Dakar, 15 juil (APS) - Le Conseil national du patronat (CNP) a présenté jeudi, une publication intitulée "L’œil ouvert des employeurs sur le télétravail au Sénégal. Enjeux et perspectives’’, a appris l’APS.
Cet ouvrage de 62 pages est le résulat d’enquêtes menées au sein des entreprises dans le but de connaître la perception des patrons d’entreprises du travail à distance.
Il a été produit par la Commission technique "Dialogue social et normes du travail" du Conseil national du patronat (CNP) avec le concours du Bureau des activités des employeurs (ACT/EMP) de l’Organisation internationale du travail (OIT).
"80% des chefs d’entreprises du Sénégal ont soutenu avoir commencé le télétravail après l’avènement de la crise sanitaire liée au Covid-19", a dit Abdoul alpha Dia, Expert-Consultant ‘’RH-Organisation’’ lors de la cérémonie de présentation de la publication.
Dans cet ouvrage, les entrepreneurs, répondant aux questions des éditeurs, ont souligné les avantages et les inconvénients de ce type de travail qui a été imposé par la pandémie du Covid-19 apparue au Sénégal au mois de mars 2020.
"Le télétravail a permis aux personnes ayant des problèmes de mobilité de trouver du travail sans bouger de chez eux. Les salariés qui ont fait recours au télétravail ont vu leurs charges de travail se réduire, les horaires devenir flexibles, entraînant un gain de temps ainsi que la souplesse du travail", a fait savoir M. Dia.
Par contre, le travail à distance comporte aussi des inconvénients allant de la perte du lien social à la difficulté dans la gestion des performances, a indiqué l’expert-consultant.
"Nous avons noté des problèmes dans la supervision en continu, une augmentation des charges de télétravail et surtout la difficile conciliation entre la vie professionnelle et celle familiale. Des sentiments d’isolement et des phénomènes de dépression ont été aussi enregistrés depuis que les salariés ont entamé le télétravail au Sénégal", a t-il relevé.
Pour sa part, le ministre du Travail, du Dialogue social, des Organisations professionnelles et des relations avec les Institutions, Samba Sy a soutenu que la perturbation que connaît le monde du travail est historique.
Citant un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT), il a laissé entendre qu’en 2020, 8,8% des heures de travail ont été perdues au niveau mondial par rapport au deuxième trimestre de 2019, équivalent à 255 millions d’emplois à temps plein.
"Les pertes en heures de travail pour 2020 ont été 4 fois plus importantes que pendant la crise financière mondiale de 2009. Pour 2021, on s’attend à une baisse de 3% de perte en heure de travail comparativement au quatrième trimestre de 2019, ce qui équivaut à 90 millions d’emplois en temps plein", a dit M. Sy.
Il a fait savoir que le télétravail a montré que le monde est dans un saut civilisationnel et personne ne peut se mettre à l’écart de cette dynamique.
"Qu’on le veuille ou non, le mouvement du monde nous emporte et nous impose par rapport à notre législation du travail de nous ajuster et de nous adapter", a-t-il ajouté.
D’après le ministre, la règle des trois unités que sont : lieu, temps, et l’action, ’’socles’’ de l’exécution du contrat de travail, a été sérieusement remise en question.
"Avec la pandémie, lorsque les mesures de confinement sont entrées en vigueur, de nombreux travailleurs ont été invités à télétravailler si leur fonction le permettait", a-t-il déclaré.
La crise sanitaire a aussi révélé l’existence d’un vide juridique et règlementaire du télétravail dans les Conventions collectives et le Code du Travail au Sénégal, selon la publication.
RIPOSTE À LA NOUVELLE VAGUE : DES MESURES SUPPLÉMENTAIRES ANNONCÉES
Le Comité national de gestion des épidémies (CNGE) a recommandé jeudi à Dakar un renforcement de la surveillance épidémiologique, un recours au dépistage précoce des cas d’infection au nouveau coronavirus et une mobilisation de l’ensemble des acteurs
Dakar, 15 juil (APS) – Le Comité national de gestion des épidémies (CNGE) a recommandé jeudi à Dakar un renforcement de la surveillance épidémiologique, un recours au dépistage précoce des cas d’infection au nouveau coronavirus et une mobilisation de l’ensemble des acteurs afin d’aboutir à une meilleure efficacité dans la riposte à la pandémie qui regagne en ampleur dans le pays.
Il s’agit-là de recommandations émises par le Comité national de gestion des épidémies lors d’une réunion d’évaluation de la situation de la maladie à coronavirus dans le pays.
De nouvelles mesures de riposte ont ainsi été prises lors de la réunion qui a permis de faire une évaluation des risques sanitaires, économiques et sociaux de cette forte augmentation du nombre de cas positifs.
Parmi les recommandations figurent notamment le renforcement de la surveillance épidémiologique, la poursuite et l’intensification de la surveillance des variants, le renforcement du système de dépistage une plus forte mobilisation de l’ensemble des acteurs en vue d’une riposte plus efficace, a notamment fait savoir le ministre de la Santé et de l’Action sociale.
S’adressant à des journalistes à la fin de la réunion du CNGE, Abdoulaye Diouf Sarr a indiqué que l’accent sera davantage mis sur l’utilisation accrue des tests de diagnostic rapide et le renforcement des ressources humaines pour une correcte prise en charge à domicile.
Il a relayé la décision prise par le CNGE de se réunir dorénavant tous les jeudis non sans insister sur l’importance de l’intensification des populations sur les risques liés à la covid-19 et les moyens de prévention et de lutte dans un contexte de célébration de fête musulmane L
l’aïd Al Ahda plus connue sous le nom de Tabaski au Sénégal.
