Le Centre cardio-pédiatrique Cuomo de Fann à l’arrêt
C’est l’amertume et la consternation chez les parents des enfants qui doivent subir une opération du cœur au Centre cardio-pédiatrique Cuomo (CCPC) de l’hôpital de Fann. Ils sont en train de regarder leurs mômes mourir sans pouvoir intervenir. Et pour cause, le centre est à l’arrêt depuis au moins six mois. Pourtant, d’après certains parents qui n’ont que leurs yeux pour pleurer, les montants destinés aux frais des opérations ont été déjà payés pour certains. Selon des sources concordantes, leur malheur est arrivé avec l’apparition du coronavirus au Sénégal, qui a poussé les autorités sanitaires à transformer l’établissement sanitaire en un centre de traitement de la covid-19 devant accueillir les patients qui étaient dans un état grave. Ainsi, l’intervention des médecins qui devaient s’occuper des enfants a connu une pause durant toute la première vague. Par la suite, le centre a rouvert ses portes aux enfants. Mais cela n’a pas duré. Puisqu’après un mois de service, les professionnels de la Santé ont dû encore arrêter le travail parce que, souffle-t-on, le centre est infecté par un microbe. Cette situation catastrophique qui met les vies de pauvres mômes en danger doit interpeller les autorités de ce pays. Car, l’heure est plus que grave.
Macky Sall à Berlin
Le président de la République Macky Sall va se rendre demain à Berlin, en Allemagne, au Sommet du Compact with Africa (CwA) sous le patronage de la chancelière allemande Angela Merkel. A en croire l’agence de presse sénégalaise qui cite la RTS, le Compact avec l’Afrique ou Pacte du G20 avec l’Afrique (CwA) est une initiative du gouvernement allemand qui vise à soutenir l’investissement sur le continent africain, y compris par l’appui à l’amélioration de l’environnement des affaires etla réalisation de projets de développement. L’initiative basée sur la demande est ouverte à tous les pays africains.
LE CEMGA en Gambie
Le général de corps d’armée, Cheikh Wade, Chef d’état-major général des armées, est depuis hier en visite de travail en Gambie. Elle prendra fin le 27 août 2021. A en croire la Direction de l’information et des relations publiques des armées, cette visite contribue au renforcement des liens de coopération bilatérale. Elle permettra aussi au CEMGA de s’enquérir des conditions de vie et de travail des militaires au quatrième détachement sénégalais déployés dans le cadre de la mission de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest en Gambie (MICEGA), informe la cellule de communication de l’armée. Qui précise qu’aujourd’hui le général Cheikh Wade va effectuer des visites de courtoisie au chef d’Etat-major général des forces armées gambiennes, au président de la République de la Gambie Adama Barro et à l’ambassadeur du Sénégal à Banjul. Il effectuera également une visite au poste de commandement de la MICEGA. Pour boucler la boucle, le Chef d’état-major général des armées se rendra le vendredi 27 août à Kanilai pour visiter le 4ème détachement sénégalais déployé dans le cadre de la MICEGA.
Covid-19 et numérique
La pandémie de Covid-19 a stimulé les innovations numériques pour la santé dans la Région africaine, mais elle a aussi mis en lumière les lacunes. Ainsi, il a été révélé que le numérique peut augmenter l’efficacité, diminuer les coûts et promouvoir un accès équitable à des soins de qualité. Par contre, de nombreuses personnes malintentionnées s’en servent pour diffuser des fake-news et semer la zizanie dans la gestion de la crise sanitaire. C’est pourquoi les ministres de la Santé d’Afrique sont en train d’élaborer avec les acteurs de la santé et l’OMS un nouveau cadre de travail pour tirer le meilleur du numérique afin de mettre fin à la propagation de la Covid-19 et mieux gérer les effets collatéraux qui peuvent impacter la gestion de la crise sanitaire.
Efficience de la vaccination anti-Covid-19
Le groupe de recherche interdisciplinaire pour le développement a publié hier son troisième intérimaire sur l’efficience de la vaccination anti-Covid-19 au Sénégal. Les experts du GRID ont ainsi indiqué qu’il serait judicieux d’adopter une stratégie de vaccination ciblant les plus de 50 ans et les personnes à risque. Pour justifier sa proposition, le GRID invoque ainsi les incertitudes liées aux mutations du virus, la forte probabilité de renouvellement des doses de vaccination sur la courte période, la résilience des jeunes et les contraintes financières de l’Etat. En effet, selon les experts du GRID, la vaccination universelle à 2 doses coûterait 434 milliards CFA, un peu plus de 10% du budget de l’Etat(3 987,5 milliards de FCFA en 2021). Le coût dépasserait alors le budget du Ministère de la Santé et de l’Action Sociale (216 milliards en 2021), laissent-ils entendre. Non sans s’interroger pour dire : qu’en sera-t-il s’il faut une 3ème dose ou plus ? Si les populations âgées de 50 ans et plus sont ciblées, relèvent-ils, le coût de la vaccination restera encore élevé mais supportable pour le budget de l’Etat : 23 milliards pour 1 dose. Non sans souligner qu’il deviendrait plus accessible si l’initiative COVAX était effective (6,5 milliards CFA pour 1 dose et 13 milliards pour 2 doses).
…Impliquer les réseaux universitaires dans la sensibilisation
En outre, les experts du GRID estiment que pour convaincre les populations à adhérer à la stratégie vaccinale, une communication à valence positive et attractive devrait être portée par des réseaux d’universitaires et/ou par un comité scientifique indépendant et travaillant étroitement avec des relais issus des différentes franges de la société. Ils soutiennent que la sensibilisation ne doit pas laisser en rade le nécessaire respect des gestes barrières dans l’attente d’un recul suffisant sur l’efficacité vaccinale. Avant de préciser que la dimension de dépistage et de prise en charge démocratisée et décentralisée déjà amorcée devrait être poursuivie et élargie, en permettant par exemple à tous les acteurs tels que les officines de pharmacie (un réseau dense d’environ 1200 espaces de santé à l’accès gratuit) et les cabinets de soins dentaires, de participer à l’effort de dépistage. Ce, laissent-ils entendre, à travers des tests de diagnostics rapides gratuits et des registres pour la traçabilité et la complétude des données à l’aide d’un seul système intégré de Gestion d’Information Sanitaire.
Le Cosydep cogite sur les vacances
La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) voudrait que les grandes vacances soient vraiment optimisées au profit de la prochaine année scolaire. A un mois et demi de la rentrée, Cheikh Mbow et cie considèrent qu’il est important d’anticiper les problèmes éventuels, dans le cadre de la préparation de la prochaine année scolaire. Dans cette perspective, la COSYDEP recommande aux autorités publiques d’allouer des ressources conséquentes à la mise aux normes des établissements comme l’enseigne la pandémie. Elle suggère d’engager les services déconcentrés dans l’amélioration de la qualité de l’environnement scolaire et la préparation de la prochaine rentrée scolaire (écoles vertes, désinfectées, salubres, sûres et fonctionnelles) et de solder le passif découlant des accords avec les enseignants. Non sans conseiller aux Ministères en charge et/ou à impact sur l’Education et la Formation d’établir un bilan inclusif et exhaustif des deux années scolaires sous la covid-19. En même temps, la coalition préconise de commanditer une étude en vue de cerner le phénomène de la violence en milieu scolaire et universitaire, sur la base d’une approche inclusive, impliquant l’ensemble des acteurs y compris les élèves et leurs parents. A la suite de quoi, il faut prendre les mesures requises pour mettre à disposition et à temps les budgets de fonctionnement des établissements scolaires.
…Des camps de vacances pour les élèves véreux
La COSYDEP lance un appel aux Partenaires Techniques et Financiers d’appuyer le système éducatif dans l’utilisation du numérique en ce qui concerne les enseignements et apprentissages. Aux Collectivités Territoriales, elle demande de contribuer au renforcement de la sécurité et de la salubrité (1 école, 1 gardien, 1 femme de ménage) et d’organiser des camps de vacances en faveur des élèves, coupables de comportements violents et en rapport avec le service civique national.
Le marché au poisson de Pikine en ébullition
Au moment où les travailleurs du marché central au poisson de Pikine ruent dans les brancards, nos sources nous indiquent qu’une équipe du Ministère de la Pêche «fouine» depuis quelque temps dans la gestion du Directeur Abou Mbaye. Cet audit intervient au moment où ce dernier se trouve sur plusieurs fronts. En effet, plusieurs délégués syndicaux réclament sa tête. Ils avaient d’ailleurs boycotté l’opération de reboisement qu’il avait initiée dans le marché en affirmant que les urgences sont ailleurs, plutôt que sur «des tintamarres» qui ne reflètent pas la réalité. Les syndicalistes n’ont jamais cessé d’indexer sa gestion dénonçant le fait que les chambres froides soient en panne ; le défaut d’assainissement des lieux, entre autres complaintes. D’ailleurs, les travailleurs et délégués du marché central au poisson ont voulu hier tenir une conférence de presse pour dénoncer la gestion de leur directeur Abou Mbaye. Mais, ils n’ont pas eu finalement d’autorisation. Ils ont décidé de respecter la décision de l’autorité administrative. Toutefois, ces pensionnaires du marché déplorent les licenciements abusifs des travailleurs et promettent de revenir à la charge.
