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25 juin 2025
JIF 2022: L'OFNAC MET LA FEMME AU CENTRE DE LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION
La place des femmes dans l’éducation leur confère une place importante dans la lutte contre la corruption, a déclaré mardi, la présidente de l’OFNAC, Seynabou Ndiaye Diakhaté.
Dakar, 8 mars (APS) – La place des femmes dans l’éducation leur confère une place importante dans la lutte contre la corruption, a déclaré mardi, la présidente de l’OFNAC, Seynabou Ndiaye Diakhaté.
Si la lutte contre la corruption "est l’affaire de tous, le rôle des femmes est beaucoup plus important au regard de leur place dans l’éducation des enfants au foyer, à l’école et dans la société en général", a-t-elle indiqué.
"L’éducation à la vie, à l’intégrité et à la lutte contre la corruption passe d’abord entre vos mains et l’OFNAC constitue, à cet égard, un outil stratégique pour façonner cette conscience citoyenne".
La présidente de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption s’exprimait à l’occasion de la célébration de la femme à l’OFNAC.
Au Sénégal, les progrès réalisés dans la promotion des droits de la femme "ont été importants et significatifs", a-t-elle indiqué, ajoutant que le pays possède désormais "l’un des modèles de parité hommes/femmes les plus avant-gardistes si nous nous comparons à nos voisins immédiats et parfois même à certaines nations européennes".
Les femmes "sont représentées dans les échelons les plus élevés de la vie politique", sans compter qu’au sein des administrations, "les « cellules genre » essaiment et se renforcent et il est devenu difficile, voire impossible aujourd’hui, de mettre en œuvre un projet sans évoquer la dimension genre qu’il comporte".
Dans les familles, ajoute Seynabou Ndiaye Diakhaté, "la reconnaissance se construit peu à peu au vu du rôle prépondérant que les femmes jouent dans les foyers, non seulement par le soutien moral qu’elles apportent au cercle familial dans son ensemble, mais également, par leur participation de plus en plus prononcée aux charges de la famille"
"La lutte pour les droits des femmes a été longue et acharnée. Elle n’a pas cessé de l’être d’ailleurs. Elle a juste changé de forme", "se fait moins avec les pancartes demandant chaque fois de nouveaux droits", a souligné Seynabou Ndiaye Diakhaté.
Désormais, elle "se mène et se gagne au sein du cercle familial, au bureau et dans les hautes sphères de la vie publique, par le dialogue, la compétence, le sérieux, la rigueur", a poursuivi Mme Diakhaté.
Au total, dans le milieu professionnel, "les femmes ont gagné le respect et la considération et continuent lentement, mais sûrement, de remporter des combats jadis considérés comme improbables", mais d’une certaine manière, "le chemin est encore long et parsemé d’embûches et d’embuscades", a fait observer la présidente de l’OFNAC.
D’autant que "l’égalité parfaite entre hommes et femmes est encore rêve", au point que "l’existence d’une journée de la femme, nonobstant son caractère symbolique, nous rappelle fatalement que nous ne sommes pas encore traitées comme nous le devrions dans la société, dans les administrations et dans la vie économique".
Elle estime que "s’il n’y avait pas encore des défis à relever, des inégalités à résorber et des injustices à corriger, il n’y aurait eu aucun besoin de décréter une journée pour les droits des femmes".
"C’est pourquoi, je souhaite ardemment voir arriver ce jour où on cessera de fêter le 08 mars. En attendant que cela arrive, le fossé reste encore beaucoup trop grand et les statistiques sur l’indice de développement humain montrent bien une certaine féminisation de la pauvreté", a-t-elle souligné.
par Oumou Wane
NE VOUS PRESSEZ PAS LES FILLES
Qu’on l’accepte, plus aucun métier au Sénégal n’est une chasse gardée pour les hommes. Alors pourquoi rester muselées, transparentes, réduites au silence ?
Chaque année le 8 mars, « Journée internationale des droits des femmes », je suis partagée entre deux sentiments : d’un côté la grande hypocrisie d’une fête agaçante et sans effet et de l’autre, la nécessité, même un seul jour sur 365, de mettre la lumière sur la condition féminine.
Disparités salariales, violences conjugales ou sociales, attitude machiste... Cette journée sert-elle vraiment à améliorer la situation des femmes dans le monde, j’en doute. Mais enfin, si cela me permet d’attirer l’attention des dirigeants africains sur l’un des aspects qui me révolte le plus dans notre culture régionale, je parlerais des mariages forcés et précoces qui maintiennent les jeunes filles dans des conditions de pauvreté et d’impuissance, de leurs droits à l’enfance et à l’éducation volés, de génération en génération… Au Sénégal aussi hélas.
Soyons réalistes et allons droit au but. Je pense qu'il ne faut plus se marier juste pour se marier et pour avoir le statut d’épouse. Combien de rêves de petites filles sont anéantis par des mariages précoces et arrangés. Les mariages précoces, une forme de détournement de mineures, sont des violences faites aux filles en pleine puberté. Selon certaines croyances populaires, les filles mariées ont atteint l’âge adulte et n’ont donc plus besoin d’aller à l’école, la première conséquence de leur mariage est généralement leur déscolarisation. Les mariages précoces cantonnent ainsi les filles dans leur statut inférieur à l’homme et ne leur permettent pas de sortir de la pauvreté. Il s’agit en fait d’un énorme potentiel perdu pour le développement du pays.
Le Code de la famille est donc à réviser à cet effet et les jeunes filles doivent être informées que nombre de femmes au Sénégal et dans toute l’Afrique sont de brillantes entrepreneuses avec des visions prospectives qui dépassent celles des hommes.
Qu’on se le dise, qu’elles soient chefs d’entreprises, médecins, pilotes, conductrices, mécaniciennes, ministres et que sais-je encore, elles ne sont nullement dépaysées dans les milieux dominés par les hommes. D’ailleurs, de plus en plus de femmes s’orientent vers les matières scientifiques et notamment le BAC scientifique.
Qu’on le sache, qu’elles soient agricultrices, infirmières, commerçantes ou qu’elles transforment les produits de la pêche, elles créent partout la surprise, l’admiration et le respect après quelques minutes de pratique au travail.
