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17 juin 2025
UN PROJET DE LOI CHAHUTÉ
Même si l'initiative est jugée salutaire, la démarche empruntée par Mimi Touré dans sa tentative d'exclure la famille présidentielle de certains postes de responsabilité à travers un projet de loi pose problème, selon nombre d'acteurs
Frustrée par son éviction de la présidence de l’Assemblée nationale, Aminata Touré n’arrête plus dans sa lutte à mort contre le président de la République Macky Sall. Sa dernière trouvaille, c’est sa proposition de loi destinée à exclure la famille présidentielle de certains postes de responsabilité. Même si le projet et jugé salutaire, la démarche pose problème, selon la plupart des acteurs.
Elle aura réussi, ces derniers jours, à éclipser même l’opposant radical Ousmane Sonko dans le positionnement contre le régime du Président Macky Sall qu’elle a servi avec beaucoup de dévouement pendant 10 ans. Elle, c’est Aminata Touré. Il ne se passe plus une semaine sans la voir au-devant de l’actualité, décochant des flèches destinées directement à son ex-mentor. Quand elle ne s’insurge pas contre le mandat (sur cette question, il faut quand même lui reconnaitre une certaine constance), Mimi dénonce une discrimination contre les femmes dans les médias internationaux ou cible la famille présidentielle pour déverser toute sa bile. Sa dernière trouvaille, c’est la loi sur le conflit d’intérêt diversement apprécié par l’opinion.
A entendre Elimane Haby Kane, président du think tank Legs Africa, c’est comme si la proposition de Mimi a un goût d’inachevé, amer et presque sans saveur, en raison de la démarche inappropriée qui a été adoptée par l’auteure. ‘’La proposition aurait pu être salutaire. Mais, nous avons un sérieux problème avec la démarche, la manière dont la présentation a été faite, tout comme le moment choisi. Des lois, on les fait pour faire progresser une société à travers notamment l’amélioration du cadre juridique de la Gouvernance. On ne saurait dire que c’est le cas avec cette proposition de Mme Aminata Touré. La démarche est plutôt politicienne, crypto-personnelle, découlant d’une frustration qui, me semble-t-il, est mal gérée’’, regrette Monsieur Kane.
Selon Elimane Haby Kane, du fait de cette tare congénitale, la proposition présente pas mal de manquements, aussi bien dans le fond que dans la forme. Le président de Legs Africa d’ajouter : ‘’Quand on lit le texte, on a l’impression qu’il a été fait dans la précipitation. Dans cette précipitation, elle omet même de viser la Constitution qui a érigé la bonne gouvernance comme principe, la loi portant Code de transparence qui est un texte central en la matière… En revanche, elle nous cite la loi de 1981 sur l’enrichissement illicite qui a été désavouée à maintes reprises et certains points posent de sérieux problèmes d’inconstitutionnalité. Même l’objet pose problème, dans la mesure où, on ne vise que des personnes bien spécifiques, alors que la loi doit être générale et impersonnelle. Tout cela conforte simplement le fait qu’elle est plus dans une opposition crypto personnelle qu’autre chose. Et c’est vraiment dommage, parce qu’il y a une vraie nécessité de légiférer dans ce domaine sans excès et sans esprit de vengeance.’’
Une démarche viciée
Alors que les choses sont présentées comme si la dissidente de l’APR en est un précurseur, certains attirent l’attention sur le fait que d’autres acteurs ont eu à faire des propositions beaucoup plus réfléchies, beaucoup plus pertinentes et recevables d’un point de vue purement juridique. Parmi ces acteurs, il y a le Forum civil qui a eu même à faire un avant-projet dans ce sens. Mais leur initiative nettement plus salvatrice n’a pas trouvé grâce auprès des décideurs.
En effet, l'avant-projet de loi sur les conflits d'intérêts que le forum civil avait élaboré vise tous les cas relatifs aux personnes qui occupent des fonctions publiques, tout en étant propriétaire ou actionnaire dans une entreprise privée. Selon certains acteurs, il aurait fallu partir de cet existant pour l’enrichir au besoin, au lieu de se lancer dans des entreprises ‘’politiciennes et crypto-personnelles’’.
A côté de cette proposition du Forum Civil resté en l’état, il y a d’autres textes un peu disparates qui comportent des dispositions relatives au conflit d’intérêt ou situation semblables. Il en est ainsi de la loi sur la fonction publique qui traite des cas d'incompatibilité. Mais, affirme un autre interlocuteur, ‘’ni le projet du forum civil ni la loi sur la fonction publique ne parlent forcément des cas visés par la proposition d’Aminata Touré. Ils pouvaient en revanche constituer des réceptacles à la proposition de Mme Aminata Touré. En tout état de cause, cela mérite un débat national, parce que c’est un vrai problème dans nos pays.’’
Présentement, il n'y a aucune loi qui interdit à ce que le Président puisse nommer ses parents (ascendants comme descendants) frères et sœurs. De Léopold Sédar Senghor à Macky Sall, en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, tous ont eu à impliquer des proches dans la gestion des affaires publiques. Même si cela semble avoir pris davantage d’ampleur sous le règne des deux derniers présidents.
Si la nécessité de légiférer sur la question semble faire l’unanimité, certains estiment qu’il faudra en même temps éviter de piétiner les droits des personnes visées qui sont des citoyens au même titre que les autres Sénégalais. Pour ce faire, il faudrait éviter que l’interdiction soit systématique, veiller également à ce que la loi soit bien encadrée, en cernant les contours de l’interdiction.
‘’Il faut privilégier les compétences sur des considérations subjectives’’
Il résulte des témoignages d’autres acteurs que certains se trompent de combat. Le véritable combat, à leurs yeux, c’est de faire en sorte que le mérite soit le seul critère pour recruter à des fonctions publiques. Interpellé, le directeur exécutif de l’ONG 3D, Moundiaye Cissé, déclare : ‘’Il faut surtout mettre en avant les critères comme le mérite et la compétence, pour tout recrutement à des fonctions publiques. Pour moi, c’est l’approche qu’il faut mettre en avant.
Maintenant, si on doit exclure des membres de la famille présidentielle de certains postes, il faut qu’ils aient liens directs avec le Président. On ne peut pas priver à des Sénégalais de compétir à certains postes, s’ils ont les compétences, simplement, parce qu’ils ont des liens de parenté avec le Président. Ce serait injuste.’’ Sur la RFM, le président du Forum du justiciable Babacar Ba, lui, soulevait surtout les obstacles juridiques à la proposition de Mimi. ‘’C’est une proposition qui viole les dispositions de l’article 25 de la Constitution. Celle-ci dit clairement que : ‘chaque citoyen a le droit de travailler et de prétendre à un emploi. Nul ne peut être lésé dans droit au travail en raison de son sexe, de ses origines, de ses choix politiques ou de ses croyances. Je pense que ce serait un précédent dangereux.’’
MAMOUSSE DIAGNE PARTAGE SES NOTES
Mamoussé Diagne revient dans cet entretien, sur le rôle de l’Onfp pour répondre aux interrogations des populations en termes d’emploi et de formation, et de la mise en œuvre de la volonté de l’Etat de régler la question de l’emploi et de l’employabilit
Président du Conseil d’administration de l’Office national de la formation professionnelle (Onfp), Mamoussé Diagne revient dans cet entretien, sur le rôle de l’Onfp pour répondre aux interrogations des populations en termes d’emploi et de formation d’une part, et d’autre part, de la mise en œuvre de la volonté de l’Etat de régler la question de l’emploi et de l’employabilité. Pour permettre à cette institution stratégique de jouer pleinement son rôle et de répondre aux besoins des entreprises et des branches professionnelles, Pr Mamoussé Diagne estime qu’il faut revoir à la hausse le pourcentage accordé à L’Onfp au titre de la Cfce.
Quelle contribution pourrait apporter une institution comme l’Onfp à l’heure du fast track ?
