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10 septembre 2025
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CENTRAFRIQUE, LE SOFT POWER RUSSE
En profitant de la perte d’influence de la France dans cette ancienne colonie, la Russie s’impose dans ce pays régulièrement en proie aux conflits. Rencontre avec des Centrafricains qui soutiennent les Russes et les victimes de leurs exactions
Grâce à la société Wagner, une armée secrète de mercenaires au service du Kremlin, elle protège le régime de Faustin-Archange Touadéra en échange de ressources minières.
En profitant de la perte d’influence de la France dans cette ancienne colonie, la Russie sous couvert d’apporter une stabilité, s’impose dans ce pays régulièrement en proie aux conflits. Nos reporters ont rencontré des Centrafricains qui soutiennent les Russes, mais aussi les victimes de leurs exactions qui, elles, témoignent à visage caché.
SONKO LANCE UN ULTIMATUM À MACKY
Le leader de Pastef a lancé ce qu'il a appelé un "ultimatum" au président, le sommant de libérer les personnalités arrêtées au cours d'une journée de heurts qui a fait trois morts selon de nouvelles informations
La capitale Dakar et la Casamance (sud) ont été vendredi le théâtre d'affrontements quand des jeunes ont défié l'interdiction de se rassembler pour protester contre l'invalidation d'une liste nationale de candidats de l'opposition aux législatives du 31 juillet. Les médias et l'opposition ont rapporté un troisième décès, un conducteur de taxi atteint par balle à Ziguinchor, en Casamance, alors qu'il ne prenait pas part aux heurts selon eux.
Trois figures de l'opposition, Déthié Fall, Ahmet Aidara et Mame Diarra Fame, ont été arrêtées. Ousmane Sonko quant à lui, ainsi que le maire de Dakar Barthélémy Dias, autre ardent pourfendeur du président Sall, ont été bloqués chez eux par les forces de sécurité. "Monsieur Macky Sall, nous vous donnons un ultimatum (intimant de) libérer tous les otages politiques qui sont entre vos mains ; au-delà, nous viendrons chercher ces otages politiques, coûte ce que cela devra coûter", a dit M. Sonko dans un message publié sur sa page Facebook dans la nuit de vendredi à samedi.
M. Sonko a accusé M. Sall d'être "un président assassin : après avoir assassiné 14 personnes lors des évènements de février-mars 2021, le voilà qui ajoute trois autres victimes à son répertoire en juin 2022", a-t-il dit, faisant référence aux émeutes qui ont secoué le Sénégal l'an dernier. Il a une nouvelle fois dénoncé "l'obsession" qu'il prête au président de briguer un troisième mandat en 2024.
M. Sall entretient le flou sur ce sujet. M. Sonko, troisième de la présidentielle en 2019, est lui-même candidat à celle de 2024. M. Sonko a de nouveau martelé un discours souverainiste et africaniste et accusé M. Sall d'être à la solde d'intérêts personnels et étrangers. Il a demandé que la France, ancienne puissance coloniale avec laquelle le Sénégal conserve des relations fortes, reste "en dehors de nos affaires".
Les différentes autorités sont restées jusqu'alors silencieuses sur les évènements.
MAMADOU GUÈYE «PABI» ET MOUHAMED SÈNE JOUENT LE MATCH
BASKET La finale de la 47e édition de la Coupe Saint Michel se joue cet après-midi entre l’As Douanes et la Jeanne d’Arc de Dakar, au stadium Marius Ndiaye
La finale de la 47e édition de la Coupe Saint Michel opposera cet après-midi, l’As Douanes à la Jeanne d’Arc de Dakar, au stadium Marius Ndiaye. A la veille de ce duel très attendu par la famille de la balle orange, les deux coaches reviennent sur l’enjeu de cette première finale de la saison.
La finale de la 47e édition de la Coupe Saint Michel se joue cet après-midi entre l’As Douanes et la Jeanne d’Arc de Dakar, au stadium Marius Ndiaye. Et cela, deux ans après la dernière édition pour cause de pandémie du Covid-19. Un duel très attendu entre deux formations qui ont réalisé un joli parcours dans cette compétition.
Respectivement vainqueurs du Dakar université club (Duc) et de l’Us Ouakam, les deux équipes espèrent terminer en beauté en remportant leur premier trophée de la saison. Une opposition entre une équipe expérimentée des «Gabelous» habituée à ce genre de rendez-vous ces dernières années, face à une jeunesse de la «Vieille Dame» séduisante et pleine de ressources. Suffisant pour donner un cachet spécial à ce qui s’annonce comme une revanche de la finale de la Coupe nationale, remportée l’année dernière par les Gabelous. Même si le coach de la Jeanne d’Arc parle, en conférence de presse d’avant match, d’une compétition différente. «On ne peut pas parler de revanche. Il s’agit d’une nouvelle compétition. Ce ne sont quasiment pas les mêmes acteurs», a tenu à préciser Mouhamed Sène, pour qui cette finale aura forcément une saveur particulière.
En plus des liens du club avec la Coupe Saint Michel, le technicien sénégalais a participé à la dernière finale disputée par la «Vieille Dame» il y a 19 ans, alors qu’il était capitaine de l’équipe. «Naturellement, cette finale aura une saveur particulière pour moi. Ce sera ma première finale, après 7 ans passés sur le banc de cette équipe en D1. C’est un challenge de gagner cette coupe. Et cette même envie, les joueurs l’ont. On joue une finale pour la gagner, pas simplement pour la fête», a indiqué le coach de la Ja, très respectueux de l’adversaire. Considéré comme le favori de la finale, du côté de l’As Douanes, l’on s’attend à un match difficile. «On prépare ce match dans un bon état d’esprit. On sait que ce ne sera pas facile. Ce n’était pas évident d’arriver jusqu’à ce niveau avec les joueurs qu’on a perdus en début de saison. Je m’attends à un match plaisant face à une jeune équipe dynamique de la Ja», a confié Mamadou Guèye «Pabi». Auteur d’un excellent match contre les Etudiants du Duc, les Gabelous espèrent réaliser la même performance «pour mieux aborder la suite de la saison».
Feu Abdoulaye Sèye Moreau en parrain
A noter que la 47e édition de la Coupe Saint Michel aura comme parrain feu Abdoulaye Sèye Moreau, décédé en juin 2020 à l’âge de 90 ans. Ancien président de la Fiba Monde et président honoraire de Fiba Afrique, Abdoulaye Sèye Moreau a aussi été président de la Fédération sénégalaise de basket. Une manière, selon le Secrétaire général de la Ligue de Dakar, Cheikh Oumar Foutiyou Diop, de rendre un hommage à cette légende du basket mondial. Au-delà de l’ancien dirigeant, la Ligue de Dakar et le Comité d’organisation de la Coupe Saint Michel ont aussi tenu à rendre un hommage au Directeur technique national, Moustapha Gaye, ancien joueur de la Jeanne d’Arc, en le choisissant comme parrain de la finale. Au chapitre des innovations, il sera désigné, à l’issue de la finale, le 5 majeur. La finale est prévue à 18 heures, après la prestation des majorettes de Saint Michel.
