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7 juillet 2025
UNION AFRICAINE, QUELLE VOIE POUR UNE COMMISSION EFFICACE ET INDÉPENDANTE ?
Ancien Directeur de la communication de la CEDEAO, Adama Gaye décrypte les enjeux liés à l’élection du prochain président de la Commission de l’UA. Il revient sur le profil idéal du futur dirigeant.
Auteur de nombreux ouvrages sur le continent africain comme « Chine-Afrique : le dragon et l’autruche » (2006), « Demain, la nouvelle Afrique » (2016), Adama Gaye, qui a occupé pendant quatre ans, de 1992 à 1996, le poste de Directeur de la communication de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), connaît bien la dynamique des organisations supranationales africaines. Diplômé du Cesti de l’Université de Dakar, Adama Gaye a complété ses études en Communication et Relations internationales dans des universités comme Paris I Panthéon-Sorbonne et Oxford. Il revient sur l’élection d’un nouveau président la Commission de l’Union africaine et les défis de l’organisation.
Le prochain président de la Commission de l’Union sera élu au mois de février. Selon vous, quel doit être le profil de celui qui dirige la Commission de l’Union africaine ?
Définir le profil de la personne, homme ou femme, qui doit présider aux destinées de la Commission de l’Union africaine (Ua) devrait être en principe aussi facile que, paradoxalement, complexe. En principe, il doit s’agir d’être une voix, porte-voix, crédible, ayant une compétence sur les enjeux africains et ceux du reste d’une planète, mondialisée, afin que l’Afrique, longtemps marginalisée, puisse faire entendre son narratif. C’est dire qu’à la tête de cette commission de dimension continentale, il faut être un fin et averti, à jour, diplomate, géopoliticien.ne, économiste, ayant une expertise sur les questions transnationales liées à la paix, à la sécurité, à la prise en charge, pour leur résolution, des conflits qui, de Goma à Gao, fracturent le continent, mais aussi une profonde morsure sur les sujets en téléchargement dans un monde mutant.
Comment peut-on diriger l’Ua sans comprendre la transition énergétique, notamment le changement climatique avec ses dégâts naturels çà et là à travers l’Afrique ? Son financement par les pays pollueurs ? Sans être apte à trouver des réponses sur le terrorisme ou encore les pandémies transversales et d’autres enjeux typiquement africains, y compris le dividende démographique pour qu’il ne devienne pas une bombe; la participation des femmes dans la marche du continent; la clarification de la gestion publique des pays aujourd’hui rendue opaque par le retour en selle des régimes militaires; et, bien sûr, la problématique de l’effondrement du rêve pluraliste, démocratique, avec le regain de popularité des tentations autocratiques.
Avec le surgissement de l’intelligence artificielle et l’explosion de la révolution technologique, la dématérialisation des pratiques hier encore physiques, on peut dire que même si le leadership de la Commission de l’Ua commande de relancer un panafricanisme malmené, la complexité et la simplicité de la mission dicte qu’elle soit confiée à une personne visionnaire et au fait de la culture du régionalisme, pour garder son pli africain, mais aussi en mesure de décrypter les tendances lourdes imminentes, qui transforment d’ores et déjà notre monde. Présider la commission de l’Ua exige une agilité pour aider ses Etats membres à ne pas rater le rendez-vous avec une histoire planétaire en route, sous la 4ème révolution industrielle que nous vivons…
Quel regard portez-vous sur la Commission de l’Union africaine depuis sa mise en place de 2002 ?
Malgré son zèle prescriptif qui l’a conduite à légiférer sur maints sujets importants pour l’Afrique et même à adopter, en mai 2013, un Agenda 2063 autour du thème : l’Afrique que nous voulons 60 ans après le lancement, en mai 1963, de la mystique institutionnelle du panafricanisme avec la création alors de l’Organisation de l’unité africaine (Oua), force est en effet d’admettre qu’il y a eu plus de bruits que d’actions qui puissent légitimer le statut d’une Commission qui lui a été conférée. On peut même dire qu’elle a fait moins bien que son ancêtre puisque l’Oua avait, elle, réussi ses grandes ambitions, dont le parachèvement de la décolonisation africaine, la fin de l’apartheid et la réduction des conflits inter-états surtout au sortir de la guerre froide.
L’Oua a aussi pu mettre en place les mécanismes de résolution des tensions polémologiques en les adoptant lors de son Sommet du Caire de 1993. Qui oublie aussi qu’elle a déblayé le terrain à la démocratisation, parallèlement au retour des militaires dans les casernes, en Juin 1999, pendant son Sommet d’Alger ? C’est ce socle qui permit d’engager un dialogue post-guerre froide avec les pays développés du G7, de mettre en place le Nepad (Nouveau partenariat pour le développement économique de l’Afrique), et, donc, justement de porter sur les fonts baptismaux l’Union africaine, en 2002. On s’attendait qu’elle fasse monter en gamme le leadership continental, avec une présidence de commission plus affirmée qu’exécutive, n’obéissant plus au diktat de ce que le Tanzanien Julius Nyerere, président de son pays, avait qualifié de Syndicat des Chefs d’Etat du temps de l’Oua.