Rapportant les recommandations du Comité national de gestion des épidémies, le ministre de la Santé a exhorté les populations à recourir au port systématique du masque dans les véhicules de transports, les véhicules particuliers, les lieux recevant du public et les lieux de travail.
’’Nous invitons vivement les transporteurs et chauffeurs de véhicule de transports en commun à faire respecter strictement le port de masque pour tout passager’’, a-t-il dit.
Diouf Sarr a également recommandé ‘’de recourir précocement aux soins, d’éviter tout rassemblement de quelque nature que ce soit ainsi que les déplacements et voyages pendant cette période de fête de la tabaski tout en se faisant vacciner pour se protéger de la forme grave de la maladie à coronavirus.
Jeudi, le Sénégal a déclaré 674 nouveaux cas positifs au nouveau coronavirus.
La veille un nombre record journalier de 733 contaminations a été annoncé. Des chiffres qui illustrent l’ampleur de la nouvelle vague de contaminations dans le pays.
Depuis le début de l’épidémie sur son territoire, le Sénégal a déclaré, 48 270 cas positifs à la Covid-19. Au total, 42 843 patients ont guéri de la maladie, tandis que 1 209 autres sont décédés. De fait, ils sont encore 4 217 malades sous traitement.
Sur le front de la vaccination 595 850 personnes ont au moins reçu une dose de vaccins anti-Covid depuis le lancement le 23 février dernier d’une campagne nationale de vaccination, d’après les données officielles du ministère de la Santé.
JOE BIDEN INVITE L’ONU A ENQUETER SUR LE RACISME AUX ETATS-UNIS
Deux rapporteurs de l’ONU, spécialistes des formes contemporaines de racisme, vont examiner le bilan des États-Unis en matière de racisme.
Le gouvernement de Joe Biden a invité des experts de l’ONU à examiner le bilan des États-Unis en matière de racisme envers les Afro-Américains, prenant le contre-pied de son prédécesseur Donald Trump.
Le Secrétaire d’État Antony Blinken a salué la création, par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, d’un groupe d’experts chargé d’examiner les violences policières contre des «personnes d’ascendance africaine» commises dans le monde.
«Les nations responsables ne doivent pas essayer d’éviter l’évaluation de leur bilan en matière des droits humains, elles doivent au contraire les solliciter dans l’intention de s’améliorer», a-t-il déclaré dans un communiqué.
Contraste avec Donald Trump
Le chef de la diplomatie américaine a donc invité aux États-Unis deux rapporteurs spéciaux de l’ONU, spécialistes des formes contemporaines de racisme et des problématiques visant les minorités, et a appelé les autres États-membres à participer à «cet effort de lutte contre le racisme, la discrimination et la xénophobie».
Cette prise de position contraste fortement avec la posture adoptée par l’ancien président républicain Donald Trump et ses alliés face aux manifestations géantes qui ont secoué les États-Unis après la mort, le 25 mai 2020, de l’Afro-Américain George Floyd sous le genou d’un policier blanc. Niant l’existence d’un racisme systémique aux États-Unis, Donald Trump a imputé les violences commises par la police à des «pommes pourries» et refusé toute critique sur l’histoire du pays.
Cette posture reste majoritaire au sein de son parti. «Plutôt que d’appeler l’ONU à venir nous dire combien nous sommes racistes, pourquoi ne lui demandez-vous pas d’aller à Cuba, où un régime socialiste démoniaque s’engouffre chez les gens pour les battre et les enlever?» a ainsi tweeté le sénateur républicain Marco Rubio en référence à la répression de manifestations historiques sur l’île communiste. (AFP)
PAR ELIMANE POUYE
CONTROLE FISCAL D’UNE ENTREPRISE DE PRESSE : UNE OPPORTUNITE EN DOUTE !
Considérer les entreprises de presse en général comme impactées par la pandémie du COVID-19 et décider de leurs accorder des mesures fiscales inédites de soutien (…) et établir une nouvelle dette fiscale ne relève d’une incohérence
Dans cette seconde et dernière sortie sur l’affaire du redressement fiscal de M. Bougane Gueye DANI, il s’est agi, pour nous, d’analyser, à la lumière des éléments de contexte, le communiqué de presse de la Direction générale des Impôts et des Domaines (DGID) à travers lequel elle a tenu à « rétablir la vérité des faits » suite aux accusations portées sur elle et l’amalgame entre l’établissement d’un redressement fiscal et la délivrance d’un quitus fiscal.
L’administration fiscale a rappelé les conditions de la programmation annuelle du contrôle fiscal qui serait basée sur un « ciblage sur la base de critères de risques objectifs ».
Dans sa mise au point, le fisc martèle que « l’appartenance ou non à une catégorie professionnelle, politique ou communautaire ne prédispose pas à un contrôle fiscal ; elle ne donne pas, non plus, droit à forme de traitement de faveur ».
Mais à la lumière des éléments de contexte, il est possible de se demander si l’appartenance du groupe D-MEDIA au secteur de la presse ne devait pas constituer un argument de nature à motiver un sursis à tout contrôle fiscal ?Autrement dit, la question que l’on est en droit de se poser est de savoir : est celle de l’opportunité d’un contrôle fiscale chez une entreprise de presse dans le contexte actuel?
Cette question mérite d’être posée compte tenu des mesures de faveur dont le secteur de la presse a bénéficié dans le cadre du soutien aux entreprises imposée par la pandémie de la COVID-19.
