La vie et l’œuvre de ce philosophe ghanéen sont méconnues de beaucoup d’Africains. Mais, en Allemagne, une université lui a construit une statue et un prix « Anton Wilhem Amo » est remis chaque année, depuis 1994, aux étudiants étrangers les plus brillants par l’université Martin Luther de HalleWittemberg.
Anton Wilhelm Amo est né au Ghana. On situe sa date de naissance vers 1703, mais peut-être est-il né bien avant cette date. Car, c’est en 1707 qu’il a été capturé par des esclavagistes de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales dans une région du Ghana colonisée à l’époque par l’État de Brandebourg-Prusse, appelée Groß Friedrichsburg, et offert en « cadeau » à Anton Ulrich, duc de Brunswick-Wolfenbüttel. On suppose qu’il n’a pu être capturé à l’âge de quatre ans seulement, ce qui soulève des doutes sur sa date de naissance officielle.
Quoi qu’il en soit, Anton Wilhem Amo a été baptisé le 29 juillet 1707. Il est ainsi mentionné pour la première fois dans les registres de la chapelle de Brunswick-Wolfenbüttel, sous le nom d’Anton Wilhelm, par ses deux parrains, le duc Anton Ulrich et son fils August Wilhelm de Brunswick-Wolfenbüttel.
Dans cette famille de l’aristocratie prussienne, Anton reçoit une solide éducation bourgeoise. Les historiens ont consulté les registres financiers du château de Brunswick-Wolfenbüttel qui font état de deux dons au nom d’Amo aux années 1716/1717 et 1719/1721 pour financer ses études.
En 1727, Amo est inscrit au Collège de Philosophie et de Sciences Humaines à l’université de Halle où il obtient une licence en droit en 1729, après un mémoire sur les droits des Noirs en Europe, intitulé « De Jure Maurorum in Europa » (Du droit des Maures en Europe). Une année plus tard, en septembre 1730, il rejoint l’Université de Wittemberg où il poursuit ses études en médecine. En avril 1734, il soutient sa thèse intitulée « De Humanae mentis apatheia » (De l’Apathie de l’âme humaine).
Il devient alors le premier Africain noir à être docteur en lettres et philosophie dans une université européenne. Il est nommé professeur à l’université de Halle en 1736. C’est là qu’en 1738 il publie son deuxième ouvrage, le « Traité sur l’art de philosopher de manière simple et précise ». Et en 1740, il reçoit une chaire de philosophie à l’Université d’Iéna où il enseigne la philosophie jusqu’en 1747. Puis, sans doute pour éviter le contexte raciste de l’époque où les préjugés sur les Noirs restaient encore tenaces, il décide de retourner au Ghana en 1751.
Naturellement, du fait de ses origines, la philosophie d’Amo a été largement occultée. Néanmoins, celui-ci est mentionné par différents auteurs dans le but de prouver la valeur potentielle des Noirs, dans une époque où les préjugés racistes sont nombreux. En 1787, dans « Von den Negern » (Des Nègres), Johann Friedrich Blumenbach, biologiste de renom, cite le nom d’Amo parmi d’autres Africains pour prouver l’égalité intellectuelle entre Africains et Européens. En 1808, l’abbé Grégoire, dans son ouvrage intitulé « De la littérature des Nègres », présente des « Notices de Nègres et de Mulâtres distingués par leurs talents et leurs ouvrages ».
Dans cet ouvrage, il accorde quatre pages à la vie et à l’œuvre d’Amo et déclare que « l’Université de Wittemberg n’avait pas, sur la différence de couleurs, les préjugés absurdes de tant d’hommes qui se prétendent éclairés ». Au XXe siècle, Anton Amo a surtout passionné quelques auteurs par son parcours atypique. En 1916 et en 1918, un bibliothécaire du nom de Wolfram Suchier consacre deux biographies à la vie d’Amo, soulignant son caractère exceptionnel.
C’est cette même exceptionnalité de voir des Africains qui expliquerait, selon Suchier, la reconnaissance de ses pairs pour la philosophie d’Amo. En 1946, dans un contexte international encore largement inégalitaire, Beatrice Fleming et Marion Pryde publient « Distinguished Negroes Abroad » (Noirs éminents à l’étranger), où la vie d’Amo est décrite. En 1957, dans son autobiographie, Kwame Nkrumah, président du Ghana, rappelle qu’il a éprouvé un grand intérêt pour cette personnalité africaine de premier plan dont l’œuvre était jusque-là ignorée.
La figure d’Amo a été également instrumentalisée par le régime communiste de la République démocratique allemande. L’université de Halle, située en Allemagne de l’Est, s’est enorgueillie d’avoir accueilli un des premiers étudiants noirs en Europe. Elle cherchait ainsi à prouver l’existence d’une alliance historique entre les pays socialistes et les pays africains.
Dans ce contexte, l’université a dressé une statue d’Anton Wilhelm Amo. Burchard Brentjes, en 1976, dans « Anton Wilhelm Amo – Der schwarze Philosoph in Halle » (Anton Wilhelm Amo – Le Philosophe noir à Halle) présente Amo comme un contre-exemple de l’histoire de la colonisation. Si la figure d’Amo a été largement utilisée pour défendre les droits des Noirs ou revendiquer leur égalité intellectuelle, son œuvre a rarement été prise en compte comme pilier des « Aufklärung ».
