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16 août 2025
C’EST LA PREMIÈRE FOIS QUE J’ASSISTE À LA RÉVOCATION D’UN CONTRÔLE JUDICIAIRE
Le journaliste Pape Alé Niang a été encore envoyé en prison. Il a été placé sous mandat de dépôt, ce matin, suite à son face à face avec le juge du deuxième cabinet. Réagissant à ce propos, Me Khoureychi Ba, un de ses avocats affiche son indignation
Le journaliste Pape Alé Niang a été encore envoyé en prison. Il a été placé sous mandat de dépôt, ce matin, suite à son face à face avec le juge du deuxième cabinet. Réagissant à ce propos, Me Khoureychi Ba, un de ses avocats indique que c’est la première fois qu’il assiste à une révocation de contrôle judiciaire. « Le juge d’instruction suivant le réquisitoire du procureur de la République a décidé la révocation de son contrôle judiciaire. Le procureur de la République a estimé que Monsieur Pape Alé Niang avait violé les conditions de ce contrôle judiciaire. Depuis 3 décennies, c’est la première fois que j’assiste à la révocation d’un contrôle judiciaire », note la robe noire. À l’en croire, le procureur de la République ne peut pas interférer dans un dossier de l’instruction. Mais, le maître des poursuites a le droit que ce que lui donne la loi à savoir l’article 171 du Code de procédure pénale. Cette loi lui permet de saisir le juge pour un nouveau réquisitoire pour lancer des poursuites sur le fait que le Directeur de la police judiciaire a été attaqué. « Ceci n’a rien à voir. Ce qu’il a fait est un excès de pouvoir manifeste, c’est un abus de droit, c’est une voie de fait. Aucun procureur ne peut interférer en cours d’instruction. Et le juge ne devait pas l’accepter », dénonce la robe noire.
S’agissant de l’état de santé fragile du journaliste, la robe noire a sollicité une application du bracelet électronique en sa faveur.
par Charles Faye
POURQUOI LE RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES A-T-IL ÉTÉ PUBLIÉ ?
Le rapport définitif de la Cour des comptes « est strictement confidentiel et ne saurait être communiqué à des destinataires autres que ceux choisis par la Cour des Comptes ». Comment se fait-il alors que le document ait fuité ?
Comment se fait-il que le rapport définitif de la Cour des comptes sur le Contrôle de la gestion du fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la covid 19 – Gestion 2020-2022 classé sous le sceau de la « stricte confidentialité » uniquement destiné à ceux choisis par la Cour des comptes se retrouve-t-il sur la place publique. Pourquoi a-t-il été publié et pourquoi ?
Le rapport définitif de la Cour des comptes « est strictement confidentiel et ne saurait être communiqué à des destinataires autres que ceux choisis par la Cour des Comptes ». Comment se fait-il alors qu’il soit publié alors que le président de la République, seul destinataire en mesure de dire la suite à donner, ne s’est prononcé sur la conduite à tenir ?
Cette question taraude l’esprit, ce d’autant que la publication du rapport définitif de la Cour des comptes datant du 19 aout intervient à un moment où des partisans du président Macky Sall font de lui leur candidat pour la présidentielle de février 2024. Moment ne peut donc tomber plus mal pour un président sortant voulant se présenter pour une troisième mandat que de voir une telle bombe atterrir sur la place publique. Les conséquences puuvant être lourdes de sens pour lui en 2024.
Cette publication taraude d’autant plus l’esprit que ce rapport de la Cour des comptes sur le Contrôle de la gestion du fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la covid 19 – Gestion 2020-2022 est une commande du chef de l’Etat lui-même. Soumis aux personnes concernées durant la phase des travaux de contrôle, il est « destiné uniquement à ceux choisis par la Cour des comptes », parmi lesquels le chef de l’Etat qui, faut-il le rappeler peut recevoir périodiquement, à sa demande, des notes épisodiques concernant l’évolution des travaux de la Cour des comptes. Ce qui lui donne l’opportunité d’apprécier les tournures et développements des travaux ainsi que la possibilité de les faire arrêter ou de demander leur continuation. De ce point de vue, on peut donc croire que le Président Macky Sall a eu des informations pour réagir en conséquence. Le limogeage de certains ministres peut s’entendre ainsi.
Mais cela n’explique toujours pas la publication du rapport qui ne fait pas les affaires du président et qui, pire encore, plombe l’ambition à lui prêtée de briguer un troisième mandat.
Pourquoi ce rapport a-t-il été publié ? Qui a demandé sa publication ? La présidence ! Pourquoi ?
Si l’on considère que la publication dudit document ne milite pas pour un troisième mandat du président Sall, on peut tout aussi bien considérer que sa « fuite organisée » montre et démontre que le chef de l’Etat n’a pas envie de se présenter pour un troisième mandat en 2024. Et qu’il ne veuille peut-être pas non plus voir des cadres en première ligne de son parti ambitionner de lui succéder à Roume. Macky Sall aurait-il un plan pour quelqu’un d’autre pour lequel il travaillerait qu’il aurait tout à gagner à mettre sur le carreau les prédateurs « dont il se plaint souvent » selon une indiscrétion qu’il voit « souvent ».
Dans une la perspective d’une non candidature, le « fuitage » du rapport prend tout son sens. La séquence s’avère d’ailleurs intéressante dans la mesure où elle survient moins de 10 jours après la Déclaration de politique générale du Premier ministre Amadou Ba, lundi 12 décembre, et moins d’une semaine après son retour à l’Assemblée nationale, jeudi 15 décembre, pour faire face à la motion de censure déposée par les députés de Yewwi Askan Wi.
Macky Sall chercherait-il à calmer les ardeurs de son Premier ministre à qui son clan prête des “réunions politiques” liéee à une ambition présidentielle ? Il se dit que le président Macky Sall ne souhaite pas le voir briguer la présidence en 2024. Amadou Ba ne serait pas son choix.
Il est vrai qu’il n’est un secret pour personne que sa nomination n’était pas dans les plans du patron de BBY. Le nom de Mamadou Moustapha Ba alors directeur général du budget a été fortement agité des heures, pour l’installer certainement dans l’imaginaire populaire et freiner certaines ardeurs de son camp. Il reste cependant qu’il eut été maladroit pour le président Sall de créer un autre contre-courant dans la maison marron-beige après la révolte et volte-face de Mimi Touré. C’eut été beaucoup que de perdre en quelques jours deux pontes du parti et du pouvoir. Voilà comment Amadou Ba a été appelé en dernière minute, disent les observateurs de la scène politique sénégalaise.
Si le président Sall ne veut pas d’Amadou Ba qui a fait bonne figure lors de la motion de censure qui veut-il à Roume en 2024 ?
par l'éditorialiste de seneplus, tidiane sow
QATAR 2022, CLAP DE FIN
EXCLUSIF SENEPLUS - De mémoire de footeux, je n’ai jamais vu cela. France-Argentine ne fut pas le meilleur match du tournoi, loin s’en faut. Mais ce fut certainement le plus épique, le plus dramatique
De mémoire de footeux, je n’ai jamais vu cela ! Un match de rêve. Non disons-le, 40 mns de rêve, car le match ne débuta qu’à la 80e minute quand la France obtint son penalty. A partir de là ce fut l’odyssée des palpitants. Seuls deux évènements me viennent à l’esprit en termes de décharge d’émotions : Je me ramentevais ce but d’Aguero à la dernière seconde de Manchester City contre Crystal Palace et qui offrit la Premier League aux citizens. Je me ramentevais cette demi-finale France-Allemagne de Séville en 1982.
