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25 juin 2025
LANCEMENT SAISON 02 DE LA BAL, UNE CEREMONIE GRANDEUR NATURE
Le complexe sportif Dakar Arena de Diamniadio abrite, ce samedi, les premiers matchs de la saison deux de la League africaine de basketball. Durant 10 jours, 15 matchs de la conférence Sahara se disputeront dans la capitale sénégalaise, Dakar.
Le complexe sportif Dakar Arena de Diamniadio abrite, ce samedi, les premiers matchs de la saison deux de la League africaine de basketball. Durant 10 jours, 15 matchs de la conférence Sahara se disputeront dans la capitale sénégalaise, Dakar.
On se croirait au Madison Square Garden ou dans l’une de ces salles les plus spectaculaires de la NBA. Ce samedi, à l’occasion de la journée inaugurale de la saison deux de la BAL (Basketball Africa League), le Dakar Arena a vibré au rythme de la balle orange. Chorégraphie et prestation d’artistes, tout était au rendez-vous pour mettre le public dans un environnement NBA.
Des supporters qui ont répondu présent
Ils sont venus de tous les coins de Dakar et du Sénégal. Arborant, pour certains, les couleurs du Dakar Université Club (Duc), pour d’autres, ils sont venus en simple spectateurs. La NBA Africa n’a pas lésiné sur les moyens pour faciliter le déplacement des supporters et inconditionnels du basket. Plusieurs bus étaient à leur disposition, au Stadium Marius Ndiaye et d’autres sites.
Le Dakar Arena habillé en jaune
C’est connu de tous, le public du Dakar Université Club est le meilleur du championnat national. Les étudiants l’ont encore démontré ce samedi lors de la sortie de leur club, le DUC. Ils étaient des milliers, tous habillés aux couleurs du DUC pour donner de la voix aux hommes du coach Sir Parfait Adjuvon. Soutenus par les comités de supporters du 12e Gaindé et Allez Casa, ils ont bien assuré l’ambiance dans les gradins.
Pour faire comme en NBA
Les organisateurs de la League africaine de Basketball se sont bien inspirés de la NBA, en matière de spectacle, lors de cette journée inaugurale. Les artistes Mbaye DIeye Faye, connu pour ses agréables rythmes du mbalakh, DIP Doundou Guiss, la star du rap Galsen et Baba Maal, lead vocal du Dandé Leñol ont fait vibré le public. Un spectacle qui va se poursuivre tout au long de ce tournoi, a promis Amadou Gallo Fall président de la BAL, en conférence ce vendredi.
Cerise sur le gâteau
Le président de la République, Macky Sall a été aperçu dans la loge principale. Les organisateurs ne s’y attendaient pas, même si le président de la BAL, Amadou Gallo Fall avait lancé un appel au président de la République du Sénégal, lors de la conférence de presse tenue ce vendredi.
11000 NOUVEAUX CAS DE CANCER ATTENDUS CHAQUE ANNEE AU SENEGAL
Le pays doit apporter une réponse épidémiologique aux conséquences liées aux maladies non transmissibles qui sont responsables de 11% de la mortalité dans les pays développés. Et les pays en voie de développement s'en sortent avec plus de 80% du fardeau
Le Sénégal a célébré la journée mondiale de sensibilisation sur les maladies liées au virus du Papillome, première édition du genre dans notre pays couplée du congrès de la société sénégalaise de colposcopie et des pathologies liées aux papillomavirus. En effet, le pays doit apporter une réponse épidémiologique aux conséquences liées aux maladies non transmissibles qui sont responsables de 11% de la mortalité dans les pays développés. Et les pays en voie de développement s'en sortent avec plus de 80% du fardeau selon le directeur général de la lutte contre la maladie.
Le docteur Babacar Gueye a présidé la cérémonie au nom du ministre de la Santé et de l’action sociale. Selon lui, les cancers sont responsables de 80% des décès prématurés c’est-à-dire les décès qui surviennent entre 30 et 70 ans. « Il s’agit de maladie handicapantes qui causent des dépenses catastrophiques et constituent un frein à l’émergence et au développement » dit-il. Et d’ajouter, qu' au Sénégal, plus de 11000 nouveaux cas de cancer sont attendus chaque année. Ces cancers sont évitables avec des mesures de prévention simples qui sont le dépistage et diagnostic précoce ainsi que la vaccination.
« Les papillomavirus constituent un lourd fardeau dans la santé publique au niveau mondiale. Ils sont liés à l’apparition de plusieurs cancers et sont responsables d’autres pathologies non cancéreuses », a expliqué le docteur Aicha Ka, vice-présidente de la société sénégalaise de colposcopie et des pathologies liées aux papillomavirus (SSCPP). A l’en croire, la célébration de cette journée vise à sensibiliser les populations afin qu’elles puissent mesurer l’impact de ces pathologies sur la société. Il s’agit à travers ce congrès, de participer à la promotion de la vaccination de partager les travaux de recherche sur le sujet.
CE N’EST PAS ACCEPTABLE QUE LE KG COUTE 1000 F CFA DEPUIS 2 ANS
Depuis deux ans, le kilogramme de Khéthiah coûte 1000 F CFA, au Sénégal. Ce n’est pas acceptable. Nous savons combien de bateaux européens il y a au large de nos côtes, mais pas combien de bateaux chinois et russe.
Mamadou Cissokho, le président d’honneur du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR, Sénégal) et du Réseau des organisations paysannes et de producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA), s’exprimant vendredi lors de la présentation des résultats à mi-parcours du Cadre de programmation par pays (CPP) de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) au Sénégal 2019-2023, a dit toute son inquiétude sur la flotte de pêche chinoise et russe. « Depuis deux ans, le kilogramme de Khéthiah (poisson séché) coûte 1000 F CFA, au Sénégal » et « ce n’est pas acceptable », a-t-il pesté.
