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27 août 2025
Par Yoro DIA
RAPPORTS DES FORCES INTERNES ET SANCTIONS
Pour les cas du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée, ce sera probablement ce rapport de forces interne qui va être plus déterminant que les sanctions pour sortir ces pays de la crise
L’histoire démontre que les sanctions internationales ou bilatérales sont rarement efficaces pour faire plier un régime. Plus de cinquante ans de sanctions américaines n’ont pas réussi à faire tomber les frères Castro. L’Iran est sous sanctions américaines depuis 1979 et le régime des mollahs est toujours en place à Téhéran. Les mêmes sanctions n’avaient pas réussi à faire tomber le Colonel Kadhafi et il a fallu une intervention militaire de l’Otan pour le faire chuter. En Afrique du Sud, le rapport des forces interne entre la majorité noire et la minorité blanche a été plus déterminant dans la fin de l’Apartheid que les sanctions contre le régime raciste de Pretoria. Pour les cas du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée, ce sera probablement ce rapport de forces interne qui va être plus déterminant que les sanctions pour sortir ces pays de la crise.
Le Président Obama, qui avait si bien compris que l’instrumentalisation de la peur de l’Amérique était le moteur de la survie du régime des mollahs, des Castro et de la Corée du Nord, avait pris l’initiative de mettre fin aux sanctions et de normaliser les relations. Obama a été ainsi la plus grande menace pour ces régimes, parce que dès la levée des sanctions, les régimes n’avaient plus de bouc émissaire pour détourner la question intérieure vers la menace extérieure. C’est ainsi qu’en Iran, dès qu’il y a eu l’accord sur le nucléaire, la question intérieure est revenue au premier plan avec des manifestations pour protester contre la situation économique et le coût exorbitant des engagements militaires iraniens en Irak, au Liban et au Yémen, alors que le pays vit une situation économique difficile. Cette dynamique sera interrompue par l’élection de Trump, qui jettera à la poubelle la doctrine de la «patience stratégique» de Obama.
Les régimes militaires au Mali, au Burkina et en Guinée ont la même stratégie que les mollahs de Téhéran ou les Castro, parce qu’ils ont compris que leur survie est dans l’union sacrée instinctive créée par les sanctions, qui fait que toute critique est dénoncée par leurs thuriféraires comme une collusion avec l’étranger, qui fait souffrir le peuple en lui imposant une punition collective. C’est ce qui explique que les régimes militaires de ces trois pays ne veulent pas donner des délais raisonnables pour permettre une levée des sanctions et une sortie de crise.
L’argument qu’ils invoquent sur la nécessité d’avoir le temps pour rétablir la sécurité avant les élections est un alibi, parce qu’il n’est pas évident que même dans dix ans, ces régimes puissent venir à bout de ces menaces terroristes auxquelles de grands pays comme les Etats-Unis et la France n’ont pas pu trouver de solutions. Et c’est le maillon faible de leur stratégie pour se maintenir au pouvoir, parce que les populations vont vite se rendre compte qu’il n’y a pas d’évolution majeure dans la lutte contre le terrorisme qui est l’alibi de leur présence à la tête de l’Etat.
Comme au Mali, les partis politiques et la Société civile ont commencé à se réveiller en Guinée pour contester les régimes issus des coups d’Etat. Ce réveil des partis politiques et des sociétés civiles sera beaucoup plus efficace que les sanctions de la Cedeao. La democratie se mérite, elle ne s’importe pas et ne s’impose pas de l’extérieur. C’est toute la différence entre la première vague démocratique partie de la Baule en 1990 et qui a montré ses limites, et la deuxième vague partie de Ouagadougou, quand les Burkinabè ont fait une révolution pour chasser Blaise Compaoré. La democratie reviendra beaucoup plus facilement au Mali, au Burkina qu’en Guinée. Le Burkina et le Mali ont de solides traditions démocratiques et comme le montre l’exemple gambien, quand un pays a des traditions démocratiques, dès qu’on extirpe le virus de la dictature ou du militarisme, le pays retrouve ses mécanismes et ses réflexes démocratiques.
Le Mali a été une des plus grandes démocraties africaines pendant des décennies, avec des élections et des alternances exemplaires alors que le Burkina a été un des rares pays avec le Sénégal à avoir maintenu un système multipartisan après les indépendances. Donc, dans ces deux pays, qui ont des traditions électorales fortes, on peut organiser des élections en moins de 24 mois.
Faire reculer le terrorisme avant les élections est une douce plaisanterie parce qu’il n’y a pas de limite temporelle dans ce combat asymétrique qu’est la lutte contre le terrorisme et les faits ne prouvent pas qu’un régime militaire apporte un supplément d’efficacité dans cette lutte, en tout cas pas au Mali ou au Burkina.
OMAR DAF EN LICE POUR LE TITRE DE MEILLEUR COACH DE LA SAISON EN LIGUE 2
Auteur d’une belle saison en club, le technicien de 45 ans figure sur la liste des 5 entraîneurs nominés par l’Union Nationale des Footballeurs Professionnels de France (Unfp) pour être élu
Les prestations de Omar Daf à la tête de Sochaux ne sont pas passées inaperçues en Europe. Grâce à son travail, le technicien sénégalais fait partie des cinq entraîneurs nominés pour le prix du meilleur coach de la saison par l’union nationale des Fotballeurs Professionnels de France (unfp) en Ligue 2.
Omar Daf continue d’écrire sa propre histoire avec Sochaux. A la tête de cette équipe depuis longtemps, le technicien sénégalais ne cesse de porter ce club vers le haut du classement de la Ligue 2 française.
Auteur d’une belle saison en club, le technicien de 45 ans figure sur la liste des 5 entraîneurs nominés par l’Union Nationale des Footballeurs Professionnels de France (Unfp) pour être élu meilleur entraîneur de la saison en Ligue 2 française.
L’ancien adjoint d’Aliou Cissé sera en lutte avec Philippe Montanier (Toulouse), Thierry Laurey (Paris FC), Olivier Pantaloni (Ajaccio) et Didier Tholot (Pau). Avec ses choix et ses tactiques dans le jeu, l’ancien défenseur des Lions est un sérieux candidat pour ce trophée. Cette année, le Sénégalais est en course pour la première fois de son histoire.
À deux journées de la fin du championnat de la saison, son équipe occupe la 4ème place avec 67 points derrière Auxerre (68 points), Ajaccio (71 points) et Toulouse (76 points, déjà assurée de monter en Ligue 1).
Grâce à un travail colossal effectué avec le club sochalien, l’ancien latéral droit de l’équipe nationale du Sénégal a déjà qualifié son équipe pour les Play-offs d’accession en Ligue 1 la saison prochaine. Une récompense à juste titre pour le technicien du FC Sochaux-Montbéliard.
A noter que le vainqueur sera connu le dimanche 15 mai au lendemain de la 37ème journée de Ligue 1, lors de la 30ème édition de la cérémonie des Trophées UNFP du football.
LE JOURNALISME SOUS L’EMPRISE DU NUMÉRIQUE
Violences et intimidation en ligne, menaces physiques, harcèlement, abus verbaux… Ce sont là les quelques maux qui gangrènent le travail des journalistes à l’ère du numérique
A l’occasion de la célébration de la journée internationale de la liberté de la presse hier, la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples est largement revenue sur les multiples formes de violences auxquelles font face les journalistes à l’ère du numérique. Par ailleurs, elle a interpellé les Etats sur la nécessité de respecter leurs engagements en faveur de la liberté de la presse.