Des émotions intenses, du pur bonheur ou la grosse désolation. On vit pour ces moments-là ! N’est ce pas ?
Ce ne fut pas le meilleur match du tournoi. Loin s’en faut mais ce fut certainement le plus épique, le plus dramatique.
La France a raté son match, car elle s’est cantonnée à faire ce qu’elle savait faire, rester bas et défendre, sauf qu’elle l’a fait mal ! Trop de joueurs étaient absents : Dembélé, Griezman, Giroud, Mbappé, Rabiot, cela fait beaucoup hors du coup. Sir Alex Fergusson avait l’habitude dire que si trois joueurs étaient dans un jour sans, son équipe perdait le match. C’est dire.
Entre Dembélé qui appliquait les consignes et qui défendait mal et Mbappé qui ne défendait pas, les argentins se régalaient. Di Maria, de Paul, Mc Allister, Fernandez, étaient intenables, asphyxiant le milieu français. Messi, comme on ne l’a pas souvent vu, a mis le bleu de chauffe pour tacler, remiser et illuminer le jeu. Le deuxième but argentin démarra par une passe dont il a le secret et fut une merveille de contre-attaque. Di Maria dans tous les bons coups, fit des misères à Koundé sur le flanc gauche.
Jamais le coach Deschamps ne réussit à trouver la clé de l’énigme. Il tenta bien des choses nouvelles avec courage. Il sortit Dembélé et Giroud avant la fin de la première mi-temps. Qui disait qu’on ne fait les remplacements qu’à l’heure de jeu ? Le nouveau dispositif tactique permit à la France de se remettre dans le jeu petit à petit. Muani et Thuram changèrent la configuration d’un match bien mal embarqué. Ceux qui se demandaient pourquoi on sort Giroud et pas Mbappé alors que les deux n’ont rien fait pendant 40 mns, ont eu la réponse. Avec Mbappé tout peut arriver. En deux mns, il remet la France à l’endroit. Le deuxième but fut somptueux de classe, de technique et d’audace ! Les argentins doivent encore se demander comment un match qu’ils avaient à la main, a pu leur échapper en une minute ! Les prolongations qui s’en suivirent prolongèrent le drame qui se nouait : 3 - 2 puis 3 - 3 ! Chaque fois Mbappé répondant à Messi ! Que dire de cette dernière occasion qui échut à Muani et qui mit tout son coeur dans sa frappe ? On se demande encore comment le goal Martinez a pu sortir cette balle de match !
La dynamique qui était du coté de la France venait de changer. L’Argentine avait déjà connu ce scenario. Isl avaient pendant longtemps dominé les Pays-Bas 2 á 0 avant de se faire rejoindre à la dernière minute. Ils s’en sortirent aux penalties. L’histoire s’est réécrite pour eux. Messi remporte donc sa Coupe du monde grâce aux tirs aux buts. Cela faisait 36 ans que l’Argentine n’avait plus remporté le trophée !
L’Argentine n’était pas la meilleure équipe du tournoi. Elle a tout de même le mérite de le gagner. C’est comme ça ! C’est comme dans la vie, les meilleurs ne gagnent toujours pas !
L’Argentine fut une belle championne à la fin, bien que leur fairplay fût déplorable tout au long du tournoi. On eut pensé que leur défaite d’entrée de jeu contre les saoudiens les aurait rendus plus humbles mais que nenni. Ils furent exécrables contre les hollandais, rugueux contre les français, exubérants de gestes obscènes. De leur parcours, leur seule belle victoire probante fut celle contre les croates !
Pour l’heure, pendant quelques jours, les argentins oublieront l’inflation de 100% qui sévit dans leur pays. Comme quoi le peuple veut des jeux.
Le Qatar a mis son nom sur la carte du monde. De beaux stades, une belle organisation et il fut droit dans ses bottes quand il eut fallu résister aux lobbies occidentaux prônant des valeurs contraires aux siennes. Ils doivent regretter qu’une finale ne se joue pas à trois sinon ils auraient convié le fantasque Neymar rejoindre ses larrons Messi et Mbappe à la fête du PSG ! On s’étonne qu’ils n’aient pas pu changer les règles du jeu du football, eux qui possèdent la science du lobbying et pénètrent partout jusque dans les arcanes de la Commission européenne ! Pour ceux qui doutaient encore du pouvoir de l’argent !
L’Argentine de Messi aura eu des penalties dans ce tournoi...
Neymar est le grand perdant, la faute à des choix pas toujours judicieux. Trop porter la balle dans des matchs de poule ; se blesser inutilement et vouloir se réserver le dernier penalty de la gloire contre la Croatie, alors que l’essentiel n’était pas acquis !
J’étais content que Modric – meilleur joueur du tournoi selon moi - finisse troisième, car le troisième est toujours plus heureux que le second.
Finalement, des quatre demi-finalistes ceux qui avaient le football d’allant ont triomphé : l’Argentine devant la France et la Croatie devant le Maroc.
Le Maroc fut énorme dans ce tournoi. Le numéro 8 Ounahi fut une révélation ! époustouflant ! Il leur manque juste la profondeur de banc pour réussir dans un tournoi de cette ampleur !
Le Maroc a montré la voie. L’avenir appartient aux équipes africaines.
Le Sénégal doit tourner la page et renouveler son équipe. Aliou Cissé aura fait son temps. Il nous faut trouver un système de jeu et gagner en profondeur de banc.
La France sans Benzema, Pogba et Kanté s’est retrouvée en finale, le Sénégal sans Sadio, Gana et Kouyaté ne passe pas les huitièmes de finale. C’est cela la différence de niveau qui nous sépare des meilleurs.
La Tunisie aura battu la France et le Cameroun aura battu le Brésil. Tels seront leurs trophées. Seul le Ghana, pourtant habitué à ces joutes internationales, fut décevante, miné qu’il était par des problèmes extra-sportifs, comme c’est souvent le lot de la plupart des équipes africaines. Tel est le bilan encourageant des équipes du continent engagées dans la Coupe du monde. Le gap se resserre mais il est toujours là !
Dr. Tidiane Sow est coach en Communication.
UNE CULTURE DE MALVERSATIONS
Malgré les nombreuses promesses et engagements envers les Sénégalais, les détournements de deniers publics se poursuivent de plus belle, au nez et à la barbe des autorités judiciaires
C’est à croire que les différents régimes qui se suivent se ressemblent, du point de vue de la gouvernance nébuleuse des deniers publics. Alors que la gestion peu orthodoxe des finances publiques avait fini de ternir tous les 12 ans de règne du président Abdoulaye Wade, son successeur Macky Sall, élu sous le slogan ‘’Gouvernance sobre et vertueuse’’, ne fait guère mieux. Pour le Forum civil, il n’y a pas à chercher midi à quatorze heures ; il est temps qu’on en finisse de ranger dans les tiroirs les rapports successifs des différents corps de contrôle. ‘’Le Forum civil, soulignent Birahime Seck et compagnie, exige l’ouverture de toutes les informations judiciaires demandées par la Cour des comptes’’.
