutes les grandes institutions du monde. C’est vrai que nous avons hérité le français de la colonisation, mais aujourd’hui les pays qui veulent vraiment aller de l’avant, l’anglais et l’informatique, c’est obligatoire à l’élémentaire. » Prenant « le cas du Rwanda », il a précisé que « maintenant, c’est l’anglais qu’ils enseignent à l’élémentaire. C’est une réforme aussi, je pense, qu’il faudra apporter dans le système éducatif sénégalais. »
« Pour le reste, c’est toujours la lancinante question des effectifs, a-t-il enchainé, ajoutant que « tant qu’on a des effectifs de 100 élèves par classe, 120 parfois dans la banlieue, on ne peut pas avoir un enseignement de qualité. » Pour ce faire, l’enseignant soutient qu’il faut « une volonté politique affirmée » pour « recruter un maximum d’enseignants et avoir un maximum de classe. C’est difficile parce que nous ne sommes pas un pays développé mais il faut faire des efforts dans ce sens-là. »
« Les enfants sont surchargés »
Pour lui, « les réformes, c’est surtout la réforme des programmes » parce que « si vous prenez l’élémentaire, un enfant de CM2, vous voyez son cartable, vous avez pitié de lui. C’est des livres en a plus finir. Les enfants sont surchargés. On veut tout leur apprendre et il n’y a pas de spécialisation très tôt. Dans les pays développés, il y a des formations courtes qui vous permettent d’avoir un boulot et d’aller travailler. Tout le monde n’est pas destiné à aller à l’Université mais ici, tout le monde (y) va. Finalement, l’Université est surpeuplée. Après, (elle) ne forme que des chômeurs parce que la formation n’est pas adaptée au marché du travail. »
« Intéresser les élèves aux Sciences »
Parmi les réflexions à mener, l’enseignant indiquera qu’il s’agit aussi de voir « comment faire pour inverser la tendance. Aujourd’hui, vous avez 70% de Bac littéraire et 30% de Bac scientifique. Dans plusieurs lycées, il n’y a pas de classe de S1. Donc, comment faire pour que les élèves s’intéressent aux Sciences pour qu’on puisse avoir du 50-50. Un pays, c’est aussi des ingénieurs, etc., qui le développent. Ce n’est pas seulement des littéraires et des artistes. »
Pour conclure, « il y a beaucoup de choses qu’il faut revoir dans le système. Je pense que si on a la stabilité, les gens auront le temps de s’asseoir, de discuter sur le devenir du système éducatif sénégalais parce qu’il le faut », a lancé Aliou Diouf.
BEACH SOCCER, LE SÉNÉGAL EN FINALE
Les Lions du Sénégal de Beach soccer se sont qualifiés en finale après avoir battu mercredi le Mozambique sur ses terres (3-2). Les Champions d’Afrique en titre vont disputer leur 8e finale de la Coupe d’Afrique
Les Lions du Sénégal de Beach soccer se sont qualifiés en finale après avoir battu mercredi le Mozambique sur ses terres (3-2). Les Champions d’Afrique en titre vont disputer leur 8e finale de la Coupe d’Afrique en plus d’une septième qualification à la Coupe du Monde 2023. Et ce sera face à l’Egypte, qui ont sorti les, plus d’une heure avant, les Lions de l’Atlas du Maroc (4-5).
Les Lions avaient battu « Pharaons » en phase de poule sur la marque de 6 buts à 4. Mais, cette nouvelle rencontre augure un remake de la finale de la Coupe d’Afrique des nations de football (Can) remportée par la bande à Sadio Mané, le 6 février dernier, au Cameroun.
UNE FILIÈRE DU POULET BIEN PORTANTE CAR PROTÉGÉE
Au Sénégal, les importations de produits avicoles sont interdites depuis 2005. Dans une récente étude, les fondations Farm et Avril font le point. Quel bilan tirer de cette politique protectionniste ? Et si la mesure était levée ?