Intimidation, harcèlement en ligne, menaces physiques, abus verbaux, violences sexuelles… Ce sont là les quelques maux qui gangrènent le travail des journalistes à l’ère du numérique, si l’on en croit la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples qui a profité de la célébration de la journée internationale de la liberté de la presse pour alerter sur les nombreuses formes de violences que subissent les professionnels de l’information en ce 21èmesiècle.
Selon le commissaire Ourveena Geereesaha Topsy-Sonoo, le thème retenu cette année : «Le journalisme sous l’emprise du numérique» met en évidence les défis émergents en matière de liberté de la presse à l'ère numérique. D’autant que internet est devenu une partie intégrante du journalisme. Cependant, Ourveena Geereesaha Topsy-Sonoo reste persuadé que malgré ses nombreux avantages, ce nouveau canal de diffusion d’information n'est pas exempt de défis. En attestent les attaques récurrentes contre les journalistes. En effet, renseigne Mr Topsy, «la violence en ligne est devenue une nouvelle ligne de front en matière de sécurité du journalisme et se caractérise par des menaces physiques, des violences sexuelles, du harcèlement et des intimidations en ligne et des abus verbaux». Avec une tendance plus grave chez les journalistes féminines.
A l’en croire, les rapports montrent que les femmes journalistes sont de plus en plus souvent et de manière persistante confrontées au harcèlement et aux abus sexistes en ligne. Un phénomène qui, selon lui, peut être défini comme la combinaison des harcèlements et des abus en ligne souvent brutaux et prolifiques, y compris des attaques ciblées impliquant fréquemment des menaces de violence physique et/ou sexuelle, des violations numériques de la vie privée et de la sécurité pouvant exposer des informations d'identification et exacerber les menaces de sécurité hors ligne auxquelles sont confrontées les femmes journalistes et leurs sources, et des campagnes de désinformation coordonnées exploitant la misogynie et d'autres formes de discours de haine. Avec comme impact la sécurité des journalistes, mais aussi un effet étouffant sur la liberté d'expression et la liberté de la presse.
Outre ces défis liés au numérique, le commissaire Topsi a insisté sur l’impact des coupures de d’Internet et des médias sociaux sur le travail des journalistes dans un certain nombre de pays africains. A l’en croire, les perturbations et le manque d'accès à Internet et aux médias sociaux violent le droit à la liberté d'expression et à l'accès à l'information, contrairement à l'Article 9 de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples et peuvent avoir de graves conséquences sur la liberté de la presse en créant aux journalistes des difficultés pour s’acquitter efficacement de leur travail.
«LES ETATS DOIVENT RESPECTER ET PROTÉGER LE DROIT A LA LIBERTE D'EXPRESSION ET A L'ACCÈS À L'INFORMATION...»
En outre, la commission est revenue sur un autre sujet de préoccupation, à savoir l'augmentation exponentielle de la surveillance sur l’ensemble du continent. Et c’est pour révéler que de multiples rapports d'États déployant des technologies de surveillance dans leur juridiction, ont fait état de l'augmentation constante des outils de reconnaissance faciale qui suivent et identifient les individus à leur insu. A cela, s'ajoutent les caméras de surveillance permettant la reconnaissance faciale installée par un certain nombre d'États sous prétexte de la prévention de la criminalité.
Selon le commissaire Ourveena Geereesaha Topsy-Sonoo, ces systèmes seraient utilisés pour suivre à la trace et pirater à distance les journalistes et les critiques de l'État. Il dénonce par la même occasion ces technologies de surveillance permettant d'accéder à des données et de les traiter sans le consentement des concernés et contreviennent au droit à la vie privée.
Saisissant cette occasion, il invite les États parties à la Charte africaine leur obligation de prévenir, protéger et remédier aux attaques contre les journalistes, notamment en les protégeant de la violence, des menaces de violence et des diverses formes de harcèlement, comme le stipule le Principe 20 de la Déclaration de principes sur la liberté d'expression et l'accès à l'information en Afrique. Il n’a pas manqué de les interpeller sur les dispositions du Principe 20, sur la sécurité des journalistes et autres professionnels des médias. Aussi, il les exhorte à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir, respecter et protéger le droit à la liberté d'expression et à l'accès à l'information en assurant l'accès à Internet et aux services de médias sociaux, notamment en s'abstenant de limiter et/ou de perturber cet accès.
Dans la même veine, il rappelle le Principe 41 de ladite Déclaration qui stipule que «les États ne doivent pas se livrer à des actes de collecte, de stockage, d'analyse ou de partage indiscriminés et non ciblés des communications d'une personne, ni les tolérer» et que «les États ne doivent se livrer à une surveillance ciblée des communications que si elle est autorisée par la loi, conforme au droit et aux normes internationales en matière de droits de l'homme et fondée sur une suspicion spécifique et raisonnable qu'un crime grave a été ou est en train d'être commis ou pour tout autre but légitime ».
LES REVENDICATIONS PHARES DE 2022
Licenciements des travailleurs des collectivités territoriales, passif social, faillite de la poste, tels sont les points particuliers qui sortent du lot de revendications
Comme chaque année, il y a des points particuliers qui sortent du lot de revendications. Hier, lors de la remise des cahiers de doléances, les différentes centrales syndicales ont été unanimes sur le fait de sauver la Poste sénégalaise ainsi la liquidation du passif social. Il a été également question de la situation des travailleurs des collectivités territoriales licenciés abusivement par les nouveaux chefs des exécutifs locaux.
L’administration publique locale est traduite au banc des accusés. Lors de la cérémonie de remise de cahiers de doléances hier à la salle des banquets au palais de la République, il est reproché à certains chefs d’exécutifs locaux de s’être séparés illégalement de certains agents des collectivités territoriales parce que tout simplement ils n’appartiennent pas à leur bord politique.
A en croire le secrétaire général de la Fgts/B qui a soulevé la question, c’est une violation flagrante des droits des travailleurs et cela risque de créer des tensions immenses au sein des territoires. Selon Sidya Ndiaye, si l’Etat ne fait pas quelque chose, les licenciements vont continuer pour défaut d’appartenance aux mêmes couleurs politiques. «La collectivité locale n’a pas de couleurs. Mais il y a des maires qui se comportent comme si c’était leur propriété», a dénoncé Monsieur Ndiaye qui décrie le foisonnement de postes fictifs, postes politiques et recrutements de complaisance, malgré tous les efforts de l’Etat pour organiser la fonction publique locale.
Répondant à cette interpellation, le président de la République a soutenu que les collectivités locales sont soumises à des textes et que les maires ne peuvent pas faire tout ce qu’ils veulent parce que soumis à la loi. «Si le maire ne respecte pas la loin, il est démis de ses fonctions. Il est révoqué», affirme Macky Sall. Poursuivant, le chef de l’Etat a rappelé que le gouvernement a mis beaucoup de temps pour négocier avec les syndicats sur les dispositions de la fonction publique locale avant d’arriver à un organigramme type des collectivités. «On a donné deux ans aux collectivités pour s’adapter. Elles ont donc l’obligation de respecter cet organigramme type et tout recrutement en dehors de cet organigramme est nul. Le texte est clair», a soutenu le Président Sall. Il ajoute que les emplois de la collectivité ne dépendent pas de la couleur du maire. «Normalement, ces emplois une fois établis doivent faire l’objet de contrats. La vérité aussi, c’est que des maires, juste avant de partir, recrutent un nombre exorbitant de personnels. Ce n’est pas normal. Il y a quand même un problème qu’il faut voir de près et fixer les règles», a-t-il relativisé.
