SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
9 septembre 2025
Par Momar SAMB
DEBATTRE OU SE BATTRE ?
Le Sénégal et /ou la République déchirée…A mes concitoyens, sachons que notre devoir est d’éradiquer de notre discours tout ce qui relève de la méchanceté, de la haine, de l’arrogance, de la stratégie du «ôtes-toi de là que je m’y mette»
Spectateur engagé depuis les premières années des indépendances des pays africains –que certains contesteront et je respecterai leurs positions–, je dois (la démocratie l’exige), par la liberté d’expression, poser des actes pour que des forums de l’esprit, de l’imagination et des programmes de développement, prennent une place centrale sur la scène politico-médiatique de notre pays.
A mes concitoyens, sachons que notre devoir est d’éradiquer de notre discours tout ce qui relève de la méchanceté, de la haine, de l’arrogance, de la stratégie du «ôtes-toi de là que je m’y mette». Cette vision neuve devrait être la cheville de notre société si complexe ou la quille de notre «gaal» (navire).
Le Sénégal des périodes post-coloniales, débarrassé des rivalités des royaumes, se construit avec la devise républicaine «Un Peuple, Un But, une Foi» et j’ajouterais si je puis me le permettre «Le Dialogue». Mais les récents évènements constitués de rivalités et non de concertations politiques témoignent de la méconnaissance de la «Loi Fondamentale» (La Constitution) et font le lit d’une stratégie de déconstruction.
Un peuple que nous devons chaque jour, chaque minute fortifier par l’instruction, et unifier dans ses diversités en vue du progrès.
Un But pour l’épanouissement du citoyen dans une synergie de nos efforts afin d’atteindre l’inaccessible étoile verte fixée sur l’or (la couleur jaune).
Une Foi inébranlable dans nos cœurs pour que les diversités linguistiques, ethniques, écologiques, géographiques et que les religions s’inscrivent dans l’Unicité.
La République est une et indivisible et toutes les actions des concitoyens devraient éviter la déchirure de ce drap républicain.
Nous devons, à tout moment, parfaire le processus démocratique par l’expression libre des citoyens.
Actuellement les lois et codes en vigueur constituent le seul canevas pour refuser de travestir la démocratie par une majorité en une dictature de la minorité.
Alphabétiser, éduquer, instruire les populations, réfléchir sur l’employabilité de la force de travail de la jeunesse afin d’élever la dignité sont des actions nobles. La politique ne se définit pas par la capacité de nuisance ou par la témérité ou par une guerre des «ego».
Le contexte africain et mondial nous impose de prendre nos responsabilités. Nous devons toujours nous souvenir des actions du Haut fonctionnaire Galaye Blaise Diagne, du député Galandou Diouf et de Dr Lamine Guèye, les guerres mondiales, l’émancipation des indigènes et la défense des droits des autochtones, des actions de Me Lamine Guèye et Président Mamadou Dia, du Président L. S. Senghor pour l’indépendance, la construction de la République et le soutien apporté à la libération de la Guinée-Bissau, des actions du Président Abdou Diouf d’éradication de l’Apartheid, du Président Abdoulaye Wade sur la Libye, le Nepad, l’Union africaine, de l’Ingénieur de conception, le Président Macky Sall sur la guerre Ukraine/Russie. Ces hommes politiques, instruits sans oublier les Pr C. A. Diop, Pr A. Bathily, Pr A.M. MBow, … et nos figures emblématiques (chefs des confréries) n’ont ménagé aucun effort pour conduire notre pays dans le dialogue et le respect mutuel.
Ces confrontations des «ego», menées par des intellectuels et intellocrates, ne semblent d’aucune utilité pour atteindre le progrès économique et social dans notre pays. Je tiens aussi à rappeler que les vociférations, les contestations sur le mandat de n’importe quel élu ne peuvent trouver de réponses que par des élections.
Le Président Macky Sall, ingénieur de conception, élu sur la base du Programme Sénégal émergent (Pse) tente de l’exécuter avec des Sénégalais et des partenaires internationaux (aucun pays au monde ne peut vivre en autarcie et ne dispose de tout, capitaux, technologie, savoir-faire, capital humain ….).
Notre pays est ouvert au monde extérieur et aucun Etat ne peut imposer son point de vue d’où la coopération par le dialogue, la négociation.
La politique se fait avec de l’imagination, de la conception, de la planification, du bon diagnostic des forces et faiblesses et avec des échanges.
Débattons sur nos projets de société pour plus de prospérité et ne nous battons pas pour déchirer notre République.
Le Sénégal avec ses valeureux filles et fils ne mérite pas ce décor planté en 2022.
Ressaisissons-nous pour ne pas affaiblir notre Nation en construction.
Pr. Dr. Ing ès Sci.Géol.
Momar SAMB
UN PARC POUR CAPTER LES JEUNES TALENTS
Promotion de la science et de la technologie, Susciter l’intérêt de la science et de la technologie auprès des élèves pour mieux les armer face aux défis de l’Afrique
La promotion des sciences et de la technologie est un enjeu stratégique comme le montre la Compétition panafricaine de robotique (Parc), qui s’est tenue ce week-end à Dakar Arena de Diamniadio.
Susciter l’intérêt de la science et de la technologie auprès des élèves pour mieux les armer face aux défis de l’Afrique. C’est l’ambition de la Compétition panafricaine de robotique (Parc), qui s’est tenue ce week-end à Dakar Arena de Diamniadio. «L’objectif de cette compétition est de promouvoir l’éducation scientifique, la technologie, l’ingénierie sur le continent africain parce que nous pensons que le levier de développement pour l’Afrique passera par l’éducation scientifique et la technologie», a noté Dr Sidy Ndao, président de la Dakar American University of Sciences and Technology et initiateur de la compétition.
