La police nationale a un nouveau Directeur général. En effet, le président de la République, Macky Sall, a nommé ce mercredi, Seydou Bocar Yague au poste de Directeur général de la police nationale.
Seydou Bocar Yague, jusque-là directeur général adjoint, a été nommé Directeur général de la police nationale. Il remplace ainsi le général Ousmane Sy.
La décision de sa nomination a été prise par le président Macky Sall lors du conseil des ministres de ce mercredi.
Jouissant d'une excellente réputation au sein de la police, Seydou Bocar Yague est un enquêteur chevronnée dont le passage à la tête de la Direction de la Police judiciaire (DPJ) a été remarquable.
MACKY SALL, UN PRÉSIDENT SEUL
En l’absence d’un Premier ministre capable de jouer le rôle de tampon dans un climat politicosocial en ébullition, le président essaie tant bien que mal de gérer les urgences. Au risque de passer pour le seul maître à bord
En l’absence d’un Premier ministre capable de jouer le rôle de tampon dans un climat politique et social de plus en plus en ébullition, le président de la République, Macky Sall, essaie tant bien que mal de gérer les urgences. Déjouant tous les pronostics quant à un nouveau remaniement ministériel, il tient à montrer qu’il est le seul maitre à bord.
Un président qui se démène comme il peut, pour essayer d’esquiver les coups d’une opposition requinquée par les dernières émeutes qui avaient ébranlé le pouvoir. Malgré les coups qui continuent de pleuvoir de toutes parts, Macky Sall ne semble pas pouvoir compter que sur lui-même pour limiter leur portée et leur tenir la dragée haute. Il est loin de l’époque où il disposait d’un Boune Dionne prêt à encaisser tous les coups destinés à son mentor et à aller au front. Pour beaucoup d’observateurs, le président de la République n’a jamais été aussi seul.
Journaliste chroniqueur à la RFM, Abdoulaye Cissé est du même avis. Il déclare : ‘’Il s’est esseulé, il s’est isolé. Mais c’est son choix d’avoir emprunté cette voie. Depuis sa réélection, il a passé son temps à dire aux membres de son camp qui ont toujours mouillé le maillot pour le défendre, aux alliés qui l’ont toujours accompagné que, finalement, ils n’ont été pour rien dans sa réélection ; que c’est son coefficient personnel qui lui a valu cette brillante réélection…’’
Selon lui, c’était devenu presque une obsession pour le président Sall de clamer urbi et orbi que c’est lui le dépositaire de la confiance des Sénégalais. Ce qui, du reste, est une évidence. ‘’Et une évidence, quand on sent le besoin de la rappeler à tout instant, cela pose problème’’.
Comme pour ne rien arranger, ses deux lieutenants les plus sollicités, Antoine Diome (ministre de l’Intérieur) et Me Malick Sall (ministre de la Justice) ont cette fâcheuse habitude de le desservir plus qu’ils ne le servent, à chacune de leur prise de parole. Pour beaucoup, cela pourrait expliquer leur absence à la dernière conférence de presse du gouvernement. Pourquoi envoyer un ministre des Forces armées pour s’expliquer sur des questions judiciaires et de troubles à l’ordre public, en lieu et place des ministres de l’Intérieur ou de la Justice ? Le journaliste Abdoulaye Cissé explique : ‘’C’est vrai qu’on ne s’attendait pas du tout à voir Sidiki Kaba face à la presse, dans un contexte pareil, avec tout le bouillonnement social, dans un contexte où le président lui-même explique les troubles par la demande sociale. Stratégiquement, on ne s’attendait donc pas à voir le ministre des Forces armées. Mais il faut aussi noter que le président avait déjà tout essayé et cela n’avait pas marché. Il a voulu essayer quelque chose de nouveau, puisqu’il ne pouvait être question d’envoyer Malick Sall ou Antoine Diome. Tous les deux avaient grillé leur joker.’’
De plus, signale le journaliste, la plupart des membres du gouvernement ont des problèmes avec leurs propres secteurs. Il donne l’exemple du ministre de la Pêche, de celui l’Artisanat qui peine même à remettre aux acteurs les 25 milliards F CFA promis depuis un an… ‘’On est dans une situation où tous les ministres ont des problèmes avec les secteurs qui sont sous leur autorité. Il n’y a que le ministère des Forces armées qui n’a pas de problème… De plus, le Premier ministre qui servait de fusible n’est plus là’’, analyse M. Cissé. Qui ajoute : ‘’En fait, on n’a plus de ministres ou de membres du gouvernement capables de répondre des questions relatives à la demande sociale. Le ministre de l’Emploi est à part ; le ministre de la Formation est à part ; le ministre de l’Artisanat et de la Transformation du secteur informel travaille à part… Il n’y a donc personne pour prendre en charge cette question dans toutes ses dimensions.’’
Outre l’emploi et les jeunes, le gouvernement est confronté à une série de questions qu’il a du mal à prendre en charge correctement. Parmi elles, la relance économique, les questions migratoires, l’organisation des élections locales, etc. Sur toutes ces questions, le gouvernement cherche la solution. Et il en est de même de la lancinante question de l’organisation des élections.
Pour le Dr Moussa Diop, analyste politique, voilà des questions sur lesquelles le gouvernement gagnerait à prendre davantage en charge. Il explique : ‘’Il faut que le régime trouve le moyen de stabiliser le pays en maintenant la paix sociale. Le gouvernement doit véritablement recentrer ses actions dans la prise en charge des préoccupations des populations. Car les attentes sont nombreuses, en termes d’accès à l’emploi, au logement décent et abordable, de pouvoir d’achat, d’accès à certaines ressources comme l’eau, l’électricité…’’
En outre, souligne-t-il, il faut mettre en place les conditions d’une élection libre, démocratique et transparente pour apaiser l’espace politique. Et d’avertir : ‘’Sans cela, il faut savoir que tous les ingrédients sont réunis pour une fin de mandat chaotique et un pays difficilement gouvernable d’ici à 2024.’’
