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17 juin 2025
LES WADE AU CENTRE DU JEU
Bien soutenus par les électeurs au point de peser dans la configuration de la nouvelle Assemblée nationale au sortir des législatives, l'ex-président et le PDS peuvent envisager la réhabilitation de Karim avec plus d’atouts
Pas assez forts pour décider seuls du nouvel agenda qui se précise au sortir des Législatives, mais bien soutenus par les électeurs au point de peser dans la configuration de la nouvelle Assemblée nationale, le président Wade et le PDS peuvent maintenant envisager la réhabilitation de Karim Wade avec plus d’atouts en main. Mais les intérêts des uns et des autres ne sont pas convergents dans ce dossier…
Début septembre, après la proclamation définitive des résultats des Législatives du 31 juillet dernier par le Conseil constitutionnel, l’installation de la 14e législature devrait être l’opportunité pour le président Abdoulaye Wade d’inscrire un nouveau trophée tout en symboles dans son riche palmarès.
En effet, doyen d’âge des nouveaux élus ‘’sachant lire et écrire la langue officielle’’, en vertu de l’article 9 du règlement intérieur de la place Soweto, au début de la législature, il doit assurer la présidence de la première séance jusqu’à l’élection du président. ‘’Il sera assisté par les deux plus jeunes, sachant lire et écrire la langue officielle, pour assumer les fonctions de secrétaire. Il fait procéder à l’appel nominal des députés. Après avoir fait constater que le quorum est atteint, il déclare la séance ouverte’’, précise le texte et ‘’aucun débat ne peut avoir lieu sous la présidence du doyen d’âge, sauf s’il porte sur des questions de procédure relatives à l’élection en cours’’. Clap de fin et retour au réel.
Il est fort probable que ‘’Gorgui’’ n’en fera rien et qu’il agira comme en 2017, quand il avait démissionné de son poste après son élection, laissant cette charge honorifique à Abdoulaye Makhtar Diop, l’actuel Grand Serigne de Dakar, qui terminera la législature comme vice-président de l’institution. Au-delà de l’endurance du personnage, la présence de l’ancien chef d’Etat dans les joutes électorales, à 96 ans passés, dénote son entêtement à réaliser ce qu’il n’a pu faire en passant la main en 2012, à savoir porter au pinacle l’héritier qu’il s’est choisi, son dernier projet politique, le dernier chapitre de sa saga personnelle.
Bien plus qu’un héritage à léguer, à travers son fils Karim Wade, c’est une entreprise contrariée qu’il entend restaurer, un agenda décalé qu’il veut réactualiser. Dans une ultime poussée, la tête en avant, comme le sprinter le ferait sur la ligne d’arrivée, le fondateur du PDS veut toujours peser sur le jeu politique pour remettre en selle le dauphin qu’il s’est choisi, en soldant ses comptes tout en étant au cœur des habituelles recompositions des veilles d’élection présidentielle.
Si beaucoup l’ont présenté comme l’un des grands vainqueurs du dernier scrutin, c’est qu’il a adhéré à la dynamique unitaire de l’opposition, en adoubant l’alliance électorale Wallu-Yewwi Askan Wi, avec la possibilité d’obtenir un groupe parlementaire (et même plus) constitué des seuls 24 députés de sa coalition menée par le PDS et le pouvoir d’influencer le contrôle de l’Assemblée nationale. En un mot comme en cent, il est à nouveau faiseur de rois. Sans lui, Yewwi Askan Wi sera une forte opposition parlementaire avec certes beaucoup de postes dans le bureau de l’Assemblée nationale, mais pas plus. Avec lui, la coalition Benno serait largement majoritaire. Mais ce cas de figure est-il seulement envisageable ? Douze ans sont passés et le temps a fait son œuvre.
Nouvelle légitimité
Malgré une ‘’canonisation’’ avant l’heure par le président Macky Sall avec le baptême du stade de Diamniadio à son nom, Abdoulaye Wade a sans doute la rancune tenace. Du moins, si l’on en croit le politologue Mamadou Sy Albert qui parle de ‘’raison personnelle’’, de ‘’contentieux lourds non encore soldés’’ et de ‘’revanche’’ à propos des relations entre les deux hommes. Malgré la médiation du khalife général des mourides, illustrée par leurs retrouvailles le 27 septembre 2019, lors de l’inauguration de la mosquée Massalikoul Jinaan de Dakar, le politologue fait remarquer que ‘’contrairement à sa promesse d’alors, Macky Sall ne lui a pas rendu visite en retour et de manière publique’’.
Pourtant, en lui passant le témoin en avril 2012, Me Wade avait demandé à son parti de soutenir son successeur. Mais la traque des biens mal acquis est passée par là, suivie de l’emprisonnement de Karim Wade à cinq ans de prison avec 165 milliards F CFA d’amende, son ‘’exil’’ au Qatar et son inéligibilité ; il y a eu aussi le démantèlement du PDS avec la transhumance vers la majorité de plusieurs de ses figures.
Si le président Macky Sall voulait réhabiliter le père tout en maintenant le statu quo pour le fils, les électeurs ont vu la chose autrement, en remettant le PDS en selle. Et voici venue donc l’heure d’arracher par la représentativité politique ce qui devait s’obtenir par un échange de bons procédés. Après le scrutin législatif, Karim Wade donnait des indices de ce que pourrait être leur nouvelle posture, étant entendu que la volonté des Wade est synchrone : ‘’Nous nous mobiliserons pour le vote de lois nécessaires afin de rebâtir, sans esprit de revanche, un Sénégal réconcilié avec lui-même’’, disait l’ancien chantre de la Génération du concret.
En clair, exit la posture du demandeur ; le PDS et les ‘’karimistes’’ veulent recouvrer ‘’leur dû’’. En ont-ils seulement les moyens ? La formation libérale a ressuscité, du moins est-elle sortie de sa torpeur. Depuis les Législatives de juillet 2012 qui ont suivi la défaite à la Présidentielle de la même année, elle avait perdu tous les scrutins, alors que Benno Bokk Yaakaar étendait ses tentacules.
Depuis le 31 juillet dernier, forts de la légitimité offerte par 471 517 électeurs et trois bastions (Mbacké, Pikine et Salémata) dans l’escarcelle, le Sopi s’est positionné comme la troisième force parlementaire. Très vite, le dossier de la réhabilitation de Karim Wade, par amnistie ou par une improbable révision de son procès, remontera dans l’agenda des priorités. Une programmation que le PDS partage nécessairement avec Taxawou Sénégal, le mouvement né des flancs du PS et qui porte les ambitions de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, lui aussi toujours inéligible.
