FESTIVAL D’AVIGNON, LA FIEVRE DE LA SCENE !
Un autre monde existe qui peut guérir le nôtre fait de réalités cruelles et injustice. La culture apaise. La culture nourrit. La culture embellit, enjolive.

A l’affiche, hors Covid, près de 900 spectacles, in et off, compris, sont programmés. Tous les directeurs de grandes compagnies théâtrales dans le monde viennent ici puiser dans ce vivier créatif universel et le faire partager à leur peuple, leur public. Unique ! Époustouflant !
Un autre monde existe qui peut guérir le nôtre fait de réalités cruelles et injustice. La culture apaise. La culture nourrit. La culture embellit, enjolive. L’art transcende. L’art guérit. L’art est un refuge quand l’être a tout perdu. L’art est bonheur de vivre. Torpeur et errance pour ceux qui s’en éloignent. Brouillard et néant pour ceux qui ne savent pas.
À Avignon, l’Afrique est présente, les Caraïbes, l’Europe, l’Asie. Les Amériques. Ici, une fois l’an, les dieux arrivent avec leurs anges. L’art explose. La créativité explose. L’audace artistique et scénique atteint ses limites. Le public est roi. Le jour ne finit pas. La nuit ne finit pas. Partout dans la vieille cité des Papes, les comédiens et les artistes de la rue tiennent les sens en éveil. Je vous propose l’extrait d’une pièce, parmi des centaines, les unes plus performantes que les autres. Extrait de la pièce « Proudhon modèle Courbet ».
Dramatique en un acte et cinq scènes de Jean Pétrement. [j’ai acheté le texte de la pièce à la fin du spectacle]. Hélas, les autres pièces auxquelles j’ai assisté et même celles grandioses jouées dans la cour du Palais des Papes, ne possédaient pas de textes écrits disponibles et commercialisées à la fin du spectacle, comme celle de Jean Pétrement. Courbet c’est le peintre. Mondialement connu et célébré. «Auteur d'un important corpus de peintures — plus d'un millier d'œuvres —, Courbet est l'un des artistes les plus puissants et les plus complexes du XIXème siècle.
Dès 1848-1849, ses toiles s'opposent aux critères de l'académisme, à l'idéalisme, aux outrances romantiques; transgressant la hiérarchie des genres, il provoque le scandale chez ses contemporains, et l'attrait de quelques collectionneurs privés, perturbant les frontières de l'art.
Soutenu par quelques critiques, comme Charles Baudelaire et Jules-Antoine Castagnary, son œuvre, qui ne peut être réduite à l'épisode du réalisme pictural, contient en germe la plupart des courants modernistes de la fin de son siècle.» Proudhon, « Pierre-Joseph Proudhon, est un polémiste, journaliste, économiste, philosophe, politique et sociologue français. P
récurseur de l'anarchisme, il est le seul théoricien révolutionnaire du XIXème siècle à être issu du milieu ouvrier.» Voilà les deux personnages principaux de la pièce. Courbet rend compte à Proudhon que l’État veut le soutenir comme artiste considéré, mais lui demande d’entreprendre un tableau puissant pour une grande Exposition et que cette œuvre sera soumise préalablement à un jury, un comité. Alors, Courbet se fâche et raconte à Proudhon l’échange et sa réponse à l’agent du gouvernement.
Extrait :
Courbet : « Je m’attendais à un coup tordu, mais j’ comprends absolument rien à ce qu’ vous venez de m’ dire, d’abord, parce que si vous êtes un Gouvernement, j’ me sens nullement compris dans ce Gouvernement, et que j’ défie le vôtre de faire quoi que ce soit pour le mien... »
Proudhon : « Là, je souscris entièrement car être gouverné, c’est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé par des êtres qui n’ont ni le titre, ni la science, ni la vertu...
Être gouverné, c’est être à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, ratifié, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé.
C’est sous prétexte d’utilité publique et au nom de l’intérêt général être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, contusionné, pressuré, mystifié, volé; puis, à la moindre réclamation, au premier mot de plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré.
Voilà le gouvernement, voilà sa justice, voilà sa morale ! » Courbet : « Ben dis donc, la prison, ça t’as pas calmé... c’ que j’ai dit... c’est p’t-être moins bien dit, mais c’est moins long et ça veut dire la même chose...J’ peux continuer ? »
Amadou Lamine Sall poète
Lauréat des Grands Prix de l’Académie française