par l'éditorialiste de seneplus, jean-claude djéréké
LE DRAME DU PRÊTRE AFRICAIN
EXCLUSIF SENEPLUS - Peut-on être fidèle à la fois à un peuple qui souffre et à un système qui n'a pas le courage de condamner clairement les crimes de l'Europe contre ce peuple ?
Jean-Claude Djéréké de SenePlus |
Publication 16/12/2022
Pierre Landu est un prêtre noir formé à Rome. Après quelques années de ministère au milieu des siens, il découvre qu'il est prêtre d'une religion étrangère et qu'autour de lui Dieu n'est souvent qu'un moyen de domination et d'exploitation.
À son supérieur blanc, le P. Howard, il fait alors part de son projet de quitter la paroisse pour participer avec les maquisards congolais à l'implantation de la justice. À ses yeux, un tel engagement lui permettrait de vivre davantage en prêtre de Jésus-Christ, de ne plus composer avec un passé compromettant pour le Christ et que malheureusement nombre des membres de son Église incarnent encore dans son pays, bref de vivre sans séparer la théorie de la pratique. Pour le P. Howard, aller au maquis serait trahir le Christ. Réponse de Pierre Landu : "N'est-ce pas plutôt l'Occident que je trahis ? N'ai-je pas le droit de me dissocier de ce christianisme qui a trahi l'Évangile ?"
Landu se sentait de moins en moins à l'aise dans ce christianisme qui fermait les yeux sur les exactions du pouvoir colonial.
Au maquis, Landu passa sa première nuit dans un dortoir mixte. Antoinette, sa voisine, lui demanda pourquoi il était là. Landu lui donna cette réponse : "On combat ici pour un monde meilleur. Une révolution. Un chrétien devrait être en état permanent de révolution. Je veux simplement être un chrétien... En restant dans les structures de l'Église, je trahis. Et puis, comment vivre en paix sans être de ceux qui veulent, en vérité, en acte, faire triompher la justice ? Je me réclame du Christ. C'était un révolutionnaire. Pour les bien-pensants. C'est pour cela qu'ils l"ont pendu."
Antoinette reprit la parole : "Je crois en Dieu mais le catholicisme, c'est une religion de Blancs. En quoi serait-elle plus vraie que celle de mes ancêtres ? Pourquoi moi, je l'accepterais ? Catholique, universelle, tout ce qu'on veut, le problème demeure : le catholicisme est une religion marquée par l'Occident. Jusque dans la compréhension du message. Porté, soutenu par des structures européennes, il n'est guère possible de l'aimer sans s'inscrire dans l'histoire d'un monde."
Peut-on être fidèle à la fois à un peuple qui souffre et à un système qui n'a pas le courage de condamner clairement les crimes de l'Europe contre ce peuple ? En s'accrochant à ce système ou en s'y éternisant, le prêtre ou le religieux africain ne trahit-il pas à la fois l'Afrique et le Christ dont le message de justice, de liberté et de vérité dérangeait l'establishment politico-religieux de son temps ? Voilà une des questions que soulève Valentin-Yves Mudimbe dans "Entre les eaux" (Paris, Présence Africaine, 1973).
par Charles Faye
PRIMARY
La motion de censure envoyée dans les cordes par les uppercuts de Wallu et crochets des non-inscrits, longue vie primatoriale à Amadou Ba, premier des ministres, ainsi baptisé par Pecos Dias
Last but not least, à côté de la messe de requiem pour les alliances de façade à but purement électoraliste et de la démarcation des oppositions sénégalaises, s’est décodé l’encrage de Yewwi Askan Wi dans l’opposition radicale.
Tout n’a pas été dit dans cet exercice de communication certes, mais l’essentiel a été capté.
A moins que je ne me trompe, nous avons plus assisté au lancement des primaires de l’opposition, en vue de la présidentielle 2024, que vu une volonté affichée et partagée du cercle de l’inter-coalition Yewwi Askan Wi/Wallu de démettre le gouvernement.
Était-ce déterminant et stratégique pour Yewwi de rompre les amarres avec un allié encombrant porteur d’un agenda amnistie ?
Le clairon a sonné cavalièrement au-delà du quartier général, clarifiant la cartographie de l’opposition, scellant la cavalerie solitaire.
Reste à savoir si le but d’éclairer les électeurs sur la configuration réelle de l’Assemblée nationale sera atteint.
D’un côté, une majorité rendue de fait par la copie favorable de 24 députés de l’opposition. De l’autre, une minorité définie par 57 sièges amputés des deux voies placées en garde-à-vue.
Comme le ferait remarquer un bon gauchiste formé à l’école de la dialectique, l’offensive de Yewwi n’a pas été menée finalement contre le Macky et son chef de gouvernement, mais contre un adversaire débusqué et démasqué au grand jour. Soit Wallu dont le cas rime avec Doha, où réside un adversaire de taille, qui ne saurait rejoindre Dakar pour battre le fer contre un Macky partant pour un troisième mandat.
Stratégique et politique était donc cette motion de censure ayant pris le contour d’un pré premier tour dans le camp de l’opposition.
C’est tout le sens des primaires de l’opposition lancées par Yewwi pour s’installer dès à présent en tête l’opposition en 2024.
Ainsi donc Amadou Ba aura été, à son corps défendant, l’instrument d’une bataille de positionnement de l’opposition.
Cela dit, au regard des défis qui l’attendent, de l’inflation qui grimpe et des incertitudes planant dans le ciel sénégalais, on ne peut que lui souhaiter bon vent, comme l’a d’ailleurs fait de façon prémonitoire Pecos Dias.