En effet, des avantages particuliers ainsi que des facilités de trésorerie aux contribuables ont été accordé par l’Etat à travers l’ordonnance n°002-2020 du 23 avril 2020 relative aux mesures fiscales en soutien aux entreprises dans le cadre de la pandémie du Covid-19.
En particulier, cette ordonnance institue notamment, d’une part, une remise partielle de la dette fiscale due au 31 décembre 2019 et, d’autre part, une allocation sous forme de subvention égale aux retenues d’impôts et taxes exigibles sur les traitements et salaires payés pendant la durée de la crise. Elle prévoit aussi une prorogation des délais de déclaration et de paiement des différents impôts et taxes dus par les entreprises affectées par les conséquences de la pandémie
Pour rendre opératoire ces mesures, l’arrêté n°010331 du 05 juin 2020 précise la notion d’activité directement impactée et les modalités d’allocation de la subvention prévue par l’article 185 bis du Code général des Impôts.
En sus des critères fixés par l’article 3 dudit arrêté, sont considérés comme directement impactées par la crise liée à la pandémie du COVID-19, les entreprises évoluant dans les secteurs : du tourisme et activités connexes, de la restauration, de l'hôtellerie, du transport, de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle, du bâtiment et des travaux publics, de l'agriculture, de la pêche, de l'élevage, de la culture et de la presse.
Dès lors, considérer les entreprises de presse en général comme impactées par la pandémie du COVID-19 et décider de leurs accorder des mesures fiscales inédites de soutien pour ensuite en contrôler quelques-unes et établir une nouvelle dette fiscale ne relève pas d’un management cohérent du système fiscal.
Même si aucun élément factuel ne peut être pointé pour légitimer la thèse de représailles politiques à l’encontre du groupe D-MEDIA, il est possible de douter de l’opportunité d’un contrôle fiscal à l’encontre d’une entreprise de presse sur la seule base d’un « ciblage basé sur des critères de risques objectifs ».
Par ailleurs, la loi n°2020-33 du 22 décembre 2020 portant loi de finances (initiale) pour l’année 2021 a institué un « Régime fiscal dérogatoire des entreprises des secteurs du tourisme et de la presse » en ses articles 24, 25, 26, 27, 28 et 29. Même si la constitutionnalité de telles mesures peut être questionnée au regard des principes d’égalité devant l’impôt et d’égalité devant les charges publiques, cette loi est entrée dans le droit positif, est applicable et appliquée.
Dans l’exposé des motifs de la loi, il est argué qu’« au plan fiscal, en plus des mesures déjà adoptées, il est envisagé de soutenir davantage les entreprises les plus impactées par cette crise notamment, celles évoluant dans les secteurs du tourisme et de la presse ».
Aussi, est-il proposé, par dérogation aux dispositions du Code général des Impôts, de ne pas rechercher en paiement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), les prestations réalisées par les entreprises susvisées au profit de leurs clients.
Par ailleurs, il est prévu de dispenser lesdites entreprises du reversement des impôts et taxes retenus sur les salaires de leurs employés et de les exonérer du paiement de certains impôts directs dont elles sont les redevables réels. Il s’agit, plus précisément, de l’impôt sur les sociétés, de l’impôt minimum forfaitaire, de la contribution économique locale, de la contribution foncière des propriétés bâties, de la contribution foncière des propriétés non bâties et de la contribution forfaitaire à la charge de l’employeur.
Ces mesures sont applicables sur la période du 1eroctobre 2020 au 31 décembre 2021 et devraient permettre, selon les termes de l’exposé des motifs de la loi, « de renforcer les capacités de résilience des entreprises bénéficiaires ». Toutes les entreprises de presse, régies par la loi n° 2017-27 du 13 juillet 2017 portant Code de la Presse, sont dans le champ d’application.
Édicter cette batterie de mesures de soutien qui font que la presse est quasiment dispensée de tous impôts et ensuite cibler de façon singulière une entreprise de presse pour lui réclamer des impôts à la suite d’un contrôle fiscal laisse à douter de la stricte neutralité de l’administration fiscale. (…)
Elimane Pouye, Inspecteur principal des impôts
Secrétaire général honoraire du Syndicat autonome des agents des impôts et des domaines (SAID)
«Tant que 3 membres du Conseil Constitutionnel ne sont pas nommés, les lois modifiant le code pénal et le code de procédure pénale ne pourront être promulguées»
L’article 17 de la loi organique n°2016-23 du 14 juillet 2016 relative au Conseil Constitutionnel dispose que « le Conseil doit statuer dans le délai d'un mois à compter du dépôt de recours (ce délai est ramené à huit jours francs lorsque le gouvernement en déclare l’urgence) ».
Le 30 juin 2021, l'opposition parlementaire a déposé un recours au niveau du greffe du Conseil constitutionnel aux fins d’annulation des 2 lois adoptées par l'Assemblée nationale portant sur la modification du code pénal et du code de procédure pénale, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Saisi le 30 juin 2021, le Conseil Constitutionnel doit statuer dans un délai d’un mois, soit au plus tard le 30 juillet 2021 : 30 juin 2021 – 30 juillet 2021 = 1 mois.