Les sinistrés arrêtés à Diacksao relaxés
Deux individus habitant au quartier Diacksao avaient été arrêtés lors du blocage du cortège du Ministre de l’IntérieurAntoine Félix Diome, dimanche dernier. Ils ont été par la suite déférés au parquet. Heureusement pour eux puisqu’ils ont été finalement libérés lundi dernier, en début d’après-midi, renseigne une source digne de foi. Ces personnes sinistrées manifestaient contre le mutisme de l’Etat sur les inondations qui avaient mis gravement à genoux leur Commune.
Des inondations à Djidah Thiaroye Kaw
Les projecteurs sont désormais tournés vers Keur Massar quand on parle des inondations. Ce qui fait que de nombreux quartiers sont souvent oubliés et laissés à eux-mêmes. Ayant compris cela, les populations de Djidah Thiaroye Kaw sont sortis hier de leur réserve pour se signaler. Elles estiment que ce n’est pas uniquement Keur Massar et Diamaguène Sicap Mbao qui sont inondés. Ils indiquent que Djidah Thiaroye Kaw est également dans les eaux, particulièrement au niveau du quartier Mésséré où les populations attendent encore l’appui des autorités.
Les Apriste des zones inondées troublés
De quoi ont peur les responsables politiques de l’Apr ? Certains jeunes apéristes basés à Pikine se posent la question. Ils ne comprennent pas le fait que les responsables locaux du parti présidentiel restent cloitrés chez eux, hésitant à rendre visite aux sinistrés qui, pourtant, font partie de leurs administrés. Ces jeunes apéristes ont joint «L’AS» pour déplorer une telle situation et indiquer que ces maires, membres du HCCT, tous apéristes, ont peur d’être hués ; raison pour laquelle ils refusent d’aller témoigner leur compassion aux victimes des inondations. Ils estiment que ces derniers ne veulent pas subir les humiliations subies par le Ministre Félix Antoine Diome et le maire de Keur Massar Moustapha Mbengue.
Par Serigne Saliou Guèye
MORT DE HISSENE HABRE, LA RESPONSABILITE DE MACKY ENGAGEE
Déjà en 2019, le Comité des Nations Unies contre la torture avait écrit au gouvernement du Sénégal pour souligner qu’une « libération prématurée d’auteurs des crimes internationaux les plus graves n’est pas conforme aux obligations du Sénégal »
Un mois après l’entrée du coronavirus dans notre pays, en mars 2020, le président Hissène Habré avait bénéficié d’une autorisation de sortie provisoire de deux mois pour lui éviter toute contamination surtout compte tenu de son âge (78 ans). Ainsi, le 7 avril 2020, il était placé en résidence surveillée pour une durée de 60 jours. Une permission pour raisons humanitaires qui avait fait sortir de leurs gonds le collectif des prétendues victimes de Habré et aussi de certaines organisations de défense des droits de l’homme avec en tête leur chef colonialiste Reed Brody de Human Rights Watch. A quelques jours de la fin de l’autorisation de permission, une demande de mise en liberté provisoire avait été formulée par les avocats d’Habré avant d’être rejetée. Cette fois-ci, les services du ministre de la Justice, Me Malick Sall, avaient refusé de lui accorder une remise en liberté provisoire, jugeant que les risques médicaux encourus ne justifiaient pas une autorisation supplémentaire.
Il faut rappeler qu’en décembre 2019, déjà, le Comité des Nations Unies contre la torture avait écrit au gouvernement du Sénégal pour souligner qu’une « libération prématurée d’auteurs des crimes internationaux les plus graves n’est pas conforme aux obligations du Sénégal » telles que définies par la Convention de l’ONU contre la torture. Parmi ces obligations, celle de réprimer les actes de torture et autres mauvais traitements par des peines prenant en compte la gravité de leur nature. Ainsi, Habré était retourné le dimanche 7 juin 2020 vers 18 heures à la maison d'arrêt du cap Manuel pour continuer à purger sa peine. Cette libération temporaire du héros tchadien avait été assimilée par les associations des victimes et leurs avocats comme une libération déguisée alors que le juge de l'application des peines avait motivé sa décision par le fait que Hissène Habré était « particulièrement vulnérable à ce coronavirus ». Cette libération provisoire n’avait pas plu aux impérialistes de ce machin des Nations Unies qu’est le Comité contre la torture.
Ainsi le 8 juillet 2020, Fabian Salvioli, le Rapporteur spécial sur la promotion de la vérité, de la justice, de la réparation et des garanties de non-répétition, Agnès Callamard, la Rapporteuse spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Dainius Puras, le Rapporteur spécial sur le droit qu'a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible, et Nils Melzer, le Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants avaient exprimé dans une tribune leurs « plus graves préoccupations quant à la libération temporaire de l'ancien président du Tchad, dans le contexte de la pandémie COVID-19, sans justification apparente de santé publique. Et cela en violation des normes internationales concernant la responsabilité des violations flagrantes des droits de l'homme ».
Pour ces gens qui vivent du business des droits de l’homme, « le maintien en détention de M. Habré était essentiel pour lui permettre de répondre des graves crimes qu'il a commis et pour garantir l'accès des victimes à la justice et à la réparation, tout en assurant l'intégrité physique du détenu ». Et le texte des Rapporteurs de l’Onu d’ajouter que « la libération temporaire de Habré en avril 2020 était en violation des normes internationales et il était essentiel que Habré soit maintenu en détention, étant donnée la gravité des crimes pour lesquels il a été condamné ».
Compte tenu de toutes ces pressions exercées sur le gouvernement sénégalais, la demande de libération déposée par les avocats de Habré le 29 mars 2021 fut rejetée par le juge de l’application des peines au Tribunal de grande instance hors-classe de Dakar. Là, le juge a tenu à mettre en avant l’avis défavorable de la commission pénitentiaire consultative présidée par lui-même et composée du directeur de l’administration pénitentiaire, d’autres membres du personnel pénitentiaire et du directeur de la prison où Hissène Habré purgeait sa peine. Par conséquent, le raisonnement faussement avancé pour rejeter la libération provisoire de Habré était que la question de la santé des détenus est du ressort de la direction de l’administration pénitentiaire. Pourquoi une telle thèse n’était-elle pas valable lors de la première libération de l’ex-président tchadien alors que la pandémie avait connu une recrudescence surtout dans le milieu carcéral ? A l’époque, le Sénégal enregistrait officiellement 39 782 cas de Covid-19 dont 1 091 décès.
Les Reed Brody, William Bourdon, Seydi Gassama et Assane Dioma Ndiaye n’ont jamais pardonné à l’administration pénitentiaire et au juge de l’application des peines d’avoir libéré provisoirement celui qu’ils considèrent comme le plus grand assassin de l’histoire du Tchad. Et que de larges franges de l’opinion africaine, elles, vénèrent comme un héros. Ce que craignaient les avocats du président Hissène Habré est donc finalement arrivé hier : il a été contaminé par le virus du covid-19 au point d’en mourir. Ainsi en ce 24 août 2021, celui qui a libéré le Tchad des griffes des colons français a trouvé la mort en terre sénégalaise où il vivait depuis 1990 après que son ancien chef d’état-major des armées, Idriss Deby, soutenu par l’armée française l’a chassé de la terre de ses ancêtres. Le héros Hissène Habré sera enterré au Sénégal avec tous les honneurs de nos cœurs qui saignent et qui pleurent cette injustice commanditée par les Reed Brody, les Nations-Unies et pilotés par les larbins maquignonnés sous la peau de militants de droits de l’homme. En réalité, des militants des espèces sonnantes et trébuchantes. Même mort aujourd’hui, on ne sera pas surpris d’entendre les vautours se battre pour déchiqueter le cadavre de Habré, histoire de goûter à l’argent qu’il a ramené au Sénégal au moment de son exil.
Qu’on nous épargne les éloges postmortem pharisaïques, les hommages gouvernementaux suintant de tartufferie et les visages dégoulinant de larmes d’alligator ! Laissez-nous enterrer notre héros, notre « Lion » avec le sentiment qu’il a permis au Tchad d’être ce qu’il est aujourd’hui, une nation libre et non annexée par la Libye. Déjà la grande gueule d’Amnesty en l’occurrence Seydi Gassama, impassible devant la mort de Habré, s’érige en médecin pour déclarer précipitamment et avec zèle que Habré n’est pas mort de Covid, là où Alioune Tine demande lucidement l’ouverture d’une enquête.