‘’Un gouvernement resserré, recentré et taillé sur-mesure’’
Dès lors, l’une des questions qui se pose de plus en plus et que d’aucuns ont annoncée à maintes reprises, c’est l’urgence d’un changement de l’attelage gouvernemental, après celui de novembre dernier. En tout cas, le bon sens, à en croire nombre d’observateurs, le recommande. Les circonstances l’imposent. Monsieur Diop précise : ‘’Après les derniers évènements que nous avons vécus, il aurait été très judicieux, à mon avis, de faire un remaniement, avec un gouvernement resserré, recentré et taillé sur-mesure pour des réalisations concrètes. Cela aurait pu avoir le mérite, d’une part, d’améliorer l’image du gouvernement, d’autre part, de contribuer à maitriser les velléités contestataires.’’
Dans la même veine, notre interlocuteur plaide pour un retour du poste de Premier ministre, avec un homme jouissant d’une bonne image, pour la mise en place d’un gouvernement moins politique et plus consensuel. D’ores et déjà, de l’avis du politologue, certains ont montré leurs limites sur certains aspects. ‘’Globalement, nous avons un gouvernement dont les membres ne savent pas s’adresser à leur population’’.
Cela dit, même si tout milite en faveur d’un nouveau gouvernement : le contexte, les limites de l’actuelle équipe, la solitude du président de la République, il serait très risqué de dire ce que le président va faire dans les jours ou semaines à venir. D’autant plus que comme l’explique Abdoulaye Cissé, ce dernier a cette habitude de décider tout seul. ‘’Pensez que le changement de gouvernement incombe au président de la République n’a jamais été aussi vrai que sous le président Sall. Le président donne l’impression, et c’est la vérité, il ne discute même pas de ses choix stratégiques avec ceux qui l’entourent’’. Et les exemples ne manquent pas, selon le chroniqueur.
D’une part, il fait allusion à la suppression du poste de Premier ministre qui avait pris de court tout le monde, y compris même son titulaire Boune Dionne. D’autre part, il y a le dernier remaniement avec le départ de plusieurs ténors qui n’avaient même pas été informés de leur départ. ‘’Avec le PM obligé de faire face aux Sénégalais pour leur dire que le poste qu’il a occupé pendant cinq ans n’est pas si important, c’est le comble. C’est pour vous dire qu’il n’y a pas un seul membre de l’APR qui peut vous dire ce que le président va faire ou non. Avec le dernier remaniement, tous les ténors ont été surpris par leur départ. Certains ont tenté des mouvements d’humeur. D’autres se sont presque rebellés avant de se calmer. Le cas d’Oumar Youm en est une parfaite illustration et il n’est pas le seul. Il n’y a que Macky Sall pour fonctionner comme ça’’.
Embouchant la même trompette, le Dr Diop souligne : ‘’Macky Sall est caractérisé par son ambiguïté dans ses choix. Si un remaniement est en vue, il est très en retard sur le timing.’’
Revenant sur la question de la suppression du poste de Premier ministre, nos interlocuteurs ont toujours du mal à comprendre le bien-fondé d’une telle mesure. Ils ont encore du mal à comprendre le pourquoi de l’entêtement présidentiel. Abdoulaye Cissé : ‘’C’est un véritable problème. Tout le monde constate que cette suppression crée plus de problèmes qu’elle n’en règle. Les gens le savent tellement bien que quand il y a problème aujourd’hui, on interpelle directement le président de la République. S’il y avait un tampon, il aurait pu prendre en charge certaines questions.’’
Pour lui, c’est d’autant plus problématique qu’il n’existe pas un directeur de cabinet capable de monter au front pour défendre la politique du gouvernement. ‘’Le directeur de cabinet aurait pu jouer ce rôle, mais il est plombé par cette affaire de niveau… Il a été obligé d’être plus discret. On a l’impression qu’il n’ose pas aller au-devant de la scène. Parce qu’il traine cette affaire comme un boulet. Nous avons vu Zaccaria Diaw, qui a souvent été au front, même s’il n’était pas aussi politique. Nous avons vu sous Macky Sall des directeurs de cabinet que l’on sentait. Augustin Tine, Oumar Youm… C’étaient des gens qui allaient au front’’.
A ceux qui soutiennent que Mahmoud Saleh serait un homme de l’ombre, il rétorque : ‘’Je veux bien le croire, mais vous êtes un homme de l’ombre quand vous avez un rôle de l’ombre. Mais un poste de directeur de cabinet n’est pas un rôle de l’ombre. C’est un rôle de tampon. Mais comme il traine cette affaire de diplôme comme un boulet, il n’a pas envie de trop se montrer, au risque de faire resurgir à nouveau cette affaire. Voilà qui plombe les initiatives.’’
Une des questions qui tient très à cœur le journaliste, c’est cette question de l’artisanat. Un secteur stratégique où on a du mal parfois à comprendre certaines décisions. Même s’il salue le dernier réaménagement opéré, il ne manque pas de relever certaines incohérences. Il déclare : ‘’On parle de ministre de l’Artisanat et de la Transformation du secteur informel. Dans l’esprit, c’est une bonne initiative. Mais dans le fond, on est tenté de se demander ce qu’il doit transformer, parce qu’on ne lui a pas donné les moyens de transformer ce secteur. De plus, il y a un problème de lisibilité. Est-ce qu’il s’occupe de la transformation du secteur informel du commerce ? Et pourtant, il n’y a pas de secteur plus informel que le commerce. On a l’impression qu’on lui a confié le secteur informel de l’artisanat. Ce sont des incohérences qu’il faudrait corriger.’’
