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21 juin 2025
par Hamidou Anne
L'ÉCOLE, POUR UNE MONTÉE EN HUMANITÉ
Nous vivons une crise de sens qui appelle à un printemps des idées, afin de penser notre pays à l’aune des défis des enfants qui acquièrent le savoir dans toutes les écoles élémentaires du pays
Dimanche, après m’être perdu entre Tally Jallo Picc et Mbeddu Cinéma, j’ai finalement retrouvé le lieu. La dernière fois que j’y ai mis les pieds, Abdou Diouf était encore président. L’accès à l’école Massaër Diagne de Thiaroye relève du parcours du combattant. Elle est blottie entre le marché et la gare. Les murs qui ceignent les rails du Ter obligent le visiteur à emprunter une passerelle qui offre une vue peu reluisante de cette partie de la capitale.
A l’intérieur, le temps paraît suspendu. Rien n’a changé. Dans les salles, les tables-bancs sont défoncées, comme celles sur lesquelles je recueillais le savoir dans les années 90. L’école est toujours aussi sale, inhospitalière, avec ses murs défraichis et sa mine désolante. Peu d’entre nous ont fini le cycle primaire, car être issu de Massaër Diagne et «faire carrière» relève du miracle. Dans ce coin perdu de la République, j’ai été confronté, enfant, à la violence, à la drogue, à la pollution atmosphérique, visuelle et sonore. Le doux mélange entre la gare, le marché, le garage de taxis clandos et les sirènes des trains qui passaient, ornait nos peu paisibles cours que délivraient des maîtres consciencieux, nos hussards noirs.
Comment acquérir du savoir dans cette saleté et cet inconfort ? Comment rêver, surtout que nous n’avions accès à aucune culture, aucun ailleurs pour nous projeter vers une poétique du devenir ?
Mais nous étions tout de même des gamins heureux, ravis quand la sirène nous libérait des cravaches du ténébreux monsieur Ndiaye «cow-boy» ou du terrifiant Monsieur Fall.
Il me revient en mémoire la levée des couleurs chaque matin. Ensuite nous entonnions l’hymne national et l’hymne de la jeunesse pour forger en nous l’esprit patriotique, la fibre républicaine et le respect des trois bandes et de l’étoile. Puis nous nous dispersions dans les salles de classe. Elles étaient déjà sales, trop exiguës pour notre nombre (nous étions en moyenne 80 par classe) et sans aucune forme de commodité, voire de confort. Nous étions des filles et des fils de petites gens, des gens ordinaires de Guinaw autoroute comme le chantait le rappeur Billie J I Jo. Tout le monde se fichait de nous, nous n’étions pas ces «enfants de madame» dont les classes étaient propres, belles et ornées de dessins et d’autres petites douceurs qui embellissent le quotidien. L’école Massaër Diagne est une faillite républicaine. Et elles sont nombreuses, ces faillites, produisant ainsi des citoyens à part entière et des citoyens entièrement à part. Les inégalités naissent à l’âge de l’enfance, et ensuite elles déterminent l’avenir des filles et des fils d’une même Nation. Je m’honore d’être issu de l’école républicaine. Mais derrière l’écran de fumée constitué de gens qui, comme moi, vont au bout de leur cursus, combien de millions d’enfants perdus de cette même République que l’école n’a pu sauver ?
Le recrutement d’enseignants annoncé par le gouvernement est une bonne mesure. Il faut aussi mettre l’accent sur la formation des maîtres, les «dieux» des enfants qui suscitent des vocations ou dégoûtent à jamais de l’école.
Nous vivons une crise de sens qui appelle à un printemps des idées, afin de penser notre pays à l’aune des défis des enfants qui acquièrent en ce moment le savoir dans toutes les écoles élémentaires du pays. Il faut des investissements massifs dans les écoles primaires pour qu’il n’y ait plus d’abris provisoires, mais aussi pour que les écoles ne soient plus des taudis qui ignorent jusqu’à la dignité d’enfants innocents que la République a promis de défendre et de chérir.
L’école est le lieu de socialisation de l’individu. En complément du foyer, elle est censée instruire, éduquer, transmettre des valeurs républicaines, celles de la liberté, de la citoyenneté, de l’égalité et de la laïcité.
On y apprend ce qu’est la patrie républicaine, la souveraineté populaire, l’histoire de notre pays, le sacrifice des générations pour toujours faire flotter notre drapeau national, faire résonner notre hymne et clamer les hauts faits d’arme de nos martyrs.
Une Nation se glorifie par la montée en humanité de ses enfants. Plus que les investissements sur le béton et les rails, il faut investir sur l’homme pour défendre et préserver sa sacralité que garantissent aussi bien les écritures saintes que les textes républicains.
Investir sur l’homme c’est le mettre au centre des priorités des politiques publiques, c’est mettre à sa disposition de manière suffisante et qualitative l’éducation et la culture. Elles constituent les deux mamelles nourricières des hommes pour les libérer, les enrichir et leur donner les moyens d’être acteurs de leur propre destin.
IDRISS DEBY, PARCOURS D’UN CHEF DE GUERRE MORT AU FRONT
Ce 20 avril 2021, le maréchal Itno qui devait entamer son sixième mandat est mort, les armes à la main. Une fin tragique.
Président en exercice depuis 30 ans, Idriss Déby, réélu pour un sixième mandat avec 79,32 % des suffrages exprimés lors de la présidentielle du 11 avril, n’aura pas eu l’occasion d’exercer ce mandat. Il est mort au lendemain de l’annonce de sa réélection.
Né le 18 juin 1952 à Berdoba (au sud-est de Fada). Il poursuit ses études dans cette localité. Le baccalauréat en poche, il opte pour le métier des armes et intègre, le 11 novembre 1975, l’école des officiers de Ndjamena. Malgré son jeune âge l’homme attire et impose le respect.
Brillant, ouvert d’esprit, il retient l’attention de ses encadreurs militaires grâce à sa carrure d’un vrai meneur d’homme. Certains de ses encadreurs voyaient déjà en lui l’homme qu’il fallait pour le Tchad.
En 1976, il obtient une licence de pilote professionnel en France (spécialité transport des troupes à l’Institut aéronautique Amaury de la Grange. Après ses études en France, il rentre au bercail. Guerrier tenace, il est dépeint comme un homme téméraire qui a le sens de l’anticipation. Le 12 février 1979, une guerre civile à Ndjamena. Le Tchad était divisé, morcelé. Idriss Deby collabore avec Hissène Habré. Ce dernier l’a nommé commandant en chef des Forces armées du nord (FAN).
Sa mission : déloger de la capitale les forces d’Union nationale du gouvernement de transition. Une mission qui a été difficile à atteindre. Il demande à ses forces de reculer pour mieux attaquer. Le 7 juin 1982, Hissène Habré prend le pouvoir. Il a pris le contrôle de Ndjamena avec Deby à ses côtés.