Mais Macky Sall a toujours la main dans le ‘’jeu’’ en cours depuis dix ans maintenant. Il n’est pas sûr que tous les candidats déclarés à la Présidentielle de 2024 voient d’un bon œil ce retour annoncé dans la course de futurs adversaires…
L’ETAT DU SÉNÉGAL SOLDE SA DETTE ET DEVIENT LE PROPRIÉTAIRE DE L’AIBD
Après avoir contracté une dette de près de 600 millions d’euros auprès des bailleurs internationaux, la direction générale de l’Aibd Sa est parvenue à la solder au mois dernier
Le Sénégal tient désormais son aéroport international après avoir soldé sa dette. C’est le directeur général de l’Aéroport International Blaise Diagne (Aibd. Sa), Doudou Ka, qui en a fait la révélation hier lors d’un point de presse. Après avoir contracté près de 600 millions d’euros, la direction générale est parvenue à solder la dette au mois de juillet dernier alors qu’elle en avait jusqu’en 2029.
L’Aéroport International Blaise Diagne de Diass est désormais une propriété entière de l’Etat du Sénégal. Après avoir contracté une dette de près de 600 millions d’euros auprès des bailleurs internationaux, la direction générale de l’Aibd Sa est parvenue à la solder au mois dernier. Même si le directeur général Doudou Ka avait jusqu’en 2029 pour rembourser la dette, il est parvenu à le faire 7 ans plus tôt. Il souligne que la dette a été remboursée sans frais. Ce qui a permis à l’entreprise de faire un bénéfice de plusieurs milliards FCFA. «Nous avons pu négocier avec l’ensemble des partenaires financiers pour rembourser cette dette sans frais et ceci nous a fait une économie de plusieurs milliards FCFA. Cela nous donne un levier supplémentaire pour financer d’autres projets structurants comme le Centre de Maintenance, l’Académie des Métiers de l’Aviation Civile, et l’Ingénierie Financière que nous avons réalisée avec le ministère des Finances. Ce remboursement consacre au Sénégal sa pleine souveraineté sur son principal aéroport», a indiqué le directeur général de l’Aibd Sa.
Revenant largement sur les projets aéroportuaires de l’Etat du Sénégal qui sont en cours, Doudou Ka indique que trois aéroports seront bientôt fonctionnels en Casamance. Il s’agit de l’aéroport du Cap Skiring, de Kolda et de Ziguinchor. «Il y a la rénovation des aéroports régionaux comme celui de Saint-Louis. A Ourossogui, la piste est terminée. A Kolda, les travaux ont démarré et devront être livrés dans 12 mois. Au Cap Skiring, nous allons rallonger la piste de 500 m et à Linguère, la piste sera de 2 500 m en béton. Ce sera le premier aéroport militaire de notre pays qui pourra réceptionner tous les chargements», renseigne Doudou Ka.
Sénégal, Par Mohamed GUEYE
YAW ET LES ATTRAITS DU «MACKY»
Raison ou pas, le coup est rude pour l’inter-coalition, et met fin à un gros suspense sur les rêves et illusions des oppositions parlementaires.
Il n’a pas fallu longtemps hier, pour que, sitôt la décision de Pape Diop rendue publique, la furie des réseaux sociaux se déchaîne sur le leader de la Coalition Bokk gis gis liggey. Ceux qui estiment qu’il a rejoint le mauvais camp, l’accusent de traitrise, sinon de trahison envers le Peuple. D’autres, se voulant sans doute caustiques, rappellent les critiques de Ousmane Sonko durant la campagne pour les Législatives, quand il dénonçait tous les candidats ne faisant pas partie des coalitions Yaw et Wallu, comme étant financés par Macky Sall. Ceux-là déclarent maintenant que Sonko a eu raison…
Raison ou pas, le coup est rude pour l’inter-coalition, et met fin à un gros suspense sur les rêves et illusions des oppositions parlementaires. Nombreux, parmi notamment des militants de Pastef, avaient tenu à démentir sur les réseaux sociaux l’information livrée dans Le Quotidien no5836 des lundi et mardi 8 et 9 août 2022, sur la proposition faite par Yewwi askan wi à pape Diop pour qu’il se rallie à l’inter-coalition. Or, l’information avait été vérifiée à la bonne source. Si le «deal» n’avait pas marché, c’est qu’en ce moment déjà, Pape Diop avait déjà choisi son camp et l’avait fait savoir à quelques initiés.
Quels que puissent être les avis des uns et des autres, nombre d’acteurs savaient déjà qu’en dehors de la clameur populaire, l’inter-coalition n’a pas grand-chose à offrir à un député qui voudrait rallier son camp, contrairement au pouvoir. Et Pape Diop a tout-à-fait raison quand il dit dans sa déclaration avoir échangé avec les membres de son parti et de sa coalition, qui l’ont approuvé. Ce serait mal connaître un Mouhamed Massaly ou un Aliou Sow, que de les imaginer se liguer, en ce moment de la vie politique, contre le pouvoir du Prési¬dent. Pour beaucoup d’acteurs politiques, le pré du «Macky» est toujours très vert.
Nous n’en sommes pas encore, au Sénégal, dans un scénario où le président de la République est dépouillé de l’essentiel de ses pouvoirs par l’opposition et devient une carpette. Macky Sall a encore beaucoup de leviers pour récompenser ceux à la fidélité desquels il tient.
Dans ces conditions, la classe politique sénégalaise étant ce qu’elle est, les opposants ne devraient pas se focaliser sur le «débauchage» de Pape Diop, mais plutôt s’inquiéter de qui devrait être le prochain sur la liste. On sait que les listes des Législatives ont été élaborées à la va-vite par les gros états-majors, et pour ce qui est de Yaw, leur liste des suppléants n’avait pas été mûrement réfléchie, mais faite dans le but de remplir une formalité. La preuve, Ousmane Sonko lui-même a fait si peu confiance à ses candidats qu’il ne leur a laissé à aucun moment battre campagne par eux-mêmes. Le leader de Pastef, à la tête de la «Conférence des leaders de Yewwi askan wi», a fait de cette campagne un référendum pour ou contre le troisième mandat de Macky Sall. Ils ont été bien servis dans leur but par l’involontaire et maladroite complicité de Benno bokk yaakaar qui s’est engouffrée dans une communication orientée vers les… infrastructures réalisées par Macky Sall. Comme si c’est ce dernier qu’il fallait réélire !
Aujourd’hui, les anonymes de Yaw qui vont siéger dans l’Hémicycle ont des visions hétéroclites. Les transhumances opérées dans les rangs de leurs maires ne rassurent pas quant à la fidélité de tous les militants de Pastef. Rien ne garantit que des députés, qui ont moins de moyens que des maires, puissent se montrer plus vertueux. De plus, il y a parmi ces élus, des gens dont les leaders ont déclaré avoir rejoint Macky Sall. Feront-ils eux, de la résistance ?