Cet appel lancé par plusieurs organisations et personnalités fortes de la société civile, sera-t-il entendu par les autorités politiques et judiciaires ? Rien n’est moins sûr. Depuis une semaine, le Sénégal ne bruit presque plus que de cette affaire. Il n’empêche, du côté des autorités compétentes, c’est encore l’omerta. ‘’Inadmissible’’, clame le coordonnateur du Forum civil qui dénonçait énergiquement : ‘’Au moment où les populations étaient torturées dans les rues, d’autres confinées dans le stress, il est inadmissible que des agents de l’État et leurs complices piétinent toutes les règles de bonne gouvernance financière, avec des surfacturations et des décaissements en tous genres. Il n’est pas question que la justice reste les bras croisés. L’impunité n’a que trop duré dans ce pays. Le président de la République doit impérativement agir, sous peine d’être pris comme complice.’’
Moundiaye Cissé : ‘’Le président de la République n’a pas le choix, il y va de l’image qu’il va laisser à la postérité.’’
De l’avis du directeur exécutif de l’ONG 3D, Moundiaye Cissé, le président de la République ne doit même pas avoir le choix par rapport à l’ouverture d’une information judiciaire, conformément aux recommandations de la haute juridiction. Il peste : ‘’Nous parlons quand même de la Cour des Comptes. Ce n’est pas n’importe quel organe. C’est ce qui se fait de mieux dans ce pays, en matière de contrôle indépendant de la gouvernance de nos deniers publics. Quand une institution aussi importante, aussi sérieuse, recommande l’ouverture d’une information judiciaire, on ne peut faire comme si de rien n’était. Le président de la République n’a d’autant plus le choix que dans ce pays, des acteurs politiques ont été emprisonnés pour beaucoup moins que ça.’’
Le membre de la société civile en veut pour preuve les cas Khalifa Ababacar Sall, emprisonné pour des montants beaucoup moins élevés ; Karim Wade envoyé en prison sur la base d’une procédure d’exception. ‘’Entendons-nous bien : il ne s’agit pas de dire que ces gens épinglés sont coupables ; ils doivent bénéficier de présomptions d’innocence. Mais une enquête doit impérativement être ouverte. Le chef de l’État n’a pas le choix, il y va de son image qu’il va laisser à la postérité’’.
Selon M. Cissé, il faut que tout le public et les leaders d’opinion se mobilisent pour que cette nième affaire ne puisse pas passer par pertes et profits. ‘’Nous allons exiger que la lumière soit faite sur l’utilisation de ces fonds. Les autorités judiciaires doivent non seulement se saisir de cette affaire, mais aussi aller jusqu’au bout’’, s’est-il répété.
À entendre le directeur exécutif de l’ONG 3D, si les faits sont avérés, ce serait un acte criminel, compte tenu des nombreux dégâts causés par la Covid. Il déclare : ‘’Nous estimons que c’est criminel de la part de ces prévaricateurs présumés des ressources publiques. Combien de familles ont été décimées à propos d’un manque d’oxygène ou d’autres types de soins ? On se rend compte que, pendant que certains mouraient par manque d’oxygène, d’autres s’enrichissaient à coups de millions. C’est indécent. C’est d’autant plus indécent que cet argent est le sacrifice de tous les Sénégalais. Je pense que les familles victimes de cette maladie doivent même pouvoir saisir les juridictions contre ces gens qui sont présumés coupables de malversations.’’
Quand Macky Sall promettait : ‘’Je ne protégerai personne, je dis bien personne !’’
Ce nième scandale présumé est l’occasion de rappeler tous les discours du président Macky Sall prônant l’intransigeance de son régime vis-à-vis des faits de mal gouvernance, mais qui n’ont presque jamais été suivis d’effets. Déjà, au lendemain de son élection, dans son premier discours à la nation, le successeur d’Abdoulaye Wade annonçait la couleur. Il disait : ‘’Cette occasion historique constitue, pour nous tous, un nouveau départ pour une nouvelle ère de rupture, en profondeur, dans la manière de gérer l’État, aux plans institutionnel et économique. C’est pourquoi je tiens à ce que toutes les femmes et tous les hommes qui m’accompagnent dans l’exécution du contrat de confiance qui me lie au peuple, comprennent et acceptent que cette mission ne crée pas une catégorie de citoyens privilégiés, au-dessus des autres et de la loi.’’
Servir et non se servir. C’est en ces termes que le président Sall s’adressait à ses hommes, le 3 avril 2012. ‘’Gouverner autrement, disait-il, c’est bannir les passe-droits, le favoritisme et les trafics d’influence. C’est mettre l’intérêt public au-dessus de toutes autres considérations et traiter tous les citoyens avec la même dignité et le même respect’’.
S’agissant de la gouvernance économique, Macky Sall promettait justement de renforcer davantage les différents corps de contrôle. ‘’Je compte restituer aux organes de vérification et de contrôle de l’État la plénitude de leurs attributions. Dans le même sens, l’assainissement de l’environnement des affaires et la lutte contre la corruption et la concussion me tiennent particulièrement à cœur. À tous ceux qui assument une part de responsabilité dans la gestion des deniers publics, je tiens à préciser que je ne protégerai personne, je dis bien personne. J’engage fermement le gouvernement à ne point déroger à cette règle’’.
Dix ans plus tard, ils sont nombreux, les Sénégalais, à penser que le président Sall a complètement jeté aux oubliettes ces engagements.
En effet, au fil des années, les rapports qui épinglent les hommes du président se sont accumulés sans qu’aucune suite judiciaire ne leur soit réservée. Il en fut ainsi des rapports de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). Il en est aujourd’hui pareil pour le rapport tant commenté de la redoutable et très sérieuse Cour des Comptes qui réunit la crème de la magistrature sénégalaise. Contrairement aux engagements du président Sall, beaucoup de Sénégalais demeurent convaincus que les passe-droits et autres protections dont jouissent les poulains de l’actuel chef d’État sont devenus la règle dans la gouvernance des affaires publiques.
Il faut noter que dans cette affaire qui pue à mille lieues la prévarication, les autorités publiques se sont arrangées pour contourner allègrement le Trésor public. La Cour des Comptes explique que dans le cadre de la mise en œuvre du Pres (Programme de résilience économique et sociale), trois procédures ont été utilisées pour le paiement des dépenses. En sus de la procédure normale qui passe par le biais des comptables directs du Trésor, il y a la procédure dérogatoire à travers des comptes de dépôt et les paiements financés sur ressources extérieures.
Outre les Dage qui sont directement concernés, certains estiment que les ministres et directeurs généraux devraient également être poursuivis. Sous le règne du président Sall, on n’a pas encore vu de ministres ou directeurs généraux condamnés pour des faits de malversations financières, comme ce fut le cas sous Wade avec certains directeurs généraux comme Modibo Diop, ancien directeur de l’Aser.
L’ŒUVRE DE SAFI FAYE ET KHADY SYLLA
MULTIPLE PHOTOS
LE MONOLOGUE DE LA MUETTE OU L’HISTOIRE DU TRAVAIL DE SOINS DOMESTIQUE INVISIBILISÉ AU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS - À travers ce film, Sylla et van Damme attirent notre attention sur tous les travailleurs migrants y compris des lavandières et des ouvriers agricoles saisonniers, ces surgas dont regorge Dakar
Série de revues sur l’oeuvre des réalisatrices Safi Faye et Khady Sylla
Co-éditrices de la série : Tabara Korka Ndiaye et Rama Salla Dieng
Khady Sylla et Safi Faye, des noms qui devraient résonner dans notre imaginaire collectif tant elles ont été pionnières, dans leur art et dans leur vie parce que pour elles, l’art, c’est la vie. Leur vie et leur œuvre nous ont particulièrement ému. Pourtant, elles semblent porter en elles, la marque de celles vouées à être des égéries en avance sur leur temps! Le tribut en est lourd. Si lourd! Et si dramatique. On demeure sur sa faim. Sur la promesse d’un potentiel. On reste sur le regret de ce qu’elles auraient pu être, auraient dû être, si célébrées comme le monstrueusement gigantesque Sembène. On reste sur les si…sur la fleur de toute l’œuvre dont elles étaient fécondes.