C’est hélas l’inverse qui se produit. En dehors d’une faible présidence de transition de l’ivoirien Amara Essy, d’une plus verbeuse du Malien Alpha Oumar Konare, on peut dire que les successifs patrons de la Commission n’ont été que des marionnettes. Plus prompts à apparaître sur des photos de famille des chefs d’Etat que de porter la voix et la voie du continent. Au surplus, de plus en plus choisis par des dirigeants autocratiques dont ils défendent les intérêts, les dirigeants anciens ou à venir qui ont tenu ses rênes ne sont que des figurant.e.s. Comme ce fut le cas de Jean Ping, Mme Nkosazana Dlamini Zuma, et maintenant Faki Moussa Mahamat.
Il est reproché à la présidence de la Commission d’être une coquille vide face à des Chefs d’États africains qui veulent s’arroger tous les pouvoirs. Que faut-il faire afin de permettre au président de la commission de jouer pleinement son rôle ?
Qui peut attendre plus du vieillissant Raila Odinga, plus présenté par son pays, le Kenya, pour l’évincer du jeu national ? De Mahamoud Aly Youssef, l’homme-lige du pouvoiriste Djiboutien, Ismaël Omar Guelleh? Le Malgache, Richard Randriamandrato, ancien ministre des Affaires étrangères qui part avec l’avantage de représenter un pays non souillé par des dérives anti-démocratiques. Aucune de ces candidatures n’osera porter les grands combats africains et d’abord ceux relatifs à la démocratie et aux droits humains. Dans un monde où des voix fortes parlent pour diverses régions, comme Trump, Lula, Erdoğan, Poutine, Xi Jinping, l’Afrique est partie pour demeurer le continent inaudible malgré ses défis et leur impact sur la gouvernance planétaire. L’Ua reste un gentil Club Med politique sans gravitas ! Où est son numéro de téléphone aurait dit le grand diplomate américain, Henri Kissinger, reprenant une boutade par laquelle il avait ainsi mis en exergue le manque de personnalité de la communauté économique Européenne avant qu’elle ne devienne l’Union Européenne.
De l’Organisation de l’unité africaine à l’Union africaine, avez-vous observé un changement de paradigme dans la façon de faire ?
J’ai eu la chance de participer autant à des réunions de l’Oua qu’à celles de l’Ua mais il n’y a pas photo. L’Oua était pénétrée d’un sens élevé d’une mission continentale. Même si les dirigeants qu’on y croisait n’étaient pas aussi diplômés que leurs lointains successeurs au sein de l’Ua, ils étaient plus humbles mais rigoureux, sérieux, centrés sur l’intérêt du continent, la préservation des frontières héritées de la colonisation (uti possedetis juris), et moins cupides. Ce n’étaient pas les courtiers et preneurs de commissions dans les transactions plus ou moins louches des temps actuels. C’est que l’Oua se faisait respecter. Et elle savait punir ses dirigeants quand ils fautaient, comme lorsqu’ils tombaient dans le piège de la corruption.
Ce le fut avec le Camerounais Nzo Ekangaki et le Togolais Edem Kodjo, deux de ses Secrétaires Généraux, soupçonnés de l’avoir été, qu’elle éjecta de leurs postes pour cette raison. C’est comme si, désormais l’Ua n’est, comme beaucoup d’autres institutions africaines, qu’un instrument de projection de pouvoir, capturé par divers lobbies, dont des chefs d’Etat africains qui y placent leurs pions pour servir leur plan personnel de pouvoir. L’élection à la présidence de la commission de l’Ua devrait donc y faire accéder un leader capable de faire entendre la voix africaine quitte à s’attirer les foudres des dirigeants étatiques. Nous sommes mal partis pour briser la perte de pertinence du plus grand regroupement continental au monde, au point qu’il n’est pas superflu de se demander si elle sert encore à quelque chose.
Tant qu’elle ne sera pas perçue comme porteuse de progrès, paix et prospérité, d’intégration, à travers des actes concrets comme l’amélioration du commerce intra-africain via sa nouvelle zone de commerce continental, de libertés de circulation des populations dans ses pays-membres ou de fournisseur de réponses africaines sur les urgences immédiates et futuristes, autour de la démocratie, de l’intelligence artificielle et de l’alimentation, elle continuera de susciter des moues dubitatives. En un mot, tant que le projet fédérateur africain ne produit pas un mieux-être continental, il reste, au plus, un arbre à palabres ronronnantes. L’Ua ne semble plus être visitée par la mystique panafricaine qui fut le socle d’une Oua dont la voix, en dépit de ses lacunes, fut une des forces d’appui d’une Afrique en reconstruction post-indépendances.
L’UNION AFRICAINE APPELLE LE M23 À DÉPOSER LES ARMES
Face à l’intensification des combats à Goma, l’Union africaine a exhorté les combattants du M23 à cesser les hostilités et à privilégier le dialogue. Elle insiste sur la nécessité de respecter la souveraineté de la RDC.
