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23 juin 2025
SASSOU NGUESSO, L'EMPEREUR DU CONGO
Il est arrivé au pouvoir en pleine Guerre froide : le président du Congo-Brazza a mis le cap sur le club des dirigeants autoritaires qui cumulent plus de 40 ans au pouvoir, après sa réélection écrasante (88,40%) entérinée par la Cour constitutionnelle
Président ? Ses homologues ivoirien et guinéen l'ont récemment appelé "l'Empereur".Seul à bord, le maître de Brazzaville se montre de plus en plus intraitable avec quinconque ose défier son pouvoir absolu à la tête de son petit pays pétrolier de cinq millions d'habitants étranglés par la crise économique.
"C'est un militaire", souligne un de ses proches admiratifs de sa longévité, alors que ses adversaires le disent fatigué et bon pour la retraite.
Né en novembre 1943 dans la bourgade d'Edou, à plus de 400 km au nord de Brazzaville, il embrasse une carrière militaire au moment où le Congo obtient son indépendance de la France en 1960.
Entre 1961 et 1963, il suit une formation militaire à l'école des officiers de réserve de Cherchell, dans une Algérie encore française, puis à l'école d'application de l'infanterie à Saint-Maixent (ouest de la France).
Jeune officier, il participe en 1968 au mouvement qui renverse le président Alphonse Massamba-Débat et porte au pouvoir le commandant Marien Ngouabi qui veut édifier une société "socialiste" sous les Tropiques.
L'année suivante, il participe à la fondation du Parti congolais du travail (PCT), parti unique acquis au marxisme-léninisme.
Élément clef du système sécuritaire du régime, ministre de la Défense, il accède à la tête de l'État en 1979, deux ans après l'assassinat de Ngouabi.
Dans ce régime aligné sur le bloc soviétique, le colonel Sassou est dans les années 1980 "président du comité central", "chef de la République", "chef du gouvernement".
Au tournant des années 1990, la chute du mur de Berlin et le président français François Mitterrand obligent l'Afrique à se convertir tant bien que mal au multipartisme.
Essai réussi au Congo: lors de la première présidentielle démocratique de 1992, Sassou Nguesso est battu par Pascal Lissouba.C'est la traversée du désert et l'exil en France, le pays qui l'a finalement toujours soutenu.
L'essai ne dure guère.Le Congo s'enfonce dans la violence et la guerre civile, sur fond d'enjeux pétroliers.Le président Lissouba ira jusqu'à accuser Elf (ex-Total) d'avoir soutenu le retour au pouvoir de M. Sassou Nguesso.
- Emprise familiale -
En 1997, à l'approche d'une nouvelle présidentielle, les miliciens "cobras" de Sassou Nguesso, appuyés par des militaires angolais, se livrent à un sanglant conflit avec les forces de M. Lissouba, faisant des milliers de morts.
Il transforme sa victoire militaire en triomphe électoral (près de 90% des suffrages) lors de la présidentielle de 2002, boycottée par les principaux dirigeants de l'opposition.
La même année est adoptée une Constitution consacrant un régime présidentiel fort.
En 2009, celui qui est devenu un partisan du "socialisme hybride" après l'adoption de la "doctrine sociale-démocrate" par son parti est réélu avec plus de 78% des suffrages.
En 2015, Denis Sassou Nguesso change la Constitution pour se maintenir au pouvoir encore au moins trois mandats, lors d'un referendum.
En 2016, il est réélu dès le premier tour avec plus de 60% des voix.
L'ancien chef d'état-major, le général Jean-Marie Michel Mokoko, et l'ex-ministre André Okombi Salissa, tous deux candidats malheureux, ont contesté sa victoire.Ils purgent une peine de 20 ans de travaux forcés depuis 2018 pour "atteinte à la sécurité intérieure de l'État".
Le chef de l'État n'a pas tenu sa promesse d'utiliser la rente pétrolière pour développer des grands projets d'infrastructures et de développement.
Ce programme a été plombé depuis 2014 par une grave crise socio-économique marquée par la baisse des cours de l'or noir.
La pauvreté reste largement répandue et les détracteurs du président dénoncent son train de vie somptuaire, la corruption qui gangrène la sphère publique, l'emprise de sa famille comme de son ethnie mbochi sur l'Etat, ainsi que la répression de toute dissidence.
Présenté par les médias officiels comme "artisan de la démocratie", M. Sassou Nguesso a placé en tête de ses priorités pour les cinq années à venir la paix, la jeunesse, et le développement de l'agriculture pour sortir du tout-pétrole et de la dépendance aux importations.
Depuis la mort, en 2009, du président gabonais Omar Bongo, qui avait épousé sa fille, Denis Sassou Nguesso se plaît d'ailleurs à endosser à son tour le rôle du "patriarche" ou du "vieux sage" dans les crises qui secouent la région, et parfois au-delà en Afrique.Toujours au nom de "l'expérience"...
par Yakham Mbaye
LETTRE D'UN MILITANT À UN PORTEUR D'OPTIMISME
Je peux attester, pour avoir eu l’honneur d’être à vos côtés de 2009 à 2012 pour vous voir inspecter des étendues peuplés de Sénégalais, qui vont de la Diaspora aux coins les plus reculés du pays, que vous avez « Le Sénégal au cœur »
« On ne conduit le peuple qu’en lui montrant un avenir : un chef est un marchand d’espérance ».
Napoléon Bonaparte
Éloigné du pays, malgré moi, et surtout de ce que j’affectionne le plus : le champ de la démocratie où se confrontent convictions et concepts pour y bretter avec ceux qui vous portent contradiction – une absence qui me pèse plus que ce qui y a concouru – par la grâce et la magie des NTIC, samedi dernier, je vous ai regardé, je vous ai écouté et j’ai essayé de prendre la mesure de vous entendre. Puis, ce lundi, m’a pris un irrépressible besoin de rompre mon monologue et de vous exprimer, tout en la partageant, l’impression que vous m’avez laissée. Cela, je l’avoue, en dépit de l’injonction que vous m’avez fait de me retirer des fronts pour me ménager.
Seulement, j’ose croire que vous pardonnerez l’acte que je vais poser, assimilable à une « désobéissance », en comprenant mon inféodation à une posture faite religion : les situations conjoncturelles particulières et/ou handicapantes auxquelles peut être confronté un militant engagé ne peuvent et ne doivent le dispenser de se battre pour votre juste gloire, en toutes circonstances, avec tous les moyens nécessaires et légaux. En ce qui me concerne, ces moyens sont trois attributs par la grâce de Dieu et sont toujours opérationnels : ma langue et mes mains pour exprimer mon verbe et mes écrits, et ma tête pour les affûter.
Cette posture indiquée est caractérisée autrement par la formule de Babacar Justin Ndiaye : « Un régime auquel on appartient, on le défend avec ferveur ou on le quitte avec grandeur ».