On reproche à Habré d’avoir tué, massacré 40 mille Tchadiens. Qui sont-ils ? Les traitres collabos à la Nation tchadienne braconnée par la Libye avec l’appui des rebelles traitres des Fap (Forces armées populaires) de Goukouni Oueddei. Il n’y pas d’égards pour les traitres quand un pays, comme le Tchad à l’époque, est en pleine déconfiture du fait d’un conflit interne et d’attaques extérieures. C’est la loi de la guerre. « La Révolution n’est pas un diner de gala. Pas de bienveillance pour les traitres à la nation mais violence » disait Mao. En 1973 déjà, le Guide libyen Mouammar Kadhafi, soutenu par des Tchadiens, a occupé la bande d’Aozou. Le dictateur libyen savait que cette frange montagneuse située au nord du Tibesti, longue de 1000 kilomètres et large de 100, était réputée riche en pétrole et en réserves d'uranium. Et c’est au prix d’une dure et coûteuse guerre que Hissène Habré avait reconquis en 1987 la partie tchadienne annexée par Kadhafi. Un proche de Habré a soutenu que « tuer un traître n’était pas vraiment tuer.
En France, on a bien rasé et pendu publiquement les collabos en 1945. » Personne ne peut, avec le sang des traitres collabos tchadiens, salir la mémoire de ce héros et résistant africain qui s’est sacrifié pour libérer vaillamment son pays des rets de la puissance libyenne. Les vrais massacres ont été perpétrés par Idriss Deby, patron de la DDS. En Chine, celui que l’on surnomme le « Grand Timonier », architecte de la Chine moderne, Mao Zedong, mort le 9 septembre 1976 n’est-il pas responsable de 50 millions de ses compatriotes pendant ces trois moments clés de l’histoire de la Chine : la guerre dite de Libération (contre l’envahisseur japonais), le Grand Bond en avant et la Révolution culturelle ? Trois moments qui ont été l’occasion de tueries épouvantables impunies jusqu’à aujourd’hui.
Et pourtant, Mao est le héros et l’architecte de cette Chine moderne qui domine le monde. De fait, en dépit de ce passé sanglant, il mérite la place qu’il occupe dans l’histoire de l’Empire céleste. Pourtant les familles des victimes de Mao sont encore là et jamais un procès n’a été intenté par les militants des droits humains contre Mao, ses collaborateurs où l’Etat chinois au nom duquel il agissait. Tous ceux qui soutenaient Idrissa Deby, défunt président du Tchad, ancien patron de la police politique de Habré (Direction de la documentation et de la sécurité), et commandant en chef des Forces armées nationales tchadiennes (FANT), l’ont fait parce que c’était leur bailleur. Mais il est clairement établi que Deby était le maître d’œuvre du fameux septembre noir en 1984 dans le sud du Tchad où des villages furent brûlés, des récoltes calcinées, des richesses extorquées et des milliers de sudistes torturés et massacrés. Et Jacqueline Moudeina, avocate activiste du collectif des victimes de Habré et Souleymane Guenguen, Fondateur de l’Association des « victimes » des crimes de répression politique au Tchad, détiennent par-devers eux des preuves à charge contre Deby. Mais pour des raisons que nous savons aisément, ils sont dans l’impossibilité de charger le génocidaire du septembre noir de 1984, même mort.
Le président Macky Sall qui a cédé aux pressions des Nations-Unies, aux menaces du néo-colon Brody et de ses suppôts sénégalais, est responsable de la mort de Habré. Rien de ne l’empêchait de prendre une mesure humanitaire via son ministre de la Justice pour préserver la santé de Habré. Au lieu de compatir à cette mort qui frappe la famille de Habré, l’administration pénitentiaire au centre cette affaire cherche à se dédouaner de ce qui est arrivé au résistant africain.
Par Mamadou Oumar NDIAYE
ET SI ON LAPIDAIT… JAMRA !
Mame Mactar Gueye décrète ce qui est religieusement — disons, islamiquement —, correct, ce qui est licite ou islamo-compatible. Nos façons de nous habiller, de danser, de nous exprimer voire de nous comporter dans l’intimité de nos chambres
Il faudrait bien que le président de la République ou, à défaut, son ministre de la Justice, notre ami Malick Sall, nous édifie. Mais, en tout cas, qu’on m’ôte un doute. Je voudrais en effet savoir si, comme dans tout pays qui se respecte, encore plus dans une démocratie, notre procureur de la République est toujours bel et bien l’avocat de la Société, celui qui la défend contre toutes les agressions, en particulier celles qui relèvent du pénal, la représente dans les tribunaux, entreprend des poursuites et requiert à son nom. Si je pose cette question, c’est parce que j’en suis venu à douter et à me demander si le procureur de la République et, par-delà, la Chancellerie, n’ont pas démissionné voire abdiqué de ce rôle au profit de Mame Mactar Guèye de l’Ong Jamra. Car ces dernières années, les forces de l’ordre ont été mises en action bien des fois par cet individu censeur moral autoproclamé de notre pays, juge de nos mœurs, avocat de la société (comme le procureur !), vérificateur attitré du contenu des productions audiovisuelles et des posts sur le Net, patron officieux du Conseil national de régulation de l’Audiovisuel et du fonds FOPICA et j’en passe. Lui seul désormais est habilité à décréter ce qui est religieusement — disons, islamiquement —, correct, ce qui est licite ou islamo-compatible. Nos façons de nous habiller, de danser, de nous exprimer voire de nous comporter dans l’intimité de nos chambres, tout cela est aujourd’hui scruté à la loupe par cet homme aimant regarder par le trou de la serrure et qui prétend nous dicter la conduite à tenir. Pour un peu, il nous dirait qu’il serait le Moïse moderne qui aurait reçu de Dieu les Tables de la Loi sur le mont Sinaï pour ramener sur le droit chemin le peuple d’égarés que nous sommes. Et il suffit qu’il tousse pour que la République s’enrhume.
Qu’il fronce les sourcils ou enrage pour que le président du CNRA, toutes affaires cessantes et tremblant de peur, sorte ses ciseaux d’Anastasie (comme le Canard Enchaîné appelait la censure durant la Guerre) pour couper les séquences de films jugées haram, scandaleuses ou contraires à la morale par Mame Mactar Guèye ! De même, il lui suffit de « porter plainte » — à quel titre et au nom de qui sommes-nous tentés de nous demander ? — pour que nos forces de police, particulièrement la division de lutte contre la cybercriminalité — entrent en branle, pourchassent, arrêtent et défèrent de pauvres jeunes gens. Lesquels, le plus souvent, n’ont absolument rien fait sinon peut-être commis des péchés véniels mais qui, aux yeux de l’Ong Jamra, méritent les flammes de l’enfer ou de la géhenne.
Derniers exemples en date : il a suffi que MMG hurle contre la série « Cirque noir » pour que la police traque à la fois les réalisateurs, les producteurs et les acteurs de ce projet — vous avez bien lu —de film et les envoie en prison. Or, comme l’ont expliqué ces pauvres jeunes gens, ils ont juste voulu, à travers une bande-annonce sulfureuse certes, faire du buzz afin d’avoir suffisamment de « vues » pour se faire monétiser et donc pouvoir financer leur projet de film. De même, le deux danseurs de Wally Seck ont également été emprisonnés parce que Mame Mactar Guèye et d’autres censeurs se sont scandalisés d’un baiser qu’ils ont échangé sur la scène du Grand Théâtre. Les acteurs des séries « Infidèles » et « Maîtresse d’un homme marié » ont eu droit au même Tribunal de l’Inquisition qui les a condamnés à être brûlés sur le bûcher judiciaire allumé par Mame Mactar Guèye et autres censeurs ! Bien avant cela, la petite Rangou avait elle aussi passé de longs mois en prison pour avoir fait des publications osées sur le net et aussi avoir voulu organiser un « yendu » privé (oui, privé) dans un hôtel de la place. Alertée par Mame Mactar Guèye et ses intégristes, la police avait débarqué pour non seulement mettre fin à la « party » mais aussi envoyer la pauvre petite en prison. On pourrait multiplier les exemples à l’envi. Aujourd’hui, il suffit d’un bout de sein qui dépasse, d’une jupe un peu trop courte, d’une femme qui fait tomber sa petite culotte dans une série, pour que Jamra crie à l’abomination… Ce qui est synonyme d’ouverture de poursuites judiciaires contre les malheureux qui se seraient rendus coupables de tels « crimes ». Or, à ce que l’on sache, le Sénégal, bien qu’étant un pays musulman, n’est quand même pas — du moins pas encore — un Etat islamique.
Une culture qui accorde une large place à l’érotisme !
Entendons-nous bien : loin de nous l’idée de plaider pour une déliquescence des moeurs dans notre pays. Au contraire, nous nous efforçons tous de promouvoir les valeurs largement basées sur l’islam qui ont fait de ce pays ce qu’il est aujourd’hui. De ce point de vue, nous estimons que nos guides religieux sont infiniment mieux placés que les dirigeants de Jamra pour être les gardiens de ces valeurs. Pour autant, ce pays a aussi une culture vivante qui a toujours accordé une large place à l’érotisme ce qu’on ne saurait confondre avec dévergondage. Notre bon vieux fond culturel thieddo ou animiste sans doute ! De ce point de vue, au « Témoin », depuis plus de 30 ans, on a toujours prôné une liberté des mœurs qui ne signifie pas libertinage. Et tous ceux qui nous ont suivis durant ce presque tiers de siècle savent que nous avons toujours été de grands amateurs de nos danses disons érotiques comme le « Tatou Laobé », « Oubil Mbarka Ndiaye », « Ndiaye Kholé », « Arwatam », « ventilateur » et autres. Des danses à côté desquelles certaines scènes de nos séries qui mettent dans tous leurs états Mame Mactar Guèye et ses amis mollahs sont plutôt des modèles de pudeur. Je me rappelle qu’il y a une quinzaine d’années Latif Guèye, fondateur de « Jamra » et grand copain du « Témoin », avait lancé une croisade contre l’Agence de distribution de presse (ADP) qu’il accusait d’introduire de la littérature pornographique dans notre pays.