« Je vois que de plus en plus, on parle de projet, et les politiques s’éloignent. Mais, vous ne pouvez jamais réussir tout ce qu’on a présenté ici comme résultat du projet sur la Pêche s’il y a plus de bateaux de pêche que de poissons dans notre océan, a-t-il fait remarquer. Ça, c’est la responsabilité de la FAO qui travaille avec le gouvernement de leur faire comprendre ça. Donc, nous attendons que l’année prochaine, en nous présentant des résultats, qu’on nous dise qu’est-ce qui a été fait pour qu’il y ait moins de bateaux dans notre océan, mais plus de pirogues pour que les femmes puissent transformer le poisson. Depuis deux ans, le kilogramme de Khéthiah coûte 1000 F CFA, au Sénégal. Ce n’est pas acceptable. Nous savons combien de bateaux européens il y a au large de nos côtes, mais pas combien de bateaux chinois et russe. Parce qu’il n’y a pas de réunion régulière qui permette de le savoir, et ça c’est dangereux. La mer, c’est notre vie, et nous voulons qu’on s’en occupe. »
Par ailleurs, « on n’ira jamais loin tant qu’il y a, chaque année, la multiplication des camions de charbon de bois par deux ou trois. Il faut, en amont, prendre des dispositions et des politiques pour que les politiques puissent donner des résultats. Cela, c’est la responsabilité de la FAO », a-t-il martelé.
Les assurances de la FAO
Interpellé, le Coordonnateur sous-régional de la FAO pour l’Afrique de l’Ouest et représentant de la FAO au Sénégal, Dr Gouantoueu Robert Guei a reconnu que « c’est un problème qui est lié à l’exploitation abusive des ressources halieutiques. » Et, « à ce niveau, a-t-il garanti, la FAO va continuer à travailler avec le gouvernement. Nous avons des outils : la législation sur les pêches illicites. Nous avons d’ailleurs un programme côtier qui va au-delà du Sénégal parce que ce problème n’est pas seulement un problème du Sénégal, mais c’est un problème des autres pays côtiers. Il y a un programme sur la pêche illicite de la CEDEAO sur lequel la FAO travaille énormément avec ses pays pour qu’on puisse éviter que des individus ou des compagnies véreux puissent venir pêcher sur nos côtes sans autorisation. C’est pourquoi on a été interpellé pour qu’on travaille davantage avec les gouvernements pour mettre en place des politiques qu’il faut. Mais, nous travaillons déjà avec les gouvernements de la sous-région sur cet aspect. »
En revanche, il a insisté sur la nécessité de développer l’aquaculture : « parce que le poisson ne suffit pas pour la population sénégalaise et même au niveau de la sous-région. C’est une opportunité énorme, l’aquaculture, pour permettre d’être autosuffisant en poissons mais également d’exporter le poisson au niveau de la sous-région. Nous sommes en train de mettre en œuvre un programme que nous allons développer avec le gouvernement sur l’emploi des jeunes. Parce que nous ne pouvons pas transformer notre agriculture sans les jeunes et sans les femmes. Ce programme va appuyer le développement des agropoles au niveau du Sénégal. »
Sur le trafic de bois, il a également reconnu la pertinence à « s’orienter beaucoup plus sur l’aspect programmatique au lieu d’avoir de petits projets » : « Et, ça nous sommes là-dedans également parce que nous pensons qu’avec les petits projets, c’est forcément pour développer des outils de stratégies. Nous travaillons sur des programmes transformateurs à gros impacts ».
CRISE A LA POSTE, ABDOULAYE BIBI BALDE DANS LE VISEUR DU SYNDICAT
La situation de La Poste, loin de se décanter, semble aller de mal en pis. En effet, les travailleurs de cette société nationale sont sortis à maintes reprises, pour attirer l’attention des uns et des autres sur les problèmes qui gangrènent La Poste.
La situation de La Poste, loin de se décanter, semble aller de mal en pis. En effet, les travailleurs de cette société nationale sont sortis à maintes reprises, pour attirer l’attention des uns et des autres sur les problèmes qui gangrènent La Poste. Cette fois, ces travailleurs dénoncent un recrutement de deux cents personnes de la période allant à la campagne à maintenant, alors que les employés de la boîte peinent à percevoir leurs salaires. Ces agents de La Poste se posent aussi des questions sur le mutisme de l’État et brandissent «la théorie de la stratégie de pourrissement, en vue de liquider l’entreprise».
Le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de La Poste et des Télécommunications (Sntpt), Ibrahima Sarr et ses collègues ont fait face à la presse dans la journée du jeudi 04 mars 2022.
Une occasion saisie pour dénoncer le comportement du Directeur général, Abdoulaye Bibi Baldé : «Nous avions déjà identifié que la masse salariale de La Poste était véritablement un facteur bloquant du développement de La Poste. Aujourd’hui, les recrutements continuent de fort belle manière. Pendant la période de la campagne jusqu’à maintenant, deux cents personnes ont été recrutées. La Poste peine à payer les salaires des travailleurs, pour des motifs personnels et politiques.
Aujourd’hui, on augmente la masse salariale par un recrutement népotique, un recrutement clientéliste et l’État laisse faire, mais les travailleurs de La Poste ne comptent pas baisser les bras. Nous allons lutter pour préserver notre outil de travail, mais également, pour défendre avec les Sénégalais, ce patrimoine national».
Dans ce sillage, ces travailleurs ne lâchent pas prise ; ils pointent du doigt le Directeur général : « A la tête de cette entreprise, nous avons un Directeur général qui est vorace, qui est à l’origine d’une mauvaise gestion. En plus d’être très paresseux, il ne mène aucune action allant dans le sens de sortir La poste de la situation où elle se trouve actuellement ».
« La preuve est qu'en lieu et place de solutions, nous sommes submergés par des slogans. Nous avons fait des conclaves en vue de diagnostiquer les problèmes et évidemment, faire des propositions de solutions, qui étaient destinées à l’autorité, qui adopte un silence inquiétant. Nous comprenons par là que l’État, semble avoir une stratégie de pourrissement de la situation, c’est-à-dire laisser la situation s'envenimer, pour ensuite proposer une liquidation. Cette dernière ne sera pas une chose facile, pour cause, à partir de maintenant, nous allons intensifier la lutte…».
En guise de conclusion, ces travailleurs annoncent avoir planifié d’autres stratégies de lutte dans les jours à venir.