Dans un contexte de tensions croissantes et de combats violents, l’Union africaine (UA) a lancé un appel urgent aux combattants du M23 pour qu’ils « déposent les armes » dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Cette déclaration fait suite à une réunion d’urgence du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA, qui s’est tenue mardi à la suite d’une intensification des affrontements dans la ville de Goma.
Le commissaire aux Affaires politiques de l’Union africaine, Bankole Adeoye, a exprimé la préoccupation de l’organisation face à la situation sécuritaire précaire fans la région.
Dans un message publié sur le réseau social X, il a fermement « condamné les violences du M23 » et a réitéré l’importance d’un retour à la paix.
L’UA a également souligné la nécessité de respecter « la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de la RDC ».
Les combats entre les forces armées congolaises, le M23 et des troupes rwandaises ont provoqué une escalade de la violence, exacerbant une crise humanitaire déjà alarmante.
L’Union africaine appelle à une « solution pacifique » au conflit, soulignant l’importance d’un dialogue inclusif et constructif entre toutes les parties prenantes.
CURTIS YARVIN, DÉMOCRATIE, MONARCHIE ET PROVOCATION
Une pensée controversée qui sort de l’ombre. Il préconise le remplacement de la démocratie américaine par une monarchie moderne. Des affirmations provocantes sur des figures historiques telles que Nelson Mandela
(SenePlus) - Le 18 janvier 2025, le New York Times a publié une interview captivante et troublante de Curtis Yarvin, auteur controversé et penseur politique souvent associé à la droite radicale. Conduit par David Marchese, cet échange dévoile les idées provocatrices de Yarvin sur la démocratie, l’état et le pouvoir, tout en illustrant l’évolution de son influence, autrefois marginale, vers les cercles du pouvoir états-unien. L'interview explore l'idéologie de Yarvin, qui préconise le remplacement de la démocratie américaine par une monarchie moderne, ainsi que ses affirmations provocantes sur des figures historiques telles que Nelson Mandela.
Les idées clés de Curtis Yarvin : une attaque contre la démocratie
Yarvin, 51 ans, est connu pour ses théories extrêmes visant à démanteler les institutions démocratiques et les structures administratives qu’il considère comme obsolètes ou inefficaces. Il propose une alternative radicale qu’il appelle une « monarchie », dirigée par un leader centralisé—un « C.E.O. » ou un dictateur. Selon lui, des dirigeants historiques tels que Franklin Delano Roosevelt ou George Washington ont fonctionné de manière similaire à des chefs d’entreprise modernes, gouvernant avec une autorité centralisée et efficace.
Il décrit la démocratie comme « faible » et dysfonctionnelle, incapable de répondre aux véritables besoins des citoyens. Pour appuyer son argumentaire, il affirme :
« Il est facile de voir que des politiques très impopulaires, comme l’immigration massive, persistent malgré des majorités écrasantes qui s’y opposent. »
Selon Yarvin, les lois et les politiques devraient être confiées à des « experts sages » — universitaires, juges et élites —, ce qui revient à remplacer la démocratie par une forme d’aristocratie. Il déclare :
« Quand on dit aux lecteurs du New York Times que la démocratie est mauvaise, ils sont choqués. Mais si vous leur dites que la politique est mauvaise, ils sont d’accord. »
Les propos chocs sur Nelson Mandela
Dans une des séquences les plus controversées de l’interview, Yarvin fait une comparaison provocatrice entre Nelson Mandela et le terroriste norvégien Anders Breivik. Il affirme :
« Si vous me demandez de condamner Anders Breivik mais d’adorer Nelson Mandela, peut-être avez-vous une mère que vous aimeriez [censuré]. »
Yarvin justifie cette comparaison en affirmant que Mandela, tout comme Breivik, était un « terroriste » au sens strict :
« La plupart des gens ignorent que Mandela était sur une liste de terroristes avant d’être libéré. Il a violé les règles de la guerre et causé la mort de civils innocents, tout comme Breivik. »
Cette affirmation, perçue comme un affront à l’héritage de Mandela, ignore le contexte historique de sa lutte contre l’apartheid, un régime systématiquement raciste et oppressif. Face à ces accusations, David Marchese lui rappelle : « Mandela a combattu un régime d’apartheid vicieusement raciste. Comparer cela à Breivik est une simplification grossière et offensante. »
Malgré les critiques, Yarvin maintient son point de vue, arguant que la société « valorise le terrorisme » lorsqu’il sert une cause acceptée socialement.
Influences et audiences
Autrefois confiné à la périphérie intellectuelle, Yarvin voit ses idées gagner en visibilité. Des figures influentes comme Marc Andreessen, capital-risqueur et conseiller informel de Donald Trump, et Peter Thiel, donateur conservateur, ont exprimé un vif intérêt pour ses théories. De plus, des personnalités politiques telles que le vice-président élu J.D. Vance font écho à certaines de ses propositions, notamment l’éradication de l’« éveil » (« wokeism ») dans les institutions.