Anton Amo est ainsi largement emblématique, mais sa philosophie est peu connue et peu discutée. C’est dans une perspective symbolique que, depuis 1994, l’université Martin Luther de Halle-Wittemberg remet un prix « Anton Wilhelm Amo » destiné aux étudiants étrangers. Au Ghana, Anton Amon s’est paradoxalement reconverti dans… l’orfèvrerie, ce qui confirme que c’était un personnage atypique, touche-à-tout et curieux de tout. C’est là, dans son pays d’origine, qu’il trouvera la mort en 1753.
Par Mohamed Bachir DIOP
LES ETUDIANTS DIVISÉS SUR LA SUPPRESSION DES AMICALES
La proposition de dissoudre les amicales et de fermer le campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) n’est pas du goût des étudiants qui s’y opposent fermement
La proposition de dissoudre les amicales et de fermer le campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) n’est pas du goût des étudiants qui s’y opposent fermement. Dans ce temple du savoir, le débat sur la place et le rôle de ces amicales se pose avec acuité. Les élections des directions des amicales constituent une pomme de discorde entre les étudiants et l’administration du COUD (Centre des œuvres universitaires de Dakar).
En ce lundi matin du mois d’avril, le campus social a son allure habituelle. Ses pensionnaires squattent les différents pavillons. Le point de presse que devaient tenir les amicales a été annulé. La récente sortie du Conseil restreint de l’Université, demandant la fermeture du campus social et la suspension des amicales, n’est pas pour plaire aux étudiants qui s’y opposent. Assis seul sur un banc, isolé de ses autres camarades, Ibnou Oumar Ba, vêtu d’une chemise grise et d’un pantalon noir, donne son avis. Selon lui, fermer le campus social, c’est « exposer les étudiants dans un dilemme dont ils ne seront pas en mesure de se sortir. Ce n’est pas une bonne idée. Penser que cela règlerait les problèmes liés à l’insécurité serait une chose absurde. Ce n’est pas en fermant le campus social que les problèmes seront réglés », explique l’étudiant en Master 1 en philosophie. Concernant le fait de vouloir mettre fin aux amicales, il affirme que c’est encore placer l’université dans l’incertitude. « Encore une fois, dissoudre les amicales ne va rien régler. Ça aura des conséquences plus désastreuses que le mal que l’on prétend régler. Aucun étudiant n’acceptera cela, il faut comprendre que les amicales représentent les étudiants. Qui dit étudiant, parlera forcement des amicales car ce sont elles qui sont censées nous représenter en cas de conflits avec l’administration du COUD, mais aussi hors de l’université » explique Ibnou Oumar Ba qui reconnait qu’il y a énormément de problèmes mais estime que ce n’est guère en en créant d’autres qu’on va résoudre ceux auxquels on veut s’attaquer. Le mal est profond, selon lui.
Seydou Niang, étudiant en master 2 en espagnol, rejoint son camarade, jugeant la recommandation du Conseil restreint de l’université absurde. « Il faut qu’ils se demandent où vont loger ces étudiants qui n’habitent pas Dakar » demande le jeune homme qui pense qu’il faut en amont mettre fin aux problèmes inclusifs qui se posent à l’université. Pour Seydou Niang, la solution doit d’abord consister à règlementer le campus social. « L’administration est censée savoir le nombre d’étudiants à l’université. Certes, nous sommes tous étudiants, mais il y a des cartouchards, des vendeurs et des personnes qui n’ont rien à voir avec les études parmi nous » fait-il savoir avant d’inviter les autorités compétentes à faire un recensement au niveau du campus. Pour Babacar Diop, novice dans le milieu universitaire, c’est la codification qui est la véritable source des conflits entre les amicales. De ce fait, le COUD doit la reprendre des mains des étudiants. « Les chambres devraient revenir à ceux qui excellent dans les études. Malheureusement, ce critère d’excellence n’est pas pris en compte par les amicales qui préfèrent donner les chambres à leurs amis qui sont souvent des cartouchards, s’ils ne les vendent parfois » indique M. Diop. Pour diriger les amicales, Assane Fall de la faculté des sciences propose de « promouvoir les camarades qui sont brillants ou bien qui ont connu un passage brillant dans leur premier cycle pour les diriger ». En un mot, cet étudiant invite les autorités à privilégier l’excellence.