Qu’on l’accepte, plus aucun métier au Sénégal n’est une chasse gardée pour les hommes. Alors pourquoi rester muselées, transparentes, réduites au silence ?
Je tiens quand même à célébrer la Journée internationale des droits des femmes, car nous ne sommes pas ici dans le folklore de la Saint Valentin. C’est une journée dédiée aux réalisations sociales, économiques, culturelles et politiques des femmes. Et Dieu sait qu’au Sénégal, il y a de plus en plus de femmes leaders, entrepreneures et militantes, des influenceuses sénégalaises qui passent à l'acte et libèrent la parole des femmes.
En 2020, par exemple, elles ont pu obtenir la loi criminalisant le viol au Sénégal. Alors oui, célébrons le leadership féminin et disons bravo à toutes les femmes pour leur engagement. Elles appellent à la préservation de la paix et elles sont les piliers de nos sociétés, l’équilibre de la justice sociale.
Dans notre culture, l'homme a toujours symbolisé, depuis l'indépendance, le pouvoir et la domination. La preuve en est qu'il a toujours occupé majoritairement l'espace du pouvoir. On pourrait aller bien plus loin quant aux accusations susceptibles d’être portées aux hommes, à leur cruauté et aux conséquences de leur brutalité dans le monde entier.
C’est pourquoi je dis, ne vous pressez pas les filles, pensez à vous, à votre bien-être et au rôle social que vous voulez occuper dans ce monde et pas seulement dans votre foyer.
Mais bien sûr si vous êtes certaine d’avoir trouver la bonne personne et que vous êtes en phase sur votre façon de concevoir l’avenir à deux, alors il n’est jamais trop tôt pour être heureux !
Bonne fête à toutes les femmes sur la planète !
LES FEMMES DE NDER SE SONT SACRIFIÉES, MAIS ELLES NE SONT PAS CÉLÈBRÉES
Elle fait partie de ceux ou celles qui pensent que le Sénégal a sa propre histoire et par conséquent, doit la fêter à sa manière le 8 mars. Fatou Sow Sarr, depuis 2008 a commencé à organiser des manifestations pour célébrer plutôt la journée«Talatay Nder
Elle fait partie de ceux ou celles qui pensent que le Sénégal a sa propre histoire et, par conséquent, doit la fêter à sa manière, le 8 mars. Fatou Sow Sarr, depuis 2008, a commencé à organiser des manifestations pour célébrer plutôt la journée « Talatay Nder », celle du 7 mars, qui célèbre les femmes du Walo qui avaient préféré s’immoler par le feu, plutôt que d’être réduites en esclavage par les assaillants maures. Un choix qui a une explication.
« Je ne suis pas contre le 8 mars. Mais je dis que je ne célébrerai plus le 8 mars au Sénégal. Parce que pendant des années, j’ai demandé à l’Etat du Sénégal d’intégrer la date du 7 mars dans son calendrier républicain. Parce que le 8 mars, c’est les femmes du textile de New-York. Je trouve que les femmes de Nder se sont sacrifiées pour leur patrie et que cette symbolique est encore beaucoup plus puissante, mais elles ne sont pas célébrées. Moi, j’ai toujours dit que la France n’est pas ma référence. Pour moi, nos références sont nos propres valeurs, nos cultures », justifie la Directrice de l’Institut du Genres et de la Famille.
Elle souligne que même ses partenaires en Espagne et d’autres ont aujourd’hui « Nder dans leur programme ». Elle ajoute : « Je ne vois pas pourquoi le Sénégal continue à ignorer sa propre culture, sa propre histoire. Tous les deux ans, je fais une grande manifestation, j’ai fait la bande dessinée sur Talatay Nder qui est distribuée aux écoles avec des partenaires. Mais l’Etat s’en moque. Alors, c’est pour moi une façon de les ramener à leurs responsabilités. » La sociologue d’ajouter : « L’année dernière, je l’ai fait au Musée des Civilisations Noire. Avant, je l’ai fait à Sorano, à l’Université, à Saint-Louis au quai des arts. Maintenant, c’est aux autres de le faire aussi, car il y a beaucoup de personnes qui partagent l’idée. Ce que je peux faire, c’est de rappeler mon rôle, de faire une alerte, une interpellation. »
Par Mamadou Ndiaye
GÉNÉROSITÉ
Le gouvernement augmente les primes allouées aux enseignants et baisse les prix des principales denrées de consommation courante. Coup sur coup, ces mesures impactent le pouvoir d’achat de larges secteurs.
Le gouvernement augmente les primes allouées aux enseignants et baisse les prix des principales denrées de consommation courante. Coup sur coup, ces mesures impactent le pouvoir d’achat de larges secteurs. En outre, elles ont le mérite de calmer le front social entré durablement en ébullition.
Le sucre, l’huile et le riz coûtent moins cher. Jusqu’à quand ? Personne ne sait. Du moins pour l‘instant. Etant tous les trois des produits massivement importés, ils risquent de connaître un renchérissement consécutif à l’inflation mondiale tant redouté. Les grands pays agricoles stockent plus qu’ils n‘écoulent. Et les rares denrées transportées s’avèrent coûteuses du fait du prix du fuel qui double.
Au sortir des élections locales et avant les législatives de juillet, la période apparaissait propice à des actions syndicales d’envergure. Peu importe la sévérité de la crise scolaire, l’accord auquel son parvenues les parties dissipe les inquiétudes de divers acteurs, élèves et parents notamment. Tous semblent pousser un ouf de soulagement.
Cet apaisement obtenu au prix de notables concessions ouvre un chapitre d’interrogations. D’où l’Etat puise-t-il les ressources promises. En renonçant à des recettes, par quoi va-t-il combler le gap ? Les pouvoirs publics vont-ils se montrer plus résolus à jouer la carte de l’efficience (dans la collecte de l’impôt) et de l’efficacité (dans la dépense) ?
Entre en ligne de compte le nécessaire réajustement des pratiques budgétaires pour privilégier l’équité, la rationalité et surtout l’équilibre jusque-là déficient. Sans être budgétivore, contrairement à une idée assez répandue, l’éducation engloutit d’importants fonds dans un secteur connu pour ses disparités de statuts, de fonction et de revenus. Ce n’est pas un champ clos mais ça a tout l’air.