Yarvin se dit toutefois éloigné de toute participation directe au pouvoir. Il affirme :
« Je ne pense même pas assister à l’investiture. Je suis un intellectuel, un outsider. Mon influence passe surtout par les jeunes élites qui gravitent dans ce milieu en ligne très connecté. »
Un discours ancré dans les modèles historiques
Yarvin fait régulièrement appel à l’histoire pour légitimer ses théories. Il présente des dirigeants comme George Washington, Abraham Lincoln et Franklin D. Roosevelt comme des « C.E.O. nationaux » qui dirigeaient leur gouvernement avec l’efficacité d’une entreprise. Pour renforcer son point de vue, il affirme :
« F.D.R. a géré le New Deal comme une start-up. Si nous pouvons révérer un dirigeant comme F.D.R., pourquoi craindre un dictateur moderne ? »
Cependant, ses interprétations historiques sont souvent accusées de « cherry-picking » (sélection biaisée des faits) et de simplification excessive. Lorsque Marchese le confronte sur ses affirmations erronées, comme l’absence de génocides en Europe entre 1000 et 1750, Yarvin admet à demi-mot ses imprécisions tout en minimisant leur impact sur son argumentaire global.
Une vision centralisée du pouvoir
Yarvin compare souvent la gestion gouvernementale à celle d’une entreprise privée, citant des exemples tels qu’Apple ou SpaceX. Il déclare :
« Les entreprises sont de petites monarchies. Imaginez si Apple gérait la Californie. Ce serait bien plus efficace que le gouvernement actuel. »
Cependant, Marchese souligne que cette vision ignore les différences fondamentales entre les objectifs des entreprises et ceux des gouvernements, notamment le bien-être social et les droits des citoyens.
Une influence grandissante, un danger imminent ?
L’interview de Curtis Yarvin révèle une pensée radicale et une rhétorique souvent choquante, mais également une influence croissante au sein des cercles conservateurs et technologiques. Ses idées, bien qu’à première vue outrancières, trouvent un écho auprès de certaines des figures les plus puissantes du pays, ce qui souligne l’importance de ne pas les ignorer.
David Marchese conclut l’échange avec une question essentielle : « Pourquoi détruire la démocratie plutôt que de chercher à l’améliorer ? » La réponse de Yarvin reste insatisfaisante, mêlant désillusion envers les institutions actuelles et une confiance aveugle dans l’efficacité d’un « C.E.O. national ». Si ses théories divisent, elles mettent en lumière une fracture profonde dans le discours politique américain et un tournant potentiel vers des modèles de gouvernance radicalement différents.
DES CENTRALES SYNDICALES ALERTENT SUR UNE CRISE SOCIALE EXPLOSIVE
Face aux licenciements massifs, à la dégradation du pouvoir d’achat et aux violations des droits syndicaux, les syndicats exigent des actions urgentes des autorités pour protéger les travailleurs et redresser l’économie.
Le Cadre Unitaire des Centrales Syndicales (CUCS) a organisé, ce mardi 28 janvier 2025, un point de presse à la Bourse du Travail pour alerter sur la situation préoccupante des travailleurs sénégalais, confrontés à une crise socio-économique sans précédent. Sous le thème « La situation des travailleurs et la cherté de la vie », les responsables syndicaux ont exposé les défis majeurs qui minent le monde du travail, dénonçant notamment la dégradation du pouvoir d’achat, les licenciements massifs et les violations des libertés syndicales.
Selon Mamadou Dramé, secrétaire général de l’Union des Syndicats Démocratiques du Sénégal (USDS), les faits sont alarmants : près de 500 employés licenciés à la Lonase, 700 au Port autonome de Dakar, des dizaines dans les secteurs des mines, de la poste et de la santé, sans compter les retards de paiement des salaires. « Ces licenciements abysseaux traduisent une crise systémique », a-t-il martelé, évoquant un sentiment d’abandon ressenti par les travailleurs.
Dans le secteur public, les syndicats multiplient les préavis pour revendiquer des carrières dignes et l’intégration des contractuels dans la fonction publique. Le secteur privé, quant à lui, n’est pas épargné : dans le bâtiment et les travaux publics (BTP), les arrêts de chantier ont plongé de nombreux ouvriers dans le chômage. La situation est tout aussi critique dans la boulangerie, où les fermetures d’unités de production aggravent le chômage.
Le tourisme, autrefois moteur économique, subit également les conséquences de politiques qui freinent l’attractivité du Sénégal. Les syndicats regrettent la baisse des flux touristiques, qui impacte directement les emplois.
Autre secteur en crise : le transport. Les chauffeurs de taxi dénoncent une concurrence jugée déloyale face aux plateformes numériques comme Yango et Yassir. « Ces travailleurs sont à bout », a souligné un intervenant, appelant l’État à arbitrer pour une coexistence équitable.
Le CUCS exige des mesures immédiates et appelle les autorités à s’impliquer davantage pour redresser la situation et préserver la dignité des travailleurs sénégalais. Une mobilisation nationale est à prévoir si ces revendications ne trouvent pas de réponses rapides.
