LE QUOTIDIEN DIFFICILE ET CHARGÉ DES ÉTUDIANTS ÉTRANGERS À DAKAR
Intégration au Sénégal - Depuis la période coloniale, qui a vu beaucoup de cadre de l’Afrique occidentale française (AOF) formés au Sénégal, notre pays continue d’être une terre d’accueil pour bon nombre d’étudiants étrangers qui viennent y étudier
Depuis la période coloniale, qui a vu beaucoup de cadre de l’Afrique occidentale française (AOF) formés au Sénégal, notre pays continue d’être une terre d’accueil pour bon nombre d’étudiants étrangers qui viennent y poursuivre leurs études supérieures. Connu pour son amabilité légendaire, le pays de la «Teranga» séduit ces derniers, grâce à son excellente qualité d’enseignement et à sa formation accessible à toutes les bourses. Sur place, les étudiants étrangers sont amenés à s’intégrer tant dans la vie sociale que dans la vie estudiantine, certes. Mais ils rencontrent également des difficultés.
En cet après-midi ensoleillé, au campus 3 de l’Institut d’Entrepreneurship et de Gestion (ISEG), (privé) l’ambiance est plutôt bruyante. On peut entendre les ronronnements d’une bétonnière, dus aux travaux de construction qui sont effectués à proximité. Devant l’établissement, le gardien et un homme discutent.
L’institut, à l’image de plusieurs autres établissements d’enseignement supérieur publics et privés y compris les universités publiques, accueille, depuis plusieurs années, divers étudiants étrangers. Réputé pour son hospitalité, son abordable coût de la vie, sa bonne qualité et son attirante offre de formation, le Sénégal est devenu depuis plusieurs années l’une des premières destinations d’études pour les étudiants étrangers provenant en majorité d’Afrique Subsaharienne. Cependant l’intégration des étudiants étrangers à Dakar a-t-elle toujours été une réussite ? Eléments de réponses avec quelques étudiants interpellés. C’est le cas de Mangué Mouhamad, étudiant d’origine Tchadienne depuis 4 ans à Dakar. Vêtu d’un «yéré wolof» (tenue traditionnelle) marron et des tongues noires, il s’est inscrit en Comptabilité et Gestion Licence 3 ; il nous reçoit dans le bureau d’assistant technique, poste qui lui a été confié par l’administration, outre son statut d’étudiant. Il n’a pas eu du mal à s’intégrer au sein du milieu social et estudiantin dans lequel il vit. «Cela fait 4 ans que je suis à Dakar. Je n’ai pas eu du mal à m’intégrer car que je suis venu ici vivre avec ma famille, ensuite à l’école l’intégration n’a pas été difficile pour moi car je suis une personne assez sociable. Quelques jours après mon arrivée, je me suis fait beaucoup d’amis tels que : des Sénégalais, Gabonais, Congolais et autres», confie-t-il.
Et d’ajouter : «au bout de 3 à 4 mois, j’ai commencé à parler wolof car je ne côtoyais que des Sénégalais ; à la maison, mes frères parlent wolof, cela m’a permis d’apprendre plus vite… Aujourd’hui, il y a certains mots que je comprends et d’autres pas ; à présent, quand on m’aborde en wolof, je peux répondre comme un Sénégalais».