Les leaders de Yaw espèrent ferrer leurs militants et élus en leur disant qu’ils arriveront au pouvoir en 2024, après avoir balayé Benno. A ce jour, la météo politique ne leur garantit pas cette victoire. Or, les militants ont besoin de continuer à vivre et à avoir des perspectives. Yaw s’est privée d’une possibilité de caser une clientèle politique au sein du Hcct en vilipendant cette institution et en y laissant le champ libre à Benno. Khalifa Sall, Barthé¬lemy Dias et Ousmane Sonko ont-ils mesuré le degré de frustration qu’ils ont pu créer auprès de certains de leurs fidèles, et surtout, se sont-ils donné les moyens d’y faire face ?
LEGISLATIVES 2022, LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL PUBLIE LES RESULTATS DEFINITIFS
Les 7 sages confirment les résultats provisoires proclamée par la Commission nationale de recensement des votes (Cnrv). Les magistrats certifient la répartition des 165 sièges de l’Assemblée nationale faite à la Cour d’appel de Dakar.
Le Conseil constitutionnel a publié les résultats définitifs du scrutin des élections législatives du 31 juillet 2022.
Les 7 sages confirment les résultats provisoires proclamée par la Commission nationale de recensement des votes (Cnrv). Les magistrats certifient la répartition des 165 sièges de l’Assemblée nationale faite à la Cour d’appel de Dakar.
De cette répartition, la coalition Benno Bokk Yakaar obtient 82 sièges. Elle suivit de la coalition Yewwi Askan Wi qui dispose de 56 sièges et de la coalition Wallu Sénégal qui totalise 24 sièges.
Le Conseil constitutionnel concède également les trois sièges octroyés à trois coalitions ayant participé à ces législatives. Coalitions qui n’ont pas obtenu le quotient électoral estimé à 61 526 voix, le nombre de suffrages qui équivaut à un siège.
Donc, la coalition Bokk Gis Gis/liguèy ayant 44 862 voix, la coalition Alternative pour une Assemblée de rupture (Aar Sénégal) 52 173, a coalition Les serviteurs/Mpr 56 303 voix vont siéger à l’Hémicycle par « le plus fort reste ». Elles seront représentées chacune par un député.
Les coalitions Naataangué Askan Wi et Bunt Bi n’ont pas obtenu de sièges. Elles ont respectivement eu 25 833 et 20 922 voix.
Pour ces élections législatives, 3 279 110 Sénégalais ont voté sur un effectif de 7 036 466 d’inscrits. Le taux de participation est de 46,60%.
UN LOURD DEMENAGEMENT POUR LE DANTEC
C’est un pan de l’histoire hospitalière qui se ferme… En attendant l’ouverture d’une nouvelle page dans deux ans.
Khady SONKO et Abou Latif MANSARAY |
Publication 12/08/2022
Le déménagement des services de l’hôpital Aristide Le Dantec est en cours et nécessite énormément de patience. Dalaal Jamm va accueillir l’essentiel des services comme la cardiologie, la dermatologie, alors que le nouvel hôpital de Touba va recevoir une partie du service d’oncologie et l’urologie sera installée au Centre de santé de Ngor…
C’est un pan de l’histoire hospitalière qui se ferme… En attendant l’ouverture d’une nouvelle page dans deux ans. A l’hôpital Aristide Le Dantec, les ouvriers et techniciens sont en train de démonter les blocs opératoires, les appareils radiographiques, les scanners, les plateaux techniques, pour les redéployer dans les différentes structures d’hébergement provisoire des services démantelés à cause des travaux de réfection de ce centre hospitalier national centenaire. C’est un travail d’orfèvre et d’équilibrisme à faire pour éviter de rompre le suivi des malades, éparpillés dans une dizaine de structures entre les régions de Dakar et Touba.
Dalal Jamm va accueillir une grande partie des services de Dantec : il s’agit des services de cardiologie, de dermatologie, d’ophtalmologie, de la chirurgie générale, de l’onco-pédiatrie, une partie des laboratoires… Situé dans le ventre mou de la banlieue, l’hôpital Dalal Jamm augmente ainsi ses capacités d’accueil. Même si plusieurs services vont être ventilés dans d’autres structures sanitaires, entre Pikine et Guédiawaye. C’est un énorme pari, mais la situation l’impose.
Depuis le 2 août, les autorités enchaînent les réunions, échafaudent les stratégies pour trouver les meilleures options afin d’éviter que la fermeture de Le Dantec ne pèse sur les patients qui sont déjà suffisamment angoissés. «Progres-sivement, dans les semaines ou les mois qui vont suivre, il se pourrait que d’autres structures soient abritées au niveau de l’hôpital. D’ailleurs, bon nombre des patients suivis là-bas sont issus de la banlieue. Si aujourd’hui cette structure s’élargit, cela ne peut être que bénéfique pour les populations. D’ailleurs, c’était un souhait des notables, délégués de quartiers et imams de la zone», explique Moussa Sam Daff, directeur de Dalal Jamm. Par ailleurs, l’urologie sera logée au niveau du Centre de santé de Ngor, une partie du service de cancérologie va être transférée au nouvel hôpital de Touba, alors qu’une partie de la maternité sera délocalisée à l’hôpital pour enfants de Diamniadio.
A Le Dantec, c’est la course contre la montre à moins de 96h de la fermeture de l’hôpital. «Les centres de médecine spécialisée seront dans un premier temps logés dans les centres de santé, en attendant la réhabilitation du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Fann. Donc nous allons délocaliser les équipements, les ressources humaines pour pouvoir reprendre les activités. Aujourd’hui (hier), nous allons démonter le bloc de l’urologie et le bloc du service de chirurgie infantile, qui seront délocalisés au niveau de l’hôpital Abass Ndao mais aussi au niveau du Centre de santé de Ngor. Au niveau de l’hôpital, nous avons un plateau technique lourd et un plateau technique relativement léger. Le lourd, ce sont les scanners, la radiothérapie, etc.
Le plateau technique léger c’est pratiquement tout ce qui est composé de bloc opératoire, quelques équipements de laboratoire. Alors nous avons commencé par le plus difficile, c’est-à-dire le bloc opératoire que nous voulons démonter et réinstaller aujourd’hui (hier) ou bien demain matin (aujourd’hui) inchallah pour permettre aux services de reprendre leurs activités qu’ils ont momentanément suspendues depuis mardi», explique le directeur de l’hôpital Le Dantec, interrogé par le Sneips. Babacar Thian-doum enchaîne : «Nous avons pris la décision de délocaliser tous les services afin de permettre aux malades de poursuivre leur traitement, mais aussi de permettre aux futurs malades, si je peux m’exprimer ainsi, d’avoir un site de prise en charge. Nous avons aussi prévu d’appuyer en équipements et en ressources humaines, les hôpitaux régionaux.»