AGNAM, DU NÉANT AU FIRMAMENT
En une décennie, Farba Ngom a métamorphosé cette localité méconnue en pôle de développement majeur, doté d'un hôpital ultramoderne et d'infrastructures essentielles. Sa chute potentielle soulève l'inquiétude d'une population qui lui doit son émergence
C’est aux dernières heures de la levée de son immunité parlementaire que l’honorable député Farba Ngom est rentré dans sa citadelle à Agnam, où il a reçu une gigantesque manifestation de soutien, jeudi dernier. Cette commune, dont il est le démiurge et le premier maire, veut lui renvoyer l’ascenseur, puisque Farba a réussi, en un temps record de douze ans, à hisser Agnam parmi les localités les plus célèbres du pays.
Avant l'an 2012, qui, en dehors de ceux qui vivent au Fouta, connaissait une localité qui s’appelait Agnam ? Quasiment personne. Aujourd’hui, même l'enfant d’un village lointain de la Casamance s'est familiarisé avec la prononciation d’Agnam. Une prouesse qui porte la signature exclusive de son actuel maire Mouhamadou Ngom, plus connu sous le nom de Farba Ngom, né un certain 5 mars 1971 à Nguidjilone.
Dans la province traditionnelle du Bosséa (regroupant les quatre communes de Orefondé, Agnam, Dabia et Thilogne), Agnam a toujours vécu sous l'ombre envahissante de Thilogne, Salndu Fouta (Pilier du Fouta), qui était la capitale économique de toute cette zone jusqu’à l’événement du phénomène Farba.
En 2012, Macky Sall accédait au pouvoir avec son homme à tout faire, membre fondateur de l’Alliance pour la République (APR). Un statut qui lui donne beaucoup de privilèges dont les populations d’Agnam vont beaucoup profiter.
Agnam, chef-lieu d’arrondissement éponyme, va se libérer, en 2013, du joug de Thilogne pour devenir une commune à part entière, grâce à l'acte 3 de la décentralisation. En 2014, Farba Ngom, entre-temps élu député à l’Assemblée nationale, deviendra le premier magistrat de cette ville. Cette nouvelle commune va polariser 16 villages officiels et six hameaux, une donne qui va lui conférer un certain poids électoral plus conséquent que celui de Thilogne, par exemple.
Une brigade de gendarmerie logée dans une de ses maisons
Farba Ngom, député-maire, va multiplier les chantiers dans son terroir. Il usera de tous ses pouvoirs et de toute son influence pour attirer projets et programmes dans sa région. Une brigade de gendarmerie sera implantée à Agnam. En attendant la construction des locaux, Farba mettra gracieusement une de ses maisons aux éléments de la nouvelle brigade de gendarmerie. ‘’Je tiens à la sécurité des populations. C’est pourquoi j’ai décidé de mettre une de mes maisons à la disposition de la gendarmerie. Cette maison servira de brigade, en attendant la construction’’. Et pour motiver davantage ces forces de l'ordre, il s'engage à leur ‘’assurer gracieusement la restauration’’.
Un acquis qui serait obtenu au détriment de son voisin Thilogne. Des Thilognois avaient manifesté leur mécontentement, en vain. Mamadou Elimane Kane, l'actuel édile de la ville, avait crié au scandale. ‘’C’est un détournement d’objectif qui a été fait. La brigade de gendarmerie était initialement prévue à Thilogne. C’est Farba qui l'a détournée pour la ramener chez lui, à Agnam. C’est scandaleux’’, s’était-il emporté.
Agnam se dote d'un hôpital ultramoderne
Pour les populations d’Agnam, il fallait faire une courte distance de 6 km pour se rendre au district de Thilogne ou bien parcourir 60 bornes pour se soigner au centre hospitalier régional d’Ourossogui. Une souffrance que leur maire cherchera à abréger. Sans attendre l’État, il prit l’initiative de construire, pour un coût de deux milliards, un hôpital de niveau 1 ultramoderne sur fonds propres et avec l’appui de quelques partenaires. Ce joyau sera doté d’un service d’accueil et d’urgence (SAU), d’un bloc opératoire, d’une maternité, d’un service d’ophtalmologie, d’un centre d’hémodialyse, d’un bloc administratif et d’une cité pour l’hébergement du personnel de santé. Abdoulaye Diouf Sarr, ministre de la Santé à l'époque puis Macky Sall étaient venus inaugurer cette infrastructure sanitaire. Une manière d'avaliser les initiatives du maire d’Agnam. Le ministre de la Santé dira solennellement que ‘’c’est un exemple à suivre pour les autres maires’’.
Lors de l’inauguration, Farba informera que ‘’trois ambulances, un corbillard et un véhicule pour la direction de l’hôpital ont été achetés par de bonnes volontés de la localité’’.
La croisade contre le chômage des jeunes
‘’Si tous les leaders politiques se battaient avec acharnement comme Farba pour trouver de l'emploi aux jeunes de leur localité, je pense sincèrement que la question du chômage serait résolue’’, avait soutenu en off un ancien ministre lors de son séjour à Matam.