Promu colonel, Deby devient chef des armées adjoint en 1983. Il se rend en France en 1985 où il suit les cours de l’École de guerre interarmées. De retour au Tchad en 1986, il est nommé conseiller d’Habré pour la défense et la sécurité. En 1989, conseil à la défense et à la sécurité, Idriss Déby Itno rappelle à l’ordre Hissène Habré suite aux massacres de militaires. Il est en désaccord avec Hissène Habré Des bisbilles se sont éclatées entre les deux hommes et sur ces entrefaites, Idriss Deby a retourné dans la brousse pour créer son mouvement en vue de renverser le régime de Hissène Habré et de libérer les tchadiens de la « dictature ».
Le 2 décembre 1990, avec l’appui de la France, il chasse du pouvoir Hissène Habré et le remplace le 4 décembre avec le titre de président du Conseil d’État. Il est ensuite désigné président de la République du Tchad le 28 février 1991 après l’adoption de la Charte nationale. Il remporte les élections présidentielles de 1996, 2001, 2006, 2011, 2016 et 2021.
Le 30 janvier 2016 il est élu président de l’Union africaine pour un mandat d’un an. Une de ses premières priorités à la présidence de l’UA est l’accélération du combat contre Boko Haram. Le 4 mars 2016, l’Union africaine valide ainsi l’ajout de 10 000 troupes à la Force multinationale mixte (FMM) créée le 23 mai 2016 à N’Djaména. En août, l’Union européenne promet de verser 50 millions d’euros supplémentaires pour aider la FMM à combattre Boko Haram dans le Sahel. Ce 20 avril 2021, le maréchal Itno qui devait entamer son sixième mandat est mort, les armes à la main. Une fin tragique.
DÉCÈS DE GERMAINE AHIDJO, ÉPOUSE DU 1er PRÉSIDENT CAMEROUNAIS
Elle vivait à Dakar depuis les années 80 lorsque son mari, l’ancien Président Amadou Ahidjo, avait choisi de résider au Sénégal au lendemain de sa démission du pouvoir
L’ex première dame du Cameroun, Mme Germaine Habiba Ahidjo, est décédée lundi au Sénégal des suites d’une longue maladie, a appris emedia.sn de sources proches de la famille. Elle vivait à Dakar depuis les années 80 lorsque son mari, l’ancien Président Amadou Ahidjo, avait choisi de résider au Sénégal au lendemain de sa démission du pouvoir au Cameroun en raison de sa très vieille amitié avec le défunt président sénégalais Léopold Sédar Senghor.
Les deux s’étaient connus en France dans les années 40, développant une grande proximité fondée sur le cousinage entre Sérère et Peulh. Ils ont entretenu ce lien sous le regard attentionné de Mme Ahidjo qui a passionnément aimé le Sénégal au premier contact avec cette terre de terranga.
Son séjour dakarois, imprégné d‘évènements douloureux, notamment la mort de son mari, l’a beaucoup marquée, bénéficiant de l’attention soutenue de tous les présidents qui se sont succédé à la tête de l’Etat sénégalais.
Abdou Diouf d’abord dont la relation avec l’ex première dame fut à la fois affective et chaleureuse, l’entourant de sympathie et de prévenance dues à sa dignité et à son rang.
Le Président Macky Sall ensuite poursuivra cette exquise attention et entretiendra un rapport quasi filial avec cette distinguée dame, fidèle en amitié et entièrement vouée à l’éducation de ses enfants et plus tard de ses petits enfants.
Elle était discrète et réservée, vivant sa foi de musulmane loin des tumultes de la vie mondaine. Une de ses dernières volontés a été son ardent désir d’être enterrée aux cimetières de Yoff à coté de son défunt mari Amadou Ahidjo. Elle avait 89 ans.
UNE AFFAIRE DE FAUX MÉDICAMENTS TIENT EN HALEINE LES JOURNAUX
Dakar, 20 avr (APS) - L’affaire des faux médicaments saisis récemment à la Patte d’Oie, à Dakar, revient en force dans les quotidiens, parmi divers autres sujets ayant retenu l’attention des journaux parvenus mardi à l’APS.
Les avocats des mis en cause, El Hadj Diouf, Amadou Aly Kane et Aboubacry Barro, "sont montés au créneau pour laver leurs clients à grande eau", lundi, au cours d’une conférence de presse, rapporte le quotidien Kritik’.
La défense a "brandi des documents signés par la Direction de la pharmacie pour attester de la bonne foi de leurs clients", note le journal. Et de relever que Me El Hadj Diouf, en particulier, évoque à ce sujet "une grande cabale pour écarter un concurrent".
L’avocat qualifie au passage les accusations contre leurs clients de "mensongères". "De tout le produit qui a été saisi, seuls 5% sont des médicaments", précise-t-il dans des propos rapportés par Lii quotidien.
Le reste de la saisie consiste en des seringues, rouleaux de coton, masques, gels, bottes, gants, bandages, entre autres consommables, selon Me El Hadj Diouf.
Libération relève les omissions de ce dernier pour évoquer de "curieuses découvertes" faites par les enquêteurs de la Sûreté urbaine lors d’une perquisition qui a permis de mettre la main notamment sur des solutés ne disposant pas d’une autorisation de commercialisation sur le marché sénégalais.
La promesse d’un ’’combat de gladiateurs’’ dans l’affaire des faux médicaments
Cela n’empêche pas les avocats de dénoncer "le +caractère non fondé+ de l’arrestation" de leurs clients, dont un médecin pharmacien de nationalité sénégalaise, rapporte Le Témoin quotidien.
"Accusations et contre-accusations", affiche sur le même sujet le quotidien Enquête. "Ce sera un combat de gladiateurs. Il y aura une bataille judiciaire de feu parce que l’affront est immense", déclare Me Diouf cité à la une de Vox Populi.
Le ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr "est imprudent en parlant de crime, quel crime ? On les défie avec la Direction de la pharmacie de nous montrer un seul faux médicament", poursuit l’avocat dont les propos sont relayés par le même journal.
Les quotidiens traitent dans le même temps de politique, plusieurs d’entre eux s’intéressant aux prochaines élections locales, à l’image de Tribune, selon lequel la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY), regroupant le pouvoir et ses alliés, se dirige "vers l’implosion entre Louga-Thiès-Kaolack-Ziguinchor-Kolda".
"La guerre de leadership au sein de Benno, qui est ravivée par la perspective des élections locales, mène à l’implosion de la coalition présidentielle dans des localités comme Kaolack, Thiès, Louga, Ziguinchor, Kolda, où les responsables ne se font pas de cadeau", écrit Tribune.
L’Info assure que le président Macky Sall, après avoir mis Khalifa Sall "sur la paille, débauché ses alliés et affaibli Taxawu Ndakaru", coalition de l’édile déchu, "est tout près de porter l’estocade finale et mettre Dakar dans son escarcelle".