Donc, à l’issue de votre adresse à la Nation sénégalaise, ma conviction fut faite : c’est par la force de l’empathie que vous vous êtes adressé à votre peuple dont une partie, infime soit-elle si elle est rapportée à la majorité qui vous a brillamment élu et réélu, mais non moins négligeable, a exprimé, début mars dernier, sa fureur née d’insoutenables difficultés quotidiennes qui la tenaillent.
Votre posture s’explique, à mon avis, par le fait que vous avez compris qu’il est arrivé le temps de l’ajustement et du réajustement, après cette secousse alarmante. Et l’écoute et la compréhension dont vous avez fait preuve à l’endroit des vôtres ont été mises en exergue dans votre adresse du 08 mars 2021.
Contrairement à ces chefs emmurés dans le huis clos réfrigérant de leur pouvoir, espace lugubre du fait des jeux, trafics et intrigues de courtisans qui les rendent sourds aux fureurs qui grondent et secouent l’alentour, vous avez prêté une oreille attentive à vos concitoyens. Cette aptitude n’est assurément pas celle d’un dictateur ; que le terme soit compris selon sa vieille définition d’un magistrat nommé et détenteur des pleins pouvoirs en temps de crise dans la Rome antique ou, au sens actuel, par le fait d’un gouvernant qui maintient son peuple sous le joug à l’image de Anastasio Somoza, au Nicaragua, ou Antonio Noriega, au Panama.
Sans doute, avant le 08 mars, alors que d’un peu partout des cris d’orfraie vous pressaient de parler, sans parvenir à vous départir de votre stoïcité, vous aviez fait vôtre le propos du célèbre communicateur traditionnel et écrivain malien, Massa Makan Diabaté : « La parole d’un chef, c’est comme l’eau versée, elle ne se ramasse pas ». Et au moment opportun, vos paroles ont laissé voir votre grande capacité à vous saisir rapidement des enjeux du moment et à leur apporter des réponses rapides et précises. « Je vous ai compris », aviez-vous alors dit à ceux, en particulier ces jeunes, qui avaient déversé le trop-plein de leur amertume dans des artères de la capitale et de contrées du pays réel.
Vous avez compris que la jacquerie urbaine d’une partie des jeunes, cette frange majoritaire de notre population qui souffre d’un quotidien sans relief, n’appelait pas un doigt accusateur et inquisiteur, mais un esprit ouvert et une volonté réelle d’apporter des réponses concrètes à leurs interrogations. En annonçant un programme spécial doté de 350 milliards de francs CFA et destiné à l’emploi et à l’employabilité des jeunes, vous ouvriez la porte de l’espoir.
Aujourd’hui, moins d’un mois plus tard, vous administrez un cinglant démenti à ceux qui ont tenté de faire croire que votre « Je vous ai compris » n’était qu’une entourloupe qui connaitrait le sort polémique et les accusations infamantes réservées dans les livres d’Histoire à la même formule prononcée il y a 63 ans, le 04 juin 1958, à Alger, par « le plus illustre des Français ».
Soucieux de tenir votre parole et d’apporter une réponse robuste aux attentes des Sénégalais insatisfaits, vous avez été plus généreux que lors de votre première annonce. Ce seront finalement 450 milliards de francs CFA, au moins, mobilisés sur trois ans (c’est 136 % du budget national 2021 d’un pays africain comme la Centrafrique : 330 milliards de francs CFA !). Et dès cette année, 150 milliards de francs CFA iront au financement du Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socioéconomique des jeunes.
Assurément, vos contempteurs n’auront pas le temps d’émettre leurs sempiternelles interrogations dubitatives qui leur servent de fertilisants pour les champs où ils sèment le pessimisme et le désœuvrement dans l’espoir d’entretenir des troupes de Sénégalo-sceptiques nécessaires à la réussite de leurs futures funestes entreprises. C’est peine perdue !
Assurément, les futurs bénéficiaires de vos annonces, partie de ceux qui ont exprimé leur fureur, ne subiront pas l’épreuve d’une longue attente pour voir se concrétiser ce programme, important outil d’inclusion sociale, puisque dans moins de trois semaines, le 22 avril 2021, à l’issue d’un Conseil présidentiel sous votre houlette, vous signerez son acte de naissance qui lancera sa mise en œuvre immédiate. Le recrutement, dès le mois de mai prochain, de 65 000 jeunes sur l’ensemble du territoire sénégalais, n’est-il pas le meilleur des gages de bonne volonté ?
Avec ces paroles optimistes porteuses d’actes d’espoir, vous faites honneur à ce qui apparaît comme votre marque de fabrique : un homme concret, imbu de mesure et de compromis.
Dès votre élection, vous avez amorcé votre magistère à la tête de l’État du Sénégal par un projet national fort et mobilisateur, un projet de promotion sociale collective qui se renforce et se réajuste au fil du temps. Il vise l’objectif maintes fois clamé de permettre à chaque Sénégalais de se dire : « Tout est possible, je peux avoir un avenir pour moi et pour mes enfants ».
C’est tout le sens de votre vision d' »Un Sénégal pour tous, par tous » par un développement inclusif et solidaire qui ne laissera personne sur le bord de la route.
Vous vous êtes engagé devant les Sénégalais à continuer de répondre aux besoins d’accès aux infrastructures, à l’eau, à l’électricité, à l’éducation, aux soins de santé, au logement, à l’emploi et aux activités génératrices de revenus. Cette fibre sociale – socialiste, diraient nombre de nos alliés de la mouvance présidentielle – qui vibre en vous et n’a jamais faibli depuis votre accession au pouvoir, a un horizon clair : la protection sociale pour tous. De nombreux programmes, comme la Couverture maladie universelle, la Bourse de sécurité familiale, le Pudc, la Der et tant d’autres, sont en passe de corriger les inégalités sociales et de ressusciter nos liens de solidarité malmenés par les rigueurs du temps.
Je peux attester, pour avoir eu l’honneur et le privilège d’être à vos côtés de 2009 à 2012 pour vous voir inspecter des étendues peuplés de Sénégalais, qui vont de la Diaspora aux coins les plus reculés du pays en passant par ses zones urbaines, que vous avez « Le Sénégal au cœur ». C’est ce qui fonde votre connaissance de la terre qui vous a vu naître et vous permet de dérouler vos politiques d’équité territoriale et de justice sociale. Oui, comme vous l’avez relevé dans votre adresse du 03 avril, le Sénégal c’est aussi Ngayenne Sabakh, Darou Ndiaye, Thioubalel Nabadji, Toumania, Nouma, Barocuonda, Madina Wandifa, Djinany, Diembéring et tant d’autres localités bénéficiaires des politiques d’équité territoriale et de justice sociale. Nous le ferons à Boli Ndaw, à Fafacourou, Darou Ndiaye, Diallocounda, Diakhaling, Sinthiou Amadou Salam, Bokiladji, Brin, Bassoul, Keur Dabo. Tous ces villages dont certains, malgré leur petite taille et leur éloignement, n’en demeurent pas moins parties intégrantes du pays et méritent, à ce titre que l’on prennent soin de leurs populations.