« L’administration est complice de tout ce qui se passe ici »
Les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar sont unanimes sur une chose à savoir que les violences survenues récemment dans l’espace universitaire n’ont rien à voir avec les amicales. En effet, selon plusieurs responsables et présidents d’amicales, les autorités du Coud savent de quoi et de qui il s’agit, mais refusent de prendre leurs responsabilités. Djibril Guèye, étudiant à la Faculté des sciences juridique et politiques, secrétaire général sortant de l’amicale des étudiants de ladite faculté, pense que « l’erreur commise par les autorités administratives, c’est le fait d’avoir confondu ces deux forces, Kekendo et Ndef Leng, à des mouvements syndicaux alors qu’ils n’ont aucun lien de causalité avec les amicales ». D’après cet étudiant, il est « inacceptable » que les autorités universitaires veuillent dissoudre des structures qui ont été autorisées par la Constitution. Car le fait de se syndicaliser à travers les amicales est un droit. Par ailleurs, il pense que les autorités compétentes doivent combattre ce genre de « mouvements qui visent à se réunir, former un bloc pour terroriser l’espace universitaire et ainsi attiser la violence. C’est ce genre de mouvements qui créent l’insécurité tant décriée. Ce qui est désolant, c’est que l’administration est au courant de ce phénomène qui est en train de perdurer et qui ne fait que dégrader l’environnement social du campus. Ce qui m’autorise à penser que les autorités administratives sont complices de ce qui se passe ici » confie Djibril Guèye. Il ne manque pas de soulever un point qui lui parait important. A l’en croire, l’administration doit revoir la manière par laquelle sont élus les représentants des amicales. A l’en croire, il faudrait tout réguler et faire en sorte qu’il y ait des critères pour qu’une personne puisse se présenter aux élections. En somme, il faut choisir l’excellence pour diriger. Le principal problème, c’est également le fait que les amicales bénéficient de pouvoirs exorbitants. « Elles sont superpuissantes et ce n’est pas normal », peste le jeune homme.
La suppression des amicales ? Une décision « inopportune »
Cependant, Yamar Cissé, étudiant en master 2 en sociologie, coordinateur de la liste « Espoir » et président de la coalition excellence de la faculté des lettres, soutient de son côté que la violence au sein de l’espace universitaire n’est pas une chose nouvelle. « Ça date depuis fort longtemps. Ce genre de situation se répète à l’université », insiste-t-il. Sur la suppression des amicales voulue par le Conseil restreint de l’Université, M. Cissé confie que c’est avec une grande surprise qu’ils ont accueilli cette décision « inopportune » à leurs yeux. « C’est une décision prise à la suite d’une affaire qui ne nous concerne pas. Ils se sont basés sur la mort d’un homme qui n’a rien à voir avec les amicales. Il fallait qu’ils réfléchissent avant de prendre une telle décision. Heureusement qu’ils n’ont pas été suivis par les autorités du Coud. Sinon qui allait porter la voix des étudiants ? Qui allait négocier pour nous devant les autorités et l’administration ? Si les étudiants veulent faire quelque chose, qui va être leur intermédiaire avec les autorités ? ». Autant de questions que se pose un des prétendants à la présidence de l’amicale des étudiants de la faculté des Lettres. Concernant le rôle que doit jouer une amicale, Yamar Cissé estime pour sa part que celle-ci est la voix des étudiants.
A l’en croire, l’amicale joue un rôle très important au sein de l’université, car tout passe par elle. A savoir : la pacification, le maintien de l’ordre, la paix et bien d’autres choses. Les étudiants respectent les amicales et se conforment toujours à leurs décisions, ajoute-t-il. Pour ce candidat, « l’idéal serait alors d’accélérer le processus électoral, d’appuyer les amicales en place pour qu’elles puissent négocier et discuter avec les étudiants afin qu’ils puissent respecter le règlement universitaire établi », indique Yamar Cissé. Il pense qu’il est temps pour les étudiants d’adopter un autre comportement, car les choses sont en train de se dégrader au niveau de l’espace universitaire. Pour Steven Dame Sène, président sortant de l’amicale de la Faculté des Lettre et Sciences humaines, une amicale doit défendre les étudiants quand il le faut, traduire leurs visions en actes pour que ses administrés puissent se sentir dans de très bonnes conditions. Cela dit, notre interlocuteur dit bannir la violence qui sévit dans le campus. Pour terminer, il invite l’administration à mettre en place le processus électoral afin que tout se passe dans la paix.
SEPTAFRIQUE PERMET A 2500 JEUNES DE SE CASER
Face au chômage endémique qui frappe la jeunesse, l’académie Septafrique a organisé ce mardi 20 avril une conférence de presse.
Face au chômage endémique qui frappe la jeunesse, l’académie Septafrique a organisé ce mardi 20 avril une conférence de presse. La rencontre a regroupé des directeurs d’entreprises qui ont pris la décision de prendre chacun dix jeunes. C’était également un prétexte pour les organisateurs de dérouler le plan de la deuxième édition du Meet-Up de SeptAfrique Academy.
Deux mille cinq-cents jeunes ont trouvé le sourire grâce à l’académie Sept Afrique. En effet, le directeur de cette structure, Mouhamed Fall Al Amine, s’associe à la démarche des autorités tendant à trouver une solution au lancinant problème du chômage des jeunes. Il reste convaincu que l’on peut vaincre le chômage. La plateforme SeptAfrique Académy compte ainsi participer à lutter contre le manque d’emplois des jeunes.
Le Meetup organisé par le groupe SeptAfrique a enregistré la présence de 500 participants et plus de 250 décideurs, hommes d’affaires, chefs d’entreprises et leaders d’opinion. Deux cent cinquante chefs d’entreprises avaient pris chacun dix jeunes. L’ambition de Mouhamed Fall Al Mine est ainsi que ces jeunes, qui étaient en stage, intègrent des structures. C’est ce qu’il voudrait faire lors de la deuxième édition du Meet- Up, l’un des rendez-vous économiques incontournables de la capitale sénégalaise.