Or, la composition actuelle du Conseil Constitutionnel est totalement irrégulière : en effet, le Conseil Constitutionnel comprend 4 membres alors que l’article 23 de la loi organique du 14 juillet 2016 dispose que le Conseil Constitutionnel ne peut délibérer qu’en présence de tous ses membres au nombre de 7 (une obligation légale à laquelle il ne peut déroger).L’incapacité du Conseil Constitutionnel à délibérer (impossibilité juridique) sur le recours de l’opposition parlementaire, du fait de sa composition irrégulière est d’une extrême gravité, puisqu’en l’absence d’une décision du Conseil Constitutionnel, la promulgation de la loi est suspendue. La saisine du Conseil Constitutionnel suspend de droit le délai de promulgation de la loi. Aux termes de l’article 18 de la loi organique n°2016-23, du 14 juillet 2016 « la publication de la décision du Conseil constatant qu'une disposition n'est pas contraire à la Constitution met fin à la suspension du délai de promulgation de la loi… ».
La loi organique du 14 juillet 2016 relative au Conseil Constitutionnel est très claire : deux (2) conditions cumulatives permettent de mettre fin à la suspension du délai de promulgation:
1- il faut une décision du Conseil Constitutionnel (or, le Conseil ne peut délibérer qu’en présence de tous ses membres),
2- la décision du Conseil doit être publiée au Journal officiel.
Aucune loi ne pourra être promulguée en cas de saisine du Conseil Constitutionnel et tant que ce dernier n’a pas statué sur le recours. Pour que le Conseil Constitutionnel puisse délibérer, il faut impérativement la présence de tous ses membres (7). Ce n’est pas une faculté, mais une obligation légale. La seule exception qui puisse permettre au Conseil Constitutionnel de ne pas délibérer avec 7 membres ; c’est lorsque certains de ses membres sont frappés d’une incapacité physique prévue par l’article 5 de la loi organique du 14 juillet 2016, définie comme un empêchement temporaire (l’incapacité physique, c’est une inaptitude physique partielle ou totale à pouvoir continuer à exercer ses fonctions). Et même dans ce cas d’un éventuel empêchement temporaire, l’article 5 de la loi organique n°2016-23 a tout prévu, au niveau des délais :
« si cet empêchement temporaire se prolonge au-delà d’une durée de 60 jours, il est mis fin aux fonctions de l’intéressé dans les conditions prévues au premier alinéa de l’article 5 ».
En d’autres termes, un empêchement temporaire ne doit en aucun cas durer plus de 2 mois. Pour les 3 ex-membres du Conseil Constitutionnel (la défunt Bousso Diao Fall, Ndiaw Diouf et Mandiogou N’Diaye) ; la question d’un empêchement temporaire ne se pose pas ; Bousso Diao Fall est décédée depuis le 03 janvier 2021, soit plus de 6 mois (empêchement définitif), tandis que pour les 2 autres, c’est une fin de mandat, non renouvelable (Ndiaw Diouf et Mandiogou N’Diaye n’ont pas été frappés d’une d’incapacité physique, leur mandat a pris fin). Par conséquent, l’empêchement temporaire ne s’applique ni à la défunte Bousso Diao Fall, ni à Ndiaw Diouf, ni à Mandiogou N’Diaye.
Ce qui est inédit, c’est que le Conseil Constitutionnel n’est même pas en capacité de délibérer pour se déclarer incompétent (pour se déclarer incompétent, il faut pouvoir délibérer, or l’article 23 de la loi organique interdit de délibérer sans la présence de tous ses membres). Toute délibération avec les 4 membres actuels est une flagrante violation de la loi.
Le Conseil Constitutionnel prendra-t-il le risque de violer la loi et d’organiser un coup d’état constitutionnel en délibérant à 4 membres alors que l’article 23 de la loi organique n°2016-23 l’oblige à délibérer en présence de tous ses membres au nombre de 7 ?
Les 4 « Sages » actuels du Conseil Constitutionnel (M. Pape Oumar SAKHO, M. Saidou Nourou TALL, M. Mouhamadou DIAWARA et M. Abdoulaye SYLLA) oseront-t-ils violer la loi n°2016-23 qui régit le fonctionnement du Conseil, compromettre définitivement leur crédibilité, ruiner leur réputation et devenir les « 4 délinquants » de la plus haute institution judiciaire du Sénégal pour les beaux yeux d’un Président-délinquant comme Macky Sall ?
Si le régime de Macky Sall nous a habitué depuis 2012 à des coups d’Etat constitutionnels, un coup d’Etat constitutionnel organisé par le Conseil Constitutionnel himself serait d’une extrême gravité et traduirait l’effondrement de la plus haute institution judiciaire du Sénégal.
Tant que les trois (3) nouveaux membres du Conseil Constitutionnel ne sont pas nommés, l’opposition dispose d’une arme redoutable : elle doit systématiquement saisir le Conseil Constitutionnel à chaque fois qu’une loi est adoptée définitivement par l’assemblée nationale.
L’opposition doit multiplier les recours pour que la promulgation des lois soit suspendue, puisque le Conseil Constitutionnel ne peut en aucun cas délibérer avec 4 membres. En effet, la condition pour mettre fin à la suspension du délai de promulgation, c’est qu’il y ait une décisiondu Conseil (ce qui est juridiquement impossible avec les 4 membres actuels).
En ne nommant pas 3 membres du Conseil Constitutionnel, Macky Sall bloque le Conseil dans son fonctionnement mais est lui-même piégé : en cas de saisine du Conseil Constitutionnel, la promulgation des lois est suspendue car c’est la publication de la décision de conformité qui met fin à la suspension du délai de promulgation.