PAR Jean-Baptiste Placca
JUSTICE ET CONTEXTES
Comment condamner une prise de pouvoir par la force des armes, tandis que la plus haute juridiction du pays entérine un coup d'État ? C'est un casse-tête qui devrait ralentir les ardeurs des putschistes. Ou alors, leur donner des ailes, à tout jamais
Jeune Afrique |
Jean-Baptiste Placca |
Publication 05/03/2022
Dans le procès sur l’assassinat de Thomas Sankara, les avocats de la défense prennent prétexte de la prestation de serment du président-putschiste Paul-Henri Damiba devant le Conseil constitutionnel, pour contester l’accusation d’atteinte à la sûreté de l’État. Comment comprendre qu’un tel coup de théâtre mette les magistrats autant dans l’embarras ?
Il fallait s’y attendre. Dans l’euphorie générale, ce procès a été engagé un peu trop au mépris du contexte juridique et historique des faits. La règle, à l’époque, était les coups d’État. Les pays où l’on accédait au pouvoir par des élections démocratiques étaient de très rares exceptions. Sankara lui-même était parvenu au pouvoir à la faveur d’un coup d’État, perpétré contre un putschiste, qui avait lui-même déposé un autre putschiste, ainsi de suite.
À la lumière de cette tradition bien établie de prise du pouvoir par la force, accuser Blaise Compaoré d’atteinte à la sûreté de l’État pour avoir renversé Sankara est juste une erreur. En droit, comme du point de vue historique.
L’accusation aurait sans doute été mieux inspirée de poursuivre les prévenus uniquement pour assassinat, et encore ! Car, certains de ces coups d’État se soldaient par la mort, sinon du président, du moins de ses proches, comme autant de dégâts collatéraux.
Il n’y aurait donc plus, dans ces conditions, matière à procès !
Tout au long des vingt-sept années de pouvoir de Blaise Compaoré, l’assassinat de Thomas Sankara était passée par pertes et profits. Pour que le nom de Sankara cesse d’être tabou dans les médias d’État, et que les Burkinabè commencent à le célébrer ouvertement comme l’icône de la jeunesse africaine qu’il était depuis sa mort, il aura fallu attendre la chute de Blaise Compaoré. Et dans l’euphorie générale du désir national de justice pour le défunt leader charismatique, l’accusation a pu perdre de vue le fait que Sankara n’était pas un chef d’État élu. C’est en cela que l’atteinte à la sûreté de l’État, glissée dans les chefs d’accusation, fragilise le dossier.
Le Comité national Itie a organisé, avec les acteurs locaux de Kédougou, notamment la Plateforme des fournisseurs locaux, la Chambre de commerce, la Chambre des métiers, entre autres, une session d’analyse et de réflexion sur les résultats et conclusions du rapport Itie 2020, relativement au contenu local.
Les conclusions et recommandations relatives aux politiques de contenu local ont été partagées avec l’ensemble des parties prenantes locales.
En marge de cette rencontre, Papa Alioune Badara Paye, secrétaire permanent adjoint du Cn-Itie, est revenu sur la réforme pour la promotion du contenu local. En effet, la loi sur le contenu local relatif aux hydrocarbures, est en train d’être élargie au secteur minier. Le projet est en cours de validation.
Dans le cadre de vos activités de dissémination des résultats du rapport Itie 2020, vous avez consacré aux acteurs de la région de Kédougou, une session au contenu local. Quel est le sens de cette rencontre ?
Quand on regarde les chiffres du rapport, on constate qu’il y a 80% du chiffre d’affaires des entreprises qui vont à la fourniture de biens et services et aux paiements des sous-traitants. Donc cette question de contenu local, c’est-à-dire la part de l’emploi, des compétences, des matériaux qui peuvent être achetés localement, est fondamentale. A côté, les paiements au gouvernement, les régies financières vont capter 12% en termes d’impôt, de taxes et d’autres prélèvements. 12% comparés à 80% du chiffre d’affaires, ce qui fait plus de 1000 milliards, le choix est vite fait.
En même temps, le Sénégal est dans une posture de transition en termes de textes juridiques. On avait une loi sur le contenu local concernant le secteur des hydrocarbures. C’était ça le débat ces dernières années, mais on a vu des similarités sur les deux secteurs, des opportunités et synergies qu’il faut créer. Le gouvernement a pensé qu’il fallait étendre ce contenu local au secteur minier. Et je pense que c’est de bonne guerre et une bonne opportunité également de pouvoir intégrer les besoins des populations. On aura une loi générale qui va concerner les deux secteurs, mais pour les décrets d’application, il y a des spécificités. Il faudra tenir compte aussi des potentialités qui existent dans les différentes régions minières. Peut-être Kédougou a des opportunités, des particularités que d’autres régions comme Thiès, qui est également une région minière, n’ont pas. Donc, on a jugé nécessaire d’échanger avec les populations sur ces différents textes, sur cette approche de contenu local, que ce soit basé sur les biens achetés localement, l’intégration du capital des entreprises par les nationaux ou bien l’aspect géographique, les achats locaux. Donc, il faudrait qu’on arrive à ce que ces populations jouent leur partition dans la réflexion juridique qui est en cours et au niveau des mécanismes de suivi et d’évaluation des dispositions qui vont venir. Et c’est tout le sens de la rencontre.
Et je pense que ça s’est déroulé dans de bonnes conditions, parce qu’on a aussi incité à ce que les populations puissent faire remonter auprès du Gouverneur de la région de Kédougou, notamment à travers un cadre de concertation élargi, les propositions pertinentes qui pourraient venir enrichir le débat au niveau national, mais également penser dès à présent aux projets ou domaines à prioriser en termes de financement, parce que dans l’accompagnement des Pme/Pmi, il y a la formation, le renforcement de capacités, mais aussi le financement. L’argent est le nerf de la guerre, comme on dit. Il faut que l’argent soit accessible aux Pme/Pmi, particulièrement à celles qui sont installées dans la région de Kédougou.
Le renforcement de capacités semble être un besoin criard pour beaucoup d’acteurs, n’est-ce pas ?