Pour ce qui est de la nourriture et de la musique, il décline ces goûts. «En ce qui concerne la nourriture locale, je mange tous les plats Sénégalais, sans aucune exception. J’écoute Bass Thioune, Dip, Dias Diop Baye Mass, Wally Seck. Pour ce qui est de l’habillement, j’aime bien porter le ‘’yéré wolof’’», raconte-t-il pour montrer qu’il s’est bien intégré. Grégoire Tadjoke est ressortissant Togolais. Il est étudiant en Droit Privé, Licence 3. Teint noir, vêtu d’un jean et d’une chemise bleu, portant un sac à main noir, étudiant à l’université Amadou Hampaté Bâ, reconnaît lui aussi s’être facilement inséré dans la capitale Sénégalaise. «Il faut savoir que le Sénégal est un pays très hospitalier ; donc je n’ai pas eu de difficultés à m’intégrer, la communication a été très facile. Je me suis facilement inséré car je me suis fait des amis et j’ai aussi retrouvé quelques condisciples Togolais avec qui j’essayais d’échanger. Je me suis fait également des amis Sénégalais, qui sont très accueillants, très aimables.» Par contre, relève Grégoire Tadjoke, «à l’université, cela a été un peu compliqué puisque je suis étranger, c’était difficile d’être nouveau bachelier. J’avais un peu peur d’affronter la faculté pour la première fois mais, comme je le disais tantôt, avec les amis que j’ai pu me faire et la chance d’avoir des grandsfrères qui avaient déjà étudié au sein de cette université, ils m’ont aidé et prodigué de nombreux conseils. Ce qui a facilité mon intégration au sein de l’université.» Interpellé sur ses préférences pour la cuisine et la musique sénégalaises, Grégoire Tadjoke déclare : «je consomme des plats locaux tels que le ‘’ceebu jën’’ (riz au poisson), ‘’ceebu ginaar’’ (riz au poulet), ceebu yapp (riz à la viande), le yassa (riz au poisson grillé), le dibi ; disons que je mange tous les plats sénégalais à base de riz, à l’exception du riz à la sauce gombo. J’écoute Wally Seck et quelques rappeurs Sénégalais», explique-t-il
UN QUOTIDIEN PARTAGE ENTRE ETUDES ET BOULOT POUR FAIRE FACE AUX DIFFICULTES
La plus part des étudiants arrivant au pays de la «Teranga», plus précisément à Dakar consacre la majorité de leur temps aux études, d’autres profitent des moments de liberté pour décompresser, afin d’avoir un équilibre dans leur vie quotidienne. Abigaëlle Tokarne, d’origine Centrafricaine, étudiante en Management, a un planning journalier assez chargé. «J’ai cours du lundi au vendredi, de 8h à 17h ; une fois à la maison, je fais une sieste jusqu’à minuit. Au réveil, je révise les cours que j’ai faits durant la journée puis je me rendors jusqu’ à 5h du matin, heure à laquelle je me lève et me prépare à aller aux cours. Les samedis, en matinée, je rends souvent visite à mes proches pour me défouler un peu, et le soir je me mets à réviser de nouveau. Le dimanche, je fais mes tâches ménagères, puis je prépare la semaine qui va suivre et le soir je me remets à apprendre mes leçons», narre-t-elle. Tylane Nzoghe, étudiant gabonais, détient également un planning journalier très garni. «Mon planning est très chargé, être étudiant étranger est difficile. J’ai deux boulots, outre mon statut d’étudiant. On aspire à être indépendant. Il arrive que je cesse les cours pour me rendre au boulot car ce dernier me permet de subvenir à mes besoins. Je commence les cours généralement vers 8h pour terminer à 15h. Ensuite, pour mon premier boulot, je vais à une agence panafricaine de conseil en orientation scolaire et professionnelle, octroyant des bourses de réductions au Sénégal et dans d’autres pays. Mon contrat avec l’agence stipule que je dois travailler deux jours au bureau et le reste sur le terrain de 15h à 17h. Une fois à la maison, je me repose, avant de me rendre à mon deuxième emploi dans le secteur de l’évènementiel, de 23h à 06h du matin», confie-t-il.
LES SURCHARGES ET ENCOMBREMENTS DANS LES MINIBUS TATA, LE CASSETETE DU TRANSPORT
Bien que la majorité des étudiants parviennent tant bien que mal à s’intégrer sur le plan social, estudiantin et culturel, force est de reconnaitre que les difficultés ne manquent pas. Régine Assomo, ressortissante Camerounaise, ayant récemment soutenu son Master 2 en Transport-Logistique s’est heurtée à des difficultés dans le domaine des transports et d’ordre gastronomique. «Les bus qu’on appelle généralement les Tatas sont toujours bondés et moi je n’étais pas vraiment habituée à cela. Dans mon pays, ce ne sont pas les mêmes conditions. J’ai été mise sur le fait accompli car il fallait s’adapter au mode de transport. J’ai eu également un problème au niveau de l’alimentation, je me suis rendu compte qu’au Sénégal, on mange le riz tout le temps. Ce n’était pas évident, mais on a été obligés de s’adapter à la situation», fait-elle remarquer. Quant à Jonathan Dzon-Obouka, étudiant Congolais, il déclare avoir connu des problèmes de nature climatique, météorologique et sur la question des transports. «Je ne suis pas habitué au climat de Dakar ; je suis arrivé au Sénégal en début de saison sèche. Ça a été très difficile pour moi car je n’y étais pas habitué. Il y a également la poussière. Je ne savais pas qu’il y en avait énormément ici, au Sénégal ; je ne supporte pas, ça m’étouffe. De plus, ce qui m’a dérangé, c’est la qualité de leurs bus -Tata. Dans mon pays, c’est différent. Ils prennent de vielles voitures pour y mettre de nouveaux moteurs, cela m’a un peu choqué. De même, ceux qui gèrent les bus, les contrôleurs, parfois ils ne se douchent pas, leurs odeurs corporelles sont nauséabondes. On est entassés, j’ai du mal à supporter la chaleur et les odeurs. Souvent, t’es vêtu en blanc et tu te salis, c’est vraiment désagréable».