Safi Faye a en tout réalisé treize films : La Passante (1972), Revanche (1973), Kaddu Beykat (Lettre paysanne) (1975), Fad’jal Goob na nu (La Récolte est finie) (1979), Man Sa Yay (1980), Les Âmes au soleil (1981), Selbé et tant d’autres (1982), 3 ans 5 mois (1983), Ambassades Nourricières (1984), Racines noires (1985), Tesito (1989), Tournage Mossane (1990) et Mossane (1996).
Elle s’est surtout intéressée au monde rural, à l’émancipation de la femme comme à l’indépendance économique et au poids des traditions, le tout en pays sérère.
Khady Sylla pour sa part, a été une férue de l’auto-exploration, pour théoriser depuis l’expérience propre. D’abord celle des marginalisés de la société avec Les bijoux (1998), Colobane Express (1999) qui capturent l’expérience du transport urbain avec un chauffeur de car rapide et son apprenti, puis la sienne avec Une fenêtre ouverte (2005) dans lequel elle parle de la santé mentale et enfin Le monologue de la muette (2008) qui parle des conditions de travail des ‘bonnes’. Auparavent, en 1992, Khady Sylla a publié chez L’Harmattan un superbe roman : le jeu de la mer. Les mots, Khady les jongle comme elle s’y accroche car ils la maintiennent en vie. Ainsi qu’elle le reconnaît dans Une fenêtre ouverte : ‘on peut guérir en marchant’.
Dans cette série, nous vous proposons nos regards croisés sur l’oeuvre de Safi Faye et de Khady Sylla, ceux d’une curatrice, créative et chercheuse Tabara Korka Ndiaye dont le projet s’intitule ‘Sulli Ndaanaan’ et celle d’une auteure, créative et universitaire, Rama Salla Dieng, passionnée de documenter la vie et l’oeuvre des oublié.e.s, marginalisée.e.s et silencié.e.s, toutes les deux férues de film, de musique et de littérature.
Le monologue de la muette (2008) ou l’histoire du travail de soins domestique invisibilisé au Sénégal
Autrice : Rama Salla Dieng
Le Monologue de la muette est un film de 45 minutes réalisé par la sénégalaise Khady Sylla (1963-2013) et le belge Charlie van Damme (1946-). Tourné à Dakar, le film s’interroge sur la condition des travailleuses domestiques communément appelées, ‘les bonnes’. Avec elles, Sylla et van Damme attirent notre attention sur tous les travailleurs migrants y compris des lavandières et des ouvriers agricoles saisonniers, ces surgas dont regorge Dakar. Si leur travail rend la vie quotidienne de tous et de toutes possible car elles tiennent à bras le corps notre économie domestique, leur présence est à peine tolérée et leur destinée ne semble ni intéresser ni émouvoir. D’où la question centrale de Khady Sylla qui nous interpelle tou(te)s : ‘Pourquoi faut-il que l’émancipation des unes se paie aux prix de la servitude des autres ?’
Après plusieurs années à suivre et traquer à distance les pépites que constituent le travail cinématographique de Khady Sylla, c’est finalement à Saint-Louis, ville mythique que j’ai eu l’occasion de regarder le film puis de modérer un débat avec des syndicalistes sur le film lors d’une session de cinéma organisée par l’Institut d’Études Avancées (IEA) de Saint-Louis, à l’Institut Français de la ville éponyme. Cette projection organisée par Mme Maty Ndiaye Sy, ma collègue de l'IEA, institut dirigé par le Professeur Babacar Fall à la riche production académique sur le travail au Sénégal, se tenait dans le cadre de conférence internationale de l’histoire du travail à Saint-Louis en décembre 2022. Quel cadre plus adapté pour parler des conditions des travailleuses domestiques que cette conférence qui portait sur les mutations sociales et les recompositions spatiales du travail ?
Le film
Amy, le personnage principal du film est une jeune femme dans la vingtaine qui a migré de son village natal à Dakar la capitale, pour offrir ses services de travailleuse domestique dans une famille de classe moyenne. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle de Diouana dans La Noire De…(1966) d’Ousmane Sembène qui migre avec une famille française et est contrainte à devenir leur servante à Antibes en France. Le parallèle est aussi possible à établir entre le destin d'Amy et celui de Ngor dans Kaddu Beykat (1975) de la réalisatrice Safi Faye qui quitte son Fadial natal dans sa quête de travail à Dakar.
Au début du film, personne ne parle, la caméra se contente de suivre Amy, ombre silencieuse levée aux aurores et déjà à l’ouvrage. Puis on nous la montre en train de balayer le trottoir de la maison tout aussi silencieusement, nous permettant de saisir à travers sa solitude, la terrible condition humaine qui unit ces milliers de travailleuses dont le labeur indispensable maintient les foyers dakarois ensemble alors que dans le même temps, ce travail de soins qui s’inscrit dans le travail de care, est invisibilisé et se produit souvent sans contrat. Informelles ou plutôt informalisées, ces travailleuses vivent dans la précarité et sont parfois soumises aux pires abus et maltraitances dans nos foyers…y compris aux violences sexuelles.
Dans le film, tout d’un coup surviennent des chuchotements qui augmentent comme un frémissement d’une foultitude de conspirations, pour libérer Amy et ses semblables du joug de la servitude.
‘…Nous sommes minoritaires,
Nous sommes marginales mais Spartacus est avec nous !
…Il paraît que ce n’est pas pour nous que tourne ce monde
Que ce n’est pas pour nous que brille le soleil et que luit la lune
Mais ce printemps sera pour nous
Pour toi Amy,
Pour nous.
…
Le temps est notre allié.’
Puis la voix s’évanouit aussi lentement qu’elle était apparue, prometteuse d’une révolution à venir pour libérer la masse silencieuse qui œuvrent et veillent dans de piètres conditions de travail. Amy ne parle que lorsque c’est nécessaire, préférant le silence ; d’où la suggestion d’un monologue de la muette. Amy que l’on nous présente comme sans-voix, travaille en silence, sa voix confisquée et rendue obsolète par le trop-plein d’ordres, de demandes et de mouvements de la dame aux ordres de qui elle obéit, et qui surveille ses moindres faits et gestes. C’est que Amy a la tête remplie de rêves et de désir d’ailleurs, si habitée par les lieux de son enfance qu’elle se recrée magiquement en les imaginant, s’est retirée du monde alentour. Comme par un effet de dissociation, Amy survit grâce à ses souvenirs du jardin de son père, de la case de sa mère, du parfum des eucalyptus, du souvenir du goût des mangues dans sa bouche comme dans son enfance, la présence des bougainvilliers.
Seulement le jardin qu’elle voit n’est pas celui de son enfance. Aux frontières de l’onirisme, le jardin se situe en réalité à la périphérie de Dakar et est peuplé de travailleurs agricoles migrants qui se déversent dans la ville à la recherche d’emploi salarié. Femmes, hommes et enfants, personne n’est en reste dans cette quête darwinienne du mieux et du minimum. Des filles aussi jeunes que 8 ans font partie de l’aventure, suivant leurs parents, parce qu'il n’y a guère le choix.