Oncologie, urologie…
Que feront les patients ? «Les malades seront redéployés dans les services qu’ils fréquentaient auparavant. Donc aujourd’hui je peux dire en wolof que «Dantec dafay toxu», mais les services reviendront après la reconstruction de l’hôpital. Les malades seront référés, ceux qui sont en train d’être suivis dans les services sont déjà informés. Chaque service va déménager avec ses dossiers des malades. Donc les malades seront contactés par les secrétaires pour venir à leur rendez-vous afin de poursuivre leur prise en charge, leur traitement.» L’annonce de la fermeture de l’hôpital Le Dantec le 14 août prochain pour sa reconstruction, avait suscité des interrogations concernant le plan de redéploiement correct des services. Le ministère de la Santé et de l’action sociale, à qui il est reproché de n’avoir pas donné des informations à ce sujet, a finalement publié un communiqué hier. Dans le document, le département dirigé par Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye informe qu’un «schéma de redéploiement des services et du personnel a été défini en collaboration avec la direction et toutes les parties prenantes dudit hôpital, ainsi que les structures sanitaires qui doivent les accueillir». Dans ce cadre, informe le ministère de la Santé et de l’action sociale, «les hôpitaux et centres de santé suivants sont identifiés pour abriter les différents services. Il s’agit : Dalal Jamm, Fann, Idrissa Pouye, Roi Baudoin, Hôpital militaire de Ouakam (Hmo), Hôpital des enfants de Diamniadio, Institut d’hygiène sociale, Hôpital de Pikine, Abass Ndao, Ahmadoul Khadim de Touba, Centre de santé de Ngor, Les Maristes, Yeumbeul, Colobane, Nabil Choucair, Baye Talla Diop, Sicap Mbao, Keur Massar, Pmi de Médina et le Hangar des pèlerins».
Lundi, en conférence de presse, des syndicalistes du secteur avaient dénoncé l’absence de plan de déménagement pour la reconstruction de l’hôpital Aristide Le Dantec. Ces derniers, qui s’inquiètent du sort des malades, se posent des questions sur le redéploiement du personnel. Selon eux, il n’y a pas de plan de déménagement «correct, fiable et acceptable», qui prend en compte aussi bien le sort du personnel que celui des malades. Des malades étaient en train d’être expulsés, d’après les syndicalistes qui avaient rejeté le plan de reconstruction de l’hôpital sur 3 ha après que les autorités ont cédé 3 ha de l’assiette foncière du Centre hospitalier universitaire Aristide Le Dantec…
Si la durée maximum de la reconstruction est estimée à 20 mois, le coût est de 60 milliards F Cfa. Ce budget prend essentiellement en compte les coûts de la reconstruction, l’acquisition des équipements, le suivi et l’évaluation des travaux. A terme, l’hôpital devrait avoir une capacité de 600 lits et 24 salles d’opération.
Par Serigne Saliou DIAGNE
LA FOLLE JOIE DE DETRUIRE LES BIENS PUBLICS
La destruction des biens publics est devenue une marque effroyable qui caractérise le Sénégal de nos jours. Pour n’importe quelle raison, la propriété commune est caillassée, les ouvrages d’utilité publique sont sabotés, édifices publics sont mis à sac
La destruction des biens publics est devenue une marque effroyable qui caractérise le Sénégal de nos jours. Pour n’importe quelle raison, la propriété commune est caillassée, les ouvrages d’utilité publique sont sabotés, des édifices publics sont mis à sac. Cette folie a fini de gagner tous les cercles d’activité.
Les triomphes de nos lutteurs ou leurs déconvenues sont l’occasion d’arracher les sièges de l’Arène nationale de Pikine. La fin des cours dans les établissements scolaires est célébrée par nos écoliers en cassant les tables-bancs et en saccageant les salles de classe. L’épisode du Lycée de Yoff est encore frais dans les mémoires. En un an, jour pour jour, une chronique de Madiambal Diagne parue dans ces colonnes, s’interrogeant sur des maîtres qui seraient tombés au niveau de leurs élèves, suite à des cas d’enseignants violentés par leurs apprenants, n’aura pris aucune ride. Nos étudiants réclament leurs repas en mettant les restaurants universitaires sens dessus-dessous. Les revendications syndicales sont conduites en sapant la bonne marche des outils de travail. Les procès dont l’issue pourrait être défavorable à des groupes spécifiques, poussent à casser des tribunaux.
C’est dans ce pays qu’un Tribunal a été mis à sac à Louga, au vu et su de tous. Des commissariats de police ont aussi été pris d’assaut à Mbour et Saint-Louis dans un passé tout récent. C’est dans ce pays que des installations destinées à l’évacuation des eaux sont sabotées et bouchées dans différentes agglomérations afin d’amplifier les dommages dans des villes à l’assainissement défaillant. De Yoff à Keur Massar, sans oublier Thiès, des actes de vandalisme ont été commis sur les réseaux d’assainissement. On ne peut comprendre quelle raison ou cause pourrait justifier une telle conduite dommageable à tous. L’effort mis pour fourrer des sacs remplis de sable dans des égouts aurait une sacrée utilité communautaire, s’il était mis ne serait-ce qu’à désensabler une artère avant le passage des pluies. C’est dans ce pays que des bus destinés au transport interurbain par la société Dakar Dem Dikk ont été caillassés avant même leur exploitation commerciale. Des câbles ont été sectionnés sur le tracé du Train express régional, entravant une journée entière le trafic, avec bien peu d’égard pour la sécurité des usagers. C’est dans ce pays que les lampadaires aux entrées et sorties des villes servent de glissières aux automobilistes imprudents, s’ils sont laissés intacts par les arracheurs de plaques solaires.
Le tableau peut ne pas être complet, mais ces situations ont comme dénominateur commun le manque de considération envers la chose publique et la propriété commune. La chose commune est le parent pauvre de la marche de la société sénégalaise. Elle est la cible de toutes les furies. Tout groupuscule ou énergumène peut s’en prendre à elle, et souvent, l’Etat, qui doit la protéger, préfère passer l’éponge sur beaucoup d’actes vandales. Jusqu’où allons-nous continuer à détériorer impunément tout ce qui constitue notre cadre de vie commune ? Allons-nous un jour nous rendre compte que tout ce qui est détruit ou saboté est financé par nos contributions à tous ? Quand serons-nous vraiment guéris de cette Shadenfreude (joie malsaine) nourrie en voyant la destruction de nos biens communs ?