LES BARRIERES DE LA LANGUE, L’ACCES ET LE COUT ELEVE DU LOYER
Les autres contraintes auxquelles nombre d’étudiants étrangers ont eu à faire face sont celle de la barrière linguistique et l’accès au logement. Juniors Bangah admet avoir souffert de la barrière de la langue, son bailleur et à trouver un lieu d’habitation. «Je me suis rendu compte que c’est difficile de communiquer avec les nationaux, quand on ne parle pas le wolof. Lorsque j’ai pris ma première chambre, je n’ai fait qu’un mois car j’ai eu des soucis avec le bailleur. Il était tellement compliqué, nous mettait trop de pression, des règles contraignantes, on n’avait interdiction de recevoir des invités à la maison ; ce qui m’a poussé à déménager. Et aussi, ça été très difficile de trouver un logement», indique-t-il. Célia Louppe, de nationalité Congolaise, étudiante au Centre de Coaching Africain (CCA), dit s’être mal débrouillée. En effet, elle a dû faire face à des conflits de cohabitation et s’est efforcée de trouver un endroit où vivre. «Ça été très éprouvant pour moi de vivre avec une personne que je ne connaissais pas, nous avons eu de nombreux problèmes, nous ne entendions pas, ce qui m’a poussé à quitter chez elle, cela a été très dur pour moi. Il y a aussi eu cette difficulté à trouver un logement, à Dakar ce n’est vraiment pas facile d’en acquérir», regrette-t-elle.
LA CHERTE DE LA VIE A DAKAR, L’AUTRE TRACAS
En plus, des problèmes liés à la cohabitation, des étudiants étrangers peinent également à trouver des logements, du fait du prix exorbitant du loyer. Aussi se plaignent-t-ils du coût de la vie qui ne fait qu’accroître, surtout dans la capitale Sénégalaise. Fahad Ahmed, étudiant Comorien explique : «tout étudiant étranger peut le confirmer. A Dakar, le coût de la vie est dur. En ce qui concerne les prix des loyers, ils sont très exorbitants, trop chers, c’est exagérant. J’ai une petite chambre s’élevant à 65 000 F CFA ; pour un étudiant étranger, c’est trop cher. Il y a l’école à payer et l’alimentation, ce n’est pas du tout facile». Les propos de Fahad Ahmed sont confirmés par Mohamed Soidroudine. «Les loyers au Sénégal sont vraiment chers, on trouve difficilement un loyer à 70 000 F CFA. Et si cela arrive, c’est rare car un loyer à ce prix fait l’objet de convoitise pour s’en procurer. Les prix des loyers augmentent constamment. Le coût de la vie l’est tout autant», informe-t-il. Certes, le Sénégal a une longue tradition de pays de choix, depuis plusieurs générations, pour des étudiants étrangers venant y poursuivre leur cursus universitaire. Toutefois, la question est de savoir combien sont-ils à rester travailler, entreprendre au Sénégal ou à retourner dans leur pays d’origine afin d’y exercer ?