En effet, Farba a offert une niche d'emplois aux jeunes de sa commune et même de son arrondissement. Avec le Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac), il a joué des coudes pour obtenir une part bien importante pour ses jeunes. Selon Mamina Daffé, directeur technique à l'époque du Prodac, le Domaine agricole communautaire d’Agnam, qui va être le premier à Matam, va s’étendre sur 1 000 ha pour un coût global de plus de cinq milliards de francs CFA. À terme, il va employer environ dix mille jeunes, soit quatre mille emplois directs et six mille emplois indirects.
Au-delà du Prodac, qui n'a pas pu se concrétiser, Farba Ngom s’était rué sur les postes de chargé de mission dans les différents ministères pour offrir des emplois aux jeunes. Il frappait à toutes les portes des structures étatiques pour trouver des postes à sa jeunesse. Cela constitue la marque de fabrique qui le distingue des autres responsables politiques. Quand les autres leaders se contentaient d'assurer aux personnes de leur environnement immédiat une bonne situation, Farba Ngom, lui, cherchait des avantages pour sa communauté.
La rengaine ‘’Touche pas à Farba’’
Aujourd’hui, Agnam est une commune émergente qui dispose de quasiment toutes les infrastructures de base. Elle dispose notamment de l’écomusée des civilisations peules d'une valeur de deux milliards, qui est implanté au village d’Agnam Godo. Un patrimoine qui va cristalliser toutes les attentions des chercheurs et ethnologues spécialisés du pulagu de 28 pays d’Afrique, au grand bonheur des populations locales.
Avec tous ces privilèges obtenus grâce à leur maire, les populations d’Agnam se montrent bien reconnaissantes à l'endroit de leur mécène. À l'annonce de la procédure de la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom par la majorité, une gigantesque mobilisation a été organisée tout près de son domicile, à Agnam Ouro Ciré. Les Agnamois, en première ligne, se sont dressés contre les menaces qui pèsent sur leur ‘’bienfaiteur’’ avec le slogan ‘’On ne touche pas à Farba Ngom’’.
Pour beaucoup, le député-maire ne peut être incriminé du fait qu’il n'a jamais eu à gérer des deniers publics. ‘’C’est une injustice, ce qui est en train de se passer. Farba n'a jamais été épinglé par un rapport. Le nouveau régime veut s’acharner sur lui’’, clame Abdoul Djiby Ndiaye, un des jeunes lieutenants de Farba, par ailleurs adjoint au maire d’Orefondé. Des propos qui résonnent avec les prédictions d’Ousmane Sonko lors des dernières campagnes législatives : ‘’J’ai entendu qu’une personne sillonne le département, mallette à la main, distribuant entre 50 et 80 millions de francs CFA. Mais je vous garantis que ce sera la dernière élection au Sénégal à laquelle il prendra part en tant que candidat, à fortiori en tant que distributeur automatique de billets de banque’’, avait-il annoncé.
En attendant la suite des événements, le député-maire Farba Ngom, qui a déjà perdu son immunité parlementaire, s'est plongé dans sa bulle des Agnams, se déconnectant de la clameur et du tumulte. Il laisse son sort ‘’entre les mains de Dieu’’, comme l'avait avoué l’honorable députée Aissata Tall Sall, mais il sait compter sur les siens pour lui éviter les déboires de la justice.
SAISIE DE 1,3 TONNE DE DROGUE À MBOUR
M. Ndong, accusé d’avoir transporté cette drogue, a comparu devant la chambre criminelle de Mbour. Selon le parquet, il faisait partie d’un réseau organisé, tandis que la défense conteste tout lien direct avec le trafic.
À 38 ans, M. Ndong, accusé de trafic intérieur de drogue et d’association de malfaiteurs, pourrait écoper de 10 ans de réclusion criminelle. Il a comparu devant la chambre criminelle de Mbour, où les faits à son encontre ont été exposés.
L’affaire remonte à son arrestation sur la plage de Mbour Sérère, en possession de 1300 kilogrammes de chanvre indien conditionnés dans des sacs de 300 grammes. Lors de l’enquête, M. Ndong a affirmé avoir reçu la drogue d’un certain S. Diawara, qui l’aurait acheminée depuis la Casamance. Il devait livrer cette cargaison à des clients en échange d’une rémunération de 500 000 FCFA par débarquement.
Le parquet a soutenu que la drogue était destinée à la commercialisation, rejetant toute tentative de dénégation des faits par l’accusé. « Ces techniques de nier les faits sont courantes chez les trafiquants. Mais les éléments du dossier sont clairs. L’accusé n’a montré aucune volonté de contribuer à la manifestation de la vérité. Il ne mérite aucune circonstance atténuante », a martelé le procureur, qui a requis une peine de 10 ans de réclusion criminelle.
De son côté, l’avocat de la défense a plaidé l’absence de preuves tangibles liant son client au trafic de drogue. « Rien dans ce dossier ne prouve que mon client est impliqué dans un réseau de trafic », a-t-il argumenté.
La chambre criminelle rendra son verdict le 21 février, date à laquelle l’affaire a été mise en délibéré.