Au lieu de geindre et de faire entendre aux Sénégalais un concert de jérémiades en arguant que le pays souffre de plusieurs décennies – pour ne pas dire depuis l’époque coloniale – de non investissement dans le secteur plus que vital de l’accès à l’eau potable, et ainsi se décharger sur vos prédécesseurs, vous avez agi en homme d’État : assumer et endosser le principe de continuité, certes ingrat. Et pour corriger cet état de fait et rattraper le temps perdu, vous avez consenti des efforts financiers monumentaux.
Aujourd’hui, les populations des régions de Dakar, de Thiès et d’autres localités avoisinantes, qui paient un lourd tribut à la quête de l’eau potable, vont pousser, dès le mois prochain, un ouf de soulagement : la mise en service de la troisième usine de Keur Momar Sarr (KMS3) va leur fournir, dès sa première phase, 100 000 m3 d’eau potable et faire du manque du liquide précieux un mauvais souvenir.
La vie d’une Nation étant faite de soubresauts, de compromis et surtout de consensus forts, vous avez raison de dire que la cause qui doit nous mobiliser est certainement une commune volonté de vivre ensemble. Un appel qui vient à son heure, car depuis quelques temps, malheureusement, les préoccupations dans notre pays ont dégringolé de quelques paliers. La bagatelle est en passe de devenir l’alpha et l’oméga dans notre société. Le discours communautariste et particulariste est en train de s’y développer dangereusement. Le bon sens, cependant, nous enjoint – les responsabilités sont partagées – de nous accrocher avec l’énergie du désespoir au legs des anciens. Car porter un tel discours, c’est comme vouloir partager sa pitance avec une meute d’hyènes en croyant naïvement qu’on en sortira indemne.
Au fil des siècles, les dissensions ethniques, religieuses, raciales, idéologiques ont semé la désolation et la terreur un peu partout dans le monde. Avant-hier, après le génocide du peuple arménien, à l’aube du Troisième Reich, lorsque Baldur Von Schirach, leader des Jeunesses Hitlériennes, pris par un délire obsessionnel provoqué par sa haine viscérale des Juifs, joignant le geste à la parole, a clamé : « Quand j’entends le mot culture, je dégaine mon revolver », les démocrates et républicains ont souri et dit tout le mépris qu’ils vouaient à ces Nazis, des comédiens à leurs yeux. Lui emboîtant le pas, Joseph Goebbels, Ministre de la Propagande, initia sur tout l’étendue du territoire allemand des autodafés : toutes les œuvres écrites et musicales de Juifs Allemands étaient brûlées dans d’énormes buchers. Là encore, les démocrates et républicains ricanèrent. Moins de dix ans après, nombre d’hommes de culture qui n’avaient pas pu s’échapper d’Allemagne reçurent une balle de revolver dans la tête, le reste mourut dans les camps de concentration ; parallèlement, à la place des livres que les Nazis brûlaient, ce sont six millions de Juifs qui périrent dans des fours crématoires. Et avant qu’on ne stoppât la folie hitlérienne qui déclencha la Deuxième Guerre Mondiale, cinquante millions d’humains étaient morts.
Hier, c’était le génocide rwandais, encore frais dans nos mémoires.
Avant de plonger l’humanité dans un Capharnaüm et de déclencher une sorte d’Armageddon, toutes ces calamités ont débuté par de simples et banales petites phrases haineuses.
Alors, tous, nous devons apprécier à sa juste valeur votre invite à « préserver cet art de vivre bien sénégalais », car dans ce pays, « il ne saurait y avoir de place pour le particularisme quel qu’il soit ». Encore moins une atteinte aux Institutions, à l’État, à l’État de droit et à la République.
Maintenant, ceux-là qui sont tentés de jouer au « nouveau monde », celui de la transgression, du saccage des symboles et de la remise en cause systématique, en négligeant les vertus enseignées par les Anciens, il est important de rappeler une vérité implacable : les tentatives désordonnées de rattrapage ont toujours l’effet des sables mouvants, ceux qui restent immobiles s’enfoncent, ceux qui bougent s’enfoncent aussi.
Votre adresse à la Nation du 03 avril est assurément une parole de redressement social, patriotique, économique et moral. Vos belles annonces sur un ton qui apaise transpercent, fissurent et vont, indubitablement, disloquer ce rideau de fer noir qui s’est abattu, tel le couperet d’une guillotine, sur le quotidien de millions de « goorgoorlu » avec la survenue de la pandémie de la Covid-19 et son cortège de malheurs.
Vous avez donc été un porteur d’optimisme pour vos compatriotes.
Dieu fasse, dans Sa Miséricorde infinie, que vous ayez les moyens de concrétiser tous vos projets pour le Sénégal.
Yakham Mbaye est militant de l’Alliance pour la République.
par l'éditorialiste de seneplus, pierre sané
DE LA DÉFENSE DE LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE
EXCLUSIF SENEPLUS - L’exception sénégalaise se justifie par sa longue période de proximité avec la France. La démocratie au Sénégal n’a pas à être défendue, elle reste à inventer. Telle est la mission historique du M2D
« Démocratie mature ! », « Vitrine africaine de la démocratie ! », « Exception sénégalaise ! ». Que n’a-t-on pas entendu d’appellations flatteuses venant surtout des médias occidentaux, destinées avant tout à flétrir nos compatriotes africains encore « enfermés dans la nuit pré-démocratique », sous le joug de tyrans maintenus au pouvoir par…Paris ou Washington. L’exception sénégalaise se justifiant par sa longue période d’assimilation (la plus ancienne colonie française en Afrique) de soumission et de proximité avec la France. Jules Ferry ne disait-il pas que la mission des races supérieures était de civiliser les races inférieures ? Une démocratie sénégalaise « vibrante, mature, exceptionnelle », confirme donc le succès du projet colonial (civilisateur) français.
Quelle est donc cette démocratie sénégalaise que nous nous engageons à défendre ? Une fois que l’agression contre le Pastef et ses dirigeants sera évacuée (à la sénégalaise) retournerons-nous vers le statu quo ? Un régime présidentialiste avec des pouvoirs si exorbitants que le président finit par se prendre pour un monarque habilité à régner à vie, une présidence dotée de tant de pouvoirs qu’elle devient encline à détruire tous les contre-pouvoirs, imposer ses lois et éliminer tout adversaire potentiel.
Une justice qui n’a jamais été indépendante, ayant perdu sa virginité lors du complot contre Mamadou Dia en 1962 (déjà !). Le complot politique a une longue tradition au Sénégal avec la participation sans états d’âme de notre pouvoir judiciaire. Soixante ans après les transferts de souveraineté, le Syndicat des magistrats larmoie encore sur son manque d’indépendance, mais en évitant de poser le problème de l’intégrité. Le scénario d’une justice indépendante, mais non-intègre serait le pire des aboutissements. Sans parler des arguments « d’incompétence » mis en avant systématiquement par notre Conseil constitutionnel. Pourquoi diable ne demandent-ils pas l’adoption de textes de loi qui les rendront « compétents » ?