«SUR LE TRAVAIL DU MAIRE, IL N'Y A QUASIMENT AUCUNE CONSÉQUENCE SAUF... »
Ababacar Gueye, spécialiste de la décentralisation tire les enseignements de la cohabitation à la ville de Guédiawaye
Trois jours après l’élection du bureau municipal de la ville de la Guédiawaye marqué par le renversement de la situation au profit de la coalition Benno Bokk Yakaar sortie pourtant perdante des élections municipales du 23 janvier dernier, Ababacar Guèye, spécialiste de la décentralisation, tire les enseignements de cette situation. Interpellé par Sud Quotidien hier, vendredi 4 mars, le spécialiste de la décentralisation pointant le manque d’expérience dans la politique du nouveau maire de Guédiawaye comme étant une des causes de cette situation a toutefois indiqué que cette cohabitation au niveau du bureau municipal n’aura «quasiment aucune conséquence» sur le travail du maire s’il n’affecte pas le Conseil municipal qui est l’organe délibérant de la ville.
« LE MAIRE ELU QUI EST NOVICE DANS LA POLITIQUE N'A PAS PRIS TOUTE LA MESURE DES ENJEUX DE L'ELECTION DU BUREAU».
« Face à cette situation, je me demande si le maire élu avait préparé l'élection du bureau ou s'il savait qu'il pouvait ne pas avoir la majorité au sein du bureau municipal. Cette situation est le résultat de jeux politiques qu'à mon avis tout acteur politique doit maîtriser. Lorsqu'on gagne une élection locale au suffrage universel direct, on doit préparer l'élection du bureau au suffrage universel indirect en menant des négociations, en activant ses réseaux, en faisant certaines concessions pour en définitive avoir un bureau municipal qu'on maîtrise parce qu'on y a la majorité. Je pense que le maire élu qui est novice dans la politique n'a pas pris toute la mesure des enjeux de l'élection du bureau et qu'il a été surpris et pris au dépourvu par la stratégie mise en place par ses adversaires. Ces derniers n'ont fait que profiter des règles du jeu démocratique pour prendre la majorité du bureau municipal ».
« LES ADJOINTS ET MEMBRES DU BUREAU N'ONT AUCUN POUVOIR PROPRE»
« Sur le travail du maire, il n'y a quasiment aucune conséquence. En effet, la ville est dirigée par un organe délibérant, le Conseil municipal, et un organe exécutif : le maire. Or le maire détient tout le pouvoir exécutif. Il est même à lui tout seul l'exécutif de la ville. Les adjoints et membres du bureau n'ont aucun pouvoir propre. Le maire peut cependant leur déléguer certaines compétences ou leur confier des missions ponctuelles. Mais le bureau ne peut en aucun cas empêcher au maire d'exercer la plénitude de ses compétences».
« TOUT CE QUE LE MAIRE ELU DOIT FAIRE… »
« Tout ce que le maire élu doit faire, c'est éviter le blocage du Conseil municipal. Il devra travailler à ce que ses adversaires ne parviennent pas à empêcher le fonctionnement normal du Conseil municipal. En effet, si le Conseil municipal ne fonctionne pas de façon durable, il doit être dissous et à sa place, on devra installer une délégation spéciale. Ce qui, d'un point de vue démocratique, n'est pas souhaitable».
Par Mamadou Kassé
SOMMES-NOUS RETOURNÉS À L’ÈRE DE LA GUERRE FROIDE ?
Invasion russe en Ukraine - Entre l’Est et l’Ouest, la Russie et l’Occident, les vieux démons de la division sont en train de renaître et, avec eux, le spectre d’une déflagration aux conséquences incalculables.
Après une longue période guerre froide qui a suivi la parenthèse dramatique de la seconde guerre mondiale, le monde semblait entrer dans une belle symphonie avec la coexistence pacifique, loin de l’équilibre de la terreur auquel nous étions habitués. Mais, voilà que l’histoire bégaie et que les certitudes quant à l’instauration d’une paix définitive s’effondrent comme un château de cartes.
Entre l’Est et l’Ouest, la Russie et l’Occident, les vieux démons de la division sont en train de renaître et, avec eux, le spectre d’une déflagration aux conséquences incalculables. Quand un enfant joue avec le feu à côté des charges explosives, il ne sera pas la seule victime de l’explosion et quand des éléphants se battent dans un magasin de porcelaine, les dégâts collatéraux risquent d’être encore plus importants.