Deux jeunes adolescentes témoignent : l’une a abandonné ses études car sa mère ne voulait pas qu’elle étudie la battant même lorsqu’elle s'épanche sur son désir d’éducation scolaire. Elle finit par suivre la trajectoire maternelle, en devenant ‘bonne’ par héritage, pour se soumettre aux lois de la reproduction sociale. La deuxième elle devient bonne après avoir abandonné ses études suite au décès de son père et pour lutter contre le désœuvrement et le déclassement social.
Amy, fait comme elles, le choix de se taire et de courber l’échine pour pourvoir aux besoins de la famille restée au village. Elle ne répond pas face aux menaces et invectives de celle qui la suit comme son ombre, lui faisant des reproches et lui donnant des ordres. D’où ma préférence pour le terme de ‘silenciée’ à celui de ‘sans-voix’.
'Comme Ngor dans Kaddu Beykat (Lettre Paysanne de Safi Faye) qui partage une chambre avec sept autres travailleurs, Amy, elle, dort dans un étroit réduit infesté de moustiques avec cinq autres jeunes filles. Comme Ngor aussi qui fut renvoyé le premier jour de son embauche à un travail pour faire le linge d’une dame nantie, le film représente une scène de theatre qui se produit dans des conditions similaires justifiant l’intervention des proches de la domestique maltraitée et impayée, puis celle de la police qui préférera croire l’employeuse plutôt qu’au prédicament de la travailleuse domestique. Un clin d’oeil de Khady Sylla à Safi Faye?'
Amy a pourtant une idée fixe, son projet de restaurant, qui ne verra pas le jour. Elle cessera de travailler comme ‘bonne’ après son mariage à Omar, ce mécanicien, migrant lui aussi, qui lui rappelle être la seule chance d’Amy de ‘sortir de la servitude’, lui fait miroiter un ‘mariage heureux et des enfants scolarisés.’ Elle cumule les postes et devient alors tour à tour lavandière, femme de ménage et travailleuse agricole sans que cela ne lui donne un salaire décent. Malgré tout, Omar, son mari, n’envoie pas d’argent à elle et son enfant. Cette situation illustre comment l’entrée ou la sortie du travail domestique de ‘bonne’ est déterminée par le truchement de l’intervention des hommes comme l’a si bien montré Dr. Absa Gassama, dans sa recherche sur les travailleuses domestiques à Dakar. Résolument, Amy décide alors de repartir à Dakar pour reconquérir son autonomie financière et une plus grande émancipation sociale. Car au village, il n’y a plus de jeunes hommes ou de jeunes filles, que des vieux, des enfants et des mères. Elle se sait condamnée à devenir comme eux si elle restait, ‘passant la saison sèche à attendre la saison des pluies’, ne vivant que pour le moment où elle enverrait ses enfants à la ville pour qu’ils la nourrissent. Amy décide de retourner à Dakar pour rompre le cycle de la reproduction sociale.
La voix qui chuchotait une promesse de révolution hurlait alors que le film se clôt. Les impatientes ne veulent plus attendre. Spartacus est avec elles et leur printemps n’attendra pas.
Cet appel à la conscience collective est prononcé par Khady Sylla pour qui : Il faudra plus que des bons sentiments pour que la servitude et la subjugation des travailleuses domestiques appartienne définitivement au passé.
Nous sommes coupables.
Pour Mariama Sylla, la sœur de la défunte Khady Sylla et réalisatrice comme elle, ‘ce film est un ‘manifeste’ pour la condition des femmes au Sénégal. Car au-delà de la représentation de la travailleuse domestique qui est muette dans ce film, on retrouve comment les femmes sont muselées et asservies. Le droit à la parole et à des conditions de travail décentes est une lutte qui n'est pas encore gagnée au Sénégal.
La métaphore de cette voix intérieure nous interpelle tous, hommes et femmes, à revoir nos propres comportements et notre vision de la vie.’
Au Sénégal, l’arrêté qui réglemente le travail domestique date du 23 janvier 1968. Il définit les conditions générales d’emploi des domestiques et gens de maison du Sénégal dans son article premier : « Est réputé gens de maison ou domestique, au sens du présent arrêté, tout salarié embauché au service d’un foyer et occupé d’une façon continue aux travaux de la maison. » L’arrêté ne couvre pas le personnel à temps partiel embauché pour une durée inférieure à 20 heures de présence par semaine laissées aux seules négociations entre parties prenantes, laissant entrevoir le risque de surexploitation pour ces personnes pour la plupart vulnérables et sans force de négociation.
Les travailleuses domestiques évoluent dans un cadre juridique à réformer. En effet, il y a un besoin de légiférer car le socle minimum de garanties d’un travail décent ne leur est pas acquis, ni même du reste, une (bonne) protection sociale. Au niveau de l’Organisation Internationale du Travail, la convention 189 concernant le travail décent définit le travail domestique comme ‘ travail effectué au sein de ou pour un ou plusieurs ménages’ et le travailleur ou la travailleuse domestique comme ‘toute personne de genre féminin ou masculin exécutant un travail domestique dans le cadre d'une relation de travail’. Pourtant les représentants syndicaux avec qui j’ai dialogué à la fin de la projection du film avouent avoir tout le mal du monde à faire appliquer cette convention et les autres textes y relatifs.
Le changement est possible mais il commence d’abord par une prise de conscience individuelle, puis collective. Ce film pourrait en être un déclencheur. Comme en témoigne Mariama Sylla : ‘je connais des femmes qui, après avoir vu le film, ont porté un autre regard sur la condition des ‘bonnes’.’
Le monologue de la muette constitue en définitive un puissant outil de plaidoyer.
par Oumou Wane
CORROMPUS, MAIS PAS FOUTUS
Le président Macky Sall doit savoir que le problème de la corruption est récurrent dans notre pays et qu’il nourrit le ras-le-bol des populations
Le plus triste et choquant avec la corruption, c’est qu’elle affecte souvent les populations vulnérables en détournant les fonds indispensables à l’éducation ou à la santé.
Et même si tout cela devient très lassant, nous ne devons jamais cesser de nous indigner contre ce fléau érigé en mode de fonctionnement dans notre pays. Cette fois-ci, c’est du fonds de riposte au Covid-19 qu’il s’agit et le Sénégal vient de toucher le fond !
Dans un rapport récent, c’est la Cour des comptes de notre pays, qui épingle la mauvaise gestion de ces fonds, pour ne pas dire, mais disons-le quand même, leur détournement. Selon la Cour, des « fautes et des infractions pénales » présumées ont été commises durant les années 2020-2021 dans la gestion de ce fonds, mis en place par le président Macky Sall, et dont l’objectif était de renforcer en urgence le système de santé défaillant de notre pays, soutenir les ménages, la diaspora et les entreprises privées et maintenir un approvisionnement correct du pays en produits médicaux, pharmaceutiques et denrées de base.
Il est évident que nos gouvernants ne sont pas “tous pourris” et que notre président qui a lui-même mis en place ce fonds ne peut pas contrôler chacune de nos dépenses publiques, mais enfin à force, il doit savoir que le problème de la corruption est récurrent dans notre pays et qu’il nourrit le ras-le-bol des populations.
La corruption freine la croissance économique, nuit à l’État de droit, met en péril la démocratie et entraîne un gaspillage de précieuses ressources. La corruption, c'est comme un air pollué qu'on respire et malgré les annonces des dirigeants pour l’enrayer, elle persiste et l'exemplarité qui devrait être le socle de l'action publique est responsable au contraire d'une aggravation de la situation.