Une "offensive finale" que certains quotidiens semblent relativiser, dont Sud Quotidien, qui parle plutôt de candidatures de substitution aux locales. Dakar, par exemple, est "à la merci des ...bleus !", selon le journal.
Le parti présidentiel "doit se battre" pour gagner les locales à Ziguinchor et Mbacké
’’Alors qu’un mystère total entoure toujours la date de tenue des locales, les prochaines élections municipales et départementales s’annoncent comme celles de toutes les incertitudes à Dakar’’, analyse Sud Quotidien.
Il ajoute : "Les prétendants classiques à la conquête de la capitale sénégalaise, Khalifa Sall et autres Amadou Bâ, plombés par leur +disgrâce+ politique, le terrain se révèle propice pour des candidats de substitution tous des bleus, à l’instar de Abdoulaye Diouf Sarr et autres Barthélémy Dias, qui montrent de plus en plus le bout du nez".
Il s’y ajoute que le président Sall est "sans garantie à Ziguinchor et Touba", assure Walfquotidien, selon lequel le parti présidentiel "doit se battre pour gagner la bataille de Ziguinchor mais aussi de Mbacké", souligne le journal.
"Les élections locales qui se profilent à l’horizon ne promettent rien à ce parti miné par une crise de légitimité qui peut faire espérer les partis de l’opposition", juge Walfquotidien.
Le quotidien L’As délivre une analyse globale de la situation, faite par un membre du Collectif des organisations de la société civile pour les élections (OSCE).
"Les hommes politiques sénégalais ne voient pas plus loin que le bout de leur nez", dit Valdiodio Ndiaye, directeur résident de l’Institut électoral pour une démocratie durable en Afrique (EISA).
LA RÉPUBLIQUE ’’EN DANGER’’
Dans l’entretien qu’il a accordé à L’As, M. Ndiaye revient sur des points de blocage ou de crispation sur la scène politique sénégalaise, de la questions des prochaines locales à celle du troisième mandat, en passant par le dialogue national. ’’Valdiodio Ndiaye savonne la classe politique’’, résume le journal.
Suivant le même ordre d’idées, Lii quotidien peint le Sénégal comme un pays en danger, se faisant l’écho d’un "ndogou-débat" sur le thème : "La République à l’épreuve des tensions politiques et sociales".
L’Observateur, pour rassurer un peu, signale que depuis les violences enregistrées au Sénégal début mars, le président Macky Sall "a opéré un changement dans son style de management", se traduisant par une "vigilance accrue dans la gestion des dossiers de l’Etat et une réanimation de l’appareil politique (...)".
Au titre des divers, Le Témoin quotidien fait état d’une spéculation foncière dans les cimetières, de Saint-Lazare à Yoff, des familles réservant "des caveaux pour le repos éternel de leurs membres".
Le Quotidien indique que la canicule du ramadan au Fouta, la zone nord du Sénégal, induit une "ruée vers Dakar" la capitale, qui se caractérise par des températures plus clémentes. "Les plus jeunes disputent les places des bus aux personnes âgées", relève le journal.
Le Soleil revient dans un dossier sur le vol de bétail dans le département de Goudomp, dans la zone méridionale du Sénégal. "Les racines d’un fléau transfrontalier", peut-on lire en première page de ce journal.
LES LIVREURS «TIAK-TIAK», UN PALLIATIF AU CHOMAGE ?
Le développement de l’e-commerce au Sénégal a suscité la naissance du métier des livreurs par moto, plus communément appelé Tiak-tiak
Le développement de l’e-commerce au Sénégal a suscité la naissance du métier des livreurs par moto, plus communément appelé Tiak-tiak. Parfois, on trouve des sociétés bien organisées avec une grande clientèle. Mais la plupart du temps, certains jeunes s’y adonnent pour leur propre compte. La solution de l’emploi des jeunes qui constitue une équation à mille problèmes pour le pouvoir de Macky Sall ne passerait-elle pas par cette voie ?
S’il y a un secteur qui n’est pas durement touché par les effets néfastes de la pandémie de Covid 19, c’est bien le secteur de la livraison. Celui-ci est en pleine expansion au Sénégal et beaucoup de jeunes, qui refusent d’être employés par des sociétés comme Tiak-Tiak, travaillent pour leur propre compte et ne se plaignent pas.
Période de flux monétaires avec la Covid 19
Certaines sociétés spécialisées dans la livraison à domicile au Sénégal ont vu leurs chiffres d’affaires doubler lors du début de la pandémie du Coronavirus. En effet, tout au début avec la peur, des responsables de ménage refusaient de se déplacer pour faire leurs provisions dans les grandes surfaces. Le corps médical qui ne connaissait pas bien la maladie refusait systématiquement le contact physique des gens. En dépit de toutes les mesures prises, cette maladie qui a fini de faire des ravages dans les pays occidentaux n’a pas laissé intacts les pays sous-développés comme le nôtre. Certes, les décès dus à cette pandémie dans notre pays n’ont pas connu des proportions aussi importantes, comme c’est le cas dans les pays européens. Seule consolation, s’il en existe, c’est qu’avec la propagation de la Covid 19, la plupart des sociétés de livraison se sont frotté les mains. Les sites e-commerces avaient la plupart du temps fini d’intégrer ces sociétés de livraison organisées et reconnues par le fisc sur leurs plateformes et les coursiers se sont chargés de livrer les commandes en express ou sur rendez-vous. Ils sont nombreux dans les rues de Dakar, surtout à l’heure du déjeuner, qui font la navette entre les restaurants et les différents bureaux éparpillés dans Dakar et sa banlieue.
Selon le fondateur de la start up Tiaktiak, son équipe est « composée d’une cinquantaine de conducteurs à deux roues ou en vélo qui livrent différents types de commandes dont des repas ». Ibrahima Soumaré soutient qu’il s’est retrouvé dans le métier de livraison par défaut. « Je détiens un permis de conduire pour les gros porteurs. Depuis l’avènement de la pandémie dans notre pays, le travail tournait au ralenti et puisque je suis responsable de famille, marié avec plusieurs enfants, je ne pouvais pas rester les bras croisés. J’ai pu acheter la moto Jakarta avec laquelle je travaille grâce à une tontine. Aujourd’hui, je ne me plains pas et je ne suis pas prêt d’aller travailler pour quelqu’un d’autre » a-t-il révélé.
Casque vissé sur la tête, Ousmane Touré fait partie des nombreux jeunes qui parcourent les rues de la capitale sénégalaise et de sa banlieue pour livrer des colis. Etudiant dans un institut supérieur de gestion, Ousmane arrive à subvenir à sa mensualité scolaire grâce au bénéfice tiré du métier de livreur. « Je suis étudiant en cours du soir dans un établissement du supérieur en management et gestion. Beaucoup de clients me font confiance et m’appellent pour effectuer des livraisons. Avec ma moto, je pars jusqu’à Thiès pour livrer des portables haut de gamme dont des IPhones. Avec ce que je gagne journellement, j’arrive non seulement à subvenir à mes besoins de nourriture mais à payer ma scolarité et mon loyer car je viens des régions. Mieux, durant la fête de Tabaski, j’achète le bélier pour mon père qui est d’un âge très avancé» a-t-il expliqué. A en croire cet étudiant, l’Etat doit organiser davantage les jeunes à prendre cette voie qui est vecteur de croissance économique.