Macky Sall a le choix de s’embourber dans une impasse :
** S’il ne nomme pas 3 membres, le Conseil Constitutionnel ne pourra pas délibérer,
** Si le Conseil ne peut pas délibérer, il ne peut prendre aucune décision,
** Et puisque l’article 18 de la loi organique n°2016-23 précise qu’en cas de saisine du Conseil Constitutionnel, la promulgation des lois est suspendue jusqu’à la publication de la décision du Conseil ; il faudra que les 7 membres soient présents pour délibérer. L’article 23 de la loi précitée est clair : aucune décision du Conseil n’est possible sans la présence des 7 membres.
KEEMTAAN GI - LES TURPITUDES DU CHEF
Ils sont enfin sortis du bois. Et c’est pour interdire leurs propres idioties du mois dernier. C’est-à-dire lorsqu’avec le Chef, vadrouillant dans le Nord du pays, ils tiraient la langue à la Covid en bandant les muscles, histoire de montrer que leur Champion est dans les cœurs. Et voilà que tout leur retombe sur le visage… Façon d’être poli, mais c’est plus fort que cela. Dans son palais, il doit avoir le sentiment d’être à l’origine des déboires que vit son peuple. Ce sera pire quand le chaos s’installera. Déjà que la Tunisie, au plateau médical plus relevé que le nôtre, appelle à l’aide internationale pour circonscrire le mal. Le conclave du comité national de gestion des épidémies d’hier avait quelque chose de rigolo. Il y manquait un hôte de marque. Comme ça, ils veulent limiter une épidémie dont ils savent sciemment qu’ils n’ont ni la force ni la volonté de pouvoir venir à bout. A moins qu’ils ne reviennent à leur stupide état d’urgence. Jugez en vous-mêmes ! Ces farceurs demandent de réduire les déplacements et rassemblements, de privilégier le télétravail et d’aller se faire vacciner. Soit ! En cette période de Tabaski, et avec ce que représente cette fête dans ce pays pas comme les autres, les autorités peuvent-elles interdire à des centaines de milliers de personnes de retrouver leurs familles à l’intérieur du pays ? Déjà qu’au niveau des transports en commun, tout le monde a jeté les masques. Sur les rassemblements ? Tiens, tiens !! Après les avoir favorisés, comment osent-ils regarder dans le blanc des yeux les citoyens pour les leur interdire ? Quoi encore ? Le Télétravail dans un pays de l’informel. Ils nous invitent également à aller nous faire vacciner alors que les doses de vaccin sont en rupture. On nous promet une livraison….d’ici la fin du mois. Et vous pensez avec tout ce cafouillage que ces messieurs et dames sont sérieux ? Il nous faut regarder les choses en face. Le chaos, ce n’est plus une prévision. Il faut se préparer au pire en souhaitant que le Bon Dieu, dont on pense qu’il est Sénégalais, nous sauvera de l’hécatombe de cette « vague Macky Sall » ! KACCOOR BI
AFFAIRE BOCAR SAMBA DIEYE LA JUSTICE DEBOUTE DEFINITIVEMENT LA CBAO
Le magnat du riz Bocar Samba Dièye a définitivement gagné son combat contre la CBAO. Le Témoin a appris hier que la Cour Suprême a sifflé la fin d’une procédure vieille de 13 ans en tranchant pour de bon pour Bocar Samba Dièye. Cette information, qui n’a pas été encore rendue publique par la plus haute juridiction du pays, a été confirmée par Famara Ibrahima Cissé, président de l’Association des clients et sociétaires des institutions financières (ACSIF). Ce dernier d’ailleurs prévoyait de tenir hier après-midi une conférence de presse pour communiquer ce qui représente à ses yeux « un acte historique, de courage, de défiance d’un particulier contre une puissante institution financière ». « L’affaire Bocar Samba Dièye contre la CBAO fera jurisprudence puisque les usagers et clients des banques sauront désormais qu’il est possible au Sénégal de gagner un combat judiciaire contre une banque » s’enthousiasme Famara Ibrahima Sagna. Ce qui reste à savoir c’est le montant du remboursement que la CBAO devrait faire au magnat du riz. Selon les conclusions de l’expert désigné par la plus haute juridiction, Bocar Samba Dièye devrait se retrouver, pour tout solde, avec une somme de près de 900 millions de frs. L’expert a fait une analyse détaillée de l’historique de la relation entre les parties ainsi que des opérations inscrites dans le compte ouvert par M. Dièye dans les livres de la CBAO. « La CBAO n’a pas été en mesure de communiquer la convention de compte courant régissant les rapports entre les parties, d’où la nécessité, dans le cadre du présent rapport, de déterminer le taux effectif global de nature à examiner la pratique ou non de l’usure » écrit l’expert-comptable. Ce dernier de relever la pratique de l’anatocisme ; ce qui le pousse à faire une proposition de déduction de la somme de 388.452.420 frs au titre des intérêts nés de cette pratique. En outre du fait que les conditions d’octroi de crédits n’ont pas été conformes aux usages bancaires, il a préconisé la déduction de 2 milliards 006 millions 798.414 frs au titre de la quote-part des agios. L’expert prendra aussi soin de faire une déduction de 5 milliards 650 millions de frs comme solde débiteur de M. Dièye auprès de la CBAO. « Dans cette hypothèse, le solde du compte entre les parties : 7.166.240.423-388.452.420-2.006.790.414- 5.650.000.000 frs, soit un solde de 879.002.411. frs en faveur de M. Dièye » conclut l’expert.