Une contribution décisive parce que ce rôle, ce n’est même pas nous qui en décidons, mais les populations par leurs interrogations, leurs interpellations sur comment faire en sorte que nos enfants ne se posent plus cette équation terrible «barça ou barsak», c’est-à-dire l’émigration sauvage, parce que nous ne pouvons pas rester sur place sans rien faire. Ce sont donc les populations qui posent la question, elles-mêmes. A cet effet, nous sommes bien obligés de les entendre, de les écouter et de prêter une oreille attentive à leurs préoccupations. J’ai l’habitude de dire qu’il n’y a pas pire ennemi pour une société que des gens qui n’ont rien à perdre. Des gens qui n’ont rien à perdre sont des gens qui font en sorte que ceux qui ont quelque chose à perdre le perdent. Ça traduit l’adage très connu des Séné¬galais : «thiéré bi bouma thi lekoul heup thi souf», qui voudrait dire en français : «Je mets du sable dans le couscous si je n’en mange pas.» Par conséquent, aujourd’hui, dans les différents milieux, et ça ce n’est pas seulement au Sénégal, c’est la mondialisation peut-être qui a ça comme conséquence. Les villes, qui sont définissables comme des espaces où il fait bon vivre, sont encerclées par les banlieues. C’est-à-dire des lieux où des gens sans espoir vivent la plupart du temps. Le jour où les banlieues s’enflammeront, et c’est ce qui se passe malheureusement, nous serons tous en danger. Donc cette question, ce n’est même pas l’Onfp, mais c’est la société qui pose cet énorme point d’interrogation à partir de gens qui n’ont rien à perdre et qui disent «daniou beug kheuy, daniou beug tekki». Et le discours du président de la République, Macky Sall, m’a semblé tellement important parce qu’il a parlé dans sa prestation de serment, c’est-à-dire le langage le plus solennel, de la formation des jeunes. Il s’agit donc de bien les former à partir de structures dont c’est la vocation. Il en est arrivé ainsi à parler de l’Office national de la formation professionnelle (Onfp) de manière absolument nominative. Ce n’est pas donc par hasard. Il a parlé de l’Onfp comme étant une de ces structures qu’il compte appuyer dans ses missions, justement pour pouvoir répondre à cette énorme interrogation. Par conséquent, apporter aux jeunes une formation qui leur permet d’être utiles sur place à eux-mêmes, à leurs familles et à la société sénégalaise, de manière à ne plus avoir aucune raison de s’expatrier, d’alimenter l’émigration sauvage. Je pense que c’est une question absolument fondamentale, aussi bien pour les milliers de gens qui la posent que pour le discours du président de la République, qui y répond en tant que discours-programme, et nos structures qui sont les moyens, les bras armés permettant de mettre en place cette politique, de réaliser cette énorme promesse qui nourrit l’espoir actuellement des populations sénégalaises. Donc question-réponse sur le plan général ou programmatique, et réponse sur le plan de la réalisation empirique pratique de ce que le président de la République a promis. Il y est revenu dans une autre adresse à la Nation sénégalaise, mais cette fois-ci sous un autre angle, celui de la citoyenneté. J’ai été invité dans une télévision de la place, à la suite de ce discours, pour en parler avec d’autres invités. Il y a eu un panel sur cette question. Alors que le président de la République a parlé de la citoyenneté, de la manière dont les Sénégalais se comportent, de ces manières-là qui sont déviantes. Cette déviance-là a été articulée également à la question de l’emploi. Celui qui a quelque chose à faire, qui a quelque chose d’utile à faire et qui sait que de toute manière, l’anomie, c’est-à-dire le désordre total dans une société, le gênerait, n’a aucun intérêt à détruire l’ordre social, mais à le gérer puisqu’il y trouve son intérêt. Dans les deux cas, sous des angles différents, le Président a posé ces questions et l’Onfp est une structure dont la raison d’être est véritablement de traduire cette politique, cette promesse et cette attente.
Quelle posture doit avoir cette institution pour répondre efficacement aux attentes du chef de l’Etat et aux préoccupations des Sénégalais ?
A mon avis, l’Office national de la formation professionnelle, depuis que j’y suis, est une structure qui a toujours tâché, dans la définition de ses missions, de faire en sorte de répondre à l’attente des populations, mais aussi et surtout, des entreprises qui emploient. C’est ça qui est aussi fondamental ; de faire en sorte d’être l’interface entre les populations d’une part, qui sont dans les banlieues que j’ai connues moi, étant professeur, et que l’école a laissées sur la route, notamment qui se retrouvent sans emploi, et les branches professionnelles d’autre part, qui peuvent les employer. Nous nous intéressons aux branches professionnelles qui sont justement représentées au sein du Conseil d’administration, parce qu’il y a les employeurs et les travailleurs des sociétés dans le Conseil d’administration pour pouvoir définir avec eux, un ensemble d’objectifs que nous pouvons transformer du point de vue pédagogique en item, en module pour pouvoir les enseigner à des gens qui n’ont pas reçu de formation, de manière à les rendre socialement utiles, pertinents pour l’emploi dans les sociétés qu’ils souhaitent intégrer. C’est ce qui fait que les formations se font selon le niveau qu’ils ont, et ça va du niveau 0 à des gens qui sont sortis de l’école en moyen terme (niveau primaire, moyen, secondaire), et même quelques fois des gens d’un niveau supérieur. Vous avez sans doute entendu parler des maîtrisards chômeurs, et c’est un signe d’échec pour une société d’une certaine manière. Comment faire en sorte maintenant que tous les Sénégalais, où qu’ils se trouvent, arrivent à maîtriser un savoir et un savoir-faire qui puissent leur permettre d’être utiles à la société sénégalaise ? C’est ça l’Onfp. Ce, afin de leur permettre de n’avoir aucune tentation pour l’ailleurs. C’est-à-dire pour aller développer d’autres sociétés alors que nous les avions formés, vu grandir ici pour les envoyer former d’autres sociétés qui recueillent simplement les fruits que nous avons nous-mêmes semés. Mais, peut-être que nous avons mal semé, mal entretenu, c’est à nous de faire maintenant des efforts et de rectifier le tir. L’Onfp est un outil de l’Etat qui sert à cela. Il est donc un instrument intermédiaire entre la volonté des dirigeants de ce pays et des populations qui sont demanderesses d’emploi, de formation pour pouvoir être employées.
Est-ce que l’institution est suffisamment dotée de ressources pour faire face à ces défis que vous venez d’énumérer ?
Vous posez-là une question excellemment pertinente qui est la traduction très exacte de cet adage qui dit : «Quand on veut une chose, on s’en donne les moyens.» En réalité, de nos jours, tout se définit en termes de moyens. Il y a des pays où il y a des structures comme la nôtre et qui disposent de moyens très élevés. C’est le cas de la Côte d’Ivoire. Vous constaterez cependant, les réunions du Conseil d’administration de l’Onfp les plus importantes sont celles qui se tiennent en début d’année, lorsque le budget est mis en place pour la définition des politiques qui visent l’atteinte des objectifs que l’institution s’est fixés et que l’Onfp doit atteindre à tout prix. Il y a aussi la réunion de fin d’année qui s’apparenterait à une réunion-bilan, en plus des réunions à mi-parcours. Ce qu’il faut noter et retenir durant ces différentes phases, c’est comment cette politique est mise en place ? Comment les moyens mis à notre disposition, et dont dépend l’atteinte des objectifs, sont articulés pour mieux répondre aux préoccupations des populations d’une part, et d’autre part, matérialiser nos engagements vis-à-vis de l’Etat avec qui on a un contrat d’objectifs ? A ce niveau, il faut dire que nous y veillons sans aucune concession, nous faisons appel à des contrôles internes systématiques et à des contrôles externes également qui sont dans la voie et qui font que des structures absolument indépendantes puissent juger nos dépenses, la manière dont nous avons dépensé et les résultats auxquels nous avons abouti.
Est-ce qu’il ne faudrait pas huiler davantage le système et redéfinir les rôles pour éviter des chevau¬che¬ments entre l’Onfp et le 3fpt ?