Pour Mouhamed Fall Al Mine, un enfant de la Médina, ce qu’il faut surtout éviter dans ce pays, c’est le désespoir. A l’en croire, une jeunesse désespérée est une bombe à retardement. De ce fait, pour le jeune leader de Sept Afrique, l’autorité doit rimer avec la vérité. Aussi, interpelle- t-il les décideurs à tenir un langage de vérité aux jeunes afin de pouvoir répondre à leurs préoccupations. D’éminents chefs d’entreprises ont participé à cette conférence de presse. Ces derniers se sont appesantis sur l’urgence de la question de l’emploi.
C’est ainsi que Riad Kawar, directeur général de FABRIMETAL, qui emploie plus de six cent jeunes avec des contrats, pense qu’il y a de la matière. « Il suffit juste de regarder le paradoxe qui se passe en Casamance. Bientôt les mangues seront jetées à la poubelle faute de chambre froide », regrette Riad Kawar qui s’est engagé à prendre dix jeunes. Il s’est dit convaincu que les entreprises peuvent participer à la création d’emplois pour des jeunes.
par Yoro Dia
LES RÉPUBLIQUES MONARCHIQUES
Dans une République, quand un fils remplace son père, quel que soit le contexte, on retombe dans la monarchie. Avec les événements en cours au Tchad, le Sénégal doit se préparer davantage s’il veut conserver sa stabilité
La République est le système politique qui a aboli le hasard de la naissance pour le remplacer par le mérite, tandis que la monarchie se fonde sur le hasard de la naissance. Aussi bien que la République, la monarchie peut être démocratique. L’Angleterre a le charme et la particularité d’être en même temps une des plus vieilles monarchies au monde, mais aussi une des plus vieilles démocraties. Ce que la vieille monarchie anglaise est pour la démocratie, les Républiques française et américaine l’incarnent pour la démocratie depuis leurs révolutions. Si la République s’accommode des dynasties politiques comme les Kennedy, les Clinton aux Etats-Unis, les Gandhi en Inde, les Bhutto au Pakistan et les Wade au Sénégal, elle est incompatible avec la «monarchisation» de la dévolution du pouvoir. Et le Sénégal a donné une grande leçon au monde le 23 juin 2011 en freinant le projet monarchique rampant, mais aussi et surtout en réglant démocratiquement le problème lors de la Présidentielle du 25 mars 2012.
Dans une République, quand un fils remplace son père, quel que soit le contexte, on retombe dans la monarchie. C’est là qu’il y a toute la différence entre les dynasties politiques qui sont compatibles à la République et système monarchique. Entre Bush père et Bush fils, il y a eu l’intermède Clinton. Si Hillary Clinton avait été élue en 2016, entre Monsieur Clinton et Madame Clinton, il y aurait eu un Bush et un Obama. Je me suis toujours dit que c’est pour éviter ces conflits dynastiques démocratiques entre les Clinton et les Bush, comme la guerre des deux Roses en Angleterre, qui opposa la maison des Lancaster et celle des York, que les Américains ont élu Obama dont le père n’est même pas Américain, renouant ainsi avec le réflexe du mérite et de l’abolition du privilège du hasard de la naissance, qui sont les piliers d’une République.
Au Tchad, la facilité avec laquelle la Constitution et les institutions ont été suspendues pour installer Deby-fils montre qu’on s’achemine vers un scénario dynastique à la togolaise. La logique familiale et tribale l’emporte sur celle de la République, comme c’est la règle dans les Républiques monarchiques, à l’exemple de la Corée du Nord ou de Cuba des frères Castro. La tâche la plus difficile pour Deby-fils ne sera pas de gagner les élections (simple mécanisme de re-légitimation du pouvoir et non pas remise en jeu du pouvoir) dans 18 mois, mais de tenir militairement face aux rebelles jusqu’à la fin de la transition, car le pouvoir n’est pas dans les urnes, mais «au bout du fusil».
Le Tchad et le Sahel viennent d’entamer 18 mois d’incertitude. Incertitude au Tchad où rien n’est encore joué. Incertitude dans le Sahel, car la priorité de Deby-fils ne sera plus le Sahel ou le Mali, mais comment vaincre la nouvelle rébellion qui va reprendre du poil de la bête après la mort de Deby Itno. La grande leçon qu’il faut en tirer est qu’il est toujours dangereux pour un pays de sous-traiter sa sécurité, comme l’a fait le Mali, car quand vous le faites, vous dépendez de l’agenda et des questions de politique intérieure du pays qui vous apporte le parapluie militaire.
Pour le Mali, les troubles internes au Tchad sont une très mauvaise nouvelle. Une autre mauvaise nouvelle pourrait venir de Paris, lors de la future Présidentielle française, en cas d’alternance. Même si Macron est reconduit, la plus grande implication du Tchad au Mali à la demande de la France marque le début du retrait de France et la «sahélisation» du conflit, comme la «vietnamisation» de la guerre du Vietnam par les Américains. La «vietnamisation» de la guerre au Vietnam entraîna la défaite du camp qui avait sous-traité sa guerre aux Américains. Avec la mort de Deby, la «sahélisation» prend déjà du plomb dans l’aile. Le Sénégal doit en tirer les leçons et se préparer davantage s’il veut conserver son îlot de stabilité dans cet océan d’instabilité qu’est le Sahel.