LES SENEGALAIS, PAS DE GRANDS ACHETEURS
La Biennale d’art contemporain de Dakar bat son plein. Durant ces quelques semaines, l’art aura été célébré de moult façons. Il aura été au centre des festivités et de nombreux artistes ont pu vendre leurs œuvres.
Dans un Sénégal où émerge de plus en plus une classe moyenne désireuse de s’entourer de beaux objets, le marché de l’art prend l’ascenseur sans nul doute. Mais ce regain d’intérêt pour l’art ne profite pas toujours aux artistes. La prolifération des intermédiaires, les pesanteurs culturelles, sont encore des freins à l’épanouissement économique des artistes.
La Biennale d’art contemporain de Dakar bat son plein. Durant ces quelques semaines, l’art aura été célébré de moult façons. Il aura été au centre des festivités et de nombreux artistes ont pu vendre leurs œuvres. Dans un Sénégal où émerge de plus en plus une classe moyenne désireuse de s’entourer de beaux objets, le marché de l’art prend l’ascenseur sans nul doute. Et Dakar devient une place de choix où les grandes galeries s’installent. Cécile Fakhoury, Océane Haraty, Selebe Yoon, voilà quelques enseignes qui sont apparues dans la capitale sénégalaise ces dernières années. «Notre clientèle est d’abord basée à l’étranger mais depuis trois ans, la part de nos collectionneurs sénégalais augmente régulièrement. Et ce sont des collectionneurs qui ont entre 30 et 55 ans, avec une culture artistique et la conscience qu’en achetant, ils aident un artiste à développer sa pratique et participent à faire du Sénégal une Patrie de culture», explique Delphine Lopez, qui dirige la galerie Cécile Fakhoury de Dakar. Cette nouvelle catégorie de Sénégalais n’hésite pas à débourser des sommes conséquentes pour s’assurer que de belles choses les entourent. Mohamed Lamine Cissé a souvent eu l’occasion de constater cette tendance. «Ma première exposition à 0H Gallery, c’était avec 10 artistes camerounais et on s’était mis d’accord avec Océane (Océane Harati, propriétaire de OH Galery), qu’on ferait un mélange et inviterait aussi bien des collectionneurs bien assis que des jeunes. On a été très agréablement surpris de voir à quel point les jeunes étaient intéressés. Et on avait décidé d’exposer des petits formats faciles à acheter. Les grands patrons achètent sans problème un tableau à 6 ou 7 millions. Mais quelqu’un de mon âge (les trentenaires) craque sur une photo à 900 mille et on s’est mis d’accord pour faire des moratoires. Il est plus simple de sortir 4 fois 200 mille que de sortir d’un coup 800 mille. En faisant ça, je vais fidéliser des collectionneurs de mon âge qui vont continuer à collectionner avec moi», raconte Mohamed Lamine Cissé. A ses yeux, c’est la société sénégalaise elle-même qui est en train de transformer son regard sur l’art. «Il y a aujourd’hui des gens qui m’appellent pour me dire : «J’ai quelques jours de libre devant moi. Qu’est-ce que tu me conseilles comme expo à faire.» Il y a 4, 5 ans, personne ne me demandait ça. Ce n’était pas dans la façon de faire des Sénégalais», témoigne M. Cissé. Cette tendance est sans doute un effet de la professionnalisation du métier de galeriste, estime Mme Lopez. Ces galeries structurées, avec des programmes d’exposition, ne sont plus seulement des lieux de vente. «La galerie vend au nom de l’artiste mais elle méne en coulisse tout un travail de développement de la carrière de cet artiste, en le mettant en contact avec des commissaires d’expositions, en le faisant dialoguer avec des critiques d’art, en l’aidant à trouver des lieux de résidence pour expérimenter de nouvelles recherches. La galerie n’est pas seulement un lieu de vente mais fait un travail d’accompagnement de l’artiste et tout cela, elle le fait en se finançant sur les ventes de l’artiste», précise Mme Lopez.
Pas de grands acheteurs
Si dans les normes, ce regain d’intérêt pour l’art devrait profiter aux artistes, ce n’est pas toujours le cas. Déjà, la prolifération des intermédiaires fait que beaucoup d’artistes ne profitent pas pleinement des ressources de leur art. «Ils ne vendent pas, sinon peu. Plus grave, le marché national de l’art est étroit et la seule alternative c’est l’international ; or il n’y a pas de politique d’accompagnement de nos créateurs en ce sens», constate l’artiste peintre Moussa Ndiaye. Mais, selon le critique d’art Massamba Mbaye, c’est aussi parfois que beaucoup d’artistes ne sont pas dans des relations «d’argent». Beaucoup de grands maîtres sont morts dans l’indigence et selon ce spécialiste, c’est bien parce que dans leurs rapports avec les autres, ils ne privilégiaient pas le gain. «Ils sont des créatifs, ils n’investissent pas. Même si certains ont eu le temps d’avoir une famille à l’abri, une maison», ajoute-t-il.
Autre frein à l’épanouissement des artistes, les Sénégalais n’ont pas toujours été de grands acheteurs. «Il n’y a pas une culture d’achat d’œuvres d’art mais il faudrait peut-être faire comprendre aux gens que ces œuvres, dix ans après, leur valeur augmente.» Pince-sans-rire, Massamba Mbaye ironise en disant «qu’avant d’acheter une toile, il faut acheter un beau salon, une télévision, etc.». Mais l’art reste inaccessible à une majorité de la population. On est loin des près de 90 millions obtenus par l’œuvre de Pape Ibra Tall sur une toile qu’il avait offerte à Duke Ellington. Pour l’heure, dans les galeries sénégalaises, ils sont encore trop peu les artistes, vieux ou jeunes, qui se vendent bien. Mais parmi les favoris dans la jeune génération, Serigne Ibrahima Dièye, Kassou Seydou, Badu Jaak, Cheikh Ndiaye et le photographe Ibrahima Thiam. Massamba Mbaye ajoute que dans la nouvelle génération d’artistes, certains ont vendu particulièrement bien. Il cite notamment Arebenor Bassène et Mbaye Babacar Diouf (qui viennent d’être primés par la Biennale). Et pour les années à venir, nul doute que les graffeurs exploiteront à fond la filière Nft pour s’inscrire dans ce sillage.