A l’époque, les réseaux sociaux n’existaient pas. Le Témoin avait fait un papier pour prendre son contrepied, lui disant qu’il avait le droit d’être un intégriste mais que nous, nous tenions à des publications comme « Union », « Lettres coquines » etc. Et que, aussi, nous étions de grands amateurs de la chaine porno « Boul Khol » du regretté Ben Bass Diagne ! Bref, que chacun devait avoir la liberté de regarder ce qui lui plait. C’est quand même le fondement de toute société de liberté comme la nôtre. Autant Mame Mactar Guèye préfère sans doute les femmes en burnous ou burqas et regarder des programmes télévisés montrant des courses de chevaux ou des documentaires sur la chasse aux faucons comme en Arabie saoudite, autant le public sénégalais raffole de ses séries. Des séries dont, personnellement, je ne suis pas un amateur pour n’en avoir jamais regardé ne serait-ce qu’un seul épisode de toutes celles dont on parle mais enfin, je suis pour que ceux qu’elles passionnent puissent avoir le droit de les regarder. Tout simplement. Quant à ceux auxquelles elles ne disent rien, comme moi, ils ont toujours la possibilité de zapper !
Attention à une « talibanisation » pernicieuse du Sénégal !
Plus généralement, il faudrait que l’on permette à notre jeunesse de s’épanouir quelque peu et ne pas lui offrir pour seule perspective le chômage, les pirogues de fortune avec risque de noyade en mer ou…la prison. La diva rufisquoise Khar Mbaye Madiaga, dans une de ses magnifiques chansons, disait ceci « Khaléyi kou lène diourone yeureum lène » (ces enfants, s’ils étaient vôtres, vous auriez eu de la compassion pour eux). Imaginez donc de magnifiques jeunes gens qui, avec les moyens du bord, parviennent à faire des productions audiovisuelles non seulement regardées et appréciées dans les autres pays africains mais encore que des télévisions occidentales commencent à leur acheter. Et plutôt que de les encourager dans cette voie, plutôt que de les pousser à créer au Sénégal —qui est quand même le pays des Ousmane Sembène, Djibril Diop Mambetty, Tidiane Aw, Johnson Traoré, Ababacar Samb Makharam mais aussi…d’Alain Gomes — plutôt donc que de pousser ces jeunes gens à créer au Sénégal une réplique du Nollywood nigérian, voilà que le moindre acte de création cinématographique qu’ils posent leur ouvre les portes des commissariats de police ou de la prison de Rebeuss ! Et ce parce que, tout simplement, tel serait le bon plaisir de Mame Mactar Guèye et compagnie qui sont en train de poser les jalons d’une « talibanisation » pernicieuse de notre si ouverte société. On pourrait aussi s’étonner — le mot est trop faible sans doute — de cette sévérité excessive avec laquelle on jette en prison pendant de longs mois de pauvres jeunes gens pris avec quelques cornets de yamba. Ce au moment où même dans des pays en pointe contre l’usage des drogues comme les USA — dont les forces ont jadis capturé un chef d’Etat en exercice, celui de Panama, et le chef des armées d’un pays voisin du Sénégal pour les faire juger chez eux preuve qu’ils ne plaisantent pas dans ce domaine — ces pays, donc, légalisent aujourd’hui l’usage récréatif de la marijuana.
En France, aujourd’hui, l’usage de cette substance n’est plus sanctionné que par une amende tandis qu’en Afrique des pays comme le Maroc (avec sa région du Rif) ou le Botswana voire le Rwanda en ont fait un produit d’exportation. Encore une fois, l’homme qui ne fume même pas de cigarettes que je suis se demande s’il n’est pas temps de lever le pied un peu dans la trop lourde répression qui frappe les fumeurs de chanvre pour la concentrer sur les trafiquants. Ce étant donné que les usagers, eux, sont avant tout des victimes ! Pour en revenir à notre sujet, dont je ne me suis jamais éloigné du reste, il est sans doute temps pour les autorités de remettre Mame Mactar Guèye à sa place et de cesser d’obéir à ses injonctions. Car, s’il y a bien une richesse dont dispose le Sénégal, une richesse plus précieuse que ce pétrole et ce gaz dont on nous rebat les oreilles, c’est bien les libertés qui y ont toujours régné. Des libertés, y compris sur le plan des mœurs, dont des allumés comme Mame Mactar Guèye voudraient nous priver au profit de modèles sociétaux qui ne sont assurément pas nôtres. Temps aussi pour nos forces de l’ordre — qui ne sauraient être des « matlaboul shifaï » (police des moeurs à Touba) à compétence nationale et à prérogatives régaliennes — de cesser de se comporter comme des polices des moeurs. Temps enfin pour le procureur de la République de reprendre ses prérogatives confisquées par Mame Mactar Guèye de « Jamra » ! Après moi, le Déluge…
SÉNÉGALAIS ET LE FATALISME, L'ÉTERNELLE EXCUSE DU NDOGALU YALLA
Si la fatalité est définie comme tout ce qui est inéluctable, le Sénégalais en est prisonnier. Il en abuse. Exagérément parfois. Même à l’ère de la modernité, cette soumission totale au fatum n’a pas disparu
Si la fatalité est définie comme tout ce qui est inéluctable, le Sénégalais en est prisonnier. Il en abuse. Exagérément parfois. Même à l’ère de la modernité, cette soumission totale au fatum n’a pas disparu. Aujourd’hui et depuis toujours, les croyances fatalistes se sont bien ancrées dans l’inconscient collectif et semblent avoir de beaux jours devant elles.
«Ndogalou Yalla laa !» (C’est la volonté de Dieu). Combien de fois n’a-t-on pas entendu cette rengaine ? Chaque fois qu’arrive un malheur, une catastrophe, c’est la même chanson. Depuis la survenue de la Covid-19, avec l’explosion des cas positifs, la multiplication des morts, avec le rythme soutenu des enterrements, le fatalisme a fini par supplanter le déni. On prend, de plus en plus, conscience de l’existence de la pandémie. Pour ce qui est des malades qui succombent comme des mouches, il y a toujours la main de Dieu. «C’est la vie, la volonté divine. C’est quelque chose qui devait arriver. Dieu a éprouvé toutes les générations pour leur montrer Sa Toute-Puissance», crie-t-on sur tous les toits. Irrationnel ? Assurément. À force d’écouter le commun des Sénégalais, hommes, femmes, jeunes et vieux, l’on se rend compte que les croyances fatalistes sont ancrées de façon chronique dans l’inconscient collectif.
Pauvreté, chômage, handicap, accident, stérilité, divorce, échec, mort …, tout est aujourd’hui fatalité au Sénégal. Même quand une mouche se noie dans un verre d’eau. Quand le bateau le «Joola» a sombré, faisant près de 2.000 victimes, c’était la volonté divine. Idem en 2017, quand est survenu le drame du stade Demba Diop, avec son lot de morts, lors de la finale de la Coupe de la Ligue opposant le Stade Mbour à l’Uso. Ce qui doit arriver, ne peut être évité ; si quelque chose se produit, il doit en être ainsi, pensent beaucoup de Sénégalais.
C’est un secret de polichinelle, le fatalisme est une spécificité bien sénégalaise et il a de beaux jours devant lui. Cette soumission presque totale du Sénégalais au destin est bien coriace. À l’ère moderne, le fatum continue de prendre la figure du catastrophisme. Il s’est enraciné dans le subconscient de nombreuses personnes. Et à ce rythme, difficile de se départir de ce costume de fataliste.
Mbaye Diouf, chauffeur de taxi, estime que le Sénégalais aime trop la facilité. Inconsciemment, il blâme les forces extérieures pour tous ses échecs. «Chez nous, au Sénégal, nous aimons trop la facilité, nous ne prenons jamais nos responsabilités pour assumer nos échecs. Si vraiment tout ce qui arrive était prévu, pourquoi nous tuer à faire des choses nous-mêmes ?», se demande-t-il. Et ils sont nombreux à être du même avis. Pour Ibrahima Samba, professeur de Lettres au prytanée militaire de Saint-Louis, plus fataliste que le Sénégalais, il n’en existe pas. C’est ce qui explique, selon lui, «notre dévolution aux sectes, grands intermédiaires entre nous et Dieu». Il est clair, de l’avis du Pr. Samba, que «nous entretenons avec le fatum un rapport complexe qui, cependant, trahit notre être et renseigne sur nous». C’est pour cette raison, fait-il remarquer, «nous rejetons à la divinité fatum, les conséquences de nos faiblesses et paresses». De ce fait, croit-il savoir, «même par rapport à la pandémie, nous ne faisons rien qui aille dans le sens de la prévention. Idem pour les choix politiques, économiques, l’inondation et autres catastrophes dont le sinistre ne vient que de notre laxisme».