UNE ATTAQUE VISE UN CAMP MILITAIRE À ABIDJAN, TROIS ASSAILLANTS TUÉS
Un assaut mystérieux contre un camp militaire à Abidjan, dans la nuit de mardi à mercredi, a fait trois morts parmi les assaillants et un blessé parmi les soldats
Un camp militaire a été attaqué dans la nuit de mardi à mercredi à Abidjan par des hommes armés non identifiés, faisant trois morts parmi les assaillants et un soldat blessé, un assaut mystérieux, trois semaines après une double attaque meurtrière contre les forces de l'ordre dans le nord de la Côte d'Ivoire.
Un assaut mystérieux contre un camp militaire à Abidjan, dans la nuit de mardi à mercredi, a fait trois morts parmi les assaillants et un blessé parmi les soldats.
Cette attaque qui a visé la base militaire de N'Dotré, dans le nord de la ville, a été confirmée, mercredi 21 avril, par l'armée, dans un communiqué laconique qui ne donne aucune indication sur son origine ou ses motivations.
"Dans la nuit du 20 au 21 avril, aux environs de 1h, heure locale et GMT, des individus non identifiés ont ouvert le feu sur les postes de garde de la base militaire de N'Dotré dans la commune d'Abobo, avec l'intention certaine d'y pénétrer de force. La réaction immédiate des sentinelles de faction a donné lieu à des échanges de tirs nourris, obligeant les assaillants à prendre la fuite", déclare dans ce communiqué le chef d'état-major général des armées, le général Lassina Doumbia.
"Le bilan provisoire fait état d'un blessé léger côté ami, de trois tués et un blessé fait prisonnier côté ennemi", selon le communiqué, qui précise que "des opérations militaires de ratissage ont été engagées sur le terrain et se poursuivent" et que "la situation sécuritaire reste sous contrôle".
Selon une source sécuritaire s'exprimant sous couvert d'anonymat, l'attaque a été menée par "un groupe d'individus venus à bord d'un véhicule type 4x4 de couleur noire et de taxis". Sur les réseaux sociaux, des photos montrant les corps de trois hommes en civil morts, étendus aux pieds de soldats, circulaient mercredi.
La base militaire de N'Dotré abrite notamment le deuxième bataillon projetable des forces armées de Côte d'Ivoire, qui intervient pour le compte des forces de l'ONU.
Le 29 mars, "une soixantaine de terroristes lourdement armés venant du Burkina Faso" avaient attaqué une position de l'armée à Kafolo. L'armée avait "repoussé les assaillants au terme d'une heure de combat intense", avec un "bilan provisoire" de "deux soldats tués et quatre blessés" et "trois terroristes tués et quatre interpellés", selon l'état-major.
La seconde attaque avait visé un poste de gendarmerie à Kolobougou, localité également frontalière du Burkina Faso. Un gendarme avait été tué et un autre blessé, selon l'armée. Ces attaques n'avaient pas été revendiquées.
Deux semaines plus tard, le 12 avril, un engin explosif improvisé (IED) avait explosé, sans faire de victime, au passage d'un véhicule de la gendarmerie ivoirienne dans la même zone. En juin 2020, une précédente attaque d'envergure, attribuée aux jihadistes du Burkina, contre l'armée ivoirienne à Kafolo avait fait 14 tués parmi les soldats ivoiriens.
La première action jihadiste meurtrière sur le sol ivoirien avait été l'attentat de Grand-Bassam en 2016, qui avait 19 morts, dont de nombreux Occidentaux. Par ailleurs en 2017, des mutineries d'anciens membres de la rébellion ivoirienne des années 2000, intégrés dans l'armée, avaient ébranlé la Côte d'Ivoire. Cette crise avait terni l'image de stabilité retrouvée du pays après la crise politico-militaire de 2010-2011, et fragilisé le président Alassane Ouattara.
Le chef de l'État a été réélu en octobre 2020 pour un troisième mandat controversé, lors d'un scrutin boycotté par l'opposition qui avait appelé à la "désobéissance civile". La présidentielle a donné lieu à une violente crise électorale qui a fait une centaine de morts et un demi-millier de blessés entre août et novembre 2020.
L'ancien chef de la rébellion Guillaume Soro, ex-allié devenu adversaire d'Alassane Ouattara, avait lancé un appel à la rébellion générale, non suivi d'effet. Il est réputé conserver certains soutiens parmi les anciens rebelles.
La tension en Côte d'Ivoire est néanmoins retombée depuis, les élections législatives de mars s'étant déroulées dans le calme et avec la participation des principaux partis d'opposition.
LE SAHEL VA RESSENTIR L’IMPACT DE LA DISPARITION DE DÉBY
Bakary Sambe met en garde contre ‘’un abandon des points stratégiques et essentiels sur lesquels on avait besoin de la présidence du Tchad et de son leadership sur le plan militaire’’.
Dakar, 21 avr (APS) – Une nouvelle géopolitique pourrait se redessiner au Sahel à la suite de la mort d’Idriss Déby Itno, une disparition qui sera ressentie dans ladite région, sur les plans politique, militaire et sécuritaire, analyse Bakary Sambe, le directeur de Timbuktu Institute, un centre d’études consacré à la paix et à la sécurité en Afrique.
Le président tchadien est décédé mardi, après avoir été blessé lors de combats opposant l’armée tchadienne à des rebelles, le week-end dernier.
A la tête du pays depuis trente ans, il devait entamer un sixième mandat pour lequel il a été réélu le 11 avril dernier.
L’armée a annoncé la mise en place d’une transition de dix-huit mois que dirige Mahamat Idriss Déby Itno, un de ses fils et commandant de la garde présidentielle.
Le défunt chef d’Etat ‘’était un allié très important, un pivot capital dans la stratégie de Paris et de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme au Sahel (…) Dans tous les cas, le Sahel ne sortira pas indemne de cette situation’’, a déclaré Bakary Sambe, interrogé par le quotidien sénégalais Le Soleil sur les conséquences de la mort d’Idriss Déby Itno sur la lutte contre le terrorisme au Sahel.