La loi des 1% renait de ses cendres
Du temps du Président Senghor, chaque bâtiment qui sortait de terre intégrait, dans sa conception, des œuvres d’art. La loi 68/07 du 4 janvier 1968 était passée par là. Appelée communément loi des 1%, cette disposition, relative à la décoration des bâtiments publics recevant du public, préconisait que 1% du coût du bâtiment soit consacré à des aménagements artistiques. Abandonnée après l’arrivée de Diouf au pouvoir et la mise en œuvre des ajustements structurels, cette loi avait refait surface au moment de la Présidence Wade, avec le saupoudrage de quelques œuvres d’art sur les différents édifices réalisés pour l’organisation du Sommet de l’Oci. Même si l’espoir fut bref et que rien ne permet de dire qu’il s’agissait bien du 1% du coût des infrastructures. En tout état de cause, l’optimisme peut être de mise avec le travail de l’artiste et architecte, Malick Mbow, au siège de la Cour des comptes. Ce «bâtiment culturel», comme le qualifie son concepteur, étrenne une belle fresque dans son hall, ainsi qu’un magnifique «Arbre à palabres», une œuvre d’art qui s’appuie sur deux piliers du cône inversé du siège de l’institution.
L’ART SANS RECETTE
Au pays de Senghor, protecteur des arts par excellence, l’art ne nourrit plus son homme.
Dakar est la capitale de l’art contemporain africain pour encore quelques jours. Et la ville continue de vivre au rythme des vernissages et performances artistiques. Pourtant, cette effervescence traduit très peu l’état d’un secteur qui souffre du regard que le commun des Sénégalais lui porte. A l’exception de quelques rares élus, très peu d’artistes arrivent à vendre régulièrement leurs œuvres. Au pays de Senghor, protecteur des arts par excellence, l’art ne nourrit plus son homme.
La pièce tient à la fois du bureau et du musée personnel. Partout où le regard se pose, une œuvre d’art est accrochée, une statuette est exposée. Dans l’antre du collectionneur Bara Diokhané, les noms des artistes sénégalais défilent comme une farandole. El Sy, Zulu Mbaye, Makhone Diop, Jacob Yacouba, Ibrahima Kébé, Baye Mballo Kébé et tant d’autres.
Tous les grands noms de la peinture sénégalaise contemporaine sont représentés. Mais le maître des lieux, membre éminent de la famille judiciaire, a un attrait particulier pour un de ces artistes. Bara Diokhané enchaîne les anecdotes sur Mor Faye, ce jeune artiste prématurément arraché à l’affection des siens à l’âge de 37 ans. Parmi les plus doués de son époque, Mor Faye participe, à 19 ans à peine, au Festival mondial des arts nègres, en 1966. A la mort de l’artiste, M. Diokhané découvre que les œuvres de l’artiste risquent de disparaître ou d’être tout bonnement jetées par la famille du peintre à Niayes Thioker. M. Diokhané décide alors d’organiser une exposition à l’ancienne Galerie 39. «Historiquement, je pense que c’est à partir de cette exposition de 1991 qu’on a pu remarquer la naissance de nouvelles galeries à Dakar», constate-t-il. C’est aussi au cours de cette exposition que plusieurs personnalités de premiers plans vont acheter leur première œuvre d’art. S’ouvre alors un nouvel univers pour les artistes peintres de cette époque où l’art était encore cette occupation marginale que seuls choisissent les «ratés» de la vie.
L’exposition à la Galerie 39
Des décennies après, la situation a évolué. Les artistes sont toujours plus talentueux, quelques amateurs se font une joie de collectionner leurs œuvres et de nouvelles galeries voient le jour un peu partout. Mais faut-il pour autant parler d’un marché de l’art au Sénégal ? Les réponses divergent. Commissaire d’exposition et consultant en art, Mohamed Amine Cissé estime que oui. «Si on part du principe qu’un marché c’est un produit donné, avec quelqu’un qui offre ce produit et quelqu’un qui veut l’acheter, alors oui, il y a un marché de l’art. Il y a beaucoup d’artistes contemporains et en face des gens qui achètent. Après, ce n’est pas un marché structuré, c’est un marché qui n’est pas encore mature, qui se développe petit à petit», souligne-t-il.
Pour le critique d’art, Aliou Ndiaye, au contraire, on ne peut pas parler d’un marché de l’art puisque les préalables, un milieu artistique bien organisé, des galeries qui exposent en permanence et qui ont une identité réelle, sont absents. Ce que conforte Dr Babacar Mbaye Diop, professeur assimilé au Département de philosophie de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et directeur de l’Institut supérieur des arts et des cultures (Isac). «Un véritable marché de l’art suppose un cadre juridique avec des lois qui encadrent ce marché, l’expertise avec des antiquaires, des courtiers, des consultants, des commissaires d’exposition, commissaires-priseurs, des marchands d’art, des galeristes, des critiques d’art, etc., et la valorisation des œuvres d’art à travers des institutions commerciales, des maisons de vente, des galeries, des musées, des foires d’art, des festivals, des biennales, des revues et magazines d’art, etc. Je ne dis pas que tout cela n’existe pas au Sénégal, mais tous ces métiers qui tournent autour de l’art et du marché de l’art manquent cruellement au Sénégal», dit-il. Il faut dire que le cœur du marché mondial de l’art palpite bien loin de nos cieux.
«C’est hors du continent, et plus précisément en Occident, que se passe le vrai marché de l’art africain», souligne Dr Diop. Et d’après les chiffres, seuls 8% des collectionneurs sont en Afrique. Et le Global Africa art market report 2016, fondé par le marchand d’art Jean-Philippe Aka, estime entre 300 à 400 millions de dollars américains les investissements des collectionneurs dans l’art africain, avec des acheteurs entre l’Afrique du Sud, le Nigeria et le Maroc. Parmi les plus grands acheteurs sénégalais, le nom du président du directoire du Consortium d’entreprise (Cse), Oumar Sow, revient très souvent. Considéré comme le plus grand collectionneur du pays, il s’est récemment associé à Biby Seck dans la Galerie Quatorzerohuit sur Ponty. Et certains ne doutent pas que de grands maîtres occidentaux figurent dans sa collection. «Aujourd’hui, dans le marché de l’art, c’est forcément être à Paris, New York et Londres. Ces villes sont symboliques parce que c’est là qu’on retrouve les plus grandes maisons de vente d’art contemporain», souligne Aliou Ndiaye. Il y a Drouot, Gaïa et Cornette de Saint-Cyr à Paris, Christie’s et Bonhams à Londres, Sotheby’s aux Usa, Strauss & Co à Johannesburg, etc.
