Quand on est Jamaïcain, on a souvent le reggae dans ses veines. Yrneh Gabon, l’artiste jamaïcain qui a retrouvé ses racines sénégambiennes en Afrique a, lui aussi, le reggae dans les siennes. Démonstration en images
En matière artistique, Yrneh Gabon, le balante de Jamaïque est n’a pas de limite. Du design, au mix media, de l’art plastique au chant…, il est dans toutes les sauces.
Dans cette vidéo, il révèle ses talents de chanteur sur quelques notes de musique sur les morceaux de Bob Marley, son compatriote comme « Get Up Stand Up » ou encore « Redemption Song ».
Puis, il rappelle comment il a retrouvé ses origines balantes du Sénégal, de la Gambie et de la Guinée Bissau.
Pour mémoire, Yrneh Gabon est un Jamaïcain qui est tombé amoureux du Sénégal depuis quelques années. Il est de retour au pays de la téranga dans le cadre de la 14è édition de l'art africain contemporain de Dakar où il est mis Le Lac Rose au cœur de son exposition.
Né en Jamaïque et vivant aux États-Unis, il a retrouvé ses origines africaines et il n’exclut pas de rentrer défensivement un jour en Afrique. Même s’il n’a envie de rien précipiter.
par l'éditorialiste de seneplus, Jean-Claude Djéréké
MODIBO KEÏTA, PATRIOTE, SOUVERAINISTE ET PANAFRICANISTE
EXCLUSIF SENEPLUS - Il était écouté sur la scène internationale et estimé par son peuple. L’Afrique digne et combattante se souviendra toujours de lui parce que la souveraineté du continent lui tenait à cœur
Jean-Claude Djéréké de SenePlus |
Publication 19/06/2022
Modibo Keïta voit le jour le 4 juin 1915 à Bamako. Le pays ne s’appelle pas encore Mali mais Soudan français. De 1925 à 1931, il commence sa scolarité à l’École primaire urbaine de Bamako. C’est ensuite le lycée Terrasson de Fougère (devenu depuis lycée Askia Mohamed) qui l’accueille en 1931. Trois ans plus tard, il entre à l’École normale supérieure William Ponty de Dakar dont il sort major de sa promotion. Il débute sa carrière d’instituteur en septembre 1938. Son bulletin portait les observations suivantes : “instituteur d’élite, très intelligent mais anti-français, agitateur de haute classe à surveiller de près.”
Modibo Keïta était-il vraiment anti-français ? Non. Il était plutôt anti-colonialiste et nationaliste, C’était un homme digne qui souffrait de voir l’Afrique sous domination coloniale. À cette époque, les Africains ne sont pas autorisés à faire de la politique. Modibo Keïta va contourner l’obstacle en créant avec Mamadou Konaté l’Association des lettrés du Soudan. Dans “L’œil de Kénédougou”, journal qu’il met sur le marché en 1943, il ne se prive pas de critiquer le pouvoir colonial. Que ce soit à Bamako ou à Sikasso, il attaque l’assimilation coloniale, éveille les consciences. Avec son collègue et ami, le Voltaïque Ouezzin Coulibaly, il crée le syndicat des enseignants de l’Afrique occidentale française (AOF). Les colons, qui le voient comme un homme dangereux, ne tardent pas à l’arrêter. Modibo Keïta est condamné à six mois d’emprisonnement. Il purge la moitié de sa peine à la prison de la Santé (Paris) en 1946. L’année suivante, il devient le secrétaire général du premier bureau de la section soudanaise du RDA (Rassemblement démocratique africain). En 1956, il est élu maire de Bamako. C'est dans la même année qu’il intègre l'Assemblée nationale française. Il en sera le premier vice-président africain. Il participe alors à l'élaboration de la loi-cadre Defferre. En juin et en novembre 1957, il est secrétaire d'État dans les gouvernements Bourgès-Maunoury et Gaillard. En 1958, il devient président de l'Assemblée constituante de la Fédération du Mali qui comprend le Sénégal et le Soudan français, puis le chef de gouvernement de la fédération du Mali, le 20 juillet 1960. Mais des divergences naissent entre Modibo Keïta et Senghor. Elles conduiront à la mort de la fédération.
Le 22 septembre 1960, le Soudan français accède à l’indépendance et change de nom. Modibo Keïta est le tout premier président de la nouvelle République du Mali. L’échec de la fédération du Mali ne le décourage pas. Avec Sékou Touré et Kwame Nkrumah, il fonde l’Union des États Africains (UEA), participe à la constitution du Groupe de Casablanca qui milite pour une monnaie, une banque centrale et une armée communes. Mieux encore, il fait inscrire dans la Constitution que le Mali est disposé à abandonnner partiellement ou totalement sa souveraineté pour l’unité de l’Afrique. Ce panafricanisme assumé mais aussi sa volonté de traiter d’égal à égal avec la France et son soutien au Front de libération nationale algérien sont mal vus à Paris et à Abidjan mais Modibo Keïta n’en a cure. Il critique les essais nucléaires menés par la France dans le Sahara. Sur le plan interne, il donne au Mali une monnaie, utilise l’argent du Prix Lenine qui lui a été décerné en 1963 pour offrir à Bamako son premier Centre de protection maternelle et infantile (PMI). En 1966, il cède à la jeunesse malienne son champ de Moribabougou. Son salaire mensuel est de 62 500 F CFA. On lui doit une quarantaine de sociétés et entreprises d’État. Les Programmes d’ajustement structurel (PAS) les feront disparaître toutes. Modibo Keïta avait coutume de reverser au Trésor public le reste de ses frais de mission. Lorsqu’il demande l’évacuation des troupes françaises du territoire malien, c’est l’affront de trop pour Paris qui organise un coup d’État contre lui, le 19 novembre 1968. Moussa Traoré est installé à la tête du pays pendant que Modibo Keïta est conduit au camp de Kidal (au Nord-Est du pays). Les conditions dans lesquelles il est détenu sont épouvantables. Il y rendra l’âme, le 16 mai 1977. Ses geôliers auraient empoisonné la bouillie de mil qu’il avait réclamée à sa nièce et un médecin, Faran Samaké, lui aurait administré de force une piqûre. Le médecin en question se donnera la mort en 1978, emportant son secret avec lui.