Du fait de la concurrence impitoyable, Moussa Diouf, tailleur établi dans la banlieue, a décidé de vendre ses trois machines à coudre pour acheter une moto Jakarta afin de s’atteler à la livraison. « J’avais vendu mes machines à trois cent mille FCFA afin d’acheter une moto venant d’Europe. Aujourd’hui, je dispose de deux autres motos. J’emploie deux jeunes dynamiques du même quartier et qui me font des recettes journalières variables entre 30 et 40 mille chacun pour un salaire fixe de 60 mille FCFA le mois. J’envisage d’acheter d’ici deux ans un véhicule pour faire la livraison dans les régions » a-t-il ajouté.
Contrat de confiance entre les clients et les livreurs
Parfois, les livreurs ne connaissent pas les clients à qui ils offrent le service. Ils sont mis en contact souvent par le vendeur de produits en ligne qui lui suggère du fait de l’éloignement de son lieu d’habitation et du gain de temps, les services de livraison Tiak-Tiak d’un des postulants à leur service de livraison. «C’est plus facile de se faire livrer que de laisser les tâches à faire à la maison pour se déplacer à aller chercher des trucs qu’on peut vous amener jusque chez vous. Il y a de la sécurité puisque les gens qui nous livrent te rassurent avant même de venir. Et une fois chez toi, tu trouves que ça vraiment c’est le produit commandé», remarque Sira Konaté qui croit que le secteur de la livraison est une piste parmi plusieurs pour résorber le chômage endémique des jeunes.
Créneau pour résorber le chômage des jeunes
Selon les dernières informations publiées par l’ANSD, le niveau du chômage des personnes âgées de 15 ans ou plus est évalué à 16,9% au quatrième trimestre de 2019. Ce phénomène est légèrement plus noté en milieu rural où 18,7% de la population active est au chômage contre 15,5% en zone rural. De même, l’enquête démontre que la répartition du chômage basée sur le sexe, affecte davantage les femmes (27,6%) que les hommes (8,6%). C’est dans ce sens que le chef de l‘Etat a décidé après les émeutes consécutives à l’arrestation d’Ousmane Sonko, le leader des Patriotes, de convoquer un conseil présidentiel sur l’Emploi des jeunes le 22 avril prochain au centre Abdou Diouf de Diamniadio. Lors de cette rencontre, des pistes seront dégagées pour tenter de résorber le chômage des jeunes. D’ailleurs, le chef de l’Etat, Macky Sall a annoncé qu’il va injecter 450 milliards FCFA sur trois ans, dont 150 milliards dès cette année pour tenter de résorber le chômage des jeunes. Mieux, dans son discours à la Nation du 03 avril au soir, il a annoncé le déblocage immédiat de 80 milliards pour créer 65.000 emplois dans les domaines de l’éducation, de l’environnement et… de la sécurité entre autres. Cependant, la plupart des jeunes interrogés croient que le métier de livreur est en pleine expansion et que si le marché est davantage organisé, cela pourrait valoir aux jeunes de trouver de l’emploi mais aussi cela permettrait à l’Etat de récolter par le biais du fisc des sommes considérables pour son fonctionnement.
SAINT-LAZARE, RUEE VERS LES TOMBES !
Comme qui dirait les prémices de l’apocalypse, la flambée des enterrements notée dans les cimetières a fini d’entrainer une spéculation foncière jusque dans les tombes.
Comme qui dirait les prémices de l’apocalypse, la flambée des enterrements notée dans les cimetières a fini d’entrainer une spéculation foncière jusque dans les tombes. Si à Yoff, la réserve tombale et transaction financière se font en toute discrétion, à Saint-Lazare de Béthanie (cimetière catholique situé à la Sacré-Cœur-Vdn), la vente de places est de mise, depuis un certain temps.
La trentaine, mine triste, Clotilde Guèye marche nonchalamment bras dessus bras dessous avec son mari. De l’entrée des cimetières, le couple s’avance lentement vers les tombes. Après avoir effectué quelques pas, il bifurque instinctivement à gauche puis se dirige vers un coin rempli de caveaux situé pas très du portail principal. « C’est la section Une. Parmi les dizaines, c’est celle qui est dédiée aux défunts enfants de notre communauté », nous souffle, de l’autre côté, le gestionnaire des cimetières de Saint-Lazare de Béthanie, M. Sagna. Debout, les regards religieusement fixés sur une tombe, Clotilde et son mari prient en murmurant un chapelet de bénédictions à l’endroit de leur mort. Figés sur la même posture pendant une dizaine de minutes, les deux visiteurs se retournent soudain avant d’arpenter de nouveau les caveaux. Daté Bénissant est l’époux de Clotilde. Habitué à venir prier sur la mémoire de sa défunte nièce disparue en bas âge, et ses parents, sa présence fréquente dans les lieux semble l’avoir imprégnée du danger foncier encouru par ce cimetière. « Je ne reste pas plus d’un mois sans venir ici en compagnie de ma femme. Du point de vue de l’organisation, tout est impec. Mais, de plus en plus, je remarque que ces cimetières sont confrontés à un problème d’espace. Et, à vrai dire, c’est un problème de terre qui se pose. D’ailleurs, cette situation est en train même d’empiéter sur la manière dont nous enterons nos morts. Car actuellement, dans ce cimetière, je vois de plus en plus que la plupart des tombes sont superposées », se désole Daté Bénissant. A l’image d’un saint, la tête baissée, les deux mains pieusement posées sur la poitrine, dans un air cardinal, notre interlocuteur détaille ses soucis. Même la religion, confie-t-il, n’a pas recommandé de telles pratiques funèbres. « J’ai étudié le Coran ainsi que la Bible. Mais, nulle part, je n’ai vu ces deux religions suggérer la superposition des morts. Et pire encore, malgré cette saturation, on voit de riches Libanais réserver de grands espaces pour l’enterrement d’un seul corps. Or, ils devaient aussi songer aux personnes démunies qui risquent de ne pas se retrouver avec une tombe une fois décédées », prêche M. Bénissant, d’une voix piteuse.