La cotation, un passage obligé
L’Afrique est tout de même riche de ses artistes et évènements culturels d’envergure. La Biennale de l’art africain de Dakar, le Parcourt, les différentes biennales organisées un peu partout en Afrique, à Lubumbashi, Brazzaville, Marrakech etc., contribuent à booster un secteur artistique de plus en plus attractif et perçu désormais comme un marché où les œuvres d’art s’échangent selon des normes bien établies. «Plus on est validé par l’international, plus ça monte», indique Mohamed Cissé. Il donne ainsi l’exemple de Badu Jakk, ce jeune artiste dont la cote ne cesse de monter. «Alioune Diack, Badu Jakk de son nom d’artiste, est représenté ici par OH Gallery et en France, par Anne de Villepois, une grande galerie. Il a fait de très grandes expositions et est dans de très bonnes collections. Mais Aliou va être difficilement collectionnable par un Sénégalais. Ses toiles commencent à 10 mille euros. Il a de grands formats, c’est vrai, mais ça peut aller très vite sur 20 ou 25 millions de francs Cfa. Et pourtant, c’est un jeune de 34 ans. Mais il a été validé en Occident», dit-il. Il faut dire que ces foires et biennales qui s’organisent en Occident sont les principaux lieux de vente pour les artistes africains.
Selon Aliou Ndiaye, 50 à 60% de leurs ventes se font dans les foires d’art contemporain comme la Foire 1-54, qui est une foire d’art contemporain itinérante qui s’organise entre Paris, Londres et les Etats-Unis. Tout aussi bien coté, Soly Cissé qui a fait des expos au Grand Palais à Paris. Il a fait la Divine comédie qui a fait les 5 continents et c’est comme ça que la cote d’un artiste est fixée. Dans quelle collection il se trouve, quelle exposition il a faite, exposition-vente ou biennale. Les œuvres d’un artiste peuvent coûter 1 million le 16 mars, le 17 mars, elles sont collectionnées par le Museum of art de New York (Moma) et se vendre à 10 millions», souligne M. Cissé. «C’est un ensemble de critères. D’abord la nature des œuvres de l’artiste, le discours qui les accompagne. Il y a aussi la renommée de l’artiste, à quel point il est traité dans les médias nationaux et internationaux, les ventes, les galeries où il a signé», ajoute Aliou Ndiaye. Dans cet exercice de cotation, des noms reviennent régulièrement pour le Sénégal : Soly Cissé, Ndary Lô, Ousmane Sow, Awa Seni Camara. Mais à l’échelle africaine, les artistes les mieux cotés sont camerounais, ghanéens ou nigérians.
A l’image du Nigérian El Anatsui dont les œuvres atteignent le million de dollars ou encore Kehinde Willey qui figure dans le top 500 dressé par le rapport Artprice et qui a installé la résidence d’artiste Black Rock à Dakar. Plus près de nous, Mohamed Cissé cite les noms de Soly Cissé, Badu Jakk, Ndary Lô dont les œuvres ont déjà été vendues à 800 000 euros, Barthélemy Toguo, Ouattara Watts, Amadou Sanogo. Plus rares encore sont les femmes artistes à figurer sur ces listes. Dans un article paru sur Ashakan, Khady Gadiaga s’interroge sur la place des femmes dans l’art contemporain, tout en dénonçant «la sous-évaluation des femmes». «Les artistes vivants masculins tiennent ainsi 93% des meilleures enchères à l’échelle mondiale. Bien que les artistes soient plus nombreuses aujourd’hui et que quelques grands marchands tentent de corriger les disparités de prix, la sousévaluation féminine fait de la résistance sur la scène contemporaine. Yayoi Kusama, la plus chère de la gent féminine, est classée 34ème meilleure enchère après 33 records masculins. Par ailleurs, force est de constater que cette meilleure enchère féminine est dix fois moindre que la meilleure enchère au masculin et qu’un gap de près de 47 millions de dollars sépare le record de Koons de celui de Kusama !», constate-t-elle. Quant aux artistes qui n’ont pas encore accès à ce marché international synonyme d’opulence et de succès, ils peuvent toujours faire leurs armes parmi les galeries d’art qui s’investissent localement dans la recherche de nouvelles pépites. Même si là encore, le résultat n’est pas garanti.
«AU SENEGAL, LE MARCHE DE L’ART N’EXISTE PAS»
Selon Aliou Ndiaye, critique d’art, commissaire d’exposition , trop de maillons manquent encore à la chaîne.
Critique d’art et chercheur, Aliou Ndiaye estime qu’on ne peut pas parler d’un marché de l’art au Sénégal. Selon cet expert, trop de maillons manquent encore à la chaîne.
Est-ce qu’on peut parler d’un marché de l’art au Sénégal ?
Si on se dit qu’il y a des critères bien définis pour parler d’un marché de l’art, on peut considérer qu’au Sénégal, ces critères ne sont pas remplis. Maintenant aborder la perspective d’un marché de l’art ne peut pas se réduire au Sénégal. Dans une perspective plus ouverte, parler, par exemple, d’un marché de l’art en Afrique de l’Ouest ou en Afrique, il y a beaucoup plus de leviers sur lesquels on peut s’appuyer pour faire cette analyse et ne pas se limiter au Sénégal. Au Sénégal, le marché de l’art n’existe pas. Ce qui existe, c’est une dynamique artistique locale qui est en train d’évoluer. Parler d’un marché de l’art, c’est dire d’abord qu’il y a un milieu artistique bien organisé, des galeries qui exposent en permanence et ont une identité réelle. Maintenant ça commence à se développer et à Dakar, on retrouve de plus en plus de galeries. Fakhoury, qui était à Abidjan et avait une antenne à Dakar, va aussi ouvrir à Paris. Ce qui est très important pour l’art contemporain africain. Etre aujourd’hui dans le marché de l’art, c’est forcément être à Paris, à New York et Londres. Ces villes sont symboliques parce que c’est là qu’on retrouve les plus grandes maisons de vente d’art contemporain. Il y a la Salle Drouot à Paris où on fait des ventes, Christie’s à Londres et Sotheby’s aux Usa. Donc, on peut dire qu’être sur ces marchés peut booster l’art contemporain. Mais au niveau africain, on n’a pas de tels espaces consacrés à la vente d’œuvres d’art devant un parterre de collectionneurs, de galeristes, etc. Cependant, on a quand même un évènementiel. Au Sénégal, on a la Biennale de l’art contemporain, en Afrique du Sud, ils ont un ensemble d’infrastructures comme ce musée Zeltz Mocaa d’art contemporain remarquable, qui offre de la visibilité aux artistes africains et permet d’exposer et montrer ce qu’ils sont en train de faire. Un peu partout, à Lagos, en Egypte, en Afrique centrale où ça bouge énormément avec la Biennale de Lubumbashi, celles de Kinshasa et Brazzaville, les Rencontres internationales de peinture de Ouagadougou (Ripo) dont j’ai assuré la direction artistique. Ce sont des