DES TRACTATIONS ENTRE MIMI ET ABC
En attendant de savoir le contenu exact de leurs échanges et ce qu’ils préparent, on espère que le palais n’aura pas des cauchemars en voyant les retrouvailles entre les deux trublions de la galaxie « mackyste »
Le médiateur de la République a rendu visite mardi 20 avril 2021 à l’ancien Premier ministre Aminata Touré à son domicile sis à Yoff. Alioune Badara Cissé et Mimi Touré prépareraient-ils un assaut contre Macky Sall ?
Dans l’après-midi d’hier, Alioune Badara Cissé (ABC) s’est déplacé dans la maison privée de Mme Aminata Touré « Mimi » pour une visite «amicale». Selon nos informations, Alioune Badara Cissé a, son arrivé à la maison de l’ancienne Présidente du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE), été reçu chaleureusement par Mimi Touré dans son salon privé. Dans cet endroit confortable, les deux personnalités, qui furent parmi les plus proches collaborateurs et amis du président Macky Sall, ont échangé des civilités. Et dans une ambiance décontractée, Mimi et Alioune Badara Cissé ont, à en croire nos sources, échangé et parlé en particulier du bon vieux temps.
Evidemment, ces deux fortes personnalités, qui ont fait partie des premiers compagnons du président de la République alors qu’il traversait le désert, ne se sont pas uniquement arrêtées à parler de banalités. Selon nos sources, elles ont aussi longuement discuté des récents événements sanglants qu’a connus notre pays le mois dernier. Chacun des deux aurait magnifié la position « responsable » de l’autre lors de cette situation regrettable. Rappelons à cet effet qu’aussi bien Aminata Touré que Alioune Badara Cissé avaient émis, au cours des violentes manifestations du début du mois de mars, de fortes recommandations allant dans le sens de demander au président de la République de prêter une oreille attentive à la jeunesse et à son peuple de manière générale. Beaucoup de sujets d’ordre national et international auraient aussi été discutés au cours de cette rencontre entre ces deux « Mackyistes » de la première heure...
Tout avec un grand T ?
Mimi et Alioune Badara Cissé, qui se vouent un grand respect, c’est un secret de Polichinelle dans les allées du pouvoir, auraient évoqué beaucoup de sujets que ça soit sur le plan national ou sur le plan international. Bien évidemment, ces deux figures de proue de l’Alliance Pour la République (APR) — même si le Médiateur a semblé avoir levé le pied ces dernières années — ont également parlé de la situation politique nationale. À la question de savoir si on peut s’attendre à ce qu’ils se retrouvent ensemble autour d’un projet politique tout en sachant que ABC, interdit de politique par la loi, rendra le tablier dans quatre mois et n’est pas homme à se taire, nos interlocuteurs nous font juste savoir que les deux ex-fortes têtes du «Macky» n’ont évité aucun sujet. «Ils ont parlé de tout et de toutes les possibilités...», nous font savoir nos sources. Tout avec un « grand T » comme le disait à l’époque l’opposant Abdoulaye Wade au sortir d’une audience avec le président Abdou Diouf ? Mystère. En attendant de savoir le contenu exact de leurs échanges et de ce qu’ils préparent dans les jours à venir, on espère que le Palais n’aura pas des cauchemars en voyant les retrouvailles entre Mimi Touré et ABC, deux trublions de la galaxie « mackyste »…
MATAR BA SOUHAITE UNE VICTOIRE DES LIONS À LA PROCHAINE CAN
Qu’Aliou Cissé se le tienne pour dit ! Le ministre des Sports ne transige pas sur les objectifs que le Sénégal s’est fixés à la prochaine Can prévue au Cameroun
Le ministre des Sports a rappelé au sélectionneur de l’équipe nationale de football, Aliou Cissé, ce qu’il attend de lui lors de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations (Can) prévue au Cameroun. En marge du congrès continental de l’Organisation du Sport Africain Travailliste et Amateur (Osta) qui se tient actuellement à Saly, Matar Bâ a soutenu que le seul objectif du Sénégal à l’issue de cette compétition, c’est que les Lions reviennent du Cameroun auréolés du titre de champions d’Afrique de football.
Qu’Aliou Cissé se le tienne pour dit ! Le ministre des Sports ne transige pas sur les objectifs que le Sénégal s’est fixés à la prochaine Can prévue au Cameroun. Selon Matar Bâ qui présidait le congrès continental du sport travailliste et amateur, le seul objectif recherché est le trophée continental.
Pour atteindre cet objectif, indique le ministre, il faut éviter d’y aller en ordre dispersé. «Nous devons faire bloc autour de l’équipe pour aller au Cameroun et revenir avec la coupe. A cet effet, nous devons renforcer nos atouts», affirme le patron des sports sénégalais. Se prononçant par ailleurs sur la nomination des membres du staff et le renforcement de l’équipe nationale, il considère que cela ne relève pas de ses compétences en tant que ministre des Sports. «Pour assister les entraîneurs nationaux, nous avons nommé des directeurs techniques. Maintenant, il appartient aux fédérations de recruter des entraîneurs. A notre niveau, nous ne faisons que payer les salaires», a rappelé Matar Bâ.