C’est l’un des objectifs phares. Quand on regarde la loi, il y a un fonds d’appui au développement du contenu local qui est prévu. Il y a un comité national de suivi du contenu local qui sera créé. Dans le secteur des hydrocarbures, il y en a un, mais là, ça va gérer les deux secteurs (hydrocarbures et mines), comme la loi deviendra plus générale pour couvrir ces deux secteurs-là. Donc, ce renforcement de capacités est nécessaire, parce qu’il y a des standards au niveau des entreprises qu’il faudrait que les populations locales ou les Pme/ Pmi intègrent. Ce sont des standards liés à l’hygiène, la santé et la sécurité au niveau des sites, mais également liés au fait que vous devez sauvegarder une certaine transparence, une certaine réputation. Votre gouvernance doit être améliorée. Progressivement, je pense que si les entreprises s’y mettent et dévoilent ces standards-là, parce que rien ne sert de ne pas publier les plans de passation de marchés, alors que c’est demandé par la loi minière, le Code de 2016, et de ne pas publier les critères sur lesquels on va recaler ou accepter l’offre de tel ou tel. Il faudrait une certaine dose de transparence de la part de ces entreprises qui sont les donneuses d’ordre aux côtés du gouvernement qui opte pour cette réforme juridique majeure et que finalement, les populations soient bénéficiaires de ce qui est prévu, le principe constitutionnel qui est posé, l’appartenance des ressources naturelles au peuple ; justement lesquelles ressources sont exploitées pour améliorer le bien-être des populations.
Concrètement, au niveau local, en termes de contenu local, quelle appréciation faites-vous des achats locaux faits par les entreprises minières évoluant dans la région de Kédougou ?
Le constat, il est là. Il y a 190 milliards de francs Cfa d’achat et de paiement aux sous-traitants, qui sont faits par les entreprises minières telles que Sabodala gold operation (Sgo), Iamgold, Petowal mining company (Pmc), mais il y a une part très faible qui revient à la région de Kédougou. Elle dépasse à peine le milliard. Sur ces deux années, on a vu qu’au maximum, c’était une enveloppe d’1,5 milliard. Cela montre deux choses. Premièrement, les Pme/Pmi locales ne sont pas encore intégrées dans cette chaine de valeur et souvent c’est dû à l’accès à l’information, l’accessibilité des plans de passation des marchés. Si on ne sait pas ce que vous allez faire demain, on ne peut pas vous proposer de service en réalité. Il faudrait que cette transparence au niveau des entreprises soit tout à fait appliquée. La deuxième chose, c’est la capacité d’absorption. Si le tissu économique local ne peut pas absorber tous ces fonds, ces 190 milliards de francs Cfa, s’il ne peut pas se porter garant pour proposer des services à hauteur de ce montant, c’est sûr que ça va aller dans d’autres régions ou bien tout simplement ça va aller au niveau des fournisseurs étrangers et sous-traitants étrangers. Et le constat heureux qu’on a fait c’est que quand on regarde les services qui peuvent être proposés, par exemple l’hébergement, la restauration, le transport, ce sont des choses faisables dans la région. Donc, il faudrait que dans les propositions qui vont arriver au gouvernement, qu’il y ait des catégorisations de sorte qu’on ait des régimes exclusifs, c’est-à-dire exclusivement des nationaux ou des locaux qui vont au niveau de la région, pourvoir à la société ces services-là. C’est ça l’objectif. Quand on apprécie la chose, on ne va pas en rester là, mais il faut aller beaucoup plus loin, pour donner des pistes d’orientation, pouvoir améliorer et revenir avec des statistiques beaucoup plus heureuses et beaucoup plus encourageantes l’année prochaines ou les années qui vont suivre.
KEDOUGOU – OCTROI TOUS AZIMUTS DE PERMIS MINIERS, EXTENSION DU PARC… : LES PREOCCUPATIONS DE L’ADMINISTRATION TERRITORIALE
L’octroi tous azimuts de permis miniers, surtout dans le Parc Niokolo Koba, entre autres, préoccupe les autorités administratives de la région de Kédougou
L’octroi tous azimuts de permis miniers, surtout dans le Parc Niokolo Koba, entre autres, préoccupe les autorités administratives de la région de Kédougou. Lesquelles en ont fait état hier, lors du premier Atelier régional de partage des résultats du rapport Itie 2020 du Cn-Itie.
A Tomboronkoto, commune située dans le département de Kédougou, les populations sont confrontées à des difficultés liées à l’extension du Parc Niokolo Koba. A cette souffrance s’ajoute l’octroi tous azimuts de permis miniers, a décrit hier le Préfet de Kédougou, lors du premier Atelier régional de partage des résultats du rapport Itie 2020. Pour Souleymane Sow, «les populations sont bousculées par les industries extractives, parce qu’il y a beaucoup de permis. Ainsi sont-elles, des fois, obligées d’enfreindre la loi pour aller chercher de quoi nourrir leurs familles. Cela, en défiant les gardes du parc qui font légalement leur travail». Face à cette situation qui est souvent source de conflits entre les gardes du Parc Niokolo Koba et les cultivateurs, mais aussi pour permettre aux populations de disposer assez d’assiettes foncières pour exercer des activités génératrices de revenus, le Préfet demande de rationaliser les permis.
Abondant dans le même sens, le Gouverneur de Kédougou estime que le cadastre minier mérite d’être plus vulgarisé. Car les assiettes foncières sont, pour la plupart, contenues dans ce qu’on appelle le domaine national, et le maire d’une commune a des compétences sur le domaine national. «Si l’information n’est pas partagée, le maire peut faire une délibération qui coïncide avec un permis d’exploration ou d’exploitation. Car souvent, ceux qui donnent les permis ne s’occupent pas des conséquences qui peuvent en découler, c’est-à-dire des troubles à l’ordre public qui sont transférés au Préfet et qui n’est même pas au courant de l’instruction du dossier», déplore Saër Ndao.
C’est pourquoi, considère le Gouverneur, «les instructions des dossiers relatifs aux permis miniers doivent passer par les services techniques qui se trouvent au niveau local. On a un service technique outillé comme ceux qui sont à Dakar. On doit lui donner la possibilité de voir le dossier d’abord, de faire la situation de terrain, parce que tant qu’on ne maîtrise pas le terrain, on fait des erreurs. Nos machines nous trompent chaque fois. On ne peut pas rester à Dakar, se projeter sur des machines pour dire que c’est ok, on octroie un permis. L’instruction d’un dossier peut se faire au niveau local. Ça nous permet d’anticiper sur les probables litiges qui pourraient subvenir».