évènementiels qui constituent un costume favorable aux arts visuels et critères des arts visuels. Ce sont des évènements et des infrastructures, mais aussi des ressources humaines. On a beau avoir des infrastructures, s’il n’y a pas un dispositif de ressources humaines qui accompagne ce développement, la question du marché est problématique. Ces ressources humaines doivent être actives dans le domaine des revues spécialisées parce que si les Etats-Unis, l’Europe ou l’Asie arrivent à se positionner, c’est parce qu’il y a aussi des revues internationales qui sont très visibles où des experts font des critiques d’art, des contributions, des gens qui ont une signature et un savoir à partager. Il y a aussi les salles de vente et la cotation des artistes, qui est un travail des collectionneurs, avec les galeristes et critiques d’art. A un moment, on peut savoir dans l’espace ouest-africain ou africain, qui est à telle position. Aujourd’hui, les ranking que nous avons, ce sont des structures occidentales qui nous les donnent. C’est à partir de leurs critères, leurs regards, qu’ils fixent leur positionnement. Ça se comprend aussi parce qu’aujourd’hui, si les artistes plasticiens africains vendent, c’est a 50, 60% dans les foires d’art contemporain comme la Foire 1-54, une foire d’art contemporain itinérante qui s’organise entre Paris, Londres et Usa. Même les foires suivent la trajectoire de ces villes. L’autre point important, c’est aussi la formation. Dans tous ces pays occidentaux, la question de la formation à l’art est prise au sérieux. Dès le Bac, un élève peut faire un Bac art plastique. Après le Bac, il peut continuer Licence, Master art. Cette question de la formation est importante parce que c’est à partir de ces ressources humaines de qualité que l’on peut occuper les musées, les revues spécialisées, les galeries et les structures de cotation et de classement pour qu’un marché puisse exister en Afrique. Il y a beaucoup d’éléments qui manquent à la chaîne mais qui seront peut-être là dans l’art. Mais pour le moment, on peut dire qu’il n’y a pas toutes les conditions requises pour parler d’un marché de l’art.
L’Afrique n’est pas l’épicentre du marché, mais participe quand même au marché par ses artistes qui sont assez bien représentés…
Je n’ai pas les chiffres en tête mais je sais que les arts africains représentent plus de 30 à 40% des ventes dans les grandes rencontres. Mais l’art n’est pas que vente. C’est aussi un produit de gouvernance, de médiation diplomatique, parce qu’il permet de faire connaître un pays. Mais pour envisager ça, l’Etat doit s’inscrire dans une perspective plus ouverte et pluridisciplinaire, qui associe tout le monde.
Dans un pays comme le Sénégal, est-ce que l’environnement économique et juridique favorise la mise en place de ce marché ?
L’environnement juridique ou économique est extrêmement important. Au Sénégal, nous avons un ministère de la Culture qui essaie tant bien que mal de faire bien des choses. Mais le véritable financement d’une économie de la culture devrait se faire avec des banques ou des acteurs qui disposent d’un fonds de garantie, qui peuvent s’appuyer sur une telle ressource économique pour développer une chaîne fiable dans le long terme, qui créent des emplois décents. En tant que perspective économique, il y a encore des choses à faire au Sénégal. Il y a aussi la loi sur les droits d’auteurs et droits voisins, qui est une sorte de mise à jour parce que nous avions eu des textes archaïques. Et il faut aller vers les décrets d’application pour savoir ce qu’on peut vraiment faire.
Il y a aussi cette loi qui dit que 1% du coût de chaque bâtiment doit aller à des œuvres artistiques…
Cette loi 68/07 du 4 janvier 1968, relative à la décoration des bâtiments publics recevant du public, appelée loi du 1%, est très importante mais en ce moment, elle a besoin d’une révision. Parce que ce serait une loi qui, dans la vision des gouvernants de ces dix dernières années, devrait être révisée pour être une loi globale sur le mécénat, qui ne concernerait pas seulement les arts visuels et le marché de l’art mais aussi le cinéma, la musique et presque tous les secteurs de la vie culturelle. Entre 1968 et 2022, le coût de l’immobilier a grimpé et il y a des paramètres à revoir. Aux dernières nouvelles, le ministère de la Culture et de la communication avait commis un cabinet juridique pour travailler dessus, avec un avocat qui est critique d’art aussi.
Est-ce qu’on peut dire que le faible pouvoir d’achat en général explique qu’il n’y ait pas beaucoup d’acheteurs ?
Il y a des Sénégalais qui aiment bien les œuvres mais qui ne peuvent pas acheter parce que ces œuvres sont hors de portée. Il y a aussi ceux qui ont les moyens et qui achètent. Et de plus en plus, il y a des collectionneurs bien sénégalais. Un de mes amis, critique d’art, avait essayé d’enquêter sur le coût des œuvres d’art achetées par ces collectionneurs, mais c’était l’omerta. Personne ne voulait communiquer sur le nombre d’œuvres et les prix. Le jour où les textes dont on a parlé seront adoptés… dans les droits voisins par exemple, il y a le droit de suite qui dit qu’à chaque fois que l’œuvre est revendue, l’artiste peut toucher 5%.
Ces ventes au niveau international posent aussi la question de la cotation…
C’est un ensemble de critères. D’abord la nature des œuvres de l’artiste, le discours qui les accompagne. Il y a aussi la renommée de l’artiste, à quel point il est traité dans les médias nationaux et internationaux. Ensuite les ventes, avec combien de galeries il a signé… De plus en plus, nos artistes vont vers une professionnalisation totale. Il y a pleins d’artistes sénégalais qui ont signé des contrats avec des galeries, qui se font exposer dans les foires. Récemment j’étais à la Foire Art Bruxelles et l’artiste Oumar Bâ, qui est installé à Genève, était bien représenté dans l’espace européen avec deux ou trois galeries qui s’occupent de ses œuvres.
Qui fixe les cotations finalement ?
C’est un ensemble d’indicateurs qu’on cumule. Par exemple, il y a des revues qui font leurs cotations. Une salle de vente à Paris peut aussi faire sa cotation. Maintenant, en faisant le cumul des cotations déjà réalisées à New York, Londres et Paris, les artistes les plus en vue à la Biennale, on peut faire une compilation et arriver à tirer une liste. C’est ce qu’avait fait André Magnin à Paris. Il avait réussi à faire sa cotation et sa liste concernant les artistes africains et les artistes au niveau mondial.
Au Sénégal, qui était l’artiste le mieux côté ?