BOCAR SAMBA DIEYE «C’EST UNE VICTOIRE DU SENEGAL, DIEU EST JUSTE»
Après le verdict de la Cour suprême, M. Dièye a déclaré : « C’est une victoire du Sénégal ! », savourant sa victoire et remerciant la justice qui a montré toute son indépendance dans cette affaire juridico-financière. Considérant qu’il s’en est toujours remis à la justice sénégalaise, l’opérateur économique reconnaît qu’il a toujours pensé qu’il triompherait dans ce dossier. En bon croyant, il avance sur DakarActu que: « Dieu est juste. Il n’attend pas le jugement dernier. C’est dans ce monde qu’il va rendre justice car, il est juste… »
AIDE DE CAMP DU PRESIDENT UN POSTE A POURVOIR ?
Avant-hier, le désormais ex-colonel Meissa Cellé Ndiaye, aide de camp du président de la République Macky Sall, a été élevé au grade de général de brigade. Pour « Le Témoin » quotidien, cette promotion est une consécration d’une mission bien remplie. Car le général Meissa Cellé Ndiaye, comme tout Aide de camp, est le porteur de valise, de manteau, de discours entre autres du président de la République dont il veille aussi sur la sécurité. Bref, il assiste le chef de l’Etat dans son champ d’action. Dans la pure tradition républicaine, la fonction d’aide de camp est exercée par un officier (commandant) ou un officier-supérieur (colonel). Pour la première fois de l’histoire des armées sénégalaises, un général en activité devient aide de camp du président de la République. Une mission plus ou moins « étroite » pour un porteur d’étoiles. La preuve par les images de la visite du président Macky Sall à Abidjan (hier jeudi) où l’on aperçoit l’aide de camp, le général Meissa Celle Ndiaye portant fièrement ses insignes, attributs et étoiles de général. Une fonction que le général Ndiaye occupera pour quelques mois seulement puisqu’il partira à la retraite le 21 décembre prochain. Ce qui fait que le poste d’aide de camp est à pourvoir. C’est sans doute parce qu’il part à la retraite dans quelques mois que le général Meissa Cellé Ndiaye va continuer d’exercer cette fonction auprès du président Sall car, autrement, on voit mal un général rester aide de camp…
VARIANT DELTA (COVID 19) VERS L’HECATOMBE A L’HOPITAL LE DANTEC
Le décompte officiel du ministère de la Santé sur les cas confirmés de covid 19, décès, taux de positivité, et patients hospitalisés en réanimation est très loin de la réalité. En poussant ses investigations, « Le Témoin » a appris que le variant Delta est en train de faire des ravages dans les hôpitaux et centres de santé du pays qui sont tous au bord de la saturation. Quant aux cliniques privées, elles refusent des clients désormais et font des affaires en or ! Pour en revenir aux structures publiques débordées, la preuve par l’hôpital Aristide Le Dantec, précisément l’Unité de dialyse péritonéale du Service de néphrologie, où plusieurs cas de décès liés à la pandémie ont été enregistrés et non comptabilisés dans les communiqués du ministère de la Santé. De même qu’à Touba, Thiès, Kaolack etc. où des patients sont décédés de Covid 19. Ce alors que la plupart des malades se faisaient passer pour des paludéens, nous souffle-t-on. En tout cas, le Sénégal vit ses pires périodes depuis le début de la troisième vague liée au variant Delta. Pendant ce temps, les populations s’occupent des préparatifs de la Tabaski comme si de rien n’était ! A ce rythme, le pays ira vers l’hécatombe…
COVID 19 OU GRIPPE SAISONNIERE RUEE DANS LES PHARMACIES !
Depuis une semaine, « Le Témoin » a constaté une très forte affluence dans certaines pharmacies de Dakar. Partout, les gens font la queue pendant des dizaines de minutes pour pouvoir accéder au comptoir. Selon un pharmacien interrogé, la plupart des ordonnances concernent des médicaments liés au traitement anti-Covid 19 à domicile. D’autres prescriptions reposent essentiellement sur le traitement des symptômes de la grippe. Comme si le Sénégal était confronté à une épidémie de grippe saisonnière ! Face à cet important afflux de patients ou clients, notre pharmacien se dit convaincu qu’il ne s’agit pas d’une épidémie de grippe, mais plutôt d’une flambée de Covid-19 au variant silencieux.
LE MONDE HIPPIQUE EN DEUIL DECES D’IBRAHIMA BAO
C’est aussi la presse qui est en deuil car le défunt était le frère d’Abdoulaye Bao, patron du journal régional « Louga infos ». Ibrahima Bao, qui vient de tirer sa révérence, fervent éleveur et propriétaire de chevaux de courses n’est pas seulement le papa de l’entrepreneur Omar Bao Junior. Il est aussi le frère du professeur Omar Bao (homonyme du jeune entrepreneur) et du très dynamique Abdoulaye Bao, patron de l’un des rares journaux régionaux encore en activité. Il s’agit du journal « Louga Infos » qui paraît en papier mais aussi en ligne. Abdoulaye Bao gère son journal depuis plus de 20 ans et fait partie des précurseurs de la presse régionale. Cette famille qui vient de perdre un des siens, est connue pour l’amour qu’elle porte au cheval et elle a contribué très fortement à l’amélioration de la race équine dans notre pays. Le Témoin présente ses condoléances au patron de Louga Infos, notre ami Laye Bao, comme l’appellent ses proches, intrépide entrepreneur de la presse régionale et éminent membre du Ndiambour de Louga.