M. Sambe soutient que ‘’l’impact de la disparition de Déby sera ressenti sur les plans politique, militaire et sécuritaire’’ de la région. ‘’Une nouvelle géopolitique va donc se redessiner’’, a-t-il prédit.
‘’Une grande équation’’
‘’Je ne vois pas aujourd’hui une alternative assez rapide qui va se mettre en place’’, a répondu le directeur de Timbuktu Institute à la question de savoir si la mort d’Idriss Déby Itno va agrandir la marge de manœuvre des groupes terroristes au Sahel.
Mais ‘’il n’est pas à exclure que les nouvelles autorités [tchadiennes] jouent à fond cette carte (celle de la stabilisation du Sahel) parce que c’est [leur] seul gage de légitimité sur le plan international et la seule possibilité d’espérer un soutien international face aux pressions internes et aux troubles sociaux qui ne manqueront pas’’ de survenir au Tchad, a analysé Bakary Sambe.
‘’Sur le plan interne, il y a des risques d’instabilité certains, malgré l’entêtement des militaires et la rapidité avec laquelle son fils a été mis à la tête de la transition. Il y a aussi des risques sur le plan sahélien si on prend en compte le rôle et l’engagement du Tchad dans la lutte contre le terrorisme (…) C’est une grande équation qui se pose à la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme, la France en premier’’, a expliqué M. Sambe.
Il a rappelé le rôle central joué par l’armée tchadienne dans l’antiterrorisme au Sahel et dans les opérations militaires ‘’Serval’’ et ‘’Barkhane’’ menées par la France dans cette région.
‘’Aujourd’hui, ce sont plusieurs inquiétudes qui sont là et qui devront pousser à la réflexion sur le devenir de la situation géostratégique de la région’’, a réagi Bakary Sambe à la mort du dirigeant tchadien.
Il est d’avis que son décès ne facilite pas l’‘’africanisation’’ des troupes antiterroristes tant souhaitée, selon lui, par le président français, Emmanuel Macron, dans les efforts visant à stabiliser la région.
‘’Vers une nouvelle géopolitique du Sahel’’
‘’Je crois qu’on s’achemine inévitablement vers une nouvelle ère’’, a encore prédit le directeur de Timbuktu Institute, rappelant que ‘’l’engagement des forces tchadiennes constitue une garantie de sécurité pour certains pays’’. ‘’Je pense surtout au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Il y aura certainement une redistribution des cartes sur le plan géopolitique.’’
Bakary Sambe met en garde contre ‘’un abandon des points stratégiques et essentiels sur lesquels on avait besoin de la présidence du Tchad et de son leadership sur le plan militaire’’.
‘’Je crois que c’est un moment crucial où les cartes se redessinent et où on va (…) vers une nouvelle géopolitique du Sahel’’, a-t-il insisté, rappelant que, sur le plan militaire également, le Tchad préside le G5 Sahel, une organisation de coopération sécuritaire dont sont membres quatre autres Etats sahéliens : Mauritanie, Mali, Burkina Faso et Niger.
LE SÉNÉGAL RECOURT À LA PROCRÉATION MÉDICALEMENT ASSISTÉE
Dakar, 21 avr (APS) – Il arrive que la procréation médicalement assistée (PMA) soit le dernier recours contre l’infertilité, après le traitement médical ou chirurgical, a rappelé le chef du service de gynécologie obstétrique et de médecine de la reproduction de l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye (ouest), Philippe Moreira, après le lancement des travaux d’un centre consacré à cette spécialité de la médecine.
La PMA ou l’ensemble des techniques médicales permettant à des couples confrontés à l’infertilité d’avoir des enfants, est ‘’malheureusement une technique de pointe qui exige un coût financier onéreux’’, a-t-il souligné.
La procréation médicalement assistée ‘’pose un problème d’accessibilité des soins pour tous les couples confrontés à un problème d’infertilité’’, a expliqué le médecin en marge de la pose de la première pierre de l’unité de PMA de l’hôpital Dalal Jamm.
Il n’existe pas encore au Sénégal un service public consacré à cette technique médicale de procréation, a précisé Philippe Moreira.
L’infertilité est un ‘’drame social’’, elle est considérée comme une maladie par l’Organisation mondiale de la santé, a-t-il dit. C’est une maladie qui concerne 15 % de la population sénégalaise ‘’en termes de prévalence’’ et ‘’dépasse largement certaines maladies qui sont l’objet de programmes spéciaux’’ de l’Etat, a souligné M. Moreira.
Le service de PMA de l’hôpital Dalal Jamm ‘’est un projet qui vient à son heure puisqu’il n’y a pas un centre qui offre un service public de procréation dans toute la sous-région’’, a-t-il dit, rappelant que l’infertilité concerne ‘’ceux qui n’arrivent pas à avoir un enfant au bout d’un an de mariage cohabitant régulièrement, sans recourir à la contraception’’.
‘’L’infertilité n’est pas très bien prise en charge, même si elle entraîne une souffrance silencieuse’’, a constaté Philippe Moreira.
‘’Pour le moment’’, au Sénégal, la PMA s’exerce dans un ‘’cadre strictement privé’’, ajoute le médecin.
Il rappelle que le service public a l’obligation de traiter cette forme de reproduction humaine. ‘’Dans l’accomplissement de notre mission de service public, nous devons rendre accessible la médecine dans son ensemble, avec des soucis d’équité’’, a dit le gynécologue.
‘’C’est une énorme responsabilité d’abriter ce premier centre’’, a souligné M. Moreira, affirmant que ‘’l’expertise et les ressources humaines’’ nécessaires à la pratique de la PMA sont disponibles à l’université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) de Dakar.
L’UCAD ‘’s’est très tôt orientée vers cette filière, avec la formation d’étudiants qui se sont perfectionnés et spécialisés’’, a assuré le chef du service gynécologie obstétrique de l’hôpital Dalal Jamm.