Revenant sur la rencontre à proprement parler, le ministre des Sports s’est réjoui de la tenue du congrès continental de l’Osta au Sénégal. «Le choix porté sur notre pays pour abriter le Congrès continental de l’Organisation du Sport Africain Travailliste et Amateur est un immense honneur et une grande fierté pour l’ensemble des composantes de la nation», a déclaré le maire de Fatick avant de relever : «Le sport à l’entreprise, le sport au sein de l’espace administratif, c’est une formule connue, mais qui mérite d’être encouragée, soutenue et accompagnée au même titre et dans les mêmes conditions que le sport à l’école. C’est un gage d’inclusion sociale et un puissant facteur d’amélioration du rendement et de la productivité individuels et collectifs».
En outre, Matar Ba a saisi cette occasion pour demander aux membres de l’Osta de participer dès maintenant à la vulgarisation des Jeux Olympiques de la Jeunesse (Joj) que le Sénégal va abriter en 2026. «Je saisis d’ailleurs cette opportunité pour demander l’inscription des JOJ dans l’agenda de vos programmes à venir», a soutenu le ministre des Sports.
LE JARAAF À 90 MINUTES D’UNE QUALIFICATION
L’équipe du Jaraaf affronte cette après-midi à 16 heures l’Etoile du Sahel, au stade Lat Dior, pour le compte de la cinquième journée des phases de poules de la Coupe de la confédération africaine de football (Caf)
L’équipe du Jaraaf affronte cette après-midi à 16 heures l’Etoile du Sahel, au stade Lat Dior, pour le compte de la cinquième journée des phases de poules de la Coupe de la confédération africaine de football (Caf). Les hommes de Cheikh Guèye, qui visent la première place de ce groupe, devront impérativement battre les Tunisiens afin de valider leur ticket pour le prochain tour.
Jaraaf / Etoile du Sahel est l’affiche tant attendue par les férus du football sénégalais. Après avoir récolté deux victoires synonymes de six points lors de sa double confrontation contre le Salitas FC, l’équipe de la Médina, leader de sa poule avec 7 points, pourrait assurer sa qualification dès ce soir en cas de victoire.
Battue à l’aller (2-0) à Tunis, l’équipe sénégalaise qui est à sa première participation rêve de créer l’exploit face à son adversaire du jour. En effet, les hommes de Cheikh Guèye auront comme mission de battre l’Etoile du Sahel au stade Lat Dior de Thiès afin de valider leur ticket pour les huitièmes de finale dans cette compétition. Les protégés du président Cheikh Seck seront attendus lors de cette confrontation par le public sénégalais. Malgré le partage de points en championnat le week-end dernier face au Stade de Mbour (0-0), le technicien sénégalais pourra compter sur le mental de ses joueurs qui va constituer l’un des facteurs déterminants au cours cette rencontre.
Avec le système de jeu imposé par Cheikh Guèye depuis son arrivée sur le banc des Vert et blanc, les joueurs sont déterminés sur le terrain. Pape Seydou Ndiaye et ses coéquipiers imposent leur jeu. Mais en face, les Tunisiens accrochés lors de la précédente journée par Sfaxien (2-1) devront ramener les points de la victoire s’ils veulent se relancer dans cette compétition.
Grâce à leur expérience en terre africaine, ils auront les ressources nécessaires pour déjouer le système de jeu des Sénégalais. C’est dire que la rencontre s’annonce âpre avec des Tunisiens qui occupent la 3e place avec 5 points. Maintenant, il appartient à l’équipe du Jaraaf de jouer pour marquer l’histoire en terre africaine.
LE SENEGAL CHUTE DE DEUX PLACES AU CLASSEMENT RSF
Le Sénégal n’est pas à l’abri des fossoyeurs de la liberté de la presse
D’après le classement 2021 de l’Ong Reporters Sans Frontières (Rsf) sur la liberté de la presse, le Sénégal a chuté de deux points pour occuper la 49ième position sur 180 places. Le rapport indique également que l’exercice du métier de journalisme est gravement menacé en Afrique et dans le monde.
Le Sénégal n’est pas à l’abri des fossoyeurs de la liberté de la presse. Dans son rapport 2021 sur la liberté de la presse publié hier, l’Ong Reporters Sans Frontières a indiqué que notre pays a connu une chute de deux points par rapport au classement précédent.
Désormais, le Sénégal occupe la 49ème position sur 180 pays dans le monde. Pis, le Sénégal quitte le groupe des pays où la situation est jugée satisfaisante. «Au Sénégal, le code de la presse qui entre progressivement en vigueur maintient des sanctions pénales très lourdes pouvant aller jusqu’à deux ans de prison pour des faits de diffamation. Une évolution d’autant plus inquiétante qu’aucun nouveau pays africain n’a mis fin aux peines privatives de liberté pour des délits de presse en 2020 comme le réclame RSF, notamment en RDC ou en Somalie (161e,+2)», relève Rsf dans son rapport.
Faisant état des atrocités commises à l’égard des professionnels de l’information, Rsf soutient avoir enregistré entre le 15 mars et le 15 mai 2020 trois fois plus d’arrestations et d’agressions de journalistes en Afrique subsaharienne que sur la même période un an plus tôt. «De nombreux pays, y compris parmi les démocraties les plus avancées du continent, ont eu recours à la force et à la loi pour empêcher les journalistes de travailler. Cette augmentation notable des atteintes se reflète dans la dégradation de 13% de l’indicateur exactions du Classement par rapport à l’année dernière et contribue à ce que l’Afrique demeure, en 2021, le continent le plus violent pour les journalistes selonla méthodologie utilisée par Rsf», souligne l’Ong.