À l’Assemblée nationale, les députés ânonnent qu’ils sont les représentants du peuple alors qu’ils sont en fait des députés des partis politiques. Ils sont choisis sur des listes établies par les états-majors et perdent leur siège s’ils quittent le parti sans que leurs électeurs n’y aient mot à redire. Ils ne votent pas en âme et conscience en notre nom et pour notre bien, mais selon la ligne du parti. Pourtant c’est nous qui les payons ! Pas le parti. Ils reçoivent de nous délégation pour superviser la dépense publique, défendre les intérêts de leurs mandants auprès de l’exécutif et de la bureaucratie, discuter des défis auxquels nous sommes confrontés et écrire les lois.
Alors, si l’argent public est détourné, quid du député ? Si une région est ignorée des pouvoirs publics, quid du député ? Si les lois sont liberticides, quid du député ? Si les budgets sont déséquilibrés, la dette insoutenable, la monnaie française nuisible, quid du député ?
Est-ce que cette Assemblée est représentative ?
Quant à la décentralisation de l’Acte 3, elle s’est révélée être une véritable escroquerie politique. Des communes à gogo privées de ressources financières et humaines et acculées à brader le patrimoine foncier pour pouvoir fournir un minimum de services à leurs mandants. Il est vrai qu’il y a là des créations d’emploi surtout pour ceux qui n’ont pas pu décrocher un strapontin au CESE, au HCCT et autres IBNO (Institutions budgétivores non identifiées)
Je repose ma question : qu’elle est cette démocratie qu’il s’agit de défendre ? Élections libres et liberté de parole ? Chaque élection est occasion d’édiction de règles liberticides, de ruses et de “dialogues” sans parler d’élimination d’opposants. Liberté de parole ? ”Parles toujours…tu m’intéresses !”. Macky Sall a gagné les élections de 2012 grâce au Code électoral consensuel d’Abdou Diouf et grâce au fairplay d’Abdoulaye Wade. C’est ce qu’il s’est engagé à déconstruire pour qu’aucun autre candidat ne puisse accéder à la fonction suprême à part lui ou son successeur désigné.
La démocratie au Sénégal n’a pas à être défendue. Comment défendre ce qui n’existe pas ? La démocratie dans notre pays doit être inventée et imposée. Voilà la mission historique du M2D.
Pierre Sané est ancien secrétaire général d'Amnesty International
psane@ seneplus.com
LE SÉNÉGAL OUVRE UN CONSULAT AU SAHARA
La ministre des Affaires étrangères, Aïssata Tall Sall, a inauguré le 5 avril avec son homologue marocain Nasser Bourita un consulat à Dakhla
« Le Sénégal a toujours apporté un soutien sans réserve au Maroc pour la sauvegarde de son intégrité territoriale. Il est le pays africain le plus engagé dans la défense des causes du Maroc aussi bien au sein de l’Union africaine [UA] qu’auprès des instances internationales », a fait valoir l’Agence marocaine de presse (MAP). Ce n’était donc qu’une question de temps avant que Dakar rejoigne la danse des pays qui ont ouvert ces dernières années un consulat dans la région disputée du Sahara.
«LE RECRUTEMENT DE 5000 ENSEIGNANTS N’EST QU’UN EFFET D’ANNONCE…»
Dame Mbodj, secrétaire général du Cusems/authentique et coordonnateur du G20, analyse le recrutement de 5000 enseignants annoncé par le chef de l’Etat dans son discours à la Nation du 3 avril dernier
Le recrutement de 5000 enseignants annoncé par le chef de l’Etat dans son discours à la Nation du 03 avril dernier ne serait qu’un effet d’annonce, selon le coordonnateur du G20 et secrétaire général du Cusems Authentique, Dame Mbodj. Il pense que le président Macky Sall devrait plutôt parler de 2000 recrues de plus pour la prochaine rentrée scolaire, dès lors qu’on a déjà recruté près de 3000 enseignants pour cette année. Ce syndicaliste de l’éducation considère que 5000 enseignants recrutés au cours de deux années académiques n’est pas un investissement massif dans un corps où, chaque année, on note un nombre important de pertes d’enseignants du fait de décès, voyages et de démission. Des pertes qui interviennent au moment où le nombre d’élèves inscrits augmente d’année en année !
En soutien à l’emploi et aux ménages, le chef de l’Etat a annoncé, lors de son discours prononcé à la veille de la traditionnelle fête de l’indépendance, le recrutement de 65 000 jeunes sur toute l’étendue du pays et dans divers secteurs d’activités comme l’éducation, l’environnement, la sécurité… D’ailleurs, et dès le mois prochain, une somme de 80 milliards de francs Cfa sera débloquée. Dans ce lot, un quota spécial sera réservé au recrutement de 5000 enseignants répartis dans le préscolaire, le primaire, le moyen et le secondaire. Les « daaras modernes » et l’enseignement arabe sont aussi concernés.
« Rien de plus normal », dixit Ndongo Sarr du Cusems
Une décision saluée par le Cusems qui dit avoir toujours crié sur tous les toits qu’il y a un déficit criard d’enseignants dans les écoles. « Il n’y a donc rien de plus normal parce que les recrutements doivent se faire chaque année, et le Cusems va veiller à ce que les choses se passent dans la plus grande transparence », estime donc Ndongo Sarr. A l’en croire, si le système scolaire a continué de fonctionner normalement durant toutes ces années, c’est parce que ce sont les enseignants du système qui le portaient à bout de bras, à leurs dépens. « Si vous visitez les groupe WhatsApp créés par des enseignants, vous serez ahuri par le nombre de décès d’enseignants en activité, et qui découle de la surcharge des heures de travail corrélée au problème de sureffectifs dans les classes », s’est indigné ce syndicaliste-enseignant qui demande que le recrutement annoncé ne soit pas politisé « comme nous l’avons vu dans le passé ».