Plus politique que nos acteurs politiques, je meurs.
Sauf que tout n’est pas que politique. Il va bien falloir avancer et assurer la cohésion et la paix sociales pour que rien de fâcheux n’arrive en 2024.
Outre la satisfaction de la demande sociale ces 13 prochains mois, le niveau de responsabilité politique et historique est requis pour tous. Sans exception.
AUDIENCE SPÉCIALE À DIOURBEL
Le tribunal de grande instance de Diourbel va siéger en audience spéciale de chambre criminelle du 26 décembre au 06 janvier 2023. Dix neuf affaires sont inscrites au rôle.
Le tribunal de grande instance de Diourbel va siéger en audience spéciale de chambre criminelle du 26 décembre au 06 janvier 2023. Dix neuf affaires sont inscrites au rôle.
Une audience spéciale de chambre criminelle va se tenir à partir du 26 décembre prochain. Dix affaires sont inscrites au rôle. L’audience spéciale va débuter par une affaire de viol et de pédophilie et sera clôturée le 06 janvier 2023 par une affaire de pédophilie et détournement de mineure sans fraude ni violence.
Pour la 1ère fois depuis l’instauration des audiences de chambre criminelle au niveau des tribunaux de grande instance, un nombre d’affaires aussi élevé a été inscrit au rôle. D’ailleurs, certains observateurs parlent de record. Sur ces 19 affaires qui seront jugées lors de cette audience spéciale, les 7 concernent des actes de viol, pédophilie, détournement de mineure, pédophilie par personne ayant autorité, tentative de viol.
Pour les affaires de trafic, détention et usage de chanvre indien, blanchiment de capitaux, elles sont au nombre de quatre. Le reste des affaires est constitué d’association de malfaiteurs, vol en réunion commis la nuit avec effraction, port d’arme, violences et voies de faits, détention d’arme de 5ème catégorie, non dénonciation de crime, vol de bétail en réunion commis avec usage de véhicule, coups et blessures sur une personne de sexe féminin ayant entrainé une infirmité permanente.
par Momar Dieng
LES PRÉDATEURS ET LE COUDE DU PRÉSIDENT
Les ministres épinglés par la Cour des comptes, de même que leurs collaborateurs indélicats et autres subalternes du festin pro-Covid19 savent qu’il ne leur arrivera rien tant qu’ils resteront dans le giron du "Monstre"
Le Rapport accusatoire de la Cour des comptes est un révélateur de la nature intrinsèque du régime qui gouverne le Sénégal. Les principaux prévaricateurs des deniers publics vont être protégés comme d’habitude en dépit de la dilapidation organisée de plusieurs milliards de FCFA dont le sort et la destination échappent aux enquêteurs de la Cour. Au pire, des lampistes exécuteurs d’actes illégaux (comme les DAGE placés sous l'emprise directe des ministres) vont être jetés en pâture à l’opinion, ce qui n’est même pas gagné d’avance au titre de la doctrine du COUDE : éloigner les parents, amis, proches et militants du glaive de la justice, et pousser les autres coupables en enfer carcéral.
Mais le citoyen Pape Alé Niang, lui, peut être l’objet d’une persécution crypto-personnelle décidée par quelques pontes habités par une soif de revanche contre un journaliste libre et courageux. Bravo à tous les monstres, grands, petits et moyens, ainsi qu’à ceux des Sénégalais et Sénégalaises qui les soutiennent simplement parce qu’ils préservent leurs intérêts matériels et ceux de leurs familles, parce qu’ils leur donnent du travail et leur octroient des marchés publics, parce qu’ils leur offrent pain, riz, huile, etc., parce qu’ils leur fourre dans la poche quelques espèces sonnantes, parce qu’ils leurs paient leurs factures d’eau, d’électricité, de téléphone, parce qu’ils leurs facilitent le bouclage de projets économiques et financiers, parce qu’ils sont devenus leurs dieux à visage d’humain…
Les ministres épinglés par la Cour des comptes, de même que leurs collaborateurs indélicats et autres subalternes du festin pro-Covid19 savent qu’il ne leur arrivera rien tant qu’ils resteront dans le giron du Monstre, cette fameuse voie droite qui prémunit contre la prison et contre les représailles du cabinet noir officiant à quelques encablures d’une étroite façade atlantique longeant une tranquille corniche.
Du reste, certains d’entre eux ont déjà atterri à d’autres stations, sans doute moins appétissants en termes de saccage des deniers publics, mais où ils ont encore le temps et la sérénité de jouir tranquillement des fruits de leur vandalisme financier. Ils se verront offrir d’autres opportunités de ripailler sans limites aux frais des contribuables, on n’exigera d’eux pas plus que la soumission à l’agenda du chef. Rien à craindre, le prince est au contrôle ! Comment alors ne pas saluer une posture de résilience aussi admirable dans le vice et la fourberie ?!
La Cour des comptes semble avoir (bien) fait son travail de contrôle et de recommandations, même si certains lui reprochent - avec une bonne part de vérité - de ne pas avoir le courage d'aller au bout de ses missions si tant est qu'elle a les moyens légaux d'ester elle-même en justice contre les auteurs de ces crimes économiques qu'elle a dénichés. Au garde des Sceaux ministre de la Justice , elle a modestement montré la voie à emprunter avec l'ouverture demandée de douze informations judiciaires contre les gestionnaires indélicats. Une autre histoire de coude !