Toutefois, Rsf révèle que les plus belles progressions de l’année se trouvent principalement sur le continent africain. «Le Burundi (147e, +13), la Sierra Leone (75e, + 10) et le Mali(99e, + 9) enregistrent tous des améliorations notables, dues notamment à la libération des quatre journalistes du média burundais indépendant Iwacu, à l’abrogation de la loi criminalisant les délits de presse au Sierra Leone et à la baisse du nombre d’exactions au Mali», indique Rsf qui ajoute que l’Europe et l’Amérique (Nord et Sud) restent les continents les plus favorables à la liberté de la presse, même si la zone des Amériques enregistre cette année la plus grande dégradation des scores régionaux (+2,5 %). Toutefois, le continent européen accuse une détérioration conséquente de son indicateur “Exactions”.
«Les actes de violence ont plus que doublé au sein de la zone Union européenne-Balkans, alors que cette dégradation est de 17% au niveau mondial. Les agressions contre les journalistes et les interpellations abusives se sont notamment multipliées en Allemagne, en France (34e), en Italie (41e), en Pologne (64e, -2), en Grèce (70e, -5), en Serbie (93e) et en Bulgarie (112e, -1)», renseigne Reporters Sans Frontières qui ajoute que seuls 12 pays sur 180, soit 7% (au lieu de 8% en 2020), peuvent encore se targuer d’offrir un environnement favorable à l’information.
POUR SAUVER LE SECTEUR AGONISANT DU TOURISME ET DU TRANSPORT AERIEN
L’Etat dégage une ligne de crédit de 75 milliards FCFA
Un pacte de stabilité sociale et de relance des secteurs du tourisme et des transports aériens a été signé hier entre l’Etat représenté par le ministre de tutelle Alioune Sarr, le patronat et les travailleurs. A l’occasion, il a été annoncé la mise en place d’une ligne de crédit de 75 milliards pour venir à la rescousse de ces secteurs précités fortement affectés par la pandémie de covid-19.
Les acteurs aéroportuaires et les professionnels de l’hôtellerie et de la restauration ont souffert énormément des effets de la crise sanitaire. La fermeture des frontières et les restrictions des déplacements liées à la pandémie de covid-19 ont lourdement frappé le transport aérien et par ricochet le tourisme. Ce dernier a tenté plus ou moins de se remettre sans succès avec le tourisme local. La seconde vague de covid-19 est venue doucher tous les espoirs de relance. Pour amoindrir le choc, le gouvernement s’est engagé hier à mettre en place une ligne de crédit domicilié dans les livres de deux banques partenaires, d’un montant de 75 milliards de FCFA dont 50 milliards pour le secteur du tourisme et 25 milliards pour les transports aériens.
A en croire une note du ministère du Tourisme et des Transports aériens parvenue à «L’AS», les Conventions de Partenariat avec les Banques sont déjà signées et les Comités de Gestion des Crédits du Tourisme et des Transports aériens ont démarré leurs travaux en vue d’examiner les demandes de financement des entreprises. Ainsi, toujours selon le texte, ce pacte signé aujourd’hui vient s’ajouter aux nombreuses mesures prises par Monsieur le président de la République Macky SALL, pour soutenir les entreprises et les travailleurs, en particulier ceux du tourisme et des transports aériens, les secteurs les plus durement touchés. On se rappelle d’ailleurs que dans le cadre du fonds Force Covid-19, l’Etat du Sénégal avait débloqué 77 milliards FCFA au profit des acteurs du tourisme et du transport aérien, en riposte à la Covid-19. Un gel de la TVA avait également été décidé.
ANTICIPER LES TENSIONS SOCIALES
Ces nouvelles prises par l’Etat, d’après le communiqué parvenu à la rédaction, ont pour objectif d’une part de mobiliser les travailleurs pour l’atteinte des objectifs stratégiques de relance et la suspension des mots d’ordre ou préavis antérieur de grève ou de mouvements ; et d’autre part de maintenir dans la mesure du possible des emplois existants, tout en veillant à la préservation de leur outil de travail et au paiement des salaires dans un cadre de dialogue permanent au sein des entreprises. Ce pacte vise aussi à assurer la diversification de l’offre touristique, en proposant de nouveaux produits.
A rappeler que la cérémonie de signature hier du Pacte national de Stabilité sociale et de relance du secteur du Tourisme et des Transports aériens a été co-présidé hier par le ministre du Tourisme et des Transports aériens, Monsieur Alioune SARR, avec son collègue Samba SY ministre du Travail, du dialogue social et des relations avec les institutions, et Mme Innocence Ntap NDIAYE, Présidente du Haut Conseil pour le Dialogue Social. «Le patronat etles organisations de travailleurs des secteurs du tourisme et des transports aériens ont pris part à cette importante rencontre », lit-on dans le communiqué dont «L’AS» détient copie. Selon le document, la signature de ce pacte estla traduction de la directive du Chef de l’Etat, Macky Sall qui, lors du Conseil des ministres du 30 décembre 2020, avait instruit les ministres chargés des secteurs du tourisme et des transports aériens, du travail et des finances de mener le processus devant aboutir à un pacte de stabilité social sans lequel les efforts déjà entrepris risquent de ne pas produire les résultats attendus.