« Ce sera juste un ajout de 2000 enseignants l’année prochaine »
Dame Mbodj du Cusems Authentique, lui, pense que le chef de l’Etat a seulement fait un effet d’annonce. Et d’expliquer que pour cette année 2020-2021, pour tous les corps confondus, le président a recruté plus de 3000 enseignants. Les deux filles affectées à Matam et qui avaient fait un accident mortel alors qu’elles devaient prendre service étaient de nouvelles recrues qui faisaient partie du lot de 1700 enseignants recrutés pour l’élémentaire. Le recrutement dans le moyen secondaire tournait autour de 1000 enseignants. Soit près de 3000 enseignants pour le primaire et le moyen-secondaire. Toutes choses qui font dire à Dame Mbodj que Macky Sall devait plutôt dire que le quota, pour l’année prochaine, c’est-à-dire l’année académique 2021-2022, va être revu à la baisse avec un recrutement d’environ 2000 enseignants pour tout le secteur allant du préscolaire au moyen-secondaire avec un maillage dans l’enseignement arabe et un enrôlement des daaras modernes. Pour cette année, « je suis sûr qu’il ne va pas ajouter les 2000 enseignants pour avoir le nombre de 5000 annoncés ». A l’en croire, le recrutement de 5000 enseignants, qui constitue qu’une goutte d’eau dans la mer, ne peut pas régler le problème de l’école. « Ce n’est pas un recrutement de 5000 enseignants qui peut relever le faible taux d’enseignants à l’école. Chaque année, on enregistre des décès notamment cette année où le nombre a atteint un niveau jamais égalé, il y a aussi eu beaucoup de retraités. En même temps, le nombre d’élèves inscrits augmente chaque année. Or, plus on a d’élèves, plus le nombre d’enseignants est insignifiant. S’il avait dit 15 000 enseignants, là il y aurait un effet positif sur la qualité des enseignements-apprentissages. On aurait un nombre d’enseignants suffisant. Il pourrait même casser les classes tout en construisant d’autres écoles ou salles de classe, et surtout régler le problème des abris provisoires »,soutient M. Mbodj. Selon lui, recruter 5000 enseignants dans un intervalle de deux années académiques n’est pas un investissement massif.
800 enseignants sortant du Fastef en chômage depuis 8 ans
En minimisant le nombre annoncé par le chef de l’Etat, Dame Mbodj n’a pu s’empêcher d’attirer l’attention sur les près de 800 enseignants de la Fastef qui ont déjà reçu leurs diplômes et qui chôment depuis huit ans. « Ils ont fait deux à trois fois une grève de la faim. Ils ont marché, mais ils ne semblent toujours pas convaincre des autorités. Il y a également les sortants de l’Ugb et du Cneps de Thiès ». Le coordonnateur du G20 et non moins secrétaire général du Cusems Authentique dit souhaiter que ces enseignants soient inclus dans le lot des 5000 enseignants à recruter. Dame Mbodj dénonce aussi la manière dont se font les recrutements dans le secteur de l’Education et de la formation professionnelle. « Pour le cas des professeurs d’éducation physique, l’Etat, au lieu d’aller puiser dans le lot des sortants d’écoles de formation, prend des gens qui entrainent dans les terrains de jeu », prétend-il tout en indiquant que l’Etat ne fait que dans les effets d’annonce.
Par Moustapha BOYE
MONSIEUR LE PRÉSIDENT, ON VEUT BIEN VOUS CROIRE
Des émeutes qui ont fait 13 morts, 13 jeunes Sénégalais comme des martyrs par de larges franges de la population. Le deuil national du 11 mars décrété par le président de la République allait dans le bon sens
Macky Sall se savait attendu au moins sur deux questions fondamentales. Celle de la restauration de l’image des institutions, mais surtout celle de la prise en charge de la problématique de l’emploi des jeunes. Le discours du 3 avril s’inscrivant souvent dans le registre d’une tradition de monologue pour couvrir de lauriers l’Armée et flatter la jeunesse dans le sens du poil avec au passage quelques mots de compassion ou de réconfort pour les anciens combattants, cette fois-ci, émeutes du 03 au 05 mars obligent, il fallait offrir du concret à cette jeunesse qui a été à l’avant-garde des violentes manifestations du début du mois dernier. Surtout que, depuis que le président Macky Sall a accédé au pouvoir en 2012, jamais un discours de 03-Avril au soir n’avait été aussi attendu, épié, guetté. Le président de la République n’avait donc pas droit à un mauvais casting. Il avait déjà prononcé un excellent discours d’apaisement le 08 mars, au lendemain des émeutes, et tout le monde se demandait s’il transformerait positivement l’essai. Surtout que, encore une fois, la fête de l’Indépendance survient presque un mois après les plus grandes émeutes que le pays ait connues depuis 1960. Des émeutes qui ont fait 13 morts, 13 jeunes Sénégalais comme des martyrs par de larges franges de la population. Le deuil national du 11 mars décrété par le président de la République allait dans le bon sens.
Macky Sall semble prendre la mesure de la situation
Depuis lors, le président de la République Macky Sall semble avoir pris la mesure de la situation. Le premier acte, on l’a dit, a été son discours du 08 mars. Un discours dont on disait au début de notre article qu’il avait reçu des totalités positives au sein des populations. Le chef de l’Etat avait adopté contrairement à ses ministres de l’Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères, une posture et un ton d’humilité. Surtout, il avait prononcé un discours de paix, d’unité, d’invite à un retour à l’essentiel, c’est-à-dire la sauvegarde de notre « commun vouloir de vivre en commun ». Il avait fait la promesse ferme de prendre en charge la problématique de l’emploi des jeunes et annoncé le redéploiement de crédits budgétaires dans le but de mobiliser 350 milliards de francs destinés à financer des projets pour les jeunes. Pendant tous les Conseils des ministres qui ont suivi le discours du 08 mars, Macky Sall a encore annoncé de nouvelles mesures pour peaufiner davantage son dispositif de création d’emplois pour les jeunes.
S’inscrivant dans la continuité des annonces faites depuis le 08 mars, le discours du 03 avril était comme l’aboutissement d’une première séquence puisque le chef de l’Etat a annoncé son intention de passer aux actes. « Je veux qu’elle soit le point de départ de nouvelles réponses à vos besoins en éducation, formation, emplois, financement de projets et soutien à l’entreprenariat. Ces dernières années, en investissant massivement dans la réalisation d’infrastructures lourdes, l’Etat a aussi consacré beaucoup d’efforts et de ressources à la création d’emplois et au soutien à la formation, à l’entreprenariat et aux activités génératrices de revenus pour les jeunes. Mais la lutte contre le chômage des jeunes nécessite aujourd’hui un nouvel élan, en raison de la crise économique sans précédent qui affecte tous les pays, développés et en développement. C’est pourquoi, chers jeunes, comme je vous l’avais annoncé dans mon message du 8 mars, j’ai décidé d’une réorientation des allocations budgétaires à hauteur de 450 milliards de FCFA au moins, sur trois ans, dont 150 milliards pour cette année. Ces ressources serviront à financer le Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socioéconomique des jeunes qui sera issu du Conseil Présidentiel que je présiderai le jeudi 22 avril. J’ai voulu que les travaux de ce Conseil s’appuient sur les réalités de nos terroirs, dans un format inclusif associant la jeunesse ouvrière, artisanale, paysanne, entrepreneuriale, sportive, artistique, du secteur informel, des cultures urbaines et des loisirs. C’est l’objet des consultations préparatoires menées dans nos 14 régions, grâce au soutien de l’administration territoriale et locale, pour établir l’état actualisé de leurs potentialités et contraintes » a indiqué Macky Sall dans son discours.