Modibo Keïta était écouté sur la scène internationale. Il était estimé et respecté par son peuple parce qu’il était intègre, digne et patriote, parce qu’il vivait simplement. L’Afrique digne et combattante se souviendra toujours de lui parce que la souveraineté du continent lui tenait à cœur. Pour Issoufou Saïdou Djermakoye, ancien secrétaire général adjoint de l'ONU et ex-ministre nigérien de la Justice, Modibo “s'inscrit parmi les géants de l'histoire de l'indépendance africaine”. Il ajoute que “l'Afrique reconnaissante ne l'oubliera jamais, qu’elle continuera toujours à raconter ses hauts faits et le sacrifice qu'il a consenti pour qu'elle aspire à de meilleures destinées”. Pour sa part, Mamadou Dia, ancien président du conseil de gouvernement du Sénégal, le présente comme “un de nos pharaons modernes, qui aura consacré toute son intelligence et toute son énergie à la grande œuvre de reconstruction de l'unité africaine”. De là où il se trouve, il doit certainement être fier d’Assimi Goïta et de Choguel Maïga qui tiennent courageusement tête à la France et sont déterminés à conquérir la vraie indépendance de leur pays.
Depuis son arrivée au pouvoir, Jupiter s‘est fait un devoir de balayer tous les obstacles susceptibles de contrecarrer des ambitions dont l’accomplissement renverserait la démocratie dans notre pays
Un jour, des historiens du quotidien raconteront sans doute avec moult détails l’odyssée rocambolesque d’un président de la république arrivé au pouvoir par le truchement d’un grand malentendu que le destin nous avait malicieusement caché. Il se pourrait même que ce mystérieux veinard grandi dans la misère sociale de son bled d’origine rapporte lui-même – quand sa conscience l’exigera de lui - les chroniques d’une ascension fulgurante strictement encadrée par des lobbies afro-élyséens spécialistes des parrainages fraternels qui perpétuent des intérêts politiques, économiques et stratégiques en Afrique francophone. Dans cette conquête effrénée de pouvoir et d’influence, figure en bonne place l’étouffement de la presse et la maîtrise/orientation de ses centres d’intérêt vers les horizons du superflu. La corruption sera passée par là.
Hyper-puissance
Le Sénégal pouvait se prévaloir jusqu’à une époque récente d’être une des vitrines démocratiques que le continent pouvait encore offrir au monde. Sa démocratie pluraliste et apaisée s’appuyait surtout sur une presse de qualité animée par des personnalités fortes, indépendantes et conscientes de leurs missions au service de la société, des citoyens et des libertés fondamentales face à des pouvoirs tentaculaires et naturellement soucieux d’élargir sans cesse le spectre de leur hyper-puissance.
Aujourd’hui, sa presse – une certaine presse - en arrive à célébrer les performances répressives de policiers et de gendarmes déchaînés contre des citoyens pourtant victimes des abus de pouvoir de l’autorité politique suprême ! Cette même presse – biberonnée par la magie sans traces du guichet automatique de billets – ne choisit pas seulement de reléguer au purgatoire de ses préoccupations professionnelles le meurtre ou l’assassinat de trois jeunes sénégalais à Dakar, Bignona et Ziguinchor. Oui, 3 jeunes gens sont tombés sous les tirs d’agents des forces de sécurité, dans l’indifférence totale de certains organes de presse.
Démocratie bananière
De manière cynique, cette même presse observe également un silence bavard sur les causes fondamentales et premières de cette furie mortelle des policiers et gendarmes : la violation flagrante et assumée par Jupiter et ses sbires de principes élémentaires qui font la démocratie et qui ont pour nom liberté de manifestation, liberté de marche, liberté de rassemblement, liberté d’expression, liberté de culte... C’est la mise entre parenthèse de ces valeurs sociétales indissociables de la démocratie pluraliste qui est factuellement, et jusqu’à preuve du contraire, la cause des désordres ayant cours sous nos yeux. Les atermoiements, justifications précaires et aveuglements n’y changeront rien.
Ce traitement particulier des événements du 17 juin 2022 n’est que le produit de l’offensive permanente du pouvoir visant à contrôler la presse et les journalistes au Sénégal. Cette posture de soumission aboutit à transformer en faits divers les drames de personnes désarmées et fauchées par des tirs de balles réelles – au détriment du bon sens qui doit commander toute doctrine de maintien de l’ordre - les arrestations musclées d’opposants, les bouclages militarisés des domiciles de certains d’entre eux…
Sans limites
Mais le pire de l’agenda de Jupiter avec lequel une certaine presse se rend complice, c’est sa désormais volonté absolue de fouler aux pieds les engagements légaux, politiques et moraux qu’il a pris devant le peuple sénégalais de faire 2 mandats et de partir. Tous les actes qu’il pose semblent converger dans ce sens, le dernier en date étant ce veto du Sénégal (en compagnie du Togo et de la Côte d’Ivoire) contre un amendement interdisant le dépassement de 2 mandats présidentiels dans le Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). La presse en fait-elle un objet pertinent de débat ? Pourquoi ne pas se poser de question sur la cohérence qu’il peut y avoir entre organiser en mars 2016 un référendum populaire dont l’un des pivots essentiels était la « sanctuarisation définitive » du principe des 2 mandats consécutifs dans la Constitution, et l’opposition du Sénégal à la formalisation de ce même principe dans les textes de la Cédéao ?