LIQUIDATION DU PASSIF SOCIAL
Par ailleurs, une autre question soulevée par les syndicats, c’est celle relative au passif social. Prenant la parole, le secrétaire général de la Cnts/Fc a soutenu que le seul hic du dialogue social, c’est le passif social avant de demander au chef du gouvernement de le vider pour avoir un dialogue performant. «Ce qu’il y a d’extraordinaire chez nos employeurs, c’est on leur reconnaisse des droits qu’ils ne nous reconnaissent pas. C’est cela qui a alourdi le passif. Ils ont le droit de sanctionner, mais ils ne nous reconnaissent pas le droit de remettre en cause leur décision», a indiqué Cheikh Diop. Il a également posé sur la table les difficultés rencontrées par la Poste avant de demander au chef de l’Etat de tout faire pour sauver la société. Sur le premier point soulevé par Cheikh Diop, le chef de l’Etat a indiqué clairement qu’il ne peut passer tout son magistère à réparer les passifs sociaux alors qu’il doit poser des actes. «Si je passe mon temps à réparer les erreurs de mes prédécesseurs, moi, qu’est-ce que je vais faire ? Vous voulez que je répare la SIAS, AMA Sénégal, et qui d’autres ? Air Afrique, c’est presque fini. L’Etat a mis sur la table plus de 4 milliards Fcfa. Je dois aussi poser des actes. C’est clair. Mais bon je vais encore en poser davantage. On verra la liquidation du passif social et la relance des entreprises en difficultés», a-t-il déclaré. Il indique dans la foulée que l’Etat ne peut pas tout faire. Pour lui, c’est une illusion que de penser que l’Etat peut tout supporter. «L’Etat ne peut pas répondre à toutes les doléances. Nous faisons de notre mieux et vous le savez. En tant que président de la République, j’ai une forte sensibilité sociale», souligne-t-il. Il soutient ensuite que depuis qu’il est à la tête du pays, il ne s’est jamais impliqué dans la gestion d’un quelconque syndicat. «Je suis démocrate et je suis pour la liberté syndicale», a-t-il déclaré.
LE CAS INQUIETANT DE LA POSTE
Sur le cas de la Poste, le Président Macky Sall n’a pas caché son exaspération en soutenant que c’est plus de 5000 emplois et que l’Etat souffre beaucoup en essayant de sauver cette entreprise. «L’Etat ne peut pas comme ça payer des salaires pour des gens qui ne travaillent pas. Nous avons fait tellement d’efforts. Il y a eu un reliquat de 12,5 milliards Fcfa soldés la semaine dernière. C’est une perfusion continue. Il faut donc une restructuration», a-t-il affirmé. Aussi, appelle-t-il la Poste à se réinventer pour ne pas mourir. A l’en croire, l’entreprise doit à l’Etat plus de 150 milliards Fcfa. Compte tenu de tous ces facteurs, souligne-t-il, un plan social est nécessaire pour rendre viable son fonctionnement et continuer d’assurer sa mission de service public. A ce niveau de la gouvernance des ressources publiques, indique Macky Sall, les gens doivent être plus regardants sur les rubriques. «Il ne faut pas faire tout ce qu’on veut », a-t-il renchéri. Il confie ainsi que l’Etat a pris en charge la dette de la Poste qui est de 42 milliards Fcfa. A la suite de cela, il attiré l’attention sur les difficultés de trouver cette manne financière face à l’urgence de protéger le pouvoir d’achat des Sénégalais.
Par Madi Waké Touré
L’AMITIÉ, LA VRAIE, EN PÉRIL DANS UNE SOCIÉTÉ SANS ÂME
Dans l’histoire de chaque peuple, on trouve des épopées qui rappellent et magnifient l’amitié vraie entre deux hommes, entre deux femmes ou entre une femme et un homme.
Dans l’histoire de chaque peuple, on trouve des épopées qui rappellent et magnifient l’amitié vraie entre deux hommes, entre deux femmes ou entre une femme et un homme. Griots, conteurs, écrivains, artistes, historiens se sont évertués au cours de l’histoire à traquer des faits et gestes posés par les hommes et qui subliment la grande amitié. Ils n’avaient pas tort pour avoir compris qu’une belle et profonde amitié, débarrassée de toutes scories, est source de réconfort moral et psychologique pour l’homme.
On a tous sans doute en mémoire ces mots sublimes déclinés dans une orchestration musicale digne d’un conte de fées, tellement c’était magique. Le Bembeya Jazz national de Guinée, en immortalisant l’œuvre d’un résistant africain, Samory Touré, n’a pas manqué de saluer la belle, solide et enrichissante amitié qui liait Samory à un de ses collaborateurs : « Mory Fidian DIABATE, grand capitaine et grand conseiller de l’Almamy, a été son fidèle compagnon durant les jours de gloire et les jours sombres.
Volontairement, il suivit l’Almamy dans son arbitraire refuge gabonais. Après la disparition de celui qu’il s’était choisi comme ami, il ne retourna pas en Guinée bien qu’il en eût la possibilité. Il creusa sa propre tombe à côté de celle de l’empereur pour qu’après sa mort, on l’y enterrât. Démontrant ainsi à la postérité la valeur d’un serment et ce que doit être une amitié ». Une aussi belle et solide amitié existe-t-elle encore de nos jours ? J’en doute !
Continuons encore à interroger le passé. On tombe sur la belle amitié entre Montaigne et son ami, Etienne de la Boétie. Celle qui liait les deux hommes est l’une des plus belles histoires offertes par la philosophie dans ce registre. Une « divine liaison » que l’auteur des « Essais » n’a cessé de célébrer pour son caractère unique et fusionnel, et dont il n’est jamais parvenu à faire le deuil. Ce bel hymne à l’amitié vraie, coup de foudre inexplicable (« parce que c’était lui, parce que c’était moi »), peut-on le déclamer tel quel aujourd’hui et cela à l’aune de ce que nous voyons, observons et entendons tous les jours ? Pas évident !
La réponse à ce questionnement est à chercher peut-être dans ces mots sublimes de la Rochefoucauld : « Les vertus se perdent dans les intérêts comme les fleuves dans les mers. » Tentons avant de poursuivre la réflexion de clarifier le mot « ami » qui donne lieu à plusieurs acceptions. Pour nombre de gens, le terme ami s’applique à un éventail de relations très larges : collègue de travail, camarade d’enfance ou confident. De nos jours, le commerce s’est emparé du mot « ami ». Les supermarchés, les agences de voyages, les banques se présentent en « amis » quand ils vous proposent leurs produits.
L’ancienne conception de l’amitié a pour ainsi dire disparu. Ces précisions faites, précisons tout de suite que le mot ami, qui est objet de ma réflexion, est différent de ce qui est énoncé supra. L’ami renvoie à l’amitié ; laquelle est conçue comme un lien solide qui rattache les hommes les uns aux autres de façon presque aussi étroite que les liens du sang. L’ami, le vrai, un frère choisi constitue donc un bouclier sûr pour les périodes difficiles. Au fait, l’amitié véritable signifie aussi qu’il faut être prêt à assumer des responsabilités, à se charger des fardeaux d’autrui. Autrement dit, l’amitié sincère exige des sacrifices. Et malheureusement, nos contemporains sont peu disposés à en faire. Les amitiés à l’ancienne mode sont de plus en plus rares. La tendance, c’est d’instrumentaliser les relations d’amitié. Et quand elles ne peuvent plus servir, on s’en débarrasse sans état d’âme. Après tous ces développements, une question surgit : l’amitié à l’ancienne est-elle meilleure que celle d’aujourd’hui ?
Pour Makhtar Ndao (MN), travailleur social avec une riche expérience professionnelle, doctorant en socio anthropologie, il y a lieu d’être prudent par rapport à certaines affirmations : « Affirmer que les relations d’amitié ne durent plus comme avant soulève beaucoup de questions : est-ce que c’est vérifié, sur quoi se fondet-on ?