Il y a même des gens qui vont jusqu’à penser que c’est une sorte de doublure, et que des conflits pourraient même naître dans la démarche de ces deux types d’organisation. Je pense que non. Pour la simple et bonne raison que, entre des gens qui financent des programmes, des gens sortis de la formation qui veulent s’installer comme de jeunes entrepreneurs que j’appelle le suivi de la formation, il y a une structure qui s’en occupe. Pour notre part, au niveau de l’Onfp, on s’occupe de la formation pour permettre aux bénéficiaires d’avoir les aptitudes et qualifications requises à exercer une fonction. A partir de ce moment-là, il faut plutôt parler de complémentarité, et cette complémentarité nécessite effectivement qu’il puisse y avoir des rencontres périodiques, une entente parfaite entre les deux structures de telle sorte qu’on ne se marche pas sur les pieds. Surtout qu’on n’a pas le même champ d’action. Je suis tout à fait d’accord pour dire que si on n’a pas cette perception-là, il y a risque d’une forte perception de chevauchement conflictuel, et ce serait la pire des choses. Parce qu’à ce moment-là, il faudra soit les fondre, séparer totalement ou les mettre dans des options totalement différentes. Or, ce n’est ni l’un ni l’autre. C’est la complémentarité et le travail au quotidien qui doivent prévaloir entre les deux structures.
Le chef de l’Etat a réitéré son engagement pour le relèvement de la Cfce. Quelle est la démarche à adopter pour permettre un reversement correct de cette taxe ?
La Cfce, c’est ce pourcentage que les différentes entreprises versent de manière à ce que nous puissions constituer quelque chose de relativement consistant pour pouvoir leur former les hommes et les femmes, bref les ressources humaines dont elles ont besoin. Par conséquent, c’est d’avoir des rapports de prestation réciproques. Ainsi, plus la part de Cfce consacrée à l’Onfp ou à des structures similaires est importante, plus nous avons avidement la possibilité de mettre à la disposition des entreprises et des structures demanderesses, des produits qui soient des produits quantitativement et qualitativement importants. Il n’y a pas de problème pour ça. L’année dernière, nous avons eu une part relativement mince de notre budget venant de la Cfce (6%). Nous avons très souvent pu fonctionner grâce à la débrouillardise de l’Onfp, qui compte également sur la coopération extérieure. A titre d’exemple, avec la Coopération luxembourgeoise, on a eu à réaliser beaucoup de choses. Il faut donc, au titre de la Cfce, que la part affectée à l’Onfp soit plus importante. Je m’en réjouis d’avoir entendu le président de la République préciser qu’il va renforcer son appui à l’Onfp et à la jeunesse. J’imagine bien qu’aujourd’hui, non seulement notre part de la Cfce sera stabilisée, mieux, elle sera augmentée dans des proportions qui soient significatives de manière à ce que nos résultats soient sensiblement augmentés. Par conséquent, ce serait une question de cohérence, de bon sens. Sans moyens, nous ne pouvons pas inventer.
MIMI CREI LE PASSIF
Quelle sera l’attitude du PDS concernant la proposition de loi d'Aminata Touré visant « à limiter l’exercice de fonctions et responsabilités dans les institutions de la République en rapport avec l’existence de liens familiaux avec le président » ?
Quelle sera l’attitude du Parti démocratique sénégalais sur la proposition de loi de Aminata Touré visant «à limiter l’exercice de fonctions et responsabilités dans les institutions de la République en rapport avec l’existence de liens familiaux avec le président de la République» ? C’est une question que se posent de nombreux observateurs. Va-t-il refuser ce qu’il a accepté dans un passé récent ? Ou va-t-il faire table rase du passé et s’inscrire dans une logique d’opposition aveugle ? Tentatives de réponse !
Au-delà des manœuvres politiciennes concernant la proposition de loi de la deputée Aminata Touré, c’est l’attitude du Parti démocratique sénégalais (Pds) et de ses alliés qui est la plus importante à observer. En effet, sous le régime du Président Abdoulaye Wade, des membres de la famille du Pape du Sopi ont occupé des fonctions importantes au sein de la République. Karim Wade était même surnommé ministre de la Terre, des mers et du ciel. La position de Doudou Wade à l’Assemblée nationale a permis à un certain Moustapha Cissé Lô d’exister politiquement, car ayant fait de cette bataille, son tableau de bord. Me Abdoulaye Wade était même prêt à dérouler le tapis rouge pour une succession monarchique dans une République, avant son fameux quart bloquant.
La fille du chef de l’Etat d’alors, Syndiely Wade, sœur de Karim Wade, s’était vue, quant à elle, confier la coordination de l’organisation de la 3ème édition du Festival mondial des arts nègres (Fesman III), en 2010. Tout comme le neveu de Me Abdoulaye Wade, Ndiouga Sakho, qui fut directeur national de l’Urbanisme et de son petit-fils, Lamine Faye, nommé capitaine de police et qui faisait partie de la sécurité présidentielle.
Après avoir fait autant pour des membres de la famille de la «Constance» Wade, le Pds va-t-il approuver cette proposition de loi ? Comment des gens qui ont voulu loger la «Génération du concret» au Palais, en esquivant les urnes, pourraient-ils accepter de voter la proposition de loi de Aminata Touré ? Comment refuser aujourd’hui ce qu’on a accepté hier ? C’est autant de questions auxquelles l’avenir proche va répondre.
Mame Diarra Fam, députée du groupe Liberté et justice, semble donner une indication quant à la ligne du Pds. Dans un post sur sa page Facebook, elle a administré une piqûre de rappel à Aminata Touré, soulignant son rôle dans la traque de Karim Wade, Oumar Sarr, Madické Niang et compagnie avec les poursuites menées à l’encontre de ces derniers par le Procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), de l’époque, Alioune Ndao.
En tout cas, Aminata Touré motive sa proposition de loi par ces mots : «Le Sénégal est l’un des pays précurseurs en matière de législation de la promotion de la bonne gouvernance en Afrique. C’est à ce titre que la République du Sénégal a adopté la loi n°81-53 du 10 juillet 1981 relative à la répression de l’enrichissement illicite, la loi n°81-54 créant une Cour de répression de l’enrichissement illicite, 22 ans avant la répression de l’enrichissement illicite par la communauté internationale, à travers la Convention des Nations unies contre la corruption.»
Par ailleurs, les membres de la mouvance présidentielle, debout comme un seul homme, ont attaqué la proposition de loi de Aminata Touré visant «à limiter l’exercice de fonctions et responsabilités dans les institutions de la République en rapport avec l’existence de liens familiaux avec le président de la République». Si Moustapha Diakhaté estime que la proposition de loi est anticonstitutionnelle car violant l’article 25 de la Constitution qui stipule que «chacun a le droit de travailler et le droit de prétendre à un emploi. Nul ne peut être lésé dans son travail, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances».
L’ancien député, Alioune Souaré, a, quant à lui, jugé nécessaire de relever un vice de forme concernant ladite proposition de loi. Pour l’ancien parlementaire, Aminata Touré a compilé des articles qui ne renseignent pas sur l’esprit de son initiative et n’ont rien à voir avec les raisons invoquées. En résumé, l’objectif des sorties de la mouvance présidentielle est de décrédibiliser cette proposition de loi pour qu’elle soit irrecevable.
25 MILLIARDS DUS PAR LES MAIRIES A LA SENELEC
Éclairage public :«22% des créances nationales de la Senelec sont dus par les collectivités territoriales, soit 25 milliards de francs Cfa»,
«22% des créances nationales de la Senelec sont dus par les collectivités territoriales, soit 25 milliards de francs Cfa», selon Issa Dione, qui a représenté hier, le ministre du Pétrole et des énergies, à l’Atelier national sur l’éclairage public organisé par l’Agence pour l’économie et la maîtrise de l’énergie (Aeme).
Vous conviendrez avec moi que chacun de nous constate que l’éclairage reste allumé à longueur de journées à travers les rues et artères du Sénégal, ce qui est véritablement un problème. En plus de cela, c’est un éclairage très énergivore avec des lampes démodées, qui consomment énormément d’énergie, un entretien défectueux, des horloges en panne. Bref, un tas de problèmes qui font que l’éclairage au Sénégal est loin d’être performant.» C’est en marge de la deuxième journée de l’Atelier national sur l’éclairage public que le directeur de l’Agence pour l’économie et la maîtrise de l’énergie (Aeme) a tenu une telle déclaration. Déclaration à elle seule assez éloquente pour souligner qu’il y a encore de l’obscurité à chasser dans le domaine qui a occasionné la rencontre tenue ce 11 octobre à Dakar. Monsieur Saer Diop a néanmoins pointé son projecteur sur des solutions. En cela, il souligne qu’un peu partout dans le monde, «quand on parle de maîtrise de l’énergie, on parle aussi de substitution énergétique, à côté de l’efficacité énergétique et de la sobriété énergétique. C’est dans ce sens que l’Etat du Sénégal a engagé un important programme d’éclairage public par voie solaire, à côté de l’éclairage conventionnel».