Dans le cas d’espère, les métaphores illustrent mieux la situation qui prévaux entre la Russie et l’Occident, suite à l’intervention de Moscou en Ukraine. Une intervention qui, à bien des égards, nous rappelle la frilosité des grandes puissances d’envisager des menaces où des situations de conflits à leurs frontières. Aucune puissance n’a besoin d’un ennemi à ses frontières et les zones de conflits doivent être éloignés comme ce fut le cas en Irak, en Syrie, en Libye pour ne citer que ces exemples.
Au plus fort de la guerre froide, les confrontations ont toujours été délocalisées vers des terrains plus propices à servir de champs d’expression de la rivalité Est-Ouest. L’Afrique, le Sud-Est asiatique, le Moyen orient ont ainsi constitué les champs clos de batailles idéologiques et militaires avec une circulation massive d’armes de destruction de tous genres. Mais rares sont les situations où les deux puissances se retrouvent dans des risques de confrontation directe à leurs frontières respectives. On se souvient encore de la crise des missiles de Cuba. Les événements survenus du 14 octobre au 28 octobre 1962 et qui ont opposé les États-Unis et l'Union soviétique au sujet des missiles nucléaires soviétiques. Ces missiles pointés en direction du territoire des États-Unis depuis l'île de Cuba avaient mené les deux blocs au bord de la guerre nucléaire.
Au plus fort de la guerre froide, cette crise de Cuba, tout en révélant les limites de la coexistence pacifique, avait démontré la nécessité pour le monde de maintenir les deux grandes puis- sances nucléaires dans une distance qui leur évite des confrontations directes. En effet, la réaction américaine s’était soldée par un retrait des missiles installés par l'URSS en échange d'un retrait de certains missiles nucléaires américains de Turquie et d'Italie.
La promesse des États-Unis de ne plus jamais envahir Cuba, après la tentative avortée d’invasion de 1961 de la baie des cochons constituait alors le gage du respect de la clause de non- agression. Cette clause qui a maintenu le monde dans un équilibre fragile a également permis de promouvoir ce qui était convenu d’appeler l’équilibre de la terreur. En effet, cet accord entre le gouvernement soviétique et l'administration Kennedy, quoique contraignant pour la future politique extérieure des Etats-Unis, a permis au monde d'éviter un conflit militaire entre les deux puissances qui aurait pu mener à un affrontement nucléaire et à une troisième Guerre mondiale.
L’installation d’un téléphone rouge reliant directement la Maison-Blanche au Kremlin, après la crise afin d’établir une communication directe entre les deux superpuissances a sans doute permis d’éviter une nouvelle crise de ce genre depuis soixante ans, selon certains observateurs. Mais, voilà que l’histoire semble rattraper les superpuissances qui, après avoir testé leur hégémonisme sur tous les champs extérieurs, se retrouvent face à face pour régler leurs comptes dans une confrontation directe.
L’arme nucléaire qui se trouve au centre de cet hégémonisme aveugle est certes une arme de destruction massive pour le monde, mais elle peut tout aussi bien être une arme de dissuasion pour refréner les ardeurs et arrêter les velléités de passer à l’acte. Qui donc pour arrêter la guerre en Ukraine et remettre les choses à l’endroit. ? Qui pour lever l’impasse diplomatique et sortir le monde de l’engrenage et des ruptures d’équilibre qui pourraient entrainer des conséquences incalculables pour la stabilité de la planète ?
Sans doute le Président Xi Jiping de la Chine qui garde encore une certaine distance entre les deux blocs et qui dispose lui-même d’une force de dissuasion massive. Sans doute aussi les pays non alignés qui disposent encore de leur posture de neutralité. Les leaders comme le Premier Ministre indien Narendra Modi, le Président de la République d'Indonésie Joko Widodo, le Président du Sénégal Macky Sall, nouveau Président de l’UA et tant d’autres pourraient, sous ce rapport, jouer ainsi leur partition. Le Tiers monde ne doit pas continuer à regarder « les éléphants » jouer un jeu aussi funeste sinon les dégâts collatéraux risquent d’être dévastateurs.
L'AFRIQUE EST EN PROIE AUX COUPS D'ÉTAT ET AUX CONFLITS, COMMENT INVERSER LA TENDANCE
Les Africains doivent, bien entendu, être les maîtres de leur destin, mais les partenaires extérieurs tels que les Nations unies, les États-Unis et la Chine doivent soutenir leurs efforts visant à renforcer la stabilité et le progrès économique
Dans la soirée du 15 février 2022, des rapports ont fait état de l'assignation à résidence de hauts responsables de la police et de l'armée à Djibouti, apparemment par crainte d'un coup d'État. Il s'agit du dernier en date d'une série de coups d'État ou de tentatives de coups d’État en Afrique – du Mali à Madagascar et de la Guinée à la République centrafricaine (RCA).