Le temps de l’épreuve
D’autres annonces concernent la création d’un guichet unique dans chacun de nos 45 départements dénommé Pôle-Emploi et Entreprenariat pour les Jeunes et les Femmes qui servira de cadre d’accueil, de conseil et de financement des porteurs de projets. La DER/FJ, l’ANPEJ, l’ADPME et le FONGIP entre autres, seront représentés dans chaque guichet unique afin d’apporter aux projets l’expertise, le financement et le suivi nécessaires. Dès le mois de mai, 80 milliards de FCFA seront consacrés au recrutement de 65 000 jeunes sur l’ensemble du territoire national dans les activités d’éducation, de reforestation, de reboisement, d’hygiène publique, de sécurité, d’entretien routier et de pavage des villes, entre autres. Un quota spécial sera réservé au recrutement de 5000 enseignants pour le préscolaire, le primaire, le moyen et le secondaire, y compris les daaras modernes et l’enseignement arabe. Au privé, il est proposé l’extension de la Convention Etat-Employeurs à la filière de l’agriculture et de l’agro business, pour un objectif de 15 000 emplois à créer, « afin de soutenir nos efforts d’autosuffisance alimentaire et de transformation des produits locaux ».
A cette fin, a informé le président de la République, l’allocation de l’Etat à la Convention passera d’un milliard à quinze milliards de FCFA. Ces annonces sont belles, alléchantes même mais Macky Sall est attendu à l’épreuve des faits. Il sait qu’il n’aura pas carte blanche au niveau des jeunes Sénégalais qui ont cessé depuis longtemps de croire au Père Noël ou aux promesses sans lendemains. Surtout que la batterie de mesures qu’il a annoncées ne va pas régler la totalité de la problématique de la question de l’emploi des jeunes. Cela dit, il s’agit là assurément d’amorces importantes pouvant améliorer sensiblement la situation des jeunes Sénégalais. Encore une fois, le grand défi du président Macky Sall sera de réussir à mettre en œuvre ces grandes idées surtout que, jusqu’ici, sa plus grande difficulté a été d’avoir des hommes et femmes capables d’opérationnaliser ses idées. Il lui faudrait dans la même dynamique changer son gouvernement dont le dernier casting laisse fortement à désirer. S’il veut bien sûr réussir les chantiers annoncés…
118 VIEILLES BATISSES A REHABILITER
118 bâtiments situés dans l’île de Saint-Louis classée patrimoine mondiale de l’Unesco et dont la vétusté est devenue une préoccupation majeure aussi bien pour les propriétaires que pour les autorités municipales, seront réhabilités
118 bâtiments situés dans l’île de Saint-Louis classée patrimoine mondiale de l’Unesco et dont la vétusté est devenue une préoccupation majeure aussi bien pour les propriétaires que pour les autorités municipales, seront réhabilités
La mairie de Saint-Louis, l’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (Apix-S.A) et la Banque de l’habitat du Sénégal (Bhs) ont signé vendredi, une convention de partenariat et de délégation marquant le lancement officiel des travaux de rénovation de bâtiments relevant du patrimoine bâti privé de Saint-Louis. Cette activité, qui entre dans le cadre du Programme de développement touristique de Saint-Louis et sa région (Pdt/Sl), permettra de réhabiliter à terme, 118 unités architecturales situées dans l’île classée patrimoine mondiale de l’Unesco et dont la vétusté est devenue une préoccupation majeure aussi bien pour les propriétaires que pour les autorités municipales.
La cérémonie de signature de cette convention entre la mairie (maître d’ouvrage), l’Apix (maître d’ouvrage délégué) et la Bhs (opérateur financier désigné), concrétise, selon le Secrétaire général de l’Apix, représentant du Directeur général, «un long processus innovant de Partenariat-public-privé visant la préservation et la sauvegarde du patrimoine urbain et architectural exceptionnel du cœur historique de la ville de Saint-Louis ; mais aussi et surtout l’amélioration d’un cadre de vie décent pour les propriétaires éligibles».
Pour Oumar Sarr, la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine urbain et architectural de la ville demeurent un enjeu économique de taille, tant en termes d’attrait touristique du site classé, de génération de revenus et d’emplois dans les secteurs du tourisme, du bâtiment et de l’artisanat que pour l’amélioration du cadre de vie des Saint-louisiens et le rayonnement international de la région et constituent un pilier majeur des activités du Pdt/SL financées par l’Etat du Sénégal et l’Afd à hauteur de 24,5 millions d’euros, soit plus de 16 milliards de francs Cfa. Grâce à ce mécanisme de cofinancement basé sur une subvention du Pdt/SL à hauteur de 90% et une contrepartie de 10% des bénéficiaires, 71 propriétaires ont manifesté leur intérêt pour participer à la mise en œuvre du projet.
La phase priori¬taire des travaux permettra, selon le Secrétaire général de l’Apix, de réhabiliter 700 m2 de menuiserie, reprendre 1500 m2 de toitures, mettre en conformité 250 mètres de balcons, ravaler 4000 m2 de façades et renforcer une dizaine d’entreprises locales, dans le contexte de relance économique ; mais aussi de renforcer l’employabilité des jeunes à travers des contrats d’apprentissage sur des chantiers-écoles concernant les métiers du patrimoine bâti et destinés à plus de 100 jeunes, des contrats de stage destinés à 8 étudiants de l’Université Gaston Berger (Ugb), inscrits en Master sur les métiers du Patrimoine, des sessions de coaching sur 2 ans destinées à plus de 100 artisans, et des sessions de formation destinées à plus de 200 acteurs touristiques. Cette phase a, par ailleurs, un intérêt économique réel, car plus de 400 emplois temporaires seront créés en phase-projet et plus de 800 emplois permanents générés en phase post-projet, a dit Oumar Sarr.
Le maire de Saint-Louis, Amadou Mansour Faye, dont la commune est le bénéficiaire du projet, a salué le partenariat entre sa commune, l’Afd et l’Apix qui va, selon ses termes, changer complètement le visage de la ville et lui redonner son lustre d’antan. Il a rappelé dans ce sens que d’autres projets de l’Etat en cours participent également à améliorer le cadre de vie.
Le directeur de l’Afd, Alexandre Pointier, a de son côté, rappelé que la réhabilitation du patrimoine bâti privé est une composante essentielle du Pdt qui va nécessiter un investissement de plus de 3 milliards de francs Cfa. D’au¬tres composantes ont permis déjà de réhabiliter la cathédrale de Saint-Louis qui a été livrée, la reconstruction de la route de l’hydrobase également terminée et la requalification de la place Baya Ndar ex-Place Faidherbe en cours de réalisation.
Par Ousmane KANE
POUR UNE COHESION NATIONALE RECONQUISE
Aujourd’hui plus que jamais, il est impératif que toutes les forces vives de la Nation se mobilisent pour protéger ce que le Sénégal a de plus cher : la paix, la cohésion sociale et l’unité nationale
Le Sénégal vient de connaître des évènements qui interpellent et devraient alarmer tout citoyen de cette Nation et de la sous-région sahélienne saharienne.