C’est la défense ouverte et assumée des engagements publics de la plus haute institution de notre pays qui aurait fait l’honneur et la crédibilité de la presse sénégalaise. Depuis son arrivée au pouvoir, Jupiter s‘est fait un devoir – et un plaisir malin - de balayer tous les obstacles susceptibles de contrecarrer des ambitions – longtemps enfouies ou nées en cours de route au gré des délices du pouvoir – et dont l’accomplissement renverserait techniquement et concrètement la démocratie dans notre pays. La machinerie est en marche, elle ne s’arrêtera pas en l’absence d’oppositions diverses.
Salut public
C’est à cette mission de salut public de première noblesse que les journalistes indépendants de notre pays peuvent être invités. Les prébendes et largesses de Jupiter sont certes alléchantes, mais que valent-elles face au changement de nature rampant de la démocratie pluraliste et représentative qui nous a sauvés de tant de soubresauts ? Que valent-elles face à l’égoïsme d’un Jupiter dont la morale se base sur « la fin justifie les moyens », un point un trait ?
Dans le confort institutionnel, administratif et judiciaire que lui garantissent ses relais corrompus dans une bureaucratie d’Etat noyautée au profit de sa volonté de puissance, seuls la presse et le peuple sont en mesure de le ramener à la raison garante de notre sécurité collective. Un dixième des « misères » que les journalistes ont infligé à Me Abdoulaye Wade suffirait pourtant à le remettre à sa place ! Mais le Sénégal a changé, sa presse avec !
par Gado Alzouma
L’AUGMENTATION DE LA POPULATION N’EST PAS UN FREIN AU DÉVELOPPEMENT
Le Niger est beaucoup plus menacé par l’insécurité, la corruption, l’incompétence des dirigeants, les mauvais choix de politiques publiques, les inégalités de toute sorte, etc., que par l’augmentation de la population
Monsieur Kiari Liman-Tinguiri, économiste et ambassadeur du Niger aux États-Unis, a récemment publié dans Jeune Afrique un article1 tout entier consacré à critiquer une tribune2 que j’ai publiée dans le même journal il y a déjà plusieurs mois, notamment l’idée que la croissance démographique est une chance pour le Niger et l’Afrique. Monsieur Liman-Tinguiri nous a semblé souvent mieux inspiré que dans cet article qui souffre de surprenantes lacunes venant de quelqu’un qu’on présente à tort ou à raison comme l’un de nos plus solides intellectuels. Mais à y bien réfléchir, il ne saurait en être autrement car quand on se donne pour tâche de tordre le cou à la réalité, on s’expose inévitablement à de telles déconvenues.
Je réaffirme donc ce que j’avais dit : bien que la population ait plus que doublé au cours des deux dernières décennies, les Nigériens d’aujourd’hui et les Africains en général sont mieux nourris, vivent plus longtemps, sont en meilleure santé et mieux éduqués que ceux d’hier. Ces faits sont inscrits dans les chiffres. Je pense que monsieur Liman-Tinguiri aurait dû commencer par admettre cette réalité que je ne suis pas le seul à reconnaître. Même une institution comme l’Agence Française de Développement (AFD) le dit sans ambages dans un rapport daté de 2021 et intitulé Au Sahel, le développement économique et social est une réalité (traduit de l’anglais par l’auteur) : « Entre 1990 et 2019, dit l’ADF, l'indice de développement humain (IDH) du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a augmenté de manière significative dans la région du Sahel. A +1,9% par an en moyenne sur la période, le taux de croissance de l'IDH était trois fois plus élevé au Sahel qu'il ne l'était dans le monde. Il a également augmenté plus dans cette région que dans les autres pays en développement ou régions du monde — presque deux fois plus, en fait — notamment par rapport à l’Asie du Sud, l’Amérique latine et même le reste de l’Afrique ». Or, la région du Sahel est aussi la région où la croissance démographique est la plus rapide au monde. C’est ainsi qu’au cours de la période mentionnée (1990-2019), la population y est passée de 155.111.857 d’habitants à 342 017 998 d’habitants, soit plus que le double.
Au regard de ces chiffres impressionnants (une croissance démographique rapide couplée à une croissance économique encore plus dynamique, de l’ordre de 4 à 5% avec des pics jusqu’à 7 ou 8% dans certains pays), on ne peut décemment soutenir que la forte augmentation de la population est un frein au développement.
Monsieur Liman-Tinguiri croit trouver dans la comparaison entre le revenu moyen français et le revenu moyen nigérien, tels qu’ils étaient en 1961 et plus tard en 2020, la preuve que mon « plaidoyer populationniste » ne tient pas la route. « L’argument est d’autant moins convaincant, dit-il, que le niveau de vie a augmenté davantage là où la croissance de la population a été beaucoup moins rapide que la nôtre ». On n’aurait rien à redire à cette thèse si l’auteur ne s’était avisé de prendre des libertés avec la méthode scientifique en sélectionnant soigneusement le cas qui accrédite sa thèse tout en passant sous silence les nombreux exemples qui la contredisent. Surtout que comparer le Niger à la France, dans ce cas précis, n’est pas très judicieux. Il aurait fallu comparer la France à des pays de niveau de développement semblable.