Le Gouverneur de Kédougou a aussi relevé le fait que les codes minier, environnemental et pétrolier ne parlent pas le même langage. «On a vraiment des difficultés. Il faut essayer d’harmoniser ces trois codes pour que l’exploitation minière puisse générer le maximum de revenus. Cela permettra non seulement de gagner en temps, mais également en ressources.
Le Comité national de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Cn-Itie) doit voir comment créer un système de guichet unique», recommande-t-il. Avant d’assurer que dans le cadre de leur mission qui est de sauvegarder l’intérêt général, ils ne ménageront aucun effort pour protéger le parc, mais dans la concertation et le dialogue. «On va continuer à protéger le parc. Car, le parc, c’est le seul lieu qui nous reste pour lutter contre le dérèglement climatique….»
Par Birame FAYE
L’INFORMATION MEDIATIQUE EN AFRIQUE : CHERCHEZ LES FEMMES !
Elles sont presque invisibles dans les contenus médiatiques, malgré leur poids démographique (52% au moins) dans la plupart des pays africains et les rôles majeurs qu’elles jouent dans l’économie
Elles sont presque invisibles dans les contenus médiatiques, malgré leur poids démographique (52% au moins) dans la plupart des pays africains et les rôles majeurs qu’elles jouent dans l’économie. Et dans les sphères institutionnelles. Le nombre de femmes vues et entendues dans les médias demeure faible. Celles qui font les choux gras de la presse, pour la plupart du temps, sont souvent représentées dans des rôles traditionnels ou de victimes, rarement en tant qu’actrices de développement ou décideuses.
Des études menées par l’Institut Panos Afrique de l’Ouest (Ipao), en 2020, au Mali, au Niger et au Sénégal, ont montré que seuls 9% des personnes interrogées par les médias sont des femmes, en dépit de l’existence d’une expertise féminine. En Côte d’Ivoire, le taux de femmes interrogées a atteint 23% pendant la période de l’étude. Dans ces quatre pays, en pleine pandémie du Covid-19, les sujets consacrés aux droits des femmes et à la contribution féminine dans tous les secteurs d’activité, étaient à moins de 4% des contenus médiatiques. Le sixième rapport du Global media monitoring project (Gmmp, 2020), une initiative mondiale de suivi des contenus éditoriaux, a couvert 116 pays. 30 172 contenus publiés dans des journaux, diffusés dans les médias audiovisuels, sur des sites d’informations et via des tweets de médias d’information, ont été examinés. Avec un contexte sanitaire mondial fortement marqué par une pandémie, 25% des publications ont porté sur un sous thème ou un thème principal relatif au coronavirus. A l’échelle mondiale, 25% des contenus analysés ont fait référence aux femmes en tant que sujets et sources d’information, soit une progression de 1% comparé à 2010.
UNE PERSPECTIVE ÉDITORIALE «FEMMES» EN AFRIQUE : UTOPIE ?
En Afrique, dans 30 pays, 3687 contenus médiatiques provenant de médias traditionnels et de nouveaux médias, ont été monitorés en 2020. Cette étude a montré que la présence des femmes comme sources et sujets traités n’a pas dépassé 22%, contre 19% en 2010. Vu sous l’angle des rubriques médiatiques, les femmes ont occupé 18% des sujets politiques, 24% des informations relatives à des crimes, 30% des articles liés à la santé et aux sciences, 19% pour le volet économique, etc. De plus, beaucoup de biais ont été notés dans les contenus éditoriaux, à travers l’utilisation de certaines expressions qui ne valorisent pas les femmes. A ce rythme, il faudra «67 ans» pour atteindre l’équilibre homme-femme dans les contenus médiatiques au niveau mondial, selon le sixième rapport du Gmmp. Cette situation est le résultat de plusieurs facteurs socio-économiques et culturels, mais aussi de l’absence d’un certain réflexe de diversifier les sources et sujets selon le sexe, dans les processus de collecte et de traitement de l’information, en dépit de multiples recommandations qui se veulent parfois normatives.
En effet, avant l’avènement des Objectifs de développement durable (2015), la sousreprésentation et le mauvais traitement auxquels les femmes sont soumises dans les médias africains, allaient à l’encontre des recommandations internationales et régionales émises à travers différents instruments politiques et juridiques. Le Programme d’action de Beijing de 1995 avait recommandé «aux gouvernements de promouvoir une politique active et visible d’intégration des considérations liées à la sexospécificité dans les politiques et programmes (article 243)» et «un partage équilibré des responsabilités familiales, une visibilité des femmes qui assurent des postes de direction et concilient responsabilités familiales et professionnelles (245)».
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), à travers son «Acte additionnel relatif à l’égalité entre les hommes et les femmes pour le développement durable» (2015), souligne que «les Etats membres s’assurent de la prise en compte de l’égalité de droits entre les femmes et les hommes dans les lois, politiques, programmes de formation et de recrutement des médias, adoptent des mesures pour s’assurer que les médias et les organismes qui leur sont associés intègrent l’égalité de droits entre les femmes et les hommes dans leurs politiques et procédures, et prennent toutes les mesures nécessaires pour promouvoir la représentation égale des femmes dans la pratique des médias et dans leurs structures décisionnelles, (…)et œuvrer pour une plus grande présence, visibilité et expression des femmes dans et à travers les médias, et pour une représentation non stéréotypée».
Toutefois, ce cadre normatif a, jusqu’à présent, peu d’effets sur les choix éditoriaux. La raison ? En formulant de telles recommandations aux Etats, leurs auteurs ont choisi d’ignorer le fonctionnement des médias dans un système démocratique. Des médias qui se veulent indépendants ne s’accommodent pas d’injonctions venant d’un Etat. Ils sont, en principe, souverains dans leurs choix éditoriaux. Ce choix est souvent le fruit d’un intérêt supposé ou réel des publics par rapport à certains sujets, d’un contexte socio-économique, d’un jeu d’acteurs, d’un agenda qui s’impose souvent aux médias, d’une histoire, et donc d’un rapport à l’information qui ne peut pas changer sur la base de recommandations internationales, souvent inconnues de la plupart des acteurs médiatiques.