«Le but c’est qu’à travers les ateliers, ils apprennent le codage, la robotique, la mécanique et l’électronique», a-t-il insisté, assurant que les participants ont concouru dans plusieurs domaines. «La compétition compte plusieurs ligues, il y a les stars ligues, ceux qui sont au lycée. Leur challenge c’est l’adaptabilité aux changements climatiques», a-t-il donné en exemple.
«L’un des objectifs c’est de créer des barrières pour limiter les inondations, le second objectif est de trouver des solutions aux très grandes températures, le troisième a porté sur la résilience dans l’agriculture avec les changements climatiques, les variations de température et la perte d’humidité des sols. Il faut trouver des moyens pour cultiver et avoir les mêmes rendements qu’avant. Ils ont créé un robot pour pouvoir faire ces choses-là», a-t-il poursuivi.
Le thème sur lequel se sont penchés les participants pour proposer des solutions au changement climatique et ses effets sur le continent et, de façon générale sur la résilience, cette année, est : «Impact durable.» «L’un des sous-thèmes porte sur les changements climatiques, qui est très important. Il y a aussi tout ce qui tourne autour de l’eau et de la mobilité», a relevé à ce propos l’initiateur.
De jeunes élèves en provenance de 20 pays africains ont participé à l’édition de Dakar, faisant suite à celle d’Accra, l’année dernière. Certaines des 40 équipes de l’édition ont participé en ligne. Des écoles du Sénégal dont le lycée de Diamniadio, l’école d’excellence Mariama Bâ, ont accédé aux finales dans leurs catégories. De quoi réjouir le directeur de l’Enseignement moyen, secondaire général, M. Kandji. «J’appelle tous les acteurs à nous accompagner pour vraiment faire éclore ces talents», a insisté M. Kandji, qui a aussi émis le souhait de dupliquer l’initiative à l’échelle nationale.
Le Parc est un événement annuel qui se tient depuis 2018 avec des équipes en robotique issues des écoles du continent, dans le but d’inspirer les jeunes tout en promouvant l’enseignement des sciences et de la technologie.
LES BIJOUTIERS BLOQUÉS PAR LA TVA
Les producteurs d’or ont accepté de leur réserver une partie de leurs produits. Seulement, le projet tarde à se matérialiser à cause de la Tva.
Les bijoutiers locaux peuvent désormais imaginer leur avenir sereinement. En effet, ils avaient émis le souhait de s’approvisionner localement, pour éviter les fluctuations du marché mondial. Ils obtiennent gain de cause.
Les producteurs d’or ont accepté de leur réserver une partie de leurs produits. Seulement, le projet tarde à se matérialiser à cause de la Tva.
Les bijoutiers voulant la supprimer du prix négocié, vont devoir laisser le gouvernement le temps de la réflexion.
Oumar Sarr, le ministre des Mines et de la géologie, les a rassurés. «L’or produit au Sénégal est majoritairement exporté. On a entendu le souhait des bijoutiers locaux qui veulent une partie de cet or. En même temps, les artisans qui produisent de l’or localement. On estime le chiffre à 5 tonnes produites par les artisans. C’est une production de 200 milliards de francs Cfa par les orpailleurs. C’est parfaitement compréhensible que les bijoutiers locaux veuillent s’approvisionner sur le marché local au lieu d’aller à Dubai ou en Suisse pour s’en procurer. Les industriels sont d’accord pour donner une partie de la production aux bijoutiers locaux. Ils avaient parlé de 500 kg d’or. Mais il faut savoir comment se fera la transaction. Est-ce qu’il faut payer la Tva ou pas ?
On est en train de réfléchir pour trouver le bon moyen. On veut créer un comptoir national qui va capter et vendre cet or à un prix négocié avec les bijoutiers. C’est un projet qui va aboutir rapidement. Nous allons trouver une solution pour la Tva», a expliqué Oumar Sarr, hier en marge de la cérémonie de partage du rapport d’analyse sur les données minières.
Par Yoro DIA
VAGUE DÉMOCRATIQUE ET INTERMÈDES MILITAIRES
Les militaires maliens ont voulu ressusciter la logique de la Guerre froide en s’abritant derrière le parapluie russe, qui est malheureusement troué par la guerre en Ukraine et les sanctions qui affaiblissent leur mentor
Le printemps des coups d’Etat que nous avons connu récemment en Afrique de l’Ouest ne pouvait être qu’un intermède dans la deuxième vague démocratique africaine, partie de Ouagadougou quand les Burkinabè ont fait la révolution pour chasser Compaoré.
La dernière rencontre des chefs d’Etat de la Cedeao, qui a décidé de lever les sanctions après avoir obligé les militaires à remettre l’épée dans le fourreau, marque la fin de ce printemps des coups d’Etat. Un printemps aussi bref que le Printemps démocratique de Prague lors de la Guerre froide.
Ce printemps des coups d’Etat ne pouvait être que de courte durée pour trois raisons. Premièrement : à l’exception de la Guinée (coup d’Etat de règlement de comptes), les putschistes au Burkina Faso et au Mali ne pouvaient légitimer leurs actions que par la détérioration de la situation sécuritaire. Au finish, l’arrivée des militaires aux commandes n’a pas amélioré la situation. Au contraire, elle s’est aggravée. Ce qui n’est pas étonnant parce que ce sont les mêmes armées et les mêmes pratiques, avec le même problème congénital, qui consiste à transformer l’armée non pas en un outil de défense du territoire mais à en transformer une partie en une force spéciale surarmée pour défendre un régime et empêcher les coups d’Etat. C’était le cas au Burkina sous Blaise Compaoré avec le Rsp (Régiment de sécurité présidentielle) ou en Guinée avec les forces spéciales du légionnaire Mamady Doumbouya.
Les armées ne peuvent être efficaces contre les djihadistes à cause de ce détournement d’objectif qui a duré des décennies. Le Rsp a été redoutable pour défendre le régime de Compaoré et pour empêcher les coups d’Etat, mais le reste de l’Armée et ses autres missions ont été négligés et relégués à l’arrière-plan.