Or, de tous les pays européens, la France a l’un des taux de croissance démographique les plus élevés (de l’ordre de 0,3% ; au 17eme rang sur 47 pays classés). Ce qui accréditerait donc ma thèse (bien que ce ne soit pas exactement ce que je dis) plutôt que la sienne. Alors que tous ses voisins sont maintenant passés en dessous du seuil de renouvellement des générations (2,1 enfants par femme en âge de procréer), la France maintient une fécondité relativement dynamique. Si monsieur Liman-Tinguiri avait voulu donner plus de force à son argumentation, il aurait pu choisir l’Allemagne qui a un taux de fécondité plus faible (1,54 enfants par femme en âge de procréer contre 1,86 pour la France) tout en maintenant une croissance économique plus dynamique et un revenu par habitant plus élevé. En revanche, l’Italie, qui connaît une baisse dramatique de sa population (avec un taux de fécondité de 1,33), a un revenu par habitant plus faible et ne fait pas aussi bien économiquement que l’Allemagne (0,1% de taux de croissance économique contre 0,2% pour l’Allemagne) ou même l’Espagne (0,3% de taux de croissance économique) qui se trouve pourtant dans la même situation démographique (taux de fécondité de 1,33). On voit donc qu’en s’appuyant sur la thèse de monsieur Liman-Tinguiri, on peut aisément soutenir une chose et son contraire. Or, toutes choses étant égales par ailleurs, nous devrions observer les mêmes tendances si l’argument de Monsieur Liman-Tinguiri avait le moindre soubassement scientifique.
Plus loin, monsieur Liman-Tinguiri enfonce le clou en adoptant exactement la même démarche malheureuse et totalement désinvolte (au point qu’on hésite à lui répondre sur cet aspect pour ne pas tomber dans le même travers) et qui consiste à choisir au pied levé les cas qui accréditent sa thèse en passant sous silence ceux qui la contredisent. Cette fois-ci, il prend les exemples du Sénégal, du Bénin, de la Guinée et du Nigéria qu’il présente tous comme des pays ayant connu une croissance de leurs revenus plus élevée que le Niger en raison d’une fécondité plus basse. « Ces quatre pays, dit-il, ont en commun d’avoir un taux de croissance de la population inférieur d’au moins un point à celui du Niger (3,8 %) en 2020 avec 2,5 % au Nigeria, 2,7 % au Sénégal et 2,8% au Bénin et en Guinée ». Il a sans doute échappé à Monsieur Liman-Tinguiri que quand on classe les pays africains selon le revenu par habitant, ce n’est pas le Niger (qui a pourtant le taux de croissance démographique le plus élevé) qui est le dernier. Le Niger se classe devant plusieurs pays dont la République Centrafricaine dont le taux de croissance de la population est de deux (2) points moins élevé que le sien. Ce qui aurait donc boosté son développement et l’aurait placé devant le Niger si la thèse de Monsieur Liman-Tinguiri répondait à une logique autre qu’idéologique. On note également le cas du Malawi avec un taux de croissance démographique de 2,69% (plus d’un point en dessous du Niger) et un revenu beaucoup moins élevé que celui du Niger. On peut aussi citer Madagascar avec 2,68% de taux de croissance démographique contre 3,8% pour le Niger et un revenu par habitant moins élevé que celui du Niger : 565 dollars en 2020 pour le Niger contre 506 dollars pour Madagascar. Figure également dans cette liste la Sierra Léone : 2,10% de taux de croissance démographique et un revenu par habitant de l’ordre d’un peu plus de 490 dollars, soit beaucoup moins que le Niger, etc. Ici encore, on peut soutenir la thèse de Monsieur Liman-Tinguiri comme on peut la réfuter allégrement selon l’exemple qu’on choisit de donner.
Au lieu donc d’utiliser le revenu par habitant qui n’est qu’une moyenne, d’ailleurs critiqué par Amartya Sen (dans Development as Freedom) aux thèses duquel Monsieur Liman-Tinguiri dit pourtant souscrire, ainsi que par le PNUD qui l’a abandonné comme seul critère pour juger de la performance des pays en matière de développement (et ce, depuis…1990 !), il vaut mieux s’en remettre à des indicateurs plus fiables tels que l’espérance de vie, le taux de pauvreté, le taux de scolarisation, etc. Ce que j’ai fait.
Monsieur Liman-Tinguiri me reproche aussi d’avoir dit, sur la base des chiffres fournis par l’INS (Institut National de la Statistique), que la pauvreté reculait au Niger : « Alzouma Gado ne semble pas réaliser que malgré la baisse du taux de pauvreté, il y a aujourd’hui plus de personnes pauvres au Niger que jamais auparavant ! Et pourquoi ? Parce que la population augmente plus rapidement que la baisse du taux de pauvreté ». Ici, vous aurez remarqué que monsieur Liman-Tinguiri insiste sur l’augmentation des chiffres absolus. Or c’est seulement la baisse du taux de pauvreté qu’on peut tenir pour réellement significative et c’est surtout l’évolution de ce taux que tous les rapports sur la pauvreté s’attachent à examiner chaque année. En revanche, le nombre d’individus pauvres peut bien augmenter en chiffres absolus dans une population sans que cela ait une incidence négative sur le taux de pauvreté. Ce nombre peut même augmenter pendant que la pauvreté recule au sein de la population générale tout simplement parce que la population générale aura augmenté plus vite entre-temps. En chiffres absolus, un pays peut compter plus de pauvres que la population entière du Niger tout en étant considéré comme moins pauvre que le Niger parce que le taux de pauvreté y serait moins élevé en proportion de la population d’ensemble.
La thèse de monsieur Liman-Tinguiri revient à dire que la pauvreté augmente parce que la population croît au lieu de diminuer. Or cette assertion est fausse. Comme partout ailleurs dans le monde, la fécondité tend à baisser au Niger même si la population continue d’augmenter en chiffres absolus. En effet, le rythme auquel la population augmente tend à baisser tout comme un coureur de fond avance tout en ralentissant dans les derniers kilomètres avant de s’arrêter. On note par exemple que le taux de fécondité dans l’EDSN (Étude Démographique et de Santé au Niger) de 2012 était de 7,6 enfants par femme en âge de procréer alors qu’il n’est plus que de 6 enfants par femme dans l’EDSN de 2017 et cette tendance à la baisse continue de la fécondité se confirmera certainement dans les enquêtes à venir.