Des réserves tombales allant de 19.000 francs à 225.000 francs
Assis à la devanture de son bureau, une tasse de thé soigneusement coincée entre deux doigts, Abib Sagna, le gestionnaire du cimetière Saint-Lazare de Béthanie observe avec on ne sait quel sentiment son environnement rempli de tombes. Gardien de ce temple des morts depuis 2015, Sagna, la quarantaine, a vu pousser comme des champignons des milliers de caveaux renfermant les corps des siens venus répondre à l’appel du Seigneur. Une situation qui, d’après lui, aurait suscité, chez la plupart des fidèles la crainte ne pas trouver une dernière place sur terre. « SaintLazare est quasiment le seul cimetière chrétien dans toute la région de Dakar. Et bien que sa superficie soit de 7 hectares, son espace est presque saturé. C’est pourquoi, de plus en plus, on voit des fidèles solliciter des réservations de tombes pour que, lorsqu’ils décèderont, leurs corps ne soient pas confrontés à un problème d’enterrement », confie sereinement M. Sagna.
Exposant les tarifs de l’enterrement hors réservation, le gestionnaire du cimetière indique qu’il existe différents types de tombes suivant la somme décaissée. « Pour l’obtention d’une tombe simple sans ornement, il suffit juste de débourser 5.000 francs en plus des 14.000 francs destinés à la perception municipale de la ville de Dakar. Mais pour une tombe avec caveau, le montant à payer est de 94000 francs avec la quittance incluse », informe-t-il. Au sujet des tombes faisant l’objet de réservation, Abib Sagna révèlent qu’« elles sont souvent commandées sous une forme superposée. La plupart de ces réservations se fait par des couples qui souhaitent être enterrés ensemble. Et la tombe pour deux places avec caveaux coute 130 mille francs. Il existe aussi des réservations de tombes pour trois places que certains font en payant la somme totale de 225 mille francs. Comme quoi, même les dernières demeures ne sont pas gratuites et reproduisent furieusement les inégalités sociales observées sur terre !
LE CIMETIERE DE YOFF AU BORD DE LA SATURATION
Ouvert aux inhumations le 1er mars 1974, après la fermeture de celui des « Abattoirs » de Soumbédioune, le cimetière musulman de Yoff s’étend sur superficie de 1 km² soit 1.000.000 m².
Ouvert aux inhumations le 1er mars 1974, après la fermeture de celui des « Abattoirs » de Soumbédioune, le cimetière musulman de Yoff s’étend sur superficie de 1 km² soit 1.000.000 m². Divisé en cinquante-sept (57) sections ou parcelles, sa durée de vie avait été estimée à 150 ans par les autorités. Hélas, en moins de 50 ans, le cimetière de Yoff, confronté en plus à une spéculation foncière qui ne dit pas son nom, va bientôt être saturé.
Nous étions ce weekend au cimetière musulman de Yoff où, presque tous les vendredis, samedis et dimanches sont la « Toussaint » (fête des morts chrétienne) en ce sens que de nombreux visiteurs viennent honorer leurs défunts en se recueillant sur leurs tombes. Tout visiteur non habitué des lieux se perd dans cette vaste constellation de tombes de 1 km2 soit 1.000.000 m2. Dans cette nécropole musulmane divisée en cinquante-sept (57) sections ou parcelles, les tombes s’étendent à perte de vue. Cette très forte démographie « macabre » provoque un spectre de saturation qui hante la communauté musulmane dakaroise. Ouvert aux inhumations en mars 1974 après la fermeture de celui des « Abattoirs » de Soumbédioune, le cimetière musulman de Yoff arrive à saturation. Alors que conservateurs et gestionnaires de l’époque avaient prévu sa durée de saturation à 150 ans, dans une dizaine d’années Yoff ne sera plus en mesure d’accueillir des morts. Sauf si les défunts appartiennent à une famille qui a pris le soin de faire des « réservations » c’est-à-dire d’y posséder un carré de famille.
A Yoff, 100.000 cfa pour la réservation de six tombes
A l’ombre d’un arbre, sur les rebords d’une tombe carrelée, des maçons — ou, plutôt, des fossoyeurs — au repos palabrent dans une ambiance détendue à quelques mètres de l’entrée des cimetières. L’un d’entre eux, guettant des yeux le moindre passant, se lève subitement et s’approche après quelques murmures à ses compagnons. « Avez-vous besoin d’une tombe ? », nous interpelle-t-il en toute discrétion, suite à de brèves salutations d’usage. L’objet de la visite décliné, Sow s’emploie à nous informer sur les conditions de réservation d’espaces dans l’enceinte du cimetière. « Le gestionnaire est absent mais si vous voulez une réservation, il faut savoir qu’il y a deux catégories. La première c’est pour la tombe d’une seule personne et elle coûte 14.500 cfa. Mais ici, la plupart des réservations que nous recevons, c’est pour six tombes regroupées dans un seul espace familial. Et pour en bénéficier, il faut payer 100.000 francs au gestionnaire », confie, en catimini, le maçon en service dans le coin des morts. Puis, comme saisi par le silence des lieux, soudainement, d’une voix faible et sinistre, il prêche : « Tout cela, c’est parce que dans cette vie sur terre, nul ne sait de quoi demain sera fait. C’est pourquoi, il est préférable, pour l’homme, d’anticiper des fois son chemin irréversible ». Et selon lui, en contrepartie du versement de la somme demandée, il est remis au souscripteur un document attestant la réservation et sur lequel d’ailleurs, il va apposer sa signature. « Le reste de la procédure, ce sera à lui de le distribuer à six membres de sa famille afin qu’à la mort de chacun d’entre eux, ses accompagnants puissent présenter la réservation au gestionnaire du cimetière pour les besoins de l’enterrement. Quant à nous les maçons, à part la pierre tombale que le client se procure par commande, notre tâche est de construire le sépulcre puis de carreler son mur », renseigne notre interlocuteur. Après quoi, il nous indique la direction à prendre pour visiter un périmètre parsemé de tombes vide déjà achetées.
Des caveaux réservés…pour l’éternité
En parcourant effectivement le cimetière, on constate qu’il y existe de nombreux caveaux familiaux. A l’image de celui-ci estimé à 5 m2 mais qui n’abrite pour le moment qu’un seul corps. Tous les deux autres « tombes » apparentes sont fictives bien qu’elles soient matérialisées par de fausses plaques « Ici repose x et y ». Et le tour est joué ! « C’est le caveau familial d’un grand dignitaire dakarois qui l’avait réservé pour y regrouper ses proches une fois décédés » nous souffle-ton.