Évidemment donc que la justice doit se saisir des recommandations de la Cour des comptes sur la gestion des fonds destinés au Covid-19. Notre préoccupation, c'est que les citoyens aient de nouveau un jour confiance en leurs dirigeants. Dans son rapport, la Cour relève aussi des conflits d’intérêts et entorses au Code des marchés. Elle réclame l'ouverture d'une information judiciaire contre au moins dix responsables nationaux.
Plus de 700 milliards de FCFA avaient été mobilisés pour la riposte Covid-19 par les bailleurs et les sénégalais, soit plus de 1 milliard d’euros. Sur plus d’une centaine de pages, le rapport de la Cour des comptes charge lourdement la gestion de ce fonds.
Des surfacturations en veux-tu en voilà, des détournements d’objectifs à tout va, du braquage en règle sur cette manne financière.
Comment dans ces conditions, ne pas établir un cercle vicieux entre pauvreté et corruption ?
Pour les pauvres, les femmes et les minorités, la corruption se traduit souvent par un accès encore plus restreint à l’emploi, à l’éducation et aux soins.
La corruption est une maladie politique grave et c’est le rôle de notre président de sévir à l’égard de ce système et de rétablir l’État de droit dans notre pays en remaniant s’il le faut, pour vider nos institutions de ces délinquants en col blanc.
L’opposition veut se pencher sur le rapport de la Cour des comptes et faire la lumière sur ces « fautes » de gestion. C’est son rôle de faire en sorte que ce débat soit posé à l’assemblée nationale.
Mais au-delà de ces débats, c’est bien une réflexion globale qu’il faudra mener pour lutter contre ce fléau. Une culture de la vigilance qui est l’affaire de tous. Contre les professionnels de la corruption, il faut que tout le monde se mobilise. C’est au peuple et aux jeunes sénégalais aussi de remettre en question cette éducation à la triche et au mensonge. Notre pays est corrompu mais je ne le pense pas définitivement foutu. Nous n’avons plus qu’à le refaire, un peu plus équitable, pour nos petits-enfants.
PAPE ALE NIANG RETOURNE EN PRISON
Le journaliste est à nouveau écroué ce mardi, quelques jours après avoir bénéficié d'une liberté provisoire. Le juge instructeur a ordonné la levée de son contrôle judiciaire, l'accusant notamment d'en avoir violé les dispositions
Le journaliste Pape Alé Niang a de nouveau été placé sous mandat de dépôt, mardi, après que le ministère public a requis et obtenu auprès d'un juge la révocation de la mesure de son placement sous contrôle judiciaire, a-t-on appris de source informée.
Pape Alé Niang a été arrêté à nouveau lundi soir par des éléments de la Division des investigations criminelles, sur ordre du procureur, qui estime qu’il a violé la mesure de son contrôle judiciaire. Le maître des poursuite reproche notamment au journaliste de s'être prononcé sur des éléments de son instruction lors d'un Live d'un activiste établi à l'étranger.
Dans un post, son avocat Me Khoureychi Ba a déclaré que ‘’sur réquisitoire dûment motivé adressé au Juge Mamadou Seck, le Procureur de la République, outré par l’intervention du journaliste sur le live de Molla Morgun et la sortie jugée tendancieuse à propos du DG de la Police nationale Bocar Seydou Yague, a requis la révocation de la mesure de contrôle judiciaire’’.
Le journaliste Pape Alé Niang, emprisonné le 9 novembre, avait bénéficié, mercredi, d’une liberté provisoire.
Le patron du site d’information Dakar Matin, très critique envers les dirigeants actuels du Sénégal, avait une première fois été arrêté le 6 novembre en étant accusé de “divulgation d’informations (…) de nature à nuire à la défense nationale”, “recel de documents administratifs et militaires" et "diffusion de fausses nouvelles”.
Sa remise en liberté mercredi dernier avait été obtenu après que le journaliste a été admis dans une structure médicale Pape Alé Niang à la suite d'une grève de la faim qu'il avait entamée à la Maison d’arrêt de Sébikotane, dans le département de Rufisque.
La Coordination des associations de la presse (CAP) avait auparavant organisé une marche et deux ‘’Conseils des médias’’ pour réclamer sa libération.
ALIOU SOW S’ATTAQUE A NIT DOFF
Le concert «Show of de year» est annulé par le préfet de Dakar, mais le clash se fait sur les réseaux sociaux et par communiqué entre l’artiste Nit Doff et le ministre de la Culture et du Patrimoine historique.
L'annulation du concert «Show Of The year», de l'artiste Mor Talla Guèye alias Nit Doff, par le préfet de Dakar, fait couler beaucoup de salive. Le ministre de la Culture, indexé par l’artiste dans une vidéo virale sur les réseaux sociaux, s’est fendu d’un communiqué pour recadrer l’artiste rappeur.
Le concert «Show of de year» est annulé par le préfet de Dakar, mais le clash se fait sur les réseaux sociaux et par communiqué entre l’artiste Nit Doff et le ministre de la Culture et du Patrimoine historique.
En effet, la sortie fracassante sur les réseaux sociaux de l’artiste Mor Talla Guèye, pour pointer, entre autres, la responsabilité du ministre de la Culture et du Patrimoine historique dans cette mesure administrative, ne laisse pas l’autorité insensible. Aliou Sow a, à son tour, battu en brèche les allégations de l’artiste rappeur qui a soutenu ne pas être intéressé par un soutien des pouvoirs publics.
Pour le ministre, Nitt Doff entretient, à dessein, une confusion pour susciter l’indignation et la clameur publiques. Dans son communiqué, le ministre a apporté, à l'attention de l'opinion, des précisions en recadrant par la même occasion l’artiste. «L’autorisation et interdiction des manifestations publiques ne relèvent pas des prérogatives du ministre en charge de la Culture», précise-t-il avant de rappeler dans la foulée que «les mesures ayant trait à l'ordre public et à la sécurité des personnes et des biens sont exercées, en toute responsabilité, par les autorités étatiques habilitées. Et il soutient ainsi sans réserve la décision de l'autorité préfectorale».
S’agissant du soutien des pouvoirs publics, invoqué par l’artiste dans sa vidéo, le ministre de préciser que, contrairement aux allégations de Nit Doff, l'événement « Show of the year» a été bénéficiaire du Fonds de développement des cultures urbaines (Fdcu).
En effet, lâche-t-il, «c’est à travers la structure Shaheim Chamber que l’évènement a reçu, en 2020, une subvention de trois millions (3 000 000) FCFA, payée totalement en deux tranches ; en 2021 de trois millions cinq cent mille (3 500 000) FCFA payés également en deux tranches et cette année, au terme du processus de sélection de l'appel à projets, il lui a été accordé cinq millions (5 000 000) de francs CFA non encore décaissés, la procédure étant en cours», dévoile Aliou Sow.
Pour finir, il précise que les événements culturels se déroulant dans la sphère publique, nonobstant l’intérêt et le soutien qu’ils pourraient recevoir du département, ne sauraient s'affranchir des mesures de police administrative, notamment celles liées aux manifestations publiques. «Toute personne qui se permet d’insulter l’État se fera arrêter», a ajouté le ministre de la Culture.