Je pense que c’étaient Soly Cissé et Ousmane Sow.
A côté de l’organisation de biennales, d’évènements culturels autour de l’art plastique, il y a aussi de plus en plus de galeries qui viennent s’implanter à Dakar comme Cécile Fakhoury ou Selebe Yoon. C’est quand même la preuve d’une vitalité dans le secteur ?
Il y a une vitalité de l’art contemporain sénégalais. Maintenant, il faut des mesures d’accompagnement. Si on regarde toute cette vitalité, ce sont les acteurs qui sont devant, c’est-à-dire des privés. Maintenant, il nous reste à mettre en place un cadre qui fabrique des possibilités artistiques dans le long terme. Aujourd’hui à Dakar, on devrait avoir des structures qui organisent des résidences pour des artistes et faire des restitutions. C’est quelque chose de très important mais ça a du mal à prospérer parce que demandant beaucoup de moyens. Mais ça va dans le sens de construire un écosystème artistique. Sur des points essentiels, le Sénégal est déjà dans la bonne marche et dispose d’une grande rencontre internationale destinée aux arts visuels même si c’est malheureux que depuis trente ans que cette biennale existe, nous n’avons ni un musée d’art contemporain ni un musée national. Cette politique d’infrastructure pour les arts visuels, pour la culture matérielle en général, devrait être accompagnée. Et aussi une économie articulée sur des leviers durables ouverts à la macroéconomie. Je parle des banques, des sociétés d’assurances, les caisses de dépôt. L’art, les artistes ont du mal à entrer dans ces leviers. Et il faudrait qu’ils puissent le faire pour parler d’un marché de l’art viable, d’une industrie culturelle viable, d’un écosystème artistique viable.
Vous avez travaillé sur la mobilité des artistes. Est-ce que la nature du marché sénégalais peut expliquer cette forte mobilité des artistes ?
L’expatriation est un corolaire de l’art. La culture est dynamique. Les artistes ont besoin de cette mobilité qui est inhérente à la réalité artistique. Ils s’expatrient aussi pour des raisons économiques parce que le marché de l’art se décide là-bas. Même s’il y a des artistes qui ont fait le choix de rester au Sénégal et d’y exister, comme Soly Cissé. Mais ce n’est pas parce qu’on est en Europe que ça marche. Ces artistes y vont parce qu’il y a le marché. Mais beaucoup de ces artistes sont devenus des binationaux. C’est une réalité que j’ai constatée durant mon travail de terrain où je me suis intéressé à 7 pays européens avec 10 artistes. Et il y a des enjeux fondamentaux qui vont arriver dans les 30 prochaines années. Aujourd’hui, on parle de la restitution des œuvres d’art avec le rapport Sarr/ Savoy. Mais ce sont des œuvres d’art anciennes qui étaient au Musée du Quai Branly, etc. On va vers quelque chose d’autre. Des artistes kenyans, ougandais, sénégalais, burkinabais binationaux, vont produire des œuvres qui seront dans les musées occidentaux. A un certain moment, on se dira, ce patrimoine, est-ce celui du Sénégal ou des Etats-Unis ? Je m’inscris dans cette perspective d’analyse dès maintenant pour voir avant d’y arriver, comment réfléchir sur ces questions.
L’ETAT FAIT PERDRE 200 MILLIARDS PAR AN AUX ARCHITECTES
L’Ordre des architectes du Sénégal dénonce le manque de respect des lois qui régissent ce métier de la part de l’Etat
L’Ordre des architectes du Sénégal a organisé hier une conférence de presse pour dénoncer le manque de respect des lois qui régissent ce métier de la part de l’Etat.
«La préoccupation qui nous vaut d’être ici, concerne les règles qui doivent légitimement prévaloir quand il s’agit de concevoir le cadre de vie de tous les Sénégalais, parmi lesquels nous comptons tous, et de manière générale quand il s’agit de sauvegarder la noblesse, le sacerdoce et la responsabilité qui incombent à toute profession réglementée», a indiqué d’emblée Jean Augustin Carvalho, président de l’Ordre des architectes du Sénégal. Mais d’après lui, depuis quelques années, ils ont constaté que «le métier d’architecte souffre et est sérieusement bousculé au Sénégal». Selon lui, de multiples violations s’abattent sur la pratique de leur profession et sa réglementation.
A l’en croire, «la qualité et la transparence qui en étaient recherchées au prix de la saine compétition, en prenant le soin d’organiser les concours d’architecture, gages de qualité et d’émulation de la créativité, sont malheureusement abandonnées par l’Etat régalien à la faveur des méthodes gré à gré pour une commande publique assidue». Et ce qui a fait sortir les architectes de leur silence, a ajouté Jean Augustin Carvalho, c’est le projet de construction de la Tour de la Rts dont l’image de la pose de la première pierre a fait le tour du monde.
Pour le président de l’Ordre des architectes, «on ne peut s’empêcher de penser l’image d’un Sénégal si enclin à décliner ses concepts d’équité, d’égalité des chances, de contenu local et d’expertise nationale ». Malheureusement, «ces proclamations», dit-il, «jurent avec ce que tout le monde a fini de constater, de vivre et de subir», à savoir la Tour de la Rts.
Aussi, on peut citer «les projets d’hôpitaux annoncés en grande pompe où l’expertise sénégalaise est une fois encore ignorée ou simplement spoliée, car ayant travaillé sur certains de ces projets des années durant, puis tout bonnement écartée un beau matin». Et cela, dit-il, «au mépris des lois qui régissent ce pays». Ce qui amène l’architecte Ousmane Sarr à dire que le président de la République fait perdre à leur profession 200 milliards de francs par an. Un préjudice énorme sur les plans culturel et économique pour la Nation, fait-il remarquer. Avant de déplorer le non-respect des règles du pays, des règles d’urbanisme, après les nombreux projets réalisés (26 pôles, sphères industrielles, barrages, hôpitaux, entre autres) par le Président Macky Sall depuis son accession à la tête du pays. Mais, si les architectes ont tenu à dénoncer ces pratiques, «ce n’est pas pour chercher une faveur, mais pour exiger l’application des lois qui régissent leur profession et qui stipulent que nul ne peut porter le titre ni exercer la profession d’architecte s’il ne remplit entre autres conditions en son point 9 : être inscrit à l’Ordre des architectes et à jour de ses obligations», ont-ils fait savoir.
De l’avis du président de l’Ordre, l’Etat devrait promouvoir la compétitivité pour tous les projets de construction dont le financement dépasse le montant de 500 millions. En outre, ils ont dénoncé aussi le mépris dont ils font l’objet de la part de l’Etat. «En dix ans, jamais le président de la République n’a reçu en audience l’Ordre des architectes qui, pourtant, est en principe l’un de ses principaux conseillers en matière de construction», a révélé M. Carvalho.