Naturellement les enseignants ne sont pas tous logés à la même enseigne. Ils ne parlent pas le même langage. Autrement dit, ils ne mènent pas le même combat. Si bien qu’un phénomène rampant émerge de plus en plus en leur sein : le corporatisme.
Chaque corps se prend en charge, se défend et délimite son périmètre revendicatif forcément distinct d’un autre corps. L’illusion de la force par l’effet nombre récolte ce qu’il a semé, à savoir un émiettement des effectifs qui ne milite plus en faveur de conquêtes collectives. De ce fait, le gigantisme du département cache une forêt de complexités difficiles à démêler.
Rien qu’en scrutant les aspirations cloisonnées des uns et des autres, l’envie des enseignants de devenir meilleur pour sauver l’école sénégalaise s’estompe.
L’indifférence vis-à-vis du sort de cette école étonne grand monde. D’autant que les prétentions à demander toujours plus désarçonne les tenants des pouvoirs qui ont du mal à faire entendre raison à leurs interlocuteurs.
Le cumul des impasses budgétaires reflète cet état d’esprit de ne jamais songer aux modalités de financement des besoins de l’école. Les ressources additionnelles de l’Etat proviennent de divers emprunts. Le savent-ils ? Ou feignent-ils de l’ignorer ? Dans les deux cas, la puissance publique a recours à des crédits long terme, majorés d’intérêts, pour financer les investissements dans le secteur de l’éducation qui, aux dires des plus avisés, absorbe plus de 40 % du budget national.
Qu’à cela ne tienne, le secteur bat de l’aile dans notre pays. A mesure qu’augmentent les effectifs jugés pléthoriques, la baisse de niveau s’observe autant chez les élèves que chez les enseignants. La formation est en net recul. D’où la chute des résultats scolaires aggravés par une désaffection et une insuffisance d’encadrement. Le socle éducatif s’en trouve désarticulé. Dans ce chaos qui ne dit pas son nom, l’école reste otage des surenchères.
Le sens des priorités est occulté par le chevauchement des urgences. Observez comme les syndicats d’enseignants rivalisent dans l’occupation des médias. Désormais, ils prennent la presse pour l’arbitre des joutes, ce qui contribue à accréditer l’idée que le système médiatique fait et défait les dirigeants et leurs organisations ou conforte d’autres par une complaisance inhabituelle.
Ainsi, le jour n’est plus loin où, en dépit des efforts de tous pour hisser haut le mât de l’école, il faudra tenir face aux assauts visant à ternir l’éducation. Elle dégringole d’année en année. Les grèves répétées et les plans d’actions interminables ruinent toutes chances d’une reprise en main du système académique, très peu soutenu au demeurant.
Mais n’occultons pas la conjoncture. Elle sévit durement. Partout. De plus en plus, le privé et les Fondations, les mécènes et les philanthropes viennent en rescousse pour financer des programmes, des études, octroyer des bourses ou dégager des lignes budgétaires allouées à des recherches pédagogiques ou destinées à la réhabilitation et à la construction d’écoles dans des zones déshéritées où prolifèrent des abris provisoires servant de salles de classes ?
Ces acteurs non-étatiques prennent une part significative à la consolidation des acquis de l’Ecole publique. Généralement issus du secteur privé, ils tentent d’appuyer les Etats dont les moyens décroissants ne couvrent pas les besoins en croissance exponentielle. Fait inédit voire troublants : les Etats-Unis ont dépêché lundi à Caracas au Venezuela une forte délégation pluridisciplinaire pour relancer la filière pétrolière dans ce pays. Washington n’ignore pas pourtant l’étroitesse des relations entre Poutine et le chef de l’Etat vénézuélien Nicolàs Maduro.
En cas d’accord, les Américains veulent assurer l’approvisionnement en pétrole, convaincus que la guerre imposée par Poutine en Ukraine va durer. Les craintes de pénuries fleurissent en raison de l’embargo décrété contre le pétrole russe. La Libye suspend sa production d’or noir. Au Nigéria, les prix flambent au marché noir. Ce retournement inattendu de la conjoncture précipite des changements notoires tant dans la production que l’écoulement. En clair le ravitaillement du monde est
durablement perturbé. Le Blé de Russie et d’Ukraine ne s’exporte plus malgré des silos remplis. La Chine, premier producteur de cette céréale très prisée, se frotte les mains. Tous les regards se tournent désormais vers Pékin pour un pilotage stratégique. L’étroitesse des relations entre Russes et Chinois n‘exclut pas la gestion des intérêts. L’avenir du monde se dessine en pointillés…
Par Zeinaba Kane
SI L’ÉGALITE ÉTAIT UNE RÉALITÉ
Loin de faire le bilan de la situation des droits des femmes, il s’agira de questionner le principe d’égalité dans une perspective d’analyser la réalité de l’égalité homme-femme
La Journée internationale de la femme est une occasion solennelle pour interroger la situation des droits des femmes de façon générale et la condition féminine de façon spécifique. Depuis son institutionnalisation, elle mobilise les Etats, les institutions, les organisations de femmes et l’opinion publique. C’est aussi un prétexte pour jeter un regard critique sur la situation des droits des femmes, au regard du thème retenu cette année : « L’égalité aujourd’hui pour un avenir durable ». Un sujet qui trouve toute sa pertinence dans le contexte Sénégalais actuel. En effet, la question de l’égalité a toujours soulevé des incompréhensions et des amalgames aussi bien dans sa signification que dans sa perception dans la société sénégalaise.
Loin de faire le bilan de la situation des droits des femmes, il s’agira de questionner le principe d’égalité dans une perspective d’analyser la réalité de l’égalité homme -femme.