‘’L’équipe médicale est là, mais nous allons poursuivre la formation parce que la demande sera croissante’’, a-t-il promis, relevant que la prise en charge de l’infertilité est ‘’multidisciplinaire’’. Elle est assurée par des gynécologues, des biologistes, des psychologues et des psychiatres, selon Philippe Moreira.
La loi sur la santé de la reproduction, votée en 2005, intègre la procréation médicalement assistée, a-t-il rappelé.
Le chef de l’Etat a décidé d’octroyer à l’hôpital Dalal Jamm une subvention de 1,5 milliard de francs CFA en vue de la construction du centre chargé d’accueillir l’unité de procréation médicalement assistée et l’unité de greffe osseuse. La durée de la construction du centre est de douze mois.
LES IMAMS DIVISÉS SUR LA PRISE DU VACCIN EN PÉRIODE DE RAMADAN
Les jeûneurs devront se faire leur propre idée pour se faire vacciner en cette période de Ramadan au Sénégal. Les imams sénégalais ne s’entendent pas sur l’interprétation de cette question en cette période cruciale dans la foi musulmane
La Croix Afrique |
Charles Senghor |
Publication 21/04/2021
Le Ramadan 2021 coïncide avec la vaccination contre le covid-19. Au Sénégal – plus de 90 % de musulmans – les imams ne s’accordent pas sur la validité du jeûne en cas de prise du vaccin.
Les jeûneurs devront se faire leur propre idée pour se faire vacciner en cette période de Ramadan au Sénégal. Les imams sénégalais ne s’entendent pas sur l’interprétation de cette question en cette période cruciale dans la foi musulmane.
Si certains imams estiment que l’injection du vaccin annule le jeûne, d’autres ne partagent pas cet avis.
Le vaccin n’annule pas le jeûne
L’imam de la mosquée de Point E est catégorique. Selon lui, le vaccin n’est pas interdit pour les jeûneurs. « Quand une substance, si on prend le cas du vaccin, n’est pas assimilable à un produit alimentaire ou à une boisson telle que l’eau, elle ne peut pas annuler l’obligation du jeûne. C’est le cas avec le vaccin contre le covid-19 qui est intramusculaire et qui n’est pas une substance qu’on pourrait assimiler à une nourriture ou à une boisson. Le vaccin contre le covid-19 étant dans cette catégorie, il ne peut pas annuler le jeûne », soutient Mouhamadou Maktar Kanté.
Le religieux précise, dans le même sens, que quand une substance ne passe pas par un des orifices du corps pour entrer dans le ventre, il n’annule pas le jeûne. Selon lui, les plus grands penseurs de l’islam ont répondu depuis très longtemps à cette question parce que les questions de vaccin, de greffe d’organes, d’avortement, ne sont pas nouvelles.
DES ACCUSATIONS DE TORTURE SE MULTIPLIENT À L'ENCONTRE DE LA POLICE
Si elle n’est pas systématique, la torture existe bel et bien au Sénégal. Même s’il note une amélioration de la situation depuis les années 1990, Seydi Gassama s’inquiète du déni de l’Etat face à ces pratiques
Le gouvernement a annoncé la mise en place d’une commission d’enquête sur les violences intervenues lors des récentes émeutes dans le pays.
Au Sénégal, l’heure est au bilan après les violentes émeutes des mois de février et mars. L’atmosphère politique demeure tendue alors que plusieurs manifestants arrêtés lors de ces mouvements de protestation, déclenchés suite à l’affaire judiciaire impliquant l’opposant Ousmane Sonko, affirment avoir été victimes d’actes de torture et de mauvais traitements de la part des forces de l’ordre ou dans les lieux de privation de liberté.
S’il est difficile de cerner précisément l’ampleur du phénomène, les ONG de défense des droits humains s’inquiètent de ces témoignages qui nourrissent le ressentiment de la jeunesse vis-à-vis des autorités.
« Mes menottes étaient tellement serrées que le sang circulait mal. Puis on m’a frappé avec des chaînes de moto et on m’a donné des coups dans les testicules, tout en me posant des questions », rapporte ainsi Mohamed Ndoye, manifestant de 40 ans arrêté le 8 février et qui a passé quatre jours en garde à vue dans le commissariat central de Dakar.
« On m’accusait d’avoir jeté des pierres et brûlé des voitures », explique ce chauffeur et père de famille. Les violences se sont arrêtées, explique-t-il, quand un avocat, Me Babacar Ndiaye, est arrivé pour le défendre.
« Giflé puis frappé avec des bâtons »
Ce dernier a constaté des cicatrices sur le corps de son client, qui a dû arrêter de travailler. Des blessures similaires à celles qu’il a observées chez d’autresmanifestants arrêtés le même jour à Dakar. Mohamed Ndoye et d’autres détenus arrêtés le même jour ont été libérés après la médiation menée début mars par un émissaire du khalife général des mourides, l’une des plus influentes confréries religieuses du pays.
Les forces de l’ordre de Dakar ne sont pas les seules visées par les accusations de mauvais traitements. A Diaobé, dans le sud du pays, Papis Sagna, 30 ans, a été arrêté dans la nuit du 7 au 8 mars avec vingt-six autres jeunes de cette petite ville où la brigade de gendarmerie a été incendiée.
Au téléphone, il raconte qu’ils ont été « torturés » d’abord par des gendarmes à Diaobé puis dans la commune voisine de Vélingara. « J’ai été giflé puis frappé avec des bâtons », explique l’étudiant membre du Pastef-Les Patriotes, le parti dirigé par Ousmane Sonko.
Libérés le lendemain après une nuit et une journée de détention, les vingt-sept jeunes ont dû rentrer chez eux à plus de 30 kilomètres. « Je ne pouvais pas marcher, j’avais mal aux jambes à cause des coups. Les gendarmes avaient gardé mon argent et mon téléphone », poursuit Papis Sagna.