Le président de l’Ordre trouve cela «inexplicable et incompréhensible», surtout dans un pays en construction. Les architectes n’ont pas omis de dénoncer cette concurrence déloyale dont ils font aussi l’objet dans l’exercice de leur profession infestée, disent-ils, par «des faussaires qui officient et portent illégalement le titre d’architectes sans être poursuivis, jugés ou condamnés à la hauteur du délit et des dangers qui en découlent».
Selon les révélations de M. Carvalho, seuls 7% des constructions au Sénégal sont faits par les architectes régulièrement inscrits et en droit d’exercer. Et «pas moins de 90% des retombées économiques dont auraient dû bénéficier les services de l’Etat dans notre secteur, se perdent entre les non architectes fonctionnant dans l’informel et cette vague d’étrangers architectes ou pas qui exercent en toute illégalité», dénonce-t-il en outre.
FATMA AL NUAIMI AFFICHE LES GARANTIES DU QATAR
Coupe du monde 2022 : hébergement, billets, transports, Faire de la coupe du monde Qatar 2022, une réussite à tous les nouveaux, voire la plus belle de football jamais organisée depuis 1930 à nos jours
(DOHA, Qatar) – Faire de la coupe du monde Qatar 2022, une réussite à tous les nouveaux, voire la plus belle de football jamais organisée depuis 1930 à nos jours. C’est l’ambition clairement affichée par le pays de la péninsule arabique avec seulement 11 571 km². Face à la presse internationale au stade Al Janoub, la directrice de la communication, Fatma Al Nuaimi a annoncé que son pays va profiter du Mondial pour montrer une autre image du Moyen-Orient. Morceaux choisis
TRANSPORTS PUBLICS GRATUITS LES JOURS DES MATCHES
«Nous allons faciliter le voyage à l'intérieur du pays en mettant les transports publics gratuits pour les jours de matches et à y ajouter plus d'avantages. Nous avons également le portail d'hébergement qui a été lancé parallèlement à la vente de billets afin que les gens puissent plus tard réserver leurs billets, leur logement. Nous allons aussi offrir l'expérience culturelle pendant le tournoi. Nous avons donc travaillé avec le secteur culturel du pays pour faire en sorte que ce soit une opportunité pour un million de fans de se réunir et d'en apprendre davantage sur notre culture, sur nos gastronomies et bien d'autres choses».
«LE MONDIAL COMME CATALYSEUR DE CHANGEMENTS»
"Nous utilisons la coupe du monde comme catalyseur du changement. Si vous regardez l'aspect social du tournoi, qui est le bien-être des travailleurs et les droits de l'homme, le développement du pays, la transformation qui s'est produite en 10 ans, c'est majeur pour nous. Vous pouvez voir que beaucoup de choses ont été accélérées grâce à la coupe du monde".
COURSE AUX TICKETS
"On peut voir l’envie qu’ont les gens à venir assister à ce tournoi. Les fans veulent aussi être là. Quelques pays ont réellement postulé, pour l'attribution des billets. Pour les grosses sollicitions, nous avons l'Argentine, le Mexique, les États-Unis. Nous avons également le RoyaumeUni, l'Allemagne, l’Arabie Saoudite, le Qatar et aussi les Emirats Arabes Unis. Ce serait donc la majorité des grandes nations qui ont effectivement postulé. Ce qui montre encore une fois que le football est vraiment populaire".
TEST REUSSI
"Nous avons eu la coupe arabe qui a eu lieu l'année dernière (remportée par l’Algérie, Ndlr). Cela enrichit nos expériences. La leçon que nous avons tirée de cet événement sera également appliquée pour le monde. J'ai eu la chance de travailler dans un événement sportif et pour le football et de faire partie de cette équipe qui organise la toute première coupe du monde au Moyen-Orient. Nous voulons que beaucoup de gens aient une meilleure image et une meilleure compréhension de la région. Parce que vous pouvez voir dans les médias, à chaque fois que les gens parlent du Moyen-Orient, c'est toujours l’aspect négatif qui est mis en avant ou il y a une mauvaise perception. Donc, on doit accueillir des amis, des médias, des équipes et leur montrer l'hospitalité pour qu’ils repartent avec de bons souvenirs et une meilleure compréhension de notre région".
HEBERGEMENT
"Vous avez des hôtels 2 à 3, 5, 4, 5 étoiles. Vous avez des appartements, vous avez la possibilité de louer des villas de service. Vous avez aussi la croisière. Nous avons essayé de faire en sorte que les parties prenantes s'assurent de tout ce que les conclusions et leur expérience viennent ici. Toutes ces options ont été étudiées avec tous les budgets pour que cette coupe du monde soit abordable, accessible à tous. Nous avons beaucoup d'accords internationaux avec les agences de sécurité partout dans le monde. Il y a donc eu beaucoup de formation".
LA PLANÈTE EN PÉRIL, L’URGENCE CLIMAT AU POINT MORT !
Les défis sur lesquels la Journée internationale de lutte contre la sécheresse et la désertification, célébrée le 17 juin de chaque année, doit mettre le doigt et produire des recommandations réalistes et diligentes.
Le monde a célébré hier, vendredi 17 juin 2022, la Journée internationale de lutte contre la sécheresse et la désertification. Dans nombre de pays, elle n’est pas commémorée avec faste ni rassemblement grandeur nature, à l’image de celles festives, alors que l’urgence climat dépeint un tableau sombre de la dégradation des sols arables. Les Nations unies estiment à 40% la population mondiale affectée par la désertification. Au Sénégal, 34% des terres sont devenues impropres. Et la gangrène risque de s’épaissir avec le pillage en cours et à grande échelle du couvert végétal, malgré les efforts jusqu’ici déployés par le gouvernement. Difficile de cerner avec précision le mal, il est parmi nous !
Il est très courant d’entendre de la voix naïve de l’homme que les forêts sont des réservoirs naturels et inépuisables que la Miséricorde a étalé pour donner corps au monde des vivants. Voilà le prétexte assez insidieux qui explique la frénésie de l’homme à couper et sans retenue le bois, à l’image de celui-là même qui scie la branche sur laquelle il est assis.
Conséquence, la planète va directement vers le dérèglement des climats avec à la clé un péril sur l’alimentation, l’habitat et la survie. La Conférence des parties à la Convention des Nations Unies révèle que la désertification touche près de 12 millions d'hectares de terres chaque année et affecte 40% de la population mondiale. Un cinquième de la population mondiale et un tiers de la surface de la terre sont menacés par l'impact de la désertification, que ce soit en Asie, au Sahel, en Amérique du Nord ou le long de la Méditerranée, selon la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. En Afrique et au Sud du Sahara, cette dégradation des terres et la pauvreté ont effectivement joué un rôle constant dans les schémas de la migration de la région depuis les années 1970. Au Sénégal, plus de 34% les terres sont affectées par la désertification, selon le Centre de suivi écologique.