L’égalité signifie littéralement le caractère de ce qui est égal ou équitable ou encore le rapport entre des individus égaux. En droit, l’égalité peut signifier l’absence de discrimination entre les êtres humains. Ce principe a longtemps existé dans les civilisations avant de faire l’objet d’une consécration par le célèbre article premier de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 :« les hommes naissent libres et égaux en droits ». L’égalité en droit proclamée par la déclaration précitée est reprise par plusieurs constitutions modernes. La constitution du Sénégal n’est pas une exception. Elle a consacré le principe d’égalité aussi bien dans le préambule que dans le corpus constitutionnel. En effet, l’article 7 alinéa 5 dispose :« Tous les êtres humains sont égaux devant la loi. Les hommes et les femmes sont égaux en droit. »
A partir de ces textes, on comprend nettement que l’égalité en droit signifie avoir les mêmes chances et les mêmes opportunités dans l’accès aux différents droits quelque soit son sexe, son statut ou encore sa condition sociale. Ainsi, l’égalité postule une justice sociale et équilibrée. Dès lors, on peut s’interroger sur la réalité de l’égalité de chances et de droit dans la société sénégalaise.
Assurément, le discours sur l’égalité en général incrimine les normes sociales et les pesanteurs socioculturelles comme étant les principaux obstacles à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes. Ces deux facteurs ont bon dos dans les réflexions sur les droits des femmes. Il ne s’agit pas d’une simple remise en cause de la norme sociale et les pesanteurs sociaux culturels. Ce qui serait un faux fuyant. En vérité, il y a d’autres obstacles ou encore des déterminants sociaux notamment les rapports de pouvoirs entre les hommes aussi délicats q s. Si l’on sait que les questions de pratiques et de normes sociales connaissent des processus de changements plus lents qui se négocient entre les différents acteurs.
Un certain suivisme du discours international sur l’égalité notamment les éléments de langage serait une grave erreur pour une société progressiste comme la société sénégalaise qui a connu quelques évolutions notoires du point de vue des droits des femmes. Il y a lieu de questionner les textes et les politiques discriminatoires des droits des femmes afin de voir comment les éliminer. On peut à titre d’illustration citer quelques domaines où des inégalités subsistent encore. Il s’agit notamment du défis du maintien des jeunes filles à l’école ou à une éducation de qualité, l’insuffisance de prise en charge des filles déscolarisées souvent laissées pour compte par le système, le difficile accès aux soins de santé, la prise en charge médicale et sociale des femmes dans un contexte d’absence ou de faiblesse des politiques de sécurités sociales, la persistance de la fracture entre femmes rurales et les femmes en milieu urbain, la difficulté d’accès aux ressources financières et enfin la faible représentation dans les postes nominatifs. La liste est loin d’être exhaustive mais suffisante pour illustrer le gap à combler pour bâtir une égalité durable. Et pourtant, les chiffres annoncés par les gouvernants surtout en termes de budget dans les programmes et politiques sont difficilement perceptibles dans la réalité des droits des femmes.
L’une des questions choquantes dans l’égalité de droit est la représentation des femmes dans les instances décisionnelles. Le respect de la loi sur la parité absolue homme-femme dans les instances électives et semi électives reste encore un grand défi. Les installations récentes des bureaux des conseils municipaux et départementaux en sont une parfaite illustration. Pourtant, cette loi historique a plus de dix ans d’existence avec plusieurs expériences d’application. Mais malheureusement elle peine encore dans son effectivité. L’autre aspect de la représentation des femmes est l’accès aux fonctions nominatives. Peu de femmes sont nommées aux postes de responsabilité. Le discours officiel sur la représentation des femmes dans les postes de décision nominatifs est souvent dans le déni ou la simple marginalisation des femmes hautement qualifiées, prétextant souvent qu’on ne trouve pas de femmes à nommer ou encore ce fameux refrain, « elles ne font pas de politique ». A-t-on forcément besoin de militer dans un parti politique pour être nommé dans une position. On comprend aisément que la responsabilisation est avant tout une affaire de compétences et de savoir-faire dans un Etat de droit. Mais il y a de réels changements de paradigmes à opérer pour que l’égalité des chances et des opportunités soit une réalité.
L’égalité aujourd’hui, oui mais l’égalité ne se décrète pas, elle se construit suivant de longs processus basés sur des équilibres sociaux qui ne mettent pas forcément les différentes valeurs et normes en contradiction.
L’égalité des droits surtout une égalité durable pour un meilleur avenir est possible. Il faut renforcer les bases d’une société juste et équilibrée où tous les citoyens et citoyennes se sentiront égaux en droit, égaux devant la loi, égaux devant les services publics, égaux devant l’accès aux ressources. Voilà des pistes des solutions pour bâtir une société égalitaire et solidaire dans un contexte de crise économique et de changements climatiques. Cette dernière question est encore abordée sous un angle plus ou moins technique voir élitiste alors que les conséquences des changements climatiques touchent les femmes. Il faut une appropriation de ces problématiques et des questions connexes par les organisations de défense des droits des femmes qui doivent diversifier leurs interventions et oser sortir des sujets classiques mais brulantes des droits des femmes.
Bravo à toutes les femmes et aux hommes qui les soutiennent au quotidien.
Bonne célébration.
Par Moussa SYLLA
FAIRE PROGRESSER LES DROITS DES FEMMES, C’EST FAIRE PROGRESSER LE MONDE
Tous les 8 mars, je lis de nombreuses publications d’hommes exprimant leur admiration envers les femmes. Ces publications disent, en résumé, que la vie de leurs auteurs serait beaucoup moins réussie sans l’apport d’une femme, ce qui est fort vrai.
Tous les 8 mars, je lis de nombreuses publications d’hommes exprimant leur admiration envers les femmes. Ces publications disent, en résumé, que la vie de leurs auteurs serait beaucoup moins réussie sans l’apport d’une femme, ce qui est fort vrai.
En même temps, elles dénaturent le vrai objectif du 8 mars qui est la Journée internationale du droit des femmes et non simplement la journée des femmes. Il ne s’agit pas de dire que quand ma femme était absente, j’avais éprouvé des difficultés en nettoyant mon appartement ou en m’occupant des enfants : tel n’est pas l’objectif. Ma mère est une analphabète ; elle ne sait ni lire ni écrire. Elle parle souvent, avec beaucoup de regret, qu’elle n’ait pas eu l’occasion de faire des études, car elle aurait été une excellente étudiante. Quand je lui parle des sujets de la vie, je suis toujours impressionné par la qualité de sa réflexion ; cela me pousse à dire qu’elle est plus intelligente que moi. Encourager les femmes à ne pas abandonner leurs études, à ne pas se croire inférieures aux hommes du point de vue des capacités intellectuelles, permettrait de faire avancer grandement la cause féminine. Pour les parents, c’est donner les mêmes chances à leurs filles qu’à leurs garçons, comme les inscrire dans les mêmes écoles, soutenir et encourager de façon égale leurs ambitions. Quand les femmes étudient mieux, un pays en profite grandement.