La popularité accompagnant certains de ces coups d'État, associée à l'incapacité perçue de l'Union africaine (UA) et de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) à endiguer la vague de reflux démocratiques et d'insécurité, a provoqué une crise qui nécessite de reconsidérer fondamentalement les valeurs, le rôle, le mandat, les capacités et les ressources de ces institutions.
L'incident de Djibouti s’est produit 10 jours à peine après une réunion du sommet des chefs d'État et de Gouvernement de l'UA. Dans son communiqué final, celle-ci y déplorait la « vague » de coups d'État et l'insécurité généralisée sur le continent. Depuis son dernier sommet en présentiel au début de l’année 2020 (les rencontres se sont tenues virtuellement en 2021), des coups d'État militaires aboutis ont été perpétrés au Mali (deux fois), au Tchad, en Guinée, au Burkina Faso et au Soudan, et des tentatives de coups d'État, à Madagascar, en RCA, au Niger, en Guinée-Bissau et peut-être à Djibouti.
Le continent a également été témoin de coups d'État constitutionnels: les dirigeants ont tripatouillé les constitutions pour prolonger leur mandat comme cela s'est produit en Guinée et en Côte d'Ivoire (2020). En Tunisie, le président en exercice gouverne par décrets, sans aucun contrôle institutionnel de son pouvoir. L'Afrique a également a fait face à de nouveaux conflits et en a vu d’autres s’étendre. L'Éthiopie, le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, a été entraînée dans la spirale du conflit le plus important et le plus meurtrier de mémoire d'Africain. L'UA a nommé un envoyé spécial pour la Corne de l'Afrique et a opté pour une « diplomatie discrète », qui n'a pas encore porté ses fruits.
Au Sahel, la zone d'insécurité – résultant des insurrections et des djihadistes islamiques – s'est étendue. Elle a piégé et fait des milliers de morts, a déplacé des millions et causé d'immenses souffrances. Ce faisant, la légitimité et la capacité des régimes démocratiques naissants ont été compromises. Et dans le nord du Mozambique, une rébellion, provoquée par le manque d’intérêt du Gouvernement et un sentiment d'avoir été dépossédé, s'est transformée en insurrection islamiste. Des centaines de milliers de personnes ont été déplacées et les forces de sécurité du pays ont été submergées.
L'instabilité persistante au Sud-Soudan, en Libye et en Somalie a peu évolué. Là encore, l'UA s’est complètement tenue à l'écart, malgré sa présence militaire en Somalie. Chacun de ces événements s'inscrit dans un contexte unique, néanmoins, ils découlent majoritairement d’un manque de démocratie et de l’incapacité des gouvernements à assurer la liberté, la paix et le développement. Ces échecs des gouvernements élus de manière symbolique élus ont privé les dirigeants – ainsi que le système démocratique – d'une base populaire avant-gardiste. La pandémie de la COVID-19 a, en plus, anéanti les gains économiques de la dernière décennie. Elle a laissé derrière elle une avalanche de jeunes chômeurs et a alourdi le fardeau de la dette publique dans presque tous les pays, privant ainsi les dirigeants en place des rentes économiques qu'ils pouvaient redistribuer pour apaiser la population et contrôler et réduire au silence les principaux responsables civils et militaires.
Les conditions structurelles qui ont rendu possibles les coups d'État et l'insécurité dans ces différents pays prévalent dans la grande majorité des pays africains. En outre, les succès et la popularité manifeste de certains coups d'État ont créé un précédent qui pourrait inciter d'autres à s'en inspirer des imitateurs. Cependant, une Afrique appauvrie, insécurisée et sujette aux coups d'État n'est pas inéluctable. Ce continent continue, en fait, d'être le témoin de la résilience de la démocratie au Malawi et en Zambie, entre autres. Pour s'attaquer à ces maux et s'engager sur la voie de la paix, de la liberté et du développement durable, il manque deux choses essentielles : d’abord, un changement de paradigme mental ; ensuite, des mesures audacieuses pour favoriser l'intégration économique, sécuritaire et politique du continent.