De mon point de vue, c’est une idée reçue relevant d’une sorte de nostalgie de l’enfance : « tout était mieux quand on était enfant ». Je note que cet « avant », c’est quand aucune charge ne pesait sur nous, tout était à la charge des parents. » Alassane Kitane, de son côté, renchérit dans le même sens que MN : « Je ne serai pas d’accord avec ceux qui disent que les relations d’amitié ne durent plus aujourd’hui. On n’a pas de baromètre pour comparer la durée de vie des amitiés d’aujourd’hui et la durée de celles d’antan. Nous avons tous entendu parler de héros sénégalais trahis par leurs amis, de saints trahis par un de leurs disciples : nous avons entendu nos pères se plaindre de la traitrise de leurs amis, etc.
La trahison est aussi vieille que l’amitié. Je pense que c’est dans la nature humaine qu’il faut chercher le problème » soutient fort justement Alassane Kitane. Je crois savoir que ces deux chercheurs n’ont pas totalement tort. Mais au-delà de ce qu’ils disent, et qui est vrai, une observation empirique de notre société, ajoutée aux témoignages recueillis ici et là, tout cela dis-je, renforce ma conviction que l’amitié véritable se fait de plus en plus rare. Elle résiste difficilement aux pressions liées à l’âpreté d’une existence qui se conjugue pour le plus grand nombre avec précarité et esprit de concurrence exacerbée.
Les amitiés d’aujourd’hui accrochées à un fil et ne durent que le temps d’une rose !
Quoi qu’il en soit, un fait demeure : les amitiés d’aujourd’hui sont accrochées à un fil. Elles sont fragiles ! Très fragiles même ! Les soubresauts de tous ordres qui traversent la société ne peuvent laisser intacte l’architecture sociale. Ecoutons à ce sujet Abdou Khadre GAYE, écrivain, président de l’EMAD : « Hélas, aujourd’hui, la plaie est devenue une gangrène : ce n’est plus la dégradation du cadre de vie qui fait peur, mais la régression de l’homme sénégalais. On pourrait même parler de dégénérescence, qui sait ? Ce ne sont pas que nos rues qui sont encombrées et sales, mais aussi nos âmes. (…) C’est comme si, en pourrissant notre environnement, nous avons pourri notre esprit et notre cœur. »
L’expression est lâchée : « pourrir notre esprit et notre cœur » ! Quand ces deux sources de lumière sont atteintes chez la personne, il est difficile d’attendre d’elle des faits et gestes porteurs de lumière. Et la preuve que l’amitié fout le camp dans ce pays, c’est ce qui se passe dans le champ politique. Des compagnonnages de 20 ans, 30 ans ou même plus se brisent sous les coups de boutoir d’ambitions difficilement compréhensibles. En 20 ans voire davantage, que de secrets partagés, que de confidences livrées au motif que nous combattons et luttons pour un même idéal. Le fait de travailler dans un même cadre crée des liens. On finit à force de se fréquenter par se rapprocher, d’où l’appellation de « frères » ou de « camarades »qu’on se donne dans ces partis. Tous ces mots ont une charge affective certaine. Nonobstant toutes ces considérations, la dureté du combat politique avec son lot d’angoisses et de stress amène les uns et les autres à vouloir se « protéger » d’une certaine manière. De fait, on parle à l’autre, on se confie à lui, on lui révèle des secrets qu’on n’aurait dû jamais sortir. Tout cela me pousse à dire, au vu des multiples trahisons dans le milieu politique, qu’il n’y a pas un leader politique qui ne regrette dans son for intérieur d’avoir croisé sur son chemin tel militant qu’il considérait comme un véritable frère de sang. Au-delà même du champ politique, les gens sont devenus méfiants !
Combien sont-ils à jurer sur tous leurs dieux qu’ils ne sont plus prêts à faire confiance à qui ce soit compte tenu des nombreuses déceptions rencontrées dans leur vie ? Sur tout cela, j’ai cherché à recueillir l’avis d’un homme, Massyla Kane (MK), citoyen du monde de par son commerce facile et sa très large ouverture d’esprit. Pour ce conférencier de renom, Imam Ratib de la grande mosquée cité Mansour Sy (ex-cité III) de Pikine, « les temps ont changé ! Je peux dire sur la base des témoignages que je reçois régulièrement que l’amitié vraie ne court plus les rues. Et pour cause ! Il y a la jalousie, la méchanceté. Tous ces travers moraux influencent négativement les rapports interpersonnels ». Pour se faire plus convaincant, il cite un hadith authentique du prophète, Mahomet (PSL) selon lequel « Sou nguène wougnone té wone, dou nguène robanté », (i.e. si vous vous donniez la peine de fouiner dans les affaires les uns et des autres, personne ne viendrait à l’enterrement de l’autre.)
L’ami véritable, ce n’est pas celui-là qui va te flatter en toutes circonstances !
Poursuivant avec sa verve habituelle teintée d’humour, MK assène : « barina koulanane fo déwé ma défa ; soy dé muy daw », autrement dit, ceux-là qui clament urbi et orbi qu’ils sont prêts à mourir à vos côtés, ils seront les premiers à s’enfuir si la mort vous surprend. Pour finir, que dire sinon puiser dans mes souvenirs pour exhorter les uns et les autres à méditer sur ces paroles pleines de sens d’un sage chinois : « l’ami est celui qui n’hésite pas à applaudir des deux mains quand il juge la posture adoptée bonne ; à contrario, il n’hésite pas à ‘sanctionner’ quand il se rend compte que le chemin emprunté peut mener à l’abîme ».0 Quiconque fonctionne avec vous sur ce registre de vérité – et sur la longue durée — vous pouvez le considérer comme un ami… jusqu’à la preuve du contraire.
Une coupure d’eau jusqu’au vendredi
Les populations vont encore galérer pendant deux jours pour avoir de l’eau. Pour cause, une nouvelle fuite sur une conduite. L’annonce est de Sen’eau et de la Société Nationale Des Eaux Du Sénégal (SONES) dans un communiqué conjoint. Ces deux sociétés informent les populations que des travaux de réparation d’une fuite sur l’une des conduites transportant l’eau produite par les ouvrages installés sur le Lac de Guiers vont démarrer ce mercredi 04 mai à 06h du matin pour une durée de 48h. D’après la même source, les travaux engendreront des perturbations de la distribution d’eau potable dans les localités desservies par le système du Lac de Guiers, notamment Dakar ville et sa banlieue, Rufisque et sa banlieue et les villes et villages situés le long des conduites sur l’axe Louga-Thiès. Le retour à la normale est prévu à partir du vendredi.
Macky Sall rend hommage aux journalistes
Cette année, la célébration de la journée internationale de la liberté de la presse a été un peu éclipsée par la fête de l’Aïd el Fitr. A cet effet, le Président Macky Sall a rendu hommage aux journalistes qui contribuent, par leur travail, parfois dans des conditions difficiles, à promouvoir la liberté d’expression. En effet, selon le chef de l’Etat, la liberté de la presse est garante d’une société démocratique et juste. Il estime qu’elle est à la base de son action de tous les jours.
Tirage au sort pour le dépôt des candidatures
Un exercice important pour les partis et coalitions en lice aux prochaines élections législatives. Le tirage au sort pour le dépôt des listes de candidature aura lieu jeudi prochain. L’enjeu se situe sur l’ordre de dépôt pour le contrôle du parrainage, car la coalition qui sort première ne sera pas confrontée à des problèmes de doublons lors du décompte des parrains. Contrairement aux suivantes sur la liste de dépôt. Mais, semble-t-il, le parrainage n’est pas concerné par le tirage. En tout cas, le Directeur général des élections (Dge) convie les mandataires des partis politiques et des coalitions de partis et des indépendants désireux de participer aux élections législatives à la rencontre de demain, jeudi 05 Mai, pour le tirage au sort de l’ordre de passage pour le dépôt des dossiers de candidatures.