Une éducation citoyenne et républicaine est à faire pour qu’à tous les niveaux, une prise de conscience sur l’importance et la nécessaire préservation du bien public soit des valeurs cardinales de notre modèle de société. La sanction également doit prendre la place qu’il faut dans tous les actes répréhensibles. La langue wolof a cette tendance assez particulière de s’approprier tout, à la première personne, en glissant des «Sama» à tout-va. Il faudrait bien qu’un jour nos amis linguistes et sociologues nous aident à comprendre pourquoi le «Sunu» tant voulu ne se matérialise que difficilement sous nos cieux. Nos biens publics souffrent assez de ne pas être autant chéris que la propriété individuelle sous nos cieux.
POURQUOI PAPE DIOP NE POUVAIT PAS DIRE NON À MACKY SALL
Pape Moustapha Diop, comme tous les pontes de l’ancien régime épargnés par la redoutable CREI avait-il bénéficié de la main tendue du pouvoir pour ne pas être poursuivi ? Avait-il transigé comme la rumeur en avait couru ?
Comme tout le monde le présageait, Pape Diop, l’ancien président de l’Assemblée nationale et patron de Bokk Guiss Guiss, rejoindra le groupe parlementaire de la mouvance présidentielle afin de lui donner la majorité absolue dont elle avait tant besoin pour contrôler un tant soit peu l’hémicycle de la place Soweto. «J’ai pris, en toute responsabilité, après mûre réflexion, la décision de rejoindre le groupe parlementaire qui sera mis en place par la coalition du pouvoir Benno Bokk Yaakaar», a annoncé, hier, Pape Diop au cours d’un point de presse. Pour justifier son choix dans un contexte de hautes manœuvres du pouvoir pour contourner une cohabitation imposée par le verdict des urnes, l’ancien président du Sénat a soutenu vouloir « éviter à notre pays un blocage institutionnel » que causerait une Assemblée nationale contrôlée par l’opposition. Ce qui serait un goulot d’étranglement dans un régime présidentiel.
A en croire Pape Moustapha Diop, il aurait pris sa décision tout seul comme un grand. Mieux, il aurait choisi Benno «sans aucune condition» et même sans avoir pris langue avec la mouvance présidentielle. «Je suis resté une semaine sans téléphone, sans pression extérieure, pour réfléchir à la décision que je devais prendre» a juré la main sur le cœur Pape Diop. Et on est priés de le croire sur parole !
L’épisode de la CREI
Pourtant, selon certaines sources dignes de foi, le ralliement de Pape Diop à la mouvance présidentielle ne serait pas si innocent que ça. En effet, Pape Diop qui est un ancien ponte du régime libéral était naguère dans le collimateur des juges de la Commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CI-Crei).
Aux enquêteurs de la CREI, l’ancien maire de Dakar avait déclaré sur procès-verbal : «Je suis comptable de formation et, à ma sortie, j’ai travaillé pendant six mois à l’Oncad, puis j’ai été recruté par les pétroles Bp. Trois ans après, j’ai décidé de travailler pour mon compte personnel et j’ai demandé à gérer une station hors-bord. Cela m’a permis de me familiariser avec le secteur de la pêche où j’ai constaté́ qu’il n’y avait pas de pièces détachées pour les moteurs hors-bord. J’ai alors décidé de m’investir en important des pièces détachées de ces machines jusqu’en 1984, date à laquelle je me suis associé avec un Belge dont je ne me souviens plus du nom pour importer des machines hors-bord de marque Marinair destinés au marché́ local. Parallèlement, je continuais les activités de vente des pièces détachées de moteurs de marque Yamaha. Dans le même temps, je me suis investi dans le commerce en général. Et d’ailleurs, cela ayant coïncidé́ avec l’échec du programme des Maitrisards chômeurs dans le domaine de la pêche, la Sonaga m’avait cédé tout le matériel composé de camions frigos, pirogues, filets etc... En fin 1989 début 1990, je me suis investi dans le commerce des produits halieutiques en mettant en place une usine de traitement de poisson destiné à l’exportation dénommée Soumex qui est la contraction de Soumbédioune Export. J’ai mené́ cette activité́ jusqu’en 2002, date à laquelle j’ai été́ élu maire de Dakar, avant d’être président de l’Assemblée nationale puis celui du Sénat. Parallèlement, ma société́ a continué́ ses activités et, actuellement, elle est en train d’être mise aux normes européennes….». La suite coule de source. Une main invisible avait réussi la prouesse d’extirper toutes les personnalités sur la liste de 25 dignitaires de l’ancien régime soupçonnées d’enrichissement illicite par la CREI à l’exception de Karim Meissa Wade.
Pape Moustapha Diop, comme tous les pontes de l’ancien régime épargnés par la redoutable CREI avait-il bénéficié de la main tendue du pouvoir pour ne pas être poursuivi ? Avait-il transigé comme la rumeur en avait couru ? Nous donnons notre langue au chat ! Et puis, récemment, il y a eu l’épisode de l’hôtel Méridien de Saint-Louis que Pape Diop avait acheté pour y construire un complexe immobilier et que le pouvoir lui avait repris… Serait-il coincé par l’Administration fiscale ? Nous préférons donner notre langue au chat ! Une chose est sûre, l’actuel pouvoir ne manquerait pas de moyens de pression sur l’honorable Pape Moustapha Diop… Il existe aussi un élément à prendre en compte, et que l’on a tendance à oublier : Pape Diop a de fortes attaches à Fatick, ville où il a vécu et a débuté sa carrière comme pompiste, et dans laquelle est né un certain…Macky Sall !
Des députés de BBY en partance vers des prairies pas marron, ni beige
Alors que le ralliement de Pape Diop conforte la mouvance présidentielle à laquelle le président de Guiss Guiss offre une précieuse majorité absolue, nos sources renseignent que les dés sont loin d’être jetés et que Macky Sall devrait surveiller ses troupes pour cette XIVe législature. Des députés de la mouvance présidentielle seraient enclins aujourd’hui à rejoindre Yewwi pour assurer leurs arrières. Pour ce qui est des audiences qui auraient été accordées par le chef de l’Etat à d’anciens ministres de la République, nous sommes en mesure de vous dire que ces informations relèvent de la pure manipulation distillée par les intéressés et leurs lobbies dans un contexte où Macky Sall est acculé de toutes parts. Il se dit même qu’il a le soutien de la France qui aurait mis un veto à un troisième mandat afin de préserver ses intérêts. N’est-ce pas le général de Gaulle qui disait que la France n’a pas d’amis mais des intérêts ?
CES TRISTES RECORDS DONT MACKY SALL NE SE VANTE PAS
Bien avant qu’il n’accède au pouvoir, le président Sall, alors candidat à l’élection présidentielle de 2012, avait proposé aux Sénégalais de procéder à de nombreuses réformes au plan institutionnel s’il était élu. Des promesses qui n’ont jamais vu le jour
Durant ses 10 années passées au pouvoir, le président Macky Sall a eu à réaliser d’innombrables infrastructures. Hélas, cette réussite en termes de constructions et d’équipements n’a pas cadré avec son bilan immatériel caractérisé par des records tristement battus.