DU REJET A L'INTROSPECTION
L'UA et la CEDEAO ont toutes deux rejeté les coups d'État militaires. L'UA a suspendu quatre pays en un an, un record depuis sa création en 2002. Pour sa part, la CEDEAO fonctionne avec 20 % de ses membres en moins : trois de ses 15 États membres sont suspendus. Elle a par ailleurs infligé des sanctions sévères au Mali après le second coup d'État et l'absence d'accord sur un calendrier de transition acceptable. Mais l'UA n'a pas été totalement cohérente ; par exemple, elle n'a pas suspendu le Tchad à la suite d'un putsch militaire dans le pays. Au lieu de cela, elle a posé des conditions préalables à une transition relativement rapide, un dialogue national et l'exclusion des dirigeants de la transition de toute candidature aux élections. Elle est restée très silencieuse sur la Tunisie également, malgré les développements antidémocratiques dans ce pays. La CEDEAO a bien suivi la procédure sur les coups d'État militaires mais n’a, toutefois, pas critiqué publiquement les coups d'État constitutionnels en Guinée et en Côte d'Ivoire. Ces incohérences ont donné lieu à des accusations d'hypocrisie. Certains sont allés jusqu'à accuser les deux institutions de seulement servir de protection pour leur club de dirigeants en exercice. Si l'UA et la CEDEAO veulent être prises au sérieux, elles doivent se livrer à une introspection et défendre la démocratie constitutionnelle, quels qu'en soient les auteurs – qu’il s’agisse de dirigeants en poste ou d’hommes en treillis. Et cette fois, elles ont l'occasion de se racheter en remportant quelques victoires rapides. Les présidents actuels du Sénégal (Macky Sall) et du Bénin (Patrice Talon) effectuent leur deuxième et dernier mandat. Pourtant, certains craignent qu'ils aient recours à des manœuvres douteuses sur le plan démocratique et qu’ils envisagent même de manipuler la constitution pour rester au pouvoir. L'UA et la CEDEAO devraient de nouer le dialogue de manière proactive avec ces dirigeants pour les amener à s'engager publiquement à se retirer à la fin de leur mandat et à perpétuer les acquis récents de leurs pays en matière d'alternance pacifique du pouvoir.
DE LA CRISE A L'OPPORTUNITE ?
Pendre toute la mesure de la crise doit inciter l'UA et la CEDEAO à agir. Les chefs d'État et de Gouvernement de la CEDEAO ont chargé la Commission de la CEDEAO d'accélérer la mise en application du processus de révision du Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance. C'est l'occasion de renforcer la capacité de la CEDEAO à réagir face aux manipulations constitutionnelles et électorales du pouvoir en place, notamment en réintroduisant la limite de deux mandats présidentiels, abandonée en 2015, à l'échelle de la région. De plus, l'UA devrait renforcer ses capacités à contrôler les changements constitutionnels effectué par les gouvernements, tout comme l'exercice et la conservation non démocratique du pouvoir. Elle doit, en outre, accélérer la dynamique de réforme instutionnelle, en s'efforçant par exemple de renforcer le Fonds pour la paix. Un fonds bien alimenté permettrait à l'UA d'éviter que l'instabilité politique ne dégénère en conflit et en insurrection à grande échelle. Les expériences liées aux interventions coordonnées face à l'insurrection dans le nord du Mozambique, impliquant des soldats de la Communauté de développement de l'Afrique australe et des forces rwandaises, pourraient servir d’exemples concrets. Il faudrait prendre en compte des mesures visant à s'attaquer aux causes profondes du déficit de gouvernance, de l'exclusion et de l'exploitation gratuite des ressources naturelles.
À long terme, l'UA, la CEDEAO et les autres communautés économiques régionales devraient renforcer la sécurité et l'intégration économiques, afin de s’assurer dans une certaine mesure que les démocraties naissantes. Cela permettrait, dans une certaine mesure, aux démocraties naissantes d'assurer la liberté, la stabilité et d'améliorer constamment la situation économique des populations. Il est essentiel de mettre en place la zone de libre-échange africaine et appliquer le protocole sur la libre circulation des personnes. Les organisations régionales devraient aussi renforcer leurs mécanismes de lutte contre la corruption et s'attaquer aux problèmes de mauvaise gestion des ressources.