Selon un membre de cette famille que nous avons contacté, c’est sa mère qui s’était débrouillée pour acquérir cet espace à moins de 200.000 cfa. Au fond de l’aile Est des cimetières, après une minute de marche à partir de la droite du portail, s’ouvrent en face les tombes des… vivants. Elles se différencient de celles des morts par la grandeur de leur pourtour. Mais vite reconnaissables par de curieuses indications soigneusement rédigées sur des pierres tombales. Noir sur blanc, en lettre capitales : « RESERVE FAMILLE SALL » - « RESERVE FAMILLE KA » - « RESERVE FAMILLE NDIAYE ». A quelques mètres de cette zone, conversent trois fossoyeurs inactifs aux abords de tombes inachevées. Les habits usés, le corps poussiéreux, Ndao, un membre du trio souhaite proposer ses services pour une éventuelle réservation de tombe. Mais pour ce faire, notre interlocuteur invite à se rapprocher du gestionnaire des cimetières lequel, selon ses dires, devrait d’abord encaisser le paiement avant de lui filer 3000 francs le cout de son labeur pour une tombe creusée. Nous avons tenté de recueillir la version du gestionnaire des cimetières de Yoff. Mais toutes nos tentatives sont restées vaines hormis une brève entrevue durant laquelle M. Diassy, c’est son nom, trouvé en pleine discussion, s’est montré indisponible. Car étant débordé, s’es-il justifié, par le nombre élevé d’enterrements en ce mois béni. Puis, deux jours plus tard, le rendez-vous pris sera raté. Il est vrai que seul l’ange de la mort ne rate pas ses fameux — et redoutés — RV !
CIMETIÈRE DES ABATTOIRS DE SOUMBÉDIOUNE, AUX ORIGINES, UN TITRE FONCIER DE LA COLLECTIVITE LEBOUE
Situé sur la corniche ouest de Dakar, le cimetière musulman de Soumbédioune s’étend sur une superficie de plus 5.000 m2
Situé sur la corniche ouest de Dakar, le cimetière musulman de Soumbédioune s’étend sur une superficie de plus 5.000 m2. Les uns l’appellent « Abattoirs » ou « Bétoire » du fait de sa proximité à l’époque avec les anciens abattoirs municipaux de Dakar. Une troisième catégorie l’appelle « Aurevoir ». Toujours est-il que l’ancien cimetière musulman de Soumbédioune est devenu un patrimoine religieux et spirituel de notre capitale. Aux origines, un titre foncier collectif N° 710 gracieusement offert par onze dignitaires de la collectivité léboue pour servir de dernière demeure aux habitants de la presqu’ile du Cap-Vert. Il a été aménagé et ouvert aux enterrements en avril 1912 après l’arasement de celui qui se trouvait à l’emplacement de la grande mosquée de Dakar. Quarante sept (47) ans après la fermeture définitive du cimetière musulman de Soumbédioune, « Le Témoin » revient sur ses origines…
A l’image de l’Ile de Gorée, du lycée Lamine Guèye (ex-Van Vollenhoven), du palais de la République, du camp Dial-Diop, de la Chambre de Commerce, de la gare ferroviaire, du marché Kermel, de la cathédrale du Souvenir africain et autres, le cimetière musulman de Soumbédioune ou « Bétoire » fait partie des sites et monuments historiques de la région de Dakar ex- Cap-Vert.
Se démarquant du lot, le cimetière des « Abattoirs » ou « Aurevoir » pour les dakarois autochtones, s’enlise dans une particularité qui fait de lui un patrimoine religieux et spirituel de Dakar. Après l’arasement en 1912 de l’ancien cimetière municipal de la capitale, qui se trouvait à l’emplacement de l’actuelle grande mosquée de Dakar, il a fallu chercher un autre site pouvant servir abritant de dernière demeure aux habitants de la presqu’ile. Pour la collectivité léboue, elle ne pouvait pas meilleur endroit que la corniche Ouest pour le repos éternel de ses morts et aussi celui de ses hôtes. Un endroit situé en bordure de mer où la fraîcheur marine s’invite naturellement chez cette sacrée population silencieuse ayant besoin d’être bercée paisiblement par la douceur des vagues.
Mieux, selon B. Diène, spécialiste en assainissement-environnement, dans presque tous les pays du monde disposant d’un code de l’Urbanisme, un cimetière est généralement aménagé au sommet d’une colline ou sur un terrain en pente favorisant l’écoulement des eaux pluviales. « Parce qu’il est impossible d’enfouir des tuyaux de canalisation dans un cimetière musulman où les corps doivent être mis sous terre. Donc, vous conviendrez avec moi que le cimetière des « Abattoirs » de Soumbédioune se trouve dans un bon site surplombant l’océan Atlantique, loin des habitations » explique-t-il pour justifier à l’époque le choix de l’emplacement du cimetière de Soumbédioune.
Et comme le site s’étendait sur plusieurs titres fonciers individuels appartenant à de grands dignitaires et notables de la collectivité leboue de Dakar, il a fallu mettre à contribution ces derniers pour qu’ils cèdent la superficie nécessaire. Une contribution foncière de 11 généreux donateurs Sollicités, les généreux donateurs lébous ne se sont pas fait prier pour céder leurs terrains en totalité ou en partie. Ils étaient onze dignitaires et autres autorités coutumières à céder, chacun, une parcelle de son terrain. Il s’agit des nommés : Dial Diène, qui a donné le Tf n° 710, Mapathé Mbaye (Tf n° 708), Diène Diagne (Tf n° 717), Secka Diène (Tf n° 709), Mamadou Mbaye (Tf n° 716), Biram Demba Diop (Tf n° 715), Mme Rokhaya Guèye (Tf n° 719), Alié Mbaye (Tf n° 712), Alpha Diol (Tf n° 711), Meissa Guèye (Tf n° 713), Gor Marou Guèye (Tf n° 714), Ndiabba Diène (Tf n° 721) et Madiène Thiam (Tf n° 722).
Devant le notaire, tous ces titres fonciers sont annulés pour en faire un seul et unique Tf n°710 qui s’étend sur une superficie de plus 100.000 m2 dont « Le Témoin » a obtenu copie suite à d’intenses investigations. Un titre foncier devenu propriété de la collectivité léboue.
Ainsi, le cimetière musulman de Soumbédioune a été crée et aménagé aux cotés des ex- abattoirs municipaux de Dakar. D’où les appellations indigènes ou nostalgiques d’« Abattoirs » et «Bétoire » pour les uns, « Soumbédioune » ou « Aurevoir » pour les autres. Toujours est-il que plusieurs figures historiques et célèbres personnalités reposent aux « Abattoirs » depuis son ouverture aux inhumations en 1912 jusqu’à sa fermeture pour saturation le 28 février 1974 à 18 heures sur arrêté du gouverneur de Dakar de l’époque, Thierno Birahim Ndao.
Parmi ces illustres défunts de la collectivité léboue, Abdou Cogna Diop, Moussé Diop et Ibrahima Diop, tous Grand-Serigne de Dakar. De même que d’autres dignitaires lébous tels que Palla Paye, Mbaye Diagne Ndéye Dji Rew, Magam Ndir et Makhtar Diop qui est l’arrière arrièregrand-père de l’actuel Grand Serigne de Dakar Abdoulaye Makhtar Diop pour ne citer que ceux là ! Sans oublier de hautes personnalités politiques qui ont marqué l’histoire du Sénégal de la colonisation à l’Indépendance : Lamine Guèye (20 septembre 1891 – 10 juin 1968), dont la tombe en bâtisse verte se trouve juste après l’entrée du cimetière. Il a été maire de Dakar de 1945 à 1961, député au parlement français de 1946 à 1951, sous-secrétaire d’Etat dans le gouvernement français du 16 décembre 1946 au 22 janvier 1947. Premier Président de l’Assemblée Nationale du Sénégal, de 1960 à sa mort en 1968. Pour la petite histoire, feu El Hadj Abdou Aziz Sy avait dirigé sa prière mortuaire à la mosquée Zawiya El Hadji Malick Sy à Dakar-Plateau.