BÂTIR UN ENVIRONNEMENT MÉDIATIQUE FAVORABLE AUX FEMMES : PAR OÙ COMMENCER ?
Les analyses de contenus et de l’environnement médiatiques sous une perspective femme sont souvent menées sur la base de 6 indicateurs :
- Le pourcentage des reporters et responsables éditoriaux femmes dans les médias ;
- La place des femmes dans tous les sujets d’information ;
- Les femmes dans l’actualité politique ;
- Les femmes dans les sujets économiques ;
- Les femmes citées comme sources d’information, en tant qu’expertes ;
- Les femmes citées porte-paroles, autorités, etc.
Toutefois, il faudra y ajouter la manière dont les médias parlent des femmes et l’exploitation de données sexospécifiques dans les productions médiatiques. Jusqu’ici, les institutions de régulation, à travers leurs différentes missions de supervision, ne font de la place des femmes un indicateur dans le cadre de leurs activités de monitoring.
L’écosystème des acteurs de l’information médiatique doit prendre conscience de la place marginale réservée aux femmes dans les programmes médiatiques. Cette étape est cruciale, car les journalistes produisent au quotidien, sans se rendre compte qu’ils reproduisent des inégalités sociales à travers la collecte et le traitement de l’information. Dans les processus de collecte et de traitement des informations, les médias gagneraient à davantage se tourner vers des personnes ressources femmes lorsqu’il s’agit de recueillir des avis d’experts, dès lors qu’une masse critique d’expertes existe dans tous les secteurs. Cela permettra de parler des femmes, non pas dans des situations de victimes ou de simples gardiennes du cadre familial, mais également dans des positions d’expertes et de décideuses.
Ensuite, les journalistes doivent se convaincre de la pertinente nécessité de traiter des sujets relatifs aux conditions des femmes autant que celles des hommes. Dans ce cadre, ils doivent aborder des sujets à caractère politique, économique, social, de manière à susciter un intérêt équitable chez les deux groupes, car la contribution des femmes à la création de richesses n’est plus à démontrer, là où leur influence dans les sphères de décision politique reste à consolider. Par ailleurs, au regard de la représentation peu valorisante des femmes par les médias, une discrimination positive pourrait contribuer à réduire le gap en termes de représentativité éditoriale.
En définitive, des réflexes doivent être installés chez les journalistes, sans oublier les responsables de rédaction chargés des orientations éditoriales. Dès lors, la formation s’impose comme un moyen de sensibilisation des professionnels de l’information. Les écoles de journalisme doivent intégrer, dans les curricula de formation des journalistes, des modules qui initient les futurs journalistes à un traitement qui n’ignore pas les femmes dans le choix des experts et des sujets à traiter. Plusieurs institutions de formation et d’appui aux médias ont conçu de nombreuses ressources pédagogiques sur les femmes, mais elles n’ont pas encore une incidence éditoriale significative en Afrique. De nombreuses autres bonnes pratiques en lien avec «médias et genre» existent en Afrique. Il convient de les capitaliser et les diffuser, afin de faciliter l’expérimentation. C’est dire que la représentation des femmes et l’évolution de leurs rôles sociaux par les médias sont des domaines de recherche et de plaidoyer qui méritent d’être davantage investis.
Enfin, en dépit de l’insuffisance de données sexospécifiques, le journaliste doit faire l’effort de représenter les catégories de la population sur lesquelles porte son article, à travers des chiffres désagrégés qui peuvent renseigner sur le rôle et la place des femmes. Ceci, d’autant que la pandémie du Covid-19 qui a affecté toutes les catégories socio-économiques, a aujourd’hui révélé l’intérêt du journalisme de données comme une réponse à la désinformation globale qui accentue la crise de confiance entre le citoyen et l’information médiatique.
A la lumière de ce qui précède, il convient de souligner qu’il ne s’agit pas ici de positionner le «journalisme sensible aux femmes» comme une spécialité. Celui-ci se positionne plutôt comme un indicateur de qualité éditoriale. Quel que soit le sujet traité.
Birame FAYE
Journaliste
Coordonnateur régional médias à l’Institut Panos Afrique de l’Ouest bfaye@panos-ao.org
«LE SECTEUR INFORMEL EST L’UNE DES PREOCCUPATIONS DE L’ETAT»
Entretien avec…. Ibrahima Seck, directeur des Prestations familiales et sociales à la Css :
Au terme de la Journée de vulgarisation de la Convention bilatérale de sécurité sociale signée entre la République du Sénégal et le Royaume d’Espagne, tenue la semaine dernière, M. Ibrahima Seck, directeur des Prestations familiales et sociales à la Caisse de sécurité sociale, s’est entretenu avec Le Quotidien. Membre actif de la délégation sénégalaise qui a mené les discussions avec le Royaume d’Espagne pendant 7 années, il revient dans cet entretien, sur les discussions qui ont conduit à la réalisation de la Convention bilatérale de sécurité sociale, les opportunités qu’elle offre aux Sénégalais résidant en Espagne, l’importance de la sécurité sociale et son extension, notamment pour le secteur de l’économie informelle.
Vous avez été au cœur du dispositif qui a conduit à la signature de la Convention bilatérale de sécurité so¬ciale entre le Royaume d’Espagne et la République du Sénégal. Qu’est-ce qu’on peut en retenir ?
Oui ! Vous ne pourriez pas mesurer le degré de ma satisfaction en compagnie d’une si belle équipe, composée du ministère du Travail, avec à sa tête le Directeur général du Travail, M. Karim Cissé, les collègues de l’Ipres, le ministère de la Justice, le ministère des Affaires étrangères et celui de l’Intérieur. Depuis 2013, nous travaillons sur ce projet de convention. C’est une grosse fierté parce que la seule convention sociale qui était jusque-là opérante au Sénégal, était la Convention franco-sénégalaise de 1974. Avoir passé 6 voire 7 ans à négocier, après des déplacements (3 fois) sur Madrid, des visioconférences pour convaincre notre partenaire de prendre en charge les préoccupations en matière d’accident de travail et de retraite de nos ressortissants établis en Espagne, cela a été un bonheur. Ils ne sont pas moins de 70 mille Sénégalais et 13 mille qui ont la nationalité espagnole, de s’être battus et voir dorénavant que ces compatriotes, une fois de retour chez eux, que leurs droits en rente d’accident du travail et celui à une pension de retraite leur soient versés ici au Sénégal, alors que jusqu’à présent cela n’était pas encore possible. C’est immense pour nous. Cela nous motive également à aller vers d’autres pays. La diaspora sénégalaise est à la fois énorme et dynamique. L’importance de son apport dans le Produit intérieur brut (Pib) du pays n’est pas à démontrer. Elle mérite tout le respect et le président de la République l’a bien compris, en érigeant la diaspora comme 15e région depuis 2012. Nous ne faisons que suivre un sillon tracé par le chef de l’Etat à partir d’une volonté politique, pour apporter notre expertise à rendre possible ce qui ne l’était pas jusque-là. Ou tout au plus de repousser les frontières de l’impossible au profit de l’extension de la protection sociale. C’est énorme. C’est une grosse satisfaction.