Tirage au sort pour le dépôt des candidatures (bis)
Restons avec l’initiative de la Direction générale des élections (Dge) pour dire qu’elle est saluée par l’expert électoral Ndiaga Sylla. Selon ce dernier, elle est salutaire parce qu’elle contribue à éviter le désordre vécu lors de la Présidentielle devant le Conseil constitutionnel. Toutefois, précise-t-il, étant donné que l'enjeu véritable réside dans l'ordre de contrôle des parrainages, il serait plus judicieux que le tirage au sort y portât. De plus, ajoute l’expert électoral, les mandataires ont la latitude de déposer les listes de candidatures jusqu'au 8 mai à minuit ; la détermination de l'ordre de dépôt de celles-ci pourrait ne pas convenir à certaines entités. Par conséquent, il pense que les acteurs devraient trouver un consensus sur l'ordre d'examen de la recevabilité juridique des candidatures ou à tout le moins la vérification des parrainages.
«Diisso» rejoint Aar Sénégal
Les alliances se font et se défont en perspective des élections législatives. La coalition Alternative «Diisso» dirigée par le député Théodore Monteil a rejoint la nouvelle coalition Alternative pour une assemblée de rupture «Aar Sénégal» de Thierno Alassane Sall et Cie. Ces deux coalitions vont aller ensemble aux Législatives. Le leader de la coalition Alternative Diisso a été choisi directeur de campagne de la coalition Aar Sénégal aux élections législatives. Pour rappel, le député Théodore Chérif Monteil qui a été exclu de l’Union Citoyenne Bunti-bi a créé la Coalition Alternative «Diisso».
Révision de la convention collective du secteur du transport
A l’instar de la communauté internationale, les travailleurs affiliés au Syndicat national des auxiliaires de transport/Authentique (Snats/A) a célébré dans la sobriété la fête du travail au siège de la centrale syndicale Udts. A la place de festivités, ils ont préféré s’entretenir avec les journalistes sur la thématique : «Vers une nouvelle convention des auxiliaires de transport ». A ce propos, les responsables dudit syndicat réclament la révision de la convention collective des auxiliaires de transport et l’amélioration de la couverture maladie et le renforcement de la sécurité au travail. Selon la chargée de communication, Emma Carvalho, leur secteur est régi par une convention qui date de 1957. Un document obsolète, mais surtout inadapté face aux exigences imposées par les profondes mutations dans les échanges commerciaux internationaux, en termes de volume, de célérité et d’organisation des dispositifs logistiques, fit-elle remarquer. Leur secrétaire générale, Mariama Diallo, de rappeler que la convention en vigueur ne peut pas permettre à un travailleur de vivre décemment. Par ailleurs, ces responsables du Snats/A ont souhaité le renforcement du dialogue dans les entreprises, la capacitation des délégués du personnel et l’ouverture de consultations permanentes avec les employeurs et le gouvernement. Ils veulent également l’implication des représentants du personnel de Dubaï Port World Dakar dans le comité de suivi de la construction du nouveau terminal à conteneur à Ndayane.
Réplique des transporteurs à Mansour Faye
Les acteurs du transport routier sont choqués par la sortie du ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement sur la récurrence des accidents. En effet, Mansour Faye a accusé les transporteurs d’être les seuls responsables des accidents de la route. Mais la réplique de ces derniers n’a pas tardé. Dans un communiqué signé par Momar Sourang, le Collectif des acteurs des transports routiers du Sénégal (Catrs), la coordination des professionnels des transports routiers du Sénégal (Cptrs) et la commission transport au groupement économique du Sénégal (Ges) indiquent d’emblée que le discours du ministre n’a pas varié. C’est la même chanson à chaque fois que des accidents graves sont notés. Selon eux, le discours de va-t’en guerre ne servira à rien. Ils estiment que le fait de limiter les heures de circulation des bus et des camions n’est pas la solution aux accidents. Concernant le permis à point, ils précisent que le ministre sait bien que son application n’est pas possible d’ici 3 ans. En effet, les acteurs des transports routiers pensent que la solution passe par la reconnaissance de l’Etat du Sénégal de sa responsabilité dans les accidents. Dans un accident, soutiennent-ils, autant la responsabilité du chauffeur peut être engagée, autant la vétusté du véhicule ou même de l’infrastructure routière peut être susceptible de provoquer des accidents de la route. Mais, l’un dans l’autre, les acteurs pensent qu’il faut des assises.
… et les permis de conduire des politiques dénoncés
Restons avec les transporteurs qui déplorent ce qui est en train de se passer depuis quelques temps. A les en croire, au moment où on parle de permis à point ; de «Tolérance Zéro» et d’une obligation d’aller à l’école pour apprendre à conduire, des acteurs politiques sont en train de rassembler des jeunes en leur délivrant des cours de conduite et de code de la route pour après leur livrer un permis de conduire. Ils comptent s’ériger en bouclier contre cette démarche, parce que le permis de conduire est un outil de travail et qu’on ne doit pas jouer avec. D’ailleurs, ils pensent qu’il y a un paradoxe entre vouloir instaurer un permis à point et le fait de banaliser le permis de conduire.
Korite : La classe politique sermonnée
Le guide religieux Cheikh Modou Guèye, représentant de la famille de Serigne Bassirou Mbacké à Guédiawaye, s’est indigné, lors de son sermon, de l’utilisation abusive des réseaux sociaux. Dans son prêche, il a dénoncé également les passe d’armes entre les acteurs politiques. Il invite d’ailleurs la classe politique à privilégier le débat d’idées.
BBY de Pikine reçu au Palais
Les militants de l’Alliance pour la république (Apr) ont encore étalé au grand jour leurs divergences devant leur mentor Macky Sall, le week-end lors d’une audience au Palais de la République. Alors que des militants étaient interdite d’accès au Palais, il y a eu des altercations. Certains ont été arrêtés et conduits au commissariat de Police du Plateau avant d’être relaxés. Au même moment à l’intérieur, les responsables se sont copieusement invectivés. Il y a des échanges de propos aigres-doux entre le deuxième questeur de l’Assemblée nationale Awa Niang et Abdou Karim Sall. Ce dernier a été taxé par Awa Niang de ministre de Mbao et non de Pikine pour avoir pris tous les emplois verts pour sa commune Mbao. Abdou Karim Sall a répliqué par le mépris. Un jeune militant de Guinaw rails Sud s’en est pris à l’administrateur général de l’Apr Maël Thiam. D’autres jeunes ont aussi pris la parole pour dénoncer l’octroi des moyens de campagne à certains responsables lors des locales, mais aussi pour réclamer des emplois. Lors de son intervention, Macky Sall a dénoncé l’inaccessibilité de ses lieutenants qui détiennent des postes de responsabilités. Il les a invité à changer de comportements. A la fin de l’audience, le chef de l’Etat a remis à ses hôtes une enveloppe de 20 millions Fcfa pour le transport. Mais le partage de l’argent a également semé la division.
