LA «DETRESSE» DE MERES DE FAMILLE AUX LENDEMAINS DE TABASKI
Aux lendemains de la Tabaski, beaucoup sont les travailleurs domestiques, encore appelées bonnes, qui ne sont pas encore revenu dans leurs maisons de travail

La fête de l’Aïd El-Kebir, appelée Tabaski ou Aïd al-Adha, se caractérise par de grands mouvements de personnes notamment des grandes villes comme la capitale vers les localités de l’intérieur du pays. Parmi ces personnes qui se déplacent pour aller passer la fête en famille, les femmes de ménages, communément appelées bonnes ou domestiques. Conséquence, c’est la croix et la bannière chez les patrons (nes)/employeurs, notamment chez les couples qui travaillent, contraints de prendre le relais de ces bonnes à tout faire, le temps de cette absence qui souvent devient longue.
Aux lendemains de la Tabaski, beaucoup sont les travailleurs domestiques, encore appelées bonnes, qui ne sont pas encore revenu dans leurs maisons de travail. Le constat est unanime, les mères de famille s’adonnent aux tâches ménagères qui débordent, dans la maison. Les bonnes sont très essentielles dans le quotidien des ménages sénégalais surtout pour les jeunes couples qui travaillent.
Vaisselle, nettoyage, préparer le repas, faire le linge, s’occuper des enfants et des nourrissons, entretien et salubrité du cadre de vie sont, entre autres, les différentes activités qui occupent les bonnes. Ce qui fait que, une fois en congé, pour l’occasion de la Tabaski, leur absence se fait ressentir dans nombres de ménages de la capitale Dakar et sa banlieue. Amy Sène, mère de jeunes enfants, exprime sa détresse. «Il fait déjà 6h (18h, ndlr) et je n’ai pas encore lavé les enfants», crie-t-elle. Débordée, elle est entre préparation de repas et occupation des enfants ; elle aurait terminé plus tôt parce que «la bonne aurait fait la majeure partie des tâches».
Et elle poursuit : «j’allais juste faire ma chambre et veiller sur les enfants». Isseu, une étudiante, a observé une pause pour ses études et prend le relais, en l’absence de leur bonne. Pour la même raison, cette dernière n’est pas encore revenue, elle est partie également pour fêter la Tabaski avec sa famille. Plutôt, vers 9h, après avoir déposé les ordures au niveau du véhicules de ramassages, elle confie : «je suis très fatiguée. La bonne n’est pas encore revenue et c’est moi qui suis chargée de faire tout le travail de la maison. Je n’ai même pas le temps de me reposer», déclare-t-elle.
Maison bien rangée, harmonisée, propre à la suite du passage du balai et de la serpillère, embaumant la maison, la marmite qui bout à 100°, laisse évaporer une odeur qui promet un délicieux repas, un linge qui fait du bien aux yeux… Voici le rapport concret qui constitue le quotidien des ménagères. Elles méritent respect. Et c’est dans cette lancée que Siga, qui dans le passé était bonne et gère désormais son propre business, nous laisse entendre ces propos : «les bonnes méritent une meilleure considération parce que leur présence est plus qu’importante dans les ménages».
Des souvenirs de moments chaleureux avec son employeur qui, dit-elle, la prenait comme sa propre fille, elle en garde encore. Selon elle, son patron discutait avec elle et s’occupait de quelques tâches à sa place. D’autres souvenirs (mauvais), ceux de sa copine, moins chanceuse qu’elle, qui se retrouvait avec de la vaisselle qui date du jour de la Tabaski.
Pour d’autres témoignages, il a fallu se promener dans les quartiers de Sacré-Cœur. A à l’accueil, des maisons fermées. Sur 30 à 60 m de marche, ouf, un espoir. Une source se présente. Serpillère à la main, cette jeune femme sur le point de finir le ménage s’est cependant excusé de ne pouvoir répondre à nos questions.