Un processus abouti mais qui n’a pas été facile. Qu’est ce qui va désormais changer dans la vie des Sénégalais établis en Espagne ?
Ce n’est pas facile effectivement. Jusqu’à présent, lorsque vous avez un accident de travail en Espagne, vous êtes invalidant. L’accident est soit mortel ou il vous rend totalement invalide. Vous restez en Espagne après, pour pouvoir bénéficier de vos rentes. Si vous sortez de l’Espagne, les rentes s’arrêtent. Aujourd’hui, grâce à cette Convention bilatérale de sécurité sociale, nous avons fait en sorte que lorsque vous rentrez chez vous, dans votre famille, que vous soyez pris en charge. Ce, même s’il y a aggravation de votre situation médicale, que la prise charge se fasse chez vous, auprès de votre famille. C’est énorme pour 70 mille Sé¬négalais. C’est le même cas pour les prestations de retraite. Lorsque vous rentrez chez vous, vous les percevez comme si vous étiez en Espagne.
Comment avez-vous réussi à faire intégrer les familles polygames dans cette convention ?
Par les arguments, nous avons fait comprendre à notre partenaire, l’Espagne, que ces personnes qui ont participé au développement économique de leur pays, doivent avoir la protection sociale comme les ressortissants espagnols. Il faut savoir que le Sénégal est le deuxième pays migrant de l’Afrique en Espagne, après le Maroc. C’est une façon aussi de les remercier. Ce sont des prestations sociales auxquelles ils ont droit et parfois même, pour lesquelles ils ont cotisé pendant plusieurs années. Nous respectons beaucoup les Espagnols pour leur compréhension, parce qu’ils ont été humains. Je vous assure qu’ils ont été très sensibles, même si les négociations n’ont pas été faciles à chaque fois. On avait en face de nous, des personnes sensibles, prêtes à faire des concessions pour que la coopération entre le Sénégal et l’Espagne puisse se poursuivre avec des acquis de cette envergure.
La convention ne prend pas en compte une certaine catégorie de migrants. C’est le cas des Sénégalais en situation irrégulière en Espagne et qui peuvent être régularisés du jour au lendemain. Est-ce possible d’avoir un avenant dans ce cas, pour l’intégration de ces derniers ?
Bien sûr ! Il y a un travail qui est en train d’être fait dans ce sens. Lorsqu’on parle d’irrégularité, cela veut dire quelque part qu’il faut régulariser leur situation. Quand ils sont irréguliers, c’est-à-dire qu’ils n’ont même pas de titre de séjour. Quand bien même ils travaillent parfois pour subvenir à leurs besoins. Bien que ce soit un travail au noir. Ils travaillent et peuvent être victimes d’accident, des drames peuvent survenir. Il faut travailler davantage à faire accélérer le processus de régularisation afin que lorsque des évènements de ce genre surviennent, qu’ils soient pris en charge. Lorsqu’ils sont régularisés et ont eu un accident de travail antérieur, il y a possibilité de les intégrer. Je vous donne cette affirmation et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous nous battons pour arriver à ce résultat. Main¬tenant, ce n’est pas une affaire de sécurité sociale uniquement. C’est une affaire qui a une dimension politique, sécuritaire. C’est dans un ensemble que nous allons régler ça, avec la participation des associations des migrants, l’ambassade d’Espagne, les autorités sécuritaires et l’implication des autorités des deux pays partenaires. Je suis optimiste pour l’avenir.
Est-ce à dire qu’avec cette convention bilatérale, c’est un bond en avant pour les migrations sûres, ordonnées et régulières ?
Sans aucun doute. D’ailleurs, j’en profite pour vous rappeler que le Sénégal a un peuple migratoire par essence. Depuis les indépendances, le salariat était arrimé aux métropoles. Ensuite, il y a eu des crises qui sont survenues, notamment la sécheresse de 1973, la crise pétrolière des années 70. Cela a entraîné un déplacement massif des populations rurales vers la capitale ; Dakar n’avait pas la capacité d’absorber ce salariat, cette main d’œuvre. Cela a eu comme conséquence : le développement du premier phénomène de secteur informel. Il s’est intensifié avec l’avènement des plans d’ajustement structurel des années 80, puis après la dévaluation, ensuite l’apparition du numérique avec l’internet, etc. il y a eu tout un processus qui a conduit au développement du secteur informel à une vitesse exponentielle, car seul lui était capable de créer des emplois qui n’étaient pas formels. Ces emplois n’étaient pas pris en compte par la sécurité sociale et, en même temps, le secteur s’est développé avec le phénomène migratoire. Ceux qui n’ont pas pu trouver leur compte à Dakar, ont vite développé des circuits migratoires. Je pense donc que travailler à la prise en compte des migrants irréguliers par leur régularisation dans la Convention bilatérale sécurité sociale, contribue fortement à encourager la migration sûre, ordonnée et régulière.
Est-ce qu’il ne faudrait pas faire de même pour enrôler le secteur de l’économie informelle qui crée 97% d’emplois ?