La lutte continue au «LeSoleil»
A l’astre de Hann, le bras de fer se poursuit entre le Directeur général Yakham Mbaye et les travailleurs. Une rencontre entre les deux parties a été tenue pour la décrispation du climat social, mais elle n’a pas servi à grand-chose. Car, le collège des délégués continue d’exiger le paiement des salaires de leurs deux collègues illégalement suspendus, l'annulation des affectations et mutations inopportunes et illégales prises au mois de décembre et la réintégration de leur collègue licencié abusivement. Toutefois, le paiement des salaires est le seul point parmi les trois à être satisfait. Pour les deux autres, dénoncent les délégués, le Directeur général Yakham Mbaye n'a posé aucun acte allant dans le sens de leur résolution. «Mais ce n’est pas une surprise le fait que Yakham Mbaye ait maintenu sa position sur les affectations et mutations», souligne que le Collège qui considère que M. Mbaye n’est et n'a jamais été dans les dispositions de revenir sur cette décision impopulaire qu’il considère comme légale. Les travailleurs démentent en soutenant qu’elle est illégale dans la mesure où l'inspection du travail lui a donné tort, notamment pour ce qui concerne Mouhamadou Sall et Moustapha Lo du fait de l'absence de clause de mobilité dans leurs contrats. Idem pour les autres cas, mais aussi les mutations qui constituent une modification substantielle des contrats de travail des concernés sans leur accord. En définitive, après des jours de négociation, s’indigne le collège, il n'y a pas eu des avancées significatives par rapport aux revendications. Ainsi d’après le communiqué reçu à «L’As», les travailleurs vont continuer le combat avec toute l'intensité nécessaire.
UNE MISSION PÉRILLEUSE POUR MACKY SALL
Malgré la revendication de la victoire par son camp au lendemain des élections locales du 23 janvier dernier, le président Macky Sall a toujours en travers de la gorge la perte des principales villes
Malgré la revendication de la victoire par son camp au lendemain des élections locales du 23 janvier dernier, le président Macky Sall a toujours en travers de la gorge la perte des principales villes du pays tombées dans l’escarcelle de l’opposition, notamment des coalitions Yewwi Askan Wi et Gueum Sa Bopp. Aussi, il a lancé une périlleuse et anti démocratique opération de débauchage de nouveaux édiles élus sous la bannière de l’opposition lors de ces mêmes élections locales.
Les énormes enjeux de Dakar et sa banlieue
Recevant des responsables de sa formation politique, Macky Sall avait annoncé la couleur en indiquant à ses interlocuteurs que c’est leur avenir qui est en jeu et que lui il aurait, quoiqu’il advienne, une majorité à l’Assemblée nationale avec le ralliement de certains maires de l’opposition en attendant d’autres dont quelques un de Dakar. Dans cette entreprise, Bamba Fall, le maire réélu de la Medina sous les couleurs de la coalition Gueum Sa Bopp a été le premier à rejoindre la majorité présidentielle obnubilée par la perte de la capitale tombée entre les mains de Barthélémy Dias de Yewwi Askan Wi. Il faut dire que les enjeux qui entourent Dakar, département qui va envoyer 07 députés à la place Soweto, sont énormes. Et tous les moyens sont bons pour la mouvance présidentielle de résorber le gap de près de 100 000 voix qui la sépare de la coalition Yewwi Askan Wi. L’entreprise est d’autant plus ardue que le département de Guédiawaye aussi a signé un bail avec le journaliste Ameth Aidara de Yewwi Askan wi qui y a défait le tout-puissant Aliou Sall, frère du président de la République, et que Pikine a échappé in extremis au rouleau compresseur de l’opposition qui continue de dénoncer dans cette localité un hold-up électoral. Outre Bamba Fall, Djibril Wade, neveu du président Abdoulaye Wade et élu maire libéral de la commune de Biscuiterie sous la bannière de Wallu Sénégal, a déposé son baluchon dans la mouvance présidentielle. Également, Abdoul Aziz Guèye, maire de Ouakam, élu sous la bannière du Mouvement des patriotes pour le développement a officialisé sa transhumance vers les prairies marron-beige. Les mauvaises langues disent qu’il aurait cédé contre une promesse de construction d’un stade à Ouakam. Reçu en audience par le chef de l’Etat le 20 avril 2022 en présence de Mor Ngom et Mahmout Saleh, le nouvel édile de Yoff, Seydina Issa Laye Samb de Yewwi Askan Wi se démarque, pour le moment, de cette entreprise de débauchage et réaffirme son ancrage dans l’opposition qui lui a permis de défaire Abdoulaye Diouf Sarr. Diogomaye Faye, le maire de la commune de Sadio, dans le département de Mbacké, aurait également opposé une fin de non-recevoir à Macky Sall et continue de collecter des parrains pour la coalition Yewwi Askan wi.
D’autres maires opposants tombés dans l’escarcelle de BBY
Si les tentatives d’enrôlement des maires de Yoff et Sadio n’ont, pour le moment, pas abouti, il n’en est pas de même pour le maire de Niébel, dans le département de Kaolack, Dame Bèye Ba de la coalition Yewwi Askan wi, qui a aussi transhumé vers la majorité présidentielle. Malick Fall, le députémaire de Diourbel, réélu sous la bannière de la grande coalition Wallu et tombeur du ministre Dame Diop, est en intense pourparlers avec le palais qui négocie son ralliement. Il est vrai que l’homme est un militant de longue date de l’Alliance des Forces de Progrès (AFP), parti qui constitue un des piliers de la majorité présidentielle. Il avait fait de l’apologie de l’homosexualité son thème favori de campagne et avait engrangé ainsi 18 516 voix contre 13 172 pour la coalition Benno Bokk Yaakaar.
Les dissidents rejoignent les rangs
Dans le département de Foundiougne où il a inauguré le Pont Nelson Mandela, le président Macky Sall a décroché sept maires nouvellement élus. Il s’agit de Thiémokho Ndiaye de Foundiougne, Mamadou Faye de Nioro Alassane Tall, Sidy Kounta de Keur Saloum Diané, Ibrahima Diop de Karang, Ngor Dione de Mbam, Ibrahima Ndong de Bassoul, Babou Diakham, de Soum. Ces nouveaux maires, membres de la mouvance présidentielle, avaient été tous élus sur des listes parallèles et rejoignent la maison-mère. Comme ça a été le cas pour Mamadou Salif Sow, maire de Dialambéré, élu sous la bannière de And Liguey Sunu Gokh et reçu le 8 mars par Macky Sall. Dans la capitale du Rail fortement remportée par la coalition Yewwi Askan wi, Me Ousmane Diaw, maire de la commune de Thiès-Est, a été reçu dernièrement par le chef de file de Benno Bokk Yakaar qui entend freiner l’hémorragie par des débauchages tous azimuts. De pareilles tentatives de débauchage ont été constatées un peu partout dans différentes localités du pays. Et dans sa démarche peu démocratique, Macky Sall ne se préoccupe nullement de la volonté populaire, oubliant que ces nouveaux maires sortis de l’anonymat ont été élus non pas parce qu’ils avaient un bon projet de société mais tout simplement parce qu’ils étaient tout simplement contre la mouvance présidentielle. Les enrôler pour engager la bataille des prochaines législatives pourrait donc constituer, pour le « Maitre du jeu », un couteau à double tranchant.
«IL SERA DIFFICILE DE SAUVER UNE TELLE ENTREPRISE AVEC SES 5.000 EMPLOYÉS»
Lors de la traditionnelle cérémonie de remise des cahiers des doléances des centrales syndicales au président de la République, presque tous les intervenants l’ont interpellé sur la situation difficile de La Poste. Selon Macky Sall, une telle entreprise, avec 5 000 employés, sera difficile à relever. Il a énuméré les différentes sommes versées à cette société pour la sauver, malgré une dette de 189 milliards CFA qu’elle doit à l’Etat. D’autres sujets d’actualité ont également été soulevés lors de cette cérémonie. Pour « Le Témoin », cette déclaration du président de la République sonne comme un enterrement de première classe de La Poste qui fut pourtant une société nationale fleurissante.