Deuxièmement, le printemps de coups d’Etat ne pouvait pas durer parce que les putschistes n’ont pas de forces sociales pour se maintenir, même s’ils peuvent bénéficier, pour parler comme Sandbrook, du «soutien mercenaire» politique de vieux dinosaures politiques comme Choguel Maïga, pour donner un verni idéologique et politique à leurs actions, avant de se rendre compte que les politiciens, de véritables passagers clandestins, les ont plus utilisés qu’aiguillonnés.
Troisièmement, ce printemps putschiste ne pouvait qu’être de courte durée à cause du contexte international qui a radicalement changé. Des indépendances jusqu’à la Conférence de la Baule, on pouvait faire un coup d’Etat et se maintenir en invoquant soit la menace de l’avancée communiste pour avoir le soutien du camp occidental, soit s’abriter derrière la lutte anti-impérialiste pour avoir le soutien de Moscou et du bloc de l’Est. Aujourd’hui, le monde a changé.
Les militaires maliens ont voulu ressusciter la logique de la Guerre froide en s’abritant derrière le parapluie russe, qui est malheureusement troué par la guerre en Ukraine et les sanctions qui affaiblissent leur mentor. Cette victoire de la Cedeao, qui a réussi à imposer aux militaires de meilleurs sentiments démocratiques, va avoir le même effet sur les coups d’Etat que la première vague démocratique partie de la Baule et des conférences démocratiques comme l’a écrit le Général Cheikh Sène à la page 31 de son livre, «Implication des forces de sécurité et de Défense dans le processus de démocratisation de l’Etat au Sénégal» : «Entre 1950 et 2000, 53 pays ont subi 85 coups d’Etat, ayant abouti à des changements de régime. Après une période de répit dans les années 90, le continent africain est celui qui a connu le plus de coups d’Etat dans les années 2000 avec 27 tentatives de putsch.»
En étant ferme jusqu’à obtenir gain de cause sur les militaires, la Cedeao va imposer un nouveau répit parce qu’elle vient de prouver qu’un coup d’Etat est non seulement anachronique, mais contreproductif.
Par Seybani SOUGOU
LÉGISLATIVES, L’ACTE UN DE LA CHUTE DE MACKY SALL
Ce mercredi 29 juin 2022 risquait de plonger le Sénégal, une nouvelle fois, dans le chaos, et de créer les conditions d’une confrontation violente entre le peuple et les forces de sécurité pouvant déboucher sur des pertes humaines
Ce mercredi 29 juin 2022 risquait de plonger le Sénégal, une nouvelle fois, dans le chaos, et de créer les conditions d’une confrontation violente entre le peuple et les forces de sécurité pouvant déboucher sur des pertes humaines.
En acceptant de renoncer à un droit fondamental, constitutionnel (liberté de réunion) et de surseoir au rassemblement prévu ce 29 juin, les leaders de la coalition YEWWI ASKAN WI ont pris l’exacte mesure de la gravité de la situation. Ce faisant, ils ont agi en hommes d’état, avec une clairvoyance et un sens des responsabilités, qui ont permis probablement de sauver des vies humaines.
En affichant cette image de leaders politiques pacifiques, face à un pouvoir fou et des hordes barbares puissamment équipées, et conditionnées pour réprimer à tout bout de champ, de manière aveugle, indiscriminée et totalement disproportionnée des manifestants, YEWWI a su intelligemment éviter le piège du régime afin de démontrer à l’opinion publique nationale et internationale que la violence est indiscutablement du côté du pouvoir.
C’est un fait : le régime de Macky Sall sort terriblement affaibli après les événements du 17 juin 2022, et la répression sanguinaire qui a entrainé la mort de 4 sénégalais.
Tous les segments de la société sénégalaise (étudiants, jeunes, intellectuels, universitaires, salariés, syndicats, organisations de la société civile, etc…) dans un bel élan d’unanimité sont foncièrement remontés contre ce régime liberticide, monstrueux, qui tue et assassine ses nationaux. Après la lourde charge des 51 universitaires contre les autorités administratives et judiciaires, c’est au tour d’Ibrahima FALL, un homme d’état connu pour sa pondération et la rareté de sa parole, de déclarer dans une excellente contribution que le système sénégalais est frappé d’une double illégalité nationale et internationale.
Les termes sont crus, soupesés : « l’interprétation et l’application du code électoral par le gouvernement et par le Conseil Constitutionnel sont tronquées et crisogènes ». Tout un symbole pour le Docteur en Droit Public, qui a occupé de hautes fonctions internationales, en qualité de Sous-Secrétaire Général aux Droits de l’homme de l’ONU, Directeur Général Adjoint de l’Office des Nations Unies et Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour la région des Grands Lacs.
De fait, le régime moribond est cerné de toutes parts et la stratégie consistant à organiser un référendum contre Macky Sall, le 31 juillet 2022 est la bonne. Pour la liste nationale de YEWWI, dont les suppléants seront sur la ligne de départ, le principe est simple : parmi toutes les listes en lice, les électeurs qui veulent voter YEWWI ASKAN WI devront choisir la liste où il n’y a aucune photo. Pour l’électeur, c’est simple et parfaitement identifiable. Pour honorer la mémoire des 4 manifestants lâchement et froidement assassinés par le régime, les sénégalais devront réduire Macky SALL à sa plus simple expression, le 31 juillet 2022. Macky Sall doit payer chèrement le prix du sang versé.
En multipliant les forfaitures et les coups fourrés, Macky Sall tablait énormément sur un boycott par l’opposition du scrutin du 31 juillet 2022, ce qui lui aurait permis de dérouler tranquillement sa machine à frauder. Il devra réviser totalement sa stratégie puisque le scénari visant à arrêter, en amont, les leaders de YEWWI, pour les empêcher de battre campagne a été éventé et stoppé net.
Il ne faut se faire aucune illusion :YEWWI participera au scrutin du 31 juillet 2022.
L’heure est à la mobilisation de tous les électeurs pour abattre le MONSTRE.