Bien avant qu’il n’accède au pouvoir, le président Sall, alors candidat à l’élection présidentielle de 2012, avait proposé aux Sénégalais de procéder à de nombreuses réformes au plan institutionnel s’il était élu. Des promesses qui n’ont jamais vu le jour… Mieux, il a complètement renié son engagement de rupture d’avec des pratiques qu’il avait condamnées et auxquelles il promis de mettre un terme une fois élu. Résultat, il est tristement entré dans l’histoire politique du Sénégal en battant plusieurs records pas du tout flatteurs !
Recordman des promesses non tenues
Les choses ont démarré lorsqu’il avait été plébiscité comme le candidat le mieux placé pour succéder au président d’alors, Me Abdoulaye Wade. En effet, l’actuel locataire du palais de la République, sur un ton ferme, avait fustigé le mode d’élection des députés au système majoritaire ou «Raw Gadou» qu’il s’était engagé à corriger pour plus de démocratie. Il n’en a rien fait. Aussi, en ce qui concerne la désignation des membres du Conseil constitutionnel, sa promesse c’était d’associer l’Assemblée nationale et le Conseil Supérieur de la Magistrature dans le choix des Sages. Une promesse à moitié tenue puisque le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, a eu son mot à dire dans la nomination de membres de cette haute juridiction. S’agissant du ministère de l’Intérieur comme organisateur des élections, tous ceux qui avaient prêté oreille à la promesse de Macky Sall ont eu la surprise de leur vie lorsque, répondant à une interpellation d’un journaliste, il a répété à trois reprises qu’il n’enlèvera pas à ce ministère la mission d’organiser les élections. C’est le même sentiment qui a animé bon nombre de Sénégalais quand le patron de Benno Book Yakaar a usé d’un grossier prétexte pour revenir sur sa décision de réduire son premier mandat de sept à cinq ans. Ce après promis partout, y compris au-delà de nos frontières, sa détermination à réduite la durée de son mandat. Il est vrai que les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient ! Il n’empêche, même devenu président de la République, il avait continué de promettre de réduire la durée de son mandat…avant de prendre prétexte d’un très opportun refus du Conseil constitutionnel pour s’exonérer de sa dette (car la promesse est une dette, n’est-ce pas ?) relative à son mandat. Parlant des corps de contrôle, le successeur du président Wade s’était engagé auparavant à les laisser faire librement leur travail c’est-à-dire sans la moindre pression. La promesse consistait à leur attribuer tous les pouvoirs afin que toutes les personnes épinglées par les rapports répondent devant la justice sur leurs accusations. C’est en cela qu’il avait annoncé sa fameuse phrase « je ne protégerai personne, je dis bien personne». Par la suite, il s’est dédit pour dire : « j’ai mis le coud sur certains dossiers» !
Le seul président à n’avoir jamais gagné la mairie de Dakar...
Tous les présidents qui se sont succédé à la tête du pays ont eu à cœur de contrôler la mairie de la capitale. Dakar, qui polarise le département du même nom, est le plus grand grenier électoral de notre pays. En tant que tel, la capitale a toujours constitué un enjeu politique de premier plan. Sa municipalité, du fait aussi de son budget colossal, a toujours été un moyen pour le parti au pouvoir de réaliser plusieurs projets en infrastructures mais aussi de faire preuve de largesses au plan social. Ce pour gagner en retour la sympathie des populations et bénéficier de leurs voix aux différentes élections. L’actuel président de la République a été le seul à n’avoir jamais pu gagner la mairie de la ville de Dakar. Là également c’est un record qu’il a battu. En 2014, Khalifa Sall a réussi à prolonger son bail après s’être présenté sous sa propre bannière. Accusé d’avoir dissipé 1,8 milliards de francs dans le cadre de l’affaire de la « caisse d’avance » de la ville de Dakar, il a été arrêté, emprisonné, condamné puis radié de ses fonctions de maire en même temps qu’il était déchu de son mandat de député. En 2022, la sanction judiciaire ne lui a pas permis de se présenter aux élections locales pour reprendre son poste de maire Qu’à cela ne tienne son poulain, Barthélémy Diaz, qu’il a proposé comme candidat a conquis la mairie haut la main. Les différents candidats que Macky Sall avait présentés (Aminata Touré puis Abdoulaye Diouf Sarr) ne sont jamais parvenus à lui donner la majorité dans la ville. Ainsi donc, contrairement à ses prédécesseurs, le chef du parti au pouvoir n’a jamais pu mettre la main sur Dakar.
Transhumance, le leadership de Macky confirmé
Dans sa volonté de conforter sa majorité, Macky Sall, une fois au pouvoir, après avoir ligoté une partie du PS et l’AFP et des membres de la société civile, a jeté son filet dans les eaux de l’opposition pour y pêcher des poids lourds électoraux. Cette pratique appelée «transhumance», il l’avait pourtant attaquée quand il était dans l’opposition. Mais devenu président de la République, il n’a pas hésité à retourner sa veste pour qualifier de «légal» ce qu’il avait condamné avec véhémence au nom de la morale politique. Le résultat, c’est que dans toute l’histoire de notre pays, il a été celui qui a accueilli le plus de transhumants dans son parti ou sa coalition. Ses anciens « frères » du PDS, pour la plupart se sont dévêtus de leurs boubous ou robes bleus pour s’habiller désormais en « marron-beige ». Ils sont devenus sans honte bue ses plus grands défenseurs après avoir été ses plus virulents procureurs lorsqu’il avait maille à partir avec l’ancien président de l République. Et cet exercice consistant à faire rallier à sa bannière ses anciens adversaires adeptes du retournement de vestes ou de robes, promus au détriment de ses compagnons de la première heure, n’a fait que raviver la colère du peuple à son encontre.
Cohabitation, une grande première
Comme un tremblement de terre, les résultats issus des urnes lors des dernières législatives sont tombés sur la tête du président Macky Sall, créant un traumatisme total chez les aperistes. Un fait historique, qui pour la première fois se produit dans notre pays. Le parti au pouvoir, l’APR, incapable d’avoir la majorité qualifiée à l’Assemblée nationale ! La suite politique de cette situation inédite, c’est que la mouvance présidentielle est obligée de négocier avec une partie de l’opposition pour avoir le nombre de députés requis pour faire passer ses lois et bénéficier du poste de la deuxième personnalité de l’État. Et là encore, on n’a pas besoin d’aller fouiller dans les archives pour savoir que c’est sous le magistère de l’actuel président de la République qu’une cohabitation…parlementaire s’est instaurée au Sénégal. C’est en tout cas l’expression du peuple à travers son vote de ce dimanche 31 juillet 2022.
Arrestations, un nombre jamais atteint...