Professeur Agrégé de Droit public à la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Meïssa Diakhaté n’adhère pas au fatalisme. Il estime que «c’est une contrainte dirimante et une simple erreur de bon sens». Sa conviction est que «le travail, la discrétion et la foi sont les affluents de notre destin».
Entre ignorance et méconnaissance de la religion
Docteur en Langue et civilisation arabo-islamiques, Djim Ousmane Dramé soutient que l’ignorance de notre histoire, de notre culture et de notre vécu constitue un facteur qui entrave le fatalisme. La méconnaissance de notre religion également. «Quelqu’un qui maîtrise sa religion ne peut être fataliste, parce que c’est un thème qu’elle traite largement». Pour le chercheur au Laboratoire d’Islamologie de l’Ifan, à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad), il ne faut pas verser dans le fatalisme. «Aujourd’hui, nous sommes en train de tout perdre, nos connaissances religieuses, traditionnelles, familiales, sociales parce que l’école que nous avons, n’est pas vraiment une école sénégalaise», déplore-t-il. La fuite de responsabilité vient consolider ce phénomène, estime le docteur Dramé. C’est pourquoi, dit-il, il faut former les gens, les sensibiliser, les conscientiser. «C’est un facteur important. Ça pourrait se faire à travers les prédicateurs, les imams, l’église, les prêtres. C’est un combat à mener».
Aujourd’hui, beaucoup ont tendance à confondre fatalisme et destin. De l’avis du chercheur, «quelqu’un qui comprend très bien le destin, il fait tout ce qu’il doit faire et le résultat, il le laisse entre les mains de son Seigneur». Mais, précise-t-il, «quelqu’un qui ne fait absolument rien, qui croise les bras et veut avoir des résultats, ça ne marchera jamais». Le docteur Dramé est formel, l’Islam ne veut pas quelqu’un d’inactif, de paresseux, mais plutôt «quelqu’un de travailleur, qui se surpasse ; voilà ce qu’encourage l’Islam et les autres religions». Il se désole du fait que les Sénégalais qui connaissent leur religion ne soient pas légion parce que ne faisant pas l’effort nécessaire pour comprendre leur religion. «On prodigue beaucoup d’effort pour comprendre le français, l’anglais, l’italien, un film, une chanson, alors qu’il y a un minimum pour pouvoir lire le Coran, comprendre les traditions. Aujourd’hui, tout est traduit dans les livres. Si on veut comprendre, savoir comment pratiquer, il suffit de faire un effort», estime l’islamologue.
Retour aux valeurs anciennes
Moussa Ndiaye, Imam et professeur de philosophie, compare le fatalisme à un démembrement ou une séquelle du fanatisme religieux. «Comte-Sponville n’a pas peut-être tort de considérer le fanatisme comme un ennemi de la philosophie», indique-t-il. «Certains considèrent le fatalisme comme une sagesse qui consiste ici à comprendre pourquoi les choses arrivent ainsi afin de les accepter. Le mal qui m’est arrivé devait arriver, la maladie qui m’a attaqué est inéluctable, Dieu l’avait déjà décidé à l’avance et donc je l’accepte jusqu’à ce je sois anéanti», explique-t-il. Cette forme de fatalisme, dit-il, est purement pessimiste et n’aurait aucun lien avec ce qu’a enseigné l’Islam. «En revanche, si fatalisme il y a, l’effort et l’action humaine ne sont nullement exclus. Il y a donc ce que je pourrais appeler «un fatalisme optimiste», une idée de contingence», soutient-il. «Si nous admettons, en tant que croyants, que la pandémie de Covid-19 est une «épreuve divine», cela signifie-t-il que nous devons baisser les bras ? Le Prophète de l’Islam ne l’a pas enseigné, lui pourtant qui avait recommandé d’interdire les entrées et les sorties si une contrée venait à être frappée par une épidémie. Soyons courageux et retournons aux sources scripturaires, le Coran et la Sunna», laisse entendre le professeur Moussa Ndiaye.
Un tas de facteurs encouragent aujourd’hui le fatalisme. Les films, l’Internet, les nouvelles technologies de l’information, les réseaux sociaux en font partie. «Nos arrières grands-parents ne connaissaient pas cela», note le docteur Djim Ousmane Dramé. Pour le chercheur, le remède se trouve dans le «retour total aux valeurs anciennes, aux pratiques ancestrales». Malheureusement, déplore-t-il, «on est de plus en plus éloignés de ces valeurs». Sa conviction est qu’il faut un véritable changement. «Autrefois, l’enseignement, l’adoration de Dieu et le travail ont toujours été le sacerdoce de nos marabouts… Ces trois facteurs sont essentiels. On a de plus en plus tendance à ne pas apprendre, on ne veut pas travailler et on ne fait pas d’effort pour adorer Dieu. C’est le contraire, l’inverse même de ce que faisaient nos parents en leur temps». Le docteur Dramé est convaincu de «l’impossibilité d’avoir les mêmes résultats des anciens si nous ne sommes pas prêts à suivre leurs pas, leurs pratiques». Il est clair, selon lui, que la solution réside en une bonne éducation, l’adoration de Dieu et le travail. «Il n’y a pas de secrets. Si les Européens sont en avance par rapport à nous, c’est parce qu’ils mettent l’accent sur deux principes : la discipline et le travail, qui sont deux fondamentaux essentiels», fait-il savoir.
À BOUTOUYE, COURTISER LA FEMME D'AUTRUI VAUT LA MORT
Au village situé dans la commune de Diembéring, département d’Oussouye, il est formellement interdit à un homme de faire la cour à la femme d’autrui. Cela a été décidé par les sages dudit patelin il y a plusieurs siècles
Au village de Bouyouye, situé dans la commune de Diembéring, département d’Oussouye, il est formellement interdit à un homme de faire la cour à la femme d’autrui. Cela a été décidé par les sages dudit patelin il y a plusieurs siècles. Tout homme qui s’adonne à cette pratique verra tout son corps gonfler et peut mourir, à moins qu’il se confesse dans la grande cour du village et devant tout le monde. Ce code de bonne conduite local banni l’adultère et protège les femmes.
Bouyouye fait partie des villages du département d’Oussouye les attachés aux traditions ancestrales, à l’image de Djivente où réside le « procureur » du tribunal traditionnel de la zone Boubadioumai (de Nianbalang à Essaout) sous la tutelle du roi d’Oussouye, Sibiloumbaye Diédhiou. Pour rallier ce hameau des interdits, nous avons emprunté, à partir de la ville de Ziguinchor, la route nationale qui mène à Cap Skirring et traversé les communes d’Oussouye et d’Oukout, les villages de Nianbalang, Karounate, Édioungou, Boukitingho et Diakène Diola.
Ce périple vers Bouyouye a lieu le 01 août dernier, lors de la journée nationale de l’arbre célébrée dans ce village. Nous étions dans la délégation du Gouverneur de la région de Ziguinchor. Sur la route, et à bord du véhicule, nous apercevons dans les champs, à hauteur de Diakène Diola, quelques jeunes, torses nus, avec leur « kadiandou ». C’est la période de la culture arachidière. Après moins d’une heure de route, nous voici à Cap Skirring, ce gros village qui, au fil du temps, est devenu une station touristique incontournable. Une destination privilégiée pour les nationaux et les touristes étrangers. C’est l’un des derniers terroirs avant Bouyouye. Puisque juste après Cap, il y a le village de Boucotte Diembéring.
À partir de Cap Skirring, nous empruntons la route qui mène à Diembéring, chef-lieu de commune. Quelques minutes plus tard, on abandonne la route nationale pour emprunter une piste latéritique qui mène à Bouyouye. Les véhicules roulent au ralenti. On découvre les gigantesques fromagers de ce village fondé, dit-on, il y a plus de 1000 ans de cela. Sous une pluie fine, la délégation débarque à Bouyouye, terre de traditions anciennes et d’interdits. Un village paisible, calme, mais qui a toute sa particularité. Bouyouye se singularise des autres par cette règle numéro un qui avait été introduite dans le dispositif de code de conduite local par les premiers habitants. Ici, il est formellement interdit à un homme de courtiser la femme de l’autre. Et nul ne l’ignore. Cette règle a un caractère impersonnel et immuable. Quiconque la transgresse, déshonore sa famille et sa communauté, et peut trouver la mort à tout moment s’il refuse de se confesser devant tous les villageois. Ce tribunal est réservé aux coureurs de jupon et l’audience est publique.