La tombe de Blaise Diagne, le premier député sénégalais et africain au parlement français se distingue par son emplacement à l’entrée du cimetière. « Seuls les conservateurs de l’époque connaissent les raisons de l’enterrement de Blaise Diagne à l’entrée du cimetière et non à l’intérieur » esquive ce grand dignitaire lébou.
Par contre, il tient à préciser que si le cimetière des « Abattoirs » reste une propriété de la collectivité leboue, il a été érigé en cimetière musulman c’est-à-dire appartement à l’ensemble de la communauté musulmane de Dakar et d’ailleurs. « Pour preuve, je vous révèle qu’un grand marabout Mbacké-+Mbacké est enterré aux « Abattoirs » préciset-il.
En effet, de grandes figures politiques et hommes d’affaires maliens, guinéens etc. reposent également au cimetière musulman de Soumbédioune. Parce qu’à l’époque, ce n’était pas facile de transporter une dépouille de Dakar à une autre région sous l’autorité du gouverneur de l’Afrique occidentale française (Aof). Non seulement les réseaux routiers étaient inadéquats voire inexistants, mais encore il fallait cette époque-là avoir l’autorisation du gouverneur colonial pour transférer un corps afin de prévenir tout risque de contamination liée à une épidémie » explique notre interlocuteur. Il est vrai qu’au lendemain de sa création en 1912, certains conservateurs du cimetière avaient estimé sa durée de saturation à environ 100 ans. Face à l’explosion démographique enregistrée à Dakar, la commune de Dakar était confrontée à un manque d’emplacements. Comme quoi, il n’y avait aucune possibilité d’extension du fait de l’urbanisation des quartiers environnants comme la Médina, Rebeuss etc. Sans oublier surtout les constructions et occupations irrégulières sur la Corniche ouest de Dakar.
A défaut de l’agrandir, le gouverneur d’alors de Dakar, en concertation avec la collectivité de léboue, avait décidé de fermer le cimetière de Soumbédioune pour cause de saturation. Provoquant la création et l’ouverture du cimetière musulman de Yoff où un enfant a été le premier à être enterré. C’était le 1er mars 1974, nous confie-t-on. Implanté sur une superficie de 1km2, soit 1.000.000 m2, le cimetière de Yoff tend lui aussi vers la saturation à cause d’une mafia foncière qui s’active sur fond de « réservations » de tombes (voir reportage). Une quasi-saturation après 47 ans d’existence seulement ! Ce alors que la durée de…vie avait été estimée à 150 ans environ. Même pas la moitié de la longévité qui lui était annoncée…
YAYA SOW AMER ENVERS BBY
Le député-maire de Ribot Escale a choisi la cérémonie de remise de kits alimentaires aux populations de Koungheul pour « corriger » les responsables politique de Bby qui se sont lancés dans une véritable opération de séduction des populations
Alioune Badara DIALLO (Correspondant à Kaolack) |
Publication 20/04/2021
Le député-maire de Ribot Escale a choisi la cérémonie de remise de kits alimentaires aux populations de Koungheul pour « corriger » les responsables politique de Bby qui se sont lancés dans une véritable opération de séduction des populations à travers des méga-meetings. En effet, Yaya Sow, responsable du parti au pouvoir dans ce département, s’est dit convaincu que ces rassemblements politiques ne sont pas propices pour répondre aux attentes des populations mais « constituent des occasions pour berner le chef de l’Etat en lui faisant croire à une fidélisation des militants tout en omettant les préoccupations des Sénégalais ». Autrement dit, des meetings « door marteau » comme le disait « le Témoin » !
Cette sortie du responsable politique de l’APR de Koungheul va déplaire sans doute à la mouvance présidentielle. En effet, le très populaire député-maire au poids électoral incontesté dans le Saloum, notamment dans le département de Koungheul, n’a pas caressé dans le sens du poil les responsables politique de Benno Bokk Yakaar auquel il reproche de tenter faussement de séduire les populations à travers des meetings d’envergure dans tout le pays alors que les attentes sont ailleurs.
En réalité, aux yeux de Yaya Sow, député-maire de Ribot Escale, ces méga-meetings sont tout sauf un cadre pour trouver des solutions aux multiples problèmes des populations car, à l’en croire, ils ont comme unique but de « berner le chef de l’Etat Macky Sall en lui faisant croire à une adhésion massive des populations à la mouvance présidentielle, notamment au parti au pouvoir ». A en croire Yaya Sow, ces rendez-vous politiques ne sont d’aucune importance pour les Sénégalais qui subissent au quotidien des problèmes multiples. Par conséquent, estime-t-ils, ils sont intéressés par autre chose que ces meetings qui sont loin de les séduire. Par conséquent, Yaya Sow invite les responsables politiques de Bby à se rapprocher des populations en vue de s’imprégner de leurs difficultés pour y remédier.
Dans le même sillage, le parlementaire indique que « dans le département de Koungheul, par exemple, les gens n’arrivent à se soigner comme ils le souhaitent, de plus, il leur est difficile d’assurer à leurs enfants une bonne éducation sans compter le chômage des jeunes que connait la zone, donc ces questions devraient être priorisées par les responsables de Benno à la place des meetings à tous les coins de rues sans que ceux-ci n’aient aucun impact socio-économique sur le vécu des Sénégalais » a asséné le très populaire député-maire de Ribot-Escale.
En tout cas, Yaya Sow n’a pas mâché ses mots hier lors de la cérémonie de remise de kits alimentaires aux nécessiteux de la zone. Des dons d’une valeur de plus de 11millions de nos francs pour soutenir les familles dans le besoin. A écouter parler le responsable départemental du parti au pouvoir, il était aisé de comprendre sa colère car, selon lui, la vision politique du chef de l’Etat Macky Sall ne colle pas avec cette manière de faire de son entourage politique qui ne fait que combattre sans adversaires. Autrement dit, et selon lui, ces responsables politiques ont raté leurs cibles à travers ces rencontres aux allures politiciennes.
Poursuivant, il déclare : « l’heure est au travail et non au gâchis et à la politique politicienne. Donc, nous devront changer de fusil d’épaule en choisissant la bonne stratégie pour séduire le peuple sénégalais, ce qui n’est possible qu’en œuvrant pour son intérêt » a conclu Yaya Sow. Voilà un discours véridique que le président de la République devrait écouter !