L’acte 1 de La chute inéluctable de Macky SALL doit être posé, et ce, dès le 31 juillet 2022.
887,68 MILLIARDS DU PÉTROLE ET DU GAZ DANS LES CAISSES DE L’ETAT ENTRE 2023 ET 2025
Les premières retombées du pétrole et du gaz sont estimées à 887,68 milliards de frs à l’orée 2024.
Les premières retombées du pétrole et du gaz sont estimées à 887,68 milliards de frs à l’orée 2024. C’est dire qu’une année après le début de l’ère d’exploitation des hydrocarbures au Sénégal, notre pays va engranger une importante manne financière qui devrait faire du bien aux caisses de l’Etat terriblement vides par les temps qui courent !
Le document de programmation budgétaire 2023-2025 défendu le 30 juin dernier par le ministre des Finances et du Budget Abdoulaye Daouda Diallo donne les détails sur les recettes devant être tirées par le Sénégal à l’orée du début de l’exploitation des hydrocarbures découverts au large de ses côtes, notamment le pétrole et le gaz. Les estimations de recettes issues de l’exploitation du pétrole et du gaz ont été réalisées en utilisant la version mars-2023 du modèle Fari (Fiscal Analysis of Resource Industries) développé par le FMI. Le prix de référence est calculé selon une méthodologie de calcul reposant sur une moyenne de 13 années intégrant des données historiques et projections officielles indique le document parcouru par le Témoin.
Ainsi, sur la base des hypothèses d’un taux de change $/FCFA fixé à 595,6 FCFA, du prix du baril du pétrole à 90$ et de 10 % du cour du Brent pour le gaz, les projections de recettes attendues de l’exploitation des hydrocarbures, provenant des projets GTA et Sangomar, sur la période triennale tablent sur un montant global de 887,68 milliards FCFA réparti comme suit : - 2023 : 59,16 milliards FCFA ; - 2024 : 327,28 milliards FCFA ; - 2025 : 501,24 milliards FCFA. Toutefois, les services d’Abdoulaye Daouda Diallo indiquent que « suite aux aléas liés à la gestion de la Covid-19 en Chine et aux perturbations de la chaine d’approvisionnement et logistique induites par le conflit russo-ukrainien, des risques de glissement des dates de démarrage de la production pour les projets GTA et Sangomar sont prévisibles avec un décalage potentiel vers 2024. Ainsi, ces risques pourraient impacter les premières recettes issues de la production d’hydrocarbures. En effet, les plannings actuels des projets susmentionnés considèrent un first Gas et un first Oil en 2023. Ce sujet connait un suivi rapproché des services concernés en vue d’une adaptation du cadrage budgétaire ».
Cadre global de l’utilisation des recettes
D’après le ministre des Finances et du Budget, cette manne financière providentielle escomptée par le gouvernement ne devrait pas être dépensée n’importe comment. Les pouvoirs publics ont anticipé sur les orientations précises dans la gestion de cette manne. A ce titre, le cadre global a été mis en place pour l’utilisation et l’affectation des ressources issues du gaz et du pétrole, à travers la loi n°2022- 19 avril 2022 relative à la répartition et l’encadrement de la gestion des recettes issues de l’exploitation des hydrocarbures. Cette loi, en son article 5, fixe les orientations qui sous-tendent la gestion des recettes d’hydrocarbures, ellemême soumise aux principes de sincérité, de transparence, de suivi et de contrôle définis par la loi organique relative aux lois de finances et par la loi portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques. Ces principes visent l’utilisation optimale des ressources avec la prise en charge des questions sociales axées sur le désenclavement, l’équité spatiale, la mise aux normes des hôpitaux, l’accès universel à l’eau, à l’énergie, à l’assainissement et à l’éducation, la lutte contre les inondations et les filières porteurs de l’agriculture pour bâtir une économie résiliente et assurer ainsi l’indépendance et la sécurité alimentaire.
Dans cette optique, les orientations de ladite loi précisent la répartition des ressources d’hydrocarbures entre le budget général (maximum 90 %), le fonds intergénérationnel (minimum 10 %) et le fonds de stabilisation alimenté suivant le mécanisme décrit dans la loi. Les recettes affectées au budget général serviront à financer des projets d’investissement identifiés sur la base des priorités des politiques publiques et des dépenses courantes, notamment celles à caractère social, à l’exception des dépenses de salaires. Ainsi, des dispositifs de gouvernance stratégique et opérationnelle des ressources pétrolières et gazières ont été introduits avec la mise en place du Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (COSPETROGAZ), la création d’un ministère en charge des hydrocarbures et la mise en place d’un Comité technique chargé d’élaborer le cadre de gestion des ressources issues de l’exploitation des hydrocarbures.