Du poulet 100% sénégalais, c’est ce que l’on trouve sur les marchés et dans les assiettes depuis plus de 15 ans. En octobre 2005, dans un contexte mondial de grippe aviaire, le Sénégal avait fermé ses frontières aux poulets importés. Une mesure justifiée par des impératifs sanitaires, mais « aussi officieusement une réponse à la hausse des importations de découpes de poulet et de carcasses de poules de réforme », indique l’étude, autrement dit des sous-produits des filières américaines, brésiliennes et européennes.
Conséquence : la filière locale a été boostée, notamment l’élevage industriel, avec des effets positifs sur l’emploi. « Selon les données de la FAO, la production de viande de poulet au Sénégal a pratiquement quadruplé » entre 2005 et 2019. Le mastodonte du secteur, l’entreprise Sedima, possède sa propre usine d’aliments de volaille. « L’aviculture est l’une des branches les plus dynamiques de l’agriculture sénégalaise », résume Matthieu Brun, directeur scientifique de la Fondation Farm. Selon les estimations, chaque Sénégalais en mangeait en moyenne 7 kilos par an en 2019, contre 3,6 kilos en 2010.
Clôturant la 8ème édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, la ministre des Affaires étrangères, Aïssata Tall Sall, a fait la synthèse des deux jours d’échanges qui ont rythmé le sommet
Clôturant la 8ème édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, la ministre des Affaires étrangères, Aïssata Tall Sall, a fait la synthèse des deux jours d’échanges qui ont rythmé le sommet : l’Afrique doit assurer sa propre sécurité.
A Dakar, les termes de la refonte sont posés : il faut repenser les rapports entre les Etats africains et leurs partenaires de sécurité face à l’extrémisme violent, a déclaré ce mardi, la ministre des Affaires étrangères à la clôture de la 8ème édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique.
Pour Aïssata Tall Sall, toute collaboration dans la lutte contre l’extrémisme violent doit être alignée sur les priorités de sécurité des Etats africains qui ne peuvent assurer leur propre sécurité. De son avis, les orientations et choix stratégiques en matière de sécurité doivent émaner des pays africains qui ont le plus besoin de moyens technologiques, de connaissances et de moyens financiers pour développer leur résilience face aux menaces exogènes et endogènes résultant de l’extrémisme violent.
Pour prévenir les conflits et assurer une paix durable, Aïs¬sata Tall Sall trouve qu’il faut également renforcer les réponses communautaires et que les pouvoirs publics se les approprient mieux. Il est donc urgent, dit-elle, de développer une approche intégrée et participative qui permet de gagner les cœurs des communautés. «Il ressort ainsi des échanges, la nécessité impérieuse de renforcer l’autonomie de nos pays dans les secteurs comme l’alimentation, la santé ou l’énergie, en intégrant le secteur privé africain dans la définition et la mise en œuvre des politiques publiques», rappelle la cheffe de la diplomatie sénégalaise. Elle ajoute : «C’est tout le sens du vibrant appel pour une coopération internationale articulée autour des priorités africaines dans le cadre d’un partenariat mutuellement bénéfique. De même, la contribution des jeunes reste essentielle en ce qu’elle garantit l’appropriation des objectifs ciblés au profit des générations futures.»
D’après toujours elle, «un partenariat international adapté aux exigences de l’Afrique et un secteur privé dynamique et ouvert, ainsi qu’une jeunesse vibrante et innovante, constituent les rayons qui jettent la lumière sur les voies, aujourd’hui assombries de la paix et de l’émergence». Cette année, le rendez-vous annuel de Dakar s’est déroulé dans le contexte de la guerre en Ukraine, sans oublier les menaces terroristes, les coups d’Etat répétés. «L’Afri¬que à l’épreuve des chocs exogènes : défis de stabilité et de souveraineté» a été le thème de l’édition de 2022. Elle a vu la participation des présidents d’Angola, Joao Manuel Gonçalves Lourenço, et du Cabo Verde, Jose Maria Neves, du vice-Premier ministre de la Guinée-Bissau, Soares Sambu. Il y a eu d’autres personnalités comme le ministre des Affaires étrangères de l’Arabie Saoudite, le Prince Fayçal Al Saoud, et le ministre délégué aux Affaires étrangères du Japon, Yamada Kenji. Au total, il y a eu une trentaine de délégations ministérielles, auxquelles se sont ajoutées une dizaine d’institutions internationales comme les Nations unies, l’Union africaine, la Cedeao, l’Union européenne ou encore l’Otan, entre autres, selon le bilan de la ministre des Affaires étrangères.