N’allez pas croire que la liste des records battus par le président Macky Sall est close. Non. Dans sa stratégie de réduire l’opposition à sa plus simple expression qu’il a annoncée publiquement, il a très tôt mis en branle sa machine à broyer de l’opposant ou de l’activiste. Les premières victimes n’ont été d’autres que les membres de son ancien parti. Après Karim Wade, 42 autres militants et responsables du PDS ont séjourné en prison. D’autres opposants et membres de la société civile comme Khalifa Sall, Barthélémy Diaz, Thierno Bocoum, Mamadou Diop Decroix, Abdou Mbacké Bara Dolly, Cheikhou Oumar Diagne, Guy Marie Sagna, Karim Xrum Xax, Thiat...ont goûté au confort des geôles du président Macky Sall. Ce sous les accusations les plus diverses dont les principales sont le trouble à l’ordre public, la participation à des rassemblements interdits, l’atteinte à la sûreté de l’État, l’enrichissement illicite... Dans tous les cas, le nombre de personnes embastillées sous l’ère Macky Sall est un autre exploit qui vient s’ajouter à cette longue liste de records battus loin d’être exhaustive.
Par Ousseynou NDOYE
MON GÉNÉRAL, VOUS MARQUEZ AINSI L’HISTOIRE DE NOTRE PAYS !
Amiral (Général) Pape Farba Sarr vient de mener avec brio les négociations de paix et dépôt des armes avec le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), dans la plus grande discrétion que l’on reconnaît aux militaires.
Amiral (Général) Pape Farba Sarr vient de mener avec brio les négociations de paix et dépôt des armes avec le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), dans la plus grande discrétion que l’on reconnaît aux militaires. Amiral, vous marquez ainsi l’histoire de notre pays de la plus belle manière par ce haut fait d’armes !
Par cet exploit, vous montrez de manière stratégique l’importance des liens entre la paix sociale, la lutte contre le changement climatique et l’augmentation de la croissance économique du Sénégal en général et de la région du Sud en particulier. Comme vous l’avez bien dit Amiral, nous devons tous prier pour la bonne mise en œuvre de cet accord. Ma modeste contribution qui suit essaie de dégager quelques pistes qui pourraient aider à faciliter la mise en œuvre de l’Accord sur le plan environnemental. En effet, à mon avis, un défi majeur est de trouver des alternatives durables pour le Mfdc car ses membres avaient des revenus illicites qu’ils n’auront plus, d’où un manque à gagner important.
Réduction de la coupe illicite de bois
1-Paix sociale, réduction de la coupe illicite de bois d’œuvre et amélioration des conditions de vie des membres du Mfdc
L’accord qui vient d’être signé permettra la réduction voire l’élimination de la coupe illicite du bois d’œuvre, la lutte contre le changement climatique au Sénégal et l’augmentation de la séquestration de carbone. A cet égard le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (Medd) devrait commencer à explorer le marché international de carbone pour vendre des crédits carbones issus des forêts du Sud. Les revenus générés pourraient être partagés entre l’Etat, le Mfdc et les communautés riveraines.
2-Paix sociale, lutte contre le changement climatique et augmentation de la prospérité rurale
Dans le cadre de l’Accord de Paris sur le Climat signé par le Sénégal il y a un important volet de reboisement à travers les Contributions Déterminées au niveau National. Ce programme de reboisement devrait intégrer les membres du Mfdc et les communautés avec qui le ministère de l’environnement et du développement durable signera des contrats pour effectuer le reboisement et le suivi des arbres plantés jusqu’à leur maturation pour en retour obtenir un droit d’usage commercial sur les fruits des arbres plantés sans détruire les arbres. Les membres du Mfdc et les communautés devraient être associés sur le choix des arbres à planter en privilégiant ceux qui ont des valeurs économiques, sociales et environnementales. On peut citer le ditakh, madd, moringa, anacarde, entre autres, mais également l’arboriculture fruitière.
3-Paix sociale, restauration des paysages, lutte contre la pauvreté et le changement climatique
Un partenariat gagnant-gagnant
Le Sénégal a adhéré à l’initiative pour la restauration des paysages forestiers africains (Initiative AFR100) et s’est engagé à restaurer 2000000 (deux millions) d’hectares de forêts et de terres dégradées à l’horizon 2030. Le retour de la paix devrait permettre un partenariat gagnant-gagnant entre l’Etat, le Mfdc et les communautés riveraines. Le Mfdc devrait être intégré dans les programmes de restauration des forêts et des terres dégradées à travers l’intégration de l’agriculture intelligente et l’agroforesterie créatrice d’emplois verts, de revenus et contribuant à améliorer la sécurité et la souveraineté alimentaire du pays et accroître la séquestration de carbone. Ce volet pourrait également intégrer le renforcement entrepreneurial des membres du Mfdc à travers des structures comme l’Adpme. Cela permettra de les organiser en petites et moyennes entreprises avec des statuts et règlements intérieurs bien élaborés. 4. En conclusion, il y a plusieurs stratégies possibles de mise en œuvre de l’accord mais l’essentiel c’est de viser la durabilité, ce que j’ai essayé de proposer à travers le volet environnemental qui nécessite une collaboration intersectorielle entre le Ministère de l’Environnement, le Ministère de l’Agriculture, le Ministère des Forces Armées, le Ministère du Commerce et celui de l’Industrie. Ces propositions pourraient non seulement faciliter une réinsertion progressive des membres du Mfdc mais également octroyer des revenus et des emplois verts aux jeunes et aux femmes de la région.
Ousseynou NDOYE
Phd Economiste Agricole et Forestier Dakar
Par Abdoul Aly KANE
LE FOUTA ET LES ÉLECTIONS
Le supposé bourrage d’urnes à Podor a créé un débat sur la validité des résultats annoncés par la commission nationale de recensement des votes dans cette zone
Le supposé bourrage d’urnes à Podor a créé un débat sur la validité des résultats annoncés par la commission nationale de recensement des votes dans cette zone. Le dossier faisant l’objet de recours devant les tribunaux compétents (Ndlr, l’intercoalition Yewwi/Wallu a finalement décidé de ne plus déposer de recours devant le Conseil constitutionnel), on ne saurait trop s’avancer faute d’éléments indiscutables.
Le bourrage d’urnes n’est pas propre à une zone géographique, une ethnie, ou un peuple. Jed Bush a été accusé d’avoir bourré les urnes dans son fief de Floride pour faire réélire son frère George président des USA. Mais une chose doit être tenue pour acquise : s’il y a eu bourrage d’urnes, c’est hors la vue des populations, qui n’y seraient donc pour rien. Entre temps, la polémique a dérapé pour se fixer sur le vote ethnique au Fouta. Nous avons estimé important d’apporter notre contribution à ce débat en convoquant l’Histoire.