Le ministre du Pétrole et des énergies a été représenté à l’atelier par Issa Dione. Qui ne s’est pas par ailleurs économisé pour parler du coût de l’éclairage public. «22% des créances nationales de la Senelec sont dus par les collectivités territoriales, soit 25 milliards de francs Cfa.» Et, s’il en est ainsi, c’est parce que ces collectivités «veulent faire supporter à l’Etat, leur consommation d’énergie. L’Etat a lui ses factures à payer et le plus souvent, même si à la fin, il s’acquitte des factures des collectivités, ça finit par constituer un manque à gagner important pour la Senelec. Parce qu’on reste des mois, voire des années à gérer des dettes, comme je l’ai dit, qui ne sont pas sûres d’être payées. Je pense que c’est un problème qui doit être clarifié pour que les gens sachent que quand on consomme de l’eau et de l’électricité, on doit payer». C’est on ne peut plus clair : les mairies ne sont pas de très bonnes clientes…
Mais, cette rencontre ne s’est pas faite sans les maires. Et c’est Mbaye Dione, maire de Ngoudiane, par ailleurs Secrétaire général de l’Asso¬ciation des maires du Sénégal (Ams), qui a parlé en leur nom, non sans reconnaître qu’il y a des problèmes. Et de faire des interrelations à l’endroit des maires pour une utilisation rationnelle de l’électricité. Une interpellation ira à l’endroit de l’Etat. En effet, tel que rappelé par le Dg de l’Aeme, l’Etat projette de doter les collectivités de 115 mille lampadaires, en plus des 50 mille déjà distribués.
Seulement, à en croire le Secrétaire général de l’Ams, ces derniers n’ont pas été installés de la meilleure des manières, certains étant placés dans des secteurs déjà approvisionnés par le réseau conventionnel. Ce qui lui fera remarquer que les populations qui ont plus besoin de ces milliers de lampadaires attendus restent celles habitant dans des zones non encore desservies. Parce que, dit-il, «l’accès à l’électricité ne doit pas être un luxe» et qu’en ce sens, tout un chacun doit en bénéficier.
SECTEURS DEREGULES
Cherté des services de santé et d’éducation Des mesures pour réduire les frais scolaires et universitaires ont été proposées par la commission en charge de cette question dans le cadre des concertations sur la cherté de la vie au Sénégal
«Réduction du plafond de 10 000 francs et la suppression de tous les frais accessoires, des études approfondies et exhaustives sur la tarification des écoles privées, la régulation de l’activité des instituts privés (payants) dans les universités publiques et les écoles de formation professionnelle et technique.» Telles sont, entre autres, les recommandations qui ont été faites dans le rapport final sur les concertations sur la cherté de la vie par la Commission frais scolaires et universitaires. Dans le secteur de la santé également, des mesures comme «l’application stricte de l’arrêté interministériel 738 du 21 février 2005 fixant les valeurs maximales et minimales des tarifs d’hospitalisation, des consultations, des soins externes», ont été préconisées.
– Des mesures pour réduire les frais scolaires et universitaires ont été proposées par la commission en charge de cette question dans le cadre des concertations sur la cherté de la vie au Sénégal. Dans le rapport, il est noté que les acteurs, composés des représentants des parents d’élèves (Unapecs), de l’administration (Men, Mesri, Mfb, Mccpme ), des représentants du patronat, d’associations de consommateurs, ont demandé la «révision de l’arrêté n°43-77 dans le sens d’une réduction du plafond de 10 000 francs et la suppression de tous les frais accessoires, des études approfondies et exhaustives sur la tarification des écoles privées, la régulation de l’activité des instituts privés (payants) dans les universités publiques et les écoles de formation professionnelle et technique, et s’il y a une base légale, qu’on aille vers une baisse des tarifs». Ladite commission a aussi préconisé la prise de mesures afin de «réguler le secteur des fournitures scolaires». Il est aussi conseillé d’aller vers la «facilitation de l’impression des manuels scolaires par Imprimen, afin de soulager les parents». Au titre des recommandations, les acteurs de cette commission conseillent la «contractualisation avec les écoles privées». Ils entendent par-là, la «mise à la disposition par l’Etat, d’enseignants aux écoles privées et la dotation en manuels scolaires des élèves du privé».
Dans la même dynamique, il est suggéré de «procéder à une baisse au cas par cas», car «il y a des frais opportunistes (ateliers, cours de renforcement obligatoires)». Concernant toujours l’enseignement privé, il est demandé «l’allocation d’une prime scolaire aux écoles privées, l’exonération de la Tva (sur tous les intrants et matériels scolaires, sur le loyer des écoles privées, etc.), la baisse du loyer des écoles privée, l’augmentation de la subvention des écoles privées». La commission a aussi recommandé «d’accorder le bénéfice de la prime aux examens aux écoles autorisées et encore non reconnues et le remboursement de la dette des établissements privés d’enseignement supérieur». Les acteurs, qui plaident la restauration des cantines scolaires, veulent que les écoles privées y soient inclues. Le secteur de la santé dont les prix des soins et des produits pharmaceutiques ne cessent de grimper, a été aussi passé au crible. Ainsi, la Commission santé a proposé des mesures et recommandations en vue d’une baisse des coûts.
Dans le rapport final, les parties prenantes ont conseillé «l’application stricte de l’arrêté interministériel 738 du 21 février 2005 fixant les valeurs maximales et minimales des tarifs d’hospitalisation, des consultations, des soins externes et des cessions applicables aux établissements publics de santé». De même, il est recommandé «l’application stricte de l’arrêté interministériel 2632 du 19 avril 2002 fixant les tarifs des honoraires médicaux applicables aux Ipm, l’application stricte de l’arrêté interministériel no188MSHP/ Dmp du 15 janvier 2003 fixant le mode de calcul du prix de vente au public des médicaments, produits et objets compris dans le monopole pharmaceutique». En outre, les acteurs ont aussi plaidé pour la «redynamisation de la Commission d’homologation des honoraires médicaux et de fixation des tarifs des cliniques privées et cabinets médicaux, l’affichage des prix des médicaments et des prestations médicales de manière visible et lisible dans tous les établissements dispensant des soins, l’appropriation par les consuméristes du niveau réel des prix pour une surveillance systématique».
Pour ce qui est des mesures structurelles, la commission a demandé d’intégrer «les équipements et consommables de laboratoire dans la même nomenclature douanière que les équipements et consommables médicaux, l’exonération de la Tva sur les investissements sur cinq ans». Il est également sollicité «l’accompagnement de l’Etat pour un allègement fiscal dans les cliniques privées et les cabinets médicaux, le remboursement de la Tva supportée sur les consommations intermédiaires, sur le coût de l’énergie et les réactifs équipements et consommables de laboratoire, l’exonération de la contribution économique locale, l’exonération de la Tva sur les emballages». Dans leurs recommandations, les membres de la Commission santé ont aussi conseillé d’étudier «avec la Douane, la possibilité de revoir la fiscalité appliquée aux produits pharmaceutiques classés dans les positions tarifaires 20-06 et 29-36, pour une plus grande accessibilité financière au bénéfice des populations (répercussion sur les tarifs, notamment les prix publics en pharmacie, avec des hausses de prix considérables de l’ordre de 30 à 40%)». Dans cette même dynamique, ils ont préconisé la «baisse de 50% de l’impôt sur les sociétés».
Le gouvernement, qui s’est engagé à lutter contre la vie chère, avait lancé les concertations, le 30 septembre dernier. C’est dans ce cadre que différentes commissions ont été mises en place pour trouver des solutions aux questions liées, entre autres, au loyer, à la santé, à l’éducation. Le rapport final de ces concertations a été publié hier, reste à savoir si les recommandations et mesures seront appliquées par les autorités.