Les Nations les plus avancées sont celles où les droits des femmes sont les mieux respectés parce qu’un Etat ne peut se développer en brimant la moitié de sa population. En faisant cela, il se prive de créativité, d’une manière autre de voir les choses et de talents tout simplement. Cela est une transition pour parler de l’importance pour une entreprise d’intégrer les femmes dans son comité de direction. Aujourd’hui, une entreprise dessert plusieurs marchés. Comment réussira-t-elle à faire croître ses parts de marché si elle n’a dans sa direction que des hommes ? Elle perdra en capacité de réflexion originale et de sortir de sa zone de confort. J’ai lu des études affirmant que lors des crises, les entreprises les plus diverses du point de vue du sexe s’en sortent mieux. Pourquoi ? Tout simplement, il y a une diversité de points de vue, les femmes apportent leur sensibilité et leur manière de voir les choses.
Aussi les entreprises créatives intègrent-elles des femmes dans leurs comités de direction, écoutent et prennent-elles en compte leurs points de vue. Il ne s’agit juste pas d’intégrer une ou deux femmes dans son comité de direction pour donner l’impression que nous respectons la diversité, mais de donner la chance à toutes les femmes compétentes d’exprimer leurs talents. Il y a quelques jours, je rentrais du travail. Coincé dans les embouteillages, j’allumai la radio et tombai sur une chanson d’un artiste célèbre. J’étais choqué d’entendre ces propos : «Si tu as réussi, c’est parce que ta mère a travaillé. Si tu as échoué, c’est parce que ta mère n’a pas travaillé.» On impute à la mère l’échec ou la réussite de son enfant, surtout l’échec. Quid du père absent, négligent ? N’est-il pas coupable ?
Il y a parfois dans les propos des Sénégalais un fond de machisme qui impute tous les mauvais comportements d’un enfant à sa mère. J’ai remarqué que le père a une grande part de responsabilité dans l’échec ou la réussite d’un enfant. .
En Amérique du Nord, on dit que les familles noires sont dans un cercle vicieux à cause de l’absence de père, due au taux d’emprisonnement élevé des hommes noirs. Un papa absent ne veut pas dire simplement un papa qui a abandonné ses enfants. C’est aussi un papa qui ne s’occupe pas d’eux, qui néglige leurs besoins. Quand des enfants ont un tel papa, la probabilité de réussite est moindre que celle d’enfants avec un papa aimant, qui leur offre un modèle solide. Je parlais plus haut de l’importance que les filles continuent leurs études.
En parlant à des femmes, j’ai découvert une chose : elles s’absentaient à l’école lors de leurs périodes menstruelles parce que ne pouvant acheter des serviettes hygiéniques. Récemment, je lisais qu’en France, le gouvernement a décidé d’allouer 5 millions d’euros à la lutte contre la précarité menstruelle. C’est un exemple que doit suivre le Sénégal : rendre gratuite la distribution de protection hygiénique.
La conjoncture est difficile au Sénégal. Beaucoup de familles n’arrivent pas à se nourrir convenablement, à plus forte raison acheter à leurs filles des protections hygiéniques. L’Etat a un rôle important à jouer pour résoudre ce problème : en rendant gratuite la distribution de serviettes hygiéniques, il permettra à ces femmes qui s’absentent à l’école lors de leurs périodes menstruelles d’être présentes. Cela contribuera à diminuer l’absentéisme à l’école et l’abandon des études.
En tant qu’hommes, nous devons comprendre qu’il est dans notre intérêt l’autonomisation des femmes. C’est aussi l’intérêt de la société et du monde. Les femmes apporteront leurs points de vue uniques et permettront une meilleure qualité de décision. Certains Etats l’ont compris et avancent beaucoup plus rapidement. D’autres sont encore dans un machisme rétrograde et se privent de l’apport de la moitié de leur population. Le Sénégal doit faire partie du premier lot. Il doit être un pionnier dans la lutte pour les droits des femmes, afin de leur permettre de s’épanouir, d’exprimer leurs talents et potentiels. Il doit, pour cela, faire tout pour les garder à l’école, inciter les entreprises à leur donner leur chance.
Pour nous, hommes sénégalais, nous devons arrêter d’accuser les femmes de tous les maux de la société, de l’échec de nos enfants, les aider à se développer. Cela est dans notre intérêt : les enfants auront tellement plus de chance de réussite si leurs père et mère sont épanouis et leur donnent des exemples inspirants. Faire progresser les droits des femmes dans le monde, c’est faire progresser le monde. Un certain nombre de mesures institutionnelles peuvent et doivent être prises : garder les filles à l’école, leur donner leur chance dans le monde du travail, combattre les plafonds de verre à leur égard. Pour nous, hommes, nous devons arrêter avec ce vieux fond de machisme qui fait des femmes la cause des échecs des enfants.
PS. : Il y a quelques jours, je relisais le roman Une si longue lettre, écrit par Mariama Ba. Je tombai sur le passage suivant : «Quand la société éduquée arrivera-t-elle à se déterminer non en fonction du sexe, mais des critères de valeur ?» Vivement un tel monde !
Moussa SYLLA
Par Hamidou ANNE
LE SIECLE DE PASOLINI
Comme lui dans son pays à l’époque, je suis un compagnon inconfortable de la gauche de chez moi, qui refuse de penser et verse dans la tyrannie réactionnaire alors qu’elle est censée défendre les libertés face aux dogmes oppressants
Pier Paolo Pasolini, né en 1922 à Bologne, aurait eu cent ans le 5 mars 2022. Poète, essayiste, romancier, cinéaste, scénariste et militant, Pasolini est l’un des plus grands intellectuels du siècle dernier. Auteur prolifique, qui a touché à presque tous les genres artistiques, il a eu un impact sur la pensée critique de gauche dans la deuxième moitié du 20ème siècle.