Ainsi, note-t-on, le Pacte de stabilité sociale dans les secteurs du tourisme et des transports aériens est l’aboutissement d’un processus d’élaboration adossé à une démarche partenariale construite autour du tripartisme impliquant le gouvernement, les organisations professionnelles des travailleurs du secteur, les organisations patronales du secteur du tourisme ainsi que le Haut Conseil du Dialogue social (HCDS).
LA BANQUE MONDIALE DEBLOQUE 50 MILLIARDS DE DOLLARS
Tous les pronostics ont été déjoués. Loin des ravages annoncés, l’Afrique a pu résister, plus d’un an après, à la tourmente provoquée par la pandémie de Covid-19
Dans sa fiche d’information du mois d’avril, la Banque mondiale est revenue sur la résilience des Etats africains face aux effets sanitaires de la pandémie de Covid-19. Pour autant, ils peinent à se relancer du point de vue économique. C’est pourquoi l’institution financière internationale a dédié à l’Afrique 50 milliards de dollars pour redresser les économies.
Tous les pronostics ont été déjoués. Loin des ravages annoncés, l’Afrique a pu résister, plus d’un an après, à la tourmente provoquée par la pandémie de COVID-19. «Le virus s’est propagé plus lentement que prévu et a fait moins de victimes que dans le reste du monde », lit-on dans la fiche d’information de la Banque mondiale de ce mois. Cela tient aussi, toujours d’après l’institution financière internationale, à l’adoption par les gouvernements de mesures vigoureuses pour préserver les vies et les moyens de subsistance, et à un rétablissement plus rapide que prévu des cours des matières premières. Pour autant, il est constaté que la pandémie continue de toucher durement les populations africaines, avec des répercussions qui auraient entraîné jusqu’à 40 millions d’individus dans l’extrême pauvreté. «Les femmes, les jeunes, les travailleurs peu qualifiés et ceux employés dans le secteur informel sont particulièrement pénalisés faute d’accès à des filets sociaux et des sources de revenus », précise le document de la Banque mondiale.
Il relève également que dans beaucoup de pays africains, les gouvernements ont saisi cette occasion pour accélérer des réformes et des investissements indispensables à leur développement à long terme. Cependant, l’institution financière internationale estime que le chemin vers la reprise sera long, et la dynamique économique variera selon les pays et les sous-régions. C’est pourquoi, en réponse à la pandémie, le Groupe de la Banque mondiale prévoit de déployer jusqu’à 160 milliards de dollars de financements afin d’aider plus de 100 pays dans le monde à protéger les populations pauvres et vulnérables, soutenir les entreprises et favoriser le redressement de l’économie. Ce montant comprend 50 milliards de dollars destinés aux pays africains.
En Afrique, d’après toujours le communiqué parvenu à la rédaction, l’action de la Banque mondiale s’articule autour de quatre axes principaux : sauver des vies, protéger les populations pauvres, préserver et créer des emplois, et reconstruire sur de meilleures bases. Non sans indiquer que depuis le début de la pandémie en mars 2020, la Banque a débloqué près de 24,7 milliards de dollars en faveur de la lutte contre la crise de la COVID-19, notamment en lançant de nouveaux projets dans les secteurs de la santé, de la protection sociale et de la relance économique ou en réaffectant des ressources existantes.
«CHAQUE MOIS DE RETARD DANS LA VACCINATION SE TRADUIT PAR UNE PERTE DE 13,8 MILLIARDS DE DOLLARS SUR LE PIB AFRICAIN»
Alors qu’un grand nombre de pays africains ont mis en place des plans de vaccination, il est noté que l’approvisionnement en doses suffisantes est une priorité pour la région. Et selon les estimations de la Banque mondiale, chaque mois de retard dans la vaccination se traduit par une perte de 13,8 milliards de dollars sur le PIB africain. Toujours selon le communiqué parvenu à «L’AS », la banque prépare actuellement des projets de financement d’urgence des vaccins dans une trentaine de pays d’Afrique — République démocratique du Congo (RDC), Éthiopie, GuinéeBissau, Rwanda, Sénégal et Tchad, notamment —, pour un montant total de 1,85 milliard de dollars. Il s’agit entre autres d’assurer un accès équitable aux vaccins en faisant en sorte que les pays disposent de ressources financières pour se procurer des doses ; de veiller à la vaccination du plus grand nombre possible de personnes ; de mettre en place des systèmes de collecte de données pour assurer le suivi de l’impact réel des efforts de vaccination ; et de soutenir des campagnes de sensibilisation pour changer les comportements, lutter contre la défiance vis-à-vis des vaccins et accroître la demande dans la population.
La Banque mondiale s’emploie en outre à redéployer des ressources dans le cadre d’opérations en cours dans les domaines de la santé, du développement urbain et de la résilience, ce qui a donné lieu à l’activation des composantes d’intervention d’urgence de projets existants dans 16 pays, pour un montant total de 337 millions de dollars. «Les Seychelles, le Kenya et Madagascar ont bénéficié de l’activation des options de tirage différé en cas de catastrophe avec le décaissement de 135 millions de dollars au total », lit-on en définitive dans la note.