Il faut dire qu’il y a déjà des initiatives qui ont été prises. Vous avez vu la 3e Conférence sociale, le thème était : «Agir vite pour capter ce secteur informel.» J’ai eu la chance de faire partie d’un comité sur le régime simplifié des petits contrats, qui travaille essentiellement sur l’extension de la protection sociale au secteur informel, au genre. Nous avons beaucoup de femmes. Il suffit de regarder tous les soirs, chaque coin de rue, pour identifier des vendeuses de bouillie de mil, entre autres. Ces dernières sont exposées aux intempéries. Elles n’ont aucune protection sociale. C’est le même cas au marché des poissons. A 4h du matin, vous y trouvez ces dernières pour acheter du poisson et le revendre. On a beaucoup de gargotières, de restauratrices. Le secteur informel, c’est l’une des préoccupations de l’Etat. Pour avoir fait trente ans de sécurité sociale, je vous assure que le principal défi est de savoir comment faire. Mais, nous allons y arriver parce qu’on est tous animés par une bonne volonté. Nous avons une volonté politique avec tous les filets sociaux, le Programme des bourses de sécurité sociale, entre autres, il y a une forte volonté politique. C’est maintenant l’expertise qui doit se mettre à la disposition de cette politique pour que les efforts conjugués aboutissent à cette extension et cette prise en compte de 80% de la population active. Dans le secteur agricole, celui de l’élevage, il y a beaucoup de femmes qui y interviennent, sans aucune protection sociale. Avec tous les dangers que ces activités comportent. Ce sont des défis sur lesquels on travaille.
Quel mot à l’endroit des bénéficiaires de cette Convention bilatérale de sécurité sociale ?
Félicitations aux Sénégalais vivant en Espagne. Nous sommes partis du constat de tous les efforts qu’ils font pour survivre et mettre leurs familles en sécurité, à l’abri du besoin. Comme nous sommes des institutions de sécurité sociale chargées d’élargir la protection sociale, nous sommes à leur écoute. Ce que nous avons fait peut encore être amélioré et nous comptons sur eux.
LA COMMÉMORATION DE L’‘’APPEL’’ DE SEYDINA LIMAMOU LAYE À LA UNE DE L'APS CE SAMEDI
La commémoration de l’appel de Seydina Limamou Laye (1843-1909), le guide de la confrérie musulmane layène, est l’un des sujets auxquels les quotidiens se sont surtout intéressés pour leur édition du week-end.
Dakar, 5 mars (APS) – La commémoration de l’appel de Seydina Limamou Laye (1843-1909), le guide de la confrérie musulmane layène, est l’un des sujets auxquels les quotidiens se sont surtout intéressés pour leur édition du week-end.
A l’occasion de la 142e édition de cette célébration, L’As a cherché à comprendre comment cette communauté, un ‘’laboratoire de justice sociale’’, a éradiqué ‘’le système des castes’’.
‘’Organisation religieuse très représentative et très inclusive, elle est parvenue (…) à pulvériser toute la hiérarchisation et la discrimination qui pourraient exister dans la société sénégalaise’’, observe le journal.
‘’Ce qui nous a permis de sauvegarder (…) notre citoyenneté devrait être préservé. Je vois que des tendances à négliger cela surgissent ça et là. Faisons attention (…) On peut avoir des contradictions, mais elles doivent être positives’’, rapporte Bés Bi Le Jour en relayant le discours d’un dignitaire de la communauté layène.
Les responsables de cette confrérie ont lancé un appel à la ‘’préservation de la cohésion nationale’’ et à la ‘’reconsidération du discours religieux’’, selon Sud Quotidien.
‘’Il est important que tout ce qui puisse nuire à l’entente entre les communautés religieuses soit évité’’, note le même journal, citant le président du comité d’organisation de la commémoration.
Les dignitaires layènes se sont préoccupés aussi de l’‘’extrémisme’’, selon Sud Quotidien.
‘’Un appel toujours retentissant’’, titre Le Soleil, selon lequel, à l’occasion de la fête, ‘’les jeunes [ont été] invités à avoir des comportements exemplaires’’.
Le journal retrace l’histoire de l’‘’appel’’ des layènes et du guide de ladite communauté.
‘’Les fidèles ont ravivé leur foi, et les [chefs] religieux ont rappelé l’essence du message de leur inspirateur’’, Seydina Limamou Laye ‘’Al Mahdi’’, écrit Le Soleil.
‘’Les pèlerins sont très heureux et fiers de pouvoir célébrer l’événement’’, cette année, constate EnQuête, rappelant qu’ils n’ont pas pu répondre à l’‘’appel’’ de leur guide au cours deux dernières années à cause de la pandémie de coronavirus.
‘’La bêtise insiste toujours’’
Concernant les autres sujets d’actualité, le journal L’info est préoccupé par les pénuries d’eau à Touba (centre), la ville la plus peuplée du pays après Dakar.
Le khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, a déclaré, à ce sujet, que son ‘’vœu le plus profond’’ était d’approvisionner la ville en eau à partir du lac de Guiers, situé dans le nord du pays.
‘’Il y a énormément d’urgences à Touba, mais l’eau est sans doute la plus pressante d’entre elles. Que Touba dispose d’une eau de qualité et en quantité suffisante est une nécessité’’, a déclaré le guide religieux.
Les quotidiens se sont intéressés aussi aux sujets politiques.
Vox Populi annonce que 104 responsables politiques de la majorité présidentielle ont été choisis pour effectuer une ‘’mission de remobilisation’’ des militants dans les 46 départements du pays.
La décision a été prise lors d’une réunion dirigée par le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse. Il s’agit, pour la coalition Benno Bokk Yaakaar, de préparer les élections législatives du 31 juillet prochain, selon Vox Populi.
Quel parti est a le plus grand nombre de militants au sein de l’opposition ? WalfQuotidien tente de répondre à la question en invitant des analystes politiques à trancher entre Pastef-Les Patriotes du député et maire de Ziguinchor (sud), Ousmane Sonko, et le PDS, la formation de l’ex-président de la République, Abdoulaye Wade.
Le Quotidien, lui, s’est surtout intéressé à la ‘’clause de protection de tous les réfugiés, sans distinction de race’’, que le Sénégal a fait voter aux Nations unies, relativement à l’invasion de l’Ukraine par les forces armées russes.
A la suite de cette invasion, des pays de la région refusent d’accueillir des ressortissants de pays africains fuyant les combats, selon le même journal. ‘’La bêtise insiste toujours’’, s’indigne-t-il, se désolant du traitement réservé aux réfugiés africains.