La torture existe bel et bien
Depuis, un médecin a constaté que ses dents et ses yeux ont été abîmés. Des meurtrissures dont il a gardé la trace en photo dans l’espoir de porter plainte. « Ces gens doivent être punis pour ce qu’ils ont fait. Personne ne mérite un tel traitement », revendique Papis Sagna, qui est en contact avec Amnesty International.
La 18e édition du Festival de cinéma africain de Tarifa-Tanger aura lieu du 28 mai au 6 juin prochain. En cette période de pandémie, le festival tiendra une Edition hydride «qui regarde à nouveau la révolution filmique des cinémas africains», informent les organisateurs.
Pour cette édition, le Sénégal est à l’honneur puisque l’affiche du festival a été réalisée par le photographe sénégalais de renom, Omar Victor Diop. L’image sur l’affiche représente une femme vêtue en blanc, suspendue dans l’air, sur fond bleu. «Un portrait mis en scène» qui fait partie de la série Bird stories, selon son auteur. La présentation s’est faite au cours d’une cérémonie au Centre d’initiatives culturelles de l’Université de Séville (Cicus) à laquelle le photographe a participé depuis Dakar. «Il a dit se sentir heureux et fier de contribuer à l’effort du festival d’enseigner l’Afrique dans toute sa diversité, de montrer les Africains dans leur vie quotidienne : leurs rêves, leurs peines, mais aussi leur joies», rapportent les organisateurs du festival. «La philosophie (du festival) est celle de toujours : être à cheval entre deux pays, deux continents, des langues différentes et entre diverses traditions culturelles, de nouveau adaptés avec certitude à la réalité dans laquelle nous nous trouvons», rappelle la directrice Mane Cisneros. «Les profonds changements qui ont eu lieu dans les cinémas du continent africain ont mené ces cinématographies dans le passé largement ignorées par les festivals internationaux de cinéma à être aujourd’hui l’objet d’ambition et de compétition entre grands festivals», a souligné la directrice du Fcat qui se réjouit de l’ouverture toujours plus grande à ces réalités qui sont «une pure révolution filmique et qui émergent comme une conquête esthétique unique dans le cinéma contemporain».
Cette année, le festival mettra l’accent sur le regard du cinéma espagnol vers l’Afrique et qui se reflète sur les listes de nominés et lauréats par l’Académie de cinéma espagnol. A cet effet, une table ronde se tiendra autour du thème : «Le cinéma espagnol se diversifie : un regard (enfin) vers l’Afrique», qui réunira cinéastes et journalistes autour de questions telles que à quoi répond ce changement dans le cinéma espagnol d’aujourd’hui ? Quelle image de l’Afrique est diffusée dans ces nouvelles productions ? Peut-on parler d’une nouvelle relation entre l’Espagne et l’Afrique à travers le cinéma ?
Le Soudan, invité d’honneur
Le Soudan, qui est le pays invité d’honneur et sa cinématographie, très méconnue mais qui a acquis un nouveau dynamisme ces derniers temps avec une présence dans les festivals internationaux, sera mis en lumière. Ainsi, le Fcat prévoit une rétrospective des courtsmétrages des premiers cinéastes du Sudanese Film Group, Ibrahim Shaddad, Eltayeb Mahdi et Suliman Elnour, qui sont également les personnages du film gagnant du prix Aecid au Fcat 2020, Talking about très de Suhaib Gasmelbari.
L’œuvre de Gadalla Gubara, le réalisateur le plus prolifique de l’histoire du cinéma au Soudan, sera également revisitée. Comme chaque année, le festival se tient entre l’Espagne et le Maroc. Mais cette année, le festival aura une extension dans l’enclave de Ceuta avec des projections de films, des courts-métrages et longs-métrages de la programmation de cette édition qui sont prévus, ainsi que des entretiens personnels avec les réalisateurs.
LE PROMOTEUR M. SALOMON MBUTCHO AURAIT QUITTE LE SENEGAL DEPUIS 2015, SUITE AUX PREMIERES PLAINTES
Une marche pacifique a été organisée ce mardi 20 avril 2021 par le Collectif des victimes d’escroquerie foncière de Scac Afrique, devenu formellement la Coopérative Scac Renaissance. Un mémorandum a été déposé auprès du chef de l’exécutif régional.
Cheikh CAMARA, correspondant permanent à Thiès |
Publication 21/04/2021
Une marche pacifique a été organisée ce mardi 20 avril 2021 par le Collectif des victimes d’escroquerie foncière de Scac Afrique, devenu formellement la Coopérative Scac Renaissance. Un mémorandum a été déposé auprès du chef de l’exécutif régional.
Ce sont des milliers de victimes, composées dans leur immense majorité de gens à revenus modestes ou moyens qui sont descendues dans la rue hier pour exprimer leur désarroi à travers les artères de la cité du rail. La marche est partie de la Promenade des Thiessois pour se terminer à la gouvernance. Parmi les manifestants, des femmes de ménage, des vigiles, des ouvriers, des marchands ambulants, des fonctionnaires et employés du secteur privé, entre autres.
Selon Mame Diarra Thiam vice-présidente du collectif et Cheikh Socé Diallo, chargé de la communication, « le groupe SCAC Afrique avait mis en place l’offre de vente à crédit de terrains et de logements sociaux à des coûts accessibles, sans garantie et sans apport personnel. C’est ainsi que des milliers de Sénégalais d’ici et de la diaspora ont souscrit au programme immobilier de ladite société. Mais les intéressés étaient loin de s’imaginer qu’ils ne verront jamais l’ombre d’un lopin de terrain. Et à ce jour, non seulement ils n’ont pas reçu de terrains mais ils peinent à rentrer dans leurs fonds. Simplement parce que le promoteur s’est évaporé dans la nature ». Ils poursuivent que « beaucoup de ces souscripteurs ont contracté des prêts à la banque ou auprès de leurs employeurs pour pouvoir participer à ce projet. Par ailleurs, des centaines de victimes sont des émigrés sénégalais de la diaspora résidant en Europe, au Canada, aux États-Unis d’Amérique, en Asie et en Afrique travaillant également pour la plupart dans des conditions climatiques très rigoureuses, juste dans l’espoir d’une vie meilleure ».