GOMA SOUS LE FEU DU M23
Les hôpitaux sont débordés, comptabilisant déjà 17 morts et plus de 360 blessés. L'onde de choc se propage jusqu'à Kinshasa, où la colère populaire vise les ambassades occidentales
(SenePlus) - La situation s'aggrave dramatiquement dans l'est de la République Démocratique du Congo (RDC), où la ville stratégique de Goma est devenue le théâtre d'intenses combats entre les forces armées congolaises et les rebelles du M23, soutenus selon les autorités par l'armée rwandaise. D'après l'AFP, la ville d'un million d'habitants, qui accueille presque autant de déplacés, est sous le feu des combats depuis dimanche soir.
Les conséquences humanitaires sont déjà catastrophiques. "Nous avons vu des corps sur la route", témoigne auprès de l'AFP un habitant du quartier du marché de Kituku. La population, privée d'eau et d'électricité depuis trois jours en raison des bombardements, commence à sortir pour chercher des provisions essentielles. Selon Shelley Thakral, porte-parole du Programme alimentaire mondial, "les prochaines 24 heures seront cruciales car les gens commencent à manquer de provisions et devront voir ce qu'ils peuvent trouver pour survivre."
La situation sécuritaire se dégrade rapidement. Des témoins rapportent à l'AFP avoir vu "plusieurs dizaines de combattants du M23 reconnaissables à leurs tenues et équipements" remonter l'une des principales artères de la ville. Les pillages se multiplient, comme en témoigne Jospin Nyolemwaka, qui a fui son quartier : "Ils nous ont tout volé, nos téléphones, même nos souliers. On les a vus se déshabiller et jeter leurs tenues et leurs armes."
Les hôpitaux de la ville font état d'au moins 17 morts et 367 blessés au cours des deux derniers jours. L'armée sud-africaine annonce la mort de quatre soldats supplémentaires, portant à 17 le nombre de victimes parmi les forces de la SAMIRDC et de la Monusco.
À Kinshasa, la capitale, des manifestants ont pris pour cible plusieurs ambassades, notamment celles du Rwanda, de la France, de la Belgique et des États-Unis. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a qualifié ces attaques d'"inadmissibles".
Face à cette escalade, une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations Unies est prévue. Selon l'AFP, le président Félix Tshisekedi devrait s'adresser à la nation dans la journée, alors que son gouvernement affirme vouloir "éviter le carnage". Une rencontre entre les présidents Tshisekedi et Kagame est également programmée à Nairobi mercredi, dans une tentative de désamorcer la crise.
Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, rapporte que "un demi-million de personnes de plus ont été déplacées rien que ce mois-ci". Le CICR alerte par ailleurs sur les risques de dissémination de virus, dont Ebola, à partir d'un laboratoire à Goma.
Cet embrasement survient après l'échec, mi-décembre, d'une médiation entre la RDC et le Rwanda sous l'égide de l'Angola, ravivant les tensions dans une région déjà marquée par plus de trente ans de conflits.
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LA SCÈNE POLITIQUE COMME THÉÂTRE
Face à Pape Alioune Sarr, Ndeye Astou Ndiaye et Fary Ndao livrent une analyse fine des enjeux contemporains du pouvoir. De la souveraineté africaine aux défis de la jeunesse, leur discussion dessine un portrait saisissant du Sénégal d'aujourd'hui
Dans le dernier épisode de l'émission Belles Lignes (BL) diffusé lundi 27 janvier 2025, Pape Alioune Sarr a reçu deux personnalités marquantes de la scène intellectuelle sénégalaise pour débattre de l'art politique et des discours ethniques. Face à lui, la Dre Ndeye Astou Ndiaye, enseignante en sciences politiques, et Fary Ndao, essayiste et romancier, ont livré une analyse approfondie des défis politiques contemporains.
La discussion s'est d'abord orientée vers la dimension artistique de la politique. S'appuyant sur la pensée de Bismarck, les intervenants ont souligné comment l'exercice politique requiert créativité et imagination, à l'instar d'un art performatif. Cette dimension théâtrale de la politique contemporaine s'illustre notamment à travers les figures de Barack Obama ou Jean-Luc Mélenchon, dont les qualités oratoires ont été évoquées.
Le débat s'est ensuite élargi aux relations complexes entre intellectuels et pouvoir politique au Sénégal. Les invités ont insisté sur la nécessité d'une synergie entre théorie et pratique pour une gouvernance efficace. Dre Ndiaye a particulièrement mis en avant l'importance de réconcilier la réflexion intellectuelle avec les réalités du terrain.
La question de la souveraineté africaine a occupé une place centrale dans les échanges. Les intervenants ont exploré les nouvelles dynamiques du nationalisme africain, notamment chez les jeunes générations qui aspirent à un dialogue d'égal à égal avec l'Occident. La discussion a également abordé les tensions récentes avec la France, suite aux déclarations du président Macron.
La démocratie sénégalaise et ses particularités ont fait l'objet d'une analyse approfondie. Les participants ont évoqué les alternances politiques de 2000, 2012 et 2024, tout en soulignant les défis persistants en matière d'égalité des chances et d'éducation. Les aspirations de la jeunesse sénégalaise ont été au cœur de cette réflexion.