Des protestations initialement à caractère pacifique ont dégénéré en des contestations et des revendications d’une violence rare qui ont causé des pertes en vies humaines, des actes de vandalisme et des dégâts matériels toujours en cours d’estimation, la paralysie temporaire de plusieurs secteurs économiques, et qui ont écorné l’image d’un Sénégal, pays de la Téranga, jusqu’ici cité en exemple sur le continent africain pour son héritage religieux et culturel, son multipartisme et ses alternances politiques depuis 1960, année de son indépendance, sa tranquillité et sa stabilité dans une région sahélienne en proie à des défis sécuritaires majeurs dus principalement aux activités terroristes et criminelles qui y sévissent, adoubées d’un changement climatique qui ralentit les progrès socio-économiques.
Le Sénégal va mal. Et nous sommes tous interpellés. En effet, les évènements récents ont révélé une exaspération et des frustrations sous-estimées jusqu’ici et des fractures profondes qu’il est impératif d’adresser aux fins d’éviter que l’embrasement ne perdure et que le Sénégal ne sombre subrepticement dans les mêmes maux que certains pays frères voisins.
La croissance économique du Sénégal a longtemps été parmi les plus élevées de l’Afrique avec une moyenne supérieure à 6% par an, de 2014 à 2018. La croissance du Pib, quant à elle, se situait autour de 5,3% en 2019. En dépit de ce profil économique relativement flatteur, le Sénégal figurait à la 168e place (sur 189) au palmarès 2020 de l’Indice de développement humain. Depuis 2020, la pandémie du coronavirus a changé de façon significative les perspectives économiques du Sénégal avec désormais une croissance réduite à une estimation de 1,3% en 2020 avec, hélas, les services comme le tourisme et les transports de même que les exportations étant les plus touchés par la pandémie. Bien que le pays ait répondu à celle-ci avec des mesures d’endiguement de la crise et un plan de stimulus économique aux fins de protéger les vies humaines et les moyens de subsistance, la pandémie de Covid-19 a davantage creusé les inégalités dans notre pays, et les jeunes et femmes en particulier, plus présents dans le large secteur informel de notre économie, demeurent les plus affectés par le manque d’emplois, de perspectives, des systèmes de santé efficaces pour répondre aux dévastations causées par la pandémie.
A ce titre, les contestations qui ont secoué le Sénégal nécessitent qu’on en tire certaines leçons, au nombre desquelles :
Le contexte sécuritaire : Le Sénégal a jusqu’ici été épargné des chocs sécuritaires qui secouent la région du Sahel à laquelle notre pays appartient. Cependant, la recrudescence des activités des groupes terroristes dans les pays voisins et les trafics transfrontaliers en tous genres sont autant de facteurs et risques d’instabilité à nos frontières que nous ne saurions sous-estimer. La position géostratégique du Sénégal dans la région, l’impact de heurts sur la sécurité de notre pays et sur des secteurs tels que l’investissement privé, les exportations, l’agriculture et agro-business, et le tourisme, vecteurs de croissance de notre économie ; sur nos relations avec les pays frontaliers, les investisseurs et partenaires économiques, et autres partenaires bilatéraux et multilatéraux, sont autant de considérations que nous ne pouvons ignorer.
Renforcement de l’état de droit : Le pouvoir judiciaire ne peut et ne doit pas être instrumentalisé, encore moins à des fins politiciennes, ou même être perçu par le justiciable comme étant instrumentalisé. La justice ne peut être sujette à des interférences, pressions et influences qui fragilisent l’un des piliers et organes fondateurs de la Nation, violent les droits humains des présumés victimes et auteurs de ces crimes, et portent gravement atteinte à la démocratie. Il faut garantir et protéger l’impartialité et l’indépendance des magistrats du siège et restaurer la confiance des citoyens dans notre système de justice. Tous les hommes et femmes sont égaux devant la loi et la justice, et tous les crimes, qu’ils soient financiers et d’autre nature, doivent être jugés en toute impartialité dans le respect des lois en vigueur.
Condamnation de la violence : Tout acteur et leader - religieux, politique, de la société civile, des organisations patronales, des groupements de la jeunesse, enseignants/professeurs, parents, autorité administrative, forces de sécurité, chef traditionnel, chef de quartier - a l’obligation de condamner toute violence, quelle qu’en soit la forme, par quelque individu, par quelque parti politique et/ou par quelque corps de l’Etat. Toutes les forces vives du Sénégal doivent, à cette heure grave, user de leur influence pour exhorter à la retenue, au retour au calme et au dialogue dans le respect des lois et régulations en vigueur.
La jeunesse sénégalaise : Plus de 60% de la population sénégalaise ont moins de 25 ans. Les revendications de la jeunesse sénégalaise en particulier doivent être entendues et des actions concrètes engagées pour y répondre dans les meilleurs délais. En effet, ce sont là des cris d’angoisse et expressions de frustration de la jeunesse face à un avenir incertain, une éducation perturbée par la pandémie du Covid-19, un manque d’emplois, de perspectives sociales et économiques (y compris en Europe que certains gagnaient naguère et au prix de leur vie par la Méditerranée), aux inégalités persistantes et face à un manque de dialogue et d’engagement avec les différentes classes dirigeantes du Sénégal. Dans un contexte de pandémie de Covid-19 et les conséquences néfastes qu’elle a engendrées, il est impératif que tous les acteurs et partenaires - y compris la jeunesse et les femmes - soient associés aux stratégies à mettre en place afin que le Sénégal puisse se remettre des effets de la récession économique.
Moralisation de la vie politique : Nous devons moraliser la vie politique et responsabiliser les acteurs politiques. Dans un pays où l’âge médian de la population n’est que de 19 ans, les actes, écrits et paroles des leaders et acteurs politiques (et autres influenceurs) - souvent amplifiés par les réseaux sociaux dont la jeunesse est tant avide - ont une portée considérable. Ils sont, comme nous le savons tous, susceptibles d’embraser une population déjà en proie à des incertitudes et des questionnements légitimes. Il est donc impératif, surtout à l’approche des scrutins locaux et autres échéances électorales dans notre pays, que nous combattions l’incitation à la violence verbale comme physique des acteurs politiques. Les discours à connotation ethnique, régionale ou confrérique sont des développements nouveaux et inquiétants dans un Sénégal uni et indivisible, au-dessus des considérations ethniques ou religieuses, et à ce titre, doivent être rejetés et proscrits par tous, y compris par ceux qui les prononcent, fusse-t-il par un Code de bonne conduite des partis et dirigeants politiques.
Mieux reconstruire le Sénégal après la pandémie : La pandémie continue de compromettre les gains acquis par le Sénégal au cours des dernières années et requiert des efforts soutenus dans la création d’emplois, la digitalisation et la connectivité à un coût plus abordable, une plus grande productivité et compétitivité agricoles, et dans bien d’autres domaines. Tous ensemble, nous devons commencer à reconstruire un Sénégal plus fort, plus centré autour des besoins de la population et des personnes vulnérables en particulier, plus ancré dans les valeurs démocratiques de transparence et la participation de tous aux débats sociaux - fondé sur les principes d’unité, de solidarité et d’humanité - desquels aucun Sénégalais/aucune Sénégalaise ne soit laissé en marge des stratégies et dividendes de croissance économique et développement social.