Pasolini est mort, le corps mutilé, dans la nuit du 1er au 2 novembre 1975, sur une plage d’Ostie à Rome. Cette mort atroce a-t-elle un mobile crapuleux ou est-ce un assassinat politique ? Un demi-siècle plus tard, le mystère demeure et renforce le culte que de nombreux intellectuels et militants vouent à l’homme.
Pier Paolo Pasolini, dont j’ai découvert l’œuvre à la sortie d’une adolescence tumultueuse à Pikine, a changé ma vie. J’ai lu de manière avide sa poésie et ses romans qui accordent une place prépondérante aux petites gens, aux personnes ordinaires, ces âmes qui peuplent les villes laissées à elles-mêmes. Le cinéma de l’italien, dont je ne suis pas un grand admirateur, aborde les mêmes thèmes, notamment la vie dans les «Borgate», ces lieux nichés en bas des immeubles et des cours à Rome en pleine transformation urbaine, et qui portent le drame du monde, la souffrance du petit peuple que le poète a consacré sa vie à mettre en lumière et à défendre.
Cette rage de peindre le quotidien des petites gens face aux assauts des puissants traverse l’œuvre du poète italien, à travers notamment, ses premiers romans «Les Ragazzi» et «Une vie violente» et ses films «Accattone» ou «Mamma Roma». Cinéaste engagé, artiste enragé, Pasolini est aussi un homme blessé par une enfance misérable passée avec une mère protectrice après la mort du père et du frère ; mère dont on retrouve la figure tout au long de l’itinéraire créatif du frioulan.
La vie de Pier Paolo Pasolini a aussi été marquée par son engagement à gauche. L’intellectuel a eu des liens vifs, parfois violents avec sa famille politique, car il n’a cessé de renier tous les dogmes et les enfermements doctrinaux au moment où le Parti communiste italien, à l’instar de ses frères dans les autres pays, n’acceptait aucune pensée dissidente.
Lecteur attentif de l’œuvre de Antonio Gramsci, intellectuel auquel il a consacré un long poème qui a donné son titre au recueil «Les cendres de Gramsci», Pasolini est défini comme un marxiste hérétique, attaché à la liberté et à l’épanouissement des gens à la marge des sociétés, mais libre et réfractaire à toute pensée totalitaire. Anticapitaliste, pourfendeur de la société de consommation, Pasolini n’en demeurait pas moins critique de ce qu’il appelait les dérives du progressisme. En mai 68, il prit fait et cause pour les policiers face aux étudiants qu’il traitait de petits bourgeois.
Pier Paolo Pasolini était un intellectuel fidèle à la tradition des penseurs critiques : il dérangeait la droite et les milieux conservateurs, mais aussi les siens. Ainsi il a dérouté la gauche en sacralisant les mythes, le sacré et la foi. C’était un athée chrétien, un marxiste christique, un libéral mystique et un conservateur libertaire. Son bouleversant film «L’Evangile selon Saint Matthieu» est rangé dans le panthéon de l’art chrétien.
Je me réfère souvent à Pasolini quand j’observe la gauche africaine. Comme lui dans son pays à l’époque, je suis un compagnon inconfortable de la gauche de mon pays, qui refuse de penser et verse dans la tyrannie réactionnaire alors qu’elle est censée défendre les libertés face aux dogmes oppressants.
Visiter ou revisiter la littérature et le cinéma de Pasolini est nécessaire à l’heure où l’hideux drapeau du fascisme flotte sur le monde, menaçant les lumières de la démocratie et des libertés qu’elle a le devoir de protéger. Dans son dernier article avant son assassinat, intitulé «Le vide du pouvoir en Italie» et connu aussi sous le titre de «La disparition des lucioles», Pasolini décrit même une chaîne d’équivalence entre ce qu’il appelle «le fascisme fasciste et le fascisme démocrate-chrétien». Il regrette le monde d’hier riche de beauté et plein de sens que les dérives de la société de consommation détruisent.
Pasolini a marqué son siècle. Il fut un intellectuel courageux, un homme engagé, qui par la plume et la caméra a inspiré des générations de penseurs. L’œuvre de Pasolini, qui a ses limites et ses impasses certes, se caractérise par son refus des castes et des assignations. Elle sacralise la liberté de choisir, de faire face aux dogmes. Il nous laisse une œuvre foisonnante et éclectique. Pour nourrir un humanisme de combat crucial en ces temps incertains et vides de sens, il est nécessaire de se plonger à nouveau dans l’œuvre de l’Italien. Sans doute nous y trouvons à chaque fois des clefs de compréhension de l’époque et des moyens de demeurer libres afin de penser contre soi et contre sa société.
AICHA HENRIETTE NDIAYE, UNE FEMME QUI TISSE SA TOILE DANS LE FOOT
Aicha Henriette Ndiaye est la première femme sénégalaise à intégrer le cercle restreint des instructeurs de la Confédération Africaine de Football
Dans un monde footballistique dominé par les hommes au Sénégal, une femme se distingue et tisse lentement mais surement sa toile. Son nom est Aicha Henriette Ndiaye. Première capitaine de l’équipe nationale féminine de football, elle est aussi la première femme du pays à décrocher le sésame d’instructeur de la Confédération Africaine de Football (CAF). Cette dame est à la tête de l’équipe nationale féminine qui a récemment décroché le ticket qualificatif à la coupe du monde u20 féminine prévue en Août prochain au Costa Rica. Portrait d’une battante qui a comme idole Aline Sitoé Diatta.
Aicha Henriette Ndiaye est la première femme sénégalaise à intégrer le cercle restreint des instructeurs de la Confédération Africaine de Football(CAF). Pour accéder à ce statut obtenu en 2020, la native de Belfort, un quartier de la commune de Ziguinchor, a dû parcourir du chemin. «C’est en 2006 que j’ai démarré mes cours d’instruction de la CAF, sous l’impulsion de l’ancien Directeur Technique National (DTN) du football Mama Sow. Je profite de l’occasion pour lui rendre hommage. Durant 14 ans, j’ai parcouru l’Afrique à la quête du savoir. C’est donc une reconnaissance qui me va droit au cœur», s’enorgueillit Aicha Henriette Ndiaye, coach de l’équipe nationale féminine des moins de 20 ans du Sénégal, récemment qualifiée pour la coupe du monde de la catégorie qui doit se dérouler du 10 au 28 août au Costa Rica.