En outre, partout dans le monde, c’est un relatif développement économique et une amélioration des conditions de vie des populations et d’autres facteurs tels que l’urbanisation qui ont entrainé une baisse de la fécondité. À l’inverse, penser que le développement économique résultera mécaniquement d’une baisse de la fécondité soutenue par des politiques antinatalistes me semble une absurdité.
Par ailleurs, monsieur Liman-Tinguiri soutient que « l’augmentation de l’espérance de vie à la naissance ne signifie pas qu’une proportion très grande de Nigériens vivent aujourd’hui très longtemps : les plus de 65 ans ne représentaient en 2020 que 2,60 % – 628 000 personnes pour une population de plus de 24,2 millions ». Il a sans doute échappé à Monsieur Liman-Tinguiri que la pyramide des âges au Niger est caractéristique d’une population jeune avec une base élargie et un sommet nécessairement rétréci en raison de la forte natalité et de la baisse de la mortalité infantile et infanto-juvénile. Nonobstant cette circonstance, il reste certain que l’espérance de vie augmente dans toutes les tranches d’âge et qu’une proportion plus grande et toujours croissante de Nigériens vit au-delà de 65 ans. Le rythme auquel le nombre de vieillards augmente s’est d’ailleurs accéléré ces dernières années car le taux des plus de 65 ans est passé de seulement 2,50% de la population en 2010 à 2,75% aujourd’hui. Dans le passé, il nous aurait fallu 20 ans au lieu de 10 pour assister à une telle évolution puisque le pourcentage des plus de 65 ans n’est passé que de 2,30% en 1990 à 2,50% en 2010.
Je pense qu’il s’agit là d’une évolution positive pour nous. En Afrique, et plus particulièrement au Niger, pour l’instant les tendances démographiques n’indiquent pas, comme ailleurs dans le monde, un accroissement plus élevé des inactifs mais vont vers un accroissement de plus en plus élevé du nombre de personnes actives. En d’autres termes, plus on avance dans le temps, plus le fameux « taux de dépendance économique » tend à baisser. En raison du fait que l’espérance de vie augmente et que tout ceci est croisé à une lente baisse de la fécondité, il en résulte une augmentation de la population active et une baisse relative des inactifs ; ce qui est l’idéal recherché. Ce, d’autant plus qu’il s’agit ici de jeunes qui sont aussi des consommateurs, de futurs travailleurs et de futurs créateurs. Ce sont les jeunes qui ont des aspirations à la consommation élevées (par exemple s’acheter un moyen de déplacement, une maison, un smartphone, des vêtements de toute sorte, s’adonner aux loisirs (services), etc.) et ceci ne peut que soutenir la croissance.
Il est donc faux de claironner que le Niger va vers la catastrophe en raison du nombre de jeunes que les budgets sociaux, supposément, ne pourront pas supporter dans l’avenir. Le Niger est beaucoup plus menacé par l’insécurité, la corruption, l’incompétence des dirigeants, les mauvais choix de politiques publiques, les inégalités de toute sorte (y compris de genre), etc., que par l’augmentation de la population qui est plutôt un atout. Ceux qui ne trouvent que les comportements reproductifs de nos populations à blâmer pour mieux dissimuler ces vérités gênantes (et surtout leur incurie) se contentent de transposer les chiffres du présent dans l’avenir sans prendre en considération les tendances d’évolution des autres facteurs qui, eux aussi, sont en train de changer. Ils répètent inlassablement que la population double tous les 18 ans tout en oubliant de dire que ce n’est pas seulement la population qui aura augmenté dans 18 ans mais aussi très probablement tous les autres facteurs : production agricole ; PIB ; espérance de vie ; taux de scolarisation ; baisse de la mortalité ; etc., qui auront concomitamment évolué.
C’est pour cette même raison que le Niger d’aujourd’hui se trouve dans une meilleure situation qu’il n’était en 1980 bien que la population ait plus que triplé entre-temps. Or, nous avons toutes les raisons de croire que ce qui est vrai du passé le sera aussi du futur.
Le mot "Juneteenth", est la contraction des mots anglais "June" (juin) et "nineteenth" (dix-neuvième), c'est à dire le 19 juin. Les célèbres musiciens Aretha Franklin, James Brown, Stevie Wonder et James Brown l’évoquaient déjà dans les années 1960 et 70 comme le Jour de l’abolition de l’esclavage.
Pourtant, la fin de l’esclavage a été promulguée par le président Abraham Lincoln avec la Proclamation d’Emancipation actée le 22 septembre 1862 et entrée en vigueur dès le 1er Janvier 1863.
Mais si la Proclamation d’Emancipation du président Lincoln marqua la fin de la guerre civile entre les armées de l’Union (gouvernement fédéral) et celles de la Confédération (rebelles pro-esclavagistes), elle ne libéra pas pour autant les quelques quatre millions d’Africains alors asservis à l’époque.
Elle ne concerna d’abord que les esclaves des États du Sud dont les territoires étaient occupés par les troupes de l’Union.
C’est seulement le 19 juin 1865, près de trois ans plus tard, que la nouvelle parvint au Texas, bastion de la Confédération: "Le peuple du Texas est informé qu’en application de la proclamation du Président des Etats Unis, tous les esclaves sont libres... Les personnes libérées sont appelées à rester tranquillement à leurs postes et à travailler contre salaire".