Aussi d’ajouter : « en 2012, la société SCAC Afrique se vantait sur son site Internet d’avoir 7000 clients et une assiette foncière de 56 000 parcelles réparties sur différents sites, notamment à Mboro, Mbomboye, Pout (région de Thiès), Sakal (région de Louga), Mbadakhoune (région de Kaolack), Ndoulo (région de Diourbel), et Kounoune, Keur Massar, Tivaouane Peulh, Sangalkam, Sébikotane dans la région de Dakar. Aujourd’hui ces milliers de victimes qui ont été abusées par cette société n’ont plus que leurs yeux pour pleurer, entretemps certaines sont même décédées sans avoir pu réaliser le rêve de leur vie. Des centaines de retraités ont vu leur avenir et celui de leur famille hypothéqués faute d’assistance ».
Le maire de Notto Diobass refuse de recevoir les victimes
Le Collectif des victimes d’escroquerie foncière de Scac Afrique souligne que « le propriétaire de la société, M. Salomon Mbutcho, a quitté le pays depuis 2015, quand les premières plaintes ont commencé à pleuvoir ». Selon Mame Diarra Thiam, « las d’attendre les terrains qui leur avaient été promis, certains clients qui avaient totalement payé se sont impatientés et ont porté plainte, d’autres ont demandé à être remboursés, en vain. Il était prévu dans les contrats signés avec le groupe SCAC Afrique que le client devait recevoir son terrain 2 ans après avoir soldé le prix d’acquisition ». La région de Thiès abrite le plus grand site ayant le plus fait l’objet de controverses de l’entreprise immobilière. A savoir celui de Mbomboye dans la communauté rurale de Notto-Diobass. Depuis 2009, SCAC Afrique s’est vu attribuer des terrains par délibérations au niveau des conseils ruraux sur différents sites. De quoi absorber une bonne partie de la clientèle de Thiès. Elle est attributaire de 43 ha sur un site situé sur la route de Thiès-Mbour (Sindia), qui abrite 2 maisons témoins inachevées et des niches construites par SCAC Afrique en 2011.
Le collectif informe par ailleurs que « depuis l’année 2017, le bureau exécutif de la coopérative cherche en vain à entrer en contact avec Alioune Sarr, maire de Notto Diobass, ce à travers plusieurs demandes d’audience restées sans réponse. Le souspréfet de Notto-Diobass, M. Jean Baptiste Sène et le chef du village de Mbomboye, ont été les seules autorités qui ont accepté de nous recevoir », explique Mame Diarra Thiam, qui regrette : « plusieurs réunions tenues avec ces deux autorités n’ont malheureusement pas fait avancer la cause des victimes de Scac Afrique ».
LES AGENTS DES CTE EXIGENT LE PAIEMENT DE CINQ MOIS DE PRIMES DE MOTIVATION
Les agents du Centre de traitement des épidémies de l’hôpital Principal de Dakar ont organisé un sit-in hier devant le grand portail dudit établissement pour exiger le paiement de primes de motivation.
Les agents du Centre de traitement des épidémies de l’hôpital Principal de Dakar ont organisé un sit-in hier devant le grand portail dudit établissement pour exiger le paiement de primes de motivation. Un mouvement d’humeur qui s’explique par le fait que le ministère de la Santé et la Direction de l’hôpital se renvoient la balle quant au paiement de ces primes. C’est pourquoi ils interpellent le chef de l’Etat et n’écartent pas de taper fort en laissant mourir les patients en réanimation ou, carrément, marcher vers le Palais situé à quelques mètres seulement de leur lieu de travail.
La litanie quotidienne du ministère de la Santé et de l’Action sociale (Msas) a fait cas hier de 17 patients admis en réanimation et 15 nouveaux cas déclarés positifs à l’épidémie de Covid-19. Lesquels patients Covid sont accueillis dans des centres de traitement implantés dans des hôpitaux ciblés comme l’hôpital Principal de Dakar. Ce, depuis le début de la pandémie de Covid en mars 2020.
Pour la première vague, l’Etat semble avoir réussi le pari de la gestion. Contrairement à la deuxième vague presque « insupportable », malgré la rassurante tendance baissière constatée ces derniers jours avec moins de cas positifs et des cas graves en baisse. Ce même si des décès restent encore à déplorer. En tous cas, même si la gestion globale de la crise sanitaire par le gouvernement est appréciable, pour ce qui est de la « motivation » des agents des CTE en première ligne dans le combat contre la pandémie, on ne peut pas en dire autant. Ce qui a emmené les éléments des trois CTE de la région de Dakar à élever la voix pour se faire entendre par l’autorité suprême, le président de la République, à travers un sit-in tenu hier devant le grand portail de l’hôpital Principal. Ce, après avoir épuisé toutes les démarches avec la direction de l’hôpital et le ministère de la Santé. Ces agents du Cte de l’hôpital d’instruction militaire de Dakar ont défié la rigueur militaire en « boudant » leurs services, pendant un bon moment, pour aller se regrouper devant la porte de l’hôpital Principal de Dakar. Ce pour montrer leur mécontentement quitte à faire courir des risques aux patients admis en réanimation et qui risquent de voir leur situation empirer. « S’il y a des conséquences sur la vie des patients en réanimation, ce n’est pas à cause de la Covid du fait de la lâcheté des dirigeants », a martelé le collectif des travailleurs des centres de traitement qui s’indignent du manque de considération des autorités sanitaires à leur égard.