Le courage et la persévérance sont la devise de la première capitaine de l’équipe nationale féminine du football sénégalais. Sa source d’inspiration est la prêtresse de Cabrousse qui est la résistante la plus connue de la Casamance naturelle. «J’ai l’habitude de dire que je suis la deuxième Aline Sitoé Diatta. Elle est ma référence et je l’affirme partout où je suis. Tous les gens qui m’interpellent à propos de mon abnégation, je leur réponds toujours que je la tire de ma référence Aline Sitoé qui a résisté durant la colonisation, malgré le statut qui était conféré à la femme à l’époque.
La posture qu'elle avait durant la période coloniale, j’essaie de m'en inspirer pour me frayer un chemin dans le monde du football dominé par les hommes», renchérit-elle. Celle que l’on surnomme affectueusement «Harrête» a chopé le virus du football dès sa tendre enfance. Elle a commencé à taper au ballon à Ouakam et s’est ensuite forgée au terrain de football de son quartier de Ziguinchor avec les garçons de sa génération. Puis, elle a rejoint la capitale sénégalaise pour poursuivre sa carrière, faute d’équipe spécifique lui permettant de s’épanouir dans sa passion à Ziguinchor. Elle a d’abord intégré les Gazelle de Dakar où elle a été répérée pour former la première équipe nationale féminine du Sénégal avec des talents d’alors comme Sény Ndir Seck. Elle a aussi joué pour les Aigles de la Médina et les Sirènes de Dakar.
Aicha Henriette Ndiaye a entrainé plusieurs équipes de football dont la plupart des équipes masculines. Elle a d’abord fondé l’école de football Mamadou Marième Diallo à Ziguinchor, à l’époque où elle était joueuse. Ce sont les pensionnaires de cette école de foot qui avaient d’ailleurs péri dans le naufrage du bateau le Joola avec son cofondateur Michel Diatta, ancien international sénégalais et ancien sociétaire du Port Autonome de Dakar.
Après sa carrière de footballeuse, Aicha a entrainé l’équipe masculine de Zig-inter académie, l’ASC Diamalaye dans le championnat national populaire, l’équipe féminine du Casa Sports avant d’hériter des Lioncelles U20 du Sénégal, avec lesquelles elle va participer à la coupe du monde de la catégorie pour la première fois. Elle a aussi guidé les premiers pas de plusieurs footballeurs qui sont devenus aujourd’hui professionnels. Parmi ceux-là, Arial Barnabent Mendy, international sénégalais et sociétaire de Clermont Foot 63, l’international Bissau-guinéen Assane Baldé qui évolue au Portugal et Serges Gomis, ancien de Diambars, actuellement en MLS.
Le rêve d'Aïcha Henriette Ndiaye, c’est d’entrainer un jour l’équipe nationale masculine A du Sénégal. Peut-être que les gens vont trouver ce rêve utopique, mais moi j’y crois. Parce que tous les hommes qui évoluent en équipe nationale masculine A du Sénégal sont issus de mamans et ont été couvés par des femmes, donc ils doivent pouvoir accepter d’être managés par des femmes», clame Aicha Henriette Ndiaye.
LES RÉSEAUX SOCIAUX ET LES PLATEFORMES NUMÉRIQUES, LES RACINES DU MAL
« L’écosystème des fausses informations au Sénégal : une vue d’ensemble ». Tel est l’intitulé du rapport du centre pour la démocratie et le développement qui s’est particulièrement appesanti sur le niveau de désinformation dans le pays.
Le centre pour la démocratie et le développement a initié une série d'études sur l'écosystème de la désinformation dans l'espace Cedeao. En ce qui concerne le Sénégal, le problème a été circonscrit dans un rapport avec une identification des principaux acteurs intervenant dans la diffusion et l’amplification des fausses informations. L’étude révèle que les réseaux sociaux et les plateformes numériques incarnent aujourd’hui l’axe du mal.
« L’écosystème des fausses informations au Sénégal : une vue d’ensemble ». Tel est l’intitulé du rapport du centre pour la démocratie et le développement qui s’est particulièrement appesanti sur le niveau de désinformation dans le pays. Selon l’étude, le phénomène est aujourd'hui accentué et vulgarisé avec l'avènement des réseaux sociaux et autres plateformes numériques. Elle renseigne que le Sénégal compte 3,9 millionsd'usagersdes réseaux sociaux, dont 3,2 millions sur Facebook. Tout en étant des plateformes qui publient le contenu créé par les utilisateurs, note-t-on, les réseaux sociaux sont également des relais et des amplificateurs des informations qui circulent dans les médias classiques et les sites web. «Tous les sujets d'actualité y sont partagés et commentés par les internautes, avec un fort risque de faire une interprétation erronée des faits relatés par les médias. Certains prennent des extraits vidéos ou audio des programmes télés ou radios qu'ils partagent sur les plateformes de messagerie comme WhatsApp, souvent en sortantles faits de leur contexte, menant ainsi à la création de fausses informations», révèle l’enquête.
Poursuivant, elle renseigne que les médias classiques ne se contentent pas seulement de publier leur contenu sur les réseaux sociaux mais qu’ils considèrent également ces derniers comme des sources d'information. Ainsi, note-t-on, beaucoup de débats sur les réseaux sociaux se retrouvent dans les médias traditionnels sous forme d'articles, donnant souvent lieu à un manque de vérification des faits supposés. «De ce fait, les fausses informations peuvent suivre un cycle continu, en partant d'une rumeur qui démarre par le bouche-à-oreille avant d'arriver surWhatsApp où elle est partagée d'utilisateur à utilisateur pour atterrir sur un réseau social comme Facebook ou Twitter, et par la suite finir dans certains médias traditionnels», relève le rapport. Sur le banc des accusés, le rapport cite les sites web qui ont de plus en plus tendance à être à la remorque des réseaux sociaux en se focalisant davantage sur les sujets sensationnels, dans une course effrénée aux clics. «Les sites les plus visités sont ceux qui ont misé sur l'information sensationnelle avec moins d'accent sur la rigueur journalistique. Cela comprend les sites tels que sanslimitesn.com, galsen221.com ; sunubuzzsn.com ; metrodakar.com ou encore senego.com. Pour ces sites, le futile passe avantl'utile, comme l'avoue un des rédacteurs en chef de l'un d'eux», lit-on dans le document dont «L’As» détient une copie.