LES GRANDS PROJETS GAZIERS ET PÉTROLIERS EN COURS D’EXÉCUTION
– Projet Grand Tortue Ahmeyim (GTA) (Gaz naturel et GNL)
La découverte du gisement de gaz Grand Tortue Ahmeyim (GTA), transfrontalier entre le Sénégal et la Mauritanie, a été réalisée en 2015. Les ressources probables récupérables sont estimées entre 15 et 20 TCF (Trillion Cubic Feet), soit entre 420 et 560 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Les deux Etats ont décidé de développer et d’exploiter conjointement ce champ dans le cadre d’un accord de coopération inter-Etats prévoyant une répartition initiale de 50 % pour chaque pays des ressources extraites, signé le 09 février 2018, révisable tous les 5 ans à compter du début de la production et qui a été suivi par de nombreux autres accords qui l’encadrent. Au plan commercial, une production de 2,5 millions de tonnes par an de gaz naturel liquéfié (GNL) et une autre de 35 millions de pieds cubes jour en gaz domestique sont prévues pour la première phase du projet GTA. – Projet de Sangomar (pétrole) L’exploitation du champ Sangomar permettra de récupérer près de 560 millions de barils de pétrole et 2,4 TcF (Trillion Cubic Feet) de gaz naturel (associé et non associé). Le concept de développement choisi est constitué d’une unité flottante de production, de stockage et de déchargement (FPSO), rattachée à une architecture sous-marine de collecte et de transport des hydrocarbures. La contribution de la société nationale PETROSEN aux dépenses de développement devrait s’élever à environ 756 millions de dollars, financée à hauteur de 450 millions $US par un prêt consenti par Woodside. Un financement complémentaire d’un montant d’environ 270 millions $US a été mobilisé par l’Etat et rétrocédé à PETROSEN durant l’année 2021. – Projet Yakaar-Teranga (Gaz naturel et GNL)
Concernant les découvertes de gaz naturel de Yakaar et Teranga, en rapport avec BP et Kosmos, il est envisagé une phase préliminaire d’une production de 150 millions de pieds cubes jour de gaz naturel destinée au marché domestique. Le projet Yakaar-Teranga s’inscrit dans une stratégie globale de l’Etat du « gas to power ». L’objectif est de satisfaire la demande croissante du pays en électricité à partir du gaz naturel offshore. Source Document d’orientation budgétaire 2023-2025
LE GOUVERNEMENT A FINALEMENT CAPITULÉ SUR LA HAUSSE DES PRIX
Face à la défiance de l’Unacois, la principale organisation de commerçants, les soldats des prix bas se sont finalement enlisés dans la guerre des prix où ils ont montré leurs limites
Courant mars 2022, le président de la République Macky Sall avait décidé, lors d’un Conseil des ministres, de baisser les prix des denrées de première nécessité comme l’huile, le sucre et le riz. Pour faire appliquer immédiatement cette mesure socialement populaire, le ministère du Commerce avait déployé sur le terrain ses bataillons de contrôleurs des prix pour traquer les boutiquiers et autres commerçants véreux. Face à la défiance de l’Unacois, la principale organisation de commerçants, les soldats des prix bas se sont finalement enlisés dans la guerre des prix où ils ont montré leurs limites. Au finish, le gouvernement de Macky Sall a capitulé laissant ainsi pourrir la situation de la hausse généralisée des prix des denrées de première nécessité.
Dans les tous les domaines d’activité, les prix des produits a atteint un niveau record au Sénégal. Mais le secteur de l’agroalimentaire est le plus impacté avec des hausses sans précédent sur les prix de l’huile, du sucre, du riz, du lait etc. Sans oublier les produits de conserve tels que les lentilles, moutarde, les haricots en pots ou en bocaux, le concentré de tomate, les olives et autres pâtes alimentaires dont les prix sont passé du simple au double. Ne nous parlez surtout pas de la guerre ukrainienne ! Car, bien avant cette guerre Russie-Ukraine, qui est venue aggraver la spéculation et la hausse des prix, les commerçants et boutiquiers sénégalais avaient déjà fait flamber les prix des denrées de première nécessité (riz, huile, lait, sucre, farine etc.). D’ailleurs, cette flambée des prix avait poussé le président de la République Macky Sall à prendre des mesures visant à faire baisser les prix de l’huile, du riz et du sucre. Ou, à tout le moins, à les stabiliser à leur niveau antérieur. C’était lors d’un Conseil des ministres.
A l’entame de sa communication ce jour-là, le chef de l’Etat avait rappelé au gouvernement son souci permanent de soulager durablement les ménages sénégalais face à la hausse des prix des denrées de première nécessité. De bonnes mesures que les citoyens « gorgorlous » avaient beaucoup appréciées bien que les baisses annoncées étaient légères. Mais c’était toujours bon à prendre en ces temps de crise ! Et même si la mesure présidentielle était qualifiée de bluff tarifaire, elle demeurait salutaire. Pour preuve, le kilo de sucre en poudre, qui coûtait 625 cfa, passait sur décision de Macky Sall à 600 cfa soit une baisse de 25 cfa/kg. Quant au litre d’huile, son prix passait de 1200 CFA à 1100 cfa soit une baisse de 100 cfa. De même, le riz brisé non parfumé, qui coûtait 15.000 cfa le sac de 50 kg devait se vendre à partir du mois de mars à 13.750 cfa soit une baisse de 25 cfa/kg. Et pour montrer que la paix sociale n’avait pas de prix, le président Macky Sall avait décidé d’allouer une subvention de 32 cfa sur le kilogramme de riz paddy. Ce qui portait le prix au producteur à 162 cfa, le but visé étant d’encourager et de soutenir la production locale de riz. Hélas, malgré l’arrêté ministériel fixant les prix et le folklore médiatique autour du concept « bon prix/juste prix », la réalité du terrain demeurait très têtue. Car, les boutiquiers et commerçants, par souci du gain, refusaient d’appliquer les nouveaux tarifs.
Pour prouver leur refus, leur témérité et leur inflexibilité face à l’application des nouveaux tarifs, ils avaient fait flamber de plus belle les prix du sucre, de l’huile et du riz. Par exemple en ce mois de juillet 2022, le litre d’huile (bouteille) passe de 1.200 cfa à… 1.800 cfa ! Le kilo de sucre, qui se vendait à 650 cfa coûte désormais 850 cfa, le lait en poudre (sachet 400 g) varie entre 1.500 et 1.800 cfa alors qu’il ne coûtait que 1.150 cfa. Le riz, denrée de base pour l’alimentation des Sénégalais, n’en parlons pas ! Car le prix du kilo de toutes les variétés a connu une hausse exagérée. Pour soutenir les commerçants grossistes et autres boutiquiers détaillants dans le non-respect de la baisse des prix, l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois/Jappo) avait organisé une conférence pour inciter ses troupes à la désobéissance. « Appliquer l’arrêté du ministre du Commerce, c’est vendre à perte ! Car il est impossible d’acheter la tonne de riz auprès de l’importateur à 262 000 cfa et la revendre à 264 500 cfa sans prendre en compte les frais de transport de 8000 cfa. Donc c’est inapplicable en l’état actuel ! » fulminait le directeur exécutif de l’Unacois-Jappo, Ousmane Sy Ndiaye, au lendemain de la notification de l’arrêté ministériel plafonnant les nouveaux tarifs de certaines denrées alimentaires.