En fait, les protestataires déplorent surtout leur manque de motivation à cause du non-paiement des primes censées fouetter leur ardeur face à la pandémie. « Vous n’avez jamais vu un malade atteint de Covid et pourtant vous vous glorifiez des résultats obtenus », a écrit le collectif dans un post en s’adressant aux autorités. Ils réclament entre quatre et cinq mois de primes de motivation. « Cela fait plus de quatre mois, depuis la deuxième vague, qu’on n’a pas eu à percevoir nos motivations par rapport aux éléments qui sont dans les centres de traitement ».
Les agents de « Principal », comme à la guerre, ont occupé les « premiers rangs », pour ne pas dire qu’ils ont montré la voie à leurs camarades des hôpitaux régionaux avec leur sit-in d’hier. Mais la situation concerne tous les hôpitaux de Dakar. « Je ne sais pas ce qu’il en est au niveau des autres hôpitaux régionaux mais ici, à Dakar, et particulièrement dans notre hôpital, aucun centre de traitement n’a reçu sa motivation », a dit le secrétaire général de la section de l’hôpital Principal du Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas), El Hadj Mansour Ndao. Des primes de motivation qui, selon Ibrahima Diawoula, constituent les salaires pour certains agents qui n’ont que cette source de revenu. C’est pourquoi, les agents qui manifestaient demandent à rentrer dans leurs fonds. A les en croire, « le ministère avait ordonné à l’hôpital Principal de procéder au paiement. Mais l’hôpital dit qu’il n’a été nullement mentionné dans la lettre qu’elle a reçue qu’elle devait payer les agents des services CTE », a fait savoir le secrétaire général de la section hôpital Principal du Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas), El Hadj Mansour Ndao.
Aussi bien le ministère que la direction de l’hôpital ayant dégagé leurs responsabilités par rapport au paiement de cette prime, les agents « grévistes » ont tenu à interpeller le président Sall sur leur situation. « Tous les centres de traitement sont sous la responsabilité du ministère de la Santé. Certes, ils sont implantés dans les établissements publics de santé mais leur gestion incombe au ministère. Le paiement de la motivation aussi. On a eu à faire des démarches au niveau interne et au niveau du ministère. A la direction de l’hôpital, on nous dit que c’est du ressort du ministère. Les subventions qu’ils ont reçues, c’est pour le fonctionnement des CTE. Ils disent fonctionnement et s’en limitent à ça. Et que donc le paiement des motivations n’en fait pas partie. On est allé voir le ministère qui nous dit avoir déjà fait la subvention pour les hôpitaux. Ce qui est motivation est du ressort des établissements publics de santé.
Pour dire qu’ils ont tous dégagé leurs responsabilités. Le ministère refuse de payer et les hôpitaux disent que c’est le ministère qui doit payer. On en a marre. Nous sommes des pères de famille qui sont restés depuis le début de la deuxième vague à travailler dans des conditions extrêmement difficiles sans motivation aucune, et dont une bonne partie a été infectée et a contaminé leurs familles », a expliqué El Hadj Mansour Ndao, secrétaire général du Syndicat unique des travailleurs de la Santé et de l’Action sociale (Sutsas) section hôpital Principal de Dakar, dont les camarades n’écartent pas de marcher vers le Palais et de paralyser le système pour se faire entendre. « Nous allons informer le président de la République sur la situation en faisant une marche jusqu’aux grilles du Palais. Nous ne sommes pas là pour négocier avec des gens qui ont reçu 1000 milliards pour les Cte. On est prêts à taper fort. Soit on fera une marche vers le Palais ou on va croiser les bras. Et dans ce cas, il y aura plus de morts chez les cas graves. C’est nous qui gérons ces cas graves dont vous entendez parler. Et nous sommes prêts à les laisser périr », a asséné Aliou Ndao, un agent du CTE de « Principal » lors du sit-in d’hier. Ce n’est pas tout. Ces prestataires de Principal vont « contaminer » — dans le sens de les pousser à entrer dans la lutte ! — leurs collègues des autres régions afin de recevoir leurs « soins motivants ». « On va essayer de coordonner avec tous les autres CTE de Dakar, et même des autres régions qui n’ont pas encore perçu leurs primes », a dit le syndicaliste El Hadj Ndao.
LE DIRECTEUR DES ETABLISSEMENTS DE SANTE, DR OUSMANE DIA : «On ne peut pas parler de non-paiement»
Alors que le directeur de l’hôpital Principal, le général Mame Thierno Dieng, n’a pas voulu se prononcer sur la question, le directeur des Etablissements de santé dit pourtant avoir eu ce dernier au téléphone, et qui lui aurait confirmé la presque effectivité du paiement des primes de ces agents des Cte logés à l’hôpital Principal de Dakar. Dr Ousmane Dia déclare que le Centre de traitement de Principal était fermé pendant deux mois et que le ministère de la Santé avait fait le nécessaire. D’où ce refus de la thèse du non-paiement des primes de motivation.
« J’ai eu le général Mame Thierno Dieng. Pour Principal, il faut rappeler qu’il y a eu un moment où le Cte était fermé pendant deux mois. Durant cette fermeture, le ministre avait demandé qu’on paye d’une manière rétroactive les motivations dues aux agents qui travaillent dans les CTE. Principal a eu deux mois de fermeture, et le ministère a viré les ressources essentielles pour le paiement du dernier mois, à savoir le mois de décembre 2020. Aujourd’hui, Principal a payé pour les mois de janvier et de février. Il reste peut-être le mois de mars qui sera payé quand les ressources seront disponibles au niveau du Trésor. Pour Principal, aucun problème ne pourrait exister du fait d’un non-paiement de la prime de motivation. Le ministère a donné l’essentiel des ressources. Le général Mame Thierno Dieng m’a appelé récemment pour me dire que le paiement était effectif en attendant un virement pour le mois restant », a expliqué le directeur des Etablissements de santé sur les ondes de la Rfm.