Tous les représentants des six centrales syndicales ont évoqué les difficultés que rencontrent les travailleurs de la Poste. Ils ont tous appelé le président de la République à trouver une solution à ce problème qui perdure.
Répondant à leurs interpellations, Macky Sall a d’abord reconnu que La Poste connaît bel et bien des difficultés. « La Poste est une entreprise en difficulté et, si nous voulons sauver l’essentiel, il faut une recapitalisation et créer une nouvelle société nationale. Il nous faut aussi être plus regardants sur la gestion des sociétés nationales, surtout au niveau des recrutements », a soutenu le chef de l’Etat, hier, lors de la cérémonie traditionnelle de remise des cahiers de doléances des travailleurs à l’occasion du 1er mai, célébrant la fête internationale du Travail.
Pour cette année, le 1er mai ayant coïncidé avec les préparatifs de la fête de Korité, marquant la fin du ramadan, la cérémonie de remise des cahiers de doléances des centrales syndicales au chef de l’Etat s’est finalement déroulée ce mardi 3 Mai. « La Poste compte 5 000 travailleurs que l’Etat ne peut pas tous payer et il est impossible de sauver une telle entreprise qui doit à l’Etat la somme de 189 milliards CFA. Nous ne pouvons pas payer tous ces travailleurs dont un grand nombre ne travaille pas. L’Etat a remis à cette société tout récemment un montant de 12 milliards cfa en guise de reliquat pour permettre de sauver l’essentiel », a-t-il indiqué suite à l’interpellation de tous les représentants syndicaux.
Selon le président de la République, la Société nationale La Poste est sous une perfusion continue. Il a rappelé à cet égard qu’en 2021, un montant de 30 milliards cfa avait été remis au groupe pour les mêmes raisons. Il a déploré le fait que cette situation perdure puisque, à l’en croire, « des sommes sont versées à cette société nationale presque tous les jours’’. Interpellé sur la situation de la défunte compagnie Air Afrique, Macky Sall a annoncé que l’Etat va procéder au paiement de la somme de 4 milliards 100 millions CFA la semaine prochaine dans le but de régler ce passif social.
Recrutements dans les mairies et conseils départementaux, Air Afrique…
Sur un autre registre, concernant les recrutements et les limogeages dans les collectivités territoriales constatés depuis l’avènement de nouvelles équipes municipales, une question soulevée par Sidya Ndiaye de la Fédération générale des travailleurs du Sénégal/B (FGTS/B), le Président a demandé aux maires et présidents de conseils départementaux de respecter les lois et règlements qui régissent les recrutements dans leur secteur. « Un maire ne peut pas faire ce qu’il veut. Il est soumis aux exigences de la loi et du règlement sinon il est révoqué. Tout recrutement en dehors de l’organigramme mis en place est nul est de nul effet’’, a-t-il dit en recevant les cahiers de doléances des syndicats. Les fonds des collectivités territoriales sont publics, a rappelé le chef de l’Etat, soulignant que même les maires du camp de la majorité présidentielle sont obligés de respecter ces règles en matière de recrutement. ’’Je leur ai tous dit que s’ils ne respectent pas la loi, ils seront sanctionnés. Il y a eu des maires qui, avant de partir, ont recruté des centaines de personnes, cela aussi un constitue un gros problème dans ce pays et qu’il faut revoir afin de fixer les règles’’, a déclaré Macky Sall. Les secrétaires généraux du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS), de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal/ Force du changement (CNTS/FC), de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS), de l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (UNSAS), de la Confédération des syndicats autonomes (CSA) et de la Fédération générales des travailleurs du Sénégal/B ont pris la parole devant le chef de l’Etat. Ils ont exposé les avancées notées dans leurs secteurs respectifs, mais aussi les difficultés auxquelles les travailleurs sont confrontés.
Par Serigne Saliou GUÈYE
ROMPRE AVEC L’ASSEMBLÉE GODILLOT
Après 62 ans d’indépendance, notre démocratie parlementaire crapahute à cause de l’irresponsabilité de ses députés qui n’ont pas encore compris le véritable rôle d’une Assemblée dans l’animation démocratique de la nation
De tout temps, dans ce pays, les élus de la Nation n’ont jamais joué le rôle que leurs mandants attendent d’eux : animer la vie démocratique par le débat contradictoire, contrôler l’action gouvernementale en toute indépendance, évaluer les politiques publiques sans subir la pesanteur ou l’influence du camp auquel ils appartiennent.
En effet, l’Assemblée nationale doit être par essence cette auguste institution où les représentants de la Nation doivent légiférer en toute indépendance et en toute liberté visà-vis du pouvoir exécutif. C’est aussi le lieu sacro-saint où les différentes sensibilités politiques confrontent leurs idées à travers des débats et des échanges féconds.
Cette confrontation des idées politiques communes ou contradictoires, sous forme de projets législatifs, installe en profondeur la culture démocratique, celle où la prise de parole qui génère le compromis et la négociation n’est pas seulement une procédure, une technique d’arbitrage, mais aussi une valeur légitimatrice des délibérations. Malheureusement, au Sénégal, on a transformé l’Assemblée nationale, lieu de reddition des comptes, en un lieu de règlement de comptes entre députés d’un même clan ou d’anéantissement de la minorité parlementaire.
En décembre 1962, le président Léopold Sédar Senghor exécute politiquement Mamadou Dia, chef du Conseil de gouvernement, accusé de fomenter un putsch, en instrumentalisant les députés godillots qui n’ont pas hésité pas à voter une motion de censure contre le gouvernement Dia. La situation de confusion qui s’ensuivit entre l’Union progressiste sénégalaise (Ups) et l’Assemblée nationale permit à Senghor de se débarrasser définitivement de Dia.
Cette même Assemblée, sous le règne du président Abdou Diouf, sera manipulée par le superpuissant Jean Collin pour anéantir ses adversaires de même parti. Il faut préciser que, dans le dessein d’affaiblir l’opposition d’alors, le président Abdou Diouf avait instauré aux législatives de 1983 la règle des 15 % des députés pour obtenir un groupe parlementaire. C’est ainsi que le parti de l’opposant Me Abdoulaye Wade, qui avait obtenu aux élections de cette année-là 8 députés sur 120, ne disposa pas de groupe. Il lui en aurait fallu quatre de plus pour pouvoir le faire. Et le Ps régna en maître à l’Assemblée sans opposition parlementaire pendant toute cette législature.
En 1984, Habib Thiam est victime de manœuvres, sur fond d’un contentieux datant des années 70, de Jean Collin qui a instrumentalisé une partie des députés socialistes pour pousser à la sortie l’alors président de l’Assemblée nationale. Le même procédé est utilisé par Jean Collin en décembre 1988 pour se défaire de Daouda Sow successeur d’Habib Thiam au perchoir. Son crime : avoir demandé, après des élections législatives catastrophiques, un nouvel organigramme du Ps qui écarterait Jean Collin de sa position de numéro 2 officieux du parti. On a souvenance de l’agacement exprimé alors par les députés libéraux qui, sous la conduite de Boubacar Sall, avaient quitté l’hémicycle après avoir vitupéré le comportement des socialistes en martelant : « nous ne sommes pas à la maison du PS ».