LE GROUPE MISSAL PREPARE LA SORTIE DE SON TITRE «NO STRESS»
Après avoir illuminé le festival de jazz de Saint-Louis le 20 juin dernier, le mythique groupe Missal de la Patte d’Oie Builders est en train de préparer la sortie d’un nouvel album, « No stress », dont l’un des titres phares s’appellera Mamie Nico. Composé de jeunes qui pour l’essentiel sont originaires de la Patte d’Oie Builders, le groupe Missal est l’un des plus fameux orchestres qui jouent toujours sur les registres de l’Afro Beat, du Jazz, du Reggae, avec une pincée de Mbalakh. Ses principaux animateurs, Racine Ly, Oumar Ba dit Tosh, Samba Laobé Ndiaye, Ndakhté Ndiaye, Ousmane Wade et Ousseynou dit Weuz Kaly (entre autres) ne sont plus ensemble depuis quelques années, mais ils se retrouvent très souvent pour donner des concerts ou préparer un nouvel album. Il arrive à certains d’entre eux de sortir des titres en solo comme le fameux Weuz Kaly qui est aujourd’hui mondialement connu comme l’un des chanteurs les plus talentueux du Sénégal. D’ailleurs, lors du festival de jazz de Saint-Louis, il s’est présenté comme une bête de scène, éclipsant les prestations de Baba Maal et Vieux Farka Touré qui ont pourtant une renommée internationale. L’album est prévu pour être dans les bacs vers le mois d’octobre.
par Lika Sidibé
GESTION DE LA COVID AU SÉNÉGAL, DÉFAILLANCE ÉTHIQUE SUR TOUTE LA LIGNE
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps - L’élite censée faire dans la pédagogie par l’exemple a été la première à enfreindre les règles. Quelle option mettre en œuvre ? Comment amoindrir l’impact de la troisième vague ?
#SilenceDuTemps - Le Sénégal est de plain-pied dans la troisième vague de la pandémie. Les chiffres annoncés depuis le début du mois de juillet ne laissent plus aucun doute. Cette augmentation du nombre de cas positifs (communautaires, importés et cas graves), était prévisible. La tendance est mondiale.
Au Sénégal, l’argument de la surprise agité depuis la confirmation du premier cas de Covid-19 en mars 2020 est intolérable et léger. Le Sénégal doté de spécialistes qui ne sont pas censés ignorer que l’existence d’un seul cas actif dans le monde peut être l’occasion d’une nouvelle flambée a eu une attitude très attentiste. Rapporté au jargon de la santé publique, notamment aux principes qui guident la prise en charge des questions y afférentes, on peut dire que la précaution n’a jamais été appliquée.
Chez nous, la troisième vague est arrivée dans un contexte de relâchement total : non-respect des gestes barrières, non-port de masques, rassemblements en tout genre (politique, sportif, privé, etc.).
Les rares Sénégalais qui suivent encore l’évolution de la situation sanitaire liée à la pandémie à Covid-19, anxieux, s’interrogent : durant les courts moments de répit entre la première et la deuxième vague, quelles stratégies ont été mises en œuvre par l’État, en termes de précaution et prévention, pour davantage sensibiliser, conscientiser parce qu’ils sont nombreux ceux qui doutent encore de l’existence de la maladie. Mais surtout communiquer à travers tous les canaux disponibles pour faire face à l’infodémie, qui a aussi porté un coup très dur à l’efficience des différentes stratégies de riposte mises en œuvre.
Les Sénégalais veulent savoir quelle option comportant des mesures politiques et techniques pertinentes mettre en œuvre et comment, afin d’amoindrir l’impact de la troisième vague et prévenir les prochaines ?
Par rapport à la vaccination, qu’est-ce qui est mis en œuvre pour obtenir l’adhésion des populations très réfractaires, à condition que le vaccin soit disponible. À la date du 10 juillet, le Sénégal avait à peine atteint le taux de 6 pour cent de couverture vaccinale, alors que ceux qui avaient pris la première dose du vaccin AstraZeneca sont dans l’attente de la seconde à cause d’une rupture. Et pour le vaccin Sinopharm la tension est nette.
Mais le fond du problème, c’est l’absence d’éthique dans la gestion de la Covid au Sénégal depuis le début. Dans une interview accordée à Seneplus Tv (https://www.youtube.com/watch?v=cjlS-yiD7Y8&t=569s) en juillet 2020, le Professeur Abdoul Kane, chef du service cardiologie de l’hôpital Dalal Diam, président de la Société Sénégalaise de Cardiologie et président de la Coalition pour la Santé et l’Action sociale le déplorait en ces termes : « notre pays pourrait circonscrire le mal si on mettait plus d’éthique, plus d’empathie et moins de politique dans la gestion à l’époque trop verticale de la pandémie ». Sur ce dernier point, il avait vu juste puisque les hôpitaux ont été très vite saturés avant que le ministère de la Santé n’envisage une gestion extra hospitalière, donc à domicile, des cas positifs et aussi la mise en œuvre d’une approche communautaire. Le premier écueil a été la médicalisation de la riposte.
L’éthique, en santé publique ratisse très large ; elle s’intéresse plus à la population qu’à l’individu, plus à la perspective communautaire qu’à la perspective individuelle, plus aux déterminants sociaux qu’à l'action et la responsabilité individuelle. L’éthique renvoie à des questionnements qui permettent de prendre les bonnes décisions avec mesure et dans le respect des droits et de la dignité humaine, et pour le bien de tous. Ce sont des orientations qui doivent venir au secours de la décision. En santé publique, la décision est toujours politique et c’est là que se trouve tout l’enjeu de l’éthique, c’est-à-dire la dimension ontologique des actions.
La question éthique s’est posée avec beaucoup d’acuité dans tous les aspects de la gestion de la Covid, notamment la précaution et des mesures de prévention, la disponibilité des tests de diagnostic, la prise en compte d’un volet important que constitue la recherche clinique pour trouver un traitement. Est-il besoin d’évoquer le peu de moyens alloués à nos chercheurs ?