La déroute !
Malgré la défiance des commerçants de l’Unacois, le ministre du Commerce, Mme Aminata Assome Diatta, avait fait déployer sur le terrain tous ses bataillons de contrôleurs des prix et unités de réserve « tarifaire » pour traquer les boutiquiers et autres commerçants véreux. En tout cas, les agents de la direction du Commerce intérieur multipliaient les opérations de répression dans les quartiers et marchés dans l’optique de veiller au respect des prix plafonnés. Les contrôleurs avaient exigé aux boutiquiers l’affichage des nouveaux tarifs. Malheureusement, cette anarchie des prix s’éternisait au grand malheur des consommateurs. Une anarchie soigneusement orchestrée par des commerçants et boutiquiers spéculateurs ayant pour unique prétexte « la guerre entre la Russie et l’Ukraine ». Aujourd’hui, ces « policiers » des prix en déroute ont finalement déserté le terrain après s’y être enlisés face à la détermination des commerçants véreux. En effet, chaque vendeur pratique des prix à sa propre guise sans être inquiété. Comme quoi, les mesures de baisse prises par le président Macky Sall ont été lamentablement « abrogées » par la vérité des prix. Ou alors la réalité du terrain telle qu’imposée par les commerçants spéculateurs qui dictent leur loi aux pauvres consommateurs laissés à eux-mêmes. D’où la posture d’impuissance des contrôleurs qui ont laissé libre-cours à la flambée des prix.
Une source autorisée de la Direction du Commerce intérieur jointe par « Le Témoin » tient d’abord à féliciter et à motiver les agents du Contrôle économique qui ont réalisé de belles opérations de saisies dans le sens de faire appliquer les nouveaux tarifs décidés par le gouvernement en mars dernier. « Malheureusement, la vérité des prix — ou, plutôt, la loi des commerçants — a fini par déjouer le plan social du gouvernement dans sa volonté de soulager les ménagères » se désole un des cadres de la Direction du commerce intérieur avant de rappeler l’effort exceptionnel consenti par le gouvernement en renonçant à des droits de douane et de tva de 97 milliards cfa pour atténuer le coût de la vie pour les Sénégalais. Le gouvernement qui s’est aussi saigné à blanc pour maintenir les prix de l’électricité et des autres hydrocarbures en les subventionnant à hauteur de 500 milliards de francs. Cela venant s’ajouter, bien sûr, aux 157 milliards F Cfa de soutien aux prix des denrées de premières nécessité (blé, sucre, huile, riz.). Sans compter les transferts monétaires de 43 milliards de frs au profit de 557.000 ménages qui ont reçu 80.000 frs pour chaque ménage. « Malgré toutes ces subventions et autres renonciations aux droits et taxes par l’Etat, la hausse des prix reste conséquente. Car tous les pays de la sous-région ont appliqué la vérité des prix sur tous les produits à savoir le ciment, l’essence, les denrées alimentaires etc. Une situation aggravée par la guerre en Ukraine après le Covid 19. Sans oublier une conjoncture économique défavorable. Donc la seule solution pour éviter ce genre de flambée à l’avenir, c’est de travailler à la disponibilité des produits de base et changer de modes de production et de consommation. C’est-à-dire produire plus et mieux, consommer local tout en boostant les productions de riz surtout avec la subvention de 162 cfa/kilo sur le paddy etc. » indique cette source autorisée du ministère du Commerce. Au-delà de la hausse des prix de denrées de première nécessité, il est fortement probable qu’il y ait d’autres augmentations spectaculaires sur l’électricité et l’eau comme l’avait alerté le Syndicat unique des travailleurs de l’électricité (Sutelec).
Sur le gas-oil aussi sans doute, toutes ces mesures devant intervenir après les élections législatives de la fin de ce mois et la formation d’un nouveau gouvernement. « Vous venez de constater une augmentation sur le prix du super. Et cela va certainement impacter sur le prix du kilowatt parce que nous, nous avons une production fossile à 80 %. Notre production du prix du kilowatt dépend en grande partie des importations en carburant. Ce qui veut dire qu’aujourd’hui, les Sénégalais doivent s’attendre désormais à une éventuelle hausse sur le prix de l’électricité » avait prédit M. Habib Aidara, secrétaire général du Sutelec. Souhaitons que l’histoire ne lui donnera pas raison après les élections législatives du 31 juillet prochain. Mais, comme nous n’en sommes pas encore arrivés là, force est de constater en attendant que le gouvernement a capitulé face à l’artillerie de la hausse exagérée des prix déployée par les boutiquiers et commerçants. Une artillerie plus puissante encore que celle de l’armée russe !
«NOUS SERRER LES COUDES POUR QUE LA VIOLENCE SOIT BANNIE DANS NOTRE ESPACE»
L’université Cheikh Anta Diop de Dakar veut éradiquer la violence constatée en son sein
L’université Cheikh Anta Diop de Dakar veut éradiquer la violence constatée en son sein. Pour son Recteur, Pr Ahmadou Aly Mbaye, les autorités, en collaboration avec les étudiants, vont se serrer les coudes pour que la violence soit bannie à l’UCAD.
Toutes les composantes de l’Université Cheikh Anta Diop se sont rétrouves lors d’une rencontre organisée par la Direction de l’Animation Culturelle et Scientifique (DACS), en collaboration avec la Direction de la Vie Universitaire et des Services à la Communauté (DVUSC), la Direction de la Communication (DIRCOM) et la Direction de la Gestion du Domaine Universitaire (DGDU). Au cours de cette rencontre, les participants ont discuté de la violence récurrente constatée au sein de ce temple du savoir.