Par Serigne Omar SARR
L’EXCEPTION SENEGALAISE
La problématique de la qualité des médicaments et les dangers du marché illicite des produits pharmaceutiques au Sénégal sont passés en revue de façon succincte à travers les lignes qui suivent
Le décès d’une soixantaine d’enfants consécutif à la prise de sirops contre la toux en Gambie est le prétexte pour partager cette contribution sur une question de santé publique d’une brulante actualité. La problématique de la qualité des médicaments et les dangers du marché illicite des produits pharmaceutiques au Sénégal sont passés en revue de façon succincte à travers les lignes qui suivent. D’autres réflexions sur les enjeux essentiels et les perspectives de la pharmacie et du médicament particulièrement au Sénégal suivront prochainement.
Le médicament, une définition maîtrisée
Le médicament est toute substance, composition ou préparation présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales et conditionnée en vue de l’usage au poids médicinal, ainsi que tout produit pouvant être administré à l’homme ou à l’animal, en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions organiques. D’autres produits considérés comme médicament figurent sur une liste établie légalement.
Le médicament relève du monopôle pharmaceutique pour une meilleure protection de la santé publique. Il ne s’agit guère d’un privilège accordé à des spécialistes appelés ‘’Pharmaciens’’ mais d’une lourde responsabilité sous serment qui requiert éthique professionnelle et déontologie.
Par ailleurs, la définition et le contexte des produits médicaux de qualité inférieure falsifiés (QIF) de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) montrent les différences entre le terme "produits médicaux contrefaits" et les autres termes utilisés.
Contrefaçon, malfaçon, falsification : une terminologie dynamique sujette à interprétations et consensus
Le concept "Contrefaçon" n'a pas facilité la collaboration dans la lutte contre les mauvais médicaments tant au niveau international qu'au sein d'un même pays.
Du point de vue de la santé publique, la seule question à prendre en compte est celle qui a un impact sur la santé des patients, et donc sur la qualité du médicament. Les médicaments de mauvaise qualité, qu'ils soient falsifiés ou de qualité inférieure, doivent être la seule cible des autorités sanitaires et de toutes leurs actions.
Les choses sont très différentes d'un point de vue juridique. Le législateur, lui-même, doit différencier la falsification (altération délibérée et frauduleuse d'une substance ou de tout autre élément dans l'intention de tromper) qui relève du droit pénal, et les fraudes qui relèvent du droit civil. Il s'agit de la violation des droits de propriété intellectuelle : imitation volontaire d'une marque légalement enregistrée.
La contrefaçon de brevet, terme désignant un médicament générique qui circule sur un territoire donné alors que sur ce territoire, le médicament original est protégé par un brevet.
Le médicament "non autorisé", un médicament de bonne qualité qui circule sur un territoire sans statut réglementaire (autorisation de mise sur le marché, autorisation d'importation, etc.).
Légalement, un médicament contrefait est un médicament falsifié (qui comprend de fausses informations) qui viole en outre les lois sur la propriété intellectuelle (qui imitent volontairement une marque déposée): il est donc passible de sanctions tant pénales que civiles.
Il convient de noter que le concept d'intention délibérée est essentiel pour définir un produitfalsifié.Ainsi, les produits d'un fabricant qui a intentionnellement et sciemment ignoré lesBonnes Pratiques de Fabrication pourraient être considérés comme falsifiés.
Le terme "contrefaçon" englobe très souvent la violation de la propriété intellectuelle, la contrefaçon de brevet et les médicaments "non autorisés". Ce terme est largement utilisé à la place du terme "falsification", qui traite de la même manière les médicaments réellement frauduleux et dangereux ; les génériques de qualité, qui circulent parfois même légalement et les médicaments qui circulent sans autorisation mais qui peuvent être de bonne qualité.
D'un point de vue juridique, le critère universellement reconnu est l'intentionnalité de la fraude. Elle doit être prise en compte en cas de contrefaçon mais est toujours très difficile à prouver. Même prouvée, la nature intentionnelle de la fraude commerciale ne caractérise pas en fait l'intentionnalité du délit final (en termes de santé publique). Compte tenu des limitations du terme "contrefaçon" décrites précédemment et des questions relatives à la propriété intellectuelle et à la contrefaçon de brevets, ce terme a été abandonné.
Parfois, la différence estfaite par rapport au fabricant. Si le fabricant est reconnu sur le marché, il s'agit d'un médicament de qualité inférieure (malfaçon) et si le fabricant est inconnu, il s'agit d'un médicament falsifié (falsification). Cette approche est intéressante, mais elle ne s'applique que partiellement dans la mesure où il peut y avoir des copies de produits provenant de fabricants reconnus ou de fabricants reconnus qui ne rappellent pas les produits de qualité inférieure.
En 2017, le consensus autour des produits médicaux de qualité inférieure etfalsifiés (QIF) a progressé et les pays ont convenu d'utiliser une définition simplifiée "Produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés (QIF)". Elle a été adoptée le 29 mai 2017 lors de la 70e Assemblée mondiale de la santé à Genève, en Suisse. Elle distingue : Les produits médicaux de qualité inférieure : aussi appelés "hors spécifications", il s'agit de produits médicaux autorisés qui ne répondent ni à leurs normes de qualité ni à leurs spécifications, ou aux deux. Les produits médicaux falsifiés : produits médicaux dont l'identité, la composition ou la source sont délibérément ou frauduleusement déformée.
Les produits non enregistrés / sans licence : les produits médicaux qui n'ont pas été évalués et/ou approuvés par l’autorité régulatrice pour le marché sur lequel ils sont commercialisés/distribués ou utilisés, sous réserve des conditions prévues par la réglementation etla législation nationales ou régionales.
Des produits aux conséquences néfastes
De tels produits peuvent entraîner une méfiance à l'égard du système de santé, des institutions publiques et des professionnels de la santé, une résistance aux antimicrobiens, des intoxications aigues ou chroniques, des effets socio-économiques désastreux (appauvrissement, absentéisme, perte de compétitivité, etc.). Leur commerce constitue une concurrence déloyale, propage d'autres activités criminelles connexes et des corruptions. L’ampleur des dégâts causés par ces produits est loin d’être parfaitement connue. Les victimes, difficiles à estimer ettrès nombreuses, sont privées de leur droit à réparation.
Historique de l’empoisonnement aux dérivés glycolés contaminant des médicaments
Les dérivés glycolés sont des composés chimiques ayant divers usages (solvant industriel, antigel, ingrédients pharmaceutiques, etc.). Dans l’industrie pharmaceutique le glycérol principalement et le propylène glycol accessoirement sont utilisés dans la fabrication de formes pharmaceutiques buvables dans lesquels ils servent entre autres d’édulcorant, de conservateur. La complexité dans la distribution du glycérol et de beaucoup d’autres matières premières à usage pharmaceutique faisant intervenir plusieurs acteurs rend nécessaire leur identification correcte et leur certification mais aussi celles des produits finis en contiennent. Le glycérol est souvent contaminé par d’autres dérivés comme le diéthylène glycol(DEG), qui lorsqu'il est ingéré, affecte le système nerveux central, le foie et les reins. Des niveaux élevés de DEG peuvent entraîner la mort par insuffisance rénale notamment chez les enfants. La dose fatale chez l’adulte est estimée à 1mL/Kg de DEG pur.
. Avantl’épidémie d’empoisonnement rapportée entre fin septembre et début octobre 2022 en Gambie et qui auraient entraîné la mort de 66 enfants, ces intoxications massives après consommation de divers produits pharmaceutiques contaminés par leDEGont été largement décrites dans plusieurs pays et datent de longtemps : Etats-Unis (1937, 105 morts), Afrique du Sud (1969, 7 morts), Espagne (1985, 5 morts), Inde (1986, 21 morts ; 1998, 33 morts ;1998, 8 morts),Nigéria (1990, 47 morts ; 2008, 84 morts), Bengladesh (1990-1992, 236 morts), Argentine (1992, 29 morts), Haïti (1996, 88 morts), Panama (2006, 78 morts), Chine (2006, 12 morts)(LEO J et al., 2009). Ces empoisonnements à grande échelle se sont produits principalement dans les pays en développement et ont été associés à un respect inadéquat des pratiques de fabrication sûres ou à ce qui semble être des pratiques de fabrication de médicaments intentionnellement trompeuses.