Outre Étame Boudiale et Kadiakaye, Bouyouye fait partie également des trois villages les plus anciens de la commune de Diembéring. Seulement, dans cette terre, tout n’est pas permis. « Dans notre village, il est totalement interdit de faire la cour à la femme d’autrui parce que nous considérons que nous sommes tous des frères. Si quelqu’un insiste en voulant braver cet interdit, un jour, il verra tout son corps commencer à gonfler. Et s’il ne fait pas vite, c’est la mort qui l’attend, car il n’existe aucun moyen de guérison autre que de demander pardon et d’avouer à tous les habitants que tu as fait la cour à la femme de tel. C’est de cette façon que la victime peut recouvrer sa santé », confie Antoine Mandio Diatta. Dans ce processus, le porte-parole du chef de village de Bouyouye précise que le coupable ne doit pas se confesser devant un nombre réduit et dans un endroit autre que la place publique du village. Ce dernier doit le faire devant tout le monde. Au cas contraire, il peut d’ores et déjà délivrer un message d’adieu à sa famille parce qu’étant sûr de mourir. « Quand on dit que c’est interdit, c’est interdit. Et c’est valable pour tout le monde. Cette règle a été instaurée par nos ancêtres et doit être respectée par tout le monde. Cette pratique est intolérable. En plus de cet interdit, le vol est aussi banni dans ce village », poursuit M. Diatta, rappelant que personne n’a le droit de toucher ce qui appartient à l’autre.
Une femme enceinte ne meurt pas à Bouyouye
En plus de la règle qui a banni l’adultère, les ancêtres avaient eu la clairvoyance de prier dans leurs fétiches pour épargner leur village de la mortalité maternelle. À Bouyouye, tous sont parvenus à un accord qu’une femme ne doit « jamais mourir » en voulant donner la vie. C’est encore interdit. Le Diola dit « nieyenieyi », et c’est tout. « Nous n’avons même pas ce cimetière », clarifie Antoine Mandio Diatta. De plus, le Conseiller municipal à la Mairie de Diembéring indique que cela a été décidé à l’unanimité par leurs ancêtres. Bouyouye, dit-il, n’a jamais connu un tel cas « et ne connaitra jamais cela ».
Aller plus loin dans la forêt pour échapper aux colons
Le nom Bouyouye vient de « oubouyal » qui signifie littéralement en diola « partons dans la discrétion se réfugier quelque part ». Avant de trouver refuge dans le site actuel qui abrite ce village traditionnel, Bouyouye était plus proche de la route nationale. Du temps de la colonisation, Bouyouye a vu quelques-uns de ses fils être amenés de force par le colon. Pour échapper à cette saignée humaine, les Bouyouyois avaient décidé de quitter cet endroit et de s’installer en profondeur, au risque de se retrouver avec un village de « vieillards ». Depuis lors, Bouyouye se trouve à quelques jets de pierre du fleuve. De l’avis du porte-parole du chef de village, il fallait procéder de cette façon pour se protéger du colon. « Les ancêtres de ce village avaient compris les enjeux, car si tous les jeunes partaient, ils auraient de sérieux problèmes pour cultiver leurs champs. Voilà pourquoi nous sommes là aujourd’hui. La stratégie était de s’y installer afin d’échapper à tout assaut. En trouvant refuge à quelques mètres du fleuve, nos arrière-grands-parents pouvaient échapper à n’importe quelle attaque en passant par le fleuve », souligne-t-il.
Étant l’un des premiers villages de la commune de Diembéring, les habitants de Bouyouye ont peuplé le reste des bourgs du département d’Oussouye et même de Bignona. Selon Antoine Mandio Diatta, on peut trouver des Bouyouyois dans le royaume d’Essaout, dans la commune de Santhiaba Manjacque, à Mlomp et à Tendouck (Bignona). Village de récolteurs de vin de palme (300 FCfa le litre) et de cultivateurs, ancré dans le conformisme, Bouyouye, électrifié avec le système solaire grâce au soutien de l’État du Sénégal et d’un partenaire belge, s’ouvre et vit au rythme de la modernité. En attendant la construction de son campement villageois digne de ce nom et source d’emplois pour les jeunes, Bouyouye conserve jalousement ses géants fromagers et ses femmes « intouchables », protégées par le code de conduite local. Dans une ambiance sereine, celles-ci continuent à s’adonner à leurs activités principales : la cueillette et vente des huitres mais aussi la vente de l’huile de palme pour redonner le sourire à leurs progénitures.
PLAN DECENNAL DE LUTTE CONTRE LES INONDATIONS (PDLI)
On en sait un peu plus sur comment l’argent destiné au Plan décennal (2012-2022) de Lutte contre les Inondations (PDLI) a été dépensé, plus précisément les montants alloués à l’Office Nationalde l’Assainissement du Sénégal (ONAS) estimés à plus de 48 milliards de francs CFA. Dans un rapport parcouru par «L’As », la structure dirigée aujourd’hui par Ababacar Mbaye donne les détails des dépenses effectuées dans le cadre de leurs travaux
Face à la persistance des inondations sur l’étendue du territoire national, les membres de l’opposition et beaucoup d’observateurs sont montés au créneau pour demander des explications sur la manière dont les 766,988 milliards FCFA du Plan décennal (2012-2022) de Lutte contre les Inondations (PDLI) ont été dépensés par l’Etat du Sénégal. Ainsi, une des parties prenantes à la réalisation de cet important chantier du président Macky Sall, à savoir l’Office National de l’Assainissement du Sénégal (ONAS), a pondu un rapport pour donner les détails des travaux qu’il a réalisés et leur impact sur la vie des populations.
Dans le document intitulé «Bilan du programme décennal de gestion des inondations PDGI et perspectives (2012-2022)», l’ONAS note que pour la phase d’urgence 2012- 2013, il a reçu plus de 30 milliards. «Pour cette 1ère phase, le focus a été mis sur le renforcement des ouvrages existants et la réalisation de nouvelles infrastructures et d’équipements, principalement dans le département de Dakar qui disposait déjà d’ouvrages primaires dont il fallait augmenter la capacité pour permettre leur extension en tenant compte de l’impluvium. Cette phase a mobilisé un montant global de 32 256 000 000 FCFA dont 30 225 000 000 FCFA pour les investissements et 1 981 000 000 F CFA au titre des opérations d’entretien », lit-on dans le rapport.
Dans le Plan décennal de Lutte contre les Inondations, l’Office National de l’Assainissement du Sénégal est chargé de la mise en œuvre du volet «drainage des eaux pluviales» et son travail s’articule autour de la construction de nouvelles infrastructures, de réhabilitations et de renforcements des stations et réseaux existants ainsi que de l’entretien des réseaux existants.
Ainsi, en ce qui concerne la deuxième phase, l’ONAS a dépensé 8 milliards de francs CFA. «La phase intermédiaire d’un coût de 8 000 000 000 FCFA s’est orientée vers des travaux de renforcement des ouvrages d’assainissement dans la banlieue, avec la mise en œuvre des orientations du plan directeur de drainage des eaux pluviales de Guédiawaye et Pikine (PDD), mais également la réalisation d’ouvrages structurants dans les régions les plus touchées par le phénomène», ajoute le document. S’agissant de la troisième «phase court terme 2017-2022», la structure dirigée par Ababacar Mbaye a également utilisé la somme de 8 milliards F CFA. «La phase 2017-2022 consacre la poursuite du programme dans les régions du centre et du sud et le renforcement des systèmes. Les réalisations de cette phase sont jusqu’ici fortement impactées par la faiblesse des ressources dédiées au PDLI. Le budget de 8 000 000 000 FCFA mobilisé entre 2017 et 2019 a permis la réalisation des travaux», renseigne le rapport.
Selon l’ONAS, tous ces investissements déployés dans le cadre de la mise en œuvre du PDLI ont permis de réduire fortement les inondations dans plusieurs localités du pays. En effet, d’après le document, les milliards reçus ont permis la construction des ouvrages de drainage des eaux pluviales dans des quartiers jadis soumis aux inondations, ce qui a permis de pallier le phénomène et de libérer des zones impactées dont certaines depuis plusieurs années. Il s’agit pour l’ONAS de localités de la capitale sénégalaise comme Ouest Foire, Grand Yoff, Dalifort, Maristes, Wakhinane Nimzatt, Yeumbeul, Medina Gounass, Djidah Thiaroye Kao, Keur Mbaye Fall, etc.
Des quartiers de Touba tels que Keur Niang, Darou Rahmane, Ndamatou ou encore de la cité Sonatel à Mbour. «A Bambey, Saint-Louis et Thiès, plusieurs quartiers ont également été traités. Depuis la mise en œuvre de ce programme, les écoles et autres lieux publics autrefois occupés pendant plusieurs mois par les impactés des inondations ne le sont plus. Ceci peut être considéré comme un indicateur de la pertinence et de l’impact de toutes les réalisations du PDLCI», se glorifie l’Office National de l’Assainissement du Sénégal qui précise que pour la période 2019-2022, un important projet d’eaux pluviales est en cours à Kaolack dans le cadre du programme d’assainissement des 10 villes, pour un montant de 15 089 250 819 F CFA sur financement de l’Etat avec le concours de la Banque ouest-africaine de développement(BOAD). Pour le reste du programme, indique le rapport, il faudra mobiliser le financement complémentaire estimé à 117 004 000 000 F CFA.