Les 250 000 esclaves du Texas s’émancipèrent immédiatement et la nouvelle se répandit très vite à l’ensemble des Etats esclavagistes.
A l’origine, les célébrations de Juneteenth prenaient la forme de festivals avec des parades de cowboys, métiers de beaucoup de jeunes Noirs du Texas à l’époque. La cuisine du pays avec des condiments, des fruits et des desserts de couleur rouge était mise en valeur. Manière, dit-on, de rappeler le sang versé par les ancêtres et le retour aux traditions culinaires africaines.
Avec la Grande Migration des Noirs du Sud vers l’Est et l’Ouest du pays, à partir des années 1910, la tradition de Juneteenth gagna tout le pays.
Mais elle ne s’imposa dans le calendrier national qu’au bout d’une longue lutte amorcée par le Mouvement pour les droits civique des années 1960.
En 1979 le Texas l’institua comme jour férié chômé et payé à la suite de l’adoption par l’assemblée étatique du projet de loi du député de Houston, Al Edwards.
En 1994, le District de Columbia (la capitale fédérale) et 43 autres Etats l’inscrivent au calendrier de leurs fêtes officielles à la suite du plaidoyer d’une coalition d’églises noires et de personnalités du monde de la culture dirigées par le pasteur et musicien Ronald V. Myers.
Le projet de loi adopté par le Congrès le 16 juin 2021 et proclamée par le Président Biden le lendemain inscrit désormais Juneteenth dans le calendrier des fêtes nationales américaines.
LÉGISLATIVES, LE REPORT OU LE CHAOS
En refusant de se soumettre à la décision du Conseil constitutionnel qui n’est pas susceptible de recours, l’opposition ouvre une brèche pour un possible report des élections et la prolongation de fait de la majorité présidentielle
En refusant de se soumettre à la décision du Conseil constitutionnel qui n’est pas susceptible de recours, l’opposition ouvre une brèche pour un possible report des élections et la prolongation de fait de la majorité présidentielle. Certains pensent toutefois qu’il est encore possible de sauver la face, en enterrant la décision du Conseil constitutionnel.
Jour après jour, le Sénégal avance vers le gouffre. Avec des acteurs politiciens qui ne semblent mus que par leurs intérêts individuels et égoïstes, après avoir été coupables de ‘’légèretés flagrantes’’ dans la confection de leurs listes. Coordonnateur des non-alignés, membre du Dialogue politique, Déthié Faye tient à souligner cette évidence. Il peste : ‘’Dans tous les cas de figure, personne ne pourra disculper les acteurs politiques qui ont commis des erreurs sur leurs listes et qui nous ont menés dans cette situation d’impasse. Ça, il faut bien le souligner. En réalité, ce n’est pas le Conseil constitutionnel qui est à l’origine de cette situation, comme certains veuillent nous le faire croire. Ce sont les mandataires qui ont fait preuve de graves légèretés, d’amateurisme et de calculs politiciens. C’est très facile de vouloir tout rejeter sur le Conseil constitutionnel, pour embarquer l’opinion dans la bataille’’.
Cela dit, l’ancien membre de Yewwi Askan Wi estime qu’on a aujourd’hui atteint un point de non-retour. Celui qui préconisait le respect de la décision de justice a un peu évolué dans sa position, mais sans beaucoup d’espoir. Pour lui, les options ne sont pas non plus nombreuses. ‘’Soit on se soumet à la décision du Conseil constitutionnel, soit c’est le report. Il n’y a pas d’autre alternative, à mon avis. Personnellement, compte tenu de la tournure des événements et du fait qu’une bonne frange de l’opinion trouve que cette décision du Conseil constitutionnel n’est pas conforme à la justice, je pense que le report peut être un moyen de sortir de cet imbroglio. Mais il faut reconnaitre que c’est très difficile, avec ce niveau d’escalade’’.
Pour sa part, Alioune Tine estime que le report n’est pas la seule solution. Il faut plutôt s’assoir autour d’une table et dialoguer, pour sauver ce qui peut encore l’être. ‘’C’est la seule issue que j’entrevois, insiste-t-il. Il faut se concerter pour trouver une solution politique consensuelle, acceptable pour tous. Ce qu’il faut corriger, c’est des détails qu’on peut régler sans arriver au report. Je le répète afin que nul n’en ignore. Nous ne sommes pas à l’abri de ce qui se passe ailleurs. Au Mali, des élections législatives contestées ont abouti à l’effondrement de la Cour constitutionnelle, de l’Assemblée nationale et au coup d’État militaire. On n’est jamais à l’abri. Il faut discuter pendant qu’il est encore temps’’.
Quoi qu’il en soit, c’est l’État de droit et la démocratie sénégalaise qui risquent d’en pâtir, quelle que soit la solution trouvée. Si continuer le processus comme si de rien n’était ouvre la voie à un avenir sombre aux conséquences incertaines, accepter ou reporter les élections constituerait une prime à la rébellion contre les décisions de justice. Ce qui serait un sacré coup, à la suite des événements de mars 2021. Mais la paix et la stabilité en valent le coût, selon nos interlocuteurs. Alioune Tine : ‘’Quand l’application du droit peut aboutir à des tensions, à des conflits et à l’effondrement des institutions, il faut dialoguer pour changer les choses. Les logiques et enjeux dépassent les élections législatives.’’
Comment en est-on arrivé là ? Il faut souligner qu’au Sénégal, la soumission des hommes politiques à la loi, majorité comme opposition, est très aléatoire. La plupart pensent en démocrates, mais agissent tous les jours en véritables dictateurs ou anarchistes. Pour Déthié Faye, il faut regretter cette propension des acteurs politiques à ne pas se conformer aux décisions de justice, nationales comme internationales. Rappelant que l’État a été le premier à violer la décision d’une haute juridiction, la Cour de justice de la CEDEAO, il fulmine : ‘’Le problème fondamental, c’est que les gens défendent toujours, contre vents et marées, leur chapelle. Voilà pourquoi ils perdent toute objectivité. Pour eux, seul ce qui est conforme à leurs convictions est juste. Et c’est une grande faiblesse.’’