«IL FAUT ROMPRE AVEC LES POLITIQUES NEOLIBERALES QUI DETRUISENT LES FONDEMENTS DE NOTRE PROSPERITE»
La sentence de l'économiste Ndongo Samba Sylla est sans appel sur les causes de l'instabilité etle manque de sécurité dans la sous-région africaine.
Pour l'économiste Ndongo Samba Sylla, il y a des fondements socio-économiques à la paix. Profitant de la grande rencontre sur la Souveraineté économique et monétaire, Dr Sylla a invité les Etats africains à sortir des dynamiques néolibérales qui sapent les fondements de leur prospérité.
La sentence de l'économiste Ndongo Samba Sylla est sans appel sur les causes de l'instabilité etle manque de sécurité dans la sous-région africaine. S'exprimant en marge de l'ouverture d'une grande rencontre sur la souveraineté économique et monétaire, sur le forum Sécurité et Paix qui s'est tenu à Dakar ces deux derniers jours, le chercheur à la fondation Rosa Luxembourg a invité les décideurs africains à ne pas faire la politique d'autruche sur les vraies causes de cette insécurité en Afrique. ''Il faut rompre avec les politiques néolibérales qui détruisent les fondements économiques de la prospérité de nos Etats africains'', soutient-il.
De son avis, il y a des fondements socio-économiques à la paix. ''Généralement, vous pouvez avoir une forme de paix négative, c'est-à-dire qu’il n'y pas de conflits civils, il n’y pas de guerres, mais les gens sont pauvres'', renseigne le chercheur qui travaille depuis des années sur la déconnexion et les questions de réparations globales. C’est d'ailleurs ce thème qui a été choisi par cette rencontre sur la souveraineté monétaire et économique.
De son avis, quand les gens sont objectivement pauvres, il est illusoire de parler de situation de paix et de sécurité économique pour les populations. Rappelant le sort réservé à la jeunesse dans les pays où il y a ces phénomènes jihadistes comme le Niger ou le Tchad. ''Les statistiques montrent que plus de 40 % des personnes dans ces pays n'ont accès ni à l'emploi ni à l'éducation. Donc ces jeunes n'ont pas d'avenir et ils deviennent des proies faciles aux tendances radicales jihadistes'', fulmine-t-il tout insistant sur la nécessité de rompre avec ces politiques libérales qui plombent le développement économique du continent.
Toutefois, l'économiste fustige le fait que ce genre de discours ne soit pas porté par les approches conventionnelles qui informent la politique suivie par nos gouvernements. Il y a d'autres manières, d'après lui, d'envisager les questions économiques. Il y a d'autres manières de régler les problèmes sociaux qui s'imposent à l'Afrique. ''Mais ça suppose d'aller à rebours des orthodoxies'', trouve Dr Sylla.
"Régime démocratique ou pas, s'il ne crée pas de la prospérité pour la grande majorité, ç a ne change rien"
Interpellé aussi sur les coups d'Etats répétitifs dans plusieurs régions de l’Afrique, Dr Ndongo Samba Sylla qui a écrit un essai pour remettre en cause la ''bonne nouvelle'' de la démocratie trouve qu'il y a un désir de changement de la jeunesse. ''Et on le voit avec les pays dits démocratiques. Parce que régime démocratique où pas, s'il ne crée pas la prospérité, ça ne change rien pour la grande majorité. Donc il ne faut pas rester sur les slogans'', affirme-t-il avant d'enchaîner : ''Il faut mettre en place des politiques qui œuvrent pour la prospérité de la majorité pour réduire les inégalités économiques et sociales''.
Rappelons que Dr Ndongo Samba Sylla qui fait partie aussi du comité scientifique du Rapport Alternatif sur l'Afrique (RASA) s'exprimait en marge de la cérémonie d'ouverture de la rencontre internationale sur la souveraineté économique monétaire qui se tient au Musée des Civilisations noires jusqu'au 28. Plusieurs intellectuels venus des quatre coins du monde se penchent sur les questions de déconnexion et des réparations globales.