LES HOMMES POLITIQUES SUR LE BANC DES ACCUSÉS
Toujours parmi les plateformes digitales qui diffusent le plus des fausses informations, on peut relever YouTube. «Un cas particulier où cela tourne vers la diffusion de fausses informations concerne Xalaat TV dont le travail comprend la ‘’ré-information’’. Les médias de ré-information sont des supports qui entendent révéler ‘’la vraie vérité’’ tout en dénonçant ceux qui, selon eux, trahiraient les exigences professionnelles et éthiques du journalisme : les médias ‘’mainstream’’», relève le rapport qui ajoute que les animateurs de la chaîne Xalaat TV qui compte 715 000 abonnés sur YouTube, diffusent en wolof en reprenant des sujets dans les médias, mais en les analysant, commentant et réinterprétant à leur guise.
En outre, l’enquête a fait état de l’accaparement des médias par les hommes politiques avec comme conséquence de passer de la logique de presse d'information à une logique de presse d'opinion. L'enjeu, dit-elle, ce n'est plus d'informer pour l'intérêt général, mais on informe pour répondre à des causes précises. Ainsi, l’exemple de l’élection présidentielle de 2019 au Sénégal a été cité avec un foisonnement des fausses informations pour déstabiliser le contexte politique. Cependant, relativise-t-on, il n'existe aucune étude définitive permettant d'évaluer l'impact qu'elles auraient pu avoir sur l'issue du scrutin. Les cas de désinformation notés lors de ce rendez-vous électoral illustrent que le phénomène a fini de s'installer dans le débat public.
RECOMMANDATIONS
En définitive, le Centre pour la Démocratie et le Développement a formulé une série de recommandations afin de juguler ce fléau. Ainsi, il a été préconisé de renforcer les organes de régulation et d'autorégulation des médias existants en les dotant de moyens suffisants pour effectuer convenablement leur travail. Non sans estimer que les compétences des organes de régulation doivent notamment être élargies aux médias numériques qui, jusque-là, ne font l'objet d'aucune régulation. Il a été également recommandé d’adopter une loi sur l'accès à l'information publique dans la mesure où les entraves à l'accès à l'information publique sont souvent l'origine des supputations et autres rumeurs concernant les affaires publiques.
Toujours dans les recommandations, il a été préconisé de promouvoir l'éducation aux médias, à l'information et au numérique, de soutenir le développement de médias indépendants de qualité ; de soutenir et renforcer les initiatives citoyennes de lutte contre les fausses informations ; de mettre en place une agence étatique de lutte contre la désinformation ; et de lancer des campagnes de sensibilisation contre les fausses informations.
LE FORUM DU JUSTICIABLE PRESSE OUMAR MAHAM DIALLO
Lenteurs dans le traitement des dossiers judiciaires La situation qui prévaut au temple de Thémis depuis la disparition de l’ancien doyen des juges Samba Sall irrite les membres du Forum du Justiciable (FJ).
Nommé, depuis le 23 novembre 2021, Doyen des Juges d’Instruction (Dji) en remplacement de Samba Sall décédé des suites d’une longue maladie, Oumar Maham Diallo tarde encore à activer les grands dossiers dont il a hérité. Ce reproche émane des membres du Forum du justiciable qui ont sorti un communiqué pour inviter le Dji Oumar Maham Diallo à accélérer la cadence.
La situation qui prévaut au temple de Thémis depuis la disparition de l’ancien doyen des juges Samba Sall irrite les membres du Forum du Justiciable (FJ). Ces derniers se sont fendus d’un communiqué pour déplorer le retard noté dans le traitement des dossiers judiciaires en instance au niveau du premier cabinet d’instruction.
Selon Babacar Ba et ses camarades, ces lenteurs ne favorisent pas le bon fonctionnement du service public de la justice. «Au contraire, elles font entorse au respect des règles et principes fondamentaux considérés comme des normes universelles pour garantir l’exercice d’une justice efficace», soulignent les responsables du bureau exécutif du FJ.
Convaincu en effet que l’intérêt de tout justiciable n’est pas seulement d’obtenir une décision définitive de justice, mais surtout de l’obtenir dans un délai raisonnable pouvant lui permettre de jouir pleinement des droits que celle-ci consacre, ces hommes de droit soutiennent que parmi les principes qui régissent la justice «figure en bonne place le traitement des dossiers judiciaires dans un délai raisonnable». Par conséquent, ils invitent Oumar Maham Diallo à faire respecter le droit. «Le Forum du justiciable, soucieux d’une bonne administration de la justice et du respect du principe de délai raisonnable, invite le Doyen des juges d’instruction à un traitement rapide des dossiers judiciaires en instance», lancent Babacar Ba et Cie.
A rappeler que le Doyen des juges d’instruction (DJI) du premier cabinet du tribunal de Dakar, Samba Sall, a laissé de grands dossiers derrière lui comme l’affaire Sonko-Adji Sarr, après avoir vidé les affaires Khalifa Sall et le cas Thione Seck le 14 mars dernier. Ancien président de la chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Ziguinchor, Oumar Maham Diallo, nommé Doyen des Juges d’Instruction lors de la dernière réunion du Conseil Supérieur de la Magistrature (Csm), est peint par ses collègues comme une personne courtoise et respectueuse qui dispose de toutes les qualités requises pour remplir pleinement les nouvelles responsabilités qui pèsent sur ses épaules.
Mieux, ce juriste diplômé de l’Enam Cycle A en 1999 est décrit comme un homme pondéré, humble, qui dispose de qualités humaines qui ont participé à huiler ses rapports avec sa famille professionnelle. Ayant sillonné plusieurs localités du pays, il dispose d’une grande expérience. Ancien juge au tribunal de grande instance hors classe de Dakar, ancien conseiller à la Cour d’Appel de Dakar, ancien président du tribunal du travail de Kolda. Oumar Maham Diallo, âgé de 54 ans, a été juge du 3e cabinet au tribunal régional de Dakar.