En conclusion, je souhaiterais lancer un appel solennel à tous les fils et filles du Sénégal. Aujourd’hui plus que jamais, il est impératif que toutes les forces vives de la Nation se mobilisent pour protéger ce que le Sénégal a de plus cher : la paix, la cohésion sociale et l’unité nationale. Nous avons la lourde responsabilité de protéger l’héritage de paix et d’unité que nos ancêtres et pères fondateurs de cette Nation nous ont légué et que nous transmettrons à notre tour aux générations futures. Nous, dignes fils et filles du Sénégal, devons nous engager à promouvoir un dialogue pacifique qui solidifie la démocratie, la justice, le respect des droits humains ainsi que la croissance économique dans un Sénégal actuellement fragilisé, comme toute autre Nation, par la crise de Covid19. Ensemble, œuvrons pour l’émergence d’un Sénégal plus prospère, plus juste, plus équitable, plus résilient aux chocs de toute nature, et qui offre des opportunités de vie meilleure à tous les Sénégalais !
Ousmane KANE
Juris Doctor
THIES CONTRE TOUTE POLITISATION DU PROGRAMME DESTINÉ À LA JEUNESSE
Le vice-président du Conseil régional de la jeunesse de Thiès s’aligne sur la décision du chef de l’Etat d’apporter «des réponses pertinentes et durables à l’épineuse question du chômage des jeunes».
Les financements annoncés par Macky Sall pour répondre à la question du chômage des jeunes sont bien accueillis par le Conseil régional de la jeunesse de Thiès. Mais Massamba Diop, vice-président, et ses camarades disent non à une éventuelle «politisation» de ce programme.
Le vice-président du Conseil régional de la jeunesse de Thiès s’aligne sur la décision du chef de l’Etat d’apporter «des réponses pertinentes et durables à l’épineuse question du chômage des jeunes». Mais Massamba Diop est contre «la politisation» du dossier qui risque de «dénaturer une si heureuse et salutaire initiative».
En effet, après la mort d’une dizaine de manifestants suite à l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko, le Président Macky Sall a annoncé la mise en place d’un nouveau programme de financement de 350 milliards de francs Cfa et la réorientation des allocations budgétaires pour répondre aux besoins des jeunes en termes de formation, d’emploi, de financement de projets, entre autres. Un programme qui, selon M. Diop par ailleurs président du Conseil communal de la jeunesse (Ccj) de Thiès-Nord, pourra aider la jeunesse à vivre des lendemains meilleurs. Il propose «l’implication de tous les acteurs à la base, à savoir les Asc, les mouvements de jeunes, les délégués de quartier…pour que ce projet de financement puisse toucher les véritables cibles». Sinon, «ces financements passeront encore inaperçus par l’écrasante majorité de la jeunesse nécessiteuse». Et cela, à l’image des différents projets pour les jeunes des régimes précédents «qui ont tous pratiquement trébuché à cause d’une approche tendancieuse et clanique de cette question qu’il faudrait prendre à bras-le-corps pour aboutir aux résultats escomptés».
Pour simplement dire qu’«il appartient à l’Etat de changer de paradigme et d’abandonner les anciens clichés. La frange la plus importante et la plus active de la population ne doit pas être laissée à son propre sort. Une nouvelle redéfinition des rapports avec les jeunes s’impose. Ils ont de nouvelles grilles de lecture et d’analyse. Ils sont instruits, formés et sortent des grandes écoles pour raser les murs et grossir le rang des «jeunes retraités avant l’heure»».
En clair, estime M. Diop, «le moment est venu pour l’Etat de décrypter les messages forts lancés par la jeunesse», en restaurant «la confiance par un suivi régulier des différentes initiatives à l’endroit des jeunes. Il est temps de faire bouger les lignes et de mettre le curseur sur les véritables préoccupations des jeunes. Toute autre option provoquerait des événements similaires à ceux que nous venons de traverser et que nous déplorons». Il conclut, en demandant à l’Etat d’accompagner les Pme et Pmi pour l’atteinte des objectifs que le gouvernement a fixés sur l’emploi des jeunes. A son avis, «sans l’implication du secteur privé, le problème lié à l’emploi des jeunes va persister, car le public ne peut pas tout absorber».
Concernant également le secteur informel, les marchands ambulants, les artisans, les Gie…, le président du Ccj de Thiès-Nord estime que «des mesures d’accompagnement conséquentes doivent être mises en œuvre afin de booster le développement des couches les plus vulnérables de la population».
LES IMPACTÉS SUR L’AXE RUFISQUE-DIAMNIADIO TOUJOURS À QUAI
Les impactés du Train express régional (Ter) sur l’axe Rufisque-Diamniadio sont toujours dans l’attente de leur indemnisation. Ces frais sont estimés en effet à trois milliards de francs Cfa
C’est une enveloppe de plus de trois milliards francs que doivent recevoir les impactés du Train express régional (Ter) sur l’axe Rufisque-Diamniadio. Des indemnisations qui ne sont toujours pas tombées dans l’escarcelle de ces impactés, qui ont organisé dimanche une mobilisation pour se faire entendre.
Les impactés du Train express régional (Ter) sur l’axe Rufisque-Diamniadio sont toujours dans l’attente de leur indemnisation. Ces frais sont estimés en effet à trois milliards de francs Cfa. Pour rentrer dans leurs fonds, ces victimes ont tenu élever la voix, ce dimanche. «Lors de notre dernière réunion à la présidence de la République devant le Secrétaire général de la présidence, les autorités de l’Apix nous ont fait savoir que le département de Rufisque devrait recevoir une enveloppe de trois milliards huit cent soixante-sept millions (3.867 millions) francs répartis entre deux zones. La première, c’est la ville de Rufisque avec ses trois communes d’arrondissement et la seconde, Bargny et Diamniadio. La ville de Rufisque doit recevoir trois milliards trois cent cinquante millions tandis que Bargny et Diamniadio devraient recevoir cinq cent dix-sept millions de francs», a détaillé Babacar Guèye, porte-voix du collectif des impactés, regrettant la lenteur constatée malgré les assurances des autorités.
Ils envisagent même de saisir l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) pour «vilipender» l’Apix. «Bientôt, nous, impactés du Ter, allons saisir les corps de contrôle de ce pays, en l’occurrence l’Ofnac afin qu’il contrôle la Direction générale de l’Apix parce que c’est trop facile de présenter des chiffres sans contrôle», a-t-il poursuivi en décriant les promesses non respectées. «L’Etat nous a octroyé des parcelles au pôle urbain du Lac Rose pour un complément d’indemnisation. Mais jusqu’à présent, on n’a rien reçu», a-t-il servi au nombre de ces promesses