Revenant sur les griefs contre les sept sages, le non-aligné précise : ‘’Je comprends certes les reproches. Mais il faut reconnaitre que le Conseil constitutionnel avait une question difficile. Soit les juges pensent que la liste est une et indivisible, alors la solution, c’est l’irrecevabilité pour les deux coalitions. Aucune ne va participer. Soit ils considèrent que l’une peut aller sans l’autre et que la non-conformité de l’une n’entraine pas celle de l’autre, pour couper la poire en deux. Heureusement pour les deux coalitions, le conseil, peut-être pour ne pas en arriver à cette solution extrême, a préféré cette interprétation de la loi qui fait l’objet de beaucoup de controverses, en s’appuyant sur certaines dispositions comme l’article L173 qui parle de listes au pluriel. C’est ça aussi la réalité.’’
En définitive, on est dans une situation où les seules options qui se présentent, comme le suggère le coordonnateur des non-alignés, c’est soit le report, soit le respect de la décision du Conseil constitutionnel. Et si l’on se fie aux différentes sorties de l’opposition, il est hors de question d’aller aux Législatives en l’état. Ce qui laisse présager, pour beaucoup, un choix pour le report.
Mais à qui profite le report ? Pour Déthié Faye, ‘’cela va profiter à tout le monde. Car, il aurait permis de faire baisser la tension à zéro’’.
par Cheikh Omar Diallo
ASTRAGALE POUR LE SÉNÉGAL, ÉLECTIONS LÉGISLATIVES EN SUSPENSION
EXCLUSIF SENEPLUS - L’exception sénégalaise est-elle en déclin ? Le Sénégal est-il déjà une Nation décadente qui s’ignore ? Nos hommes politiques (pouvoir et opposition) jouent avec le péril… démocratique
Si nous ne prenons garde, face à l’impasse politique, le Sénégal basculera inexorablement dans un cycle de violences meurtrières. Mais tôt ou tard, le contentieux électoral pénal et le contentieux de la loi électorale se videront autour de recours gracieux. Autant faire, dès à présent, l’économie de pertes en vies humaines, en trouvant une voie de sortie à la crise pré-électorale liée aux législatives du 31 juillet 2022. Quelles que fussent les circonstances qui les avaient amenés à se radicaliser, pouvoir et opposition doivent placer le Sénégal au-dessus de tout.
Jusque-là, le Sénégal est encore cité parmi les pays les plus stables d’Afrique...
Il est également l’un des premiers à avoir expérimenté avec chic et bonheur la démocratie, après l’épuisement de la théorie des quatre courants sous Léopold Sédar Senghor, l’ouverture du multipartisme intégral sous Abdou Diouf, l’avènement de la première alternance démocratique sous Abdoulaye Wade, et la consolidation de la deuxième alternance sous Macky Sall.
Cependant, il faut avouer que le Sénégal a toujours vécu sous un climat politique mouvementé, un front social en ébullition, une jeunesse urbaine survoltée, le tout tempéré par une régulation discrète des anges-gardiens du clergé musulman et catholique.
En ce mois de juin, historiquement électrique au Sénégal, les populations déjà lobotomisées, sont catapultées dans une météorologie chaude et capricieuse. Face à la tempête politique, chaque citoyen digne de ce nom doit se poser la question contenue dans le fameux vers d’Ausone « Quel chemin [démocratique] suivrai-je ?»
Notre vitrine démocratique est-elle craquelée ? L’exception sénégalaise est-elle en déclin ? Le Sénégal est-il déjà une Nation décadente qui s’ignore ? Notre rêve pour un avenir meilleur est-il piétiné ? Sommes-nous encore les dignes héritiers des générations passées ? Notre écriture politique est-elle toujours belle et lisible ?
Ces temps derniers, le rêve sénégalais a été déshonoré, déchiré et piétiné. Piétinés, déchirés et déshonorés l’ont également été nos nombreux sacrifices consentis pour bâtir notre nation. Ces derniers temps, le tissu sénégalais s’est effiloché du fait de la violence physique et verbale, de la haine de soi et de l’autre, de la méfiance des uns et de la défiance des autres.
Face à la montée des périls d’un monde incertain, au lieu de renforcer nos idéaux républicains et démocratiques, nos hommes politiques sénégalais (pouvoir et opposition) jouent avec le péril… démocratique, oubliant que le Sénégal n’a jamais été aussi grand que lorsqu’il se donne en exemple au monde.
« Le pays de la Teranga » n’est pas que 17 millions d’habitants. Le Sénégal, c’est aussi une certaine idée de la démocratie en Afrique, une certaine noblesse du monde, une certaine manière de faire humanité ensemble. Tant et si bien qu’à la fin notre démocratie ne nous appartient plus.
Le parrainage a échappé à son instigateur
Il est vrai que les institutions sénégalaises comptent encore parmi les plus stables et les plus solides d’Afrique. Pour autant, elles peuvent être perfectibles dans un double souci de consolidation des acquis et de l’efficacité démocratiques, au profit exclusif du peuple. C’est dans cette filiation qu’il faut inscrire le concept du parrainage politique. Les concepts échappent souvent à leur créateur. Nous avons humblement conçu et théorisé le système du parrainage politique. Mais comme la créature du Dr Frankenstein, il nous a échappé...