L'émission s'est conclue sur la problématique des discours ethniques, considérés comme une menace potentielle pour la cohésion nationale. Les invités ont plaidé pour un renforcement du rôle de la presse dans le contrôle de l'information et pour des sanctions plus fermes contre les propos discriminatoires, tout en appelant à une scène politique plus apaisée et constructive.
À OUAGADOUGOU, UNE FOULE ENTERRE SYMBOLIQUEMENT LA CEDEAO
Des centaines de manifestants se sont rassemblés mardi à Ouagadougou pour célébrer le premier anniversaire du retrait de trois pays sahéliens – le Burkina Faso, le Mali et le Niger – de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Des centaines de manifestants se sont rassemblés mardi à Ouagadougou pour célébrer le premier anniversaire du retrait de trois pays sahéliens – le Burkina Faso, le Mali et le Niger – de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
La manifestation, organisée par la Coordination nationale des associations de veille citoyenne (CNAVC), a été marquée par une forte symbolique. Les participants, arborant les drapeaux des trois pays membres de la Confédération des États du Sahel (AES) ainsi que le drapeau russe, ont notamment mis en scène les « funérailles » de la Cédéao à travers un cercueil recouvert du drapeau français.
Les slogans scandés témoignaient d’un rejet catégorique de l’organisation ouest-africaine au profit de l’AES : « A bas la Cédéao pourrie, vive l’AES » et « Nous voulons la paix, vive l’AES ».
Les manifestants ont également exprimé leur soutien aux dirigeants des trois pays : Ibrahim Traoré (Burkina), Assimi Goïta (Mali) et Abdourahamane Tiani (Niger).
L’événement a été marqué par la présence notable de plusieurs personnalités, dont le Premier ministre burkinabè Jean Emmanuel Ouédraogo et Bassolma Bazié, président de la Commission nationale de l’AES, soulignant ainsi le caractère officiel de cette commémoration.
RENFORCEMENT DE LA SOUVERAINETÉ ÉNERGÉTIQUE DU SÉNÉGAL UN PROJET AMBITIEUX DE 650 MILLIARDS DE FCFA POUR LE TRANSPORT DE GAZ NATUREL
Le Sénégal poursuit son ambition de renforcer sa souveraineté énergétique grâce à un projet d’envergure visant à transporter le gaz naturel par canalisation sur une distance de 400 km
Le Sénégal poursuit son ambition de renforcer sa souveraineté énergétique grâce à un projet d’envergure visant à transporter le gaz naturel par canalisation sur une distance de 400 km. Le coût global de cette initiative stratégique est estimé à 650 milliards de francs CFA, soit environ un milliard d’euros, selon Pape Momar Lô, directeur général du Réseau gazier du Sénégal (RGS).
Lors d’un point de presse organisé après la signature d’un protocole d’accord entre APIX SA et le Réseau gazier du Sénégal, Pape Momar Lô a précisé que le premier segment, en cours de passation de marché, nécessitera environ 200 milliards de FCFA. Les travaux des autres segments débuteront en 2025.
Bakary Séga Bathily, directeur général de l’APIX, a souligné l’importance de ce partenariat, qui vise à garantir une libération fluide des emprises nécessaires à la construction du gazoduc. Ce protocole reflète l’objectif commun des deux entités : relever les défis liés à l’expropriation et à la gestion foncière tout en respectant les communautés impactées.
Le réseau gazier s’inscrit dans une vision globale visant à améliorer l’accès des populations sénégalaises à une énergie fiable et abordable. En substituant le fuel et le charbon par du gaz naturel dans les centrales électriques, cette initiative permettra de réduire de manière significative les coûts énergétiques et les émissions de CO₂, avec une diminution estimée à 30 millions de tonnes d’ici 2050.
« Ce projet est une étape majeure dans la transition énergétique du Sénégal », a déclaré Pape Momar Lô. « Il symbolise un engagement collectif à construire un avenir meilleur pour nos concitoyens et à positionner notre pays parmi les nations innovantes et audacieuses. »
Le préfet de Saint-Louis, Abou Sow, a mis en lumière les défis sociaux liés au projet, notamment la réinstallation des familles affectées. Il a appelé l’APIX à tenir compte des réalités culturelles et des structures familiales sénégalaises dans leurs plans de relogement.
« Déplacer une concession construite depuis des décennies pour une famille élargie et la remplacer par une seule maison risque de poser des problèmes », a averti M. Sow, tout en exhortant les populations à s’approprier ce projet national.
Ce projet de transport de gaz naturel représente une avancée majeure dans la quête du Sénégal pour l’autonomie énergétique. En réduisant la dépendance aux énergies fossiles importées, il permettra non seulement de booster l’économie nationale, mais aussi de contribuer à la lutte contre le changement climatique.
Avec un budget colossal et une portée stratégique, ce projet ambitionne de placer le Sénégal sur la voie de l’innovation énergétique tout en répondant aux défis sociaux et environnementaux liés à son déploiement.