LES PRODUCTEURS DE MANGUES AU SENEGAL VICTIMES DE LA MOUCHE DES FRUITS
Pour éviter cette infestation atteint les 40 à 80%, les producteurs sont parfois obligés de faire une récolte prématurée, ce qui entraîne des pertes énormes, avec des fruits de très mauvaise qualité.
Le Sénégal est connu pour ses bonnes productions annuelles de mangues, mais les producteurs tardent encore à en tirer le maximum de profit financier. C’est parce que les vergers subissent l’attaque de la mouche des fruits, qui étouffe ainsi toute la filière. Mais une alternative s’est installée avec Green Valley, à travers un projet pilote portant sur 300 ha et au niveau du verger de Thissé, dans la commune de Pire. L’ennemie de la production de mangues a été vaincue, avec un taux d’infestation de moins 1%
Le Sénégal produit d’énormes quantités de mangues, y compris des variétés d’exportation au goût excellent, et très prisées sur le marché européen, mais depuis quelques années, le péril de la mouche des fruits étouffe la filière. Ainsi, souvent la qualité fait défaut à cause surtout d’une infestation presque systématique, quand les mangues sont mûres, empêchant toutes possibilités d’exportation.
Pour éviter cette infestation qui atteint les 40 à 80%, les producteurs sont parfois obligés de faire une récolte prématurée, ce qui entraîne des pertes énormes, avec des fruits de très mauvaise qualité. Mais avec le projet Green Valley, qui a déployé à l’intérieur des vergers des petits producteurs avec lesquels il travaille, un protocole appelé « des vergers certifiés avec des produits de qualité et très bons pour le commerce », cette page est en train d’être tournée, avec aussi la levée des contraintes d’exportation et la libération de la qualité gustative.
Selon Dr Papa Djibril Faye Manager du projet d’exploitation Green Valley Sénégal, le projet pilote a démarré sur une superficie de 300 ha. L’objectif est de protéger plus de 90% de la production de mangues. En effet, depuis 2004, avec l’entrée dans le territoire de la mouche invasive, les producteurs perdaient entre 50 et 80% de la production. Actuellement, en cette deuxième quinzaine du mois d’août 2021, dans les autres localités du pays telles que les zones des niayes, de la Casamance, il suffit d’entrer dans les vergers pour se rendre compte que la production est à 100% infestée.
Tout le contraire à Thissé, un village de la commune de Pire où intervient Green Walley ; le taux d’infestation a été réduit à moins de 1%. D’ailleurs il indique que la protection n’est qu’une partie de la ligne de travail de Green Valley ; il s’occupe également de la commercialisation en venant avec le marché. C’est ainsi qu’il achète la production à un prix fixe, après concertations avec la coopérative des producteurs de Green Valley qui sera mise en place à la fin de cette phase pilote, pour toute la campagne.
Cette année, avec la phase pilote, la commercialisation va bientôt démarrer mais en 2022, ce sera à partir de la Casamance pour 6 mois. Pour cette campagne, l’objectif est d’exporter jusqu’à 15 000 tonnes de mangues « Kent » et pour 2022, il s’agit de faire en sorte que le volume d’exportation du Sénégal atteigne les 50 000 tonnes en lieu et place des 15 à 20 000 tonnes traditionnelles. Il ajoute que d’ici 2030, il est inscrit sur les tablettes la volonté d’aller jusqu’à 200 000 ou 250 000 tonnes ; et c’est possible d’autant plus que le Sénégal a bel et bien le potentiel. Et ainsi la filière mangue sera la première filière agricole du Sénégal sous Green Valley Sénégal.
Après la visite de la plantation de Thissé, Sory Mamadou, exportateur ivoirien, se dit impressionné par la qualité des fruits car malgré les fortes précipitations, la mangue est encore intacte et il a des clients qui sont prêts à prendre cette production. La mangue est exportable et il est prêt à s’engager pour 50 tonnes au moins par semaine et selon lui, avec cette démarche, la mangue sénégalaise sera davantage compétitive sur le marché. A ses yeux, cette intervention de Green Valley est une réelle opportunité pour le Sénégal, contrairement à la Côte d’Ivoire qui vit encore les méfaits dévastateurs de la mouche des fruits et où les acteurs sont même parfois obligés d’interrompre la campagne durant au moins 45 jours. S
elon Dr Papa Djibril Faye, l’ambition de Green Valley est d’accompagner tous les producteurs qui font face aux dégâts causés par les mouches des fruits. Les producteurs parviennent à écouler une partie des productions, mais dans d’autres pays, c’est 100% de pertes. Il souligne qu’il y a quelques années en Côte d’Ivoire, le niveau d’infestation était tel que le pays avait été mis sur la liste rouge. Il a fallu une forte implication de l’Etat dans l’achat de produits et le soutien des structures de recherches et de services pour pouvoir faire revenir le pays dans l’export. Il renseigne que le Sénégal n’a pas encore été victime de cette mesure de l’Union Européenne (UE) et avec Green Valley, il est clair qu’à partir de 2022, les agriculteurs sénégalais seront les champions de l’exportation de la mangue.
Pour Cheikh Thioune producteur de mangues, secrétaire général de la coopérative des producteurs de mangues de la zone des Niayes, qui regroupe 23 communes, la campagne de cette année bat tous les records depuis 2011, avec des mangues de qualité et en quantité suffisante, mais la grosse difficulté, c’est l’absence des exportateurs. Selon lui, l’ennemi principal des producteurs au mois d’août, c’était la mouche des fruits, mais elle est vaincue comme en atteste la situation de ce verger, avec des fruits intacts. Et si l’Etat du Sénégal a le souci d’accompagner les producteurs, il doit s’intéresser à l’action de Green Valley qui a terrassé leur ennemi principal.
COLÈRE CONTRE JAMRA
L’absence d'espace de représentation des défoulements singuliers ou collectifs ne risquerait-elle pas de plonger nos sociétés dans une violence due à un douloureux refoulement ? Faut-il que Jamra censure TikTok, YouTube et autres ?
Cri du cœur d’Africain blessé de voir des inquisiteurs pourfendre la diversité de pratiques et d’options de vie au nom d’un processus d’uniformisation, au nom de leur vision de la religion. Je vais puiser dans nos cosmogonies et imaginaires pour crier colère contre Jamra au nom de la multiplicité des mondes parce qu’il n’y a pas un seul monde.
La symbolique du khakhar est d’organiser un défoulement dans la joie pour réaliser un espace de coexistence. Celle qui arrive à payer un ticket d’entrée. Aujourd’hui, les censeurs comme Jamra, Iran Ndaw crient au scandale sans rien comprendre de cette symbolique.
Nos traditions, nos cosmogonies avaient trouvé des ressorts de dynamisation de la paix, de la cohésion communautaire. Je peux citer la circoncision groupale, le takk deun, le sagarou ndiam, etc. Faut-il que Jamra censure TikTok, YouTube et autres, qui offrent des espaces de représentation individuelle des défoulements singuliers ou collectifs dans la société ? On y trouve des sabars de jeunes filles longtemps et toujours confinées dans des quartiers-prisons. Elles s’offrent un temps de plaisirs. Va-t-on leur crier haram ? Si ces espaces n’existaient pas, ne court-on pas le risque de voir nos sociétés plongées dans une violence due à un long et douloureux refoulement ?
Et nos inquisiteurs le disent au nom d’autres représentations, d’autres croyances. Il est temps de comprendre que nos imaginaires africains regorgent de représentations scientifiques socialement avant même que l’Europe ne connaisse la révolution industrielle et scientifique. Et puis, la guerre contre la laïcité, c’est quoi même ? Une guerre arabo-religieuse contre une Europe judéo-chrétienne sur fond de laïcité. L’Afrique a pratiqué la laïcité bien avant l’Europe. Chaque communauté avait ses Dieux et ses lieux de cultes. Il n’y a jamais eu au nom de la laïcité une guerre religieuse entre communautés comme celle entre les protestants et les catholiques, celle entre sunnites et chiites. « Sama khambi maam », le lieu de culte de mon grand n’a jamais été un terme de conflits. Nous ne pouvons pas ignorer la richesse de nos patrimoines imaginaires et religieux africains.
À propos d’éducation sexuelle traditionnelle, je peux citer une communauté qui organisait un rituel d’éducation sexuelle en mettant jeunes filles et jeunes garçons ensemble dans une chambre toute une nuit pour leur apprendre la retenue, le respect du corps de l’autre, la lutte contre le masochisme. L’Afrique a été victime et le reste. Nos cultures, nos imaginaires ont été saccagés et vilipendés pour en instaurer d’autres.
Que les inquisiteurs sachent qu’ils sont victimes d’une intolérance qui n’est nullement et essentiellement africaine. Vive la diversité. Pour mille écoles de mille mondes fortement ressourcés à nos imaginaires propres existants.