Dans la plupart de ces intoxications de masse, le glycérol ou le propylène glycol étaient les diluants prévus. Étant donné que ces diluants ont des méthodes de fabrication différentes et qu'aucun ne produit de DEG en tant que sous-produit, de simples erreurs de contamination croisée lors de la fabrication ne sauraient expliquer la présence fréquente de DEG dans les produits pharmaceutiques. Le DEG étant trois fois moins cher que ces solvants de qualité pharmaceutique, une substitution à motivation économique a été suspectée dans plusieurs épidémies antérieures.
La mondialisation de la fabrication et de la distribution pharmaceutiques a accru le besoin d’une réglementation plus uniforme et d’une coopération internationale. Ces mesures répondent à des vulnérabilités spécifiques dans la production, l'inspection et la distribution de produits pharmaceutiques à l'échelle internationale. Les pays qui appliquent de manière inadéquate des normes de fabrication sûres, ne disposent pas de systèmes de contrôle de qualité performants ou manquent de programmes de formation adéquats demeurent à risques d'empoisonnements associés aux médicaments. La Gambie ne disposant pas d’un Laboratoire de contrôle de qualité des médicaments fonctionnel, demeure exposée à la circulation de médicaments de qualité douteuse.
Concernant cet événement malheureux survenu en Gambie, le rapport d’imputabilité des décès aux médicaments contaminés permettra aux autorités sanitaires de prendre les mesures appropriées. Aussi, les teneurs en DEG trouvées dans les échantillons analysés devraient être publiées.
Au-delà de cette toxicité rénale aigue, la présence insoupçonnée de ce contaminant et aussi d’autres impuretés non caractérisées dans certaines formes pharmaceutiques pourrait être à l’origine d’autres formes d’intoxications chroniques. La prise en charge de cette question rentre dans le cadre des vigilances pharmaceutiques, du contrôle et de la surveillance du marché.
Le Sénégal est-il à l’abri ?
Le Sénégal a une tradition de régulation pharmaceutique (Homologation, Inspection, Vigilances, Affaires réglementaires, Contrôle de qualité et Surveillance du marché, etc.) qui lui permet d’approvisionner son marché en produits pharmaceutiques globalement de qualité malgré la forte dépendance extérieure. Nous saisissons cette opportunité pour rendre hommage à nos maîtres qui ont tracé la voie de la régulation pharmaceutique au Sénégal et souhaiter plein succès à l’actuelle équipe en charge de la régulation pharmaceutique sénégalaise. Les autorités sénégalaises semblent aussi bien conscientes des enjeux de la souveraineté pharmaceutique adossée à une industrie pharmaceutique locale compétitive et un approvisionnement de qualité encadré par une régulation forte et efficiente.
La création de l’Agence sénégalaise de Réglementation Pharmaceutique (ARP) par décret n°2022-824 du 07 Avril 2022 devrait hisser le Sénégal au rang des pays à niveau de maturité élevé selon la classification de l’OMS. Une accréditation et/ou pré-qualification des services des laboratoires de l’ARP confirmera et renforcera leurs capacités et compétences techniques pour mieux garantir la qualité, l’efficacité et l’innocuité des produits pharmaceutiques. Certes, il y aura un coût à cela mais le jeu en vaudra bien la chandelle.
En effet, à chaque intoxication massive, ce sont des analyses de laboratoire et des technologies appropriées qui ont permis de détecter les contaminants inconnus à l’avance. D’où l’intérêt de disposer de laboratoires capables de relever continuellement le défi de la prévention et de la qualité, de l’efficacité et de la sécurité des produits de santé conformément aux recommandations de l’OMS.
Aussi, la promotion de la production pharmaceutique locale permettra de réduire les risques liés aux médicaments de qualité inférieure et falsifiés. En effet, il est admis que les chaînes de production avec de multiples sous-traitants provoquent des pénuries ou des médicaments QIF, alors que les chaînes de production plus courtes et directes les réduisent. Cependant, tous les efforts de l’Etat sénégalais demeurent entachés, souillés, contrecarrés voire annihilés par un marché illicite florissant avec des acteurs à visages découverts qui ont pignon sur rue. La question semble sensible voire taboue mais un changement de paradigme s’impose avec pédagogie. Dans ce contexte de flagrance et d’incertitudes sur la qualité de certains produits pharmaceutiques, le Sénégal ne saurait être à l’abri de risques iatrogènes consécutifs à la consommation de produits échappant à tout contrôle technico-réglementaire.
Aussi semble-t-il pertinent, chez certaines catégories de malades bien identifiées, de mener des études de corrélation entre l’apparition de la maladie et la fréquentation du marché illicite des médicaments.
Comme le dit l’adage attribué à Shakyamuni Buddha : « Les peuples vigilants ne meurent pas ; les peuples négligents sont des morts en sursis.
Les perspectives
Sans triomphalisme prématuré, l’espoir est permis avec les réformes en cours, la promotion effective de l’industrie pharmaceutique locale, la réadaptation continue des curricula avec des offres de formation bien réfléchies, encadrées, optimisées et orientées prioritairement sur les besoins du marché.
Aussi conviendrait-il de saluer le travail remarquable effectué par les forces de défense et de sécurité avec une mention spéciale aux services de la douane pour les records de saisie de médicaments frauduleux réalisés ces derniers temps. Prévention, Détection etIntervention constituentla pyramide des solutions reconnues contre les médicaments QIF. A cet effet, la sensibilisation communautaire apparaît primordiale.
Davantage de rigueur et de fermeté semblent nécessaires dans l’application de la loi pour la protection de la santé publique, et mettre hors d’état de nuire les marchands de la mort. La ratification de la Convention MEDICRIME et son incorporation dans le corpus juridique, législatif et réglementaire national devrait contribuer efficacement à l’éradication du marché illicite du médicament. Relever un tel défi demeure une condition sine qua none à la réussite de toute politique pharmaceutique nationale.
LES PROPOSITIONS POUR COMBATTRE LA CHERTÉ DE LA VIE À LA UNE DE L'APS CE MERCREDI
Les recommandations issues des concertations sur la cherté de la vie et les réactions à la proposition de loi de Aminata Touré destinée à exclure la famille présidentielle de certains postes de responsabilités sont en exergue dans les quotidiens
Dakar, 12 oct (APS) – Les recommandations issues des concertations sur la cherté de la vie et les réactions à la proposition de loi de Aminata Touré destinée à exclure la famille présidentielle de certains postes de responsabilités sont en exergue dans les quotidiens reçus mercredi à l’Agence de presse sénégalaise (APS).
Le Soleil note qu’après plusieurs jours de travaux, le rapport final sur les concertations sur la cherté de la vie au Sénégal est sorti. Le document contient des recommandations dans divers secteurs.
Le journal signale que ‘’pour la baisse du loyer tant attendue par les Sénégalais, la commission en charge de ce dossier a recommandé un meilleur encadrement des tarifs, une règlementation de la profession d’agent immobilier, la digitalisation du système d’information sur le cadre juridique du loyer’’.
EnQuête salue ‘’les recommandations de l’espoir’’.
Concernant la baisse du coût du loyer, WalfQuotidien note que ‘’le gouvernement compte faire en trois mois ce qu’il n’a pas réussi en 96 mois’’.
’’Après avoir tenté en vain depuis 2014, l’État se relance pour rendre effective la mesure en trois mois, suivant les recommandations des concertations sur la vie chère. D’ici la présidentielle de 2024, les Dakarois peuvent rêver d’une bonne application de la loi sur la baisse des coûts de la location’’, écrit le journal.
‘’Aujourd’hui, le constat est effarant. Il ressort des dernières concertations que le loyer a augmenté de 38 % au moment où il était prévu une baisse initiale de 29 %’’, relève Walf.
Les quotidiens se font écho des réactions suscitées par la proposition de Loi de Aminata Touré (non inscrite) ‘’limitant l’exercice de fonctions et responsabilités dans les institutions de la République en rapport avec l’existence de liens familiaux avec le président de la République’’.
‘’Une +Loi+ chahutée’’, selon EnQuête qui écrit : ‘’Frustrée par son éviction de la présidence de l’Assemblée nationale, Aminata Touré n’arrête plus, dans sa lutte à mort contre le président de la République Macky Sall. Sa dernière trouvaille, c’est sa proposition de loi destinée à exclure la famille présidentielle de certains postes de responsabilité. Même si le projet est jugé salutaire, la démarche pose problème, selon la plupart des acteurs’’.