LA TYRANNIE DU STATU QUO
L’importance du facteur travail dans le développement n’est pas nouveau, puisque la sous-utilisation ou la non-utilisation du facteur travail a toujours constitué un nœud gordien des politiques économiques
L’importance du facteur travail dans le développement n’est pas nouveau, puisque la sous-utilisation ou la non-utilisation du facteur travail a toujours constitué un nœud gordien des politiques économiques.
Au Sénégal, on a commencé à s’intéresser à l’emploi dès le premier plan mais de manière générale, sans tenir compte de l’inadéquation des concepts classiques par rapport à nos économies. La bonne tenue de l’emploi est le signe extérieur d’une bonne croissance qui n’est plus seulement l’augmentation auto-entretenue de certaines grandeurs économiques (produit national brut, revenu par habitant etc..), ni de la modification cumulative des conditions de production ou la transformation des infrastructures. Le chômage quant à lui est l’une des manifestations les plus visibles du sous-développement. Il montre dans les faits l’état réel de l’économie au-delà des discours ou des clignotants qu’on déclare verts. Le fétichisme des chiffres ne peut pas masquer les difficultés quotidiennes. L’emploi au Sénégal sera le défi majeur de notre siècle.
En effet, le 19e siècle était celui où les matières premières dominaient tout, le 20e siècle, celui des matières énergétiques (la vapeur, le pétrole, le gaz) qui ont façonné l’équilibre du monde. Notre siècle sera celui du savoir et des services. Le savoir sera tout à la fois la clé et l’enjeu de l’avenir des peuples et des sociétés. Il sera à la base de plus de 70%des emplois occupés. Notre pays depuis 1960 se maintient dans un statuquo tyrannique et prend souvent le problème de l’emploi par le même bout. Une bonne analyse du marché de l’emploi nécessite l’étude de sa demande certes, mais aussi de son offre. Il est certain que toute politique économique cherche à résoudre le chômage et tente de faire avancer le marché vers le plein emploi ; et ceci bien qu’il soit utopique de parler de plein emploi dans nos sociétés.
Mais l’analyse des agrégats permet de mieux connaitre les limites et de mieux comprendre l’efficacité de ces politiques. Il faut savoir en outre et ceci avant d’appliquer une stratégie globale que la réduction du nombre de personnes qui cherche un travail ne passe pas par la seule création d’emploi « in abstracto ».
En effet, il faut qu’il y ‘ait des processus de réallocation déclenchés par des phénomènes de vacances d’emploi tels que les personnes inactives finissent par trouver une occupation qui leur conviennent et qu’elles seront capables de la remplir avec satisfaction. Cette norme est la base des politiques des 35 heures en France.
L’assouplissement des normes d’employabilité et l’accroissement de la demande globale déclenchent le processus. Depuis 1960, le taux de croissance du produit national brut au Sénégal n’est pas suffisant pour absorber le surplus de main d’œuvre qui apparait chaque année sur le marché du fait de la croissance démographique et de la faiblesse du taux de productivité de certains secteurs.
Se basant sur ce constat, les politiques économiques ont tenté d’accélérer la croissance. Mais les imperfections et la segmentation du marché de l’emploi ont freiné la réduction du chômage. Les tentatives au Sénégal ont jusqu’à aujourd’hui été axées sur l’intégration de l’industrie. Mais l’hétérogénéité de ce secteur composé d’unités juxtaposées, la faiblesse de leurs investissements et leur manque de « knowhow » freinent cette approche. Déjà le plan de 1961-1965 dans un court chapitre sur l’emploi disait « la réalisation du plan entrainera la création de 20 000 emplois dans l’industrie et le bâtiment ». Ce chiffre a été affiché 40 ans après. Il n’existe pas de politique spécifique de l’emploi puisque la création d’activités devait être seulement la conséquence des investissements prévus et leurs effets multiplicateurs.
La mise en place d’un code d’investissement et d’une zone franche industrielle n’y ont rien fait. La mondialisation et la conjoncture économique souvent défavorable ne peuvent pas seules justifier l’échec de ces politiques de l’emploi. Il est impossible dans le cadre d’un article de couvrir l’ensemble des possibilités. Mais il est certain, que tout potentiel humain peut constituer une richesse à condition d’être bien formé et mobilisé à des tâches prioritaires. Il est temps d’agir non pas sur le changement dans l’état des demandes mais sur les structures et le niveau des offres.
L’expansion démographique et la modernisation ont sapé l’équilibre du marché de l’emploi entrainant un transfert énorme des populations rurales vers les villes. Ce phénomène a permis la naissance du secteur informel qui cohabite avec celui dit moderne avec une difficulté d’accès du premier vers le second. Il apparait qu’en volume d’emploi total, le secteur informel estle premier secteur au Sénégal. Mais en fait il est dominé par le sous-emploi. Il existe aussi des postes d’activité où l’importance des revenus dépasse celui du cadre moyen sénégalais. C’est ainsi que la promotion et la modernisation du secteur informel en lui gardant ses caractéristiques devient nécessaire.
Le secteur informel nécessite une plus grande connaissance. Et pour aider l’industrie à jouer son vrai rôle, il faudra corriger la distorsion des facteurs de production, améliorer l’insuffisance de la demande et combattre les pénuries de capitaux et de matières premières. Ces mesures d’ordre macro-économiques relèvent d’une politique économique globale.
Les problèmes démographiques et la mise en valeur des ressources nationales entrent dans ce cadre. La politique macro-économique doit favoriser les PME plus pourvoyeurs d’emplois que les multinationales.
Les PME n’ont pas accès aux capitaux et subissent la déficience des facteurs de productions c’est-à-dire les prix de l’énergie et les fonds de roulement. Pourquoi l’économie du Sénégal malgré un taux de croissance positif embauche peu ? Parce qu’au Sénégal la demande en matière d’emploi est directement liée aux activités économiques qui sont concentrées autour des pôles de croissance. Ces dernières apparaissent comme des activités motrices qui influent sur la structuration de la main-d’œuvre. Les problèmes concernent les différents types de chômage et de sous-emploi, leurs manifestations et leur répartition sectorielle devront être cernés.
Afin que de manière concrète, l’état et les entreprises privées puissent absorber le plus possible l’important excédent des ressources humaines sans aucunement mettre en cause la compétitivité de notre économie et notre modernisation. Il est certain que dans notre pays, le chômage est un vrai dilemme. D’une part, la maîtrise des coûts de production est préalable à toute modernisation industrielle donc à tout développement. D’autre part, le chômage accroit les inégalités entre les groupes sociaux plus ou moins favorisés par le milieu social, l’âge, la formation ou la qualification. Il est le terreau des déséquilibres sociaux aux conséquences incalculables d’où la nécessité de mettre l’entreprise au cœur des politiques économiques car « ce sont les profits d’aujourd’hui qui font les investissements de demain et les emplois d’après-demain ».