Dans notre raisonnement de Docteur en Sciences politiques et de chercheur en Droit constitutionnel, le parrainage devait se limiter uniquement à l’élection présidentielle. C’est d’ailleurs la substance de l’interview accordée au journaliste Pape Sambaré Ndour [Observateur du 13 mars 2017]. Sans rien divulgâcher !
Lecture à rebours
« Dr Cheikh Diallo, douze mois avant l’entrée en vigueur du parrainage, vous aviez été le premier à en parler dans nos colonnes. Votre commentaire ?
En effet, c’est dans votre journal que j’ai testé et conceptualisé, en mars 2017, le parrainage intégral. A l’époque, je tablais sur 0,5 % du corps électoral. Un an plus tard, le législateur l’a adopté dans une fourchette de 0,8 à 1%. Les faits m’ont donné raison. Aujourd’hui, plus de 80 candidatures à la candidature. Grâce à l’instrument juridico-politique qu’est le parrainage citoyen, nous ne dépasserons pas 8 à 10 candidats en 2019 [à la présidentielle].
On peut dire que vous avez été entendu et suivi…
Exact ! Là où bat le cœur de la République, le message a été reçu 5 sur 5. Toutefois, je n’en tire aucune gloire particulière. Le mérite revient à celles et ceux qui ont porté la loi à bout de bras, je veux parler des représentants du peuple et de l’initiateur du projet de loi : en premier lieu, le président Macky Sall et son ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, (…) mon directeur de thèse de doctorat en Sciences politiques.
Dans la même étude, j’allais plus loin, en soutenant la suppression de la caution présidentielle et je proposais le financement public des candidats à la présidentielle. Sur ces deux points, je n’ai pas encore été suivi ».
Telle est ma part de vérité historique.
Sans vouloir jouer les haruspices avertis, à quelques semaines des élections législatives les plus controversées de l’histoire politique du Sénégal, face d’une part aux amateurs du désastre et du chaos et face d’autre part aux partisans de l’élimination directe, la bataille s’annonce impitoyable, féroce, voire sanglante, au détriment du peuple sénégalais. C’est pourquoi tous les regards sont tournés vers le chef de l’État Macky Sall qui s’apprête à affronter les pires soubresauts politiques.
Qu’à son arc de président clairvoyant de l’Union africaine, il ait également la corde de la tempérance nationale et de l’équité politique, cela confortera le génie démocratique sénégalais. Le dernier mot lui revient.
*L'astragale est une belle plante aux nombreuses propriétés pour la santé. Stimulante et fortifiante, elle renforce le système immunitaire.
Cheikh Omar Dialloest Docteur en Sciences politiques, fondateur de l’École d’Art Oratoire et de Leadership.
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DAK'ART, 4È BIENNALE SUR 250 DANS LE MONDE
Le ministre la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop salue la créativité des artistes africains et dit toute sa satisfaction de l’évolution de la biennale de Dakar qui a acquis sa crédibilité et sa fierté.
Le ministre la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop salue la créativité des artistes africains et dit toute sa satisfaction de l’évolution de la biennale de Dakar qui a acquis sa crédibilité et sa fierté.
Après 3 décennies, le Dak’Art se hisse à la quatrième position sur les plus de 250 Biennales existant dans le monde, selon le ministre de la Culture et de la Communication du Sénégal, Abdoulaye Diop.
Inspiré par le premier festival des arts nègres (Fesman) de 1966, la Biennale de l’art africain de Dakar, Dak’Art, a acquis de l’expériences et séduit le monde. Il faut que l’Afrique en prenne bien conscience et s’appuie sur cet acquis pour développer son industrie cultuelle. Puisqu’aux premières heures de l’indépendance, rappelle le ministre, la Culture était le premier produit exportable du continent vers le reste du monde. Et manifestement, ce potentiel va en grandissant.
Alors que la présente édition tire inexorablement vers sa fin, le ministre promet que bientôt, les autorités partageront le réel impact économique de cet événement qui a tenu en haleine le Sénégal pendant plus d’un mois. Nous avons interviewé Abdoulaye Diop au grand théâtre samedi, en marge de la cérémonie de des 30 ans de TV5 Afrique.
Suivez son entrevue.
TRAFIC DE BOIS DE ROSE EN CASAMANCE, LA SUISSE OUVRE UNE PROCÉDURE POUR CRIME DE GUERRE
Dans cette affaire, un citoyen helvétique, Nicolaï Buzaïanu, est accusé de crime de guerre pour avoir exporté illégalement, via la Gambie, du bois de rose de Casamance, région en proie à un conflit armé
Dans cette affaire, un citoyen helvétique, Nicolaï Buzaïanu, est accusé de crime de guerre pour avoir exporté illégalement, via la Gambie, du bois de rose de Casamance, une région sénégalaise en proie à un conflit armé. Trois ans après la plainte déposée par l'ONG Trial international, la justice helvétique accélère le pas.
La Suisse a fait une demande d'entraide judiciaire internationale à la Gambie dans une affaire de pillage de bois précieux au Sénégal. Les autorités de Banjul l'ont confirmé hier, au lendemain de la diffusion d'un documentaire sur le sujet à la télévision suisse RTS.
Comme l'indique la demande d'entraide, Bern a ouvert une procédure contre son ressortissant Nicolaï Buzaïanu, accusé depuis juin 2019 de crime de guerre, pour avoir pillé le bois de rose de Casamance. Un trafic décrit hier dans un documentaire de la télévision suisse RTS.
« Je coupais le bois en Casamance et je le vendais en Gambie », entend-t-on par exemple d'une voix anonymisée dans le film. La voix off d'Isabelle Ducret, co-auteure du documentaire, reprend : « Entre 2014 et 2017, un homme d'affaires suisse s'allie au président autocrate de la Gambie pour monter un business très profitable d'exportation de bois. »