Dans le journal L’Observateur, le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (BBY), Me Oumar Youm, déclare : ‘’sa proposition est la manifestation pernicieuse d’une discrimination mettant en danger la cohésion sociale’’.
’’La crédibilité de la démarche de Mimi Touré est brouillée par ses intérêts personnels si l’on sait que pendant les 10 ans qu’elle a été auprès de Macky Sall, elle n’a jamais combattu la nomination de parents du couple présidentiel au sein des institutions. Elle a attendu d’en être victime présumée pour le dénoncer’’, écrit L’Info qui affiche à la Une : ‘’Ces obstacles qui freinent Mimi’’.
Le quotidien Bës Bi s’intéresse au rapport de Oxfam sur la réduction des inégalités.
’’Oxfam, en collaboration avec Development finance international (Dfi) a publié, hier, l’indice de l’engagement à la réduction des inégalités (Eri) 2022. C’est un classement de 161 pays du monde, d’après les mesures prises pour réduire les inégalités. Le Sénégal gagne 10 places dans l’indice. Cela est dû à l’augmentation de la part du budget de l’éducation et la protection sociale, faisant de lui le pays le plus engagé dans les dépenses pour les services publics anti-inégalités en Afrique de l’Ouest’’, rapporte la publication de Emediainvest.
L’AFRIQUE ENCORE CONFRONTEE A DE NOMBREUX DEFIS SOCIO-ECONOMIQUES
Votre rubrique «Actu éco» de la semaine s’est intéressée à la tenue du deuxième forum africain sur l’exploitation minière à Addis-Abeba en Éthiopie, la création de monnaies numériques et la chute de près de 32% des bénéfices du Sud-Coréen Samsung
Votre rubrique «actu éco» de la semaine s’est intéressée à la tenue du deuxième forum africain sur l’exploitation minière à Addis-Abeba en Éthiopie, la création de monnaies numériques et la chute de près de 32% des bénéfices du Sud-Coréen Samsung.
Le deuxième forum africain sur l’exploitation minière s’est tenu ce week-end à Addis-Abeba en Ethiopie sous le thème « La Vision minière de l’Afrique à l’ère de la transition et de la numérisation de l’énergie verte :Défis et Possibilités ». Le Sénégal a été représenté par le ministre des Mines et de la Géologie, Oumar Sarr par ailleurs président du Bureau des ministres chargés des ressources minérales de l’Union africaine (UA).
Présidant la cérémonie d’ouverture, Oumar Sarr a rappelé l’importance du thème qui, selon lui, interpelle l’Afrique sur la nécessité de repenser la gouvernance des ressources minières, dans un contexte mondial marqué par une course effrénée vers les matières premières alors que, dans le même temps, le réchauffement climatique demeure, plus que jamais, un défi majeur à relever. Selon lui, en dépit de ses énormes potentialités minières (54% des réserves mondiales de platine, 78% de diamants, 40% de chrome et 28% de manganèse, la plus grande réserve au monde de bauxite, etc.), l’Afrique est encore confrontée à de nombreux défis socio-économiques et que les pays africains continuent d’exporter, à l’état brut, leurs ressources minérales sans en tirer un profit apte à transformer la structure de leurs économies. Face à ce paradoxe, Oumar Sarr a rappelé que les Etats africains ont adopté en 2009 la Vision minière africaine avec comme ambition d’arriver à une exploitation équitable et optimale des ressources minières, en vue d’une large croissance durable et d’un développement socioéconomique.
Pour lui, cette vision minière nous offre l’opportunité d’accélérer l’industrialisation de notre continent et de créer des chaînes de valeur par une approche intégrée basée sur le développement des ressources humaines et la recherche. A cela s’ajoutent la mise en place d’infrastructures d’appui, la création de richesses etle soutien aux petites et moyennes entreprises, en vue de leur insertion dans la chaîne de valeur minière. Aussi, le ministre des Mines et de la Géologie a affirmé que la carte de vulnérabilité et d’exposition des écosystèmes et des humains aux changements climatiques montre que l’Afrique est plus exposée et plus fragile, en étant, paradoxalement, le continent le moins pollueur, avec moins de 4% d’émissions de gaz à effet de serre. Outre les ministres en charge des ressources minérales des pays membres de l’UA, la rencontre a vu la participation d’éminentes personnalités venues des différentes régions de l’Afrique, le Commissaire de l’Union africaine pour le développement économique, le Secrétaire exécutif par intérim de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA).
CRÉATION DE MONNAIES NUMERIQUES
De plus en plus de banques centrales africaines envisagent de créer des monnaies numériques. Àla suite de l’introduction du eNaira par le Nigeria en octobre dernier, plusieurs banques centrales d’Afrique subsaharienne étudient la possibilité de créer une monnaie numérique ou ont déjà lancé une monnaie de ce type à titre expérimental. Après les Bahamas, le Nigeria est le deuxième pays du monde à émettre une monnaie numérique de banque centrale (MNBC). Il s’agit d’une version numérique des pièces et des billets de banque, plus sûre et moins volatile que des crypto actifs, car elle est émise et régulée par une banque centrale. Cette semaine, l’Afrique du Sud et le Ghana ont mis en place des projets expérimentaux tandis que d’autres pays en sont à la phase de recherche. Dans le cadre de la deuxième phase de son projet Khokha, la Banque de Réserve de l’Afrique du Sud teste une MNBC « de gros », réservée aux transferts interbancaires réalisés par des institutions financières. Le pays participe également à un projet pilote transnational avec les banques centrales d’Australie, de Malaisie et de Singapour. Quant à la Banque du Ghana, elle teste une MNBC universelle ou « de détail », l’eCedi, qui peut être utilisée par tous à partir d’une application de portefeuille numérique ou d’une carte intelligente sans contact qui fonctionne également hors ligne. L’émission de MNBC sert des objectifs différents selon les pays, mais elle est susceptible d’engendrer des avantages communs à toute la région. Le premier de ces avantages est la promotion de l’inclusion financière. Les MNBC pourraient permettre à des personnes qui, jusque-là, ne disposaient pas de compte bancaire d’accéder à des services financiers, en particulier si ces monnaies sont conçues pour un usage hors ligne.
En effet, il est possible d’effectuer des transactions numériques à l’aide de téléphones mobiles basiques à un coût faible, voire nul, dans des zones reculées dépourvues d’accès à Internet. Les MNBC peuvent être utilisées pour verser des prestations sociales ciblées, notamment en cas de crise soudaine, comme une pandémie ou une catastrophe naturelle. Elles peuvent aussi faciliter les transferts et les paiements transnationaux. L’Afrique subsaharienne est la région où le coût de l’envoi et de la réception de fonds est le plus élevé au monde, en moyenne un peu moins de 8% du montant transféré. Grâce aux MNBC, les envois de fonds par les travailleurs émigrés pourraient devenir plus simples, plus rapides et moins chers, car ces monnaies raccourcissent les chaînes de paiements et stimulent la concurrence entre prestataires de services. En outre, l’accélération des autorisations de paiements transnationaux permettrait d’intensifier les échanges dans la région et avec le reste du monde.
LES BENEFICES DU SUD-CORÉEN SAMSUNG CHUTENT DE PRES DE 32%
Le géant sud-coréen Samsung Electronics a annoncé le vendredi 7 octobre s'attendre à une chute de ses bénéfices d’exploitation de l’ordre de 31,7% au troisième trimestre. C’est la première fois en trois ans que le leader mondial de la production de smartphones prévoit une baisse des bénéfices en glissement annuel. Cette chute des bénéfices s’explique par la baisse de la demande mondiale pour les produits électroniques en raison du ralentissement économique. En effet, l’économie mondiale est confrontée à une inflation galopante et à des taux d’intérêts élevés et une récession. À tout cela s’ajoutent les incertitudes liées au conflit en Ukraine. Les entreprises et les ménages réduisent donc leur consommation.