Il est d’ailleurs heureux d’apprendre que le Sénégal disposera d’une usine de production de vaccins contre la Covid-19 et d'autres maladies endémiques ; les premières doses sont attendues en 2022. C’est tant mieux puisque l’Afrique pourra désormais compter sur ses propres moyens et son expertise pour s’en sortir à l’occasion de prochaines épidémies ou pandémies. Mieux vaut tard que jamais.
Déjà, depuis 2018, l’organisation annuelle du forum galien Afrique pour la recherche et l’innovation dont la présidente du Comité scientifique est le professeur Awa Marie Coll Seck, offre une plateforme d’échanges scientifiques de haut niveau sur des questions d’intérêt commun, les priorités de notre continent pour les Africains et par les Africains. L’Afrique peut et doit trouver les ressources et nouer des partenariats pour développer l’industrie pharmaceutique locale, miser sur les transferts de technologies, les échanges et transferts de connaissances, etc. Des créneaux qui n’ont pas été exploités, nos gouvernants se limitant à tout attendre de l’extérieur.
Pour vaincre la Covid, un devoir de responsabilité est attendu de tous. Les récentes tournées politico-économiques du parti au pouvoir et de ses alliés, suivis des rassemblements « Tib Tank » du leader du mouvement Geum Sa bop, le « Nemekou tour » annoncé des militants du parti Pastef, la reprise des combats de lutte, bientôt celle des tournois de football du mouvement navétanes, les événements religieux qui occasionnent des déplacements massifs de populations d’une région à une autre, sont autant de facteurs qui aggravent la situation et met tout le pays en danger, notamment avec ce virus mutant dénommé Delta. Ce dernier a la particularité d’être plus contagieux, d’infecter de plus en plus de jeunes sans comorbidités, mais qui développent des formes graves de la maladie.
Depuis quelques jours donc, la Covid occupe à nouveau la une des médias, troisième vague oblige. Le sensationnel se mêle à l’émotion avec la diffusion de spots télé montrant des leaders communautaires appelant à la vigilance, diffusés en boucle. Mais force est de constater que la grande majorité de la population continue de faire comme si de rien n’était. Et puis, on est en droit de se demander quel sens aura désormais l’approche communautaire dans la gestion de ce problème de santé publique qui est une question d’analyse de l’environnement, de communication avec les communautés, de prises de décisions, de responsabilité du moment où l’élite censée montrer la pédagogie par l’exemple a été la première à enfreindre les règles.
L'approche communautaire suppose une implication dans tout le processus, depuis l'identification des problèmes en passant par leur analyse et les solutions à mettre en œuvre. Les populations ne s’exposeraient certainement pas si toutes les étapes de cette approche, telles que déclinées dans les lignes directrices de l'OMS datant de novembre 2015, relatives à la gestion des questions éthiques lors des flambées de maladies infectieuses étaient scrupuleusement mises en œuvre.
L’éthique, c’est aussi une compétence. Agir avec éthique permet de relever les forces de ceux qui ont en charge, au sein des gouvernements ou des structures de santé notamment la gestion de la Covid-19.
Le 08 juillet dernier, le ministre de la Santé et de l’action sociale, entouré de ses collaborateurs s’est longuement épanché sur la gestion de la Covid-19 lors d’une édition spéciale diffusée à la télévision nationale. Des journaux en ont fait un compte-rendu. La majorité a titré sur « l’aveu d’impuissance d’Abdoulaye Diouf Sarr », ministre très politique de la Santé et de l’action sociale et régulièrement à couteaux tirés avec les praticiens, notamment le Professeur Moussa Seydi en pointe dans la lutte contre la Covid, à en croire des articles de presse.
Le Dr Abdoulya Bousso qui a récemment démissionné du Centre des Opérations d’Urgence Sanitaire (COUS) en pleine crise sanitaire a évoqué tout simplement « des raisons personnelles ». D’ailleurs, ce dernier interpellé par rapport à la nomination d’un spécialiste à la tête du département de la Santé, a donné la réponse suivante : « Il faut quelqu’un qui ait cette intelligence de pouvoir écouter ces techniciens de la santé et aussi avoir le leadership pour pouvoir conduire la troupe ».
Une chose est d’écouter, autre chose est de pouvoir, en cas d’avis et de recommandations contradictoires venant des techniciens, faire preuve de discernement avec intelligence et célérité afin de prendre une décision éclairée, la meilleure possible.
Il est temps que la santé, secteur vital et stratégique qui a vu passer des monstres sacrés de la trempe d’Amadou Cissé Dia, Abdoulaye Ly, Daouda Sow, Doudou Ngom, Mamadou Diop, Thierno Ba, Assane Diop, Awa Marie Coll Seck, retrouve ses lustres d’antan.
Pour tout ce que représente la santé et son impact sur le développement de nos pays et sur les droits humains, reprenons Aristote qui disait : « seul le meilleur doit servir l’État ».
Mame Lika Sidibé est journaliste diplômée du Cesti. Elle collabore régulièrement avec SenePlus. Titulaire d’un master II Défense, Paix et Sécurité du Centre des Hautes Études de Défense et de Sécurité (CHEDS), elle a été consultante sur un projet de l'Union Européenne mis en œuvre par l’Association des Professionnelles de la Communication du Niger (APAC-Niger) sur les questions d’extrémisme violent. Elle est également chargée de communication de l’Association Internationale d’Information sur la Dépigmentation artificielle (AIIDA).