REPLIQUE DE L’AVOCAT DE NIT DOFF, ME PATRICK KABOU : «Mon client ne va pas perdre son temps à vous répondre…»
Réponse du berger à la bergère ! La réplique de l’avocat de Nit Doff à Aliou Sow n’a pas tardé à tomber après la sortie musclée de ce dernier. Pour la robe noire, le ministre de la Culture et du Patrimoine historique, dans sa sortie « farfelue et incompréhensible» contre son client Mor Talla Guèye, a voulu juste exister. Me Patrick Kabou indique que son client ne va pas perdre son temps à répondre, car il a autre chose à faire que de polémiquer avec une autorité qui n'a pas la capacité de faire la différence entre promoteur et artiste. «Si vous avez des preuves de ce que vous avancez, mettez-les sur la table et les Sénégalais apprécieront. On peut bien comprendre, car il vient d'arriver, mais des manuels existent et pourraient l'aider surtout quand on veut se mêler d'un débat de droit administratif entre le préfet de Dakar et un Sénégalais. N'est pas juriste qui veut ! En espérant que le ministre de la Culture, nouveau membre du parquet, «arrête» mon client, ce dernier est dans la réalité quotidienne des Sénégalais », tranche l’avocat.
MAMADOU SHAHEIM DIOP, PRODUCTEUR DU SHOW OF THE YEAR : «Trouver une solution heureuse et profitable à tous…»
Selon le producteur du «Show of the Year», Mamadou Shaheim Diop, Aliou Sow a raté une belle occasion d’accomplir une de ses missions. A l’en croire, les fameux fonds dont parle le ministre de la Culture, ils y ont droit comme toute autre structure culturelle basée au Sénégal, organisant le plus grand événement de culture urbaine au Sénégal. Il révèle que la demande de subvention qui a été accordée, cette année, était pour le « Show of the Year Tour (SOTY)». N’empêche, dit-il, «le Show of the year Tour a finalement été effectué sans la perception de ces dites subventions. Nous sommes donc toujours dans l’attente du versement. Cette somme promise, bien que significative, ne représente même pas le 1/4 du budget. Vous allez donc aisément comprendre, que pour la 12e édition du SOTY dont vous parlez, aucune subvention, ni accord de principe n’a émané de l’Etat. Ce qui revient à dire que nous restons totalement indépendants de l’Etat». Par ailleurs, Mamadou Shaheim Diop invite Aliou Sow à regarder l’affiche du spectacle sur laquelle se trouve le logo du Fdcu. «Et pourtant, aucun centime n'a été décaissé par vos services. Ce fait prouve que nous vous prenons comme des partenaires, car étant sous votre tutelle et non comme des adversaires politiques. Nous faisons appel à votre autorité pour que nous puissions trouver une solution heureuse et profitable à toutes les parties prenantes», tempère le promoteur culturel.
LES EXIGENCES DES CADRES DE PASTEF AU REGIME DE MACKY SALL
Non-lieu total pour Sonko, enquête sur les disparitions tragiques, libération des détenus patriotes, Les patriotes mènent la bataille de l’opinion et d’information des masses dans la gestion du régime de Macky Sall et les injustices dont ils sont victimes
Le Mouvement National des Cadres Patriotes (Moncap) a tenu hier une conférence de presse pour se prononcer sur «la gestion calamiteuse» du fonds de riposte et de solidarité de la Covid-19 (Fonds Force Covid-19), la confiscation des libertés d’opinion sur fond de complot, les disparitions rocambolesques et l’affaire « Sweet beauty ». Les patriotes réclament ainsi un non-lieu total pour leur leader Ousmane Sonko, la libération de leurs camarades de parti et des enquêtes indépendantes sur les disparitions tragiques.
Les patriotes mènent la bataille de l’opinion et d’information des masses en ce qui concerne la gestion du régime de Macky Sall et les injustices dont ils sont victimes. Face à la presse, le coordonnateur du Moncap, Daouda Ngom a de prime abord dénoncé un complot contre leur leader Ousmane Sonko. A l’en croire, le régime n’a pas besoin de persécuter permanemment Monsieur Sonko. En effet, dit-il, plus il est combattu, plus il entre dans le cœur des Sénégalais. Daouda Ngom et Cie indiquent dans la foulée que l’affaire «Sweet Beauty» est un complot ourdi contre le maire de Ziguinchor. Ils estiment que tous les témoins entendus dans cette affaire par le doyen des juges ont disculpé leur leader. Ils sont convaincus que le pouvoir a un seul objectif qui consiste à éliminer un adversaire politique. «Le certificat médical disculpe Ousmane Sonko et révèle une perte de l’hymen de l’accusatrice», soutient Monsieur Ngom qui coordonne le Moncap. Les cadres patriotes exigent ainsi un non-lieu total pour Ousmane Sonko et une sanction exemplaire contre les comploteurs dontles actes ont causé quatorze morts et un grand tort pour le Sénégal. «A la lumière de ce qui précède, le doyen des juges Maham Diallo n’a qu’une seule option, prendre un non-lieu total pour Sonko et déclencher des poursuites contre des comploteurs», soulignent-ils.
En ce qui concerne les arrestations tous azimuts des militants patriotes, le Mouvement Nationale des cadres de Pastef (Moncap) estime que cette façon de faire n’est rien d’autre qu’une confiscation des libertés d’opinion sur fond de complot. Les cadres patriotes constatent de ce fait avec amertume une opération lamentable d’arrestations de militants pro-Sonko. «Pas moins de 21 militants de Pastef dorment dans les geôles de Macky Sall. Et la dernière en date, c’est l’arrestation de Fadilou Keita, membre du mouvement national des cadres patriotes et coordonnateur du Nemekou Tour. Il a été placé en mandat de dépôt pour avoir soulevé des interrogations sur les disparitions de deux forces de défense et de sécurité», explique Daouda Ngom. Il s’agit, selon lui, d’une volonté manifeste d’entraver le Nemekou Tour après plusieurs tentatives vaines. Auparavant, souligne-t-il, les membres de la garde rapprochée de Ousmane Sonko ont été arrêtés pendant un mois avant d’être libérés. C’est pourquoi, soutient-il, Pastef tient à témoin l’opinion de la provocation régulièrement faite à son endroit par le Président Macky Sall. «Nous résisterons par tous les moyens à cette tentative de musèlement de nos voix. Nous tiendrons également responsable pour tout ce qui adviendra à nos responsables emprisonnés. Nous exigeons également la libération immédiate et sans condition de tous les détenus politiques », martèle Daouda Ngom.
ENQUETE SPECIALE ET INDEPENDANTE POUR LES DISPARITIONS DE DIDIER BADJI ET FULBERT SAMBOU
Après avoir déploré par ailleurs la mort suspecte de François Mancabou dans l’affaire des forces spéciales dans les locaux du commissariat central sans aucune explication, les cadres patriotes s’interrogent sur les disparitions tragiques de l’adjudant en chef, membre de la Gign, Didier Badji et du sergent-chef Fulbert Sambou de la Direction du renseignement. «Ces disparitions ont semé le doute et amplifié le sentiment d’insécurité», indiquent les membres du Moncap. Ils demandent au gouvernement d’éclairer la lanterne des Sénégalais sur cette affaire. Le Mouvement des cadres Patriotes réclame dans la foulée une enquête spéciale et indépendante sur la disparition tragique de ces deux hommes.