Leader mondial des produits électroniques, Samsung est très sensible aux aléas de l’économie mondiale. La santé de l’entreprise est scrutée de très près en Corée du Sud, car le chiffre d'affaires du groupe équivaut à un cinquième du PIB du pays. Signe d'un ralentissement du secteur, un autre poids lourd du marché, l'Américain AMD, connu pour la production des semi-conducteurs, a annoncé ce vendredi une hausse de son chiffre d’affaires bien moindre que prévu. En conséquence, les valeurs européennes des entreprises de semi-conducteurs ont reculé en Bourse hier
«LES AGENTS DE LA FONCTION PUBLIQUE LOCALE NE DOIVENT PLUS SOUFFRIR DE L'HUMEUR OU DE L'APPARTENANCE POLITIQUE DE L'EXECUTIF LOCAL»
En marge d'une prise de contact avec les Agences Régionales de Développement (Ard), le directeur général du Centre National de la Fonction Publique Locale et de la Formation est revenu sur la situation de la fonction publique locale. Selon Abdou Khadre Ndiaye, il faut faire en sorte que les agents des collectivités locales ne puissent plus souffrir des humeurs des maires ou de leur appartenance politique.
Un an après sa création, le Centre National de la Fonction Publique Locale et de la Formation a tenu une réunion hier avec les Agences Régionales de Développement (Ard). Occasion saisie par le directeur général du Centre pour revenir sur la situation actuelle de la fonction publique locale.
De l’avis de Abdou Khadre Ndiaye, cette situation doit être actualisée. Il estime que sur la base de l'audit de 2013-2014, à peu près 11.000 agents ont été identifiés. Sur ce nombre, il y a eu les commissions ad hoc d'intégration (Cai) parce que l'audit faisait un tour d'horizon de l'existence biométrique pour ne pas dire physique des agents.
Toutefois, les dossiers qui devraient consolider le parcours à la fois académique et professionnel de ces agents devaient être instruits par une commission ad hoc intégrée. «A la suite de notre passation de service, sur les services compétents qui géraient ces dossiers, il y a, sur la base de données officielles, environ 3.000 agents fonctionnaires et non fonctionnaires. Maintenant, un fichier est évolutif, vivant et il faut le consolider. Dans certaines collectivités, les effectifs ont doublé ou triplé», indique-t-il.
Poursuivant son propos, il souligne que depuis l'entrée en vigueur de la loi, les différents décrets d'application, y compris le fameux décret sur les organigrammes type qui, à un moment donné, a été revu par un débat politico-politicien, ont failli être l'arbre qui cacherait la forêt. «Aujourd'hui, nous avons des dispositions qui ne permettent plus d'engager dans la fonction publique locale des agents suivant des procédures de droit privé ou de façon plus ou moins informelle. Il y a eu une période transitoire entre mars 2020-2022», explique-t-il avant d’ajouter : «Nous privilégions une démarche à la fois de transparence, mais aussi de débat sain et serein pour que cette fonction publique puisse être effective. Parce que la décentralisation mérite le même degré d'attractivité que d'autres secteurs d'activités pour arriver, à terme, à cette professionnalisation, à ce que les problèmes que nous entendons çà et là soient résolus. Ces agents qui ont fait le choix professionnel d'être des agents de la fonction publique locale ne doivent plus souffrir de l'humeur politique ou de la couleur politique de l'Exécutif locale», affirme-t-il.
Et d'ajouter que c'est cela la démarche professionnelle. «Maintenant, cela n'a rien à voir avec le cabinet du maire qui fait dans la politique. Nous avons des chantiers sur l'audit social et en même temps sur la préconisation et la prise de mesures pré-validées par l'autorité pour qu'il y ait un dispositif de régulation, mais qui puisse sauvegarder les avancées démocratiques telles que le principe de libre administration des collectivités», affirme-t-il.
CE N’EST PAS ENCORE LE RUSH DANS LES ÉCOLES
L'année scolaire a démarré depuis jeudi passé sur l'étendue du territoire national. Mais le constat est que jusqu'à présent, les élèves se font désirer, aussi bien dans les établissements publics que privés
L'année scolaire a démarré depuis jeudi passé sur l'étendue du territoire national. Mais le constat est que jusqu'à présent, les élèves se font désirer, aussi bien dans les établissements publics que privés. Très en verve, certains enseignants accusent les parents d'être la cause de l'absence des élèves parce que, disent-ils, ils n'accordent plus d'importance à l'instruction de leurs enfants.
A l'école Unité 5 des Parcelles Assainies de Keur Massar, l'ambiance est morose. Dans son bureau, le directeur de l’école, aidé par son adjoint M. Thiam, reçoit quelques parents d'élèves venus inscrire leurs enfants ou faire des demandes de transfert pour d'autres établissements. A côté, discutent calmement des enseignants devant les salles de classe, donnant l’impression de n’être pas pressés de renouer avec la craie. Le démarrage des cours n’est toujours pas effectif. Car, seuls quelques rares élèves sont présents dans les salles. Ils s'exercent à la lecture.
De l’avis de l'adjoint du directeur de l'école, M. Faye, cette absence massive des élèves relève de la responsabilité des parents. «Nous avons commencé depuis le jeudi passé les cours par des révisions. Mais il y a toujours un taux d'absence très élevé. Par exemple, dans ma classe de CM², seuls 20 élèves sur un effectif de 50 sont présents, regrette l'enseignant. A ses yeux, cela est peut-être lié à l'événement religieux (Gamou), mais surtout à un manque d'attention des parents d'élèves qui n'accordent plus d'importance à l'instruction de leurs enfants. « Beaucoup de parents attendent jusqu'au mois de novembre pour inscrire leurs enfants, sans se rendre compte que cela porte préjudice à ces derniers. Alors qu'ils pouvaient envoyer les enfants à l'école en attendant d’avoir les moyens pour leur acheter des fournitures scolaires et les inscrire», affirme l’adjoint au directeur de l’école des P.A Unité 5. Il exhorte ainsi les parents à préparer leurs enfants à l'avance en achetant tout le matériel nécessaire, mais surtout à les accompagner le jour j à l’école.
Un avis partagé par sa collègue qui préfère garder l’anonymat. Elle trouve que les parents sont négligents. « Le constat est presque général, les parents ne se préoccupent plus de l’instruction de leurs enfants. Et ils veulent mettre cette responsabilité sur le dos des enseignants. Alors que c’est une tâche qui devrait être partagée, parce qu'un enseignant ne peut pas aller dans les maisons pour obliger les élèves à venir à l’école. C’est le rôle du parent », peste notre interlocutrice. Pire, poursuitelle, les parents ne contrôlent plus leurs enfants. «Si les élèves récoltent de mauvais résultats, ils (parents, Ndlr) imputent la faute aux instituteurs, alors qu’on ne voit même pas certains élèves. Et si on convoque les parents pour les informer du comportement de leurs enfants, ils ne viennent pas », se désole-telle.
CERTAINS PARENTS ATTENDENT PRESQUE LE MOIS DE JANVIER POUR INSCRIRE LEURS ENFANTS
La situation est identique dans les établissements privés. On peut compter les élèves sur les bouts des doigts. Le mois qui est déjà avancé est certainement passé par-là. Aux cours privés Aiguillon de Keur Masssar, les élèves viennent au comptegouttes et la plupart du temps, c'est pour s’inscrire. Le directeur de l’école, M. Diop, avoue que le démarrage des cours n’est pas effectif dans son établissement.
A l’en croire, d’ici demain (aujourd’hui, ndlr), la plupart des classes vont démarrer leurs cours. « Les enseignants ont tous reçu leurs emplois du temps. Nous avons terminé de dresser les listes des classes, et on espère débuter les cours avec les élèves qui sont inscrits », ajoute le directeur du groupe scolaire Aiguillon. Il déplore par ailleurs l’attitude de certains parents qui attendent presque le mois de janvier pour inscrire leurs élèves. Pour lui, ces derniers portent préjudice à leurs enfants. «L’école démarre au mois d’octobre et c’est à partir de ce moment qu’on inculque les enseignements aux apprenants. Donc si on rate le début, il est très difficile à l'élève de rattraper le train. D’ailleurs beaucoup de retardataires rencontrent des difficultés parce que les enseignants ne pourront pas revenir en arrière», affirme le directeur du groupe scolaire Aiguillon de Keur Massar.