Et Greenpeace Afrique et Africa Check d’ajouter que 40.000 hectares de forêts disparaissent chaque année sur les 19,6 millions de terres du pays, surtout en Casamance. De là à se demander si en réalité l’humanité n’est pas en sursis, au regard des terres arables qui se rétrécissent comme peau de chagrin, il n’y a qu’un pas que certaines n’hésiteront pas à franchir. Qui doute encore que le Sahara était bel et bien vert. Les anthropologues situent son humidité à il y a environ 8000 ans.
Au Sénégal aussi, l’on ne doit point perdre de vue que le bassin arachidier, dans le Centre, était un fleuron de l’agriculture mais aujourd’hui et en raison de l’aridité de ses sols, il y a un vaste mouvement vers la bande de frontière dans le Nord de la Casamance. Et cette forte pression sur les terres fera sans doute les mêmes effets dévastateurs sur l’environnement.
Voilà, en somme, les défis sur lesquels la Journée internationale de lutte contre la sécheresse et la désertification, célébrée le 17 juin de chaque année, doit mettre le doigt et produire des recommandations réalistes et diligentes.
YEWWI CONFINÉE PAR LA POLICE
La journée de vendredi 17 juin 2022 a été chaude dans la capitale sénégalaise
Une place de l’Obélisque verrouillée depuis la veille, jeudi, une ville de Dakar quadrillée par un impressionnant dispositif sécuritaire, les leaders de l’opposition confinés chez eux ou arrêtés, des affrontements et des courses-poursuites dans certaines artères de Dakar toute l’après-midi : tel a été le décor qui a rythmé la manifestation interdite de la coalition Yewwi Askan Wi hier, vendredi, à Dakar. Au final, la «résistance» de la coalition de l’opposition pour la défense de la liberté constitutionnelle de manifestation, sur fond de protestation de l’invalidation de la liste nationale des titulaires de Yaw, a bousculé la quotidienneté de Dakar, occasionnant au passage la mort malheureuse d’un jeune à Colobane.
La journée d’hier, vendredi 17 juin 2022, a été chaude dans la capitale sénégalaise. Pour cause, l’interdiction de la manifestation de la coalition Yewwi Askan Wi à la place de l’Obélisque, par le préfet de Dakar Mor Talla Tine, a poussé les militants et autres jeunes à aller au combat contre les forces de l’ordre qui avaient verrouillé la place de l’Obélisque devant abriter le rassemblement de l’opposition. Des forces de l’ordre qui avaient pris d’ailleurs moult dispositions pour noyer dans l’œuf la mobilisation de la coalition Yewwi Askan Wi. Dans leur volonté d’étouffer la manifestation annoncée par l’opposition en ce vendredi, les autorités et les forces de l’ordre avaient disposé un assez massif dispositif en hommes et en matériel autour du centre-ville. Qui plus est, des fourgonnettes de la police étaient visibles partout à Dakar.
La place de la Nation ex-Obélisque, était quadrillée et verrouillée depuis la veille, jeudi, par les forces de sécurité qui avaient fermé tous es accès. À la cité Keur Gorgui, chez Ousmane Sonko, principale figure de proue de Yewwi Askan Wi, les forces de l’ordre avaient tout barricadé depuis le matin. Il était impossible au leader de Pastef-les Patriotes de sortir de chez lui. L’opposant qui n’a pu effectuer la grande prière de vendredi à cause des forces de l’ordre qui l’ont empêché de sortir de son quartier, a accusé Macky Sall, le chef de l’Etat, de l’avoir privé de sa liberté de culte. Il n’était cependant pas le seul à être confiné dans sa maison.
Le maire de Dakar, Barthélémy Dias, subira le même sort lorsqu’il a voulu rejoindre le point de jonction de Yewwi Askan Wi pour se rabattre sur la Place de l’Obélisque. Entre temps, la Cour Suprême était convoquée en urgence pour une audience à 13h30 aux fins de statuer sur la requête en référé-liberté déposée par la coalition Yewwi Askan Wi, suite à la décision du préfet de Dakar d’interdire le rassemblement sur la voie publique de ce vendredi par l’arrêté n193/P/D/ DK du 15 juin 2022. Les juges de la juridiction susnommée ayant rejeté la requête et conforté l’Exécutif local de la capitale dans sa décision, les principaux leaders de Yewwi qui cherchaient à rejoindre la maison d’Ousmane Sonko, point de départ du convoi vers la Place de la Nation, ou qui convergeaient vers ladite place ont été alpagués par les forces de l’ordre.
Le maire de Guédiawaye Ahmed Aidara est arrêté après les proches d’Ousmane Sonko cueillis le matin à la Cité Keur Gorgui. Le mandataire national de Yewwi Askan Wi, le député Déthié Fall, est cueilli aux alentours du siège de son parti, le Pep. Même la député Mam Diarra Fam du Pds est arrêté alors qu’elle se dirigeait vers la demeure d’Ousmane Sonko, à la Cité Keur Gorgui.
Malgré l’impressionnant dispositif sécuritaire et les arrestations qui s’opéraient, les manifestants ont essayé vaille que vaille de rejoindre le lieu du rassemblement, en guise de défiance face à l’interdiction de l’autorité préfectorale. Des heurts ont alors éclaté vers 17 h de manière sporadique dans certaines artères de Dakar, avec comme point d’orgue Colobane aux environs de la Place de l’Obélisque. Une sorte de guérilla urbaine, menée par de jeunes manifestants, s’installait ainsi occasionnant des courses-poursuites entre partisans de l’opposition et forces de l’ordre dans la capitale sénégalaise.
L’air à Liberté VI, aux HLM, à Colobane étaient le temps d’un instant devenu irrespirable du fait des gaz lacrymogènes et des pneus brûlés sur la route. Les forces de l’ordre parvenaient toutefois à canaliser rapidement les ardeurs des manifestants et à libérer les voies de circulation. Les manifestants se rabattaient alors sur d’autres voies et les forces de l’ordre étaient obligées de les suivre au pas pour des chassés croisés qui ont duré jusqu’aux environs de 20h aux HLM.
La station Total des environs de la Mosquée Massalikul Jinaan subira les foudres des manifestants et sera vandalisée. A Colobane, un jeune touché par une grenade lacrymogène ou qui s’est brûlé avec de l’essence, information à confirmer, sera gravement atteint. Il a finalement succombé à l'hôpital, rapporte-t-on.