En l’espace de cinq ans, les problèmes relatifs à la réorganisation hiérarchique du Ps ont eu comme conséquences dommageables la défenestration de deux présidents de l’Assemblée nationale victimes de la toute-puissance de Jean Collin. Ces intrigues et manœuvres ont refait surface sous le règne d’Abdoulaye Wade quand Youssou Diagne, premier président de l’Assemblée de la première alternance démocratique, est contraint à la démission le 12 juin 2002, après avoir perdu les locales dans son fief de Ngaparou. Six ans après, l’alors président de la 11e législature, Macky Sall, accusé d’avoir voulu auditionner le fils du président de la République, patron de l’Anoci, est sacrifié sur l’autel de la haine vindicative et des jeux de positionnement de ses frères ennemis de parti.
Benno Bokk Yaakar a ramené la démocratie parlementaire aux années 60 et 80
Voilà qu’aujourd’hui le président de la République, Macky Sall, qui a tant souffert de ces manœuvres et intrigues de la place Soweto, dirige une coalition qui a ramené la démocratie parlementaire aux années 60 et 80.
La première législature sous l’ère Macky, correspondant à la 12e dans l’histoire parlementaire de notre pays, aura été marquée par deux lois scélérates votée le 29 juin 2015. La première loi liberticide est celle relative à la constitution d’un groupe parlementaire sur la base de 15 % alors qu’Abdoulaye Wade avait ramené ce seuil à 10 députés en 2000. La seconde est la tenue en respect des députés dans leur groupe d’origine sous peine de grossir le rang des non-inscrits. Après la proposition de loi scélérate n° 13/2015, la 12e législature s’était illustrée tristement par la confusion dans le groupe parlementaire libéral démocrate avec l’institution de deux présidents de groupe parlementaire.
Avec le tripatouillage des dispositions réglementaires de l’Assemblée nationale, la coalition présidentielle avait manœuvré, avec l’onction complice du président Moustapha Niasse, pour priver les opposants de ce à quoi ils ont droit : la constitution d’un groupe parlementaire. Usant de faux, Modou Diagne Fada avait illégalement mis en place, sous le fallacieux prétexte du règlement intérieur en son article 22, son groupe parlementaire avec le soutien complice de la majorité dont l’objectif ultime était d’anéantir le Pds. Un parti dans lequel, pourtant, le président Macky Sall avait connu les gloires mais aussi les déboires qui lui avaient servi de rampe de lancement pour accéder à la présidence de la République. Malheureusement, pendant cette 13e législature dont on commence à prononcer l’oraison funèbre, on a assisté à des spectacles ubuesques dignes des querelles de chiffonniers. Les passes d’armes et autres insultes entre Moustapha Cissé Lo et Me Djibril War surnagent dans nos mémoires. Les levées illégales d’immunités parlementaires des députés opposants Khalifa Sall et Ousmane Sonko sur fond de manœuvres politiciennes demeureront des taches noires indélébiles de cette 13e législature de même que les affaires de députés fabricant des faux billets de banque et des parlementaires trafiquants de passeports diplomatiques.
Ces députés éclaircis dans la grisaille
Toutefois, il faut souligner que la 13e législature aura aussi révélé des députés de qualité surtout du côté de l’opposition.
Ancien banquier central, ex-directeur de cabinet d’un ancien secrétaire général de l’Union Africaine, l’ancien président malien Alpha Oumar Konaré en l’occurrence, maitrisant bien les questions économiques et financières, le député Mamadou Lamine Diallo est de ceux-là. Ousmane Sonko, par sa maitrise de la science parlementaire et des dossiers économiques, aura été une des révélations de cette 13e législature. Il y a aussi un député comme Cheikh Abdou Bara Dolly, qui, en dépit de sa non-maitrise du français, aura particulièrement émerveillé les Sénégalais avec sa connaissance des textes parlementaires. On pourrait mettre dans le même lot des députés comme Soda Marième Ndiaye, Moustapha Guirassy, Mame Diarra Fam. Mais que peut changer une minorité de députés dans un océan de godillots ? Pas grand-chose puisque les députés de la majorité qui se glorifient d’être des députés de sa Majesté siègeront à la 14e législature tant que le mode scrutin ne sera pas réformé. C’est pourquoi, d’emblée, on peut dire avec certitude que, pour la 14e législature, les députés qui siégeront à l’Assemblée seront pour la plupart des chefs de coalitions parce que ce sont eux qui décident en fonction de critères souvent subjectifs du choix des personnes à investir. Si pendant les investitures, des départs sont enregistrés, des contestations et des frustrations notées, c’est dû au mode de désignation très souvent anti-démocratique en vigueur dans les partis.
En sus ces députés seront élus sur la base d’un mode de scrutin qui ne reflète la volontaire populaire. C’est la raison pour laquelle, chaque fois qu’une nouvelle Assemblée est mise en place, les députés de la majorité, tels des godillots panurgistes, votent avec des œillères les projets de loi de et ne peuvent aucunement être initiateurs d’une quelconque proposition de loi ou d’une commission d’enquête parlementaire.
En effet le mode de scrutin en vigueur (scrutin majoritaire à un tour au niveau départemental et scrutin proportionnel au niveau national) ne donne pas un brevet de légitimité populaire aux députés. En termes clairs, le mode de désignation et d’élection de nos députés ne leur permet pas de briser leurs chaînes d’asservissement à l’égard du leader. Et tout député qui prendrait le risque de ramer à contre-courant de temps à autre de la ligne de son parti compromet sa présence à la législature suivante. D’où l’urgence de procéder à une réforme du mode de scrutin qui donnerait une légitimité populaire aux députés. Pourtant le 31 décembre 2011, Macky Sall, candidat à la présidentielle de 2012 et invité de Pape Alé Niang de la 2STV, flétrissait ce mode de scrutin en qualifiant railleusement nos députés de godillots du président de la République. Par conséquent, une fois élu, il procéderait à une réforme « démocratique » de l’élection des députés. 10 ans après son accession au pouvoir, ses promesses sont restées en l’état. Chose gravissime, il a renforcé les pratiques qui se faisaient lors des investitures et pour la réforme du mode de scrutin concernant l’élection des députés.
Ce fameux « Raw-gadou » !
Elire les députés par circonscription avec un scrutin uninominal à deux tours serait plus démocratique mais est hélas, gros de dangers pour le parti au pouvoir qui n’aura plus les leviers pour orienter le vote populaire en sa faveur avec ce « raw gadou ». Beaucoup de députés ne connaissent même pas l’importance d’une Assemblée nationale dans une démocratie. Ce qui les intéresse, ce sont les prébendes, les avantages matériels et pécuniaires, les salaires faramineux, les passeports diplomatiques, les bakchichs. Quant aux préoccupations du peuple, elles sont reléguées au second plan. Pourtant il urge de rompre avec ce visage hideux qu’offre notre institution parlementaire. Si beaucoup Sénégalais ont accueilli avec allégresse et soulagement les candidatures de l’activiste Guy Marius Sagna, du journaliste Pape Djibril Fall, entre autres, voire d’opposants comme Thierno Alassane Sall ou même Abdoul Mbaye, c’est parce qu’ils espèrent que ces derniers, une fois élus, apporteront, au vu de leurs parcours et discours, une touche révolutionnaire à la marche bancale de l’Assemblée nationale.
En attendant, après 62 ans d’indépendance, notre démocratie parlementaire toujours embryonnaire crapahute à cause de l’irresponsabilité et de l’immaturité de ses députés qui n’ont pas encore compris le véritable rôle d’une Assemblée dans l’animation démocratique d’une Nation. Macky Sall, qui avait l’opportunité de changer le mode de scrutin pour donner plus de légitimité populaire aux élus, a renoncé à son projet réformiste d’avant 2012. Certainement qu’il ne veut pas scier la branche sur laquelle lui et sa coalition sont assis. Mais espérons qu’un vent nouveau soufflera au soir du 30 juillet à la place Soweto avec l’arrivée de la société civile.