L’UNACOIS JAPPO PARLE D’UNE «PENURIE PLANIFIEE ET PROVOQUEE»
L’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois Jappo) soutient que la pénurie de sucre en poudre, que connait le pays depuis quelques semaines, est faite à dessein
L’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois Jappo) soutient que la pénurie de sucre en poudre, que connait le pays depuis quelques semaines, est faite à dessein. Mieux, Idy Thiam et ses collègues pensent que cette pénurie de sucre a été planifiée et provoquée. Ils ont tenu un point de presse hier, mardi 24 Août.
Depuis quelques semaines le Sénégal connait une pénurie de sucre en poudre, ce qui a fini d’installer le malaise auprès des populations. L’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois Jappo) soutient que cette pénurie est faite à dessein. Mieux, Idy Thiam et ses collègues estiment que cette pénurie de sucre a été planifiée et provoquée. «Il y a un procès à tort qui a été fait aux commerçants consistant à dire qu’ils font de la rétention de stock. A quelle fin ? Qu’est-ce qu’un commerçant gagnerait à garder un produit qui est recherché par les consommateurs et qu’il peut vendre au meilleur prix ? Cela n’a aucun sens. Qu’est-ce un commerçant avertit qui cherche du profit et du bénéfice gagnerait à garder du sucre alors que ce sucre est demandé dans le marché. Donc, cette pénurie est provoquée et planifiée, parce que nous savons tous que l’industrie sucrière au Sénégal ne peut pas couvrir les besoins du marché », a soutenu Ousmane Sy Ndiaye, directeur exécutif de l’Unacois Jappo, lors d’un point de presse hier, mardi 24 Août .
Par conséquent, il indique qu’à chaque période de l’année, le marché doit être ouvert pour compléter ses besoins en termes d’importation. Mais, se désole-t-il, si le régulateur, celui en charge de la surveillance du marché qui est le ministère du commerce attend qu’on soit à la «date-pile» pour demander que les importations soient ouvertes, c’est une façon de dire aux gens de se rendre à l’évidence.
L’Unacois Jappo pense que ce défaut de planification et d’accompagnement de l’approvisionnement du marché à cette période où notre marché dépend essentiellement de l’importation est fait volontairement dans le seul but de favoriser l’industrie sucrière au détriment des commerçants. Ainsi, pour rétablir la situation le plus rapidement possible, l’Unacois Jappo formule trois demandes essentielles à l’endroit du Président de la République Macky Sall. D’abord les commerçants veulent que le Chef de Etat procède dans les meilleurs délais à un arbitrage effectif de la situation entre l’Unacois et le ministère du commerce pour que le marché retrouve son fonctionnement normal.
Ensuite, l’Unacois invite le Chef de l’Etat à clarifier définitivement la situation du marché du sucre au Sénégal. «Nous avons une industrie qui a le monopole de la production du sucre. Qu’il s’en tienne à son activité de production et que l’activité d’importation soit dévolue aux commerçants», a lancé Ousmane Sy Ndiaye. Et enfin l’Unacois Jappo estime que l’Etat doit se donner les moyens de tirer au clair cette situation tendue, difficile et nébuleuse pour situer les responsabilités et procéder aux sanctions nécessaires.
LE FLOU DE L’ACTE III REFAIT SURFACE
Entre la Ville de Dakar, gérée par Soham El Wardini de Taxawu Sénégal opposée au pouvoir et la mairie de Dakar Plateau gérée un proche du régime, Alioune Ndoye du Parti socialiste (Ps), á qui revient la compétence de la réhabilitation du marché Sandaga ?
Le différend qui oppose la Ville de Dakar à la collectivité territoriale de Dakar Plateau, sur la démolition du bâtiment central du marché Sandaga, remet au goût du jour la lancinante question de la délimitation claire des compétences et prérogatives des différentes structures. L’imprécision de l’Acte III de la décentralisation sur les compétences des uns et des autres, est mise en cause.
Entre la Ville de Dakar, gérée par Soham El Wardini, maire de la coalition Taxawu Sénégal opposée au pouvoir central et la collectivité territoriale de Dakar Plateau, à sa tête un maire proche du régime, Alioune Ndoye du Parti socialiste (Ps), á qui revient la compétence de la réhabilitation du marché Sandaga ? Cette question mérite tout son pesant d’or d’autant plus que tous les deux brandissent des arguments pour asseoir leur légitimité á agir dans cette affaire. En effet, le maire de Dakar Plateau fait appel á l’Acte III de la décentralisation pour réclamer la réparation d’une injustice. Faisant face á la presse, le lundi 16 août dernier, ce responsable du Ps, anciennement membre de la coalition Taxawu Ndakaru qui s’est agrandie en Taxawu Sénégal, indique qu’«avec l’Acte 3, la gestion des équipements, des marchés de même que des infrastructures correspondantes a été dévolue aux communes qui les abritaient a l’exception d’un seul marche dans tout le Sénégal, a savoir Sandaga. Nous avions alors dénonce cette situation au niveau de la commission Ad-hoc constituée pour la démolition du patrimoine mais, aussi par plusieurs écrits. L’argument banal qui nous avait été opposé fut que Sandaga n’était plus un marché puisque délocalisé aux Champs de course depuis 2013 et déclare déjà à l’époque comme menaçant ruine bien avant qu’il ne subisse deux grands incendies».
Pour sa défense, le successeur de Khalifa Sall à la mairie de Dakar brandit les arrêtés 27/11 du 3 mai 2006 et celui 88/3 du 12 septembre 2007, conformément a la loi 71-12 du 25 janvier 71 fixant le régime des monuments historiques, sans oublier celui des fouilles et découvertes et son décret 2001-1065 du 11 décembre 2001 relatif a un inventaire des sites et des monuments du Sénégal. « Ainsi, cette loi a son article 170 confère a la ville, la surveillance et la conservation des sites et monuments historiques, la promotion et la valorisation des sites et monuments historiques, la promotion de la culture nationale et locale », soutient-elle comme arguments pour asseoir sa légitimité. Ce conflit de compétence rappelle bien des égards ceux précédents qui avaient opposé la Ville de Dakar á certaines structures, depuis l’entrée en vigueur de l’Acte III de la décentralisation. Trois épisodes de cette guerre entre la Ville de Dakar et d’autres entités, tel que l’État central, restent frais dans les mémoires.
A l’instar de la sommation servie à la Mairie de Dakar par la Direction de la surveillance et du contrôle des sols (Descos, un organe dépendant de la Primature) pour arrêter les travaux de pavage sur la corniche ouest de Dakar, du blocage par l’Etat de l’emprunt obligataire lancé par la ville de Dakar dans la zone Uemoa, comme du différend ayant opposé la municipalité à l’ex-ministre du Cadre urbain, Diène Farba Sarr, concernant l’aménagement de la Place de l’Indépendance. Quid de ce fameux Acte III de la décentralisation censé faire une répartition claire, juste et équitable des pouvoirs et compétences des différentes structures sur un même territoire ? Pourquoi les autres villes gérées par des maires proches du pouvoir, á savoir Pikine du maire de l’Apr, Abdoulaye Timbo, Guédiawaye d’Aliou Sall de l’Apr, Thiés de Talla Sylla de l’Alliance Jëf Jël, parti membre de la mouvance présidentielle, ne connaissent pas ce conflit de champs de compétence ? En réalité, le problème semble provenir de cette réforme entrée en vigueur, en 2014.
De l’avis d’un expert en décentralisation qui a requis l’anonymat, « il y a beaucoup de flou » sur les interventions des uns et des autres sur le même territoire. Brandissant les principes du code, notamment la libre administration des collectivités territoriales, la compétence générale de développement économique et social de leur territoire, il se demande alors qu’est ce qui peut empêcher á une commune d’agir. Au même moment, fait-il noter, la loi fait un transfert de compétences de l’Etat vers lesdites collectivités dans huit domaines. Par exemple, il a été dévolu aux collectivités les compétences de construction de salles de classe et de centres de santé, ainsi que la réhabilitation de ceux-ci. Mais, depuis 1996, année du transfert de ces ressorts, l’État continue de construire des salles de classe. Sur le domaine de l’urbanisme, l’État a transféré la compétence sur l’urbanisme et l’aménagement du territoire. C’est en réalité aux communes de faire un plan d’utilisation des sols. Malheureusement, regrette l’expert en décentralisation, les communes ne planifient pas l’urbanisme et l’aménagement.
Ainsi donc revient le problème des moyens de ces collectivités. Notre expert fait remarquer, en outre, que l’Acte III de la décentralisation n’a pas respecté une des orientations qui dit qu’il faudrait la lisibilité des échelles de gouvernance, c’est á dire, qu’il faut définir clairement les responsabilités des uns et des autres, á savoir entre l’État et les autres, mais aussi entre les collectivités territoriales, les départements, les communes qui sont á l’échelle des villes, entre autres. Ce qui n’a pas été fait, laissant un vide exploité selon les intérêts. Il pense, par conséquent, que la seconde phase de l’Acte III doit prendre en charge ces grandes questions pour que la cohérence territoriale permette d’avoir une viabilité concrète des collectivités. Mieux, il reste convaincu que tant qu’il n’y a pas une clarté des responsabilités, les objectifs d’émergence ne seront jamais atteints.