La stigmatisation des Hal pulaar date de la colonisation. Faidherbe disait à propos : « Les Toucouleurs sont une race intelligente et perfide ; ils ont été viciés par l’islamisme qui les a rendus aussi menteurs et voleurs que les Maures ». On peut dire aujourd’hui que ce trait du colonialiste en chef n’aura pas tenu longtemps.
En effet, depuis le retrait de l’administration coloniale, toutes les politiques de division ethnique et d’échelonnage de citoyenneté sénégalaise (4 communes etc.) ont échoué par la grâce des populations qui ont adopté un modèle de vivre-ensemble cimenté par la religion. On n’entend plus les expressions du type “sama toucouleur bi’’, ou alors ‘’sama ndiaago bi’’ ou plus généralement « lakkekat yi’’, à mettre sur le compte d’une vieille condescendance cultivée par le colon pour mieux diviser. Des conditions de vie difficiles ont poussé les Foutankés à migrer vers la banlieue de Dakar (Pikine, Guédiawaye, Keur Massar) à partir du milieu des années 60, favorisant le brassage des populations. Aujourd’hui, des Haal pulaar y sont choisis par leurs concitoyens comme imams de mosquées et délégués de quartiers. Le mariage exogamique n’est plus une exception dans la majorité des familles du Fouta. Les hommes et femmes du Fouta sont mariés dans toutes les ethnies du Sénégal ; il est d’ailleurs fréquent d’entendre « je suis de telle ethnie, mais ma mère est toucouleur ! ».
En matière de suffrages électoraux, l’histoire du vote au Fouta ne laisse en rien poindre le vote de l’ethnie pulaar en faveur d’un des siens. Le Fouta a soutenu à 100 % le Sérère Senghor durant toute sa carrière politique contre le Saint- Louisien Lamine Guèye champion de l’électorat des 4 communes. Le Fouta n’a pas soutenu le Hal Pulaar Mamadou DIA accusé d’avoir tenté un coup d’Etat contre Senghor et ne lui accorda pas d’attention particulière lorsqu’il passa 13 ans à Kédougou. Le Fouta n’a pas soutenu le Hal Pulaar Oumar WONE du Parti populaire sénégalais (PPS) lors de l’élection présidentielle de 1983 où le médecin officiant à Diourbel n’obtint que 2 146 voix, soit 0,20 % des suffrages exprimés.
Après Senghor, Abdou Diouf le Saint Louisien/ « Ndiambour ndiambour » bénéficiera du vote Foutanké à 100 % jusqu’en 2000 sans pour autant qu’on ait parlé de vote ethnique ou de « néddo ko bandoumisme ». Historiquement, on a commencé à parler de vote ethnique du Fouta lorsque feu Djibo KA sortit avec fracas du PS pour former l’URD en 1996/97. Ce que l’on oublie de dire, c’est que Djibo KA, durement combattu par les cadres Haal pulaar du PS, n’a jamais obtenu plus de 30 % des suffrages au Fouta, quel que fût le type d’élection.
Abdoulaye Wade parvint à gagner au Fouta avec le renfort de ceux qu’on appela les « transhumants » qui détenaient l’essentiel des bases politiques, et dont les plus connus étaient : Adama Sall et Sada Ndiaye pour Matam, Amadou Kane Diallo à Podor. Ces départs massifs du PS avaient conduit feu Ousmane Tanor Dieng à qualifier les Foutankobés d’électorat « tic tac », pour dire que le Fouta est avec vous lorsque vous êtes au pouvoir et il vous quitte lorsque vous le perdez. Wade assoira son emprise sur le Fouta en attirant vers lui Abdourahim Agne qui avait quitté le PS avec ses hommes dont Elimane Kane bien assis dans la région de Matam, et créé le Parti de la Réforme. C’est dire que le sens du vote au Fouta n’est pas guidé par des considérations ethniques mais plutôt par des calculs purs et durs.
Concernant les populations, elles sont mues dans leurs choix par la crainte de la marginalisation, voire de l’exclusion, lors des partages de divers subsides de l’Etat. En définitive, tout cela est lié à la pauvreté de la zone et de ses habitants. Le Fouta post indépendance est délaissé et il n’y a ni infrastructures industrielles ou agro industrielles pour offrir des emplois, ni commerce d’envergure. Pis, les services liés à l’éducation, à la santé ou à la formation ne sont guère performants. L’agriculture, comme partout ailleurs, ne nourrit pas son homme. Le phosphate est exploité dans une grande opacité.
En 2012, le Président Abdoulaye WADE avait collecté moins de suffrages que le candidat Macky Sall. C’était la première fois au Fouta qu’un outsider battait aux urnes le Président en place et Abdoulaye Wade avait obtenu 38 837 voix (38,76%), et Macky Sall 49 928 voix à Matam (49,83 %). Par conséquent, le vote de 2012 ne fut pas ethnique si on se réfère aux résultats de ce premier tour, car le candidat Haal pulaar de père et de mère Macky SALL aura recueilli moins de 50 % des suffrages de cette région.
Avec l’avènement du Président SALL, l’espoir était né du fait qu’il est un natif du terroir et parlant le pulaar. Il fût dès lors perçu comme celui qui allait sortir le Fouta de sa misère. L’histoire nous dira ce qu’il aura été de son magistère concernant les attentes du Fouta. C’est une fois Macky Sall élu président de la République que les responsables politiques du camp présidentiel affichèrent leur volonté de faire du Fouta, le Fouta du seul Président SALL. Des expressions comme « Fouta titre foncier » commencèrent à fleurir. Conclusions En définitive, les déterminants du vote au Fouta ne sont ni l’ethnie ni la langue. Quand bien même le vote aurait un sens ethnique ou régionaliste, nous devons admettre que les responsables puissent avoir des fiefs épousant leurs contrées d’origine. Il n’y a rien d’anormal qu’un Diola se reconnaisse en Ousmane Sonko, un Hal Pulaar en Macky SALL.
Par conséquent, aucune ethnie ni aucune région ne devrait être tenue à l’œil pour le sens de son vote. Il faut en finir avec cette manie de chercher la question ethnique. D’ailleurs, chercher l’ethnie au travers du patronyme serait une chose très compliquée au Fouta. Les Ndiaye, Sarr, DIOP, Ngom, Seck sont des patronymes usuels dans l’ethnie pulaar au Fouta. A Sare liou (on y trouve des Nguirane) ou Ourossoqui les Wolofs et Pulaar coexistant pacifiquement ; il en va de même avec les Soninkés du Damnga Semmé. Compte tenu des liens inextricables entre ethnies au Sénégal, il est permis d’affirmer sans risque de se tromper que les politiciens de tous bords jouant sur la fibre ethnique pour conserver leurs bases perdent leur temps.