Selon le Recteur Pr Ahmadou Aly Mbaye, le rectorat a voulu poursuivre le dialogue initié avec les étudiants et qui a donné de bons résultats. « Nous avons réuni les différentes composantes de l’UCAD, notamment les syndicats, les étudiants et les PATS, pour échanger sur la question de la violence et du rôle de l’étudiant dans l’espace universitaire. On a connu des violences ces derniers mois, mais les amicales globalement ont collaboré avec le Rectorat pour enrayer le problème au campus », a soutenu le Recteur Mbaye.
A l’en croire, ce qui s’est passé tout dernièrement au sein de l’espace universitaire est une intrusion politique. Il a fait part, lors de cette rencontre à laquelle ont participé les étudiants, de sa joie de voir les amicales, de concert avec le Rectorat, dénoncer ces actes de violence survenus à l’UCAD. « Nous allons nous serrer les coudes pour que la violence quelle que soit sa forme et de quel que bord qu’elle vienne soit bannie de notre espace, car elle n’a pas sa place ici. Notre politique de tolérance zéro est plus que jamais actuelle et nous sommes conscients que les risques sont là », a déclaré l’ancien doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion (FASEG). Il a annoncé que les autorités universitaires et les étudiants sont déterminés à dire non à ceux qui veulent faire de la violence et faire de cet espace un lieu de turbulences, de règlements de comptes physiques et de contradictions.
Pour les solutions, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a prévu de mettre en place des moyens usuels pour contrecarrer les faiseurs de troubles, car, selon Pr Amadou Aly Mbaye, l’université est un grand espace. S’agissant toujours des récentes actes de violences, le Recteur a assuré que les auteurs, s’ils sont identifiés grâce aux images reçues, seront sanctionnés. « Tous unis et solidaires, nous allons dire non à cette infime minorité d’étudiants et parfois de non étudiants qui viennent violer notre espace », a lancé Ahmadou Aly Mbaye.
Sur les sanctions, le Recteur a soutenu que nous sommes dans un pays de Droit et les gens sont souvent impatients de voir l’UCAD prononcer des sanctions disciplinaires. Ce qui n’a souvent pas de sens, selon lui. « Nous sommes une institution publique et les décisions que nous prenons sont susceptibles de recours au niveau des tribunaux. Ce qui suppose que nous respections toutes les procédures, nous consacrons tous nos efforts à cela, notamment des moyens humains et logistiques pour que les fauteurs de troubles puissent être identifiés et que les sanctions appropriées soient prononcées », a fait savoir le Pr Mbaye.
LES REMÈDES D’ENSEIGNANTS CONTRE LE SACCAGE DES BIENS SCOLAIRES
Des voix s’élèvent et donnent des pistes de solutions.
Le phénomène des saccages dans les établissements scolaires par des apprenants appelle à un changement des programmes scolaires, mais surtout à repenser l’école sénégalaise dans sa globalité avec une administration forte pour des sanctions lourdes à la hauteur des actes de vandalisme commis par des élèves dans des temples censés leur donner du savoir pour une bonne conduite. Des voix s’élèvent et donnent des pistes de solutions.
«Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leur parole, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux, l’autorité de rien ni de personne, alors c’est là en toute beauté et toute jeunesse le début de la tyrannie», a écrit Platon dans La République. Un dicton bien classique mais plus qu’actuel au Sénégal où la table des valeurs est très inversée avec le phénomène de destructions de biens publics dans l’espace scolaire. Un phénomène qui devient de plus en plus contagieux au niveau national. Le mal est profond voire irréversible. Aujourd’hui, et de plus en plus, les élèves nourrissent une aversion virulente à l’endroit de l’Ecole en tant qu’institution. A la fin de l’année dernière, déjà, tout le monde avait été choqué de voir des apprenants saccager leurs classes pour fêter le début des vacances scolaires. Cette année, le même phénomène s’est reproduit avec les élèves du lycée Ousmane Sembène de Yoff. En 2021, c’est le CEM (collège d’enseignement moyen) de Hann qui s’était tristement illustré lorsque les élèves avaient déchiré leurs cahiers en plein cours, vandalisé leurs classes et piétiné leurs blouses après les compositions. Pour sanctionner ces comportements inacceptables, le conseil de discipline du collège avait statué et proposé l’exclusion définitive d’une quinzaine d’élèves vandales. Malheureusement, le ministère de l’Education nationale avait opposé son véto. Accordant des «circonstances atténuantes» à ces élèves, la tutelle avait préconisé l’organisation d’une rencontre de sensibilisation avec les élèves fautifs, leurs parents et l’administration de l’école. Une chose est sûre : ces élèves du Cem de Hann avaient fait des émules au lycée de Ourossogui où des élèves avaient aussi jeté leurs cahiers et leurs blouses dans une mare d’eau pour, disaient-ils, célébrer les vacances. Sans compter les élèves en classe de terminale de l’école de Jamweli, une commune du département de Vélingara, qui auraient défoncé les portes de leurs salles de classe pour une soirée dansante, avant de brûler les tables-bancs et incendier les logements des enseignants.
Signes de rejet de l’institution scolaire
Autant d’infractions perpétrées par des enfants qui, selon l’universitaire Lat Soukabé Mbow, sont des signes de «rejet de l’institution scolaire. Et pour le cas spécifique de Yoff où les vidéos sont devenues virales sur les réseaux sociaux, «leurs auteurs ne méritent plus d’y poursuivre leurs études», estime-t-il. Mais de l’avis du professeur en éducation civique, Babacar Tall, il faut plutôt un projet d’action éducative. «En ma qualité d’éducateur civique, je vois le chantier qui attend les collègues. Ces enfants doivent être pris par la main et être éduqués dans des projets d’action éducative conduits concomitamment par les enseignants et la communauté éducative», a-t-il plaidé. Il dit la même chose qu’Ibra Ndiaye, inspecteur de l’éducation à la retraite, selon qui l’unique solution, c’est d’éduquer au vivreensemble et à la protection du patrimoine commun. Il donne surtout l’exemple de l’école japonaise où, dit-il, de la maternelle à la terminale, ce sont les élèves qui assurent la propreté de leurs écoles, le nettoyage et l’entretien du mobilier. Ce qui est impensable au Sénégal. Or c’est bien là qu’il faut commencer, soutient notre inspecteur. Il pense que mieux vaut ne pas créer des «monstres» pour éviter d’en punir. L’éducateur Mansour Ciss, lui, rappelle cette recommandation de l’écrivain français Victor Hugo. «Dans cette déperdition, on pense plutôt trouver solution avec des maisons d’arrêt que dans ces recommandations de Victor Hugo : «Ouvrez les écoles, vous fermerez les prisons»!