En définitive, la responsabilité première de préserver la stabilité, la prospérité et la liberté incombe aux autorités nationales. Mais si les dirigeants africains souhaitent bénéficier de la protection de l'UA, de la CEDEAO et d'autres communautés sous-régionales, ils doivent renforcer ces institutions. Le mandat ambitieux et les attentes de ces institutions exigent que celles-ci soient dotées au préalable d'instruments, de pouvoirs et de ressources.
La sécurité des dirigeants en place réside peut-être dans le partage du pouvoir : s'attquer horizonatalement à la malédiction de la politique fondée sur le mode « le vainquer rafle tout» en associant l'opposition à la gestion des affaires; et verticalement, en renforçant les organisations régionales et sous-régionales.
Les Africains doivent, bien entendu, être les maîtres de leur destin, mais les partenaires extérieurs tels que les Nations unies, les États-Unis et la Chine doivent soutenir leurs efforts visant à renforcer la stabilité et le progrès économique du continent.
ADEM K ABEBE
EXTRAORDINARY LECTURER, UNIVERSITY OF PRETORIA
THECONVERSATION.COM
LE DUC ENGAGE LE DÉFI AFRICAIN
La première étape de la deuxième saison de la Basketball africa league (BAL) démarre ce samedi, à 17 h 30, au complexe de Dakar Arena avec les six clubs réunis dans la conférence du Sahara
Le gratin du basket africain s’est donné rendez-vous au Palais des Sports de Dakar Arena pour le top départ de la deuxième saison de la Basketball Africa League (BAL) qui regroupe six clubs. Champion en titre, le Dakar université club (DUC), représentant du Sénégal, engage la compétition ce samedi 5 mars avec une première confrontation avec le club guinéen SLAC (Seydou Legacy Athlétique Club). Compétition initiée par la Nba, en vue de promouvoir la pratique et la professionnalisation du basketball en Afrique, la BAL se disputera à Dakar et ensuite au Caire entre les 12 meilleures équipes du continent qui seront réparties dans les deux conférences.
La première étape de la deuxième saison de la Basketball africa league (BAL) démarre ce samedi, à 17 h 30, au complexe de Dakar Arena avec les six clubs réunis dans la conférence du Sahara. Unique représentant du Sénégal à ses joutes le Dakar Université club affronte en match d’ouverture le club guinéen SLAC (Seydou Legacy Athlétique Club).
Pour cette première expérience, les champions du Sénégal sont face à un grand défi. Il s’agit de faire mieux que l’As Douanes et atteindre le stade de quart de finale de cette compétition lancée par la NBA et qui regroupe les meilleures formations du continent et renforcées par des basketteurs venus hors du continent. Les coéquipiers de Ibrahima Niang, « Ro » de la saison écoulée, de l’international Bamba Diallo qui a disputé avec l’As Douanes la première saison du Bal, croiseront lors de la 2e journée de cette Conférence du Sahara, le club mozambicain CFV-Beira le 8 mars, le REG du Rwanda ( 11 mars), le club tunisien de l’Union sportive monastirienne, finaliste malheureuse de la dernière saison du BAL le 12 mars. Ils termineront par un dernier match de poule le 15 mars à 21h, face à l’AS Salé du Maroc.
L’objectif pour l’équipe du coach Sir Parfait Adjivon est de faire partie des quatre premiers de chaque poule qui se qualifieront pour le deuxième tour prévu à Kigali au Rwanda.
Après l’étape de Dakar qui prend fin le 15 mars, la BAL avec la deuxième étape se déroulera au complexe Hassan Mostafa Indoor Sports du Caire entre le 9 et le 19 avril.
Cette Conférence du Nil, sera disputée entre les Egyptiens du Zamalek, Champions BAL 2021, le BC Espoir Fukash (République Démocratique du Congo, le Cape Town Tigers (Afrique du Sud), le Cobra Sport du Soudan du Sud, les (Forces Armées du Cameroun ( FAP) et le Petro de Luanda (Angola). Ce sont les quatre meilleures équipes de chaque conférence qui se qualifieront pour les éliminatoires directes de la BAL et la finale au Kigali Arena du 21 au 28 mai.