En définitive, concernant la gestion calamiteuse du fonds force covid-19, les cadres de Pastef soutiennent que le rapport de la Cour des Comptes a révélé des irrégularités d’une gravité extrême dans la gestion des fonds. «L’Etat a fait du cannibalisme. C’est un festin des hyènes sur des fonds destiné à la lutte contre la Covid19», soutiennent-ils. Le Moncap exige de ce fait des sanctions exemplaires de tous ceux qui ont été épinglés dans le rapport dédié au fonds Force Covid-19 qui a été un vrai carnage financier.
Par Mamadou Ndiaye
LE SOFT POWER
La coupe du monde a vécu. Les lampions se sont éteints sur ce fantastique jeu, le football en l’occurrence, qui oppose dans un tournoi en phase finale les nations qualifiées.
La coupe du monde a vécu. Les lampions se sont éteints sur ce fantastique jeu, le football en l’occurrence, qui oppose dans un tournoi en phase finale les nations qualifiées. Ce sport soulève des passions relayées par des publics arrivés avec beaucoup de préjugés mais qui se tolèrent au gré des matchs et finissent par s’accepter avec des cultures différentes les unes des autres.
Au gré des rencontres, des équations politiques se résolvent ou, à défaut, se modifient tant la dimension sportivité s’impose à tous dans les esprits qui fraternisent ainsi le temps de la compétition suivie par des milliards d’êtres humains. D’où les enjeux commerciaux, économiques et financiers qui s’emparent de ce rendez-vous une fois tous les quatre ans.
Il charrie des intérêts croissants. Il draine des foules, suscite des envies, aiguise des appétits et mobilise des moyens colossaux dégagés pour séduire, charmer et aimer en fouettant les imaginations. La bataille des droits télévisés (et à l’image) fait rage. Leur acquisition fait appel à un trésor d’imagination, de ruses, de créativité, mais aussi d’égoïsme, de surenchère, de démagogie et de petites lâchetés au parfum de conspiration que la morale réprouve.
Chaque pays participant fait valoir ses traits et ses attributs culturels, exhibe ses atouts à travers ses vedettes qui cristallisent sur elles toute l’attention du monde à travers les médias dans leurs déclinaisons infinies. La coupe du monde n’est rien d’autre qu’un banquet.
Des années trente à nos jours, la discipline a changé du tout au tout, évoluant pour s’adapter à chaque cycle de vie. En revanche, ses règles fondamentales demeurent immuables ce qui lui confère authenticité et valeur donc liens de confiance et jouissance naturelle.
A ce propos, le Qatar, pays hôte de l’édition 2022, s’est montré à la hauteur des enjeux, dissipant les préjugés (durs comme des atomes), avec de phénoménales capacités d’accueil, d’hébergement, d’organisation et de réussite.
Naturellement les pétrodollars ont parlé. Mais en écho il y a eu la rationalité, la combinaison des objectifs fixés, des intérêts identifiés et des contraintes relevées. La réussite de ce petit pays de la péninsule arabique tient à la vision de son leadership, à la stratégie déployée sur fond d’un ambitieux projet d’influence dans les relations internationales.
Le monde est venu à Doha pour admirer les prouesses de la presqu’île parvenue à se singulariser en dépit du rayonnement régional de l’Arabie Saoudite, sa puissante voisine. Loin d’être un handicap, le Qatar tire avantage de cette proximité avec Riyad qui s’interdit par devoir historique d’abriter des jeux, synonymes de joyeusetés.
Cette contrainte ne pèse pas sur Doha. D’où sa nette propension à l’ouverture au monde moyennant toutefois des limites infranchissables pour ne pas dénaturer sa quintessence arabe tout en veillant, à l’évidence, à des rapports bienveillants avec les autres pays voisins immédiats.
L’aspect de géostratégie régionale compte. Car l’espace reste sensible à la délicatesse des équilibres où les rivalités de clans peuvent s’exacerber au moindre écart de conduite diplomatique. En optant pour le « soft power », le Qatar singularise sa démarche sans pour autant s’isoler de l’ensemble régional au sein duquel d’ailleurs il joue un rôle proéminent.
Le pays abrite des rencontres de réconciliations entre belligérants, à l’image de la conférence des forces vives du Tchad. En outre Doha accentue son rôle de médiateur dans divers conflits régionaux et internationaux. Sa force de frappe financière constitue un solide argument pour accroître son influence.
A longueur d’années, les méga-stars du monde entier affluent vers cet État de type monarchique doté d’un Parlement à vocation consultative. Michael Jordan, David Beckam, Tiger Wood, Alain Prost, Zinedine Zidane, Ronaldo et Ronaldino y ont leurs habitudes souvent en grande complicité avec les hauts dignitaires de l’Émirat arabe.
Naturellement, ces fréquentations accréditent la modernité de la Monarchie quand bien même elle reste ancrée dans ses traditions bédouines. Le pays, devenu producteur de gaz, reste du même coup, exportateur de premier rang à côté de la Russie, des Etats-Unis, du Canada et de … l’Iran !
Une telle assise, réelle à bien des égards, conforte Doha qui, en discutant avec les « Grands du monde », fait entendre sa voix et trace sa propre voie avec une légitimité toute naturelle. Si bien que les avis émis aiguillonnent sa diplomatie reconnue pour son habileté et sa subtile pondération.
L’édifice qatari se veut un chef-d’œuvre issu d’une volonté collective et d’une lecture de la marche du monde à l’aune d’un épais portefeuille qui articule parcimonie et générosité sans pour autant verser dans une opulence susceptible de fragiliser une influence en devenir.
Le Qatar sort renforcé de la Coupe du monde qui s’est déroulée sans incidents majeurs. Rien n’est venu contrarier l’organisation millimétrée du tournoi mondial avec une touche de civilisation et de culture très orientale dans sa conception et dans sa déclinaison.
Pourtant, au moment de l’attribution des jeux, de nombreuses voix, et non des moindres, s’étaient élevées pour flétrir le choix de la Fifa indexée pour avoir cédé au mirage financier d’un pays « sans lien avec le football ». L’insoutenable légèreté de l’accusation a valu au Qatar de redoubler d’efforts pour marquer de son empreinte le tournoi. Il y est parvenu avec brio. Et son modèle de réussite pourrait s’exporter.
A cette fin, Doha possède une carte maîtresse : son précieux savoir-faire et des infrastructures sportives démontables pour servir ailleurs quand le besoin se fera sentir à l’échelle mondiale. La nouvelle donne ouvre un large boulevard d’influence du Qatar qui, grâce à son succès, va s’évertuer à étendre son parapluie à d’autres régions du monde en quête de progrès et de bien-être.
Tout le monde reste attentif aux évolutions en cours. Les puristes du football ont retrouvé le naturel dans cette organisation qatarie. Plus aucun autre pays ne ferait (ou ne fera) moins sauf à rationaliser les moyens pour ne pas surenchérir. Après tout, le football reste un jeu.
Au-delà, l’expertise et la technicité, acquises par les milliers de travailleurs anonymes, vont se diffuser à une plus vaste échelle comme un facteur décisif de ruissellement. La mondialisation de la main-d’œuvre est en marche. Désormais les métiers, notamment l’artisanat d’antan vont s’exporter sans peur.
Les prochaines migrations internationales s’appuieront fortement sur les savoirs locaux qui seraient une source d’enrichissement des peuples avec une croissance revue sous l’angle du coefficient immatériel, non quantifiable a priori.
Au-delà des participations, le retour des « héros » sonne comme un rappel au devoir des équipes africaines face aux prochaines échéances. Le jeu a évolué. A son tour, l’Afrique doit conquérir sa légitimité et défendre un rang avec un impact certain sur le moral des Africains.