Une assertion qui demande donc plus d’éducation et de correction à l’école pour éviter la prison aux élèves ». Ces élèves des autres lycées et collèges du Sénégal qui ne sont pas comme leurs camarades de l’école Mariama Bâ, du Prytanée militaire et du lycée d’excellence de Diourbel, comme dit Cheikh Tidiane Diouf de la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Sans prendre de gants, il estime qu’»un tel mal-être ne sera jamais observable au Prytanée militaire de Saint Louis, au lycée Mariama Bâ de Gorée, au lycée d’excellence de Diourbel où on n’enseigne pas seulement. Au Prytanée, à Mariama Bâ et à Diourbel, on façonne des Hommes», dit-il. C’est pourquoi Cheikh Tidiane Diouf pense qu’il est urgent de repenser l’école sénégalaise, et le plus tôt possible. «Plus nous allons attendre, plus le mal sera profond et plus les coûts de réparation seront insupportables pour l’Etat et la société «, a soutenu l’enseignant à la Faseg.
Repenser l’école sénégalaise
Birane Tine, un autre inspecteur de l’éducation, trouve que «l’absence d’autorité, la dégradation de nos valeurs ou de nos bonnes mœurs n’épargnent pas l’école qui, du coup, perd son attractivité. Les seules sanctions ne suffiront pas pour venir à bout du phénomène et d’autres problématiques qui se posent dans notre société. Cette nécessaire réinvention souvent annoncée mais sans cesse différée conduit à des monstruosités. Mais qui pour siffler la fin de la récréation ? Y a-t-il un pilote dans l’avion», s’est-il interrogé tout en plaidant pour un changement des programmes scolaires. «De manière générale, dit-il, il faut dégraisser le mammouth, comme avait dit Claude Allègre parlant des nécessaires réformes structurelles du ministère de l’Education nationale français. Nous pourrions reprendre la formule à notre compte», a-t-il recommandé. Le professeur de français Pr Issa Laye Diaw lui emboîte le pas. «Je crois qu’il est grand temps de repenser l’école, de la réinventer de telle sorte que toutes les parties prenantes y trouvent leur compte. L’enfant n’invente pas. Il imite. Si l’Etat a érigé un ministère, c’est à celui-ci d’opérer à une restructuration en impliquant les acteurs de l’éducation vraiment soucieux de l’avenir des enfants. Cette implication commence par les enseignants expérimentés à qui doivent être confiées des responsabilités qui veillent davantage aux travaux fournis par ceux qui débutent dans le métier craie en zone.
Par ailleurs, ce n’est pas seulement en reconsidérant la masse salariale allouée aux enseignants qu’on résout le problème, même si j’avoue que c’est une source de motivation supplémentaire. S’attaquer au mal par la racine commence par changer le programme. Si vous voulez un «pilote», le voilà métaphoriquement parlant. Les contenus pédagogiques sont obsolètes, les pédagogies non innovantes encore plus. Tant que nous ne nous approprions pas l’environnement immédiat des apprenants, notre métier est voué à l’échec. S’inspirer des techniques occidentales d’apprentissage est une bonne option ; néanmoins, ne sous-estimons pas pour autant notre propre méthode. L’Afrique est naturellement didactique puisque très oraliste. Cette oralité peut aussi s’avérer payante «.
Un mal jugé profond
Dans tous les cas, le mal est très profond avec cette tendance des élèves à démystifier l’école. Pour Mamour Ciss, les paramètres qui encadrent notre société se sont déréglés faisant que l’école aussi a cessé d’être ce temple de correction pour une bonne conduite. «Désormais, les enseignants ont les mains liées. L’enfant a maintenant plus de pouvoirs, plus de droits que celui qui est censé l’éduquer. A la maison, il retrouve aussi des parents complètement démissionnaires. On assiste à une transformation impuissante de notre société devenue vicieuse et sans valeurs cardinales», s’est-il indigné. De l’avis de Babacar Bâ, «l’école est un segment de la société qui, aujourd’hui, traduit le malaise vécu par l’homo senegalensis. Nos enfants copient nos moindres faits et gestes. Il urge d’abord de revenir sur les fondamentaux de nos valeurs d’antan. C’est après seulement qu’on pourra recréer une école axée sur les valeurs citoyennes», at-il proposé. Il dit surtout «ne pas dédouaner ces élèves qui doivent être sanctionnés à la hauteur de la faute commise. Sinon, ils vont remettre ça». Surtout que «»l’inconduite non redressée mène à l’impunité chez l’adulte», dixit l’inspecteur à la retraite Ibra Ndiaye qui affirme que ce phénomène n’est qu’une «culpabilité sociale bien partagée avec une responsabilité des élites énorme. Ces élites qui donnent aussi de mauvais exemples».
Le professeur d’histoire et géographie à la retraire Harouna Ly trouve quant à lui que «la banalisation des faits de société et des discours politiciens ajoute beaucoup à cette gangrène qui se répand. Ce qui fait que nos propres enfants, en général, et nos élèves, en particulier, se sentent tout permis. La dynamique des groupes aidant, quand les enfants se retrouvent dans leur élément, ils cèdent au laisser-aller et au laisser-faire».